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Liste des cours http://www.uvp5.univ-paris5.fr/campus%2Dpediatrie/cyc<strong>le</strong>2/sommaire.asp<br />

\ Liste des cours<br />

N° Nom du cours Modu<strong>le</strong><br />

Questions pédiatriques<br />

24 Allaitement et complications N° 2 - De la conception à la naissance<br />

32<br />

34<br />

I - Développement psychomoteur du nourrisson<br />

et de l'enfant : Aspects normaux et<br />

pathologiques<br />

II - Développement psychomoteur du<br />

nourrisson et de l'enfant : Troub<strong>le</strong>s de<br />

l’apprentissage et difficultés scolaires<br />

Alimentation et besoins nutritionnels du nourrisson<br />

et de l'enfant<br />

N° 3 - Maturation et vulnérabilité<br />

N° 3 - Maturation et vulnérabilité<br />

36 Retard de croissance staturo-pondéra<strong>le</strong> N° 3 - Maturation et vulnérabilité<br />

37<br />

38<br />

68<br />

76<br />

Maltraitance et enfants en danger. Protection<br />

maternel<strong>le</strong> et infanti<strong>le</strong><br />

N° 3 - Maturation et vulnérabilité<br />

Puberté norma<strong>le</strong> et pathologique N° 3 - Maturation et vulnérabilité<br />

Dou<strong>le</strong>ur chez l'enfant : Sédation et traitements<br />

antalgiques<br />

Vaccinations : bases immunologiques,<br />

indications, efficacité, complications<br />

77 Angines et pharyngites de l'enfant et de l'adulte<br />

78 Coqueluche<br />

84<br />

86<br />

90<br />

93<br />

Infections à herpès virus de l’enfant<br />

immunocompétent<br />

[et de l’adulte : partie non traitée]<br />

Infections broncho-pulmonaires du nourrisson,<br />

de l'enfant et de l'adulte<br />

Infections naso-sinusiennes de l’enfant et de<br />

l’adulte<br />

Infections urinaires de l'enfant et de l'adulte.<br />

Leucocyturie<br />

94 Maladies éruptives de l'enfant<br />

96<br />

Méningites infectieuses et méningoencéphalites<br />

chez l'enfant et chez l'adulte<br />

97 Oreillons<br />

98 Otalgies et otites chez l'enfant et l'adulte<br />

115<br />

Al<strong>le</strong>rgies respiratoires chez l'enfant et chez<br />

l'adulte<br />

190 Convulsions chez <strong>le</strong> nourrisson et chez l'enfant<br />

193 Détresse respiratoire aiguë<br />

194 Diarrhée aiguë et déshydratation « voir item 302»<br />

203<br />

Fièvre aiguë de l'enfant (de l’adulte : non traité)<br />

:<br />

Critères de gravité d’un syndrome infectieux<br />

N° 6 - Dou<strong>le</strong>ur - Soins palliatifs - Accompagnements<br />

N° 7 - Santé et environnement - Maladies<br />

transmissib<strong>le</strong>s<br />

N° 7 - Santé et environnement - Maladies<br />

transmissib<strong>le</strong>s<br />

N° 7 - Santé et environnement - Maladies<br />

transmissib<strong>le</strong>s<br />

N° 7 - Santé et environnement - Maladies<br />

transmissib<strong>le</strong>s<br />

N° 7 - Santé et environnement - Maladies<br />

transmissib<strong>le</strong>s<br />

N° 7 - Santé et environnement - Maladies<br />

transmissib<strong>le</strong>s<br />

N° 7 - Santé et environnement - Maladies<br />

transmissib<strong>le</strong>s<br />

N° 7 - Santé et environnement - Maladies<br />

transmissib<strong>le</strong>s<br />

N° 7 - Santé et environnement - Maladies<br />

transmissib<strong>le</strong>s<br />

N° 7 - Santé et environnement - Maladies<br />

transmissib<strong>le</strong>s<br />

N° 7 - Santé et environnement - Maladies<br />

transmissib<strong>le</strong>s<br />

N° 8 - Immunopathologie - réaction inflammatoire<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

1 sur 3 06/04/2009 23:50


Liste des cours http://www.uvp5.univ-paris5.fr/campus%2Dpediatrie/cyc<strong>le</strong>2/sommaire.asp<br />

210<br />

I - Malaise grave du nourrisson<br />

II - Mort subite<br />

226 Asthme de l'enfant<br />

233<br />

Diabète sucré de type 1 et 2 de l'enfant et de<br />

l'adulte<br />

235 Epi<strong>le</strong>psie de l'enfant et de l'adulte<br />

267<br />

300<br />

302<br />

328<br />

330<br />

331<br />

336<br />

Obésité de l'enfant [et de l'adulte : partie non<br />

traitée]<br />

Constipation chez l’enfant et l’adulte (avec <strong>le</strong><br />

traitement)<br />

Diarrhée aiguë chez l’enfant et chez l’adulte<br />

(avec <strong>le</strong> traitement)<br />

Protéinurie et syndrome néphrotique chez<br />

l'enfant et chez l'adulte<br />

Orientation diagnostique devant un purpura<br />

chez l'enfant (et chez l’adulte : non traité)<br />

Orientation diagnostique devant un souff<strong>le</strong><br />

cardiaque chez l'enfant<br />

Orientation diagnostique devant une toux chez<br />

l’enfant (avec <strong>le</strong> traitement ) ( et chez l’adulte :<br />

non traité)<br />

340 Troub<strong>le</strong>s de la marche et de l'équilibre<br />

345<br />

Orientation diagnostique devant des<br />

vomissements du nourrisson et de l’enfant<br />

(avec <strong>le</strong> traitement)<br />

(et de l’adulte : non traité)<br />

92 Infections ostéo-articulaires-discospondylite<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

« voir item 194 »<br />

Questions chirurgica<strong>le</strong>s<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 7 - Santé et environnement - Maladies<br />

transmissib<strong>le</strong>s<br />

154 Tumeurs osseuses primitives et secondaires N° 10 - Cancérologie - Oncohématologie<br />

217 Syndromes occlusifs de l'enfant<br />

224 Appendicite de l’enfant et de l’adulte<br />

237<br />

Fractures de l'enfant : particularités<br />

épidémiologiques, diagnostiques et<br />

thérapeutiques<br />

245 Hernie pariéta<strong>le</strong> chez l'enfant et l'adulte<br />

272<br />

Pathologie génito-scrota<strong>le</strong> chez <strong>le</strong> garçon et<br />

chez l’homme<br />

275 Péritonite aiguë<br />

299<br />

Boiterie et troub<strong>le</strong>s de la démarche chez<br />

l’enfant<br />

Questions médico-chirurgica<strong>le</strong>s<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

23 Evaluation et soins du nouveau-né à terme N° 2 - De la conception à la naissance<br />

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Liste des cours http://www.uvp5.univ-paris5.fr/campus%2Dpediatrie/cyc<strong>le</strong>2/sommaire.asp<br />

33<br />

51<br />

144<br />

I- Suivi d’un nourrisson, d’un enfant et d’un<br />

ado<strong>le</strong>scent normal : Dépistage des anomalies<br />

orthopédiques<br />

II- Suivi d’un nourrisson, d’un enfant et d’un<br />

ado<strong>le</strong>scent normal : Dépistage des troub<strong>le</strong>s<br />

visuels et auditifs<br />

L'enfant handicapé : orientation et prise en<br />

charge<br />

Cancer de l' enfant : particularités<br />

épidémiologiques, diagnostiques et<br />

thérapeutiques<br />

195 Dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s et lombaires<br />

201<br />

280<br />

Polytraumatisme<br />

Reflux Gastro-Oesophagien (RGO)chez <strong>le</strong><br />

nourrisson et chez l'enfant (adulte non traité).<br />

Hernie hiata<strong>le</strong><br />

312 Epanchement p<strong>le</strong>ural<br />

341 Troub<strong>le</strong>s de la miction<br />

N° 3 - Maturation et vulnérabilité<br />

N° 3 - Maturation et vulnérabilité<br />

N° 4 - Handicap - Incapacité dépendance<br />

N° 10 - Cancérologie - Oncohématologie<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

N° 11 - Synthèse clinique et thérapeutique - de la<br />

Plainte du patient à la décision thérapeutique<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Pr Jacques de BLIC (Hôpital Necker-Enfants Malades) MAJ : 19/06/2006<br />

Objectifs :<br />

Al<strong>le</strong>rgies respiratoires chez l’enfant [et chez l’adulte : non traité]<br />

Item 115<br />

1. Diagnostiquer une al<strong>le</strong>rgie respiratoire chez l’enfant.<br />

2. Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier <strong>le</strong> suivi du patient.<br />

Limites de la question :<br />

Ce document ne concerne que <strong>le</strong>s aspects pédiatriques de l’al<strong>le</strong>rgie respiratoire de l’enfant<br />

(adulte non traité).<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

1 - L’Asthme<br />

2 - Rhinite al<strong>le</strong>rgique<br />

Introduction<br />

La fréquence de l’asthme et des al<strong>le</strong>rgies dans <strong>le</strong>s pays développés a quasiment doublé ces 20<br />

dernières années. Les raisons ne sont pas univoques mais probab<strong>le</strong>ment liées aux modifications du<br />

sty<strong>le</strong> de vie occidental des dernières décennies.<br />

Les al<strong>le</strong>rgies respiratoires chez l’enfant sont dominées par l’asthme et la rhinite. El<strong>le</strong>s s’inscrivent<br />

dans <strong>le</strong> cadre de l’atopie définie par la prédisposition à produire des IgE en réponse aux al<strong>le</strong>rgènes de<br />

l’environnement. Le processus de sensibilisation peut être ou ne pas être associé à l'induction de<br />

symptômes cliniques qui sont eux-mêmes caractérisés par des phénomènes inflammatoires auxquels<br />

correspond une hyperréactivité des muqueuses.<br />

1 - L’Asthme<br />

L’asthme représente la maladie chronique la plus fréquente chez l’enfant. Sa préva<strong>le</strong>nce varie selon<br />

l’âge, <strong>le</strong> sexe et la situation géographique : entre 7 à 9 % en France chez l’enfant.<br />

De 80 % à 90 % des enfants asthmatiques sont atopiques et ont au moins un test cutané al<strong>le</strong>rgique<br />

positif. Il faut donc rechercher devant toute pathologie asthmatique des arguments en faveur d’une<br />

origine al<strong>le</strong>rgique car cette identification permet souvent une éviction al<strong>le</strong>rgénique efficace.<br />

A. Facteurs de risques et facteurs déc<strong>le</strong>nchants<br />

L’asthme peut être considéré comme la résultante de l’environnement sur un terrain prédisposé.<br />

Facteurs génétiques<br />

L’asthme est une maladie multifactoriel<strong>le</strong> et polygénique. Les études de relation phénotype-génotype<br />

ont permis de localiser un certain nombre de régions géniques de susceptibilités et de<br />

polymorphismes génétiques dans des zones connues ou non pour porter des gènes candidats<br />

impliqués dans la physiopathologie de l’atopie ou de l’asthme.<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Pr Jacques de BLIC (Hôpital Necker-Enfants Malades) MAJ : 19/06/2006<br />

Facteurs environnementaux<br />

Les facteurs environnementaux peuvent agir à plusieurs niveaux de l’histoire naturel<strong>le</strong> de l’asthme :<br />

sensibilisation, apparition et/ou aggravation de symptômes. Leur rô<strong>le</strong> primordial a été mis en évidence<br />

par <strong>le</strong>s enquêtes épidémiologiques de ces dernières années. L’environnement peut intervenir<br />

directement par <strong>le</strong>s al<strong>le</strong>rgènes ou indirectement en modulant la réponse immune.<br />

1. Exposition al<strong>le</strong>rgique<br />

Il existe une relation entre l’exposition aux acariens et <strong>le</strong> risque de sensibilisation spécifique. Cette<br />

relation est en revanche moins nette pour l’exposition aux animaux domestiques, une exposition<br />

régulière dans <strong>le</strong>s premiers mois de vie pouvant induire un phénomène de tolérance alors qu’une<br />

exposition plus tardive entraînerait un risque de sensibilisation. Ces dernières années ont conduit à<br />

mettre en doute <strong>le</strong> dogme que c'est l'exposition qui induit l'asthme avec l'inflammation bronchique par<br />

<strong>le</strong> biais de la sensibilisation. Dans de nombreux pays, la préva<strong>le</strong>nce de l'asthme chez l'enfant a<br />

augmenté de manière indépendante de l'exposition al<strong>le</strong>rgénique. Ceci suggère que l'exposition aux<br />

al<strong>le</strong>rgènes domestiques est un puissant facteur déterminant de sensibilisation précoce dans l'enfance<br />

mais ne peut être considérée comme une cause primaire d'hyperréactivité bronchique ou de<br />

symptômes d'asthme.<br />

La sensibilisation des voies aériennes ou <strong>le</strong> déc<strong>le</strong>nchement de la maladie asthmatique sont, dans<br />

l’asthme al<strong>le</strong>rgique, en relation avec l’exposition aux al<strong>le</strong>rgènes. Les principaux al<strong>le</strong>rgènes sont :<br />

• <strong>le</strong>s pneumal<strong>le</strong>rgènes<br />

Ils sensibilisent par voie inhalée. Les plus importants sont <strong>le</strong>s al<strong>le</strong>rgènes domestiques, initia<strong>le</strong>ment<br />

reconnus comme présents dans la « poussière de maison » : il s’agit des acariens, et en particulier<br />

sous nos climats de Dermatophagoides pteronyssinus, des blattes, des squames de chiens, de chats,<br />

des cobayes, hamsters, lapin, de certaines moisissures comme Alternaria. Dans l’asthme al<strong>le</strong>rgique<br />

aux acariens, <strong>le</strong>s manifestations sont généra<strong>le</strong>ment peranuel<strong>le</strong>s avec des recrudescences<br />

automna<strong>le</strong>s.<br />

Les autres pneumal<strong>le</strong>rgènes sont représentés par <strong>le</strong>s pol<strong>le</strong>ns de graminées, d’arbres, d’herbacées.<br />

Lorsque l’agent sensibilisant est présent en permanence dans l’environnement on par<strong>le</strong> d’al<strong>le</strong>rgie<br />

perannuel<strong>le</strong>. Dans <strong>le</strong> cas des pol<strong>le</strong>ns, l’asthme a une recrudescence saisonnière, <strong>le</strong> déc<strong>le</strong>nchement<br />

des crises est en relation avec un ca<strong>le</strong>ndrier précis, lié à la présence de l’agent sensibilisant dans<br />

l’environnement ; on par<strong>le</strong> alors d’al<strong>le</strong>rgie saisonnière. Un cas particulier est celui du latex qui entraîne<br />

une sensibilisation par voie aérienne. Cette sensibilisation s’observe plus fréquemment chez <strong>le</strong>s<br />

enfants ayant subi de multip<strong>le</strong>s interventions chirurgica<strong>le</strong>s.<br />

• Les trophal<strong>le</strong>rgènes<br />

Les al<strong>le</strong>rgènes d’origine alimentaire sont rarement responsab<strong>le</strong>s d’asthme. Le plus souvent des signes<br />

digestifs ou cutanés accompagnent la symptomatologie asthmatique. L’œuf, <strong>le</strong> poisson, <strong>le</strong> lait et<br />

l’arachide sont <strong>le</strong>s plus fréquemment en cause. De plus en plus souvent apparaissant désormais des<br />

al<strong>le</strong>rgies alimentaires aux fruits, exotiques ou non, aux légumes. Des réactions «croisées» entre<br />

pneumal<strong>le</strong>rgènes et trophal<strong>le</strong>rgènes sont possib<strong>le</strong>s : crustacés et blattes, latex et châtaigne, avocat, et<br />

kiwi ; pol<strong>le</strong>n de bou<strong>le</strong>au et pomme ; pol<strong>le</strong>ns de graminées et cé<strong>le</strong>ri ou divers épices…<br />

2. Tabagisme<br />

Le tabagisme maternel en fin de grossesse et après la naissance augmente <strong>le</strong> risque de<br />

sensibilisation al<strong>le</strong>rgique. D’autre part de nombreuses études montrent une association entre<br />

tabagisme passif, particulièrement maternel, et augmentation de l’asthme chez l’enfant.<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Pr Jacques de BLIC (Hôpital Necker-Enfants Malades) MAJ : 19/06/2006<br />

3. Pollution atmosphérique<br />

Les études épidémiologiques n’ont pas démontré de rô<strong>le</strong> de la pollution industriel<strong>le</strong> dans<br />

l’augmentation de la préva<strong>le</strong>nce de la maladie asthmatique al<strong>le</strong>rgique. En revanche l’exposition aux<br />

polluants atmosphériques est capab<strong>le</strong> d’exacerber <strong>le</strong>s symptômes asthmatiques. Les principaux<br />

polluants atmosphériques sont <strong>le</strong> dioxyde de souffre (SO2), <strong>le</strong> dioxyde d’azote (NO2), <strong>le</strong> monoxyde de<br />

carbone (CO), <strong>le</strong> dioxyde de carbone (CO2), l’ozone (O3), <strong>le</strong>s particu<strong>le</strong>s fines respirab<strong>le</strong>s de moins de<br />

10 mm de diamètre (particu<strong>le</strong>s de diesel) .<br />

La pollution par <strong>le</strong>s gaz d’échappement des véhicu<strong>le</strong>s à moteur, et tout particulièrement par <strong>le</strong>s<br />

particu<strong>le</strong>s provenant de la combustion du gasoil, a été mise en cause. Les particu<strong>le</strong>s agiraient à tous<br />

<strong>le</strong>s niveaux de la sensibilisation al<strong>le</strong>rgénique et de la mise en jeu des réactions IgE-dépendantes.<br />

4. Rô<strong>le</strong> des infections - Théorie hygiéniste<br />

Les études épidémiologiques récentes ont montré une diminution du risque al<strong>le</strong>rgique chez <strong>le</strong>s<br />

enfants issues de famil<strong>le</strong> nombreuses et ayant fait de nombreuses infections vira<strong>le</strong>s dans la petite<br />

enfance ou ayant fréquenté <strong>le</strong>s crèches. Les infections vira<strong>le</strong>s pourraient représenter un facteur<br />

protecteur en induisant sé<strong>le</strong>ctivement une prolifération des sous populations Th1 aux dépens des<br />

sous populations Th2 impliquées dans la synthèse des IgE et la genèse des lésions inflammatoires de<br />

l’al<strong>le</strong>rgie.<br />

D’autre part <strong>le</strong>s maladies al<strong>le</strong>rgiques sont moins fréquentes chez <strong>le</strong>s enfants é<strong>le</strong>vés dans une ferme.<br />

L’hypothèse est que l’exposition aux endotoxines (famil<strong>le</strong>s de molécu<strong>le</strong>s appelées lipopolysaccharides<br />

entrant dans la constitution des membranes extérieures des parois bactériennes) de l’environnement<br />

au cours des premières années de vie stimu<strong>le</strong>rait <strong>le</strong> système immunitaire inné via <strong>le</strong> récepteur CD14<br />

et entraînerait une réponse inter<strong>le</strong>ukine 12 puissante permettant d’orienter vers une réponse de type<br />

Th1. Ces endotoxines sont particulièrement abondantes dans <strong>le</strong>s étab<strong>le</strong>s.<br />

Les maladies al<strong>le</strong>rgiques seraient en quelque sorte la rançon des progrès de l’hygiène. Le système<br />

immunitaire, insuffisamment sollicité au cours des premiers mois de vie, privilégierait <strong>le</strong>s réponses<br />

cytokiniques Th2 et <strong>le</strong>s réactions immunes qui lui sont associées.<br />

Les infections vira<strong>le</strong>s à tropisme respiratoire tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong> virus respiratoire syncytial, <strong>le</strong>s virus<br />

influenzae et parainfluenzae sont en revanche des facteurs déc<strong>le</strong>nchants très fréquents de crise<br />

d’asthme. Les relations entre infection vira<strong>le</strong> et développement ultérieur d’un asthme sont comp<strong>le</strong>xes.<br />

Pour certains seuls <strong>le</strong>s enfants ayant une prédisposition génétique auraient un risque plus é<strong>le</strong>vé<br />

d’asthme après une infection vira<strong>le</strong> liée au virus respiratoire syncytial.<br />

5. Autres facteurs aggravants ou déc<strong>le</strong>nchants<br />

• Reflux gastro-oesophagien<br />

Il pourrait intervenir comme facteur aggravant d’un asthme soit par micro-inhalations répétées soit par<br />

un réf<strong>le</strong>xe bronchoconstricteur oeso-bronchique.<br />

• Effort<br />

L'asthme (bronchospasme) induit par l'exercice (AIE) se caractérise par une dyspnée, une toux, une<br />

oppression respiratoire et des sibilants qui surviennent habituel<strong>le</strong>ment 5 à 10 minutes après l'arrêt<br />

d'un exercice physique intense. Cette dyspnée est d'intensité variab<strong>le</strong>, souvent modérée mais parfois<br />

intense. Spontanément, el<strong>le</strong> est maxima<strong>le</strong> une quinzaine de minutes après la fin de l'exercice et<br />

disparaîtra dans l'heure. Si classiquement, l'AIE survient après la cessation de l'exercice, on peut<br />

éga<strong>le</strong>ment l'observer en cours d'exercice physique soutenu. L'AIE est inclus dans l'évaluation de la<br />

sévérité de l'asthme. Un bon contrô<strong>le</strong> de l'asthme diminue généra<strong>le</strong>ment la fréquence et la sévérité de<br />

l'AIE. Plus rarement <strong>le</strong>s manifestations d’effort représentent <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s manifestations d’asthme. La<br />

physiopathologie de l'AIE fait intervenir essentiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> niveau de ventilation, de perte de cha<strong>le</strong>ur et<br />

d'eau par l'arbre respiratoire. L'intervention des phénomènes inflammatoires et des médiateurs proinflammatoires<br />

explique probab<strong>le</strong>ment l'action bénéfique à long terme des corticoïdes inhalés. L'AIE<br />

ne doit pas être confondu avec l'anaphylaxie induite par l'exercice quel<strong>le</strong> soit dépendante ou non<br />

d'une sensibilisation alimentaire.<br />

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Auteur : Pr Jacques de BLIC (Hôpital Necker-Enfants Malades) MAJ : 19/06/2006<br />

• Stress : Des chocs psycho-affectifs, surtout en situation de stress chronique, accroissent <strong>le</strong><br />

risque de crises.<br />

B. Diagnostic<br />

Diagnostic de l’asthme<br />

Lors de la crise : Le diagnostic d’asthme est généra<strong>le</strong>ment évident lorsque l’on assiste à la crise. A<br />

distance, <strong>le</strong> diagnostic repose sur l’interrogatoire, <strong>le</strong>s clichés de thorax et <strong>le</strong>s explorations<br />

fonctionnel<strong>le</strong>s respiratoires.<br />

La crise s'instal<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus souvent progressivement, habituel<strong>le</strong>ment précédée de prodromes.<br />

La dyspnée, d'abord si<strong>le</strong>ncieuse puis bruyante et surtout sifflante, prédomine à l'expiration.<br />

La toux est fréquente, peut s'accompagner de vomissements qui risquent de compromettre<br />

l'absorption de médicaments. El<strong>le</strong> peut devenir productrice et ramener une expectoration visqueuse.<br />

Les siff<strong>le</strong>ments peuvent être perçus à distance, c'est <strong>le</strong> wheezing.<br />

Le thorax est distendu en inspiration, hypersonore. L'expiration est active, freinée, bruyante.<br />

L'auscultation est rapidement caractéristique, avec de nombreux râ<strong>le</strong>s ronflants bronchiques et surtout<br />

<strong>le</strong>s râ<strong>le</strong>s sibilants qui prédominent à l'expiration.<br />

En théorie, la dyspnée cède spontanément en quelques heures, mais el<strong>le</strong> sera presque toujours<br />

nettement écourtée par <strong>le</strong>s traitements appropriés. Le retour à une respiration et à une auscultation<br />

norma<strong>le</strong> n'est pas immédiat, permettant de retrouver quelques sibilants qui authentifient la réalité de<br />

l'asthme.<br />

A distance d'une crise, des clichés de thorax, de face en inspiration et en expiration forcée, sont<br />

indispensab<strong>le</strong>s. Ils recherchent une déformation thoracique, une distension thoracique, mauvaise<br />

vidange expiratoire, et participent au diagnostic différentiel.<br />

Diagnostic différentiel : En effet on ne peut par<strong>le</strong>r d'asthme sans évoquer <strong>le</strong>s autres causes de toux<br />

chronique et de dyspnée obstructive. Certaines d’entre el<strong>le</strong>s peuvent d’ail<strong>le</strong>urs coexister avec<br />

l'asthme. Les plus fréquentes sont :<br />

• la mucoviscidose,<br />

• la dysplasie bronchopulmonaire,<br />

• la dyskinésie ciliaire primitive,<br />

• <strong>le</strong>s séquel<strong>le</strong>s graves de virose,<br />

• et <strong>le</strong>s obstructions des voies aériennes proxima<strong>le</strong>s en particulier chez <strong>le</strong> jeune enfant (corps<br />

étranger inhalé, anomalie des arcs aortiques, kyste bronchogénique, adénopathies,<br />

dyskinésie trachéa<strong>le</strong>)<br />

Les explorations fonctionnel<strong>le</strong>s respiratoires sont indispensab<strong>le</strong>s à la prise en charge de l’asthme.<br />

Le choix des tests à réaliser dépend de l’âge de l’enfant : mesure des résistances des voies aériennes<br />

par pléthysmographie (Raw), des résistances du système respiratoire tota<strong>le</strong>s (Rrs) par interruptions<br />

intermittentes du débit du courant aérien ou par la technique des oscillations forcées ; manœuvres<br />

forcées, la spirométrie et <strong>le</strong>s courbes débit-volume à partir de l'âge de 6-7 ans.<br />

Les EFR en période intercritique permettent d’apprécier objectivement l'état respiratoire. Quand <strong>le</strong><br />

diagnostic d'asthme est incertain la recherche d'une hyperréactivité bronchique (HRB) non spécifique<br />

ou la réversibilité du bronchospasme à l'inhalation de bêta 2 adrénergiques trouve surtout son<br />

intérêt. Le seuil de réversibilité est une amélioration d’au moins de 12 % du VEMS et de plus de 40 %<br />

des résistances. Le seuil de réactivité correspond à la dose de métacholine qui entraîne une<br />

diminution d'au moins 20 % du VEMS ou une augmentation de 45% de la conductance (inverse de la<br />

résistance)<br />

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Diagnostic de l’al<strong>le</strong>rgie<br />

1. Interrogatoire<br />

L’interrogatoire est un temps capital car il permet d’orienter vers <strong>le</strong> ou <strong>le</strong>s al<strong>le</strong>rgènes responsab<strong>le</strong>s. Il<br />

doit donc être méthodique et rigoureux. Il précise :<br />

• <strong>le</strong>s antécédents familiaux et personnels d‘atopie. L’existence d’un terrain atopique est définie :<br />

o d’une part par la présence d’un asthme, d’une pollinose, d’un eczéma, d’une al<strong>le</strong>rgie<br />

alimentaire chez <strong>le</strong>s parents ou dans la fratrie<br />

o et/ou par des antécédents personnels de dermatite atopique ou d’al<strong>le</strong>rgie alimentaire.<br />

• l’ancienneté, la périodicité de la symptomatologie, son caractère perannuel ou saisonnier.<br />

• <strong>le</strong>s conditions d’habitation et d’environnement (literie, animaux domestiques, tabagisme,<br />

pollution atmosphérique, mode chauffage…)<br />

• <strong>le</strong>s facteurs déc<strong>le</strong>nchants: contact al<strong>le</strong>rgénique, prise médicamenteuse ou alimentaire,<br />

infection ORL, effort…<br />

Dans <strong>le</strong>s situations diffici<strong>le</strong>s, un carnet d’enquête personnalisée, rempli par <strong>le</strong> patient sur une<br />

semaine, voire une visite à domici<strong>le</strong> par un(e) technicien(ne) d’environnement, peuvent se révé<strong>le</strong>r<br />

particulièrement précieux pour dépister des al<strong>le</strong>rgènes inhabituels. Le recours à un médecin formé<br />

spécifiquement en al<strong>le</strong>rgologie doit être envisagé.<br />

2. Tests cutanés<br />

Ils ont un intérêt capital et <strong>le</strong>urs résultats complètent l'interrogatoire et l'examen clinique.<br />

Les prick-tests constituent la méthode de référence. La technique est simp<strong>le</strong>, rapide, non<br />

douloureuse, mais exige une grande rigueur dans son exécution. Ils sont effectués chez un enfant en<br />

