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356 NATURE<br />

d’autre à la parole que de se faire comprendre ? Quelle aurait été l’utilité de la dialectique quand il n’y<br />

avait pas de lutte entre opinions rivales? Quelle aurait été la place de la rhétorique quand nul ne cherchait<br />

chicane à autrui? À quoi bon la jurisprudence en l’absence de mauvaises mœurs, d’où sont nées, sans nul<br />

doute, les bonnes lois? Puis on était trop religieux pour scruter avec une curiosité impie les arcanes de la<br />

Nature, la dimension des astres, leurs mouvements, leurs influences, et les ressorts cachés du monde ; on<br />

estimait sacrilège qu’un mortel cherche à savoir au-dessus de sa condition. Quant à s’enquérir de ce qui<br />

est au-delà du ciel, cette démence ne venait même pas à l’esprit. Cependant, à mesure que disparaissait<br />

la pureté de l’âge d’or, les arts, comme je l’ai dit, furent d’abord inventés par de mauvais génies, mais en<br />

petit nombre et eurent peu d’adeptes. Ensuite, la superstition des Chaldéens et l’oisive frivolité des Grecs<br />

en ajoutèrent une multitude qui devinrent des tortures pour l’esprit, à telle enseigne que la grammaire à elle<br />

seule suffit bien à faire le supplice de toute une vie. »<br />

<br />

« Tenez, ne voyez-vous pas que dans la totalité du règne animal les espèces les plus heureuses sont celles qui<br />

ignorent absolument toute science et ne reconnaissent d’autre maître que la nature? Quoi de plus heureux<br />

ou de plus merveilleux que les abeilles? Pourtant elles n’ont même pas tous les sens. L’architecture peutelle<br />

les égaler dans la construction d’édifices? Quel philosophe a jamais fondé semblable république? »<br />

<br />

Victor HUGO / Philosophie prose / Océan / Œuvres complètes / Robert Laffont - Bouquins 1989<br />

« J’aime tout de la nature, même ce qui passe pour laid et triste, même l’hiver et la tempête. Je ne me<br />

blase pas, je n’éprouve pas le besoin de critiquer, je jouis bêtement, j’admire éperdument, je n’ai pas une<br />

objection aux montagnes, je suis incapable de faire de la peine à la mer par une restriction. »<br />

< 1860 p.54 ><br />

Edmond et Jules de GONCOURT / Journal (t.1) / Robert Laffont - Bouquins 1989<br />

« La vraie horreur de la nature consiste à préférer sincèrement les tableaux aux paysages et les confitures<br />

aux fruits. »<br />

< 10 juillet 1865 p. 1174 ><br />

Henry D. THOREAU / Marcher (1862) / Désobéir / Bibliothèques 10/18 (2832) Éd. de L’Herne 1994<br />

« Ce qui est sauvage s’accorde avec la vie et le plus vivant est aussi le plus sauvage. Libre encore du joug<br />

de l’homme, sa présence est pour lui rafraîchissante. Celui qui voudrait toujours aller de l’avant, travailler<br />

sans relâche, croître rapidement et beaucoup solliciter l’existence devrait toujours se trouver dans un pays<br />

neuf ou une nature sauvage, entouré de toutes les matières premières de la vie. Il devrait grimper sur les<br />

troncs abattus d’une forêt primitive. »<br />

< p.101 ><br />

Léon BLOY / Exégèse des lieux communs / Mercure de France 1968<br />

« De mon temps, la nature signifiait encore un tas de choses. - Laissez faire la nature, disait-on à tout<br />

propos, laissez agir la nature. Maintenant on ne parle plus que de microbes et la nature est remplacée par<br />

une seringue. Idole pour idole, j’aime mieux l’ancienne. Elle était agréable à voir, beaucoup moins sotte et<br />

beaucoup moins dangereuse. Elle fut adorée, surtout au dix-huitième siècle, époque où subsistait encore en<br />

France un vif sentiment du ridicule. Il est certain que notre Bourgeois a perdu ce sentiment-là. Sans doute<br />

il ne dit plus, comme au temps de Jean-Jacques Rousseau, que le retour à l’état de nature serait idéal. Un<br />

je ne sais quoi l’avertit qu’il y aurait de l’imprudence à paraître in naturalibus à son café, à se manifester<br />

brusquement à poil, dans le voisinage des sergots* ; mais il supporte et même il sollicite, entre beaucoup<br />

d’autres choses, les aventures malpropres et fabuleuses de la médecine contemporaine. »<br />

< p.134 ><br />

* sergot : sergent de ville, ancien nom de l’agent de police.<br />

Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / Œuvres I / Robert Laffont - Bouquins<br />

1990<br />

« La "loi de la nature", une superstition. - Si vous parlez avec tant d’enthousiasme de la conformité aux<br />

lois qui existe dans la nature, il faut que vous admettiez soit que, par une obéissance librement consentie

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