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MATHÉMATIQUE 311<br />

Entendons bien. Il ne s’agit pas d’argumenter. Qui argumente contre, il est pour. Car la force de l’idéalisme<br />

est en ceci qu’il obtient aisément que l’existence des choses extérieures doit être prouvée ; en quoi il a<br />

partie gagnée de toute façon ; car, si bonne que soit la preuve, elle court, comme dit Kant, le risque de<br />

toute preuve ; et il reste une différence entre l’indubitable existence de moi-même, et cette autre existence<br />

qu’il faut prouver, et qui, par cela seul, fait figure d’ombre, et enfin se trouve seconde et subordonnée. Or,<br />

l’embarras où l’on se trouve alors vient de ce que le philosophe ne donne pas ici le monde tel qu’il nous<br />

le faut. Il y a disproportion, et même ridicule disproportion, entre cette immense et impérieuse présence,<br />

dans laquelle nous sommes pris et engagés, et les légers discours par lesquels nous essayons d’en rendre<br />

compte. Et c’est parce que nous sommes assurés premièrement du monde que le philosophe fait rire. C’est<br />

pourquoi il faut examiner sévèrement ce départ, cette position initiale où nous croyons pouvoir nous retirer<br />

d’abord, laissant le monde et considérant nos pensées.<br />

Quand on aura bien compris qu’il n’y a point du tout de connaissance hors de l’expérience, ni d’idée sans<br />

objet actuellement présent, tout sera dit. Quand on aura bien compris que le souvenir ne s’achève que par la<br />

perception de l’objet, et enfin que nous ne connaissons que les choses, tout sera dit, et plus près encore de<br />

l’illusion qu’il s’agit de surmonter. Mais ces idées veulent un immense développement. Je conseille de les<br />

suivre dans l’Analytique de Kant, jusqu’au fameux théorème qui affirme, comme en un puissant raccourci,<br />

que les choses n’existent pas moins que moi-même. Seulement ce chemin est long et aride. »<br />

< p.65-66 ><br />

MATHÉMATIQUE<br />

Chevalier de MÉRÉ / Maximes, sentences et réflexions morales et politiques / Paris, E. du Castin 1687<br />

[BnF]<br />

« Arriston de Chio disait que ceux qui quittaient la Philosophie pour s’adonner aux Mathématiques ressemblaient<br />

aux amoureux de Pénélope, qui ne pouvant jouir d’abord de leurs maîtresses, courtisaient les<br />

servantes.* »<br />

<br />

* Le chevalier de Méré était fâché avec les mathématiques. Il a proposé à son ami Blaise Pascal plusieurs<br />

"paradoxes" concernant le calcul des probabilités. Pour Pascal, le chevalier est le type même de l’esprit fin<br />

qui n’est pas géomètre, comme il le dit dans une lettre à Fermat (29 juillet 1654) : " Je n’ai pas le temps<br />

de vous envoyer la démonstration d’une difficulté qui étonnait fort M[éré] , car il a très bon esprit, mais il<br />

n’est pas géomètre (c’est, comme vous savez, un grand défaut) et même il ne comprend pas qu’une ligne<br />

mathématique soit divisible à l’infini et croit fort bien entendre qu’elle est composée de points en nombre<br />

fini, et jamais je n’ai pu l’en tirer. Si vous pouviez le faire, on le rendrait parfait." (Blaise PASCAL / Œuvres<br />

complètes / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954 / p.80)<br />

Friedrich Melchior baron de GRIMM / Correspondance littéraire, philosophique et critique (tome 1) /<br />

Garnier frères 1877 [BnF]<br />

« Maupertuis est le premier géomètre qui, après Fontenelle, ait été bel esprit. Il souhaita d’être admis<br />

chez Mme de Lambert, qui assemblait chez elle des gens de lettres. Fontenelle, en le présentant, dit : "J’ai<br />

l’honneur de vous présenter M. de Maupertuis, qui est un grand géomètre et qui pourtant n’est pas un sot".<br />

Maupertuis fut extrêmement flatté de ce compliment. Vous savez que Scaliger a fait un gros livre pour<br />

prouver qu’un homme d’esprit ne pouvait pas être géomètre. Maupertuis est un homme singulier et qui a<br />

des propos aussi singuliers que son maintien et sa figure. L’abbé de Vatry, l’entendant déraisonner un jour<br />

plus qu’à l’ordinaire, lui dit : "Je croyais que pour être géomètre il fallait une tête de bœuf, mais je vois<br />

bien qu’une tête de linotte suffit." »<br />

< p.114 ><br />

MONTESQUIEU / Mes pensées / Œuvres complètes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1949<br />

« Les propositions mathématiques sont reçues comme vraies parce que personne n’a intérêt qu’elles soient<br />

fausses ; et, quand on a eu intérêt, c’est-à-dire quand quelqu’un a voulu, en en doutant, se faire chef de parti<br />

et entraîner, en les renversant, toutes les autres vérités, on en a douté : témoin Pyrrhon. »<br />

< 677 p.1181 >

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