état stab<strong>le</strong> après arrêt des antihistaminiques H1. La positivité d'un test cutané doit être interprétée par<br />

rapport à un témoin négatif (solution glycérinée à 50 %) et positif (histamine à 1 mg/ml et phosphate<br />

de codéine à 9 %).Un test cutané est considéré comme positif si <strong>le</strong> diamètre de l’induration est<br />

supérieur à 3 mm et supérieur à 50% du témoin positif. La « positivité » du test négatif est <strong>le</strong> signe<br />

d’un dermographisme qui rend ininterprétab<strong>le</strong> <strong>le</strong> prick-test avec l’al<strong>le</strong>rgène. En fonction des pays et<br />

des régions, une batterie-type des al<strong>le</strong>rgènes <strong>le</strong>s plus fréquents, tant pneumal<strong>le</strong>rgènes que<br />

trophal<strong>le</strong>rgènes, est réalisée ; des al<strong>le</strong>rgènes complémentaires sont ajoutés en fonction de<br />

l’interrogatoire. La confrontation avec <strong>le</strong>s caractéristiques des manifestations cliniques est seu<strong>le</strong><br />

garante de la bonne interprétation du test.<br />

Les principaux al<strong>le</strong>rgènes testés sont<br />

• chez l’enfant de moins de 2 ans : <strong>le</strong>s acariens (dermatophagoïdes pteronyssinus,<br />

dermatophagoïdes farinae), <strong>le</strong> chat, <strong>le</strong> chien et <strong>le</strong>s aliments suivant : lait entier, oeuf (entier,<br />

jaune, blanc), arachide, soja, poisson.<br />

• chez l’enfant de 2 à 5 ans : dermatophagoïdes pteronyssinus et farinae, blatte, chat, chien,<br />

pol<strong>le</strong>ns de graminés, arachide.<br />

• chez l’enfant à partir de 6 ans sont ajoutés : bétulacées (bou<strong>le</strong>au), cheval, mélange de<br />

moisissures, alternaria, cladosporium.<br />

• chez <strong>le</strong> grand enfant <strong>le</strong>s al<strong>le</strong>rgènes <strong>le</strong> plus souvent en cause sont <strong>le</strong>s acariens, suivis par <strong>le</strong>s<br />

phanères d’animaux (principa<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> chat), <strong>le</strong>s pol<strong>le</strong>ns de graminées, puis <strong>le</strong>s blattes et <strong>le</strong>s<br />

moisissures.<br />

Les intra-dermoréactions ne sont plus utilisées que pour l’exploration des al<strong>le</strong>rgies aux venins<br />

d’hyménoptères ou aux médicaments en particulier antibiotiques et anesthésiques, en commençant<br />

par des dilutions très importantes (1/100 000).<br />

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3. Dosages biologiques<br />

• Hyperéosinophilie sanguine, élévation des Immunoglobulines E sériques (IgE).<br />

Une hyperéosinophilie sanguine ≥ 400 /mm3 oriente <strong>le</strong> diagnostic vers une étiologie al<strong>le</strong>rgique mais<br />

n’est en rien spécifique. Il en est de même pour <strong>le</strong> dosage des IgE tota<strong>le</strong>s sériques. La limite<br />

supérieure des va<strong>le</strong>urs norma<strong>le</strong>s peut être estimée arbitrairement à 20 U/ml par année d'âge, jusqu'à<br />

l'âge de 12 ans.<br />

• Identification des al<strong>le</strong>rgènes responsab<strong>le</strong>s<br />

- Dosages unitaires<br />

Les IgE spécifiques peuvent être dosées par méthodes radio-immunologique ou immunoenzymatique.<br />

Les résultats sont donnés en KUI/ml convertib<strong>le</strong>s en classes de 0 à VI. Un résultat<br />

supérieur à 0,35 UI est considéré comme significatif. Trois méthodes sont classiquement utilisées : <strong>le</strong><br />

CAPsystem® et <strong>le</strong> Phadezym® (révélation par un anti-IgE marqué à la beta-galactosidase), <strong>le</strong><br />

Phadebast Rast® (révélation par un marquage à l’iode radioactif). Il existe une bonne corrélation entre<br />

<strong>le</strong>s tests cutanés d'al<strong>le</strong>rgie et <strong>le</strong>s IgE spécifiques, particulièrement pour <strong>le</strong>s pneumal<strong>le</strong>rgènes usuels.<br />

- Tests multi al<strong>le</strong>rgéniques (TMA)<br />

La plupart des TMA donnent une réponse globa<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s pneumal<strong>le</strong>rgènes (Phadiatop®, Alatop®,<br />

Al<strong>le</strong>rgyscreen®, Stal<strong>le</strong>rscreen®) ou pour <strong>le</strong>s aliments (Rast FX5® et autres mélanges alimentaires).<br />

Les TMA aux pneumal<strong>le</strong>rgènes couvrent au moins 95 % des possibilités étiologiques pour une<br />

affection comme l'asthme al<strong>le</strong>rgique. Pour <strong>le</strong>s TMA aux aliments usuels (par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> Rast Fx5®<br />

qui correspond en fait à 6 trophal<strong>le</strong>rgènes : lait, oeuf, poisson, soja, cacahuète, blé), <strong>le</strong> pourcentage<br />

de couverture est du même ordre. Leur négativité n’exclue pas l’al<strong>le</strong>rgie (al<strong>le</strong>rgène non présent, ou<br />

concentration trop faib<strong>le</strong> d’IgE circulantes chez <strong>le</strong> patient) et en aucun cas ne doit faire affirmer «<br />

l’absence d’al<strong>le</strong>rgie ».<br />

Les deux autres types de TMA sont à réponse spécifique qualitative (Kal<strong>le</strong>stad®) ou semi-quantitative<br />

(MastCla®, Matrix®). Ces tests n’apportent pas en général d’élément supplémentaire comparé aux<br />

prick-tests et sont plus coûteux. Leur interprétation en est délicate et certaines méthodes sont parfois<br />

peu reproductib<strong>le</strong>s.<br />

Un TMA est uti<strong>le</strong> : 1) pour dépister une al<strong>le</strong>rgie devant des symptômes moyennement évocateurs<br />

(infections respiratoires récurrentes, asthme du nourrisson) ; 2) lorsque <strong>le</strong>s tests cutanés ne sont pas<br />

réalisab<strong>le</strong>s (traitement antihistaminique en cours, dermographisme, dermatose étendue). Si <strong>le</strong> TMA<br />

est positif, l'exploration al<strong>le</strong>rgologique est alors poursuivie par <strong>le</strong>s tests cutanés. En effet, même <strong>le</strong>s<br />

TMA à réponse spécifique ont une faib<strong>le</strong> concordance avec <strong>le</strong>s tests cutanés et <strong>le</strong>s données de<br />

l'interrogatoire, <strong>le</strong>ur reproductibilité n'est pas encore optima<strong>le</strong>.<br />

Encore une fois, la présence d’IgE spécifique d’un al<strong>le</strong>rgène n’est pas synonyme de maladie. El<strong>le</strong> peut<br />

ne traduire qu’une sensibilisation sans manifestations cliniques. L’interprétation doit donc toujours être<br />

critique et confrontée aux données de l’interrogatoire et de la clinique. Il serait abusif, voire dangereux,<br />

d’instituer une thérapeutique ou un régime d’éviction sur la seu<strong>le</strong> découverte d’un témoin biologique<br />

de sensibilisation. Cependant sa connaissance peut être uti<strong>le</strong> pour avertir <strong>le</strong> patient de l’éventualité<br />

d’une réaction dans <strong>le</strong> futur, ou pour expliquer des manifestations cliniques inhabituel<strong>le</strong>s.<br />

4. Test de provocation spécifique<br />

Ce test consiste à exposer l’enfant à des concentrations progressivement croissantes d’al<strong>le</strong>rgènes et<br />

à mesurer <strong>le</strong> volume expiratoire maximal/seconde (VEMS). Un abaissement d’au moins 20 % est<br />

considéré comme significatif. Cet examen considéré comme potentiel<strong>le</strong>ment dangereux n’est plus<br />

réalisé chez l’enfant. Il est parfois remplacé par un test de provocation nasa<strong>le</strong> qui permet d’évaluer par<br />

rhinomanométrie la réactivité spécifique de la muqueuse nasa<strong>le</strong> à différents al<strong>le</strong>rgènes.<br />

Par ail<strong>le</strong>urs un test de provocation ora<strong>le</strong> en simp<strong>le</strong> ou mieux en doub<strong>le</strong> aveug<strong>le</strong> peut se révé<strong>le</strong>r<br />

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indispensab<strong>le</strong> prouver la responsabilité d’un al<strong>le</strong>rgène alimentaire dans <strong>le</strong> déc<strong>le</strong>nchement d’une crise<br />

d’asthme.<br />

C. Prise en charge<br />

Prise en charge de l’al<strong>le</strong>rgie<br />

Contrô<strong>le</strong> de l’environnement<br />

Le contrô<strong>le</strong> de l'environnement est primordial car il participe grandement à la lutte contre<br />

l'inflammation bronchique. La réduction de la charge al<strong>le</strong>rgénique, en acariens en particulier, repose<br />

d’une part sur la diminution de l’humidité relative (aération, ouverture des fenêtres) et d’autre part sur<br />

l'utilisation d'une literie synthétique, l'utilisation de housses anti-acariens, la suppression des tapis,<br />

tentures et moquettes, ou <strong>le</strong>ur nettoyage par <strong>le</strong>s acaricides, <strong>le</strong> lavage régulier des draps à 55°,<br />

l'utilisation d'aspirateurs munis de filtres spéciaux.<br />

Le contrô<strong>le</strong> de l’environnement comporte éga<strong>le</strong>ment<br />

• L'éloignement des animaux domestiques, chats, lapin, hamster, cobaye, indispensab<strong>le</strong> mais<br />

bien souvent diffici<strong>le</strong> à faire accepter. L’éviction du chat n’est pas associée à une chute rapide<br />

du taux d’al<strong>le</strong>rgènes. Ces derniers restent en effet présents à fortes concentrations dans<br />

l’habitat pendant des mois et, transportés par <strong>le</strong>s vêtements, peuvent être présents en<br />

l’absence de l’animal au domici<strong>le</strong>, à l’éco<strong>le</strong>, sur <strong>le</strong> lieu de loisirs.<br />

• la lutte contre <strong>le</strong>s blattes. L'éviction reste très diffici<strong>le</strong> à mettre en œuvre. Le plus souvent, la<br />

contamination des logements provient des autres logements adjacents nécessitant un<br />

traitement commun à tous <strong>le</strong>s appartements.<br />

• la limitation des contacts al<strong>le</strong>rgéniques extérieurs, en particulier <strong>le</strong>s pol<strong>le</strong>ns.<br />

• la lutte contre <strong>le</strong>s moisissures, dont la multiplication est favorisée par l'environnement humide<br />

(et <strong>le</strong>s humidificateurs).<br />

• la lutte contre <strong>le</strong> tabagisme passif.<br />

Désensibilisation<br />

La désensibilisation ou immunothérapie consiste à injecter des doses croissantes d’un extrait<br />

al<strong>le</strong>rgénique standardisé jusqu’à une dose d’entretien renouvelée chaque mois pendant au moins 3<br />

ans. El<strong>le</strong> a fait <strong>le</strong>s preuves de son efficacité, surtout chez <strong>le</strong>s sujets jeunes, encore améliorée par<br />

l'utilisation d'extraits al<strong>le</strong>rgéniques purifiés. Les techniques de désensibilisation par voie sous-cutanée<br />

laissent désormais la place à la voie sublingua<strong>le</strong>. L’indication d’une désensibilisation spécifique doit<br />

répondre à un certain nombre de critères précis:<br />

- la responsabilité d’un al<strong>le</strong>rgène doit être prouvée, par l’interrogatoire, <strong>le</strong>s tests cutanés, et si<br />

nécessaire par <strong>le</strong>s tests de provocation spécifique.<br />

- <strong>le</strong>s inconvénients de la désensibilisation doivent être négligeab<strong>le</strong>s par rapport aux conséquences<br />

immédiates de la pathologie asthmatique.<br />

- la désensibilisation ne peut être envisagée qu’après un contrô<strong>le</strong> au moins partiel de l’asthme.<br />

- l’adhésion de l’enfant et de ses parents est indispensab<strong>le</strong> pour une bonne coopération.<br />

En pratique, son indication principa<strong>le</strong> est l'asthme al<strong>le</strong>rgique aux acariens, modéré et stabilisé par <strong>le</strong><br />

contrô<strong>le</strong> de l'environnement et la pharmacothérapie. Le protoco<strong>le</strong> doit être défini par un praticien<br />

compétent en al<strong>le</strong>rgologie et remis au médecin qui assurera la maintenance de l’immunothérapie, s’il<br />

n’est pas <strong>le</strong> prescripteur, et une copie doit en être donnée à la famil<strong>le</strong>.<br />

La mise au point d’anticorps anti-IgE constitue une nouvel<strong>le</strong> voie thérapeutique en cas d’asthme<br />

al<strong>le</strong>rgique sévère.<br />

Prise en charge de l’asthme<br />

Les buts du traitement sont de permettre à l'enfant de mener une vie norma<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> plan physique,<br />

sportif et scolaire. Le traitement doit donc supprimer <strong>le</strong>s symptômes diurnes et nocturnes, normaliser<br />

<strong>le</strong>s fonctions respiratoires et amenuiser <strong>le</strong>s variations circadiennes du DEP. Les besoins en ß2<br />

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adrénergiques de secours doivent être réduits au maximum. Les traitements doivent à la fois être<br />

efficaces et très bien tolérés. La sous-évaluation de la sévérité de l'asthme est un grand facteur<br />

d'insuffisance et même d'arrêt intempestif de traitement.<br />

Le succès de la prise en charge de l’asthme de l’enfant repose sur un partenariat entre <strong>le</strong> médecin,<br />

l’enfant et sa famil<strong>le</strong>. Il nécessite une éducation permanente et justifie la création des centres<br />

d’éducation de l’asthmatique. L'éducation thérapeutique doit être structurée, organisée, réalisée par<br />

des professionnels formés à cet effet et rendue accessib<strong>le</strong> aux patients tant à l'hôpital qu'auprès des<br />

médecins de vil<strong>le</strong>. L’objectif est de développer chez l'enfant asthmatique, surtout en cas d'asthme<br />

modéré à sévère, des compétences permettant une auto-gestion raisonnée de <strong>le</strong>urs symptômes,<br />

d'améliorer l'adhésion aux traitements, et d’assurer <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de la maladie. Un plan d’action des<br />

crises d’asthme doit être remis à l’enfant et ses parents et un projet d’accueil individualisé doit<br />

permettre une bonne intégration de l’enfant asthmatique en milieu scolaire. Cette éducation doit<br />

toujours être complétée par <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> régulier de la technique d’inhalation, principa<strong>le</strong> cause avec<br />

l’inobservance, des échecs thérapeutiques<br />

Les programmes d'éducation thérapeutique pour <strong>le</strong>s enfants asthmatiques et <strong>le</strong>urs parents ont pour<br />

objectif de réduire la morbidité, de diminuer <strong>le</strong> coût de la maladie et améliore la qualité de vie des<br />

enfants asthmatiques et de <strong>le</strong>urs parents. Chez <strong>le</strong>s enfants ayant un asthme sévère <strong>le</strong> suivi de la<br />

maladie asthmatique peut être facilité par la tenue d’un carnet où sont notées <strong>le</strong>s crises, et <strong>le</strong>s<br />

circonstances qui <strong>le</strong>s ont déc<strong>le</strong>nchées et la mesure régulière du débit expiratoire de pointe (DEP) ou<br />

peak-flow.<br />

Classification de l’asthme<br />

L’asthme est classé selon sa sévérité en fonction des critères établis par <strong>le</strong>s consensus GINA (Global<br />

INitiative on Asthma) et National Asthma Education and Prevention Program en 2002.<br />

- Asthme intermittent : symptômes < 1 par semaine avec des patients asymptomatiques entre <strong>le</strong>s<br />

crises et des DEP normaux, symptômes nocturnes < 2/mois, exacerbations brèves, VEMS / DEP<br />

(débits expiratoires de pointe) >80% de la va<strong>le</strong>ur théorique, variations nychtéméra<strong>le</strong>s du DEP < 20%<br />

- Asthme persistant léger : symptômes > 2/semaine mais 2/mois<br />

mais 80%<br />

de la va<strong>le</strong>ur théorique, variations nychtéméra<strong>le</strong>s du DEP de 20 à 30%<br />

- Asthme persistant modéré: symptôme quotidiens, symptômes nocturnes >1/semaine,<br />

Consommation quotidienne de b2 de courte durée d’action, exacerbations pouvant affecter <strong>le</strong>s<br />

activités norma<strong>le</strong>s ou <strong>le</strong> sommeil, VEMS/ DEP 60-80 % de la va<strong>le</strong>ur théorique, variations<br />

nychtéméra<strong>le</strong>s DEP > 30%<br />

- Asthme persistant sévère : symptômes continus, exacerbations fréquentes, symptômes nocturnes<br />

fréquents, limitation des activités physiques, VEMS et DEP < 60 %, Variations nycthéméra<strong>le</strong>s DEP ><br />

30%<br />

Il faut savoir qu’un enfant est classé par son symptôme ou son niveau d’obstruction <strong>le</strong> plus sévère.<br />

Ainsi un enfant asymptomatique mais ayant une obstruction bronchique intercritique importante a un<br />

asthme persistant sévère. D’autre part on tient compte éga<strong>le</strong>ment du niveau thérapeutique nécessaire<br />

pour contrô<strong>le</strong>r l’asthme. Un enfant asymptomatique avec des fonctions pulmonaires norma<strong>le</strong>s a un<br />

asthme persistant léger s’il nécessite un traitement de fond par <strong>le</strong>s corticoïdes inhalés seuls.<br />

Principes du traitement de fond<br />

- Asthme intermittent : <strong>le</strong> traitement repose sur <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de l’environnement et <strong>le</strong>s ß2 adrénergiques<br />

inhalés à la demande.<br />

- Asthme persistant léger : <strong>le</strong> traitement repose sur <strong>le</strong>s corticoïdes inhalés (CI) à faib<strong>le</strong> dose (100 à<br />

400 µg/j d’équiva<strong>le</strong>nt beclomethasone). C'est dans ce groupe que l'immunothérapie trouve sa<br />

meil<strong>le</strong>ure indication.<br />

- Asthme persistant modéré : Plusieurs schémas sont possib<strong>le</strong>s. C’est actuel<strong>le</strong>ment l’association de<br />

doses modérées de CI et de ß2 de longue durée d’action (formotérol, salmétérol) qui est privilégiée.<br />

Cette attitude paraît préférab<strong>le</strong> au doub<strong>le</strong>ment des doses de CI. Il est possib<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>ment d’ajouter<br />

aux CI un anti-récepteur des <strong>le</strong>ucotriènes qui a une action synergique avec <strong>le</strong>s CI. Les théophyllines<br />

retard n’ont quasiment plus de place dans cet arsenal thérapeutique.<br />

- Asthmes persistants sévères. Ils nécessitent une augmentation des doses de CI. Ces situations<br />

d’asthme diffici<strong>le</strong> à traiter nécessitent une prise en charge spécialisée.<br />

Lors de la mise en route du traitement, il est uti<strong>le</strong> de revoir <strong>le</strong>s patients tous <strong>le</strong>s 3 à 6 mois avec un<br />

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contrô<strong>le</strong> clinique (incluant l’évaluation de la technique d’inhalation), fonctionnel. Si l’asthme paraît<br />

contrôlé pendant au moins 3 mois, une réduction du traitement par palier est possib<strong>le</strong>. Par contre, si <strong>le</strong><br />

contrô<strong>le</strong> n’est pas atteint, il faut, avant de passer à un palier supérieur thérapeutique, revoir toutes <strong>le</strong>s<br />

causes d’échecs du traitement (technique inappropriée, observance insuffisante, contrô<strong>le</strong>s de<br />

l’environnement et des autres facteurs déc<strong>le</strong>nchants).<br />

Traitement des crises<br />

Au domici<strong>le</strong>, il repose sur l’inhalation de ß2 adrénergiques et en l’absence d’amélioration ou devant<br />

une crise plus sévère sur l’institution d’une corticothérapie ora<strong>le</strong> (prednisone 2 mg/kg en une prise).<br />

En cas d’amélioration franche, un traitement ambulatoire est suffisant (poursuite de la corticothérapie<br />

ora<strong>le</strong> et des b2 de courte durée d’action pendant 10 jours, majoration du traitement de fond si l’enfant<br />

est déjà traité et consultation pneumologique sous 8-10 jours).<br />

En l’absence d’amélioration ou en présence d’une aggravation secondaire, l’hospitalisation est<br />

requise. En milieu hospitalier, il faut dans un premier temps évaluer la sévérité de la crise et<br />

l’existence de facteurs de risque d’asthme aigu grave. Le traitement repose sur :<br />

• <strong>le</strong>s nébulisations répétées de ß2-adrénergiques Trois à six nébulisations sont réalisées à 20<br />

minutes d'interval<strong>le</strong>, puis toutes <strong>le</strong>s 4 heures. L’adjonction d’atropiniques de synthèse est<br />

proposée dans <strong>le</strong>s formes sévères avec hypoxie (SaO2≤ 90%). Dans <strong>le</strong>s formes modérément<br />

sévères <strong>le</strong>s nébulisations peuvent être remplacées par <strong>le</strong>s aérosols doseurs administrés avec<br />

une chambre d’inhalation (1 dose pour 2 kg/poids, maximum 10 bouffées).<br />

• l’instauration ou la poursuite de la corticothérapie ora<strong>le</strong>.<br />

• l’adaptation de l’oxygénothérapie nasa<strong>le</strong> en fonction de la SaO2<br />

• L’antibiothérapie n’est pas systématique, moins de 15% des crises d’asthme sont associées<br />

ou déc<strong>le</strong>nchées par une infection bactérienne<br />

Lorsqu’il existe des signes de gravité initiaux ou en cas d’aggravation, <strong>le</strong> transfert en réanimation est<br />

nécessaire. Le traitement comporte : des bronchodilatateurs (soit nébulisations toutes <strong>le</strong>s 20 minutes,<br />

soit nébulisation en continu, soit salbutamol IV) et des corticoïdes IV. L’intubation et la ventilation<br />

sont indiquées en cas d’épuisement avec pauses respiratoires et troub<strong>le</strong>s de la conscience. On tolère<br />

une hypercapnie jusqu’à 80 mmHg et une acidose (pH≥7,10). La ventilation est si nécessaire associée<br />

à une curarisation.<br />

Toute crise d’asthme ayant justifié d’une hospitalisation et a fortiori d’un séjour en réanimation doit<br />

faire réévaluer la prise en charge : éducation, traitement de fond, ordonnance détaillée en cas de crise<br />

(plan d’action).<br />

2 - Rhinite al<strong>le</strong>rgique<br />

El<strong>le</strong> se définit comme la pathologie nasa<strong>le</strong> induite par l’inflammation des muqueuses nasa<strong>le</strong>s,<br />

dépendante des IgE, faisant suite à une exposition al<strong>le</strong>rgénique. Il s’agit d’une maladie très fréquente<br />

puisqu’el<strong>le</strong> touche 10 à 40 % de la population généra<strong>le</strong>. Son incidence a été multipliée par 3 ou 4 en<br />

quelques décennies. Malgré son apparente bénignité, cette pathologie était responsab<strong>le</strong> d’une<br />

morbidité non négligeab<strong>le</strong>, d’un retentissement important sur la qualité de vie, et d’un coût é<strong>le</strong>vé pour<br />

la société. Les intrications avec l’asthme sont importantes. Vingt à 30 pour cent des rhinites<br />

al<strong>le</strong>rgiques sont associées à un asthme et près des 2/3 des asthmatiques ont une rhinite al<strong>le</strong>rgique<br />

associée. Il existe des liens étroits entre <strong>le</strong>s muqueuses nasa<strong>le</strong>s et bronchiques.<br />

A. Diagnostic et classification<br />

Les symptômes incluent à des degrés variab<strong>le</strong>s l’obstruction nasa<strong>le</strong>, la rhinorrhée, <strong>le</strong>s éternuements,<br />

et <strong>le</strong> prurit nasal. Les éternuements surviennent en salve et précèdent la rhinorrhée qui est aqueuse.<br />

Des manifestations oculaires (prurit et larmoiements), sinusiennes (céphalées fronta<strong>le</strong>s) peuvent être<br />

associées.<br />

L’interrogatoire précise l’ancienneté, la périodicité, l’intensité, <strong>le</strong> caractère transitoire ou permanent<br />

des symptômes, <strong>le</strong> retentissement. Le consensus de l’OMS et de l’Al<strong>le</strong>rgic Rhinitis and its Impact on<br />

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Asthma (ARIA 2000) a remplacé <strong>le</strong>s classifications de rhinite perannuel<strong>le</strong> ou saisonnière et donne une<br />

classification selon l’intensité et la durée des symptômes.<br />

• rhinite intermittente : <strong>le</strong>s symptômes surviennent moins de 4 jours/semaine ou pendant<br />

moins de 4 semaines<br />

• rhinite persistante : <strong>le</strong>s symptômes surviennent plus de 4 jours/semaine et pendant plus de<br />

4 semaines<br />

• rhinite légère : <strong>le</strong>s symptômes sont peu gênants, n’affectent pas <strong>le</strong> sommeil, ni <strong>le</strong>s activités<br />

socia<strong>le</strong>s, scolaire et de loisirs.<br />

• rhinite modérée ou sévère : <strong>le</strong>s symptômes sont gênants, pouvant affecter <strong>le</strong> sommeil, <strong>le</strong>s<br />

activités socia<strong>le</strong>s, scolaire ou de loisirs.<br />

Examens complémentaires lors d’une rhinite al<strong>le</strong>rgique<br />

La rhinoscopie antérieure permet d’examiner <strong>le</strong>s cornets et l’état de la muqueuse. Classiquement,<br />

on trouve une hypertrophie de la muqueuse des cornets inférieurs avec une hypersécrétion nasa<strong>le</strong>.<br />

Une naso-fibroscopie soup<strong>le</strong> peut être réalisée pour une exploration plus complète des fosses<br />

nasa<strong>le</strong>s et du méat moyen en cas de rhinite persistante ou de symptômes atypiques. En effet l’intérêt<br />

de cette exploration rhinoscopique est surtout d’éliminer une déviation septa<strong>le</strong>, une sinusite chronique,<br />

une polypose naso-sinusienne.<br />

Les examens radiologiques (radio de sinus, scanner des sinus) ne sont réalisés qu’en cas de doute<br />

diagnostique ou si <strong>le</strong>s manifestations sont sévères.<br />

Lorsque <strong>le</strong> diagnostic de rhinite al<strong>le</strong>rgique est retenu <strong>le</strong>s examens al<strong>le</strong>rgologiques (tests cutanés,<br />

dosages biologiques) sont réalisés dans <strong>le</strong>s mêmes conditions que pour l’asthme.<br />

B. Traitement de la rhinite al<strong>le</strong>rgique<br />

Il a été proposé par <strong>le</strong>s rapports de l’OMS et de l’ARIA<br />

L’éviction al<strong>le</strong>rgénique est la première étape du traitement, toujours indispensab<strong>le</strong> et quels que soient<br />

<strong>le</strong> caractère et la sévérité de la rhinite.<br />

Traitement médicamenteux<br />

Les antihistaminiques H1 par voie ora<strong>le</strong> agissent essentiel<strong>le</strong>ment sur la rhinorrhée et <strong>le</strong>s<br />

éternuements, sont moins actifs sur l’obstruction. Les molécu<strong>le</strong>s de nouvel<strong>le</strong>s générations n’ont<br />

quasiment pas d’effets sédatifs. Ils sont pris une fois par jour. Ils sont indiqués en cure courte en cas<br />

de rhinite intermittente légère ou en association aux corticoïdes topiques dans <strong>le</strong>s formes persistantes<br />

ou modérées à sévères.<br />

Les traitements locaux reposent sur <strong>le</strong>s corticoïdes topiques qui agissent sur tous <strong>le</strong>s symptômes de<br />

la rhinite al<strong>le</strong>rgique. Ils sont indiqués de première intention dans <strong>le</strong>s rhinites persistantes. Ils sont<br />

administrés une fois par jour et n’ont pas alors d’effets secondaires généraux.<br />

Les anti-cholinergiques (bromure d’ipratropium) agissent essentiel<strong>le</strong>ment sur la rhinorrhée. Les antidégranulants<br />

des mastocytes (cromones) semb<strong>le</strong>nt jouer un rô<strong>le</strong> préventif vis-à-vis des réactions<br />

al<strong>le</strong>rgiques.<br />

Désensibilisation<br />

C’est <strong>le</strong> traitement anti-al<strong>le</strong>rgique par excel<strong>le</strong>nce. Il est proposé au patient ayant des symptômes<br />

suffisamment gênants chez qui <strong>le</strong>s traitements chroniques médicamenteux sont indispensab<strong>le</strong>s, ou<br />

lorsque l’éviction est impossib<strong>le</strong>. Des données récentes suggèrent que l’immunothérapie peut modifier<br />

l’histoire naturel<strong>le</strong> de l’al<strong>le</strong>rgie, en limitant par exemp<strong>le</strong> la survenue d’autres sensibilisations ou la<br />

survenue secondaire d’un asthme chez un enfant rhinitique.<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Pr Jacques de BLIC (Hôpital Necker-Enfants Malades) MAJ : 19/06/2006<br />

