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Voir - Bribes

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470 SAGESSE<br />

Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997<br />

« Le regret n’est pas si évidemment nuisible qu’on est tenté de le penser. Il essaie de sauver le passé, il<br />

est l’unique recours que nous ayons contre les manœuvres de l’oubli, le regret est la mémoire qui passe à<br />

l’attaque.»<br />

< 23 mars 1968 p.562 ><br />

Paul WATZLAWICK / Faites vous-même votre malheur / Seuil 1984<br />

Une histoire de marteau :<br />

« Celui-ci veut accrocher un tableau. Il possède un clou mais pas de marteau. Le voisin en a un, que notre<br />

homme décide d’emprunter. Mais voilà qu’un doute le saisit. Et si le voisin s’avisait de me le refuser? Hier,<br />

c’est tout juste s’il a répondu d’un vague signe de tête quand je l’ai salué. Peut-être était-il pressé? Mais<br />

peut-être a-t-il fait semblant d’être pressé parce qu’il ne m’aime pas ! Et pourquoi ne m’aimerait-il pas?<br />

J’ai toujours été fort civil avec lui, il doit s’imaginer des choses. Si quelqu’un désirait emprunter un de mes<br />

outils à moi, je le prêterais volontiers. Pourquoi refuse-t-il de me prêter son marteau, hein? Comment peuton<br />

refuser un petit service de cette nature? Ce sont les gens comme lui qui empoisonnent la vie de tout un<br />

chacun ! Il s’imagine sans doute que j’ai besoin de lui. Tout ça parce que Môssieu possède un marteau. Je<br />

m’en vais lui dire ma façon de penser, moi ! Et notre homme se précipite chez le voisin, sonne à la porte et,<br />

sans laisser le temps de dire un mot au malheureux qui lui ouvre la porte, s’écrie, furibond : "Et gardez-le<br />

votre sale marteau, espèce de malotrus !"<br />

[...]<br />

Peu de mécanismes pourraient produire un effet aussi dévastateur que celui qui consiste à affronter brusquement<br />

un partenaire qui ne se doute de rien en lui assenant la conclusion d’une longue réflexion fondée<br />

sur des postulats imaginaires et dans laquelle il joue un rôle — négatif, certes, mais fondamental. Effarement,<br />

colère, prétendue incompréhension, refus désespéré de toute culpabilité — autant de preuves<br />

concluantes du fait qu’on avait vu juste. On avait accordé sa confiance et ses faveurs à quelqu’un qui n’en<br />

était pas digne. Une fois encore, on s’est fait avoir, on s’est montré trop bon — une poire. »<br />

< p.35-36 ><br />

Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997<br />

« Il y a trois ans à peu près, Pierre Oster, un jeune poète, est venu me demander d’écrire une préface<br />

au sixième volume des Œuvres complètes de Paulhan. J’ai refusé. J’ai considéré alors que Paulhan était<br />

devenu mon ennemi, et ne l’ai plus revu. J’ai dit à tout le monde que nous étions brouillés, que Paulhan<br />

était vindicatif.<br />

Or, l’autre jour, je rencontre Pierre Oster, et je le rends plus ou moins responsable de cette brouille. Je lui<br />

demande en quels termes il a présenté à Paulhan mon refus. Il me répond qu’il ne lui en avait pas parlé du<br />

tout, que Paulhan lui avait donné quelques noms dont le mien, et que Paulhan n’avait pas été informé de<br />

ma réponse négative.<br />

Pendant trois ans j’ai vécu sur l’idée de la vengeance de Paulhan, or cette vengeance n’était précisément<br />

qu’une idée forgée dans mon esprit. »<br />

< 1 janvier 1969, p.660 ><br />

André COMTE-SPONVILLE / Impromptus / PUF 1996<br />

« On craint mille morts, et l’on n’en vit jamais qu’une... Toute angoisse est imaginaire ; le réel est son<br />

antidote. »<br />

<br />

SAGESSE<br />

ÉRASME / Éloge de la Folie / Robert Laffont - Bouquins 1992<br />

« Si les hommes qui se sont donnés à l’étude de la sagesse sont généralement malheureux, surtout dans<br />

leur progéniture, je pense que c’est parce que la nature, dans sa prévoyance, veille à ce que la contagion<br />

de la sagesse ne se répande pas trop parmi les mortels. C’est ainsi que Cicéron, comme on sait, eut un fils<br />

dégénéré et les enfants du sage Socrate, comme le fait remarquer justement un écrivain, ressemblaient plus

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