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DESTIN 141<br />

Léon DAUDET / Le stupide XIXe siècle (1922) / Souvenirs et polémiques / Robert Laffont - Bouquins<br />

1992<br />

« Ce qu’on appelle la destinée physiologique n’est souvent qu’une mauvaise hygiène. Ce qu’on appelle la<br />

destinée psychologique n’est souvent qu’une mauvaise éducation. Ce qu’on appelle la fatalité n’est le plus<br />

souvent qu’incurie politique et légèreté. S’il est une leçon que l’âge apporte à celui qui lit et réfléchit, c’est<br />

que les possibilités de l’homme, dans le bien, sont infinies ; alors que ses possibilités dans le vice et dans<br />

le mal sont assez courtes ; c’est que sa responsabilité est entière et reste entière. »<br />

< p.1198 ><br />

ALAIN / 81 chapitres sur l’esprit et les passions / Les Passions et la Sagesse / Bibliothèque de la Pléiade<br />

/ nrf Gallimard 1960<br />

« Le fatalisme est une disposition à croire que tout ce qui arrivera dans le monde est écrit ou prédit, de<br />

façon que, quand nous le saurions, nos efforts ne feraient pas manquer la prédiction, mais au contraire, par<br />

détour imprévu, la réaliseraient. Cette doctrine est souvent présentée théologiquement, l’avenir ne pouvant<br />

pas être caché à un Dieu très clairvoyant ; il est vrai que cette belle conclusion enchaîne Dieu aussitôt ; sa<br />

puissance réclame contre la prévoyance. Mais nous avons jugé ces jeux de paroles. Bien loin qu’ils fondent<br />

jamais quelque croyance, ils ne sont supportés que parce qu’ils mettent en argument d’apparence ce qui<br />

est déjà l’objet d’une croyance ferme, et mieux fondée que sur des mots. Le fatalisme ne dérive pas de la<br />

théologie ; je dirais plutôt qu’il la fonde. Selon le naïf polythéisme, le destin est au-dessus des dieux. »<br />

< p.1173 ><br />

« Ces temps de destruction mécanique ont offert des exemples tragiques de cette détermination par les<br />

causes sur lesquels des millions d’hommes ont réfléchi inévitablement. Un peu moins de poudre dans<br />

la charge, l’obus allait moins loin, j’étais mort. L’accident le plus ordinaire donne lieu a des remarques<br />

du même genre ; si ce passant avait trébuché, cette ardoise ne l’aurait point tué. Ainsi se forme l’idée<br />

déterministe populaire, moins rigoureuse que la scientifique, mais tout aussi raisonnable. Seulement l’idée<br />

fataliste s’y mêle, on voit bien pourquoi, à cause des actions et des passions qui sont toujours mêlées aux<br />

événements que l’on remarque. On conclut que cet homme devait mourir là, et que c’était sa destinée,<br />

ramenant ainsi en scène cette opinion de sauvage que les précautions ne servent à rien contre le dieu, ni<br />

contre le mauvais sort. Cette confusion est cause que les hommes peu instruits acceptent volontiers l’idée<br />

déterministe ; elle répond au fatalisme, superstition bien forte et bien naturelle comme on l’a vu. »<br />

< p.1178-1179 ><br />

ALAIN / Propos I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1956<br />

« Je vois des gens, qui, avec assez de moyens, ne sont arrivés qu’à une maigre et petite place. Mais que<br />

voulaient-ils? Leur franc parler? Ils l’ont. Ne point flatter? Ils n’ont point flatté et ne flattent point. Pouvoir<br />

par le jugement, par le conseil, par le refus? Ils peuvent. Il n’a point d’argent? Mais n’a-t-il pas toujours<br />

méprisé l’argent ? L’argent va à ceux qui l’honorent. Trouvez-moi seulement un homme qui ait voulu<br />

s’enrichir et qui ne l’ait point pu. Je dis qui ait voulu. Espérer ce n’est pas vouloir. Le poète espère cent<br />

mille francs ; il ne sait de qui ni comment ; il ne fait pas le moindre petit mouvement vers ces cent mille<br />

francs ; aussi ne les a-t-il point. Mais il veut faire de beaux vers. Aussi les fait-il. Beaux selon sa nature,<br />

comme le crocodile fait ses écailles et l’oiseau ses plumes. On peut appeler aussi destinée cette puissance<br />

intérieure qui finit par trouver passage ; mais il n’y a de commun que le nom entre cette vie si bien armée et<br />

composée, et cette tuile de hasard qui tua Pyrrhus. Ce que m’exprimait un sage, disant que la prédestination<br />

de Calvin ne ressemblait pas mal à la liberté elle-même. »<br />

< 3 octobre 1923 p.542 ><br />

Sacha GUITRY / Pensées / Cinquante ans d’occupations / Omnibus Presses de la Cité 1993<br />

« Je n’ai pas présente à l’esprit la définition du Fataliste par Tolstoï - j’ignore même si cette question<br />

existe dans son œuvre, mais elle en émane du moins, et je croirais volontiers que, être fataliste, ce n’est pas<br />

tellement croire en Dieu. C’est bien plutôt, je pense, une sorte de lassitude, une forme du dilettantisme et<br />

un manque presque total de volonté. C’est une espèce de renoncement que l’on veut croire momentané et,<br />

tandis que la confiance en soi somnole, c’est une résignation passive et presque souriante en présence d’une<br />

volonté supérieure - que l’on suppose bienfaisante, que les uns appellent la volonté du Destin, d’autres la

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