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PROGRÈS 423<br />

Ambrose BIERCE / Le Dictionnaire du Diable (1911) / Éditions Rivages 1989<br />

« Inventeur n. Personne qui fait un ingénieux arrangement de roues, de leviers et de ressorts, et qui croit<br />

que c’est la civilisation. »<br />

< p.152 ><br />

Léon BLOY / Quatre ans de captivité à Cochons-sur-Marne / Journal I / Robert Laffont - Bouquins 1999<br />

« Il y a deux ans, me trouvant dans un pays mortellement affligé d’automobilisme, je conseillai aux cultivateurs<br />

exaspérés de saluer au passage les automobiles avec des pompes à merde. J’allai même jusqu’à<br />

préconiser l’obstacle devant et l’obstacle derrière, dans les bouts de route isolés, puis la destruction des<br />

machines à coup de merlin, sans préjudice d’une capilotade consciencieuse pour les touristes exaltés, mâles<br />

ou femelles. Mais tout le monde gueule et personne ne marche. C’est la couardise, la pusillanimité universelles.<br />

»<br />

< 2 juin 1903 ><br />

Paul VALÉRY / Degas Danse Dessin (1936) / Œuvres II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960<br />

« Degas avait un grand faible pour Forain.<br />

Forain disait : Mossieu D’gâs, comme Degas disait : Monsieur Ingres. Ils échangeaient leurs mots terribles.<br />

Quand Forain se construisit un hôtel, il fit poser le téléphone, alors encore assez peu répandu. Il voulut<br />

l’utiliser tout d’abord à étonner Degas. Il l’invite à dîner, prévient un compère qui, pendant le repas, appelle<br />

Forain à l’appareil. Quelques mots échangés, Forain revient... Degas lui dit : "C’est ça, le téléphone?... On<br />

vous sonne, et vous y allez." »<br />

< p.1217 ><br />

Paul LÉAUTAUD / Le théâtre de Maurice Boissard / Œuvres / Mercure de France 1988<br />

« Tout le progrès dont on nous rebat les oreilles n’a jamais dépassé le domaine des choses matérielles. Le<br />

monde est ce qu’il a toujours été et ce qu’il sera toujours : une petite élite au milieu d’une foule de brutes<br />

ou d’imbéciles, avec les malins, dans un coin, ils ont bien raison, qui tirent les ficelles et gardent les profits.<br />

Il peut durer ou disparaître, je m’en moque. »<br />

< ><br />

Paul LÉAUTAUD / Journal littéraire / Mercure de France 1986<br />

« Ces mitraillettes, que la guerre a mises à la mode, remplaceront peut-être d’ici quelque temps le revolver.<br />

Les gens qui rentrent tard le soir chez eux auront une mitraillette. L’amant quitté par sa maîtresse, ou le mari<br />

surprenant sa femme avec un tiers, abattront l’adoré et l’infidèle avec une mitraillette. Le neurasthénique<br />

las de la vie mettra fin à ses jours avec une mitraillette. Il suffira d’un qui commence. L’imitation est si<br />

forte chez les humains. Cela entrera dans les mœurs. Le fait est qu’avoir une mitraillette chez soi pour se<br />

défendre contre un cambrioleur, cela ne serait pas mal. »<br />

< 10 octobre 1944 III p.1176 ><br />

Antoine de SAINT-EXUPÉRY / Terre des hommes / Œuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard<br />

1959<br />

« Si nous croyons que la machine abîme l’homme c’est que, peut-être, nous manquons un peu de recul<br />

pour juger les effets de transformations aussi rapides que celles que nous avons subies. Que sont les cent<br />

années de l’histoire de la machine en regard des deux cent mille années de l’histoire de l’homme? C’est<br />

à peine si nous nous installons dans ce paysage de mines et de centrales électriques. C’est à peine si nous<br />

commençons d’habiter cette maison nouvelle, que nous n’avons même pas achevé de bâtir. Tout a changé si<br />

vite autour de nous : rapports humains, conditions de travail, coutumes. Notre psychologie elle-même a été<br />

bousculée dans ses bases les plus intimes. Les notions de séparation, d’absence, de distance, de retour, si les<br />

mots sont demeurés les mêmes, ne contiennent plus les mêmes réalités. Pour saisir le monde aujourd’hui,<br />

nous usons d’un langage qui fut établi pour le monde d’hier. Et la vie du passé nous semble mieux répondre<br />

à notre nature, pour la seule raison qu’elle répond mieux à notre langage. »<br />

< III p.168 >

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