Lire l'article complet au format PDF (620 ko) - Aéro Services Guépard
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26<br />
GRAND FORMAT<br />
SG-10A<br />
C<br />
Connaissez-vous l’aérodrome de Villefranche-de-Rouergue<br />
? Par la simplicité<br />
et le calme du site, pourtant<br />
proche de la ville, par son large dégagement<br />
sur le paysage qu’il surplombe et la facilité<br />
d’envol qu’il inspire, ce site incite très fortement<br />
<strong>au</strong> plaisir aérien. Venir ici et ne pas<br />
voler provoquerait une frustration grave. Venir<br />
ici et voler sur une très bonne machine,<br />
qui partage la simplicité et l’évidence de cet<br />
environnement, est un très be<strong>au</strong> moment.<br />
D’<strong>au</strong>tant que la plus récente création de<br />
Jean-Daniel Roman se distingue par des<br />
qualités de vol et des perfor-<br />
Venir à Villefranchede-Rouergue<br />
et ne pas<br />
voler provoquerait une<br />
frustration grave.<br />
Sa voilure est miraculeuse…<br />
mances exceptionnelles.<br />
Jean-Daniel Roman est un artisan comme<br />
on en imagine, mais qu’on ne rencontre<br />
presque jamais. De ceux qui créent des<br />
machines sans reproche, et qui cogitent<br />
pour en sortir d’encore meilleures ; et dont<br />
l’entreprise fonctionne depuis que cela a<br />
commencé à se savoir, il y a une vingtaine<br />
d’années. Dans ce cas-là, ce qui n’arrive jamais,<br />
ou presque, c’est de rester artisan. En<br />
général, plus ou moins vite, on s’arrête sur<br />
la machine la plus demandée, on s’organise<br />
pour la sortir en série et cela devient de l’industrie,<br />
où il f<strong>au</strong>t vendre<br />
toujours plus. Ici, les rôles sont inversés :<br />
c’est plutôt <strong>au</strong> client d’avoir la chance de se<br />
faire construire une machine.<br />
Des ULM de qualité<br />
Pilote depuis son adolescence, Jean-Daniel<br />
Roman a établi sa production suivant<br />
quelques critères d‘évidence : ses ULM<br />
doivent être robustes, sûrs, simples et procurer<br />
du plaisir à leurs pilotes, pouvoir être<br />
utilisés en campagne, le tout en restant<br />
strictement dans les critères de la réglementation,<br />
en particulier celui du poids.<br />
Cette production s’établit sur trois modèles,<br />
Au premier plan, un Super-<strong>Guépard</strong>, devant deux SG-<br />
10A. Sur les trois ULM, les instrumentations comme<br />
les systèmes simples et suffisants de réglage<br />
des sièges et de blocage des freins, entre <strong>au</strong>tres,<br />
s’accordent avec la volonté de légèreté.<br />
Jean-Daniel Roman<br />
est <strong>au</strong>x commandes du SG-10A.<br />
dont des éléments peuvent être communs<br />
ou utilisés pour des machines hybrides. La<br />
gamme débute par les Guépy, logiquement<br />
les appareils les plus légers et accessibles.<br />
Les <strong>Guépard</strong>, aptes <strong>au</strong>x voyages tous-terrains,<br />
disposent d’une aile rectangulaire de<br />
14,5 m 2 , de structure pouvant être tubes/<br />
toile ou aluminium. Les Super-<strong>Guépard</strong> se<br />
reconnaissent par leur cellule plus effilée et<br />
leur aile trapézoïdale de 11,25 m². Comme<br />
les <strong>Guépard</strong>, ils sont le plus souvent motorisés<br />
par des Rotax 912 ou 912S. Les SG-10<br />
reprennent la cellule du Super-<strong>Guépard</strong>,<br />
mais la surface de leur voilure également<br />
trapézoïdale est limitée à 10 m 2 . Le « A »<br />
