25.06.2013 Views

Voir - Bribes

Voir - Bribes

Voir - Bribes

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

CONSCIENCE 105<br />

Vladimir JANKÉLÉVITCH / Philosophie morale / Mille&UnePages Flammarion 1998<br />

« La mauvaise conscience est rare ; si rare qu’elle est, en somme, à peine une expérience psychologique; la<br />

mauvaise conscience est plutôt une limite métempirique*, et le consciencieux n’atteint cette limite que dans<br />

la tangence de l’instant, tangence aussitôt interrompue par la complaisance de la bonne conscience... C’est<br />

pourquoi la crise aiguë du remords est inséparable de la tension tragique. En dehors de Boris Godounov<br />

et de Macbeth, tout le monde a en général bonne conscience. Personne ne se reconnaît de torts, cela est<br />

assez connu, ni ne s’estime le moins du monde coupable ; chacun est convaincu de son bon droit, et de<br />

l’injustice des autres à son égard. Méchants ou non, les égoïstes sont en général bien contents, très satisfaits<br />

de ce qu’ils font, et ils jouissent le plus souvent d’un excellent sommeil ; ils ne regrettent jamais leurs<br />

mesquineries... Malgré son caractère ambigu, la mauvaise conscience, conscience honteuse d’elle-même,<br />

est une exaltation de la conscience en général. »<br />

< La Mauvaise Conscience, p.41><br />

* métempirique : qui ne peut être objet d’expérience, pour quelque raison que ce soit, et qui, par suite, ne<br />

relève pas de la science positive. (A. Lalande / Vocabulaire technique et critique de la philosophie / 12 e ed.<br />

1976)<br />

Georges BERNANOS / La France contre les robots (1946) / Essais et écrits de combats II / Bibliothèque<br />

de la Pléiade / nrf Gallimard 1995<br />

« Il n’y a pas de conscience collective. Une collectivité n’a pas de conscience. Lorsqu’elle paraît en avoir<br />

une, c’est qu’il y subsiste le nombre indispensable de consciences réfractaires, c’est-à-dire d’hommes assez<br />

indisciplinés pour ne pas reconnaître à l’État-Dieu le droit de définir le Bien et le Mal. »<br />

< p.1035 ><br />

Alexandre VIALATTE / Chroniques de La Montagne (2) / Robert Laffont - Bouquins 2000<br />

« On se demande à quoi la conscience peut bien servir au XX e siècle. Et même avant. Et même après.<br />

Sinon à tourmenter les hommes. C’est un organe comme l’appendice, qu’on ne connaît que par les maux<br />

qu’il inflige, et dont on ne sait à quoi il sert. Placé en face d’un cas de conscience, l’homme sage choisit<br />

toujours la solution facile. Ce qui lui épargne une perte de temps. Il n’a donc pas besoin de sa conscience.<br />

Il en résulte mille remords qui le tourmentent pendant toute sa vie. À qui la faute? À cette conscience. À<br />

cette conscience qui ne lui a servi à rien. Il y a là quelque chose d’injuste. Sans sa conscience, il vivrait<br />

tranquillement. »<br />

< 618 - 10 février 1965 p.337 ><br />

Henri LABORIT / Éloge de la fuite / Robert Laffont 1976 - Gallimard folio-essais 7<br />

« Nous ne vivons que pour maintenir notre structure biologique, nous sommes programmés depuis l’œuf<br />

fécondé pour cette seule fin, et toute structure vivante n’a pas d’autre raison d’être, que d’être. Mais pour<br />

être elle n’a pas d’autres moyens à utiliser que le programme génétique de son espèce. Or, ce programme<br />

génétique chez l’Homme aboutit à un système nerveux, instrument de ses rapports avec l’environnement<br />

inanimé et animé, instrument de ses rapports sociaux, de ses rapports avec les autres individus de la même<br />

espèce peuplant la niche où il va naître et se développer. Dès lors, il se trouvera soumis entièrement à<br />

l’organisation de cette dernière. Mais cette niche ne pénétrera et ne se fixera dans son système nerveux que<br />

suivant les caractéristiques structurales de celui-ci. Or, ce système nerveux répond d’abord aux nécessités<br />

urgentes, qui permettent le maintien de la structure d’ensemble de l’organisme. Ce faisant, il répond à ce<br />

que nous appelons les pulsions, le principe de plaisir, la recherche de l’équilibre biologique, encore que<br />

la notion d’équilibre soit une notion qui demande à être précisée. Il permet ensuite, du fait de ses possibilités<br />

de mémorisation, donc d’apprentissage, de connaître ce qui est favorable ou non à l’expression de<br />

ces pulsions, compte tenu du code imposé par la structure sociale qui le gratifie, suivant ses actes, par une<br />

promotion hiérarchique. Les motivations pulsionnelles, transformées par le contrôle social qui résulte de<br />

l’apprentissage des automatismes socio-culturels, contrôle social qui fournit une expression nouvelle à la<br />

gratification, au plaisir, seront enfin à l’origine aussi de la mise en jeu de l’imaginaire. Imaginaire, fonction<br />

spécifiquement humaine qui permet à l’Homme contrairement aux autres espèces animales, d’ajouter de<br />

l’information, de transformer le monde qui l’entoure. Imaginaire, seul mécanisme de fuite, d’évitement de<br />

l’aliénation environnementale, sociologique en particulier, utilisé aussi bien par le drogué, le psychotique,

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!