Stratégie thérapeutique<br />

• rhinites intermittentes légères : anti-histaminique local ou oral.<br />

• rhinites intermittentes modérées-sévères et rhinites persistantes légères : anti-histaminique<br />

oral ou local, ou corticoïdes locaux. La symptomatologie doit être réévaluée après 2 à 4<br />

semaines. En cas d’amélioration, <strong>le</strong> traitement est poursuivi pendant 1 mois, sinon <strong>le</strong>s<br />

posologies sont augmentées.<br />

• rhinites persistantes modérées-sévères : corticoïdes locaux de première intention, puis<br />

réévaluation après 2 à 4 semaines. En cas d’amélioration, <strong>le</strong> traitement est poursuivi pendant<br />

un mois, sinon après avoir éliminé une erreur diagnostique, une observance thérapeutique<br />

insuffisante, la posologie est augmentée. En présence d’une rhinorrhée prédominante, un<br />

anti-cholinergique est associé, un anti-histaminique s’il s’agit d’éternuements prédominants,<br />

une corticothérapie systémique courte en cas d’obstruction prédominante.<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Dr. Robert COHEN MAJ : 19/09/2005<br />

Objectifs :<br />

Objectifs de l'ECN :<br />

Angine et pharyngites de l’enfant (et de l’adulte : non traité)<br />

- Diagnostiquer une angine (et une rhinopharyngite cf question 90).<br />

- Argumenter l'attitude thérapeutique (P) et planifier <strong>le</strong> suivi du patient.<br />

Objectifs du collège des professeurs de pédiatrie :<br />

- Décrire <strong>le</strong>s signes fonctionnels et cliniques d'une angine.<br />

- Enoncer <strong>le</strong>s complications d'une angine bactérienne.<br />

- Décrire <strong>le</strong>s situations cliniques requérant un avis spécialisé.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Clinique des angines<br />

Faq 2 - Etiologies et complications des angines<br />

Faq 3 - Diagnostiquer une angine à Streptocoque du groupe A<br />

Faq 4 - Traitement des angines<br />

Faq 5 - Echec d'éradication et récidive à court terme des angines à SGA<br />

Faq 6 - Angines récidivantes<br />

Bibliographies<br />

Introduction<br />

Le terme de pharyngite décrit l'inflammation, <strong>le</strong> plus souvent d'origine infectieuse, du pharynx. Les<br />

amygda<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong> plus souvent impliquées. C'est pourquoi <strong>le</strong>s termes d'angine, amygdalite,<br />

pharyngite, pharyngo-amygdalite sont interchangeab<strong>le</strong>s.<br />

La rhinopharyngite dominée par <strong>le</strong>s symptômes : rhinorrhée, éternuements, obstruction nasa<strong>le</strong>, toux<br />

est traitée à la question 90.<br />

L'angine est une affection bana<strong>le</strong> et fréquente qui représente une des premières causes de<br />

prescriptions d'antibiotiques. El<strong>le</strong> se rencontre à tout âge, mais survient plus souvent chez <strong>le</strong>s enfants<br />

d'âge scolaire.<br />

Si <strong>le</strong>s virus sont <strong>le</strong>s principaux agents des angines, <strong>le</strong> streptocoque du groupe A (SGA) est la<br />

première bactérie responsab<strong>le</strong> et fait la gravité potentiel<strong>le</strong> de cette affection. L'impossibilité fréquente<br />

de distinguer cliniquement de façon fiab<strong>le</strong> <strong>le</strong>s angines bactériennes des angines vira<strong>le</strong>s a conduit<br />

longtemps à recommander en France de traiter toutes <strong>le</strong>s angines par antibiotiques, et en particulier<br />

par la pénicilline V pendant 10 jours. Cette attitude a pour principal inconvénient de traiter inuti<strong>le</strong>ment<br />

au moins 3 angines sur 4, <strong>le</strong>s antibiotiques n'ayant pas fait la preuve de <strong>le</strong>ur utilité dans <strong>le</strong>s angines<br />

d'origine non streptococcique. A une période où la résistance aux antibiotiques des bactéries<br />

communautaires pose un problème de santé publique majeur, cette surconsommation d'antibiotiques<br />

est inacceptab<strong>le</strong>.<br />

Un changement de stratégie thérapeutique, fondé sur l'utilisation des tests de diagnostic rapide (TDR)<br />

du SGA, a donc été mis en place.<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Dr. Robert COHEN MAJ : 19/09/2005<br />

Cette stratégie a pour objectif de maintenir <strong>le</strong>s avantages de la prescription d'antibiotique<br />

systématique (prévention du rhumatisme articulaire aigu et des complications suppuratives locorégiona<strong>le</strong>s,<br />

rétrocession plus rapide des symptômes, diminution de la contagiosité), tout en diminuant<br />

la consommation des antibiotiques et la pression de sé<strong>le</strong>ction.<br />

Faq 1 - Clinique des angines<br />

L'angine aiguë est un syndrome, correspondant à de multip<strong>le</strong>s étiologies, qui associe :<br />

- une fièvre,<br />

- une dysphagie,<br />

- des modifications de l'aspect de l'oropharynx.<br />

Les signes révélateurs sont diversement associés en fonction de l'agent étiologique, de l'âge du<br />

patient, de l'importance de l'infection.<br />

Les signes respiratoires sont rarement au premier plan : rhinorrhée, toux, enrouement, gène<br />

respiratoire. Leur présence est très en faveur d'une infection vira<strong>le</strong>.<br />

D'autres signes sont parfois révélateurs : dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s, éruption.<br />

L'examen de la gorge permet <strong>le</strong> diagnostic : angine érythémateuse, érythémato-pultacée, vésicu<strong>le</strong>use,<br />

ou ulcéreuse.<br />

Des adénopathies satellites, parfois sensib<strong>le</strong>s, sont souvent présentes.<br />

Faq 2 - Etiologies et complications des angines<br />

De très nombreux virus sont responsab<strong>le</strong>s de 70 à 90 % des cas d'angines (Tab<strong>le</strong>au I).<br />

La bactérie à craindre, du fait de sa fréquence et de la possibilité de complications loca<strong>le</strong>s et surtout<br />

généra<strong>le</strong>s est <strong>le</strong> SGA.<br />

D'autres bactéries, en particulier d'autres streptocoques bêta-hémolytiques peuvent être en cause<br />

(notamment C et G) sans risque de RAA.<br />

Les angines à SGA évoluent <strong>le</strong> plus souvent spontanément vers la guérison. comme la majorité des<br />

autres causes d'angines. La justification essentiel<strong>le</strong> du traitement des angines est donc la prévention<br />

des complications post-streptococciques (notamment du RAA).<br />

Les complications sont :<br />

- loca<strong>le</strong>s suppuratives : abcès péri-amygdalien, abcès rétro-pharyngé, otites, mastoïdites, sinusites,<br />

adénites cervica<strong>le</strong>s suppurées qui n'étaient pas rares avant l'ère des antibiotiques.<br />

- immunologiques des angines à SGA :<br />

• rhumatisme articulaire aigu (RAA),<br />

• glomérulonéphrite aiguë (GNA),<br />

• chorée<br />

Angine à SGA et risque de RAA<br />

La découverte dans <strong>le</strong>s années 50 que <strong>le</strong> traitement par la pénicilline des angines à SGA prévenait <strong>le</strong><br />

RAA, une des principa<strong>le</strong>s causes de mortalité de l'enfant et de l'adulte jeune, fait partie des<br />

découvertes majeures de la médecine moderne. Le risque de survenue après une angine non traitée<br />

était évalué à plus de 3 % dans <strong>le</strong>s années 50. Le traitement ciblé des angines à SGA tel qu'il a été<br />

préconisé aux Etats-Unis ou systématique de toutes <strong>le</strong>s angines tel qu'il a été appliqué en France a<br />

certainement contribué à diminuer de façon considérab<strong>le</strong> l'incidence de cette maladie (0,5 à 1,5 pour<br />

100 000 enfants). Cependant cette maladie reste préoccupante dans <strong>le</strong>s pays en voie de<br />

développement et à un degré moindre dans <strong>le</strong>s départements et territoires d'outre-mer.<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Dr. Robert COHEN MAJ : 19/09/2005<br />

Faq 3 - Diagnostiquer une angine à Streptocoque du groupe A<br />

orrélations bactério-cliniques dans <strong>le</strong>s angines<br />

Les angines à SGA ont des caractéristiques cliniques significativement différentes :<br />

- absence de rhinorrhée, de toux ou de dysphonie,<br />

- âge de survenue : <strong>le</strong>s angines à SGA sont rares avant 3 ans et <strong>le</strong> pic de fréquence se situe entre 5<br />

et 10 ans.<br />

- saison : il existe une prédominance saisonnière, à la fin de l'hiver et au début du printemps,<br />

- importance de la dysphagie,<br />

- purpura du voi<strong>le</strong>,<br />

- adénopathie.<br />

Ces caractéristiques sont associées dans des scores cliniques. Cependant la sensibilité et la<br />

spécificité de ces scores, inférieures à 70 %, restent insuffisantes pour la décision de prescrire ou non<br />

un antibiotique.<br />

La tendance aux Etats-Unis est cependant de ne proposer un TDR (et/ou un examen bactériologique)<br />

qu'aux patients ne présentant pas de signes suggestifs d'infection vira<strong>le</strong> (rhinorrhée, toux, dysphonie,<br />

conjonctivite, diarrhée, vésicu<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> palais ou dans la bouche).<br />

Culture et test de diagnostic rapide (TDR)<br />

Deux techniques, culture et <strong>le</strong>s TDR, existent pour confirmer <strong>le</strong> diagnostic d'infection à SGA. La<br />

culture demande un délai de 1 à 2 jours.<br />

Les TDR actuels sont simp<strong>le</strong>s de réalisation, ne nécessitant qu'un bref apprentissage, et sont<br />

réalisab<strong>le</strong>s en 5 à 10 minutes.<br />

Leur bonne spécificité (> 95 %) traduit un risque faib<strong>le</strong> de faux positif. Tout test positif justifie donc un<br />

traitement antibiotique sans nécessité de contrô<strong>le</strong> bactériologique. Un TDR positif transforme pour <strong>le</strong><br />

clinicien un syndrome (association de symptômes et aspect évocateur de la gorge) en une maladie<br />

dont <strong>le</strong> diagnostic est défini, <strong>le</strong>s modalités thérapeutiques et l'évolution connues.<br />

La sensibilité des TDR avoisine 90% (comparée à la méthode de culture bactériologique classique<br />

dans un laboratoire de routine). Dans <strong>le</strong> contexte épidémiologique (faib<strong>le</strong> incidence de RAA) et<br />

médical (médecins libéraux et laboratoires de biologie séparés) français, il apparaît inuti<strong>le</strong> de<br />

demander un prélèvement bactériologique en cas de TDR négatif.<br />

Un seul TDR est en général suffisant. Cependant, chez certains patients dont <strong>le</strong> TDR est négatif, si <strong>le</strong>s<br />

symptômes (fièvre notamment) persistent au-delà de 3 jours, un deuxième TDR ou un prélèvement<br />

bactériologique peut être réalisé.<br />

En permettant de dépister de façon plus fiab<strong>le</strong> <strong>le</strong>s angines à SGA <strong>le</strong>s TDR pourraient entraîner une<br />

économie de 70 à 80 % des antibiotiques prescrits pour angine et de près de 10 % de l'ensemb<strong>le</strong> de<br />

l'utilisation des antibiotiques en France. Ils ont déjà été utilisés à large échel<strong>le</strong> en France. Ils ont<br />

permis une diminution sensib<strong>le</strong> de la consommation d'antibiotiques et <strong>le</strong>ur utilisation a été considérée<br />

par <strong>le</strong>s médecins qui ont participé à ces études comme un progrès pour la prise en charge des<br />

angines.<br />

Faq 4 - Traitement des angines<br />

Il repose essentiel<strong>le</strong>ment sur l'antibiothérapie. Aujourd'hui, <strong>le</strong> RAA ayant presque disparu en<br />

métropo<strong>le</strong>, une des préoccupations majeures est de ne pas prescrire inuti<strong>le</strong>ment des antibiotiques afin<br />

de ne pas contribuer à l'évolution des résistances. En effet, outre la diminution de la pression de<br />

sé<strong>le</strong>ction, <strong>le</strong>s intérêts de la non-prescription d'antibiotiques sont la diminution des effets indésirab<strong>le</strong>s<br />

notamment digestifs et al<strong>le</strong>rgiques, la meil<strong>le</strong>ure interprétation des signes cliniques. De fait, pour <strong>le</strong>s «<br />

patients-parents », <strong>le</strong>s médecins, toute éruption, tout troub<strong>le</strong> digestif, ou asthénie apparus sous<br />

traitement, sont attribués à l'antibiothérapie et font classer (souvent à tort) <strong>le</strong> patient comme al<strong>le</strong>rgique<br />

ou intolérant à l'antibiotique. Le plus souvent, ces symptômes sont dus à l'infection vira<strong>le</strong> responsab<strong>le</strong><br />

de l'angine.<br />

La précocité du traitement n'a pas d'intérêt dans la prévention du RAA, puisque l'antibiothérapie peut<br />

être débutée jusqu'au neuvième jour après <strong>le</strong> début des signes et être encore efficace sur la<br />

prévention de cette complication. Par contre un traitement précoce permet une résolution plus rapide<br />

des symptômes, une diminution de la contamination de l'entourage, et une diminution des<br />

complications suppuratives. Les antibiotiques actifs sur <strong>le</strong> SGA sont <strong>le</strong>s ß-lactamines et <strong>le</strong>s<br />

3


C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Dr. Robert COHEN MAJ : 19/09/2005<br />

macrolides. Pour cette dernière famil<strong>le</strong> d'antibiotiques un pourcentage croissant de souches<br />

résistantes est rapporté dans différents pays.<br />

Le traitement historique de référence de l'angine est la pénicilline V 50 à 100.000 UI/kg/j en 3 prises<br />

journalières pendant 10 jours.<br />

Différentes études ont montré que l'observance de ce type traitement du fait du nombre de prises<br />

journalières et de la durée était mauvaise. D'autres études ont montré qu'il n'était pas possib<strong>le</strong> de<br />

raccourcir la durée de traitement avec la pénicilline V.<br />

Des traitements plus courts et mieux observés sont validés pour :<br />

- l'amoxicilline : 50 mg/kg/ j, en 2 prises journalières, pendant 6 j,<br />

- <strong>le</strong> cefpodoxime : 8 mg/kg/ j, en 2 prises journalières, pendant 5 j,<br />

- <strong>le</strong> céfuroxime-axétil : 20 mg/kg/ j, en 2 prises journalières, pendant 4 j,<br />

En cas d'al<strong>le</strong>rgie à la pénicilline ou plus largement aux β-lactamines (selon recommandations Anaes<br />

à paraître en septembre 2005) :<br />

- la pyostacine 50 mg/kg/ j, en 2 prises journalières, pendant 8 à 10 j, est <strong>le</strong> traitement recommandé si<br />

on ne peut réaliser une culture avec antibiogramme.<br />

- <strong>le</strong>s macrolides (du fait de la résistance croissante à cette famil<strong>le</strong>) ne doivent être prescrits qu'après<br />

avoir vérifié la sensibilité de la bactérie responsab<strong>le</strong> (culture et antibiogramme nécessaire) :<br />

azithromycine (3 j), clarithromycine et josamycine (5 j) sont validés.<br />

Les tétracyclines, <strong>le</strong> cotrimoxazo<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s quinolones ne doivent pas être prescrits dans <strong>le</strong>s angines.<br />

Faq 5 - Echec d'éradication et récidive à court terme des angines à SGA<br />

Dès <strong>le</strong>s premiers jours de traitement antibiotique, <strong>le</strong>s patients sont améliorés cliniquement, et dès <strong>le</strong><br />

deuxième jour, <strong>le</strong>s prélèvements de gorge sont stéri<strong>le</strong>s, permettant <strong>le</strong> retour de l'enfant à l'éco<strong>le</strong>.<br />

Cependant, chez nombre de patients (5 à 40 % selon <strong>le</strong>s publications) la même souche de SGA est<br />

de nouveau isolée, soit immédiatement après <strong>le</strong> traitement, soit dans <strong>le</strong>s semaines qui suivent. Si la<br />

grande majorité de ces patients sont asymptomatiques et ne vont présenter aucune complication,<br />

d'autres vont représenter des symptômes d'angine.<br />

Ces échecs d'éradication sont plus fréquents chez <strong>le</strong>s jeunes enfants (< 6 ans) que chez <strong>le</strong>s enfants<br />

plus âgés et <strong>le</strong>s adultes.<br />

Les causes de ces échecs d'éradication ou de récidives, sont multip<strong>le</strong>s :<br />

- <strong>le</strong> portage chronique de SGA (asymptomatique et sans risque de complications) concerne 5 à 20<br />

% des enfants selon <strong>le</strong>s études. Le prélèvement est positif alors même que l'angine est vira<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s<br />

antibiotiques (péni V notamment) entraînent rarement une éradication du SGA chez ces enfants. Pour<br />

ces raisons, de nombreux experts aux Etats-Unis ne conseil<strong>le</strong>nt pas de réaliser un TDR (ou un<br />

prélèvement de gorge) chez <strong>le</strong>s patients présentant une angine avec des signes évocateurs de<br />

maladie vira<strong>le</strong> (toux, dysphonie, rhinorrhée, conjonctivite, vésicu<strong>le</strong>s), ni de vérifier l'éradication du<br />

SGA en fin de traitement chez <strong>le</strong>s patients asymptomatiques.<br />

- la ré-infection à partir de l'entourage (« infections Ping-Pong ») est une cause fréquente de<br />

récidive. Des récidives fréquentes peuvent amener à pré<strong>le</strong>ver (et en cas de résultat positif, traiter)<br />

l'entourage.<br />

- La mauvaise compliance au traitement qui est favorisée par un nombre de prises journalières é<strong>le</strong>vé<br />

et une durée de traitement longue. La compliance diminue lorsque <strong>le</strong>s symptômes s'amendent et<br />

chute nettement après 5 jours. Or il est démontré que des traitements plus courts (5 à 7 jours) avec la<br />

pénicilline V entraînent une moindre éradication bactériologique que la durée classique de 10 jours.<br />

- La pharmacocinétique des antibiotiques est variab<strong>le</strong> d'un patient à l'autre, et un petit nombre de<br />

patients ont des concentrations amygdaliennes d'antibiotiques indosab<strong>le</strong>s.<br />

- La résistance aux antibiotiques est rarement en cause car <strong>le</strong>s souches de SGA sont sensib<strong>le</strong>s à la<br />

péni, et la résistance aux macrolides est évaluée à 6 à 7 % en France.<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Dr. Robert COHEN MAJ : 19/09/2005<br />

Faq 6 - Angines récidivantes (multip<strong>le</strong>s)<br />

La définition des angines récidivantes, internationa<strong>le</strong>ment admise, est de 7 épisodes d'angine ou plus<br />

sur une année, ou de 10 durant <strong>le</strong>s 2 à 3 dernières années. La pertinence du diagnostic des épisodes<br />

antérieurs est diffici<strong>le</strong> à affirmer. La généralisation des TDR, en France, devrait permettre de<br />

reconnaître <strong>le</strong>s infections streptococciques récidivantes et <strong>le</strong>s autres.<br />

Aucun autre examen que <strong>le</strong> TDR n'est nécessaire car il est exceptionnel de découvrir une cause<br />

sous-jacente.<br />

Pour <strong>le</strong>s angines streptococciques récidivantes, des modalités de traitements antibiotiques particuliers<br />

ont prouvé <strong>le</strong>ur efficacité en favorisant une meil<strong>le</strong>ure éradication et/ou une fréquence de récidives<br />

moindre :<br />

- céphalosporines de 2èmes et 3ème génération,<br />

- amoxicilline-acide clavulanique,<br />

- clindamycine (durée de traitement de 10 jours)<br />

- association à la pénicilline V dans <strong>le</strong>s quatre derniers jours de traitement de rifampicine (20 à 30<br />

mg/kg/jour en 2 prises) (6,7).<br />

L'amygda<strong>le</strong>ctomie doit rester rare dans cette indication. Une étude récente confirme que <strong>le</strong> bénéfice<br />

modeste, attendu dans <strong>le</strong>s suites d'amygda<strong>le</strong>ctomie ne justifie pas ce type d'intervention quand on <strong>le</strong>s<br />

compare aux risques et à la morbidité induite par <strong>le</strong> geste chirurgical.<br />

Les indications reconnues de l'amygda<strong>le</strong>ctomie sont :<br />

- <strong>le</strong> syndrome d'apnées obstructives du sommeil en rapport avec une hypertrophie adénoïdoamygdalienne,<br />

pour <strong>le</strong>quel on réalise une adénoïdo-amygda<strong>le</strong>ctomie.<br />

- un adénoph<strong>le</strong>gmon<br />

- une tuméfaction unilatéra<strong>le</strong> d'une amygda<strong>le</strong> suspecte de malignité<br />

Indications de l'adénoïdectomie et/ou de l'amygda<strong>le</strong>ctomie chez l'enfant Recommandations et<br />

Références Médica<strong>le</strong>s 1997, ISBN 2 910653-33-1 http://www.anaes.fr<br />

Tab<strong>le</strong>au 1. Etiologies des Angines<br />

Bactéries : 10 à 30 % Virus : 70 à 90 %<br />

SGA<br />

10 à 30 %<br />

Bibliographie<br />

Autres bactéries : rares EBV<br />

Autres Strepto hémolytiques C, E, F Adénovirus<br />

Arcanobacterium haemolyticum Virus influenzae<br />

Anaérobies (Bacteroides, melaninogenicus..) Virus para influenzae<br />

Mycoplama pneumoniae Coxsackie<br />

Chlamydia pneumoniae Rhinovirus...<br />

Corynebacterium diphteriae...<br />

1. Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé. Antibiothérapie par voie<br />

généra<strong>le</strong> en pratique courante : Angine. Med Mal Infect 2003 ;33(S) :1-17<br />

http://afssaps.sante.fr/pdf/5/rbp/angreco.pdf<br />

2. 10ème Conférence de consensus en thérapeutique anti-infectieuse : « <strong>le</strong>s infections ORL ».<br />

Lyon 19 Juin 1996. Med Mal Infect 1997 :27 :434-9<br />

3. Bisno A, Gerber M, Gwaltney J, Kaplan E, Schwartz R. Practice guidelines for the diagnosis<br />

and management of Group A streptococcal pharyngitis. Clin Infect Dis 2002a;35:113-125<br />

4. Cohen R, Gouvello A, Levy C, De La Rocque F, Boucherat M, Portier H. Utilisation des tests<br />

de diagnostic rapide du streptocoque du groupe A et corrélations bactério-cliniques dans<br />

l'angine aiguë en Médecine généra<strong>le</strong>. Presse Med 1998 ; 27 : 1131-1134<br />

5


C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Dr. Robert COHEN MAJ : 19/09/2005<br />

5. Bisno A. Acute Pharyngitis: Etiology and Diagnosis. Pediatrics 1996; 949-954<br />

6. Casey JR, Pichichero ME. Meta-analysis of cephalosporin versus penicillin treatment of group<br />

A streptococcal tonsillopharyngitis in children. Pediatrics 2004; 113: 866-882<br />

7. Paradise JL, Bluestone CD, Colborn DK, Bernard BS, Rockette HE, Kurs-Lasky M.<br />

Tonsil<strong>le</strong>ctomy and adenotonsil<strong>le</strong>ctomy for recurrent throat infection in moderately affected<br />

children. Pediatrics. 2002;110:7-15<br />

6


C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM - UMVF<br />

Auteurs : Pr E Sapin (CHU de Dijon) MAJ : 10/12/2004<br />

Objectifs :<br />

Appendicite aiguë de l’enfant – Item 224<br />

¤ Diagnostiquer une appendicite chez l’enfant.<br />

¤ Identifier <strong>le</strong>s situations d’urgence et planifier <strong>le</strong>ur prise en charge.<br />

Sommaire<br />

Faq 1 - L’appendicite aiguë non compliquée<br />

Faq 2 - L’appendicite aiguë compliquée<br />

Faq 3 - Les complications post-opératoires<br />

Points essentiels<br />

Faq 1 - Diagnostic et traitement de l’appendicite aiguë non compliquée de<br />

l’enfant<br />

A) Appendicite aiguë sur appendice en position norma<strong>le</strong> :<br />

1) Diagnostic positif<br />

a) L’interrogatoire<br />

Dou<strong>le</strong>ur en Fosse Iliaque Droite (FID), spontanée et récente ( moins de 72 heures)<br />

Vomissements alimentaires ou nausées<br />

Fièvre : température comprise entre 37°3 C et 38° C (en l’absence de prise récente d’anti-pyrétiques)<br />

b)L’examen<br />

Est <strong>le</strong> temps essentiel et doit être répété<br />

- L’inspection :<br />

Respiration Abdomina<strong>le</strong> conservée<br />

Pas de cicatrice en Fosse Iliaque Droite (classique Mac Burney)<br />

- La palpation<br />

Dou<strong>le</strong>ur provoquée par la palpation de la fosse iliaque droite, voire défense localisée<br />

Dou<strong>le</strong>ur ressentie en fosse iliaque droite par la décompression brusque de la fosse iliaque gauche<br />

(signe de Blomberg)<br />

- Le Toucher Rectal : il a peu de va<strong>le</strong>ur chez l’enfant car il recherche un signe subjectif et ne doit pas<br />

être réalisé de façon systématique.<br />

c) Les examens Complémentaires<br />

Sont un complément de l’examen clinique, contribuant parfois au diagnostic positif et à éliminer<br />

d’autres diagnostics<br />

- <strong>le</strong> cliché radiologique d’abdomen sans préparation (ASP), debout, de face pourra montrer :<br />

- un stercolithe appendiculaire,image arrondie radio-opaque située en regard du<br />

carrefour iléo-caecal.