indique que cette voilure est en aluminium.<br />
Au total, <strong>Aéro</strong>-<strong>Services</strong>-<strong>Guépard</strong>, l’entreprise<br />
de Jean-Daniel Roman, a déjà livré<br />
Le principe de petits générateurs de<br />
tourbillons chargés de « recoller » la<br />
couche limite d’une voilure à basse<br />
vitesse avait commencé par faire ses<br />
preuves dans l’aviation lourde. Son<br />
application à l’aviation légère a été<br />
lente, avant d’être encouragée par l’efficacité<br />
des Vortex Generators (VG) de<br />
l’entreprise américaine Micro-Aero-<br />
Dynamics (microaero.com).<br />
De patientes expérimentations doivent<br />
être menées avec soin pour établir les<br />
dimensions, formes et positionnements<br />
des VG pour chaque machine. Leur<br />
près de 200 ULM, dont quinze sont<br />
exploités par des aéro-clubs. Un<br />
de ses Super-<strong>Guépard</strong> 912 a permis<br />
à José Van de Veken et son<br />
équipier Julien Stervinou d’accéder<br />
<strong>au</strong>x plus h<strong>au</strong>tes marches des podiums<br />
du Championnat de France<br />
ULM en juin 2010 à Blois-Le Breuil,<br />
et quelques semaines plus tard du<br />
Championnat d’Europe d’ULM à Sywell (GB).<br />
Anatomie d’une voilure<br />
Le SG-10A se distingue donc, vous l’avez<br />
compris, par sa voilure trapézoïdale en aluminium.<br />
C’est l’entreprise Flight-Plan d’Eric<br />
Lopez à Gr<strong>au</strong>lhet qui la fabrique pour <strong>Aéro</strong>-<br />
<strong>Services</strong>-<strong>Guépard</strong>. Elle se compose d’un<br />
longeron en « I » en 16/10 e associé à un bord<br />
d’attaque coffré avec une tôle 6/10 e collée<br />
et rivetée, formant ainsi un caisson indéformable.<br />
Nervures, ailerons et volets sont<br />
également en alliage aéron<strong>au</strong>tique, alors<br />
que le revêtement en arrière du bord d’attaque<br />
est assuré par un classique entoilage<br />
en Dacron 1 500 kg. Des s<strong>au</strong>mons en composites<br />
terminent la voilure qui présente ainsi<br />
toutes les caractéristiques de la technologie<br />
Générateurs de vortex<br />
succès a débuté en France <strong>au</strong> milieu<br />
des années 2000 avec, entre <strong>au</strong>tres, de<br />
premiers montages de constructeurs<br />
amateurs sur des Rans Coyote. Leurs<br />
utilisateurs ont constaté que l’adaptation<br />
d’une centaine de VG à 10 % de la<br />
corde amenait un gain en performance<br />
de basse vitesse de 8 à 10 km/h. Les VG<br />
sont maintenant montés d’origine sur<br />
certains ULM, en particulier les Savannah<br />
de producteur italien ICP qui utilisaient<br />
<strong>au</strong>paravant une voilure complexe<br />
(becs de bord d’attaque) qui offrait de<br />
moins bonnes performances.<br />
métallique « avion », et dont « la grande rigidité<br />
confère <strong>au</strong> <strong>Guépard</strong> un grand confort de<br />
pilotage et de stabilité », fait-on valoir chez<br />
<strong>Aéro</strong>-<strong>Services</strong>-<strong>Guépard</strong>. De fait, c’est bien ce<br />
que nous allons constater en vol. Détail supplémentaire<br />
– qui est loin d’en être un, verrons-nous<br />
également en vol –, la voilure de<br />
l’exemplaire que Jean-Daniel Roman et moimême<br />
allons utiliser porte des « VG », pour<br />
Vortex Generators, ou générateurs de vortex<br />
en français. Enfin, last but not the least à son<br />
propos, ces choix ne compromettent en rien<br />
