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Lavelle et le spiritualisme français - Association Louis Lavelle - Chez

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enfermé dans ses propres limites» (PT, p. 38). Le vocation du <strong>spiritualisme</strong> – <strong>et</strong> de la pensée de<br />

<strong>Lavel<strong>le</strong></strong> en particulier – c’est de franchir ces limites <strong>et</strong> de montrer que <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> est toujours engagé<br />

avec un plus d’Être qui est l’essence même de l’Être. La phénoménisme, par contre, est simp<strong>le</strong>ment<br />

une philosophie du moins, une philosophie de la misère.<br />

Le modè<strong>le</strong> de c<strong>et</strong>te erreur est <strong>le</strong> kantisme. En écrivant l’Introduction de 1937 à la<br />

Dia<strong>le</strong>ctique de l’éternel présent, <strong>Lavel<strong>le</strong></strong> notait que son ouvrage était «une réaction contre <strong>le</strong><br />

subjectivisme phénoméniste à l’intérieur duquel la philosophie avait fini pour nous enfermer» (E, p.<br />

11). Dans La présence tota<strong>le</strong> il écrivait que «c’est, il nous semb<strong>le</strong>, une sorte de postulat commun à<br />

la plupart des esprits que notre vie s’écou<strong>le</strong> au milieu des apparences <strong>et</strong> que nous ne saurons jamais<br />

rien de l’Être lui-même » (PT, p. 11). <strong>Lavel<strong>le</strong></strong> accusait donc « <strong>le</strong> positivisme <strong>et</strong> <strong>le</strong> kantisme» d’avoir<br />

emprisonné l’homme dans un cerc<strong>le</strong> où « nous ne pouvions rien espérer de connaître de plus que <strong>le</strong>s<br />

phénomènes, <strong>le</strong>ur mode de coordination ou <strong>le</strong>s conditions logiques qui nous perm<strong>et</strong>tent de <strong>le</strong>s<br />

penser» (E, p. 11).<br />

C’est pour c<strong>et</strong>te raison que l’existence est «<strong>le</strong> contraire de la relation» (DEX, p. 19), parce<br />

qu’el<strong>le</strong> s’impose à la conscience «inévitab<strong>le</strong>ment <strong>et</strong> du premier coup» (DEX, p. 32). Le jeu de<br />

<strong>Lavel<strong>le</strong></strong>, outre la nécessité de remarquer la puissance d’événement de l’être, était celui de souligner<br />

l’extranéité de l’intimité de l’être <strong>et</strong> de la pensée à la forme de la relation, que Char<strong>le</strong>s Renouvier<br />

avait é<strong>le</strong>vée au rang de catégorie fondamenta<strong>le</strong> du néocriticisme phénoméniste <strong>français</strong>. On peut<br />

reconnaître comme un refl<strong>et</strong> de c<strong>et</strong>te critique du phénoménisme <strong>et</strong> du néocriticisme, par exemp<strong>le</strong>,<br />

dans l’affirmation selon laquel<strong>le</strong> l’existence est «antérieure aux catégories de la logique » (DEX, p.<br />

14). En ce sens-là, on peut dire que <strong>le</strong> <strong>spiritualisme</strong> de <strong>Lavel<strong>le</strong></strong> se posait comme une philosophie<br />

plus positive de chaque positivité, en ce sens qu’el<strong>le</strong> refusait d’expliquer l’inadéquation entre suj<strong>et</strong><br />

<strong>et</strong> réalité avec <strong>le</strong> mythe de la phénoménalité <strong>et</strong> qu’el<strong>le</strong> revendiquait l’excès de la présence de l’être<br />

dans chaque singularité.<br />

Pour c<strong>et</strong>te raison <strong>le</strong> phénomène est continuel<strong>le</strong>ment relancé au-delà du soi, au plus que soi,<br />

comme source réel<strong>le</strong> de sa singularité. La ferm<strong>et</strong>ure du suj<strong>et</strong> à l’intérieur de son moi ne pouvait<br />

expliquer ce caractère débordant du singulier: l’«erreur fondamenta<strong>le</strong>» était, en fait, de « prendre<br />

comme point de départ de la connaissance la notion du moi plutôt que cel<strong>le</strong> d’existence » (DDS, p.<br />

XVI).<br />

Le fait originaire est donc que <strong>le</strong> suj<strong>et</strong> est ab origine posé à l’intérieur d’une participation<br />

qui <strong>le</strong> déborde <strong>et</strong> <strong>le</strong> dépasse: « Il ne peut y avoir participation qu’à un acte qui n’est pas nôtre <strong>et</strong> que<br />

nous ne pouvons jamais faire tout à fait nôtre» (E, p. 20). <strong>Lavel<strong>le</strong></strong> confirmait que l’acte d’être n’est<br />

pas nôtre, mais que nous sommes nous-mêmes dans la mesure où nous reconnaissons sa puissance<br />

en nous: «Le moi reconnaît la présence de l’être» (PT, p. 27).

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