25.06.2013 Views

LA QUESTION DES RACES DANS LE POSITIVISME COMTIEN* I ...

LA QUESTION DES RACES DANS LE POSITIVISME COMTIEN* I ...

LA QUESTION DES RACES DANS LE POSITIVISME COMTIEN* I ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Annie Petit - La question des races dans le positivisme comtien<br />

dominances. Ceci est le fondement d'une "théorie cérébrale" 10, que Comte utilisera dans<br />

le Système comme base d'une typologie des "races" 11.<br />

2 - Mais la question des races humaines ne relève pas seulement pour Auguste<br />

Comte de la biologie. C'est aussi une question politique.<br />

Très tôt Comte la juge comme telle importante. Il le dit dès 1825, à propos d'un<br />

ouvrage de Charles Dunoyer :<br />

"je lui sais bien gré d'avoir senti toute l'importance politique de la question des races, et d'avoir<br />

combattu à sa manière la perfectibilité indéfinie" 12.<br />

La conception de la "perfectibilité", souvent reposée dans les leçons de biologie<br />

du Cours, est aussi souvent analysée à propos de ses implications politiques : les<br />

hommes sont-ils tous égaux ? peuvent-ils le devenir ? n'y a-t-il pas des déterminations<br />

irréductibles ? 13<br />

On s'attend donc à retrouver la question des races humaines, de leur égalité ou<br />

inégalité, de leurs possibilités de perfectionnement et d'harmonisation au niveau des<br />

réflexions historiques et des programmes politiques auxquels Comte consacre les leçons<br />

de "sociologie".<br />

La race y est effectivement vue comme une des "diverses influences<br />

modificatrices" du développement social ; elle est même classée comme la première<br />

source générale de variations) 14. Mais si l'importance de ce facteur est bien indiquée, il<br />

n'est guère exploré. Avant toute interrogation sur les modifications, il faut d'abord<br />

10 La 45 e leçon du Cours l'esquisse seulement : Comte s'appuie sur la théorie de Gall,<br />

tout en faisant part d'importantes réticences ; il programme alors sous le nom de<br />

"physiologie phrénologique" une science qu'il déclare "entièrement à faire" (p. 851,<br />

note). A partir de 1846, il en entreprend la systématisation sous le nom de "théorie<br />

cérébrale", et l'exprime dans un "Tableau des fonctions cérébrales" — "graduellement<br />

perfectionné par dix rédactions successives" — ; ce Tableau est joint en 1851 au premier<br />

volume du Système, I, p. 679-729, puis repris en 1852 dans le Catéchisme positiviste, p.<br />

137.<br />

11 Voir S., I, p. 706. A vrai dire, c'est essentiellement à partir de la répartition des<br />

penchants affectifs que Comte "voit surgir une classification naturelle entre les différents<br />

types de chaque race" — "suivant le genre de penchants qui dominent dans la conduite<br />

ordinaire".<br />

12 Lettre A G. d'Eichtal, 24 novembre 1825, Cor. I, p. 175, l'auteur souligne.<br />

13 Voir en particulier dans la 45 e leçon ce qui est dit d'Helvétius et de l'école française :<br />

"l'idéologie française conduit aux plus absurdes exagérations sur la puissance illimitée de<br />

l'éducation" (p. 862). Comte refuse l'idée d'une "possibilité de convertir, à volonté, par<br />

des institutions convenables tous les hommes en génies" — ce qui lui paraît aussi<br />

absurde que l'erreur inverse des allemands pensant que l'on pourrait "transformer à son<br />

gré sa nature morale". Pas question de nier la "perfectibilité", mais pas question de<br />

penser à une flexibilité totale : "cette incontestable perfectibilité suppose nécessairement<br />

l'existence fondamentale de prédispositions convenables" (p. 870).<br />

4

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!