C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM - UMVF<br />

Auteurs : Pr E Sapin (CHU de Dijon) MAJ : 10/12/2004<br />

- une anse sentinel<strong>le</strong><br />

- une courbure antalgique du rachis lombaire à concavité droite<br />

- l’échographie abdomina<strong>le</strong> peut retrouver :<br />

- un épaississement des parois de l’appendice, qui paraît turgescent,<br />

- l’absence de visibilité de la lumière appendiculaire,<br />

- un épanchement liquidien intra-péritonéal de la région du carrefour iléo-caecal.<br />

- un stercolithe non encore calcifié, sous la forme d’une petite masse hyperéchogène<br />

avec un cône d’ombre.<br />

- la Numération Formu<strong>le</strong> Sanguine (NFS) retrouve classiquement une hyper<strong>le</strong>ucocytose à<br />

polyneutrophi<strong>le</strong>s , supérieurs à 10000/mm3. Cette hyper<strong>le</strong>ucuytose n’est, en réalité, ni sensib<strong>le</strong> ni<br />

spécifique<br />

2) Diagnostic Différentiel<br />

Ce sont <strong>le</strong>s autres causes de dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s<br />

a) associées à un fébricu<strong>le</strong> : infections s’accompagnant d’une hyperplasie des Plaques de Peyer et<br />

imposant un examen général<br />

gastro-entérite aiguë<br />

pneumopathie (auscultation pulmonaire)<br />

angine ou otite (examen ORL)<br />

malades éruptives (rougeo<strong>le</strong>)<br />

pyélonéphrite (bande<strong>le</strong>tte urinaire)<br />

hépatite vira<strong>le</strong> (ictère)<br />

adénolymphite mésentérique<br />

b) sans fièvre<br />

pathologie annexiel<strong>le</strong> de la fil<strong>le</strong> (échographie)<br />

torsion de testicu<strong>le</strong> (ado<strong>le</strong>scent)<br />

hydronéphrose aigüe (échographie)<br />

purpura rhumatoïde (membres inférieurs)<br />

diabète (bande<strong>le</strong>tte urinaire)<br />

constipation<br />

oxyurose


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Auteurs : Pr E Sapin (CHU de Dijon) MAJ : 10/12/2004<br />

B) Appendicite aiguë d’autre localisation :<br />

1) appendicite rétrocaeca<strong>le</strong><br />

a) ce qui ne change pas :<br />

- dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s,<br />

- fièvre entre 37°3 et 38°,<br />

b) ce qui change :<br />

- <strong>le</strong>s vomissements manquent <strong>le</strong> plus souvent ;<br />

- Il n’y a pas de défense en fosse iliaque droite ;<br />

- L’attitude spontanée est en psoïtis : cuisse fléchie sur <strong>le</strong> bassin, avec dou<strong>le</strong>ur provoquée par<br />

l’extension passive ;<br />

- La dou<strong>le</strong>ur provoquée est retrouvée à la palpation profonde de la fosse iliaque droite, du flanc droit<br />

et, latéra<strong>le</strong>ment en arrière, au dessus de la crête iliaque ;<br />

2) appendicite aiguë pelvienne :<br />

ce qui change<br />

- dou<strong>le</strong>ur plus interne dans l’hypogastre<br />

- signes associés urinaires: pollakiurie, voire des dou<strong>le</strong>urs per-mictionnel<strong>le</strong>s (souvent confondues avec<br />

des brûlures per-mictionnel<strong>le</strong>s) ;<br />

3) appendicite aiguë mésocoeliaque :<br />

dou<strong>le</strong>ur abdomina<strong>le</strong> spontanée et provoquée péri-ombilica<strong>le</strong> droite, rendant <strong>le</strong> diagnostic diffici<strong>le</strong> et<br />

tardif, aboutissant à une occlusion fébri<strong>le</strong><br />

C) l’appendicite aiguë de l’enfant de moins de 3 ans<br />

L’appendicite aiguë est rare chez l’enfant âgé de moins de 3 ans. Le diagnostic est souvent retardé,<br />

au stade de complication (abcès).<br />

D)Traitement de l’appendicite aiguë<br />

1) <strong>le</strong> Traitement médical : pré-opératoire immédiat<br />

a) antibioprophylaxie diminuant <strong>le</strong>s complications infectieuses post-opératoires<br />

b) Antalgiques<br />

2) l’appendicectomie<br />

par incision horizonta<strong>le</strong> de la fosse iliaque droite, dite ²de Mc Burney², ou vidéo-assistée par<br />

coelioscopie.<br />

3) traitement post-opératoire<br />

- antalgiques intraveineux et réhydratation de courte durée (jusqu’à reprise du transit, et autorisation<br />

des boissons).<br />

- antibiothérapie post-opératoire dépendant des constatations per-opératoires.<br />

Faq 2 - Diagnostic et traitement des appendicites aiguës compliquées


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A) La Péritonite Aiguë Généralisée<br />

1) Diagnostic : Occlusion fébri<strong>le</strong><br />

a) signes fonctionnels<br />

- Dou<strong>le</strong>ur abdomina<strong>le</strong> spontanée, intense, permanente, diffuse ;<br />

- Fièvre é<strong>le</strong>vée : > 38°C (plus souvent autour de 39°C) ;<br />

- Vomissements répétés, rapidement bilieux ;<br />

- Parfois diarrhée, faussement ²rassurante², évoquant une gastroentérite aiguë.<br />

b) examen clinique<br />

- altération de l’état général : altération du faciès, ± déshydratation<br />

- respiration Abdomina<strong>le</strong> absente, parfois associée à une polypnée superficiel<strong>le</strong> ; l’abdomen est tendu.<br />

- contracture abdomina<strong>le</strong> : induration de la paroi abdomina<strong>le</strong> douloureuse, permanente, généralisée,<br />

invincib<strong>le</strong>.<br />

c) examens complémentaires<br />

- biologie sanguine : hyper<strong>le</strong>ucocytose à polyneutrophi<strong>le</strong>s, CRP et VS augmentées<br />

- l’ASP : abdomen peu aéré, avec une grisail<strong>le</strong> diffuse et/ou un iléus réf<strong>le</strong>xe.<br />

- L’échographie abdomina<strong>le</strong> : épanchement intrapéritonéal, un peu échogène dans <strong>le</strong> douglas ; anses<br />

intestina<strong>le</strong>s p<strong>le</strong>ines de liquide à parois épaissies ; appendice épaissi<br />

- <strong>le</strong> scanner abdominal : Il ne trouve sa place que dans <strong>le</strong>s cas douteux pour <strong>le</strong>squels <strong>le</strong> diagnostic est<br />

retardé, avec un enfant parfois déjà sous antibiothérapie.<br />

2) Diagnostic différentiel<br />

- gastro-entérite aiguë<br />

- pneumopathies<br />

- autres causes de Péritonite aiguë généralisée<br />

3) Traitement<br />

a) traitement médical pré-opératoire<br />

C’est <strong>le</strong> premier temps indispensab<strong>le</strong> de la prise en charge thérapeutique.<br />

- rééquilibration hydro-é<strong>le</strong>ctrolytique du fait de la déshydratation existante.. La quantité et la qualité du<br />

remplissage vasculaire seront guidées par <strong>le</strong>s résultats du ionogramme sanguin initial..<br />

- antibiothérapie par voie parentéra<strong>le</strong> intraveineuse couvrant <strong>le</strong>s germes aéro- et anaérobies<br />

- analgésie<br />

b) traitement chirurgical<br />

appendicectomie et toi<strong>le</strong>tte-lavage péritonéa<strong>le</strong>, par chirurgie vidéo-assistée ou par laparotomie.<br />

c) traitement médical post-opératoire<br />

- hydratation par voie parentéra<strong>le</strong>, poursuivie plusieurs jours, tant que la reprise alimentaire ne peut<br />

suffire<br />

- antibiothérapie initia<strong>le</strong>ment par voie parentéra<strong>le</strong>,poursuivie 48 heures après obtention de l’apyrexie,<br />

et relayée par une antibiothérapie per os.<br />

- antalgiques<br />

B) L’abcès appendiculaire<br />

C’est une péritonite localisée où l’appendice se perfore au sein d’une coque réactionnel<strong>le</strong> formée par<br />

l’épiploon et <strong>le</strong>s anses intestina<strong>le</strong>s adjacentes épaissies du carrefour iléo-caecal.<br />

1) Diagnostic


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a) clinique<br />

syndrome septique avec empâtement et parfois voussure du quadrant inféro-droit de l’abdomen,<br />

dénué de tout mouvement de respiration abdomina<strong>le</strong>.<br />

b) biologique<br />

hyper<strong>le</strong>ucocytose à polynucléaires neutrophi<strong>le</strong>s souvent supérieure à 20 000, une CRP très<br />

augmentée …<br />

c) radiologique<br />

- ASP : absence d’aération du quadrant inféro-droit de l’abdomen - échographie abdomina<strong>le</strong> : masse<br />

de la FID<br />

- scanner abdominal : met en évidence l’abcès, à contenu épais, au sein d’un amas d’anses à parois<br />

épaissies.<br />

2)Traitement<br />

a) traitement médical pré- et post-opératoire<br />

identique à la péritonite appendiculaire.<br />

b)traitement chirurgical<br />

évacuation de l’abcès, appendicectomie et éventuel drainage<br />

Faq 3 - Les complications post-opératoires<br />

1) Complications Infectieuses<br />

A évoquer devant la persistance d’un train fébri<strong>le</strong>, volontiers accompagné par un état général qui ne<br />

se normalise pas.<br />

a) abcès de paroi<br />

- favorisés par la perforation de l’appendice, et par <strong>le</strong> terrain (obèses)<br />

- circonstance de découverte: fièvre avec inflammation de la zone cicatriciel<strong>le</strong> pariéta<strong>le</strong><br />

- traitement : désunion de la cicatrice pour permettre l’évacuation du pus.<br />

- prévention de ces abcès de paroi : antibiotiques débutés en pré-opératoire, iso<strong>le</strong>ment de la plaie<br />

opératoire du foyer septique, toi<strong>le</strong>tte loca<strong>le</strong>, qualité de l’hémostase et de la fermeture pariéta<strong>le</strong>.<br />

b)abcès du Douglass<br />

- c’est une péritonite secondaire localisée.<br />

- symptômes: train fébri<strong>le</strong> persistant, diarrhée de reprise du transit, voire un ténesme.<br />

- <strong>le</strong> toucher rectal fera <strong>le</strong> diagnostic : bombement douloureux antérieur<br />

- l’échographie pelvienne, voire <strong>le</strong> scanner confirment <strong>le</strong> diagnostic et en affirment <strong>le</strong> caractère isolé<br />

- traitement : antibiothérapie plus ou moins drainage par voie per-cutanée ou endo-rectal<br />

c) abcès du carrefour iléo-caecal<br />

- correspond à la persistance d’un foyer septique local<br />

- évoqué devant un syndrome fébri<strong>le</strong><br />

- affirmé par l’échographie ou <strong>le</strong> scanner<br />

- traitement : antibiothérapie parentéra<strong>le</strong> (Céphalosporines, Aminosides et Métronidazo<strong>le</strong>) plus ou<br />

moins drainage de l’abcès.


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d)abcès sous-phrénique<br />

plus rares depuis que <strong>le</strong>s enfants sont en position demi-assise durant la période post-opératoire<br />

initia<strong>le</strong><br />

e) péritonite secondaire<br />

- la péritonite secondaire à foyers multip<strong>le</strong>s est la complication post-opératoire majeure. El<strong>le</strong> est<br />

devenue exceptionnel<strong>le</strong>, mais el<strong>le</strong> met en jeu <strong>le</strong> pronostic vital. Des col<strong>le</strong>ctions septiques se<br />

développent entre <strong>le</strong>s anses digestives.<br />

- <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au clinique associe <strong>le</strong>s signes d’une infection profonde, et des troub<strong>le</strong>s du transit :<br />

vomissements bilieux, pouvant être associés à une diarrhée.<br />

- la reprise chirurgica<strong>le</strong> par laparotomie médiane est indispensab<strong>le</strong>.<br />

- la mise en place d’un cathéter veineux central est impérative pour permettre une large<br />

antibiothérapie et un support nutritionnel adapté.<br />

2) Occlusion Intestina<strong>le</strong> aiguë sur Bride<br />

L’appendicectomie, par sa fréquence, est la grande pourvoyeuse d’occlusion intestina<strong>le</strong> aiguë sur<br />

bride. Ce risque définitif impose une grande rigueur dans <strong>le</strong>s indications opératoires.<br />

Points essentiels<br />

¤ L’appendicite est la cause chirurgica<strong>le</strong> la plus fréquente d’une dou<strong>le</strong>ur abdomina<strong>le</strong>, mais el<strong>le</strong> n’est<br />

pas la seu<strong>le</strong> en cause.<br />

¤ L’appendicite est une affection potentiel<strong>le</strong>ment grave mais l’appendicectomie est une intervention à<br />

risques.<br />

¤ La symptomatologie de l’appendicite est trompeuse chez l’enfant car il existe de nombreuses formes<br />

cliniques, en fonction de l’âge, de l’évolution et de la situation anatomique de l’appendice.<br />

¤ La qualité de l’examen clinique est essentiel<strong>le</strong> et <strong>le</strong> plus souvent contributive au diagnostic.<br />

¤ Les examens complémentaires ont plus <strong>le</strong>ur place dans <strong>le</strong> cadre du diagnostic différentiel que dans<br />

celui du diagnostic positif.


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Objectifs :<br />

Objectifs de l’ECN :<br />

Asthme de l'enfant<br />

Item 226<br />

- Diagnostiquer un asthme de l’enfant (et de l’adulte).<br />

- Identifier <strong>le</strong>s situations d’urgence (P) et planifier <strong>le</strong>ur prise en charge.<br />

- Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier <strong>le</strong> suivi du patient.<br />

- Décrire <strong>le</strong>s principes de prise en charge au long cours.<br />

Objectifs intermédiaires du Collège National des enseignants de Pédiatrie :<br />

- Définir <strong>le</strong>s différentes formes d’asthme en fonction de l’âge de l’enfant.<br />

- Citer <strong>le</strong>s données épidémiologiques.<br />

- Décrire la sémiologie d’une crise d’asthme y compris <strong>le</strong>s manifestations dites mineures.<br />

- Enumérer <strong>le</strong>s diagnostics différentiels.<br />

- Détail<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s critères de gravité et citer <strong>le</strong>s critères d’hospitalisation.<br />

- Exposer et argumenter <strong>le</strong> traitement d’une crise d’asthme.<br />

- Prescrire et justifier <strong>le</strong> bilan initial après une première crise en vue d’évaluer <strong>le</strong> terrain atopique et de<br />

repérer <strong>le</strong>s facteurs déc<strong>le</strong>nchants.<br />

- Décrire <strong>le</strong>s indications des explorations fonctionnel<strong>le</strong>s respiratoires et expliquer comment utiliser un<br />

débitmètre de pointe.<br />

- Enoncer <strong>le</strong>s grandes lignes de la prise charge d’un enfant asthmatique (techniques éducatives) et<br />

<strong>le</strong>s modalités de surveillance.<br />

- Exposer <strong>le</strong>s conseils pour l’assainissement de l’environnement et la pratique du sport.<br />

- Identifier <strong>le</strong>s situations requérant une prise en charge spécialisée.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

1 - Diagnostic d’un asthme chez l'enfant<br />

2 - Evaluer <strong>le</strong> degré de sévérité d’un asthme<br />

3 - Facteurs d’environnement susceptib<strong>le</strong>s d’entretenir l’asthme<br />

4 - Prise en charge thérapeutique<br />

5 - Conduite à tenir devant une crise d’asthme de l’enfant<br />

6 - Devenir de l’asthme de l’enfant<br />

Points essentiels<br />

Introduction<br />

L’asthme constitue la première maladie chronique de l’enfant et sa préva<strong>le</strong>nce est estimée autour de<br />

10%. Dans trois quarts des cas, il apparaît avant l'âge de 5 ans. Sa fréquence réel<strong>le</strong> est en fait encore<br />

plus importante, la moitié environ des enfants avec symptômes d’asthme n’ayant pas de diagnostic<br />

d’asthme reconnu par un médecin.<br />

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Plusieurs étapes sont importantes dans la prise en charge d’un enfant asthmatique :<br />

1. Affirmer <strong>le</strong> diagnostic et éliminer <strong>le</strong>s diagnostics différentiels<br />

2. Evaluer <strong>le</strong> degré de sévérité de l’asthme<br />

3. Evaluer <strong>le</strong>s facteurs d’environnement susceptib<strong>le</strong>s d’entretenir l’asthme<br />

4. Mettre en place la prise en charge thérapeutique<br />

La bonne connaissance de la gestion d’une crise d’asthme est par ail<strong>le</strong>urs indispensab<strong>le</strong>.<br />

1. DIAGNOSTIC D’UN ASTHME CHEZ L’ENFANT<br />

1. Affirmer <strong>le</strong> diagnostic<br />

Le diagnostic d’asthme est <strong>le</strong> plus souvent faci<strong>le</strong>ment évoqué cliniquement devant des épisodes<br />

intermittents de dyspnée, de wheezing et/ou de toux, survenant plus volontiers la nuit ou <strong>le</strong> matin au<br />

réveil, a fortiori s’il existe un terrain atopique personnel et/ou familial. La notion d’exacerbations<br />

récurrentes est capita<strong>le</strong>, volontiers déc<strong>le</strong>nchées par des al<strong>le</strong>rgènes, des infections vira<strong>le</strong>s, l’exercice<br />

ou l’inhalation de polluants. La disparition des symptômes, soit spontanément, soit à l’aide de<br />

bronchodilatateurs, est un bon argument diagnostic.<br />

Le diagnostic d’asthme peut ainsi être considéré à partir de cinq questions :<br />

- L’enfant a-t-il présenté un ou plusieurs épisodes de wheezing ?<br />

- L’enfant a-t-il une toux chronique nocturne ?<br />

- L’effort déc<strong>le</strong>nche-t-il de la toux ou des siff<strong>le</strong>ments ?<br />

- L’enfant a-t-il de la toux, des siff<strong>le</strong>ments ou une oppression thoracique après exposition à des<br />

pneumal<strong>le</strong>rgènes ou des polluants ?<br />

- Les infections ORL de l’enfant se “ transforment-el<strong>le</strong>s ” en bronchites ou traînent-el<strong>le</strong>s plus de 10<br />

jours ?<br />

Même lorsque la clinique semb<strong>le</strong> typique, la recherche de signes pouvant orienter vers un autre<br />

diagnostic et la réalisation d’une radiographie de thorax sont systématiques (voir paragraphe plus<br />

bas). Lorsque la clinique n’emporte pas la conviction diagnostique, la recherche d’un terrain atopique<br />

personnel et/ou familial (tab<strong>le</strong>au 1) et la réalisation d’épreuves fonctionnel<strong>le</strong>s respiratoires peuvent<br />

apporter des arguments positifs importants. Ces dernières recherchent soit la présence d’un troub<strong>le</strong><br />

ventilatoire obstructif réversib<strong>le</strong> après bronchodilatateur, soit la présence d’une hyperréactivité<br />

bronchique lors d’un test de provocation (voir détails plus bas).<br />

Tab<strong>le</strong>au 1. Recherche de terrain atopique chez l’enfant ou sa famil<strong>le</strong> (père, mère, fratrie)<br />

Rhinites et conjonctivites al<strong>le</strong>rgiques<br />

Dermatite atopique<br />

Xérose cutanée<br />

Eosinophilie des sécrétions bronchiques<br />

Tests cutanés al<strong>le</strong>rgologiques positifs<br />

IgE sériques tota<strong>le</strong>s é<strong>le</strong>vées<br />

Présence d'IgE spécifiques sériques<br />

2. Eliminer <strong>le</strong>s diagnostics différentiels<br />

De nombreuses autres pathologies peuvent simu<strong>le</strong>r des manifestations d’asthme (tab<strong>le</strong>au 2).<br />

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Tab<strong>le</strong>au 2. Diagnostic différentiel de l’asthme<br />

Obstac<strong>le</strong>s dynamiques<br />

Laryngomalacie<br />

Trachéomalacie<br />

Bronchomalacie<br />

Obstac<strong>le</strong>s mécaniques intrinsèques<br />

Sténoses trachéa<strong>le</strong> ou bronchique<br />

Corps étranger<br />

Obstac<strong>le</strong>s mécaniques extrinsèques<br />

Anomalies des arcs aortiques<br />

Malformation kystique<br />

Adénopathies (Tuberculose)<br />

Autres pathologies<br />

Mucoviscidose<br />

Reflux gastro-œsophagien<br />

Dysplasie broncho-pulmonaire<br />

Cardiopathie congénita<strong>le</strong> avec shunt gauche-droit<br />

Dyskinésies ciliaires<br />

Pathologies d’inhalation (Fausses routes ; Fistu<strong>le</strong> œso-trachéa<strong>le</strong>)<br />

Séquel<strong>le</strong>s de virose sévère<br />

Déficits immunitaires<br />

Ces “ faux asthmes ” sont <strong>le</strong> plus souvent identifiés avant l’âge scolaire, mais il faut néanmoins rester<br />

vigilant à tout âge et savoir repérer <strong>le</strong>s signes devant <strong>le</strong>squels un autre diagnostic que l’asthme doit<br />

être évoqué (tab<strong>le</strong>au 3).<br />

Tab<strong>le</strong>au 3. Signes d’inquiétude devant faire éliminer <strong>le</strong>s diagnostics différentiels de l’asthme<br />

Persistance de signes intercritiques (dyspnée, encombrement)<br />

Symptômes fréquents et sévères<br />

Absence d’amélioration sous traitement antiasthmatique<br />

Retentissement staturo-pondéral<br />

Troub<strong>le</strong>s du transit<br />

Stridor<br />

Fausses routes fréquentes<br />

Antécédents respiratoires néonataux<br />

Anomalie(s) sur la radiographie de thorax<br />

Des clichés pulmonaires en inspiration et expiration forcées doivent systématiquement être réalisés<br />

lors du bilan initial d’un asthme. Toute anomalie radiologique constitue un signe d’inquiétude. Certains<br />

signes évidents (syndrome alvéolo-interstitiel, cardiomégalie …) sont suffisamment démonstratifs pour<br />

faire adresser l’enfant d’emblée vers un centre spécialisé. Il faut toutefois être vigilant vis-à-vis<br />

d’anomalies radiologiques moins caricatura<strong>le</strong>s, mais qui doivent tout autant nécessiter des<br />

explorations complémentaires, <strong>le</strong> plus souvent en milieu spécialisé :<br />

- Distension thoracique<br />

- Syndrome bronchique marqué, touchant <strong>le</strong>s lobes supérieurs<br />

- Bouton aortique à droite ; déviation de la trachée vers la gauche<br />

- Signes d’obstruction (até<strong>le</strong>ctasie, emphysème), parfois révélés uniquement sur <strong>le</strong> cliché en<br />

expiration.<br />

Lorsqu’un signe d’inquiétude est présent, clinique ou radiologique, et notamment lorsque la réponse<br />

aux traitements anti-asthmatiques n'est pas nette, <strong>le</strong> bilan doit comprendre, outre <strong>le</strong>s examens<br />

habituels du bilan d’asthme (exploration du terrain atopique, explorations fonctionnel<strong>le</strong>s respiratoires),<br />

divers examens pulmonaires adaptés en fonction des pathologies suspectées. Ces examens sont :<br />

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• L’Endoscopie bronchique. L’endoscopie bronchique tient désormais une place essentiel<strong>le</strong><br />

dans <strong>le</strong> bilan complémentaire des apparents “ faux-asthmes ”. El<strong>le</strong> permet notamment de<br />

dépister <strong>le</strong>s différentes obstructions, mécaniques ou dynamiques, des voies aériennes.<br />

• Le Test de la sueur. La généralisation récente (2003) du dépistage néonatal de la<br />

mucoviscidose rend peu probab<strong>le</strong> <strong>le</strong> diagnostic de mucoviscidose chez <strong>le</strong>s enfants ayant<br />

bénéficié de ce dépistage, mais ne l’exclut pas tota<strong>le</strong>ment (2% de faux négatifs du dépistage).<br />

Le test de la sueur doit donc rester faci<strong>le</strong>ment prescrit devant des symptômes<br />

bronchopulmonaires traînant et mal contrôlés par un traitement anti-asthmatique.<br />

• La pH-metrie. Lorsqu’il existe des signes cliniques de reflux gastro-œsophagien (RGO), aucun<br />

examen complémentaire n’est nécessaire avant un traitement anti-reflux d’épreuve. Par<br />

contre, en l’absence de symptômes évocateurs, une pH-métrie peut se justifier lorsque la<br />

réponse aux traitements anti-asthmatiques est médiocre.<br />

• L’Examen ORL spécialisé. Il est souvent uti<strong>le</strong> lorsque <strong>le</strong>s manifestations bronchiques<br />

s’accompagnent de symptômes ORL chroniques. Il permet éga<strong>le</strong>ment de préciser la<br />

dynamique laryngée (malacie) ou l’existence de signes d’inflammation laryngée, notamment<br />

de la margel<strong>le</strong> postérieure, pouvant évoquer un reflux.<br />

• Les Autres examens. D’autres explorations complémentaires peuvent être justifiées, comme<br />

par exemp<strong>le</strong> une tomodensitométrie thoracique. Leur prescription nécessite en règ<strong>le</strong> un avis<br />

spécialisé préalab<strong>le</strong>.<br />

3. Particularités du nourrisson<br />

Le diagnostic d'asthme du nourrisson repose actuel<strong>le</strong>ment sur la définition établie par Tabachnick et<br />

Levison, qui considère comme un asthme tout épisode dyspnéique avec sibilants qui se reproduit au<br />

moins 3 fois avant l'âge de 2 ans et ceci quels que soient l'âge de début, l'existence ou non de<br />

stigmates d'atopie et la cause apparemment déc<strong>le</strong>nchante. Cette définition, bien qu’arbitraire et donc<br />

imparfaite, a l’avantage d’éviter <strong>le</strong>s sous-diagnostics, et donc <strong>le</strong>s retards de prise en charge.<br />

La possibilité de faux asthmes est beaucoup plus importante chez <strong>le</strong> nourrisson que chez <strong>le</strong> grand<br />

enfant car c’est au cours des premières années de vie que vont se révé<strong>le</strong>r la grande majorité des<br />

diagnostics différentiels. La recherche de signes d’inquiétude doit donc être particulièrement vigilante<br />

à cet âge (tab<strong>le</strong>au 3).<br />

Les tests cutanés sont peu sensib<strong>le</strong>s chez <strong>le</strong> nourrisson asthmatique. Ils sont néanmoins uti<strong>le</strong>s en cas<br />

de diagnostic d’asthme incertain (encombrement persistant, réponse incomplète au traitement antiasthmatique).<br />

Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s techniques nécessaires aux explorations fonctionnel<strong>le</strong>s respiratoires<br />

chez <strong>le</strong> nourrisson ne sont disponib<strong>le</strong>s que dans peu de centres spécialisés. Leur prescription en<br />

routine n’est donc pas possib<strong>le</strong>.<br />

2. EVALUER LE DEGRE DE SEVERITE D’UN ASTHME<br />

Une fois <strong>le</strong> diagnostic d'asthme établi, la sévérité de cet asthme doit être bien évaluée pour permettre<br />

une prise en charge optima<strong>le</strong> de l’enfant asthmatique et de sa famil<strong>le</strong>.<br />

Les classifications actuel<strong>le</strong>s prennent en compte non seu<strong>le</strong>ment la fréquence des épisodes<br />

dyspnéiques mais aussi <strong>le</strong>ur chronologie (asthme nocturne ou non…), <strong>le</strong>ur retentissement sur <strong>le</strong>s<br />

activités et <strong>le</strong>s fonctions respiratoires. C’est donc au terme d’un interrogatoire assez précis (tab<strong>le</strong>au 4)<br />

et de la réalisation d’explorations fonctionnel<strong>le</strong>s respiratoires (EFR) que l’asthme sera classé en<br />

intermittent, persistant léger, persistant modéré ou persistant sévère (figure 1). Cette évaluation va<br />

permettre de fixer <strong>le</strong>s indications thérapeutiques.<br />

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Tab<strong>le</strong>au 4. Eléments à rechercher par l’interrogatoire pour évaluer la sévérité de l’asthme de l’enfant<br />

Fréquence des crises<br />

fréquentes (au moins mensuel<strong>le</strong>s) ou rares (moins d’une fois par trimestre) ou intermédiaires<br />

Fréquence des symptômes en dehors des crises<br />

Toux ou siff<strong>le</strong>ments diurnes<br />

fréquents (pluri-quotidiens) ou rares (moins d’une fois par semaine) ou intermédiaires<br />

Toux ou siff<strong>le</strong>ments nocturnes<br />

fréquents (quotidiens) ou rares (moins de 3 fois par mois) ou intermédiaires<br />

Retentissement sur <strong>le</strong>s activités<br />

Toux ou siff<strong>le</strong>ments à l’exercice, sans gêne ressentie ?<br />

Toux ou siff<strong>le</strong>ments gênant la pratique sportive ?<br />

Dispense de sport liée à l’asthme ?<br />

Absentéisme scolaire lié à l’asthme ?<br />

Les EFR doivent systématiquement faire partie du bilan initial d’un asthme, la présence d’un troub<strong>le</strong><br />

ventilatoire obstructif basal témoignant d’un asthme persistant modéré ou sévère. Le choix des tests<br />

fonctionnels à réaliser dépend bien sûr de l'équipement du laboratoire, mais aussi de l'âge de l'enfant.<br />

Chez l’enfant d’âge scolaire (≥ 6 ans), la coopération est en règ<strong>le</strong> suffisante pour obtenir une mesure<br />

de la capacité vita<strong>le</strong> (CV) ainsi que des débits maximaux générés lors d’une expiration forcée (courbe<br />

débit-volume). Les paramètres mesurés sont bien standardisés. L’obstruction est définie par un<br />

Volume Expiré Maximal en 1 seconde (VEMS) inférieur à 80% de la va<strong>le</strong>ur théorique ou par un<br />

rapport VEMS/CV inférieur à 80%. L’obstruction est dite significativement réversib<strong>le</strong> lorsque la va<strong>le</strong>ur<br />

de base du VEMS s’améliore d’au moins 12% après administration d’un bronchodilatateur. Chez<br />

l’enfant, <strong>le</strong>s signes d’obstruction sont souvent minimes et limités à un aspect concave de la courbe<br />

débit-volume et une diminution des débits reflétant <strong>le</strong>s voies aériennes dista<strong>le</strong>s (DEM50, DEM25-75)<br />

(figure 2). Dans cette situation, <strong>le</strong> VEMS peut rester en apparence correct, au dessus de 80% de la<br />

théorique, mais s’améliore significativement après ß2-mimétique.<br />

Parfois, l’enfant peut se montrer incapab<strong>le</strong> de réaliser des manœuvres d'expiration forcée et seu<strong>le</strong> la<br />

mesure de la résistance des voies aériennes ou du système respiratoire permet alors d'apprécier de<br />

façon non-invasive <strong>le</strong> degré d'obstruction bronchique. Différentes techniques sont utilisab<strong>le</strong>s :<br />

pléthysmographie corporel<strong>le</strong>, interruption du débit aérien, oscillations forcées. Ces techniques sont <strong>le</strong><br />

plus souvent réalisab<strong>le</strong>s à partir de 3 ans. Les paramètres mesurés sont moins bien standardisés,<br />

imposant <strong>le</strong> recours à des laboratoires bien entraînés.<br />

La recherche d’une hyperréactivité bronchique (HRB) est uti<strong>le</strong> lorsque l’asthme est suspecté et que<br />

