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SUICIDE 507<br />

ALAIN / Propos I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1956<br />

« Tout le monde connaît la fameuse scène où tous, à force de dire à Basile "Vous êtes pâle à faire peur",<br />

finissent par lui faire croire qu’il est malade. Cette scène me revient à l’esprit toutes les fois que je me<br />

trouve au milieu d’une famille étroitement unie, où chacun surveille la santé des autres. Malheur à celui<br />

qui est un peu pâle ou un peu rouge ; toute la famille l’interroge avec un commencement d’anxiété : "Tu<br />

as bien dormi ?", "Qu’as-tu mangé hier ?", "Tu travailles trop", et autres propos réconfortants. Viennent<br />

ensuite des récits de maladies "qui n’ont pas été prises assez tôt".<br />

Je plains l’homme sensible et un peu poltron qui est aimé, choyé, couvé, soigné de cette manière-là. Les<br />

petites misères de chaque jour, coliques, toux, éternuements, bâillements, névralgies, seront bientôt pour<br />

lui d’effroyables symptômes, dont il suivra le progrès, avec l’aide de sa famille, et sous l’œil indifférent du<br />

médecin, qui ne va pas, vous pensez bien, s’obstiner à rassurer tous ces gens-là au risque de passer pour un<br />

âne. »<br />

< 30 mai 1907 p.8 ><br />

« Il se produit sans doute quelque résistance du même genre chez les libres penseurs, lorsqu’ils se sont<br />

convaincus que les objets de la religion n’existent pas ; ils nient alors les apparences, et, par exemple,<br />

les effets de la prière, parce qu’ils sont assurés qu’aucun Dieu n’écoute la prière. Mais il se peut bien<br />

qu’une telle action s’explique sans aucun Dieu, par un jeu de sentiments qui est apparence, il est vrai, et<br />

trompeuse, à l’égard de Dieu, mais qui soit très réelle et efficace par la structure de notre propre machine.<br />

Et c’est pourquoi je voudrais voir, dans les programmes de leurs congrès, cette question, fondamentale à<br />

mon avis : de la vérité des religions. »<br />

< 22 août 1912 p.138 ><br />

ALAIN / Propos II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1970<br />

« Nous ne comprenons la torture ; mais cela se faisait il y a un siècle et demi ; et la pensée suivait l’action.<br />

C’est pourquoi c’est une très mauvaise preuve en faveur d’une religion que de dire qu’elle a duré ; et Pascal<br />

a trop raison lorsqu’il dit : "Pratiquez et vous croirez." Parbleu oui je croirais, et c’est pourquoi je ne veux<br />

pas pratiquer. Toute concession vaut preuve ; et le respect de forme est tout de suite respect de cœur. La<br />

machine va plus vite que le raisonnement ; j’ai été poli avec cet homme que je ne connaissais point ; je<br />

l’aime déjà. On peut dire : "Je l’aime déjà parce que je suis content de lui et de moi", mais c’est une raison<br />

qui vient ensuite ; mon premier salut a tout décidé. Nos préjugés ne sont point des pensées, ce sont des<br />

actions. Si je fuis une fois, j’aurai peur ; si je salue trop bas une fois, je serai plat ; si je joue, je serai joueur ;<br />

si je bois, je serai ivrogne. Mais non pas sans remède. Si je me prive une fois de boire, me voilà sobre aussi<br />

bien. Nous sommes en paix, et pacifiques. Vienne la guerre, on s’y mettra ; non peu à peu, mais tout de<br />

suite. Cette pensée n’accable pas ; elle est tonique et vivifiante au contraire ; nous nous sentons responsables<br />

de tout ce qui arrive, et porteurs de progrès. Mais ne posons pas le fardeau par terre, non, pas même une<br />

minute. »<br />

< 13 août 1911, p.224 ><br />

SUICIDE<br />

ÉPICURE / Sentences vaticanes / Lettres, maximes, sentences / Livre de Poche (4628) 1994<br />

« Bien piètre vraiment est celui pour qui il y a de nombreux motifs raisonnables de sortir de la vie. »<br />

< 38 p.214 ><br />

ARISTOTE / Éthique de Nicomaque / GF 43 Flammarion 1992<br />

« [...] quiconque fait tort à autrui volontairement et contre la loi — sans répondre à un tort à lui causé —<br />

commet une injustice ; or quand nous disons "volontairement", nous entendons qu’on agit en connaissant<br />

la personne atteinte et les moyens employés. Or celui qui, dans un transport de colère, s’égorge de sa<br />

propre main, agit volontairement et contre la droite raison, ce que n’autorise pas la loi. Il commet donc<br />

une injustice. Mais à l’égard de qui? Est-ce à l’égard de la cité et non à l’égard de lui-même? Car, si l’on<br />

convient que c’est volontairement qu’il souffre, nul ne subit l’injustice volontairement. Aussi la cité ellemême<br />

le punit-elle et un certain déshonneur s’attache à quiconque se donne la mort, puisqu’on dit qu’il a<br />

commis une injustice contre la cité. »<br />

< V xi p.164 >

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