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Voir - Bribes

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FLATTERIE 197<br />

honorés par eux. D’où il résulta que chacun d’eux, suivant son naturel propre, inventa des moyens divers<br />

de rendre un culte à Dieu, afin que Dieu l’aimât plus que tous les autres et mît la Nature entière au service<br />

de son aveugle désir et de son insatiable avidité. Ainsi, ce préjugé est devenu superstition et a plongé de<br />

profondes racines dans les esprits ; ce qui fut une raison pour chacun de chercher de toutes ses forces à<br />

comprendre les causes finales de toutes choses et à les expliquer. Mais en voulant montrer que la Nature<br />

ne fait rien en vain (c’est-à-dire qui ne soit à l’usage des hommes), ils semblent avoir uniquement montré<br />

que la Nature et les Dieux délirent aussi bien que les hommes. Voyez, je vous prie, où cela conduit ! Parmi<br />

tant d’avantages qu’offre la Nature, ils ont dû trouver un nombre non négligeable d’inconvénients, comme<br />

les tempêtes, les tremblements de terre, les maladies, etc., et ils ont admis que ces événements avaient pour<br />

origine l’irritation des Dieux devant les offenses que leur avaient faites les hommes ou les fautes commises<br />

dans leur culte ; et quoique l’expérience s’inscrivît chaque jour en faux contre cette croyance et montrât<br />

par d’infinis exemples que les avantages et les inconvénients échoient indistinctement aux pieux et aux<br />

impies, ils n’ont cependant renoncé à ce préjugé invétéré : il leur a été, en effet, plus facile de classer ce<br />

fait au rayon des choses inconnues, dont ils ignoraient l’usage, et de garder ainsi leur état actuel et inné<br />

d’ignorance, que de ruiner toute cette construction et d’en inventer une nouvelle. Ils ont donc pris pour<br />

certain que les jugements de Dieux dépassent de très loin la portée de l’intelligence humaine ; et cette seule<br />

raison , certes, eût suffi pour que la vérité demeurât à jamais cachée au genre humain, si la Mathématique,<br />

qui s’occupe non des fins, mais seulement des essences et des propriétés des figures, n’avait montré aux<br />

hommes une autre règle de vérité. »<br />

< p.347-349 ><br />

VOLTAIRE / Dictionnaire philosophique / Garnier 1967.<br />

« Il paraît qu’il faut être forcené pour nier que les estomacs soient faits pour digérer, les yeux pour voir, les<br />

oreilles pour entendre. D’un autre côté, il faut avoir un étrange amour des causes finales pour assurer que<br />

la pierre a été formée pour bâtir des maisons, et que les vers à soie sont nés à la Chine afin que nous ayons<br />

du satin en Europe.<br />

[...]<br />

Je crois qu’on peut aisément éclaircir cette difficulté. Quand les effets sont invariablement les mêmes en<br />

tout lieu et en tout temps, quand ces effets uniformes sont indépendants des êtres auxquels ils appartiennent,<br />

alors il y a visiblement une cause finale. »<br />

< p.199-200 ><br />

« Je sais bien que plusieurs philosophes, et surtout Lucrèce, ont nié les causes finales ; et je sais que Lucrèce,<br />

quoique peu châtié, est un très grand poète dans ses descriptions et dans sa morale ; mais en philosophie,<br />

il me paraît, je l’avoue, fort au-dessous d’un portier de collège et d’un bedeau de paroisse. Affirmer que ni<br />

l’œil n’est fait pour voir, ni l’oreille pour entendre, ni l’estomac pour digérer, n’est-ce pas là la plus énorme<br />

absurdité, la plus révoltante folie qui soit jamais tombée dans l’esprit humain? Tout douteur que je suis,<br />

cette démence me parait évidente et je le dis.<br />

Pour moi, je ne vois dans la nature comme dans les arts, que des causes finales ; et je crois un pommier fait<br />

pour porter des pommes comme je crois une montre faite pour marquer l’heure. »<br />

< p.512 ><br />

« Si une horloge n’est pas faite pour montrer l’heure, j’avouerai alors que les causes finales sont des<br />

chimères ; et je trouverai fort bon qu’on m’appelle cause-finalier, c’est-à-dire un imbécile. »<br />

< p.542 ><br />

Paul VALÉRY / Cahiers I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1973<br />

« L’esprit trouve des mystères parce qu’il cherche d’instinct un but et une utilité à toute chose. Il semble<br />

qu’il lui soit interdit de concevoir les choses telles quelles — tout au moins telles qu’elles se montrent. »<br />

< Philosophie p.530 ><br />

FLATTERIE<br />

Jean DOMAT / Pensées / Moralistes du XVIIe siècle / Robert Laffont - Bouquins 1992<br />

« Les louanges, quoique fausses, quoique ridicules, quoique non crues, ni par celui qui loue, ni par celui<br />

qui est loué, ne laissent pas de plaire et, si elle [sic] ne plaît par autre motif, elle plaît au moins par la

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