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156 DOULEUR<br />

Paul VALÉRY / Cahiers I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1973<br />

« La plus grande partie du corps ne parle que pour souffrir. Tout organe qui se fait connaître est déjà suspect<br />

de désordre. Silence bienheureux des machines qui marchent bien. »<br />

< Soma et CEM p.1119 ><br />

« La douleur est toujours question et le plaisir, réponse. »<br />

< Sensibilité p.1175 ><br />

Paul LÉAUTAUD / Journal littéraire / Mercure de France 1986<br />

« Ce vers, de Vigny, je crois, me revenait tantôt :<br />

J’aime la majesté des souffrances humaines.<br />

Où a-t-il vu des souffrances humaines avoir de la majesté? A ajouter à ce que j’ai dit des choses qu’on écrit<br />

parce que cela fait bien. »<br />

< 25 février 1947 III p.1547 ><br />

Jean COCTEAU / Opium / Romans, Poésies, Œuvres diverses / La Pochothèque LdP 1995<br />

« Progrès. Est-il bon d’accoucher à l’américaine (sommeil et forceps) et ce progrès qui consiste à souffrir<br />

moins n’est-il pas, comme la machine, le symptôme d’un univers où l’homme épuisé substitue d’autres<br />

forces à la sienne, évite les secousses d’un système nerveux affaibli? »<br />

< p.575 ><br />

Jean COCTEAU / La difficulté d’être / Romans, Poésies, Œuvres diverses / La Pochothèque LdP 1995<br />

« Je tire de la douleur un bénéfice : elle me rappelle sans cesse à l’ordre. Les longs temps où je ne pensais<br />

à aucune chose, ne laissant naviguer en moi que les mots : chaise, lampe, porte, ou autres objets sur quoi se<br />

promenaient mes yeux, ces longs temps de néant n’existent plus. La douleur me harcèle et je dois penser<br />

pour m’en distraire. C’est à l’inverse de Descartes. Je suis, donc je pense. Sans la douleur je n’étais pas. »<br />

< p.912 ><br />

Henri LABORIT / Éloge de la fuite / Robert Laffont 1976 - Gallimard folio-essais 7<br />

« En ce qui concerne la douleur, je ne puis me convaincre qu’elle élève, et les hommes que j’ai vus souffrir<br />

m’ont toujours paru enfermés dans leur douleur et non point ouverts sur des vues cosmiques. Si la douleur<br />

élève, je voudrais savoir vers quoi. »<br />

<br />

André COMTE-SPONVILLE / Une éducation philosophique / PUF 3 e ed 1992<br />

« D’abord, ne pas interpréter, ni justifier. La douleur est un fait, et ne veut rien dire. Elle n’a pas de sens,<br />

pas de valeur, pas d’excuses. Même atroce, elle est insignifiante (et cela est le plus atroce peut-être, qu’elle<br />

ne signifie rien) ; même légère, elle est insensée. Quoi de plus bête qu’une rage de dents ? Le réel se<br />

reconnaît là, qui se contente d’exister. "Pourquoi ?", demande-t-on devant celui qui souffre. Mais il n’y<br />

a pas de réponse (on souffre toujours pour rien), ni même, en vérité, de question. Le corps hurle, mais<br />

n’interroge pas. On parle pourtant des leçons de la douleur, et chacun, qui l’a vécue, y reconnaît quelque<br />

chose de son expérience. Mais ces leçons sont toutes négatives, ou critiques : la douleur n’apprend rien,<br />

qu’en annulant ce qu’on croyait savoir. Sa leçon est une anti-leçon : tout discours doit cesser, devant elle,<br />

qui parait ridicule, insupportable ou lâche. Non pas tout discours, pourtant. Et cela fait un sacré tri. Combien<br />

de livres supportent la proximité immédiate de l’horreur? »<br />

< p.323 ><br />

Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997<br />

« Ne désespère pas : si tout le monde t’abandonne, tu pourras toujours compter sur tes douleurs. »<br />

< mars 1965 p.273 >

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