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294 LITTÉRATURE<br />

Anatole FRANCE / Les opinions de M. Jérôme Coignard (1893) / Œuvres II / Bibliothèque de la Pléiade<br />

/ nrf Gallimard 1987<br />

« La longue durée des chefs-d’œuvre est assurée au prix d’aventures intellectuelles tout à fait pitoyables,<br />

dans lesquelles le coq-à-l’âne des cuistres prête la main aux calembours ingénus des âmes artistes. Je ne<br />

crains pas de dire qu’à l’heure qu’il est, nous n’entendons pas un seul vers de L’Iliade ou de La Divine<br />

Comédie dans le sens qui y était attaché primitivement. Vivre c’est se transformer, et la vie posthume de<br />

nos pensées écrites n’est pas affranchie de cette loi : elles ne continueront d’exister qu’à la condition de<br />

devenir de plus en plus différentes de ce qu’elles étaient en sortant de notre âme. Ce qu’on admirera de<br />

nous dans l’avenir nous deviendra tout à fait étranger. »<br />

< p.208 ><br />

Rémy de GOURMONT / Épilogues (1) / Mercure de France 1921<br />

« La littérature usitée en Belgique est française : or un écrivain, un poète, un philosophe, un homme des<br />

régions intellectuelles n’a qu’une patrie : sa langue. Tout Belge de haute culture est français. Nous feronsnous<br />

les complices de petites dynasties, d’humbles politiques? Qui oserait, à Paris, appeler Verhaeren ou<br />

Maeterlinck des écrivains étrangers? »<br />

< décembre 1897, p.185 ><br />

ALAIN / Propos II / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1970<br />

« Tout livre est dangereux ; mais le livre le plus dangereux, selon l’Église, est justement celui qui parle<br />

à l’intelligence seule. Et s’il y avait encore des bûchers, on n’y brûlerait point quelque barbouilleur en<br />

pornographie; non ; on y brûlerait quelque noble et sage matérialiste, qui serait parvenu à la sagesse en<br />

s’efforçant de comprendre le jeu des forces naturelles. »<br />

< 26 juillet 1907 p.32 ><br />

Léon DAUDET / Le stupide XIX e siècle (1922) / Souvenirs et polémiques / Robert Laffont - Bouquins<br />

1992<br />

« Il [E. Renan] était devenu même populaire, car la vraie forme de la gloire est d’être admiré sans être lu,<br />

ce qui supprime les réserves et réticences. »<br />

< p.1228 ><br />

Paul LÉAUTAUD / Journal littéraire / Mercure de France 1986<br />

« Un écrivain comme Dostoïewski a gâté des gens comme Gide, comme Duhamel. C’est de la littérature<br />

de malade, d’épileptique, de taré. C’est une hygiène intellectuelle de s’en tenir éloigné, de ne pas vouloir<br />

la connaître. C’est de la littérature de cabanon, bien faite pour les Russes, ces cerveaux malades, faibles,<br />

résignés, fatalistes, fuyants. Cette littérature est à fuir, pour un esprit clair, hardi, libre. Non seulement à<br />

fuir, mais à détester.<br />

Il n’y a à mon avis, ou à mon goût, que deux littératures : la littérature française, la littérature anglaise. »<br />

< 18 juillet 1935 II p.1505 ><br />

« Qu’est-ce que la littérature? qu’est-ce que écrire? qu’il s’agisse de vers, de prose. Une maladie, une folie,<br />

une divagation, un délire, — sans compter une prétention ! ! ! Un homme sain, à l’esprit sain, solidement<br />

posé, solide dans la vie, n’écrit pas, ne penserait même pas à écrire. À y regarder d’encore plus près, la<br />

littérature, écrire, sont de purs enfantillages. Il n’y a qu’un genre de vie humaine qui se tienne, s’explique,<br />

se justifie, vaille et rime à quelque chose : la vie paysanne. »<br />

< 11 février 1946 III p.1407 ><br />

Paul LÉAUTAUD / Passe-temps / Œuvres / Mercure de France 1988<br />

« Il vous vient quelquefois un dégoût d’écrire en songeant à la quantité d’ânes par lesquels on risque d’être<br />

lu. »<br />

< p.253 >

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