<strong>le</strong>s mesures fonctionnel<strong>le</strong>s de base sont norma<strong>le</strong>s. Métacholine et histamine sont <strong>le</strong>s agents non<br />

spécifiques <strong>le</strong>s mieux décrits chez l’enfant.<br />

3. FACTEURS D’ENVIRONNEMENT SUSCEPTIBLES D’ENTRETENIR L’ASTHME<br />

L’environnement joue un rô<strong>le</strong> crucial dans l’entretien de la maladie asthmatique. La sensibilisation à<br />

des al<strong>le</strong>rgènes environnementaux influence clairement <strong>le</strong> pronostic de l’asthme. Il existe en effet une<br />

relation directe entre l’al<strong>le</strong>rgie et la précocité, la sévérité et la persistance à long terme de l’asthme<br />

chez l’enfant.<br />

L’exploration al<strong>le</strong>rgologique est une étape importante dans la prise en charge d’un enfant asthmatique<br />

puisqu’une sensibilisation est détectée chez environ 80% des enfants asthmatiques d’âge scolaire. Un<br />

interrogatoire soigneux représente la première étape de toute enquête al<strong>le</strong>rgologique : caractère<br />

saisonnier ou non des manifestations, circonstances de déc<strong>le</strong>nchement, conditions d’habitat et<br />

d’environnement …. Les tests cutanés (prick-tests) constituent l’examen complémentaire de<br />

référence. Les tests multial<strong>le</strong>rgéniques in vitro sont loin de fournir toutes <strong>le</strong>s indications apportées par<br />

une exploration cutanée complète et n’ont <strong>le</strong>ur utilité qu’en cas de réalisation diffici<strong>le</strong> de tests cutanés.<br />

La présence de tests cutanés positifs témoigne d’une sensibilisation al<strong>le</strong>rgénique mais n’affirme pas la<br />

responsabilité de l’al<strong>le</strong>rgène dans <strong>le</strong>s symptômes. Des tests cutanés positifs ne sont donc pas par<br />

eux-mêmes une indication à une désensibilisation et <strong>le</strong>ur interprétation doit toujours être confrontée à<br />

l’histoire clinique.<br />

Chez <strong>le</strong> nourrisson, la réalisation de tests cutanés n’est pas systématique, du fait de la faib<strong>le</strong><br />

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préva<strong>le</strong>nce des sensibilisations al<strong>le</strong>rgéniques dans cette tranche d’âge (environ 25% d’enfants<br />

sensibilisés à un pneumal<strong>le</strong>rgène), et du rô<strong>le</strong> dominant des infections vira<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> déc<strong>le</strong>nchement<br />

des exacerbations. Il est néanmoins uti<strong>le</strong> de réaliser ces tests lorsqu’il existe un environnement riche<br />

en al<strong>le</strong>rgènes et lorsqu’il existe une suspicion clinique de facteurs déc<strong>le</strong>nchants al<strong>le</strong>rgiques,<br />

notamment lorsque <strong>le</strong>s exacerbations surviennent en dehors de tout contexte d’infection vira<strong>le</strong>.<br />

Les autres facteurs essentiels à prendre en compte sont l’exposition au tabagisme parental, et la<br />

fréquentation de col<strong>le</strong>ctivités d’enfants pour <strong>le</strong> nourrisson.<br />

4. PRISE EN CHARGE THERAPEUTIQUE<br />

Le traitement de l’asthme a pour objectifs de permettre à l’enfant de mener une vie norma<strong>le</strong>, à la fois<br />

sur <strong>le</strong>s plans physique et scolaire, et d’obtenir une normalisation des fonctions respiratoires. Les<br />

traitements médicamenteux vont souvent représenter la pierre angulaire pour réaliser ces objectifs,<br />

mais ils sont loin de constituer <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s mesures nécessaires. D’autres actions doivent être<br />

entreprises systématiquement, quel<strong>le</strong> que soit la sévérité initia<strong>le</strong> de l’asthme :<br />

- Contrô<strong>le</strong> optimal de l’environnement, avec limitation de l’exposition aux al<strong>le</strong>rgènes et lutte contre <strong>le</strong><br />

tabagisme passif<br />

- Education de l’enfant et de sa famil<strong>le</strong>, permettant une bonne compréhension de la maladie, une<br />

meil<strong>le</strong>ure compliance aux traitements et une adaptation optima<strong>le</strong> des thérapeutiques en cas de crise.<br />

- Surveillance régulière par <strong>le</strong> médecin traitant avec nécessité de consultations spécialisées dès que<br />

l’asthme est sévère.<br />

4.1. Le traitement médicamenteux<br />

Dès que l’asthme est au moins léger, un traitement médicamenteux de fond est nécessaire. Les<br />

corticoïdes inhalés représentent <strong>le</strong> traitement de première intention. Bien qu’aucune répercussion à<br />

long terme sur la croissance ou la minéralisation osseuse n’ait été démontrée chez l’enfant, la règ<strong>le</strong><br />

est de rechercher systématiquement la dose minima<strong>le</strong> efficace. Les doses considérées comme faib<strong>le</strong>s<br />

chez l’enfant sont rapportées tab<strong>le</strong>au 5.<br />

Tab<strong>le</strong>au 5. Corticoïdes inhalés et doses considérées comme faib<strong>le</strong>s chez l’enfant<br />

Systèmes Spécialités Dose usuel<strong>le</strong><br />

Beclomethasone Spray<br />

Becotide<br />

≤ 500 µg/j<br />

Beclojet<br />

sauf solutions : 100 µg<br />

Beclone<br />

x2/j<br />

Autoha<strong>le</strong>r<br />

Inha<strong>le</strong>r<br />

Clickha<strong>le</strong>r<br />

Easyha<strong>le</strong>r<br />

Beclometasone Merck<br />

Ecobec<br />

Spir<br />

Nexxair (solution)<br />

QVAR (solution)<br />

Miflasone<br />

Asmabec<br />

Budesonide Spray ou Turbuha<strong>le</strong>r<br />

Bemedrex<br />

Pulmicort<br />

≤ 400 µg/j<br />

Inha<strong>le</strong>r<br />

Miflonil<br />

Novolizer<br />

Novopulmon<br />

Fluticasone Spray ou Diskus Flixotide ≤ 250 µg/j<br />

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Les bronchodilatateurs inhalés à longue durée d’action ne doivent jamais être prescrits sans<br />

traitement anti-inflammatoire associé. Ils sont indiqués lorsque la corticothérapie inhalée faib<strong>le</strong> dose<br />

n’a pas permis d’obtenir un bon équilibre de l’asthme ou d’emblée, lorsque l’asthme est sévère. Ils<br />

sont éga<strong>le</strong>ment très uti<strong>le</strong>s lorsque <strong>le</strong>s gênes à l’effort sont fréquentes. Les anti<strong>le</strong>ucotriènes ont des<br />

indications superposab<strong>le</strong>s à cel<strong>le</strong> des bronchodilatateurs longue durée d’action.<br />

Les différentes étapes de l’escalade thérapeutique sont représentées par la figure 3. Lorsqu’un bon<br />

contrô<strong>le</strong> de l’asthme est obtenu, une diminution progressive des traitements est possib<strong>le</strong>. Les<br />

interval<strong>le</strong>s de temps à respecter avant d’envisager une diminution thérapeutique ne sont pas<br />

clairement déterminés. Une période de parfaite stabilité d’au moins 3 à 6 mois paraît raisonnab<strong>le</strong><br />

avant d’envisager une décroissance thérapeutique. Ce délai peut être plus court lorsque <strong>le</strong> traitement<br />

est source potentiel<strong>le</strong> d’effets secondaires (corticoïdes inhalés à très fortes doses (≥ 1000 µg/j)).<br />

4.2. Apprendre à l'enfant et sa famil<strong>le</strong> <strong>le</strong>s techniques d’inhalation et choisir cel<strong>le</strong> qui est <strong>le</strong> plus<br />

adaptée à l’âge de l’enfant et à ces capacités.<br />

Plusieurs systèmes d’inhalation à la fois pour <strong>le</strong>s bronchodilatateurs et <strong>le</strong>s anti-inflammatoires sont<br />

disponib<strong>le</strong>s. Le système choisi doit être adapté aux capacités techniques d’exécution de l’enfant<br />

(figure 4). A partir de 6 ans, l’enfant est théoriquement capab<strong>le</strong> d’utiliser la plupart des systèmes<br />

d’inhalation. Seul l’aérosol-doseur simp<strong>le</strong> ne peut être proposé avant 8 ans, du fait de la nécessité<br />

d’une parfaite coordination entre <strong>le</strong> déc<strong>le</strong>nchement de la dose et l’inspiration profonde. Cette<br />

coordination reste d’ail<strong>le</strong>urs souvent mauvaise bien après 8 ans.<br />

En termes d’efficacité clinique, aucune différence n’a pu être démontrée entre ces systèmes, sous<br />

réserve de <strong>le</strong>ur bonne utilisation. L’essentiel pour <strong>le</strong> praticien est donc de toujours s’assurer du bon<br />

maniement du système choisi, non seu<strong>le</strong>ment lors de la prescription initia<strong>le</strong>, mais éga<strong>le</strong>ment à chaque<br />

visite de surveillance.<br />

4.3. Apprendre à l'enfant et sa famil<strong>le</strong> à reconnaître <strong>le</strong>s différents facteurs déc<strong>le</strong>nchants ou <strong>le</strong>s<br />

signes annonciateurs d'une crise d'asthme, permettant ainsi d’éviter une crise par un renforcement<br />

prophylactique du traitement.<br />

Les facteurs déc<strong>le</strong>nchants sont très variab<strong>le</strong>s d’un enfant à l’autre. Les plus fréquemment retrouvés<br />

sont :<br />

- <strong>le</strong>s infections vira<strong>le</strong>s<br />

- <strong>le</strong>s al<strong>le</strong>rgènes aéroportés<br />

- l’exercice<br />

- <strong>le</strong>s émotions et <strong>le</strong> stress<br />

- <strong>le</strong>s polluants domestiques (tabac) ou atmosphériques<br />

Les différents éléments orientant vers tel ou tel facteur déc<strong>le</strong>nchant doivent être systématiquement<br />

recherchés. La responsabilité des al<strong>le</strong>rgènes alimentaires est plus rarement retrouvée mais el<strong>le</strong> ne<br />

doit pas être méconnue. Tout symptôme buccal associé (picotement, prurit, gonf<strong>le</strong>ment des lèvres)<br />

doit faire rechercher ces agents al<strong>le</strong>rgéniques. L’aspirine est rarement en cause chez l’enfant.<br />

La reconnaissance des facteurs déc<strong>le</strong>nchants propres à l’enfant permet d’identifier <strong>le</strong>s situations à<br />

risque et donc de proposer des attitudes préventives adaptées.<br />

Il est notamment important qu’une bonne information soit donnée concernant <strong>le</strong> sport. L’enfant et sa<br />

famil<strong>le</strong> doivent connaître <strong>le</strong>s facteurs qui favorisent la survenue d’un bronchospasme : exercice<br />

intense et prolongé, respiration bucca<strong>le</strong>, air inspiré froid et/ou sec, facteur surajouté d’inflammation<br />

bronchique (infection vira<strong>le</strong>, exposition à l’ozone). Des mesures non médicamenteuses préventives<br />

(pas d’endurance <strong>le</strong>s jours de pics de pollution) ou d’adaptation (échauffement, adaptation de<br />

l’intensité d’effort et notamment de la vitesse de course au niveau du seuil de dyspnée) peuvent ainsi<br />

être mis en place. Une prévention médicamenteuse peut éga<strong>le</strong>ment être proposée : ß2 courte action,<br />

ß2 longue action, anti<strong>le</strong>ucotriène.<br />

4.4. Surveillance<br />

Une fois <strong>le</strong> traitement entrepris, <strong>le</strong>s EFR permettent de vérifier soit la normalisation des EFR si el<strong>le</strong>s<br />

étaient initia<strong>le</strong>ment perturbées, soit l’absence de détérioration si el<strong>le</strong>s étaient initia<strong>le</strong>ment norma<strong>le</strong>s.<br />

Une apparente stabilité clinique ne signifie pas forcément une normalité des fonctions respiratoires. Le<br />

rythme des EFR au cours du suivi doit être adapté à la sévérité de l’asthme mais doit être au moins<br />

annuel. La persistance d'une obstruction intercritique des voies aériennes, malgré une stabilité<br />

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clinique, doit faire renforcer <strong>le</strong> traitement de fond et un contrô<strong>le</strong> de la normalisation des fonctions<br />

respiratoires doit être effectué 2 à 3 mois après <strong>le</strong>s modifications thérapeutiques.<br />

5. CONDUITE A TENIR DEVANT UNE CRISE D’ASTHME DE L’ENFANT<br />

La description clinique complète de la crise d’asthme figure dans la question « Al<strong>le</strong>rgie respiratoire de<br />

l’enfant ». Lorsqu’une crise d’asthme survient, l’appréciation de sa sévérité est un élément capital et<br />

repose sur des paramètres assez simp<strong>le</strong>s à recueillir (tab<strong>le</strong>au 6). Certains renseignements sont<br />

éga<strong>le</strong>ment indispensab<strong>le</strong>s à recueillir devant une crise d’asthme aiguë : facteurs déc<strong>le</strong>nchants<br />

apparents de la crise, durée de la crise, dérou<strong>le</strong>ment des crises antérieures, traitements déjà<br />

proposés à l’enfant et <strong>le</strong>ur efficacité, traitement de fond, médicaments déjà donnés à l’enfant pour la<br />

crise actuel<strong>le</strong>.<br />

Tab<strong>le</strong>au 6. Evaluation de la sévérité d’une crise d’asthme chez l’enfant<br />

Crise sévère<br />

Difficultés d’élocution<br />

Polypnée ≥ 60/min avant 2 ans<br />

≥ 50/min entre 2 et 5 ans<br />

≥ 30/min après 5 ans<br />

Pouls ≥ 140/min avant 2 ans<br />

≥ 130/min entre 2 et 5 ans<br />

≥ 120/min après 5 ans<br />

DEP ≤ 50% théorique ou meil<strong>le</strong>ure va<strong>le</strong>ur personnel<strong>le</strong><br />

Non réponse aux bronchodilatateurs<br />

Crise très sévère DEP ≤ 33% théorique ou meil<strong>le</strong>ure va<strong>le</strong>ur personnel<strong>le</strong><br />

Examens complémentaires uti<strong>le</strong>s<br />

Cyanose ou SaO2 < 92%<br />

Abolition du murmure vésiculaire<br />

Bradycardie ou hypotension<br />

Fatigue ou Epuisement ; Sueurs<br />

Agitation ou Diminution du niveau de conscience<br />

En l’absence de signes de sévérité, <strong>le</strong>s examens complémentaires sont habituel<strong>le</strong>ment inuti<strong>le</strong>s. Seu<strong>le</strong><br />

la radiographie de thorax peut être nécessaire s’il existe à l’auscultation des signes en foyer ou s’il<br />

s’agit d’un premier épisode.<br />

En cas de crise sévère, <strong>le</strong>s examens complémentaires restent peu contributifs à la prise en charge<br />

initia<strong>le</strong> des enfants. La mesure de la gazométrie artériel<strong>le</strong> n’est réalisée que chez <strong>le</strong>s enfants <strong>le</strong>s plus<br />

sévères, pour <strong>le</strong>squels un transfert en soins intensifs est envisagé. Une normocapnie constitue déjà<br />

un signe d’alarme car el<strong>le</strong> témoigne d’une obstruction quasi-complète des voies aériennes. L’hypoxie<br />

est constante, mais de moindre va<strong>le</strong>ur d’alarme que la capnie. La radiographie de thorax n’a d’intérêt<br />

que chez <strong>le</strong>s enfants présentant une crise sévère répondant mal au traitement initial, et nécessitant<br />

une surveillance hospitalière.<br />

Un bilan sanguin n’est pas systématique : NFS et CRP en cas de contexte infectieux, ionogramme<br />

sanguin à la recherche de troub<strong>le</strong>s de l’hydratation ou d’une hypokaliémie.<br />

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Médicaments de la crise et posologies<br />

Bronchodilatateurs<br />

L’administration de ß2 mimétiques est systématique lors de toute crise d’asthme. Ils sont <strong>le</strong> plus<br />

souvent administrés sous forme de nébulisations aux urgences hospitalières. Deux molécu<strong>le</strong>s sont<br />

disponib<strong>le</strong>s : salbutamol et terbutaline (tab<strong>le</strong>au 7).<br />

Tab<strong>le</strong>au 7 : ß2 mimétiques et posologie au cours de la crise d’asthme<br />

Molécu<strong>le</strong> Nom<br />

commercial<br />

Présentation Posologie au cours de la crise<br />

Ventoline Injectab<strong>le</strong> SC 0,5 mg/ 1<br />

ml<br />

Ventoline nébulisation flacon 0,5 % 0,05 à 0,15 mg/kg/nébulisation<br />

(compte-goutte : 0,25 soit 0,01 à 0,03 ml/kg, soit 2 à 6 gouttes/kg<br />

mg/goutte)<br />

max = 5 mg = 1 ml = 20 gttes<br />

Ventoline nébulisation unidose 1,25, 0,05 à 0,15 mg/kg/nébulisation<br />

2,5 et 5 mg / 2,5 ml max = 5 mg<br />

Salbutamol Airomir<br />

Ventilastin<br />

autoha<strong>le</strong>r 100 µg<br />

Ventoline spray 100 µg<br />

1 dose / 2 à 4 kg de poids<br />

Asmasal clickha<strong>le</strong>r 90 µg<br />

Buventol easyha<strong>le</strong>r 100 µg<br />

Ventodisk poudre 200 µg 1 dose / 4 à 8 kg de poids<br />

nébulisation unidose 5<br />

mg/2 ml<br />

0,1 à 0,2 mg/kg/nébulisation<br />

Injectab<strong>le</strong> SC 0,5 mg / 1 0,005 à 0,01 mg/kg, soit 0,01 à 0,02 ml /<br />

ml<br />

kg<br />

Terbutaline Bricanyl turbuha<strong>le</strong>r 500 µg 1 dose / 4 à 8 kg de poids<br />

spray 250 µg 1 dose / 2 à 4 kg de poids<br />

Les nébulisations répétées à interval<strong>le</strong>s brefs semb<strong>le</strong>nt aussi efficaces que la nébulisation continue.<br />

Cette dernière peut toutefois s’avérer plus efficace dans <strong>le</strong>s formes résistantes à la prise en charge<br />

initia<strong>le</strong>, à condition de disposer du nébuliseur adéquat. L’administration de bronchodilatateurs inhalés<br />

à l’aide d’une chambre d’inhalation est une très bonne alternative aux nébulisations dans <strong>le</strong>s crises<br />

modérées. La posologie est alors d’une bouffée par 2 à 4 kg de poids, sans dépasser 10 bouffées.<br />

Des recommandations similaires peuvent être données pour la gestion de la crise à domici<strong>le</strong>, avec <strong>le</strong>s<br />

systèmes basés sur une inspiration profonde (Autoha<strong>le</strong>r, Turbuha<strong>le</strong>r, Novolizer ...).<br />

Dans <strong>le</strong>s crises sévères, la place des ß2 mimétiques systémiques, en addition aux ß2 inhalés, est<br />

discutée. Une étude a montré un bénéfice à l’administration d’un bolus IV de salbutamol 15 µg/kg.<br />

Cette attitude reste toutefois peu utilisée et est <strong>le</strong> plus souvent remplacée par l’administration de ß2mimétiques<br />

sous-cutanés. L’administration continue de ß2-mimétiques intra-veineux est réservée aux<br />

crises très sévères ne répondant pas aux traitements initiaux. La posologie initia<strong>le</strong> est de 1 à 2<br />

µg/kg/min et peut être progressivement augmentée jusqu’à 5 µg/kg/min, avec surveillance<br />

é<strong>le</strong>ctrolytique régulière. Les enfants recevant ce type de traitement sont habituel<strong>le</strong>ment transférés<br />

dans une unité de soins intensifs ou dans un service proche d’une réanimation. Le transfert en<br />

réanimation est impératif pour des doses supérieures à 2 µg/kg/min.<br />

La place des anticholinergiques est plus restrictive et limitée aux crises sévères. Le produit disponib<strong>le</strong><br />

en France est <strong>le</strong> bromure d’ipratropium (Atrovent), sous la forme de dosettes enfant à 0,25 mg/1 ou 2<br />

ml (dosettes adultes = 0,5 mg/1 ou 2 ml). L’Atrovent est ajoutée aux 3 à 6 premières nébulisations de<br />

ß2. Il n’y a actuel<strong>le</strong>ment pas d’intérêt démontré à poursuivre l’Atrovent après cette prise en charge<br />

initia<strong>le</strong>.<br />

La place des théophyllines est désormais extrêmement réduite. L’aminophylline IV peut garder des<br />

indications en soins intensifs dans <strong>le</strong>s formes résistantes à une prise en charge maxima<strong>le</strong> incluant un<br />

ß2 mimétique IV.<br />

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Corticoïdes<br />

Les corticoïdes inhalés n’ont actuel<strong>le</strong>ment aucune indication dans la gestion de la crise d’asthme,<br />

même si certaines études pilotes témoignent du potentiel intérêt de <strong>le</strong>ur administration à fortes doses.<br />

Toute crise d’asthme sévère est indication à une corticothérapie systémique. La voie ora<strong>le</strong> est<br />

suffisante dans <strong>le</strong>s crises sévères. La posologie est de 2 mg/kg de prednisone ou de prednisolone en<br />

une prise, avec une dose maxima<strong>le</strong> de 60 mg. Il ne semb<strong>le</strong> pas y avoir de gain significatif à utiliser des<br />

doses plus importantes. Un traitement de 3 jours est en règ<strong>le</strong> suffisant, mais peut être prolongé<br />

jusqu’à obtenir un bon contrô<strong>le</strong> de l’asthme. Une décroissance progressive n’est pas nécessaire en fin<br />

de traitement. La voie intra-veineuse est justifiée en cas d’impossibilité de la voie ora<strong>le</strong> :<br />

vomissements, grande fatigue, altérations de la conscience. Methylprednisolone (Solumedrol® 0,5<br />

mg/kg/6h) ou hydrocortisone (4 mg/kg/4h) peuvent être utilisés. Certaines équipes font une dose de<br />

charge initia<strong>le</strong> (Solumedrol® 2 mg/kg à la première injection).<br />

L’ensemb<strong>le</strong> de la démarche thérapeutique est résumée Figure 5.<br />

Autres mesures<br />

Oxygène. Une oxygénothérapie doit être proposée pour maintenir la SaO2 au moins à 95%. Les<br />

nébulisations sont éga<strong>le</strong>ment administrées à l’aide d’O2, 6 L/min.<br />

Hydratation. Les enfants présentant une crise sévère prolongée doivent bénéficier d’une hydratation<br />

intraveineuse. Le débit recommandé est <strong>le</strong> plus souvent de 2,2 L/m 2 /24h. Une correction de<br />

l’hypokaliémie est parfois nécessaire.<br />

Reconnaître <strong>le</strong>s complications de la crise d’asthme<br />

Les troub<strong>le</strong>s de ventilation. Ils témoignent de l’hypersécrétion bronchique et de la stase dans <strong>le</strong>s voies<br />

aériennes. Ils se traduisent par une até<strong>le</strong>ctasie ou par un emphysème obstructif et sont <strong>le</strong> plus<br />

souvent réversib<strong>le</strong>s sous bronchodilatateurs et kinésithérapie.<br />

Un pneumomédiastin peut survenir, par rupture alvéolaire, dans 1 à 5% des crises. L’air passe ainsi<br />

dans <strong>le</strong>s tissus périvasculaires et gagne <strong>le</strong> hi<strong>le</strong> et <strong>le</strong> médiastin. Il est suspecté devant une détérioration<br />

bruta<strong>le</strong> de l’état respiratoire et est affirmé par l’existence d’un emphysème sous-cutané au niveau<br />

cervical ou thoracique antérieur. Il est visib<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s clichés du thorax sous la forme d’hyperclartés<br />

linéaires bordant <strong>le</strong>s contours cardiaques. Son traitement est celui de la crise d’asthme.<br />

Un pneumothorax est <strong>le</strong> plus souvent la conséquence d’un pneumomédiastin, l’air ayant gagné la<br />

plèvre viscéra<strong>le</strong> à partir du hi<strong>le</strong>. Il est évacué s’il est important ou mal toléré.<br />

6. DEVENIR DE L’ASTHME DE L’ENFANT<br />

Le devenir d’un enfant asthmatique n’est pas univoque. Si l’on s’intéresse au devenir des<br />

manifestations précoces, il est désormais reconnu que la majorité des nourrissons avec épisodes de<br />

wheezing vont rapidement devenir asymptomatiques, souvent avant l’âge scolaire. Les différentes<br />

études épidémiologiques s’accordent sur une « fourchette » de 20 à 40% des nourrissons siff<strong>le</strong>urs<br />

gardant des manifestations de wheezing à 10 ans. Toutefois, bien que l’atopie (familia<strong>le</strong> ou<br />

personnel<strong>le</strong>) et la sévérité de l’asthme augmentent significativement <strong>le</strong> risque de persistance de<br />

l’asthme, la prédiction de la persistance de l’asthme, à l’échelon individuel, n’est jamais tota<strong>le</strong>ment<br />

fiab<strong>le</strong>. Par contre, lorsque l'asthme est présent chez l'enfant d'âge scolaire, <strong>le</strong> risque de persistance à<br />

l'âge adulte est beaucoup plus é<strong>le</strong>vé, entre 60 et 80%. Au même titre que l’atopie et la sévérité de<br />

l’asthme, <strong>le</strong> sexe féminin et <strong>le</strong> tabagisme actif sont des facteurs importants de la persistance de<br />

l'asthme à l'âge adulte. L'influence potentiel<strong>le</strong> des traitements anti-inflammatoires sur l'évolution<br />

naturel<strong>le</strong> de l'asthme reste mal connue.<br />

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Points essentiels<br />

¤ L’asthme constitue la première maladie chronique de l’enfant. Il reste encore fréquemment non<br />

reconnu et donc mal pris en charge.<br />

¤ L’étape diagnostique comprend toujours un interrogatoire et un examen clinique soigneux, ainsi<br />

qu’une radiographie de thorax.<br />

¤ Les explorations fonctionnel<strong>le</strong>s respiratoires sont systématiques dès que l’enfant peut <strong>le</strong>s réaliser<br />

(environ 3 ans). Le bilan al<strong>le</strong>rgologique est éga<strong>le</strong>ment systématique, sauf chez <strong>le</strong> nourrisson où ses<br />

indications sont plus ciblées.<br />

¤ Des manifestations « asthmatiformes » peuvent révé<strong>le</strong>r d’autres pathologies que l’asthme. Certains<br />

signes recueillis lors du bilan initial peuvent orienter vers ces diagnostics différentiels et motiver<br />

d’autres explorations complémentaires. La vigilance doit être particulièrement renforcée chez <strong>le</strong><br />

nourrisson.<br />

¤ Les indications thérapeutiques décou<strong>le</strong>nt du degré de sévérité de l’asthme. Le traitement de fond<br />

repose sur une corticothérapie inhalée dont la dose minima<strong>le</strong> efficace doit toujours être recherchée.<br />

Les techniques d’inhalation doivent être adaptées à l’âge de l’enfant et la qualité de <strong>le</strong>ur exécution doit<br />

être vérifiée à chaque consultation.<br />

¤ Les ß2-mimétiques inhalés représentent <strong>le</strong> traitement de première ligne de la crise d’asthme. Une<br />

corticothérapie ora<strong>le</strong> doit être adjointe dès que des signes de sévérité sont présents.<br />

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Boiterie et troub<strong>le</strong>s de la démarche<br />

Auteurs : Pr. Jean-Philippe CAHUZAC (Toulouse), Pr. Joël LECHEVALLIER (Rouen)<br />

Objectifs :<br />

Devant une boiterie ou un troub<strong>le</strong> de la démarche de l’enfant, l’étudiant doit savoir argumenter et<br />

hiérarchiser <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s hypothèses diagnostiques et justifier <strong>le</strong>s examens complémentaires<br />

pertinents.<br />

¤ Connaître la marche norma<strong>le</strong>.<br />

¤ Connaître l‘évolution naturel<strong>le</strong> de la morphologie fronta<strong>le</strong> des membres inférieurs : Genu varum et<br />

Genu valgum.<br />

¤ Connaître l’évolution naturel<strong>le</strong> de la morphologie horizonta<strong>le</strong> des membres inférieurs : Antétorsion<br />

fémora<strong>le</strong> et Torsion tibia<strong>le</strong> externe.<br />

¤ Différencier <strong>le</strong>s pieds plats idiopathiques et <strong>le</strong>s pieds plats secondaires.<br />