la masse à vide du SG-10A vis-à-vis de la<br />
réglementation ULM.<br />
<strong>Aéro</strong>-<strong>Services</strong>-<strong>Guépard</strong> réalise<br />
la soudure TIG, l’entoilage et les composites.<br />
A droite, l’adaptation de VG retarde le décrochage…<br />
qui finira tout de même par intervenir.<br />
AVIASPORT 678 SePTembRe 2011<br />
27
GRAND FORMAT<br />
En piste<br />
Le h<strong>au</strong>ban unique et la grande ouverture<br />
facilitent l’installation dans l’habitacle. Sitôt<br />
assis, on apprécie l’importante largeur (1,15<br />
m) de la cabine et la très bonne visibilité,<br />
favorisée par l’importante surface des vitrages,<br />
dans le cas d’un appareil à aile h<strong>au</strong>te.<br />
Les sièges (qui ont dû être réglés avant l’installation,<br />
si besoin) sont confortables, et<br />
offrent un bon maintien.<br />
Les premières manœuvres montrent que le<br />
SG-10A peut virer sur un faible rayon.<br />
Mis plein gaz, l’ULM quitte rapidement la<br />
belle piste en herbe de Villefranche-de-<br />
Rouergue. A <strong>au</strong>cun moment son guidage n’a<br />
posé problème. À peine les volets rentrés,<br />
Jean-Daniel Roman m’enjoint-il de réduire<br />
la puissance, effectivement surabondante…<br />
N’en est-il pas ainsi pour tous les ULM de<br />
100 ch dans la quasi-totalité du cadre de<br />
leur utilisation ? Mais est-ce une raison de<br />
brûler inutilement du carburant pour le plaisir<br />
de garder les pieds en l’air ? Optimiser<br />
la consommation commence là,<br />
et repousser un<br />
peu le manche<br />
permet <strong>au</strong>ssi<br />
d’élargir l’angle de vue,<br />
et ainsi de mieux repérer une possibilité<br />
d’abordage.<br />
L’avion installé en palier, on apprécie tout à<br />
la fois sa stabilité <strong>au</strong>gurant un bon comportement<br />
en croisière, et sa vivacité en roulis<br />
<strong>au</strong> cas où le pilote se laisserait aller à une<br />
envie de jouer. Les commandes sont homogènes,<br />
et la bille se montre plutôt calme par<br />
rapport à celle de la plupart des ULM déjà<br />
essayés. Manche légèrement poussé et<br />
lâché, le SG-10A trimé revint à sa position<br />
en moins de deux oscillations. La vitesse de<br />
pointe atteint 210 km/h à 5 200 t/mn, une<br />
belle performance pour un appareil <strong>au</strong>ssi<br />
simple. La position plein gaz étant forcément<br />
brève, celle de croisière ne manque pas non<br />
plus de retenir l’intérêt. Car on constate à<br />
cette occasion que ce biplace se contente<br />
d’un faible régime pour avancer gaillardement<br />
: 4 800 t/mn pour<br />
190 km/h, 4 400 t/mn<br />
pour 170 km/h, 4 200 t/<br />
mn pour 160 km/h<br />
et même 2 800 t/mn<br />
pour 110 km/h ! L’engin<br />
n’est pas gour-<br />
mand : pas be<strong>au</strong>coup plus que le<br />
Topaz testé il y a peu, et pourtant plus proche<br />
du motoplaneur…<br />
Repenser l’arrivée…<br />
L’étonnement s’amplifie lors de l’approche<br />
des basses vitesses. En lisse, le décrochage<br />
se produit sans signe avant-coureur, tandis<br />
que l’aiguille du Badin commence à montrer<br />
des signes de faiblesse à moins de 60 km/h<br />
indiqués… L’avion ne montre <strong>au</strong>cune intention<br />
inquiétante quand le vario s’installe en<br />
chute. Le vol reprend sans souci en replaçant<br />
le manche en avant. Volets sortis, l’indication<br />
de l’anémomètre n’est plus valide, et le comportement<br />
