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HUMANISME 237<br />

Ernest RENAN / L’Avenir de la science, Pensées de 1848 (1890) / GF 765 Flammarion 1995<br />

« Il se peut que tout le développement humain n’ait pas plus de conséquence que la mousse ou le lichen<br />

dont s’entoure toute surface humectée. Pour nous, cependant, l’histoire de l’homme garde sa primauté,<br />

puisque l’humanité seule, autant que nous savons, crée la conscience de l’univers. »<br />

<br />

« Ma conviction intime est que la religion de l’avenir sera le pur humanisme, c’est-à-dire le culte de tout<br />

ce qui est de l’homme, la vie entière sanctifiée et élevée à une valeur morale. »<br />

< p.160 ><br />

Alfred JARRY / La chandelle verte / Œuvres / Bouquins, Robert Laffont 2004<br />

« Chaque peuple se répète qu’il est le plus puissant et le plus courageux de la terre, qu’il est "à la tête" de<br />

l’humanité. Malheureusement, l’humanité est une espèce de bête ronde avec des têtes tout autour. »<br />

< 15 mai 1901, p.922 ><br />

Léon DAUDET / Le stupide XIXe siècle (1922) / Souvenirs et polémiques / Robert Laffont - Bouquins<br />

1992<br />

« [...] rien n’est humain comme l’humanisme. Mais rien n’est inhumain comme l’humanitarisme. »<br />

< p.1273 ><br />

ALAIN / Mars ou la guerre jugée / Les Passions et la Sagesse / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard<br />

1960<br />

« L’humanisme a pour fin la liberté dans le sens plein du mot, laquelle dépend avant tout d’un jugement<br />

hardi contre les apparences et prestiges. Et l’humanisme s’accorde au socialisme, autant que l’extrême<br />

inégalité des biens entraîne l’ignorance et l’abrutissement des pauvres, et par là fortifie les pouvoirs. Mais<br />

il dépasse le socialisme lorsqu’il décide que la justice dans les choses n’assure aucune liberté réelle du<br />

jugement ni aucune puissance contre les entraînements humains mais au contraire tend à découronner<br />

l’homme par la prépondérance accordée aux conditions inférieures du bien-être, ce qui engendre l’ennui<br />

socialiste, suprême espoir de l’ambitieux. L’humanisme vise donc toujours à augmenter la puissance réelle<br />

en chacun, par la culture la plus étendue, scientifique, esthétique, morale. Et l’humaniste ne connaît de<br />

précieux au monde que la culture humaine, par les œuvres éminentes de tous les temps, en tous, d’après<br />

cette idée que la participation réelle à l’humanité l’emporte de loin sur ce qu’on peut attendre des aptitudes<br />

de chacun développées seulement au contact des choses et des hommes selon l’empirisme pur. Ici apparaît<br />

un genre d’égalité qui vit de respect, et s’accorde avec toutes les différences possibles, sans aucune idolâtrie<br />

à l’égard de ce qui est nombre, collection ou troupeau. Individualisme, donc, mais corrigé par cette idée<br />

que l’individu reste animal sous la forme humaine sans le culte des grands morts. La force de l’humanisme<br />

est dans cette foule immortelle. »<br />

< p.626 ><br />

Antoine de SAINT-EXUPÉRY / Terre des hommes / Œuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard<br />

1959<br />

« Je m’assis en face d’un couple. Entre l’homme et la femme, l’enfant, tant bien que mal, avait fait son<br />

creux, et il dormait. Mais il se retourna dans son sommeil, et son visage m’apparut sous la veilleuse. Ah !<br />

quel adorable visage ! Il était né de ce couple-là une sorte de fruit doré. Il était né de ces lourdes hardes<br />

cette réussite de charme et de grâce. Je me penchai sur ce front lisse, sur cette douce moue des lèvres, et<br />

je me dis : voici une belle promesse de la vie. Les petits princes des légendes n’étaient point différents de<br />

lui : protégé, entouré, cultivé, que ne saurait-il devenir ! Quand il naît par mutation dans les jardins une rose<br />

nouvelle, voilà tous les jardiniers qui s’émeuvent. On isole la rose, on cultive la rose, on la favorise. Mais<br />

il n’est point de jardinier pour les hommes. Mozart enfant sera marqué comme les autres par la machine à<br />

emboutir. Mozart fera ses plus hautes joies de musique pourrie, dans la puanteur des cafés-concerts. Mozart<br />

est condamné.<br />

Et je regagnai mon wagon. Je me disais : ces gens ne souffrent guère de leur sort. Et ce n’est point la charité<br />

ici qui me tourmente. Il ne s’agit point de s’attendrir sur une plaie éternellement rouverte. Ceux qui la<br />

portent ne la sentent pas. C’est quelque chose comme l’espèce humaine et non l’individu qui est blessé

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