¤ Reconnaître un pied creux et en tirer des conséquences.<br />

¤ Signification de la démarche sur la pointe des pieds.<br />

¤ Connaître <strong>le</strong>s caractères d’une boiterie<br />

¤ Connaître <strong>le</strong>s différentes causes possib<strong>le</strong>s de boiterie ainsi que <strong>le</strong>urs principaux caractères<br />

cliniques.<br />

¤ Etre en mesure de hiérarchiser <strong>le</strong>s diagnostics possib<strong>le</strong>s de boiterie en fonction de l’âge de l’enfant,<br />

et de ses caractères cliniques.<br />

¤ Connaître <strong>le</strong>s caractères cliniques et radiologiques de la maladie de Legg- Perthes- Calvé<br />

¤ Connaître <strong>le</strong>s caractères cliniques et radiologies de l’épiphysiolyse fémora<strong>le</strong> supérieure.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

I - LES TROUBLES DE LA DEMARCHE<br />

Faq 1 - Qu'est-ce que la marche norma<strong>le</strong> ?<br />

Faq 2 - Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s anomalies du morphotype dans <strong>le</strong> plan frontal ?<br />

Faq 3 - Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s anomalies du morphotype dans <strong>le</strong> plan horizontal ?<br />

Faq 4 - Qu’est-ce qu’un pied plat ?<br />

Faq 5 - Qu’est ce qu’un pied creux ?<br />

Faq 6 - Qu’est-ce que la marche sur la pointe des pieds ?<br />

II - BOITERIES<br />

Faq 7 - Qu’est-ce qu’une boiterie ?<br />

Faq 8 - Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s boiteries de hanche ?<br />

Faq 9 - Une boiterie n’est pas toujours liée à une pathologie de hanche !<br />

Faq 10 - Comment faire <strong>le</strong> diagnostic d’une boiterie ?<br />

Conclusion<br />

Points essentiels


Introduction<br />

Les troub<strong>le</strong>s de la démarche représentent environ 30 % des consultations d’orthopédie pédiatrique. Ils<br />

sont habituel<strong>le</strong>ment distingués en deux groupes : <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s de la démarche proprement dits, qui à<br />

défaut d’être toujours symétriques intéressent <strong>le</strong> plus souvent <strong>le</strong>s deux membres inférieurs, et <strong>le</strong>s<br />

boiteries qui résultent d’une atteinte unilatéra<strong>le</strong> et habituel<strong>le</strong>ment focalisée.<br />

Les motifs de consultation pour troub<strong>le</strong> de la démarche sont variab<strong>le</strong>s : soit <strong>le</strong>s « pieds tournent », soit<br />

<strong>le</strong>s « genoux se touchent » ou encore <strong>le</strong>s « chevil<strong>le</strong>s se couchent ».... Ces faits qui inquiètent la<br />

famil<strong>le</strong> doivent être interprétés en fonction de l’âge car avec <strong>le</strong> temps ils peuvent se corriger, se<br />

compenser ou persister. La plupart du temps ces troub<strong>le</strong>s sont passagers et représentent un moment<br />

dans l’évolution de la morphologie des membres inférieurs. Cependant ils peuvent aussi être <strong>le</strong> signe<br />

d’appel d’une pathologie neuro-musculaire ou malformative qu’il est indispensab<strong>le</strong> de reconnaître et<br />

de traiter.<br />

Au contraire, une boiterie révè<strong>le</strong> toujours une pathologie précise et n’a pas de lien avec une anomalie<br />

morphologique. Il ne faut pas se laisser impressionner par un long catalogue des diagnostics<br />

étiologiques possib<strong>le</strong>s. Un bon interrogatoire et un examen clinique très simp<strong>le</strong> peuvent orienter vers<br />

<strong>le</strong>s grandes causes <strong>le</strong>s plus habituel<strong>le</strong>s : traumatiques, infectieuses, trophiques, congénita<strong>le</strong>s ou<br />

neurologiques. Les examens complémentaires sont demandés en fonction des signes cliniques et de<br />

la structure qu’on souhaite explorer (articulation, os, musc<strong>le</strong>s,…). Ils permettent de confirmer ou de<br />

faire <strong>le</strong> diagnostic.<br />

I - LES TROUBLES DE LA DEMARCHE<br />

Faq 1 - Qu'est-ce que la marche norma<strong>le</strong> ?<br />

• Définition<br />

La marche norma<strong>le</strong> est une succession de mouvements des deux membres inférieurs, du bassin et de<br />

la partie supérieure du corps qui permettent au corps de se déplacer vers l’avant tout en gardant sa<br />

stabilité. Lorsque <strong>le</strong> corps se déplace vers l’avant, un membre inférieur est en appui alors que l’autre<br />

avance vers un nouveau point de contact qui sera <strong>le</strong> prochain support. Pour permettre <strong>le</strong> transfert du<br />

poids du corps d’un membre inférieur à l’autre, il est nécessaire que pendant une courte période <strong>le</strong>s<br />

deux pieds soient en contact simultanée avec <strong>le</strong> sol (c’est la phase du doub<strong>le</strong> appui).<br />

• Un enfant acquiert la marche entre 10 et 16 mois<br />

Cette acquisition est <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t de la maturation du système nerveux central, de la croissance du<br />

système ostéo-musculaire et des capacités d’apprentissage de l’enfant.<br />

Si la marche n’est pas acquise vers 16 à 18 mois cela justifie d’un examen neuromusculaire.<br />

• La marche est qualifiée d’« adulte » à partir de l’âge de 7 ans<br />

El<strong>le</strong> est faite de cyc<strong>le</strong>s réguliers au cour desquels chaque membre inférieur a une phase d’appui<br />

et une phase oscillante.<br />

Le cyc<strong>le</strong> de marche débute lors du contact initial par <strong>le</strong> talon, et s’étend jusqu’au prochain contact au<br />

sol par <strong>le</strong> même talon.<br />

Le cyc<strong>le</strong> de marche se divise en deux parties : une phase d’appui de 0 à 60 % et une phase oscillante<br />

de 60 à 100 % du cyc<strong>le</strong> de marche.<br />

Au cours du cyc<strong>le</strong> de marche il existe deux périodes de doub<strong>le</strong> appui (de 0 à 10 % et de 50 à 60 %)<br />

correspondant au transfert du poids d’un membre inférieur à l’autre.<br />

• Comment caractériser la marche ?<br />

- Par <strong>le</strong>s paramètres spatio-temporels qui correspondent à des distances mesurées à partir des<br />

positions des pieds lors de la marche par rapport à la ligne de progression :


o la vitesse : distance parcourue par unité de temps (vitesse norma<strong>le</strong> 1,2m/s)<br />

o la longueur du pas : distance séparant <strong>le</strong>s pieds droit et gauche pendant la marche<br />

lorsqu’ils sont posés sur <strong>le</strong> sol (0,96 m)<br />

o la cadence : nombre de pas par minute (75 pas/m).<br />

o l’ang<strong>le</strong> du pas : ang<strong>le</strong> entre la ligne de progression et l’axe du pied (8°)<br />

- Par <strong>le</strong>s positions articulaires de membres inférieurs lors de la marche. On mesure <strong>le</strong>s amplitudes<br />

articulaires des mouvements de la hanche, du genou, de la chevil<strong>le</strong> et du pied.<br />

- Par <strong>le</strong>s forces d’appui mesurées lors de la phase d’appui.<br />

- Par l’analyse de l’activité é<strong>le</strong>ctrique musculaire lors de mouvements (e<strong>le</strong>ctromyographie)<br />

- par la consommation d’énergie nécessaire à la marche.<br />

La modification de la marche est un signe d’appel fréquent qui justifie un examen de l’enfant.<br />

[A. Dimeglio. Ch .Hérisson, L. Simon. La marche de l’enfant. 2002. Sauramps médical ]<br />

Faq 2 - Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s anomalies du morphotype dans <strong>le</strong> plan frontal ?<br />

• Définition du morphotype frontal des membres inférieurs<br />

Il est défini soit par l’ang<strong>le</strong> diaphysaire fémoro-tibial soit par la distance (ou écart) inter-malléolaire ou<br />

inter-condylienne.<br />

Sur un enfant debout, on par<strong>le</strong> de GENU VALGUM s’il existe un écart inter-malléolaire et un ang<strong>le</strong><br />

fémoro-tibial positif et de GENU VARUM s’il il existe un écart intercondylien et un ang<strong>le</strong> fémoro-tibial<br />

négatif.<br />

• Signes d’appel<br />

L’enfant est amené en consultation soit parce que « <strong>le</strong>s genoux se touchent » en marchant, soit parce<br />

qu’il est gêné pour faire du sport.<br />

• Méthodes de mesure du morphotype dans <strong>le</strong> plan frontal<br />

- Conditions d’examen :<br />

L’enfant est placé en position de référence : debout, rotu<strong>le</strong>s de face, genoux en extension.<br />

- Mesures cliniques :<br />

- l’ang<strong>le</strong> fémoro-tibial est défini par l’axe allant de l’épine iliaque antéro-inférieure au<br />

centre de la rotu<strong>le</strong> et l’axe allant du centre de la rotu<strong>le</strong> au milieu de l’articulation tibiotalienne.<br />

- l’écart inter-malléolaire mesure la distance entre <strong>le</strong>s deux malléo<strong>le</strong>s internes<br />

- l’écart inter-condylien mesure la distance entre <strong>le</strong>s deux condy<strong>le</strong>s internes.<br />

- Mesure radiographique :<br />

Sur une radiographie des membres inférieurs en totalité dans la position de référence on mesure<br />

l’ang<strong>le</strong> diaphysaire fémoro-tibial.


• Quel<strong>le</strong> est l’évolution du morphotype frontal avec la croissance ?<br />

Le morphotype frontal évolue pendant la croissance en trois phases :<br />

- De la naissance à l’âge de 18 mois : VARUS FEMORO-TIBIAL<br />

A la naissance il existe un varus fémoro-tibial de -15° qui diminue progressivement<br />

pour s’annu<strong>le</strong> vers 18 mois - 2 ans.<br />

- De l’âge de 2 ans à la puberté : VALGUS FEMORO-TIBIAL<br />

A partir de 2 ans, un valgus fémoro-tibial apparaît. Il est maximal (+10°) à l’âge de 3<br />

ans chez la fil<strong>le</strong> et 4 ans chez <strong>le</strong> garçon. Puis <strong>le</strong> valgus diminue progressivement et<br />

atteint 5° vers l’âge de 8 à 9 ans et se stabilise jusqu’à la puberté.<br />

- De la puberté à la fin de la croissance : TENDANCE VARISANTE<br />

A partir de la puberté (11 ans chez la fil<strong>le</strong>, et 13 ans chez <strong>le</strong> garçon), <strong>le</strong> morphotype<br />

frontal évolue selon <strong>le</strong> sexe : <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s conservent <strong>le</strong>ur genu valgum ou deviennent<br />

normo-axées, alors que <strong>le</strong>s garçons soit deviennent normo-axés, soit évoluent vers<br />

un genu varum.<br />

A la fin de la croissance <strong>le</strong> morphotype frontal se répartit ainsi : chez l’homme il y a 50<br />

% de genu varum, 40 % de normo-axés et 10 % de genu valgum alors que chez la<br />

femme il existe 20 % de genu varum, 40 % de normo-axés et 40 % de genu valgum.<br />

• Morphotypes frontaux « pathologiques »<br />

Il existe des situations cliniques qui doivent faire rechercher une étiologie à ces déformations<br />

fronta<strong>le</strong>s.<br />

- un genu varum qui persiste après l’âge de deux ans.<br />

Un examen clinique et radiographique est nécessaire et permet de différencier :<br />

Courbures tibia<strong>le</strong>s « idiopathiques »


C’est <strong>le</strong> cas <strong>le</strong> plus fréquent.<br />

Inf<strong>le</strong>xion tibia<strong>le</strong> interne médio-diaphysaire bilatéra<strong>le</strong> et harmonieuse.<br />

L’enfant marche <strong>le</strong>s « pieds en dedans » et présente un genu varum bilatéral et symétrique.<br />

Evolution : régression spontanée. Avec <strong>le</strong> temps (1 à 2 ans) <strong>le</strong>s courbures tibia<strong>le</strong>s disparaissent mais<br />

la marche <strong>le</strong>s « pieds en dedans » persiste longtemps (3 à 4 ans), voire définitivement.<br />

Courbures tibia<strong>le</strong>s « rachitiques »<br />

Courbures tibia<strong>le</strong>s bilatéra<strong>le</strong>s et symétriques.<br />

Radiographie des membres inférieurs : élargissement des cartilages de croissance.<br />

Un bilan phospho-calcique est nécessaire car <strong>le</strong> rachitisme peut être vitamino-résistant.<br />

Traitement par la vitamine D : bonne évolution des courbures tibia<strong>le</strong>s.<br />

La maladie de Blount<br />

Genu varum bilatéral ou unilatéral chez un enfant qui présente une avance staturo-pondéra<strong>le</strong>.<br />

Radiographie : tassement épiphyso-métaphysaire tibial interne.<br />

Evolution spontanée : aggravation progressive.<br />

Traitement :<br />

Avant 3 ans : traitement orthopédique par attel<strong>le</strong><br />

Après 3 ans ostéotomie de valgisation du plateau tibial interne.<br />

Un genu varum associé à une petite tail<strong>le</strong><br />

Rechercher une maladie osseuse constitutionnel<strong>le</strong> (achondroplasie...)<br />

- Tout genu valgum ou varum unilatéral après 3 ans.<br />

Il peut traduire une épiphysiodèse latéralisée d’un cartilage de croissance du genou d’origine posttraumatique,<br />

infectieuse, ou liée à une maladie osseuse plus généra<strong>le</strong> (dysplasie fibreuse, maladie<br />

des chondromes multip<strong>le</strong>s, maladie exostosante...)


- Tout genu varum ou genu valgum idiopathique mesuré à plus<br />

de 2 DS de la norma<strong>le</strong> doit être surveillé<br />

On considère qu’en phase pubertaire (11 ans chez la fil<strong>le</strong> et 13 ans chez <strong>le</strong> garçon) il existe un<br />

morphotype frontal anormal si chez un garçon ou une fil<strong>le</strong> on mesure un écart inter-malléolaire<br />

supérieur à 10 cm ou un écart inter-condylien supérieur à 4 cm. Le risque d’aggravation en fin de<br />

croissance peut justifier d’une épiphysiodèse latéralisée du cartilage de croissance.<br />

Faq 3 - Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s anomalies du morphotype dans <strong>le</strong> plan horizontal ?<br />

De nombreux enfants sont vus en consultation car ils « tournent <strong>le</strong>s pieds en dedans ou en dehors »<br />

lors de la marche. Cette pathologie est souvent liée à une torsion anorma<strong>le</strong> du fémur et/ou du tibia.<br />

• Quel<strong>le</strong> est l’évolution des torsions fémora<strong>le</strong>s et tibia<strong>le</strong>s au cours de la<br />

croissance ?<br />

Les os longs des membres inférieurs ont une torsion sur eux mêmes tel<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s deux extrémités ne<br />

sont pas dans <strong>le</strong> même plan horizontal.<br />

- Fémur : A la naissance il existe une antétorsion fémora<strong>le</strong> de 35° (torsion tel<strong>le</strong> que la<br />

tête fémora<strong>le</strong> et <strong>le</strong> col sont en avant du plan de référence vertical contenant <strong>le</strong>s<br />

condy<strong>le</strong>s fémoraux). El<strong>le</strong> diminue en moyenne de 1° par an jusqu’à la fin de la<br />

croissance et à l’âge adulte l’antétorsion fémora<strong>le</strong> est comprise entre 10 et 15°. Cette<br />

évolution n’est pas toujours uniforme : el<strong>le</strong> est souvent rapide entre la naissance et 3<br />

ans, puis se ra<strong>le</strong>ntit par la suite.<br />

- Tibia : A la naissance la torsion tibia<strong>le</strong> est nul<strong>le</strong>. Puis entre la naissance et 5 ans<br />

apparaît une torsion tibia<strong>le</strong> externe de 20° tel<strong>le</strong> qu l’épiphyse tibia<strong>le</strong> supérieure étant<br />

dans un plan de référence vertical, la pince bi-malléolaire est tournée en dehors.<br />

Cette torsion tibia<strong>le</strong> externe augmente doucement jusqu’à 30° en fin de croissance.<br />

Conclusion : Il existe au cours de la croissance un mouvement inversé de détorsion fémora<strong>le</strong> et de<br />

torsion tibia<strong>le</strong> externe.<br />

• Comment mesure t-on <strong>le</strong>s torsions ?<br />

Pour apprécier <strong>le</strong>s torsions fémora<strong>le</strong>s et tibia<strong>le</strong>s il faut :<br />

- Regarder l’enfant marcher :<br />

Pendant la marche on regarde la position respective des genoux et des pieds. Norma<strong>le</strong>ment au<br />

moment de la phase d’appui <strong>le</strong> pied est dirigé en dehors de 8 à 10° (ang<strong>le</strong> du pas) et <strong>le</strong> genou (c’est à<br />

dire la rotu<strong>le</strong>) est vu de face.<br />

- Mesurer la torsion fémora<strong>le</strong> par la méthode de Netter :


Sur un sujet en décubitus ventral, genou fléchi à 90°, on amène la hanche en rotation interne jusqu’à<br />

ce que l’on perçoive la saillie maxima<strong>le</strong> du grand trochanter. L’ang<strong>le</strong> que fait la jambe avec la ligne<br />

vertica<strong>le</strong> représente l’antétorsion fémora<strong>le</strong> .<br />

- Mesurer la torsion tibia<strong>le</strong> :<br />

Sur un sujet en décubitus dorsal, <strong>le</strong> membre inférieur en extension, la rotu<strong>le</strong> est amenée dans un plan<br />

horizontal (parallè<strong>le</strong> au plan de la tab<strong>le</strong> d’examen). Puis on mesure l’ang<strong>le</strong> entre l’axe transversal<br />

rotulien pris pour référence et l’axe de la pince malléolaire .<br />

- Mesure tomodensitométrique :<br />

Le scanner permet une mesure directe des torsions fémora<strong>le</strong>s (ang<strong>le</strong> entre la tangente aux condy<strong>le</strong>s<br />

fémoraux et l’axe cervico-céphalique) et tibia<strong>le</strong>s (ang<strong>le</strong> entre la tangente au plateau tibial et l’axe<br />

malléolaire). Cette mesure n’est demandé que pour <strong>le</strong>s enfants qui doivent être opérés.<br />

• Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s aspects cliniques des troub<strong>le</strong>s de torsions ?<br />

Il existe deux grands groupes d’enfants présentant une anomalie de torsion des membres inférieurs :<br />

On distingue deux types :<br />

- Groupe des enfants qui marchent « <strong>le</strong>s pieds en dedans ou en<br />

rotation interne » :<br />

- Enfants qui marchent « genoux et pieds en dedans ». Ce groupe se caractérise par<br />

une antétorsion fémora<strong>le</strong> exagérée.<br />

- Enfants qui marchent « genoux de face et pieds en dedans ». Ce groupe se<br />

caractérise par une antétorsion norma<strong>le</strong> pour l’âge et une torsion tibia<strong>le</strong> externe nul<strong>le</strong><br />

ou insuffisante.<br />

Ces deux groupes sont fréquents chez l’enfant jeune (< à 6 ans), et sont susceptib<strong>le</strong>s de s’améliorer<br />

avec l’âge car l’antétorsion diminue et la torsion tibia<strong>le</strong> externe augmente. Il n’y a donc aucune raison<br />

de corriger <strong>le</strong>s enfants qui marchent avec « <strong>le</strong>s pieds en rotation interne » avant la fin de la croissance<br />

si <strong>le</strong> défaut persiste.<br />

On distingue deux types :<br />

- Groupe des enfants qui « marchent <strong>le</strong>s pieds en dehors ou en<br />

rotation externe » :


- Enfants qui marchent « genoux et pieds en dehors » . Ce groupe se<br />

caractérise par une antétorsion fémora<strong>le</strong> norma<strong>le</strong> et une torsion tibia<strong>le</strong> externe<br />

exagérée.<br />

- Enfants qui marchent « genoux en dedans et pieds en dehors » . Ce groupe<br />

associe une antétorsion fémora<strong>le</strong> et une torsion tibia<strong>le</strong> externe exagérée.<br />

Ces deux groupes apparaissent tardivement (après l’âge de 10 ans) et ne sont pas susceptib<strong>le</strong>s de<br />

s‘améliorer.<br />

• Quel<strong>le</strong> est l’étiologie des « pieds qui tournent » ?<br />

Idiopathique : <strong>le</strong> plus fréquent.<br />

Troub<strong>le</strong> de marche lié a un excès ou une insuffisance de torsion du fémur ou du tibia .<br />

Pathologie neuromusculaire frustre ou débutante :<br />

L’interrogatoire permet de soupçonner cette étiologie :<br />

- l’enfant est-il né à terme (c’est la recherche d’un facteur de risque lié à la<br />

prématurité) ?<br />

- quel<strong>le</strong>s ont été <strong>le</strong>s suites immédiates de l’accouchement : score d’Apgar à la<br />

naissance ? réanimation ?<br />

- a t-il toujours marché avec <strong>le</strong>s « pieds qui tournent » ou ce signe est-il apparu<br />

secondairement (atteinte neuromusculaire secondaire progressive) ?<br />

• Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s conséquences à long terme des troub<strong>le</strong>s de torsion<br />

idiopathiques ?<br />

Ces excès ou insuffisance de torsions ont des conséquences dynamiques sur <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> de la marche<br />

ou sur la course. Cependant, on ne connaît pas <strong>le</strong>s conséquences articulaires à long terme de ces<br />

anomalies même si <strong>le</strong>ur relation avec l’arthrose est soupçonnée. Ceci explique la rareté des<br />

corrections chirurgica<strong>le</strong>s par ostéotomies de dérotation en fin de croissance.<br />

Faq 4 - Qu’est-ce qu’un pied plat ?<br />

Le pied plat correspond à un affaissement de l’arche interne en position debout. Il est très fréquent<br />

chez l’enfant.<br />

• Diagnostic d’un pied plat<br />

- Motif de consultation<br />

- usure des chaussures, gène à la marche, aspect esthétique, entorses de la chevil<strong>le</strong><br />

à répétition.<br />

- Apprécier <strong>le</strong> contexte : âge, obésité, hyperlaxité.<br />

- Examen debout<br />

- sans chaussette ou chaussure :<br />

Vu de dos :


- effondrement de la voûte plantaire<br />

- valgus calcanéen<br />

On mesure l’ang<strong>le</strong> que fait <strong>le</strong> tendon d’Achil<strong>le</strong> et l’axe vertical du talon. Cet ang<strong>le</strong> est norma<strong>le</strong>ment de<br />

8° de valgus.<br />

- Test de réductibilité : Il faut demander à l’enfant de se mettre sur la pointe des<br />

pieds. Norma<strong>le</strong>ment, la voûte se creuse et <strong>le</strong> valgus calcanéen se réduit.<br />

- Examen couché :<br />

Mesure de la f<strong>le</strong>xion dorsa<strong>le</strong> passive de la chevil<strong>le</strong> à la recherche d’un tendon d’Achil<strong>le</strong> court ou<br />

rétracté.<br />

Un examen neurologique est nécessaire.<br />

- Analyse debout sur <strong>le</strong> podoscope<br />

Classification de l’appui plantaire en 3 stades selon l’importance de l’appui.<br />

- Radiographies du pied face et profil en charge<br />

Le pied plat correspond à une augmentation de la divergence astragalo- calcanéenne sur <strong>le</strong>s deux<br />

incidences.<br />

- Signes de gravité d’un pied plat<br />

- Contexte neurologique (prématurité, réanimation...), ou entorses à répétition.<br />

- Absence de réduction du valgus calcanéen lors de la mise sur la pointe des<br />

pieds ou raideur de la sous-talienne.<br />

- Malformations des orteils.<br />

Seu<strong>le</strong>, la présence de ces signes de gravité justifie la demande de radiographies des<br />

pieds en charge face et profil.<br />

• Quel<strong>le</strong> est l’évolution morphologique norma<strong>le</strong> du pied ?<br />

A la naissance : il existe un pied plat physiologique, puis à partir de 2 ou 3 ans <strong>le</strong> pied se creuse.<br />

Cette évolution se poursuit longtemps et il ne reste que très peu de pieds plats en fin de croissance.<br />

Ainsi vers 4 ou 5ans, 75% des pieds sont plats contre 12,5 % dans la tranche d’âge 8-13 ans. On peut<br />

constater que cette évolution est parallè<strong>le</strong> à l’évolution de la torsion tibia<strong>le</strong> externe. En effet, avec l’âge


la torsion tibia<strong>le</strong> externe augmente et la divergence talo-calcanéenne diminue ce qui correspond à la<br />

diminution du pied plat.<br />

• Quel<strong>le</strong> est l’étiologie du pied plat ?<br />

- idiopathiques : (95%).<br />

- secondaires :<br />

- soit à une pathologie neurologique (infirmité motrice cérébra<strong>le</strong>...)<br />

- soit à une hyperlaxité (trisomie 21, maladie de Marfan....)<br />

- soit à une synostose de l’arrière pied (talo-calcanéenne , calcanéoscaphoidienne<br />

.....).<br />

• Quel est <strong>le</strong> traitement des pieds plats ?<br />

Du fait de cette évolution spontanée, il n’y a pas de traitement du pied plat idiopathique. Les semel<strong>le</strong>s<br />

orthopédiques ne modifient pas l’évolution naturel<strong>le</strong> du pied plat qui se fait dans la très grande<br />

majorité des cas vers l’amélioration.<br />

L’important est de séparer <strong>le</strong> pied plat soup<strong>le</strong> « physiologique », des pieds plats secondaires<br />

entraînant gênes et dou<strong>le</strong>urs qui pourront justifier d’un traitement chirurgical.<br />

Faq 5 - Qu’est ce qu’un pied creux ?<br />

Le pied creux correspond à une augmentation de l’arche interne entraînant en position debout<br />

une diminution des appuis sur <strong>le</strong> sol.<br />

Le pied creux est rare et doit toujours faire rechercher une affection neurologique.<br />

• Diagnostic<br />

Il faut rechercher en priorité :<br />

- Motifs de consultation : déformation des chaussures, démarche<br />

anorma<strong>le</strong>, difficultés de chaussage, fatigabilité ou dou<strong>le</strong>urs plantaires.<br />

- Interrogatoire : Depuis quand ? Antécédents familiaux ?<br />

- Examen à la marche : il existe une griffe des orteils qui au début<br />

n’apparaît que lors de la phase oscillante du pas, puis qui devient<br />

constante.<br />

- Examen debout et sur <strong>le</strong> podoscope :<br />

- varus calcanéen<br />

- griffe des orteils<br />

- bursites et des durillons plantaires<br />

- diminution de l’appui de l’arche externe.<br />

- Examen neurologique obligatoire :<br />

- Une hérédo dégénérescence : Maladie de Friedreich (difficultés à marcher sur <strong>le</strong>s<br />

talons, abolitions des réf<strong>le</strong>xes ostéo-tendineux, déficit sensitif) ou une Maladie de<br />

Charcot Marie Tooth (Antécédents, réf<strong>le</strong>xes ostéo-tendineux polycinétiques,<br />

signe de Babinski). Demander une EMG.<br />

- Une malformation lombo-sacrée ou cervico occipita<strong>le</strong> (Dysraphisme,


nævus lombaire, inégalité de longueur, hypotrophie d’un membre..). Demander une<br />

radiographie du rachis face et profil.<br />

- Une infirmité motrice cérébra<strong>le</strong> à minima (Antécédents personnels, syndrome<br />

pyramidal, scanner crânien...)<br />

Cependant un pied creux bilatéral peut être idiopathique.<br />

- Radiographies de profil des pieds en charge : mesure de l’ang<strong>le</strong><br />

défini par l’axe longitudinal de l’astraga<strong>le</strong> et l’axe passant par <strong>le</strong><br />

premier métatarsien.<br />

- Quel<strong>le</strong> est la Surveillance et <strong>le</strong> traitement ?<br />

- Les pieds creux idiopathiques : pas de surveillance ou de<br />

traitement.<br />

- Les pieds creux secondaires :<br />

- Consultation annuel<strong>le</strong> à la recherche d’une<br />

aggravation.<br />

- Traitement : Les pieds creux qui évoluent, doivent<br />

être opérés.<br />

- soit libérations plantaires (section<br />

musculaire qui « ouvrent » l’arche<br />

interne),.<br />

- soit interventions osseuses<br />

qui corrigent la déformation et la fixe<br />

dans une attitude norma<strong>le</strong><br />

(ostéotomies du calcanéum,<br />

tarsectomie antérieure ou arthrodèse<br />

sous talienne et médio-tarsienne).<br />

Faq 6 - Qu’est-ce que la marche sur la pointe des pieds ?<br />

Il est fréquent qu’un jeune enfant (2 à 5 ans) soit amené en consultation car il « marche sur la pointe<br />

des pieds ».<br />

Cette situation recoupe deux étiologies différentes :<br />

- La marche « idiopathique » en équin (ou Toe Walking<br />

syndrome) :<br />

Aucun antécédent particulier.<br />

Marche sur la pointe des pieds depuis toujours mais au repos, il est parfaitement plantigrade.<br />

A l’examen : pas de rétraction du triceps sural que <strong>le</strong> genou soit en f<strong>le</strong>xion ou en extension.<br />

Ce cas est <strong>le</strong> plus souvent résolutif.<br />

- La marche en équin d’origine neuromusculaire :<br />

Marche sur la pointe des pieds mais au repos, l’enfant reste en équin.<br />

A l’examen : il existe une rétraction du triceps sural qui se traduit par un déficit passif de f<strong>le</strong>xion<br />

dorsa<strong>le</strong> du pied que <strong>le</strong> genou soit en f<strong>le</strong>xion ou en extension.<br />

Etiologie : une infirmité motrice d’origine cérébra<strong>le</strong> à minima, une maladie de Charcot Marie ou une<br />

myopathie (maladie de Duchenne)...


