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308 MALADIE<br />

Sacha GUITRY / Toutes réflexions faites / Cinquante ans d’occupations / Omnibus Presses de la Cité<br />

1993<br />

« Imitez vos défauts pour vous en corriger.<br />

Vous buvez trop d’alcool?<br />

Faites semblant d’être ivre - et vous en boirez moins.<br />

Vous êtes pointilleux?<br />

Froissez-vous sans raison aucune - et vous rirez.<br />

Vous êtes coléreux?<br />

Simulez la colère - et vous verrez combien c’est bête la colère. »<br />

<br />

MALADIE<br />

Joseph JOUBERT / Carnets / nrf Gallimard 1938-1994<br />

« Le peuple dit que, dans la maladie, la santé se repose. »<br />

< 17 décembre 1804 t.1 p.659 ><br />

Gustave FLAUBERT / Dictionnaire des idées reçues / Bouvard et Pécuchet / Garnier-Flammarion 1966<br />

« MALADE. - Pour remonter le moral d’un malade, rire de son affection et nier ses souffrances. »<br />

< p.367 ><br />

Léon DAUDET / Souvenirs / Robert Laffont - Bouquins 1992<br />

La syphilis comme moyen d’explication :<br />

« Le microbe du terrible mal, le tréponème, puisqu’il faut l’appeler par son nom, est aussi bien le fouet<br />

du génie et du talent, de l’héroïsme et de l’esprit, que de celui de la paralysie générale, du tabès et de<br />

presque toutes les dégénérescences. Tantôt excitant et stimulant, tantôt engourdissant et paralysant, forant<br />

et travaillant les cellules de la moelle, de même que celles du cerveau, maître des congestions, des manies,<br />

des hémorragies, des grandes découvertes et des scléroses, le tréponème héréditaire, renforcé par les<br />

croisements entre familles syphilitiques, a joué, joue et jouera un rôle comparable à celui du fatum de<br />

l’Antiquité. Il est le personnage, invisible mais présent, qui meut les romantiques et les déséquilibrés, les<br />

aberrants d’aspect sublime, les révolutionnaires pédants ou violents. Il est le ferment qui fait lever la pâte<br />

un peu lourde du sang paysan et l’affine en deux générations. Du fils d’une bonne il fait un grand poète,<br />

d’un petit-bourgeois paisible un satyre, d’un commerçant un métaphysicien, d’un marin un astronome ou<br />

un conquérant. Une époque telle que le XVIe siècle, avec ses splendeurs et ses turpitudes, sa bravoure,<br />

sa frénésie amoureuse, son expansion formidable, apparaît à l’observateur averti ainsi qu’une incursion<br />

du tréponème dans l’élite comme dans les masses populaires, ainsi qu’une sarabande d’hérédos. Dès la<br />

première ligne de sa fameuse dédicace, Rabelais avait vu juste, et lui-même sûrement en était, avec son<br />

verbe fulgurant, sa perpétuelle levée d’images forcenées et brillantes. La plupart des dégénérescences, la<br />

majorité des méfaits attribués à l’alcoolisme sont imputables à ce spirille, d’une agilité, d’une ductilité,<br />

d’une pénétration, d’une congénitalité, si l’on peut dire, encore mystérieux, autant que le "quel monstre<br />

est-ce", de la goutte de semence "de quoy nous sommes produits" à laquelle Montaigne fait allusion dans<br />

sa Ressemblance des enfants aux pères. Analogue pour l’élan et l’acrobatisme au propagateur de la vie, associé<br />

à lui dans mainte conception par la transmission héréditaire, le tréponème propage à la fois l’intensité<br />

dramatique de la vie, la stérilité qui est son contraire et les plus durs fléaux. Il est un daimôn matériel avec<br />

qui l’esprit doit compter, une vrille physique le moral et le factotum de l’instinct sexuel. Avant qu’il soit<br />

longtemps, je vous jure, cette notion en bouleversera beaucoup d’autres et fera un massacre de poncifs. »<br />

< p.174-175 ><br />

Paul LÉAUTAUD / Journal littéraire / Mercure de France 1986<br />

« Citation, page 72, d’un mot du Prince Edmond de PoIignac : "Un tel? Il ne peut pas être intelligent, il<br />

n’est pas malade." Cela a l’air de boutade. Il y a une part de vrai. Il est bien certain qu’un certain état<br />

maladif, chez un homme intelligent, produit un affinement (voilà que je ne sais plus si ce mot est français)<br />

de l’intelligence, l’amène à des pensées, des sensations qu’il n’aurait peut-être pas sans cet état maladif. La

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