se révèle tout <strong>au</strong>ssi sain. Les VG y<br />
seraient-ils pour quelque chose ? « Avec eux,<br />
nous avons gagné 10 km/h en vitesse mini<br />
sans rien perdre en vitesse maxi », m’affirme<br />
Jean-Daniel Roman. Franchement, j’ai peine<br />
à le croire. « On verra en finale, quand je<br />
pourrai mieux juger de la vitesse », me dis-je.<br />
De fait, sans vent, Jean-Daniel Roman m’enjoins<br />
en étape de base d’adopter une vitesse<br />
plus basse que celle que j’ai choisie, et qui<br />
d’ailleurs me semblait juste suffisante. J’obtempère…<br />
un peu. Passé en finale, tout réduit<br />
et tout sorti,<br />
je m’étonne du comportement de l’engin,<br />
lent mais encore à l’évidence trop rapide,<br />
et visiblement peu désireux de perdre de<br />
cette rapidité. Seul choix, conforté par Jean-<br />
Daniel Roman : la glissade. Ainsi, après un<br />
arrondi qui se prolonge, l’avion ne touche<br />
pas trop loin. Là, les VG m’ont bluffé : comment<br />
ces petites pièces courbées peuventelles<br />
nous tenir ainsi accrochés ? Avec une<br />
telle machine, les tours de piste demandent<br />
un entraînement pour être menés correctement<br />
: l’aile surpuissante oblige à déplacer<br />
ses références habituelles…<br />
Le bon sens<br />
près de chez nous<br />
La vitesse de pointe du SG-10A serait ainsi<br />
proche de quatre fois celle de son décrochage…Très<br />
peu d’appareils profitent d’une<br />
plage de vitesse réellement <strong>au</strong>ssi étendue.<br />
Ceux dont les promoteurs l’affirment taisent<br />
leur comportement le plus souvent tangent<br />
<strong>au</strong>x basses vitesses avec tous leurs sys-<br />
tèmes sophistiqués<br />
sortis. Et là, si le vent<br />
ne joue pas le jeu,<br />
aïe aïe aïe… Le SG-<br />
10A ne dispose pas,<br />
quant à lui, de systèmes hypersustentateurs<br />
complexes. Les siens sont basiques, <strong>au</strong>tant<br />
les VG que les volets, et ses qualités de vol<br />
restent présentes jusqu’à ses plus faibles<br />
vitesses. Cette caractéristique remarquable<br />
<strong>au</strong>gmente la sécurité, qui s’ajoute à l’agrément<br />
de pilotage du SG-10A.<br />
De construction artisanale et soignée, doté<br />
d’une aile surdouée, solide et confortable, le<br />
h<strong>au</strong>t de gamme d’<strong>Aéro</strong>-<strong>Services</strong>-<strong>Guépard</strong> est<br />
néanmoins proposé à moins de 60 000 € TTC.<br />
Un prix très inférieur à certaines stars de la<br />
catégorie ULM construites dans des pays à<br />
moindre coût de main d’œuvre, mais dont<br />
l’éloignement rend forcément moins sûr le<br />
suivi à long terme. Tout comme le montalbanais<br />
Best’Off avec le Nynja parmi les machines<br />
proposées en kit, c’est sur le marché<br />
du « clé en main » que l’artisan aveyronnais<br />
participe à rétablir la cohérence.<br />
Gabriel GAVARD,<br />
photos de l’<strong>au</strong>teur<br />
SG-10A<br />
Longueur 6 m<br />
H<strong>au</strong>teur 2,7 m<br />
Envergure 9,6 m<br />
Surface 10 m 2<br />
Moteur Rotax 912S<br />
Puissance 100 ch<br />
Masse à vide 284 kg<br />
Masse max 472,5 kg<br />
Réservoirs 2 x 32 l<br />
T<strong>au</strong>x de montée 6,5 m/s<br />
Croisière 190 km/h<br />
Vne 230 km/h<br />
Facteurs de charge + 4, - 2<br />
Contact :<br />
<strong>Aéro</strong>-<strong>Services</strong>-<strong>Guépard</strong><br />
12200 Toulonjac<br />
Tél.: 05 65 45 28 54<br />
Web : aeroservices.fr<br />
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