II - BOITERIES<br />

Toute atteinte d’un membre inférieur peut être responsab<strong>le</strong> d’une boiterie. Quatre causes sont plus<br />

habituel<strong>le</strong>s :<br />

¤ Une dou<strong>le</strong>ur, quel<strong>le</strong> que soit sa localisation<br />

¤ Une raideur de toute articulation du membre inférieur<br />

¤ Une anomalie anatomique, du défaut axial à l’inégalité de longueur des membres<br />

inférieurs<br />

¤ Une perturbation neuro-musculaire, du troub<strong>le</strong> de la commande motrice à la<br />

paralysie d’un musc<strong>le</strong>.<br />

Faq 7 - Qu’est-ce qu’une boiterie ?<br />

Une boiterie est un signe clinique défini comme une perturbation de la marche responsab<strong>le</strong> d’une<br />

asymétrie du pas. Il est pas toujours faci<strong>le</strong> de déterminer <strong>le</strong> coté pathologique, en particulier chez <strong>le</strong><br />

jeune enfant quand la plainte douloureuse n’est pas exprimée. Cette asymétrie se voit, mais el<strong>le</strong> peut<br />

aussi s’entendre : la boiterie est en effet une perturbation de la marche dans son dérou<strong>le</strong>ment, mais<br />

aussi dans son rythme. La boiterie est habituel<strong>le</strong>ment due à une dou<strong>le</strong>ur ou à une raideur articulaire.<br />

Deux types de boiteries sont <strong>le</strong> plus fréquemment observés :<br />

- La boiterie d’esquive : L’enfant réduit <strong>le</strong> temps d’appui au sol du membre pathologique. La<br />

situation la plus typique est observée en cas de traumatisme du pied ou de la chevil<strong>le</strong>. En fait c’est la<br />

boiterie observée pour toute atteinte du membre inférieur à l’exception de la hanche.<br />

- La boiterie de Trende<strong>le</strong>nburg : L’enfant bascu<strong>le</strong> <strong>le</strong> tronc et <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s au dessus du membre<br />

pathologique. C’est la boiterie observée dans <strong>le</strong>s pathologies de hanche. La boiterie de Trende<strong>le</strong>nburg<br />

a été initia<strong>le</strong>ment décrite chez <strong>le</strong>s patients présentant une paralysie des musc<strong>le</strong>s fessiers (gluteus<br />

maximus et gluteus medius). Pour palier à l’insuffisance de ces musc<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> patient bascu<strong>le</strong> alors <strong>le</strong><br />

tronc du coté paralysé pour transférer son centre de gravité au dessus de la hanche, diminuant alors<br />

<strong>le</strong> bras de <strong>le</strong>vier (« balance de Pauwels » ) nécessaire au maintien de l’équilibre. Ainsi, de façon<br />

paradoxa<strong>le</strong> mais mécaniquement logique, quand <strong>le</strong> centre de gravité est transféré au dessus d’une<br />

hanche, cel<strong>le</strong>-ci supporte une charge trois fois moins importante, et <strong>le</strong>s fessiers réalisent un effort<br />

deux fois moindre. Dans toute autre pathologie de hanche cette même boiterie diminue la charge<br />

appliquée à l’articulation de la hanche, et donc <strong>le</strong>s dou<strong>le</strong>urs qui s’y associent.<br />

[F. Pauwels. Biomécanique de l’appareil moteur. Berlin. 1979. Springer verlag]<br />

Faq 8 - Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s boiteries de hanche ?<br />

Quatre maladies de la hanche peuvent être révélées par une boiterie : <strong>le</strong> rhume de hanche,<br />

l’ostéochondrite primitive, ou l’épiphysiolyse ou la luxation congénita<strong>le</strong> de la hanche. A part, <strong>le</strong>s<br />

infections ostéoarticulaires peuvent se manifester initia<strong>le</strong>ment par une boiterie : arthrite septique,<br />

ostéomyélite du col fémoral, du grand trochanter ou de tout autre segment osseux de la région.<br />

En pratique, l’âge de l’enfant est l’élément déterminant du diagnostic. Si <strong>le</strong>s infections ostéoarticulaires<br />

doivent être évoquées à tout age, <strong>le</strong>s autres affections ont des âges très précis de prédi<strong>le</strong>ction.<br />

• Luxation congénita<strong>le</strong> de hanche<br />

El<strong>le</strong> est observée lors de l’acquisition de la marche.<br />

L e diagnostic (cf FAQ 10) est actuel<strong>le</strong>ment exceptionnel<strong>le</strong>ment fait après l’âge de la marche devant<br />

une boiterie. La limitation de l’abduction de la hanche est nette. La radiographie est évidente.


• Synovite aiguë transitoire (SAT) ou rhume de hanche<br />

El<strong>le</strong> survient habituel<strong>le</strong>ment entre 3 et 5 ans.<br />

C’est une boiterie aiguë observée habituel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> matin au réveil et associée à une dou<strong>le</strong>ur plus ou<br />

moins intense. L’interrogatoire révè<strong>le</strong> fréquemment une infection des voies aériennes supérieures<br />

dans <strong>le</strong>s deux semaines qui précèdent l’installation des symptômes.<br />

L’examen clinique trouve une limitation douloureuse de la rotation interne et de l’abduction de la<br />

hanche. La température ne dépasse jamais 37.5° et <strong>le</strong> reste de l’examen est normal.<br />

La radiographie de bassin de face et la hanche douloureuse de profil permettent d’éliminer une lésion<br />

osseuse et de montrer <strong>le</strong>s signes indirects de l’épanchement intra-articulaire qui au besoin<br />

confirmé et mesuré par l’échographie.<br />

Il n’y a pas de syndrome infectieux biologique.<br />

La synovite aiguë transitoire est un diagnostic d’élimination de sorte qu’il est habituel de contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s<br />

patients quelques mois plus tard (radiographie) pour s’assurer de l’absence de signes<br />

d’ostéochondrite. Dans certains cas <strong>le</strong> diagnostic est incertain. La priorité est d’éliminer une arthrite<br />

septique de la hanche.<br />

La mise au repos simp<strong>le</strong>, ou la mise en traction quelques jours est habituel<strong>le</strong>ment suffisante pour<br />

obtenir la guérison. Les récidives sont rares.<br />

• Ostéonécrose fémora<strong>le</strong> supérieure ou Maladie de Legg Perthes et Calvé ou<br />

ostéochondrite primitive de hanche<br />

El<strong>le</strong> touche habituel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> garçon (80% des cas) âgé de 4 à 8 ans.<br />

C’est la nécrose ischémique de l’épiphyse fémora<strong>le</strong> supérieure survenant au cours de la période de<br />

croissance.<br />

La boiterie est d’installation insidieuse, augmentant à l’effort et en fin de journée. El<strong>le</strong> a la particularité<br />

de n’être ni permanente ni toujours douloureuse, de sorte que <strong>le</strong> diagnostic peut être retardé de<br />

quelques semaines à plusieurs mois.<br />

Une limitation des amplitudes articulaires (surtout la rotation interne et l’abduction) est habituel<strong>le</strong>. La<br />

dou<strong>le</strong>ur est inconstante à la mobilisation.<br />

La radiographie montre des signes variab<strong>le</strong>s en fonction du stade évolutif de la maladie :<br />

Au début, <strong>le</strong>s signes radiologiques sont discrets : une diminution de la hauteur, un aplatissement du<br />

noyau épiphysaire ou une image en « coup d’ong<strong>le</strong> » sous chondral.<br />

A un stade plus avancé <strong>le</strong> diagnostic devient évident. L’évolution obéit à un véritab<strong>le</strong> cyc<strong>le</strong><br />

radiologique qui traduit <strong>le</strong>s stades évolutifs de la maladie. La guérison est constante et<br />

spontanée, mais el<strong>le</strong> survient avec des séquel<strong>le</strong>s morphologiques plus ou moins graves. C’est sur<br />

l’importance de ces séquel<strong>le</strong>s que l’on peut agir par <strong>le</strong>s différentes méthodes thérapeutiques<br />

orthopédiques ou chirurgica<strong>le</strong>s.<br />

[Diméglio A, Hérisson C, Simon L. La maladie de Legg-Perthes-Calvé. Paris : Masson, 1999 : 43-46 ]<br />

• Epiphysiolyse fémora<strong>le</strong> supérieure (EFS)<br />

C’est la principa<strong>le</strong> cause de boiterie de hanche de la période pubertaire.<br />

C’est une maladie du cartilage de croissance responsab<strong>le</strong> du glissement de l’épiphyse fémora<strong>le</strong><br />

supérieure sur la métaphyse. El<strong>le</strong> se manifeste sous deux formes complètement différentes<br />

Il est rare que cette maladie survienne avant la période pubertaire (formes dites « juvéni<strong>le</strong>s »). Dans<br />

plus de la moitié des cas, <strong>le</strong>s patients présentent une surcharge pondéra<strong>le</strong>.<br />

Il s’agit d’une maladie non exceptionnel<strong>le</strong> de la hanche trop souvent méconnue, dont <strong>le</strong> traitement, s’il<br />

est assuré précocement est simp<strong>le</strong> et sûr.<br />

En raison des importants retards au diagnostic, <strong>le</strong> délai moyen de prise en charge chirurgical<br />

des cette affection après <strong>le</strong>s premières dou<strong>le</strong>urs est actuel<strong>le</strong>ment de 3 mois.<br />

- EFS stab<strong>le</strong>


La boiterie est permanente, avec tendance à la rotation externe du membre inférieur lors de la<br />

marche. El<strong>le</strong> s’exagère après <strong>le</strong>s efforts et <strong>le</strong>s activités sportives<br />

La dou<strong>le</strong>ur est inguina<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus souvent, mais peut être projetée et siéger au niveau du genou.<br />

La rotation interne de la hanche est toujours diminuée. La mise en rotation interne réveil<strong>le</strong> une dou<strong>le</strong>ur<br />

vive. L’abduction de la hanche peut être réduite et douloureuse.<br />

Deux incidences radiologiques sont nécessaires et suffisantes pour confirmer <strong>le</strong> diagnostic : bassin de<br />

face et <strong>le</strong>s deux hanches de profil. Au stade de début et du fait que <strong>le</strong> glissement est d’abord<br />

postérieur , la radiographie de bassin de face peut paraître norma<strong>le</strong>. Cel<strong>le</strong> ci met en évidence <strong>le</strong>s<br />

signes directs de la maladie du cartilage de croissance (aspect élargi, feuil<strong>le</strong>té et mal dessiné) ou <strong>le</strong>s<br />

signes indirects du glissement (diminution de la hauteur de l’épiphyse fémora<strong>le</strong> supérieure). C’est <strong>le</strong><br />

cliché de profil qui met en évidence <strong>le</strong> signe direct du glissement (bascu<strong>le</strong> postérieure de l’épiphyse<br />

fémora<strong>le</strong> supérieure).<br />

A un stade plus évolué, la bascu<strong>le</strong> épiphysaire est non seu<strong>le</strong>ment postérieure, comme au début, mais<br />

aussi interne. El<strong>le</strong> devient alors évidente sur <strong>le</strong>s clichés de face. La classique ligne de K<strong>le</strong>in ,<br />

tangente au bord supérieur du col fémoral ne croise plus <strong>le</strong> po<strong>le</strong> supérieur de l’épiphyse. El<strong>le</strong> lui<br />

devient tangentiel<strong>le</strong>.<br />

- EFS instab<strong>le</strong><br />

C’est une urgence thérapeutique. Les circonstances du diagnostic sont complètement différentes et,<br />

c’est en urgence que l’on est amené à voir un ado<strong>le</strong>scent qui présente une impotence fonctionnel<strong>le</strong><br />

complète et hyperalgique du membre inférieur évoquant une fracture. Deux éléments caractérisent<br />

<strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au clinique : <strong>le</strong> traumatisme causal est minime voire inexistant. Presque constamment, une<br />

dou<strong>le</strong>ur de hanche et une boiterie ont été négligées depuis plusieurs semaines.<br />

Le membre inférieur est, comme pour une fracture du col du fémur, en adduction et rotation externe.<br />

Toute mobilisation de la hanche est extrêmement douloureuse.<br />

La radiographie de bassin de face est suffisante pour porter <strong>le</strong> diagnostic, il n’est <strong>le</strong> plus souvent<br />

pas possib<strong>le</strong> ni souhaitab<strong>le</strong> d’obtenir un cliché de profil chez un malade réveillé en raison de la<br />

dou<strong>le</strong>ur que provoque la mobilisation de la hanche.<br />

- Traitement<br />

Le traitement est chirurgical et consiste à fixer la tête fémora<strong>le</strong> par une vis. Cela est assez aisé quand<br />

l’épiphysiolyse es stab<strong>le</strong> et peu déplacée. Cela est plus délicat et dangereux quand el<strong>le</strong> est instab<strong>le</strong> et<br />

très déplacée.<br />

La réduction d’une épiphysiolyse à grand déplacement expose à une complication très grave :<br />

la nécrose de la tête fémora<strong>le</strong>.<br />

Un grand retard thérapeutique expose à une autre grave complication : la raideur et la coxite<br />

laminaire.<br />

C’est la raison pour laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> traitement doit toujours être réalisé très rapidement, dès que <strong>le</strong><br />

diagnostic est fait. EFS diagnostiquée = malade opéré dans <strong>le</strong>s 48 heures ! En attendant l’heure de<br />

l’intervention, l’enfant est mis en décharge, voire en traction.<br />

[Lechevallier J, Dalla Serra M. Epiphysiolyse fémora<strong>le</strong> supérieure. In : Filipe G, Damsin JP eds.<br />

Chirurgie et orthopédie de la hanche de l’enfant. Montpellier : Sauramps, 1991 : 261-266]<br />

[Penneçot JF. Epiphysiolyse fémora<strong>le</strong> supérieure. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris), Appareil<br />

locomoteur, 14-321-A-10 ; 1996, 6p.]<br />

• Autres boiteries de hanche<br />

- Infections ostéo-articulaires


Ce diagnostic fait l’objet d’un chapitre spécial<br />

- Boiteries traumatiques : Les arrachements apophysaires<br />

Ce sont des lésions provoquées par la mise en tension vio<strong>le</strong>nte d’une structure musculaire. Ils sont<br />

observés chez l’ado<strong>le</strong>scent. La symptomatologie est typique : la survenue d’une dou<strong>le</strong>ur vive à la suite<br />

d’une contraction musculaire vio<strong>le</strong>nte imposant l’arrêt immédiat de l’activité sportive. L’examen<br />

clinique retrouve un point douloureux exquis correspondant à l’insertion arrachée du tendon, la<br />

contraction contrariée du musc<strong>le</strong> correspondant provoque une dou<strong>le</strong>ur vio<strong>le</strong>nte. La radiographie<br />

montre l’image de l’arrachement apophysaire, et on a souvent recours à des incidences obliques ou<br />

localisées pour mieux visualiser la lésion.<br />

Ces arrachements peuvent concerner :<br />

- Les épines iliaques antéro-supérieure (sartorius) ou antéro-inférieure (rectus<br />

femoris).<br />

- Le petit trochanter qui s’arrache sous l’action du psoas major.<br />

- L’ischion, arraché par la mise en tension des musc<strong>le</strong>s ischiojambiers.<br />

Faq 9 - Une boiterie n’est pas toujours liée à une pathologie de hanche !<br />

• Fracture sous périostée du tibia<br />

El<strong>le</strong> est fréquente chez l’enfant à l’age de la marche jusqu’à 2 ans.<br />

Une lésion traumatique est assez aisée à identifier et à objectiver chez <strong>le</strong> grand enfant ou<br />

l’ado<strong>le</strong>scent. En outre, el<strong>le</strong> n’est que rarement révélée par une boiterie. Cela est beaucoup moins aisé<br />

chez <strong>le</strong> tout petit.<br />

La première cause de boiterie à cet âge est la fracture spiroïde sous périostée du tibia. Cette lésion<br />

est très particulière pour plusieurs raisons :<br />

- El<strong>le</strong> est liée à un traumatisme bénin, souvent passé inaperçu : l’enfant en phase<br />

d’apprentissage de la marche tombe fréquemment. Si son pied est pris entre <strong>le</strong>s<br />

barreaux de son lit, une simp<strong>le</strong> torsion peut provoquer cette fracture.<br />

- Le périoste est chez <strong>le</strong> jeune, un fourreau très solide qui ne se déchire pas très<br />

faci<strong>le</strong>ment. Il assure donc la continuité de l’os, comme l’emballage d’un sucre d’orge<br />

maintient son alignement, même s’il est cassé !<br />

- C’est la seu<strong>le</strong> fracture de jambe qui soit compatib<strong>le</strong> avec l’appui et donc la<br />

marche.<br />

L’image radiologique initia<strong>le</strong> est cel<strong>le</strong> du «cheveu d’ange» , trait de fracture fin à peine visib<strong>le</strong> sur<br />

l’une des deux incidences. Une dizaine de jours plus tard el<strong>le</strong> peut être affirmée par l’existence d’une<br />

apposition périostée. Aucun traitement n’est nécessaire. Il faut surtout rassurer <strong>le</strong>s parents sur la<br />

bénignité de cette lésion.<br />

• Tumeurs osseuses<br />

- Tumeurs bénignes<br />

La plupart des tumeurs bénignes de l’enfant peut-être observée. Le diagnostic repose sur l’imagerie<br />

éventuel<strong>le</strong>ment complété d’examen anatomo-pathologique.<br />

- Tumeurs malignes<br />

Tumeurs primitives


Les lésions tumora<strong>le</strong>s malignes de l’enfant sont dominées par <strong>le</strong>s sarcomes osseux . Ils sont<br />

plus souvent localisés au niveau du genou (extrémité inférieure du fémur ou supérieure du tibia).<br />

Tumeurs secondaires<br />

Les localisations secondaires des hémopathies ou des ganglioneuromes sont plus rares mais ne<br />

peuvent être oubliées. Le bilan sanguin et la palpation voire l’échographie abdomina<strong>le</strong> permettent<br />

habituel<strong>le</strong>ment d’en faire <strong>le</strong> diagnostic.<br />

• Pathologies malformatives ou congénita<strong>le</strong>s<br />

- Inégalité de longueur des membres inférieurs<br />

Les inégalités de longueur des membres inférieurs peuvent être causes de boiterie si el<strong>le</strong> sont de<br />

grande amplitude. L’enfant dispose en effet d’une grande capacité d’adaptation qui lui permet de<br />

marcher pratiquement norma<strong>le</strong>ment malgré une inégalité qui peut al<strong>le</strong>r jusqu’à 5 centimètres chez <strong>le</strong><br />

grand. Une inégalité inférieure à 1 cm avant 5 ans ou à 2 cm chez l’ado<strong>le</strong>scent n’est pas pathologique.<br />

Seu<strong>le</strong> une radiomensuration des membres inférieurs permet d’objectiver et de mesurer une inégalité.<br />

La radiographie de bassin de face est source d’erreurs, d’imprécision de mesure et d’insuffisance de<br />

diagnostic.<br />

• Pathologie neurologique<br />

Trois grandes catégories de pathologies neurologiques peuvent être observées. Les maladies<br />

génétiques, <strong>le</strong>s maladies congénita<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s tumeurs.<br />

- Maladies génétiques<br />

Leurs premiers signes peuvent n’apparaître qu’après plusieurs mois ou années de vie (myopathies,<br />

amyotrophies spina<strong>le</strong>s).<br />

- Les maladies congénita<strong>le</strong>s<br />

El<strong>le</strong>s entrent dans <strong>le</strong> vaste cadre des Infirmités Motrices. L’ hémiplégie cérébra<strong>le</strong> infanti<strong>le</strong> est la<br />

principa<strong>le</strong> cause neurologique de boiterie. Les diplégies entraînent des perturbations habituel<strong>le</strong>ment<br />

plus importantes, mais <strong>le</strong>ur caractère asymétrique peut donner l’allure d’une boiterie.<br />

- Tumeurs<br />

Les tumeurs responsab<strong>le</strong>s d’une perturbation de la marche peuvent intéresser <strong>le</strong> « contenant » : <strong>le</strong><br />

rachis, ou <strong>le</strong> « contenu » : la moel<strong>le</strong> épinière. El<strong>le</strong>s peuvent être primitives ou secondaires<br />

(métastases).Un sarcome osseux du rachis peut se révé<strong>le</strong>r par une compression médullaire ou une<br />

atteinte de la queue de cheval. Les tumeurs osseuses bénignes révélées par une boiterie sont plus<br />

rares. Les tumeurs de la moel<strong>le</strong> épinière ou de la queue de cheval sont rares mais peuvent se révé<strong>le</strong>r<br />

par une boiterie.<br />

Dans toutes ces hypothèses, LE signe clinique à rechercher est la RAIDEUR du rachis.<br />

• Les atteintes en rapport avec <strong>le</strong>s maladies hématologiques<br />

- Le granulome éosinophi<strong>le</strong><br />

La boiterie n’a pas de caractère spécifique. Le diagnostic repose sur l’imagerie et<br />

l’anatomopathologie.


- Les localisations secondaires d’hémopathies<br />

Les <strong>le</strong>ucémies comportent parfois des dou<strong>le</strong>urs diffuses mal systématisées dues à la prolifération<br />

massive du tissu hématopoïétique dans la médullaire. Les radiographies peuvent montrer des lésions<br />

osseuses non spécifiques à type de bandes claires métaphysaires, d’ostéoporose ou des zones<br />

d’ostéolyse.<br />

• Les rhumatismes infanti<strong>le</strong>s<br />

Dans une forme oligo ou monoarticulaire l’atteinte intéresse <strong>le</strong> genou ou la chevil<strong>le</strong>,<br />

exceptionnel<strong>le</strong>ment la hanche.<br />

Le problème diagnostique se pose surtout lors du premier épisode. Il est plus aisé à l’occasion d’une<br />

récidive ou lors d’une seconde localisation.<br />

Faq 10 - Comment faire <strong>le</strong> diagnostic d’une boiterie ?<br />

La connaissance des grands cadres étiologiques guide l’interrogatoire et l’examen clinique : Causes<br />

dystrophiques, vasculaires, infectieuses, neurologiques, congénita<strong>le</strong>s, traumatiques…<br />

• L’interrogatoire est la première étape fort riche d’informations<br />

L’âge de l’enfant est essentiel à l’orientation.<br />

- La boiterie<br />

On fait d’abord préciser :<br />

- <strong>le</strong> mode d’installation de la boiterie<br />

- son ancienneté,<br />

- son évolution,<br />

- son caractère permanent ou intermittent.<br />

- La dou<strong>le</strong>ur<br />

De même on fait préciser :<br />

- la date d’apparition de la dou<strong>le</strong>ur<br />

- sa localisation. Pour <strong>le</strong> très jeune enfant on demandera aux parents s’ils ont observé<br />

qu’un temps particulier de la toi<strong>le</strong>tte ou de l’habillage était responsab<strong>le</strong> de cette<br />

dou<strong>le</strong>ur.<br />

- son caractère permanent ou intermittent<br />

- son caractère diurne ou nocturne<br />

- son rythme mécanique ou inflammatoire<br />

- Le traumatisme responsab<strong>le</strong><br />

Il est fréquent qu’une dou<strong>le</strong>ur soit rapportée à tort à un traumatisme si banal et quotidien chez un<br />

enfant norma<strong>le</strong>ment actif. Il est donc indispensab<strong>le</strong> de faire préciser si l’intensité et la topographie de<br />

la dou<strong>le</strong>ur paraît en rapport avec cel<strong>le</strong> du traumatisme, et de savoir si certains signes ne préexistaient<br />

pas à celui ci.<br />

- Les signes généraux


On recherche une fièvre en précisant son amplitude et son ancienneté.<br />

On recherche des signes d’altération de l’état général.<br />

- Antécédents<br />

On interroge sur des antécédents récents, en particulier d’infection ORL et sur une éventuel<strong>le</strong><br />

administration d’antibiotiques.<br />

On se renseigne sur <strong>le</strong>s antécédents de pathologie néonata<strong>le</strong>, sur la date de l’acquisition de la<br />

marche.<br />

• L’examen Clinique<br />

La boiterie est évaluée : boiterie de hanche ? Boiterie d’esquive ?<br />

- Chez <strong>le</strong> jeune enfant (avant 5 ans)<br />

La dou<strong>le</strong>ur n’est pas bien exprimée (ou absente). La région atteinte responsab<strong>le</strong> de la boiterie n’est<br />

pas clairement identifiée. L’interrogatoire et l’examen doivent être systématiques. On examine<br />

l’enfant du rachis à l’hallux.<br />

Inspection<br />

El<strong>le</strong> recherche une attitude vicieuse du membre inférieur. Une attitude en f<strong>le</strong>xion, adduction et rotation<br />

externe est évocatrice d’une pathologie de hanche.<br />

On recherche une lésion cutanée, en particulier au niveau de la plante du pied.<br />

Une amyotrophie quadricipita<strong>le</strong> est un signe formel d’organicité.<br />

Palpation<br />

L’examen clinique commence par la palpation méthodique de tout <strong>le</strong> membre, en commençant par<br />

son extrémité dista<strong>le</strong> et en remontant jusqu’à la hanche. La diaphyse tibia<strong>le</strong> est palpée avec attention<br />

(possib<strong>le</strong> fracture sous périostée). Les métaphyses sont toutes examinées (dou<strong>le</strong>ur à la palpation,<br />

augmentation de la cha<strong>le</strong>ur loca<strong>le</strong> voire rougeur). Les articulations sont mobilisées et l’on note un<br />

déficit d’amplitude comparativement au coté opposé. La mobilisation pourra réveil<strong>le</strong>r une dou<strong>le</strong>ur.<br />

On recherche un choc rotulien.<br />

On palpe <strong>le</strong>s régions poplitée et inguina<strong>le</strong> à la recherche d’adénopathies.<br />

Il est nécessaire d’examiner soigneusement <strong>le</strong> rachis, à la recherche d’une dou<strong>le</strong>ur à la palpation ou<br />

d’une raideur.<br />

- Chez <strong>le</strong> grand enfant ou l’ado<strong>le</strong>scent<br />

La dou<strong>le</strong>ur est en règ<strong>le</strong> bien identifiée. La zone douloureuse est non ambiguë. L’examen, mené<br />

comme chez <strong>le</strong> jeune enfant peut-être plus focalisé sur la région douloureuse.<br />

Il faut simp<strong>le</strong>ment ne jamais oublier qu’une dou<strong>le</strong>ur du genou peut correspondre à la<br />

projection d’une pathologie de hanche.<br />

• Les examens complémentaires<br />

Aucun examen para-clinique n’est systématique devant une boiterie chez l’enfant. Le bilan est<br />

fonction des données de l’examen clinique et de la structure qu’on désire étudier.


