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MATHÉMATIQUE 313<br />

Le Comte de LAUTRÉAMONT / Les chants de Maldoror (1869) / GF 528 - Flammarion 1990<br />

« Ô mathématiques sévères, je ne vous ai pas oubliées, depuis que vos savantes leçons, plus douces que le<br />

miel, filtrèrent dans mon cœur, comme une onde rafraîchissante. J’aspirais instinctivement, dès le berceau,<br />

à boire à votre source, plus ancienne que le soleil, et je continue encore de fouler le parvis sacré de votre<br />

temple solennel, moi, le plus fidèle de vos initiés. Il y avait du vague dans mon esprit, un je ne sais quoi<br />

épais comme de la fumée ; mais, je sus franchir religieusement les degrés qui mènent à votre autel, et vous<br />

avez chassé ce voile obscur, comme le vent chasse le damier. Vous avez mis, à la place, une froideur excessive,<br />

une prudence consommée et une logique implacable. À l’aide de votre lait fortifiant, mon intelligence<br />

s’est rapidement développée, et a pris des proportions immenses, au milieu de cette clarté ravissante dont<br />

vous faites présent, avec prodigalité, à ceux qui vous aiment d’un sincère amour. Arithmétique ! algèbre !<br />

géométrie ! trinité grandiose ! triangle lumineux ! Celui qui ne vous a pas connues est un insensé ! Il mériterait<br />

l’épreuve des plus grands supplices ; car, il y a du mépris aveugle dans son insouciance ignorante ;<br />

mais, celui qui vous connaît et vous apprécie ne veut plus rien des biens de la terre ; se contente de vos<br />

jouissances magiques ; et, porté sur vos ailes sombres, ne désire plus que de s’élever, d’un vol léger, en<br />

construisant une hélice ascendante, vers la voûte sphérique des cieux. »<br />

< II 10 p.162 ><br />

Jules RENARD / Journal / Robert Laffont - Bouquins 1990<br />

« Je cite l’exemple de Pascal qui combattait ses maux de tête avec des problème de géométrie.<br />

- Moi, dit Tristan Bernard, je combattait la géométrie en feignant d’avoir des maux de tête. »<br />

< 17 juillet 1894 p.187 ><br />

Léon DAUDET / Souvenirs / Robert Laffont - Bouquins 1992<br />

« Il y avait des récalcitrants, par exemple l’excellent Lemoine, mathématicien et organisateur des soirées<br />

musicales qui portent sont nom. C’était un petit vieillard sautillant et instruit, rempli de calembours et de<br />

coq-à-l’âne. Ayant apprivoisé une chouette, il répétait volontiers : "rien n’est chouette comme l’idem." Cela<br />

n’était rien, mais ne s’était-il pas mis en tête de nous faire connaître son "point de Lemoine" qui se trouve,<br />

parait-il, dans le triangle? A peine avait-il commencé, pour la dixième fois, sa démonstration, que Hecq<br />

s’écriait : "Allons bon, il y a un fou grimpé sur le toit de l’hôtel." Tous les yeux se dirigeaient de ce côté et le<br />

théorème était interrompu. Ou bien : "Avez-vous senti cette odeur de brûlé? faisait Hecq, la mine inquiète.<br />

Il y a certainement le feu quelque part." Tout le monde cherchait aussitôt l’origine de ce problématique<br />

incendie. Jamais le bon Lemoine ne put parvenir à nous expliquer son point. »<br />

< p.252 ><br />

Sacha GUITRY /L’Esprit / Cinquante ans d’occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993<br />

« Rien n’est plus facile à apprendre que la géométrie pour peu qu’on en ait besoin. Quand on n’en a pas<br />

besoin, quand ça ne vous manque pas, c’est assommant. Je suis enchanté de ne pas avoir appris la géométrie<br />

et l’algèbre car ça ne pourrait me servir à rien. »<br />

< p.297 ><br />

ALAIN / 81 chapitres sur l’esprit et les passions / Les Passions et la Sagesse / Bibliothèque de la Pléiade<br />

/ nrf Gallimard 1960<br />

« Ceux qui admirent que la nature se prête si bien aux vêtements du géomètre, méconnaissent deux choses.<br />

D’abord ils méconnaissent la souplesse et toutes les ressources de l’instrument mathématique, qui, par<br />

complication progressive, dessinera toujours mieux les rapports, orientera et mesurera mieux les forces,<br />

sans gauchir la ligne droite pour cela. C’est ce que n’ont pas bien saisi ceux qui remettent toujours les principes<br />

en questions, comme l’inertie ou mouvement uniforme, et autres hypothèses solides. Ce qui est aussi<br />

sot que si l’on voulait infléchir les trois axes pour inscrire un mouvement courbé, ou bien tordre l’équateur<br />

pour un bolide. Mais, comme disait bien Platon, c’est le droit qui est le juge du courbe, et le fini et achevé<br />

qui est juge de l’indéfini. Et ce sont les vieux nombres entiers qui portent le calcul différentiel. Par ces<br />

remarques, on voudra bien comprendre en quel sens toute loi est aprioriquoique toute connaissance soit<br />

d’expérience. Mais, ici encore, n’oubliez pas de joindre fortement l’idée et la chose. La seconde méprise<br />

consiste à croire que la nature, hors des formes mathématiques, soit réellement quelque chose, et puisse

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