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Lavelle et le spiritualisme français - Association Louis Lavelle - Chez

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Le rô<strong>le</strong> du suj<strong>et</strong> est donc celui d’une reconnaissance, d’une participation entendue comme<br />

une forme d’acceptation d’une expérience débordante. Le signifié profond <strong>et</strong> actuel de c<strong>et</strong>te<br />

doctrine est <strong>le</strong> dépassement du subjectivisme <strong>et</strong> la recherche d’une autonomie du suj<strong>et</strong> qui soit<br />

fondée dans <strong>le</strong> chiasme de sa participation à l’être. Le mythe moderne de l’auto-normativité du suj<strong>et</strong><br />

– qui risque de transformer sa force rhétorique dans une auto-référentialité dangereuse – vient donc<br />

à être renversé par <strong>Lavel<strong>le</strong></strong>, qui se mit à la recherche d’une modernité capab<strong>le</strong> d’exprimer la<br />

responsabilité pour la plénitude de l’être.<br />

Fidè<strong>le</strong> à la direction du <strong>spiritualisme</strong> <strong>français</strong>, la philosophie de <strong>Lavel<strong>le</strong></strong> est une véritab<strong>le</strong><br />

«métaphysique de l’expérience» ou «métaphysique positive». Ces expressions, typiques de<br />

Ravaisson ou de Bergson, trouvent en <strong>Lavel<strong>le</strong></strong> une nouvel<strong>le</strong> application. Dans sa recherche de<br />

l’expérience authentique de la singularité, qui est <strong>le</strong> vrai obj<strong>et</strong> de la métaphysique, <strong>le</strong> <strong>spiritualisme</strong><br />

condamne la pensée abstraite <strong>et</strong> la pensée empirique. En tant que pensées de la généralisation, ces<br />

formes de la philosophie moderne ne sont pas capab<strong>le</strong>s d’entrer dans <strong>le</strong> domaine métaphysique de la<br />

singularité.<br />

La singularité, qui pour <strong>Lavel<strong>le</strong></strong> est la participation absolue avec l’Être universel <strong>et</strong><br />

univoque, est toujours affaire d’une expérience. «Il y a une expérience initia<strong>le</strong> qui est impliquée<br />

dans toutes <strong>le</strong>s autres <strong>et</strong> qui donne à chacune sa gravité <strong>et</strong> sa profondeur: c’est l’expérience de la<br />

présence de l’être» (PT, p. 27), écrivait <strong>Lavel<strong>le</strong></strong>. La responsabilité du suj<strong>et</strong> est cel<strong>le</strong> de respecter<br />

c<strong>et</strong>te expérience <strong>et</strong> la philosophie est <strong>le</strong> lieu par excel<strong>le</strong>nce où c<strong>et</strong>te vocation humaine trouve son<br />

accomplissement: « Le propre de la pensée philosophique est de s’attacher à c<strong>et</strong>te expérience<br />

essentiel<strong>le</strong>» (PT, p. 28).<br />

À partir de c<strong>et</strong>te vraie expérience, qui est l’expérience d’un toucher de l’être <strong>et</strong> d’une<br />

implication de complicité, tout <strong>le</strong> problème moderne de la connaissance disparaît comme un rêve.<br />

C<strong>et</strong>te expérience «n’implique pas seu<strong>le</strong>ment une coïncidence entre notre pensée <strong>et</strong> l’essence des<br />

choses, mais une véritab<strong>le</strong> complicité entre notre pensée <strong>et</strong> l’essence des choses el<strong>le</strong>s-mêmes » (PT,<br />

p. 30). Peut-être r<strong>et</strong>rouvons-nous ici une nouvel<strong>le</strong> fois <strong>le</strong> concept de sympathie de la Renaissance,<br />

mais c’est la complicité entre suj<strong>et</strong> <strong>et</strong> être qui donne à <strong>Lavel<strong>le</strong></strong> la possibilité de «franchir <strong>le</strong>s bornes<br />

du phénoménisme».<br />

7. On ne doit pas penser c<strong>et</strong>te complicité comme un lien stab<strong>le</strong> <strong>et</strong> accompli. <strong>Lavel<strong>le</strong></strong> sait bien<br />

que l’Être est Acte <strong>et</strong> que l’actualité n’est autre chose qu’une puissance inépuisab<strong>le</strong>. L’actualité de<br />

l’acte, si nous ne voulons pas réifier son essence, n’est autre chose que la promotion d’une nouvel<strong>le</strong><br />

puissance. La participation – que <strong>Lavel<strong>le</strong></strong> appel<strong>le</strong> aussi «complicité» ou «intimité» – est donc un<br />

devoir, un sol<strong>le</strong>n, pour <strong>le</strong> suj<strong>et</strong>. Avoir la capacité de l’Être veut dire que la participation «doit être

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