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Voir - Bribes

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144 DIEU<br />

Paul LÉAUTAUD / Le théâtre de Maurice Boissard / Œuvres / Mercure de France 1988<br />

« Le devoir est une chose triste, laide, inventée pour abêtir et duper les hommes. Rien que le mot est<br />

disgracieux. Il éveille la contrainte, l’ennui. Il n’y a que les sots pour le prendre au sérieux. Regardez<br />

la figure niaise d’un homme qui se félicite d’accomplir son devoir. Voyez comme sont peu aimables les<br />

femmes qui n’ont jamais oublié leur devoir. Rappelez-vous toutes les phrases hypocrites et creuses avec<br />

lesquelles on célèbre le devoir. Il en est du devoir comme de la vertu : chose et mot, c’est haïssable. Le<br />

plaisir est bien autrement important. Il ne faut jamais hésiter à le faire passer avant. La vie est si courte, si<br />

rapide ! Serons-nous encore là demain? Il faut détester tout ce qui, sous une forme ou une autre, s’oppose<br />

au plaisir. »<br />

< p.1639 ><br />

DIEU<br />

Saint AUGUSTIN / Les Confessions / Œuvres I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1998<br />

« Voici ma réponse à l’objection : "Que faisait Dieu, avant de créer le ciel et la terre?"<br />

Je ne veux pas faire cette réponse badine qui fut proposée un jour, dit-on, pour éluder cette redoutable<br />

question : "Dieu préparait l’enfer pour les curieux" ; plaisanter est une chose, réfléchir en est une autre. »<br />

< Livre XI, xii, 14 p.1038 ><br />

François RABELAIS / Le Tiers Livre / Œuvres complètes / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard<br />

1955<br />

« En ceste façon nostre âme, lorsque le corps dort et que la concoction [= digestion] est de tous endroictz<br />

parachevée, rien plus n’y estant nécessaire jusques au réveil, s’esbat et reveoit sa patrie, qui est le ciel.<br />

De là receoit participation insigne de sa prime et divine origine, et en contemplation de ceste infinie et<br />

intellectuale sphære, le centre de laquelle est en chascun lieu de l’univers, la circunférence poinct (c’est<br />

Dieu scelon la doctrine de Hermès Trismegistus) à laquelle rien ne advient, rien ne passe, rien ne déchet,<br />

tous temps sont præsens, note non seulement les choses passées mouvemens inférieurs, mais aussi les<br />

futures, et, les raportent à son corps, et par les sens et organes d’icelluy les exposant aux amis, est dicte<br />

vaticinatrice et prophète. »<br />

< Chapitre XIII, p.371 ><br />

Blaise PASCAL / Pensées / Œuvres complètes / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954<br />

« Que l’homme contemple [...] la nature entière dans sa haute et pleine majesté ; qu’il éloigne sa vue des<br />

objets bas qui l’environnent. Qu’il regarde cette éclatante lumière, mise comme une lampe éternelle pour<br />

éclairer l’univers ; que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit, et qu’il<br />

s’étonne de ce que ce vaste tour lui-même n’est qu’une pointe très délicate à l’égard de celui que les astres<br />

qui roulent dans le firmament embrassent. Mais si notre vue s’arrête là, que l’imagination passe outre ; elle<br />

se lassera plutôt de concevoir, que la nature de fournir. Tout ce monde visible n’est qu’un trait imperceptible<br />

dans l’ample sein de la nature. Nulle idée n’en approche. Nous avons beau enfler nos conceptions au-delà<br />

des espaces imaginables, nous n’enfantons que des atomes, au prix de la réalité des choses. C’est une sphère<br />

infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part*. »<br />

< Premère partie, chapitre I, Disproportion de l’homme. p.1105 ><br />

* Contrairement aux (mauvaises) citations qu’on lit parfois, pour Pascal, ce n’est pas Dieu, mais la nature<br />

qui est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part. Le texte de la Pléiade est<br />

identique à celui de l’édition de 1670 (Chapitre XXII Connaissance générale de l’homme, p.170).<br />

DESCARTES / Discours de la méthode / Œuvres philosophiques Tome I / Garnier 1963<br />

Argument ontologique :<br />

« Car, par exemple, je voyais bien que, supposant un triangle, il fallait que ses trois angles fussent égaux<br />

à deux droits ; mais je ne voyais rien pour cela qui m’assurât qu’il y eut au monde aucun triangle. Au lieu<br />

que, revenant à examiner l’idée que j’avais d’un Être parfait, je trouvais que l’existence y était comprise,<br />

en même façon qu’il est compris en celle d’un triangle que ses trois angles sont égaux à deux droits, ou<br />

en celle d’une sphère que toutes ses parties sont également distantes de son centre, ou même encore plus

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