- Imagerie<br />

Radiographie simp<strong>le</strong><br />

Si la suspicion porte sur la hanche on demande une radiographie de bassin de face avec hanche de<br />

profil. Les autres incidences sont choisies en fonction des données de l’examen clinique.<br />

Echographie<br />

C’est l’échographie qui visualise au mieux un épanchement articulaire au niveau de la hanche ou de<br />

la chevil<strong>le</strong>.<br />

El<strong>le</strong> peut aussi objectiver un épanchement des parties mol<strong>le</strong>s ou un abcès sous-périosté.<br />

Scintigraphie osseuse au technétium<br />

Cet examen peut être demandé quand on a la conviction d’une atteinte organique sans avoir pu<br />

l’objectiver par <strong>le</strong>s clichés simp<strong>le</strong>s. Sa demande relève de la consultation spécialisée.<br />

Tomodensitométrie, Résonance magnétique<br />

Leur demande n’a pas de caractère routinier. El<strong>le</strong> résulte d’une discussion avec <strong>le</strong> radiologue quand<br />

<strong>le</strong> diagnostic n’est pas fait ou si <strong>le</strong> plan thérapeutique en dépend. El<strong>le</strong> est orientée par <strong>le</strong>s anomalies<br />

re<strong>le</strong>vées sur <strong>le</strong>s clichés simp<strong>le</strong>s ou sur la scintigraphie.<br />

- Biologie<br />

Un bilan infectieux est bien entendu indispensab<strong>le</strong> en cas de suspicion d’infection ostéo-articulaire. Il<br />

comprend :<br />

- Numération Formu<strong>le</strong> Sanguine<br />

- Vitesse de sédimentation<br />

- Protéine C-Réactive (CRP)<br />

- Orosomucoïdes<br />

-Prélèvement bactériologique éventuel (urines)<br />

- Bactériologie<br />

La recherche bactériologique est fondamenta<strong>le</strong>, mais el<strong>le</strong> relève du spécialiste : ponction osseuse ou<br />

articulaire sous anesthésie. El<strong>le</strong> relève de l’urgence car el<strong>le</strong> est indiquée en cas de doute sur infection<br />

ostéoarticulaire.<br />

• En résumé…<br />

Tous <strong>le</strong>s diagnostics possib<strong>le</strong>s ne sont pas envisageab<strong>le</strong>s pour un même enfant. Quelques critères<br />

très simp<strong>le</strong>s doivent permettre une orientation précoce et un « pré tri » des diagnostics possib<strong>le</strong>s :<br />

- L’âge de l’enfant.<br />

- Le mode d’installation de la boiterie.<br />

- Le mode d’installation et d’évolution de la dou<strong>le</strong>ur.<br />

L’âge de l’enfant est <strong>le</strong> principal élément d’orientation<br />

- Le petit (avant 2 ans) présente plus volontiers une boiterie liée à une cause<br />

traumatique (<strong>le</strong>s chutes sont plus fréquentes à l’age de l’apprentissage de la marche),<br />

une cause infectieuse (la porte d’entrée ORL est particulièrement fréquente à cet âge)<br />

ou une anomalie congénita<strong>le</strong> (la perturbation est observée dès <strong>le</strong>s premiers pas).


- Chez <strong>le</strong> jeune enfant (entre 2 et 8 ans), on entre dans <strong>le</strong> domaine des pathologies<br />

de hanche. Le rhume de hanche ou synovite aiguë transitoire domine en fréquence ;<br />

l’ostéochondrite primitive de la hanche peut être lourde de conséquences<br />

- Chez <strong>le</strong> préado<strong>le</strong>scent on pensera en premier lieu à l’épiphysiolyse fémora<strong>le</strong><br />

supérieure qui survient à l’age ou <strong>le</strong> cartilage de croissance est de moindre<br />

résistance.<br />

- A tout âge, on peut observer une infection ostéo-articulaire, ou une lésion tumora<strong>le</strong><br />

primitive ou secondaire<br />

Le mode d’installation de la boiterie ou de la dou<strong>le</strong>ur doit être précisé<br />

- Une boiterie ancienne constatée dès <strong>le</strong>s premiers pas de l’enfant fait évoquer une pathologie<br />

congénita<strong>le</strong> ou une infirmité motrice<br />

- Une installation récente (quelques semaines) fait évoquer une pathologie acquise non aiguë :<br />

ostéochondrite, épiphysiolyse stab<strong>le</strong>, tumeur osseuse ou du système nerveux.<br />

- Une installation aiguë (quelques heures ou quelques jours) fait évoquer une pathologie infectieuse<br />

ou traumatique.<br />

La liste des diagnostics ne peut avoir de caractère exhaustif. Ceux qui sont rapportés ici sont<br />

détaillés soit en raison de <strong>le</strong>ur fréquence, soit en raison de <strong>le</strong>ur gravité.<br />

Conclusion<br />

Symptôme fréquent de la consultation orthopédique ou pédiatrique, la boiterie chez l’enfant se<br />

manifeste sous différents tab<strong>le</strong>aux cliniques. L’interrogatoire, l’examen clinique et l’imagerie<br />

permettent dans la majorité des cas de retrouver son origine. Certaines affections urgentes doivent<br />

être identifiées pour ne pas retarder la prise en charge thérapeutique.<br />

Points essentiels<br />

• Une boiterie chez l’enfant n’est pas obligatoirement due à une affection de la hanche : l’examen doit<br />

porter sur l’ensemb<strong>le</strong> du membre inférieur et sur <strong>le</strong> rachis.<br />

• Un enfant ne boite jamais « pour faire son intéressant ». Il y a presque toujours un diagnostic de<br />

pathologie organique derrière une boiterie.<br />

• Un traumatisme, fréquent chez l’enfant, est souvent rendu coupab<strong>le</strong> d’un symptôme douloureux. Il<br />

faut bien faire préciser la date et <strong>le</strong>s circonstances du traumatisme pour s’assurer de la cohérence du<br />

lien établi. Trop souvent, une pathologie plus grave est initia<strong>le</strong>ment rapportée à tort à un traumatisme.<br />

• « Un genou qui p<strong>le</strong>ure, c’est peut-être une hanche qui souffre » : Ne pas oublier que beaucoup<br />

de maladies de hanche ne se manifestent que par des gonalgies !<br />

• Le diagnostic <strong>le</strong> plus urgent : une arthrite ou une ostéomyélite !<br />

• Le diagnostic <strong>le</strong> plus souvent méconnu : l’épiphysiolyse fémora<strong>le</strong> supérieure.<br />

• Le diagnostic <strong>le</strong> plus improbab<strong>le</strong>: une tendinite.<br />

• Une inégalité de longueur inférieure à 3 centimètres (voire plus chez <strong>le</strong> grand) n’est pas responsab<strong>le</strong><br />

de boiterie


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Objectifs :<br />

Cancer de l'enfant :<br />

particularités épidémiologiques, diagnostiques et thérapeutiques<br />

Item 144<br />

Objectifs terminaux de l’ECN<br />

Expliquer <strong>le</strong>s particularités épidémiologiques, diagnostiques et thérapeutiques des principaux cancers<br />

de l’enfant.<br />

Objectifs pédagogiques intermédiaires du Collège de Pédiatrie<br />

L'étudiant doit être capab<strong>le</strong> de :<br />

- Citer <strong>le</strong>s âges correspondant aux principaux cancers de l’enfant.<br />

- Citer la fréquence des principaux cancers de l’enfant.<br />

- Citer <strong>le</strong>s principaux facteurs pronostiques des cancers de l’enfant.<br />

- Citer <strong>le</strong>s signes d’appels des principaux cancers de l’enfant.<br />

- Citer <strong>le</strong>s examens qui permettent de confirmer <strong>le</strong> diagnostic des principaux cancers.<br />

- Citer <strong>le</strong>s modalités thérapeutiques des principaux cancers de l’enfant.<br />

Sommaire :<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Particularités épidémiologiques<br />

Faq 2 - Particularités diagnostiques<br />

Faq 3 - Particularités thérapeutiques des cancers de l'enfant<br />

Faq 4 - Principaux cancers de l’enfant : principes de traitement et taux de guérison<br />

Faq 5 - Suivi des enfants après la fin du traitement<br />

Tab<strong>le</strong>aux<br />

Introduction<br />

Les cancers de l'enfant sont rares, puisqu'ils ne représentent que 1 % de l'ensemb<strong>le</strong> des cancers.<br />

Cette rareté concourt à <strong>le</strong>ur méconnaissance tant du grand public que des médecins, aboutissant à un<br />

important retard diagnostique. La plupart des cancers de l'enfant présente la particularité d’être très<br />

rapidement proliférant et chimiosensib<strong>le</strong>s. Cette importante chimiosensibilité associée à une bonne<br />

tolérance aux traitements, permettent d'obtenir des taux de guérison de l'ordre de 75 %. Cependant, <strong>le</strong><br />

cancer reste la deuxième cause de décès au-delà de l’âge de un an, après <strong>le</strong>s accidents.<br />

Faq 1 - Particularités épidémiologiques<br />

1 - Incidence : 130 nouveaux cas par million d'enfants âgés de moins de 15 ans, soit environ 1800<br />

nouveaux cas par an en France. Un enfant sur 500 est susceptib<strong>le</strong> de développer un cancer avant<br />

l’âge de 15 ans. L’incidence du cancer chez <strong>le</strong>s ado<strong>le</strong>scents de 15 à 19 ans est de 173 par million<br />

d’ado<strong>le</strong>scents.<br />

2 - Age : de la période anténata<strong>le</strong> (diagnostic in utero par échographie) à 18 ans. L'âge médian au<br />

diagnostic est de 5 ans. La majorité des ado<strong>le</strong>scents âgés de 18 ans étant scolarisée, il est important<br />

qu’ils soient hospitalisés dans des services prenant en charge enfants et ado<strong>le</strong>scents.<br />

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3 - Sexe ratio global : 1,13 M/F<br />

4 - Etiologie : Les facteurs d'environnement connus chez l'adulte ont un rô<strong>le</strong> très restreint dans la<br />

carcinogenèse de l'enfant, alors que <strong>le</strong>s facteurs génétiques sont prépondérants.<br />

Un certain nombre d’anomalies et de malformations congénita<strong>le</strong>s sont reliées à des anomalies<br />

géniques qui peuvent el<strong>le</strong>s-mêmes être prédisposantes au développement d’un cancer (moins de 5 %<br />

des cas). Ainsi, ce risque accru est observé en cas d'anomalie intestina<strong>le</strong>, urinaire, de dysgénésie<br />

gonadique, d’hémi-hypertrophie corporel<strong>le</strong>, d’un syndrome de Beckwith-Wiedemann, ou d’une aniridie.<br />

Il existe éga<strong>le</strong>ment des anomalies géniques prédisposant au cancer mais qui ne sont pas<br />

accompagnées de malformation ; c’est <strong>le</strong> cas des anomalies du gène du rétinoblastome (Rb) : L'étude<br />

de génération de famil<strong>le</strong>s de rétinoblastome (10 % des cas) a permis d'évaluer à 40 % <strong>le</strong> pourcentage<br />

de formes héréditaires, c’est-à-dire transmissib<strong>le</strong>s à partir du sujet lui-même selon un mode<br />

autosomiques dominant. Le gène Rb est <strong>le</strong> chef de fi<strong>le</strong> des gènes suppresseurs de tumeur.<br />

Dans moins de 1 % des cas, certains cancers (sarcomes des tissus mous et des os, tumeurs<br />

cérébra<strong>le</strong>s, corticosurrénalomes) s'intègrent dans <strong>le</strong> syndrome de Li-Fraumeni qui fait intervenir un<br />

autre gène de prédisposition aux cancers (p53).<br />

Certaines pathologies prédisposent à la survenue d’un cancer dont <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s sont : aberrations<br />

chromosomiques, phacomatoses, déficits immunitaires, syndromes d’instabilité chromosomique.<br />

5 - Répartition histo-pathologique : Certains cancers sont observés tout au long de l'enfance avec<br />

des pics de fréquence, d'autres sont spécifiques d'une tranche d'âge particulière (Tab<strong>le</strong>au I).<br />

Chez l’enfant, environ un tiers des cancers est représenté par <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ucémies, première cause de<br />

cancer, et un quart par <strong>le</strong>s tumeurs cérébra<strong>le</strong>s, première cause de tumeur solide. Les autres tumeurs<br />

solides sont dominées par <strong>le</strong>s tumeurs embryonnaires dans la première décennie, par <strong>le</strong>s sarcomes et<br />

<strong>le</strong>s lymphomes dans la deuxième décennie. La répartition des cancers est la suivante : <strong>le</strong>ucémies : 31<br />

% ; tumeurs cérébra<strong>le</strong>s 21 % ; lymphomes 12 % ; neuroblastomes : 10 % ; tumeurs réna<strong>le</strong>s 7 % ;<br />

sarcomes des tissus mous : 6 % ; tumeurs osseuses : 5 % ; tumeurs germina<strong>le</strong>s : 3 % ; carcinomes 3<br />

% ; rétinoblastomes : 3 % ; autres : 3 %. A l'inverse de ce qui est observé chez l'adulte, <strong>le</strong>s<br />

carcinomes sont exceptionnels.<br />

La répartition histologique est différente chez l’ado<strong>le</strong>scent : lymphomes : 23% ; tumeurs germina<strong>le</strong>s :<br />

13% ; <strong>le</strong>ucémies 12% ; tumeurs cérébra<strong>le</strong>s 11% ; tumeurs osseuses 10% ; sarcomes des tissus mous<br />

8% et tumeurs habituel<strong>le</strong>ment observées chez l’adulte 20% (mélanome 9%, carcinome de la thyroide<br />

5%, autres carcinomes 6%), divers 3%.<br />

Faq 2 - Particularités diagnostiques<br />

1 - Signes d'appel<br />

Les signes d'appel du cancer de l'enfant sont banals, ce qui pose un doub<strong>le</strong> risque :<br />

- de <strong>le</strong>s méconnaître et de grever <strong>le</strong> pronostic et/ou d'augmenter <strong>le</strong> risque d'atteinte fonctionnel<strong>le</strong> de<br />

l'organe atteint,<br />

- d'évoquer à tort une pathologie d'évolution potentiel<strong>le</strong>ment fata<strong>le</strong> avec <strong>le</strong> traumatisme psychologique<br />

qui peut en résulter.<br />

Ces signes sont souvent d'apparition et d'évolution rapides, alors que l'enfant conserve un bon état<br />

général, hormis s’il existe une atteinte ostéo-médullaire. Les principaux signes d’appel et <strong>le</strong>urs<br />

origines possib<strong>le</strong>s sont détaillés dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au I.<br />

2 - Affirmation du diagnostic<br />

Les symptômes faisant évoquer un cancer imposent un examen clinique attentif, et des examens<br />

complémentaires standard, hiérarchisés, permettant d'orienter <strong>le</strong> diagnostic. Le diagnostic définitif doit<br />

être fait de manière concertée avec un centre spécialisé dans <strong>le</strong> cadre de la pluridisciplinarité.<br />

Il est rarement, purement clinique (exemp<strong>le</strong> : rétinoblastome dont l'aspect au fond d'œil est<br />

caractéristique) et repose <strong>le</strong> plus souvent sur la pluridisciplinarité qui associe clinique, imagerie et<br />

biologie. C’est seu<strong>le</strong>ment la confrontation de l’ensemb<strong>le</strong> des résultats qui permet de poser un<br />

diagnostic de certitude.<br />

Il peut parfois être évoqué sur une convergence d'arguments cliniques et radiologiques : cas du<br />

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néphroblastome si l'âge au diagnostic (6 mois-5 ans), <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au clinique et radiologique (masse intra<br />

réna<strong>le</strong>) sont typiques, alors que la recherche de marqueurs biologiques (catécholamines) est négative.<br />

Le diagnostic peut être clinique et biologique : dans la plupart des <strong>le</strong>ucémies, <strong>le</strong> diagnostic est établi<br />

par l'analyse de l’hémogramme et du myélogramme.<br />

Il peut être éga<strong>le</strong>ment posé sur la convergence d'arguments cliniques, radiologiques et <strong>le</strong>s marqueurs<br />

biologiques dans <strong>le</strong>s tumeurs suivantes : neuroblastome (catécholamines urinaires), tumeur germina<strong>le</strong><br />

maligne (α-foeto-protéine et β-HCG), hépatoblastome (α-foeto-protéine).<br />

Dans <strong>le</strong> cas du neuroblastome, la convergence d'arguments cliniques, biologiques, et scintigraphique<br />

(scintigraphie à la MIBG) permet d’évoquer très fortement <strong>le</strong> diagnostic qui sera confirmé par l’analyse<br />

histologique.<br />

Dans tous <strong>le</strong>s autres cas, <strong>le</strong> diagnostic doit être posé sur la convergence d'arguments cliniques,<br />

radiologiques, et cyto-histologiques, par analyse de la tumeur primitive ou des métastases (<strong>le</strong> plus<br />

souvent moel<strong>le</strong> osseuse). L’étude en biologie moléculaire des cellu<strong>le</strong>s tumora<strong>le</strong>s peut, dans certains<br />

cas, permettre un diagnostic de certitude (sarcome d’Ewing, tumeur primitive neurectodermique,<br />

synovialosarcome, tumeur desmoplastique, rhabdomyosarcome alvéolaire, <strong>le</strong>ucémie myéloïde<br />

chronique).<br />

Les modalités et la chronologie des explorations ainsi que l'indication, <strong>le</strong>s abords de ponctions et/ou<br />

de biopsies tumora<strong>le</strong>s, doivent être entreprises impérativement en milieu spécialisé, afin d'éviter <strong>le</strong>s<br />

retards au diagnostic, des erreurs d'interprétation ou des mesures qui seraient préjudiciab<strong>le</strong>s à la prise<br />

en charge thérapeutique.<br />

Au total, <strong>le</strong> diagnostic de certitude nécessite <strong>le</strong> plus souvent la succession d’examens cliniques et<br />

surtout paracliniques de plus en plus comp<strong>le</strong>xes qui doivent être interprétés par des médecins<br />

régulièrement confrontés aux cancers chez l’enfant. Cette démarche comprend quasiment toujours<br />

l’analyse cyto- ou histologique de la tumeur primitive et <strong>le</strong> bilan d’extension local et général.<br />

Parallè<strong>le</strong>ment à la démarche du diagnostic, l'analyse des marqueurs de pronostic (caractéristiques<br />

biologiques : marqueurs, paramètres antigéniques ou génétiques tumoraux) et <strong>le</strong> bilan d'extension<br />

(local, régional, et à distance) sont indispensab<strong>le</strong> pour prendre <strong>le</strong>s décisions thérapeutiques.<br />

3 – L’annonce du diagnostic<br />

Il s'agit d'une situation délicate où <strong>le</strong> médecin doit délivrer une très mauvaise nouvel<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s parents<br />

redoutent d'entendre. C’est une étape psychologiquement très éprouvante pour <strong>le</strong>s parents. Il est<br />

impossib<strong>le</strong> d'établir des règ<strong>le</strong>s idéa<strong>le</strong>s pour l'annonce du diagnostic, cependant, certaines<br />

recommandations doivent être respectées. En effet, de la qualité de cet échange entre <strong>le</strong> médecin et<br />

<strong>le</strong>s parents va dépendre la relation de confiance tout au long de la maladie, et au-delà. Cette annonce<br />

ne doit en aucun cas être rapide, debout dans un couloir, en présence d'autres parents. Au contraire,<br />

el<strong>le</strong> doit se dérou<strong>le</strong>r dans une pièce isolée afin de respecter la confidentialité, mais aussi la stupeur et<br />

l'effondrement des parents. El<strong>le</strong> doit durer <strong>le</strong> temps nécessaire à la bonne compréhension des parents<br />

et pour qu'ils puissent poser toutes <strong>le</strong>s questions qui <strong>le</strong>ur viennent à l'esprit.<br />

Il n'est pas rare que <strong>le</strong> médecin informe précocement <strong>le</strong>s parents du diagnostic <strong>le</strong> plus probab<strong>le</strong>, de<br />

façon à ne pas <strong>le</strong>s laisser dans une situation insupportab<strong>le</strong> de doute. Cependant, dès cette étape, <strong>le</strong>s<br />

parents souhaitent connaître dans <strong>le</strong> détail l'ensemb<strong>le</strong> du traitement et <strong>le</strong>s chances de guérison. Or, <strong>le</strong><br />

médecin à ce moment précis ne connaît pas forcément <strong>le</strong> diagnostic exact ni <strong>le</strong>s résultats des<br />

examens supplémentaires réalisés pour évaluer une possib<strong>le</strong> dissémination (métastases) de la<br />

maladie. Le médecin doit alors tempérer <strong>le</strong>s nombreuses questions des parents en <strong>le</strong>ur expliquant <strong>le</strong><br />

cheminement du diagnostic se fait donc souvent pas à pas dans <strong>le</strong>s situations comp<strong>le</strong>xes. Dans ce<br />

cas, <strong>le</strong> médecin propose aux parents de <strong>le</strong>s revoir dès qu’il possèdera toutes <strong>le</strong>s informations<br />

nécessaires pour établir <strong>le</strong> diagnostic précis et l’extension de la maladie, ainsi que la stratégie de<br />

traitement.<br />

Le médecin a conscience durant cet entretien que <strong>le</strong>s parents sont <strong>le</strong> plus souvent "sidérés" par ce<br />

diagnostic et qu'ils ne se souviendront presque plus des informations autres que <strong>le</strong> diagnostic et <strong>le</strong>s<br />

chances de guérison. Il doit donc en informer <strong>le</strong>s parents en <strong>le</strong>ur expliquant, pour <strong>le</strong>s rassurer, qu’il<br />

s’agit d’un comportement normal, que <strong>le</strong>s autres parents réagissent de la même façon, et qu'il est à<br />

<strong>le</strong>ur disposition pour reprendre l'entretien.<br />

La présence d'une infirmière et/ou de l'interne, avec l’accord des parents, peut être profitab<strong>le</strong>. Ainsi,<br />

<strong>le</strong>s parents peuvent rediscuter ultérieurement avec ces personnes en reprenant certaines paro<strong>le</strong>s du<br />

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médecin qui peuvent avoir été mal interprétées sous la charge émotionnel<strong>le</strong> de l'annonce du<br />

diagnostic. Une entrevue avec un psychologue est éga<strong>le</strong>ment à proposer.<br />

Faq 3 - Particularités thérapeutiques des cancers de l'enfant<br />

La prise en charge thérapeutique des cancers doit être réalisée dans des équipes hautement<br />

spécialisées en hématologie et/ou oncologie pédiatrique en association avec des équipes de<br />

radiologie, chirurgie, anatomo-pathologie et de radiothérapie, expérimentées dans cette pathologie.<br />

Les décisions thérapeutiques doivent être prises en comité de concertation pluridisciplinaire.<br />

Les trois principa<strong>le</strong>s armes thérapeutiques <strong>le</strong>s plus souvent utilisées sont, par ordre croissant de<br />

fréquence, la radiothérapie (RT), la chirurgie, et la chimiothérapie.<br />

1 - La chimiothérapie<br />

El<strong>le</strong> est administrée dans environ 80% des cas, souvent de façon néoadjuvante, c’est à dire de<br />

première intention, afin de diminuer <strong>le</strong> volume tumoral et de détruire <strong>le</strong>s éventuel<strong>le</strong>s (micro)<br />

métastases. El<strong>le</strong> est <strong>le</strong> plus souvent administrée de façon séquentiel<strong>le</strong> avec une intensité de dose<br />

supérieure à cel<strong>le</strong> utilisée chez <strong>le</strong>s patients adultes, sur une période généra<strong>le</strong>ment inférieure à un an.<br />

Les doses sont adaptées en fonction de l’âge de l’enfant, en particulier chez <strong>le</strong> nourrisson et surtout<br />

en période néonata<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> peut aussi être délivrée de façon semi-continue, à dose modérée sur une<br />

durée plus longue allant jusqu’à 2 ans pour <strong>le</strong> traitement d’entretien des LAL. De hautes doses,<br />

suivies de la greffe de cellu<strong>le</strong>s souches hématopoïetiques sont, dans certains cas, utilisées en<br />

consolidation d’une rémission complète ou presque (neuroblastomes et sarcomes d’Ewing<br />

métastatiques, rechutes de médulloblastome chez l’enfant de moins de 5 ans).<br />

2 - La chirurgie<br />

El<strong>le</strong> est réalisée dans la plupart des cas de tumeurs solides en dehors des lymphomes, à titre<br />

thérapeutique. El<strong>le</strong> doit être réalisée par un chirurgien entraîné à la chirurgie « carcinologique » où <strong>le</strong><br />

caractère comp<strong>le</strong>t de l’exérèse est indispensab<strong>le</strong> pour certains types de tumeurs, alors qu’il peut être<br />

modulé dans d’autres types tumoraux (exemp<strong>le</strong>s : certains cas de neuroblastome et de tumeurs<br />

cérébra<strong>le</strong>s).<br />

3 – La radiothérapie<br />

Les indications de la radiothérapie sont restrictives en raison des séquel<strong>le</strong>s qu'el<strong>le</strong> engendre.<br />

Cependant, el<strong>le</strong> peut être délivrée à titre curateur dans <strong>le</strong>s sarcomes d'Ewing, <strong>le</strong>s tumeurs malignes<br />

mésenchymateuses, la maladie de Hodgkin, <strong>le</strong>s médulloblastomes et certaines autres tumeurs<br />

cérébra<strong>le</strong>s chez <strong>le</strong>s grands enfants, certaines formes de neuroblastomes et de néphroblastomes. El<strong>le</strong><br />

est éga<strong>le</strong>ment réalisée à titre prophylactique dans <strong>le</strong>s médulloblastomes. Les problèmes de contention<br />

et d’épargne des tissus sains sont cruciaux chez l’enfant et nécessitent d’être pris en charge par des<br />

radiothérapeutes expérimentés.<br />

Faq 4 - Principaux cancers de l’enfant : principes de traitement et taux de<br />

guérison<br />

Leucémies Aiguës Lymphoblastiques (LAL)<br />

Il y a environ 500 nouveaux cas par an en France, avec un pic de fréquence entre l’âge de 2 et 5 ans.<br />

Le traitement comporte quasi exclusivement la chimiothérapie, l’irradiation étant réservée aux<br />

atteintes méningées. Globa<strong>le</strong>ment, tous groupes de risque confondus, <strong>le</strong> taux de guérison est de<br />

l’ordre de 75 %. Dans <strong>le</strong> cas de <strong>le</strong>ucémies de risque « standard », répondant bien au traitement, <strong>le</strong>s<br />

chances de guérison sont supérieures à 80 % ; ce groupe représente environ 60 % des patients. Dans<br />

<strong>le</strong>s formes à plus haut risque mais sans anomalies chromosomiques et sans excès majeur de<br />

globu<strong>le</strong>s blancs, <strong>le</strong>s chances de guérison sont de l’ordre de 60 %.<br />

Chez l’enfant âgé de moins de un an, la survie sans récidive est de l’ordre de 40 % à 4 ans.<br />

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Leucémies Aiguës Myéloblastiques (LAM)<br />

Les Leucémies Aiguës myéloblastiques représentent 20% des <strong>le</strong>ucémies aiguës de l’enfant. Le<br />

traitement repose sur 3 cures de chimiothérapie intensive. Il n’est pas nécessaire de réaliser un<br />

traitement d’entretien. La survie sans rechute est de l’ordre de 50 %. L’allogreffe de cellu<strong>le</strong>s souches<br />

hématopoïétiques permet d’obtenir une survie proche de 80 %.<br />

Les tumeurs cérébra<strong>le</strong>s<br />

Les tumeurs cérébra<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s tumeurs solides <strong>le</strong>s plus fréquentes chez l'enfant, et la deuxième<br />

cause de cancers. On distingue <strong>le</strong>s tumeurs de bon pronostic initial (gliomes de bas grade,<br />

crâniopharyngiome, papillome des p<strong>le</strong>xus choroïdes, médulloblastomes localisés) dont <strong>le</strong> taux de<br />

guérison est > 70%, et <strong>le</strong>s tumeurs de très mauvais pronostic (gliome malin du tronc cérébral, tumeurs<br />

métastatiques) dont <strong>le</strong> taux de guérison est < 20 %.<br />

La chirurgie est essentiel<strong>le</strong> pour augmenter <strong>le</strong>s chances de guérison, mais environ 20 % des tumeurs<br />

sont inopérab<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> peut, à el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong>, aboutir à la guérison pour <strong>le</strong>s gliomes de bas grade, <strong>le</strong>s<br />

crâniopharyngiomes, <strong>le</strong>s papillomes des p<strong>le</strong>xus choroïdes, et certains cas d'épendymomes.<br />

La chimiothérapie ne permet pas, à el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong>, d’obtenir la guérison, mais peut retarder la<br />

radiothérapie pour <strong>le</strong>s gliomes de bas grade inopérab<strong>le</strong>s, afin d'éviter <strong>le</strong>s séquel<strong>le</strong>s intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s. Son<br />

efficacité n'est pas démontrée dans <strong>le</strong>s gliomes malins, <strong>le</strong>s épendymomes et <strong>le</strong>s crâniopharyngiomes.<br />

En revanche, el<strong>le</strong> est très efficace dans <strong>le</strong>s médulloblastomes et <strong>le</strong>s tumeurs germina<strong>le</strong>s.<br />

La radiothérapie est efficace dans <strong>le</strong>s gliomes de bas grade, <strong>le</strong>s médulloblastomes, <strong>le</strong>s<br />

crâniopharyngiomes, <strong>le</strong>s épendymomes, mais est à l'origine de séquel<strong>le</strong>s intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s, et<br />

endocriniennes parfois majeures.<br />

Les lymphomes<br />

Les lymphomes malins se distinguent d'une <strong>le</strong>ucémie de l'enfant par <strong>le</strong>ur origine tissulaire et non<br />

médullaire. Cependant, il existe des formes frontières : des <strong>le</strong>ucémies peuvent comporter une<br />

importante prolifération tumora<strong>le</strong> ganglionnaire, et des lymphomes peuvent être métastatiques au<br />

niveau de la moel<strong>le</strong>. On par<strong>le</strong> de <strong>le</strong>ucémie lorsque la présence des cellu<strong>le</strong>s malignes dans la moel<strong>le</strong><br />

est supérieure à 25 %. On distingue 3 principa<strong>le</strong>s formes de lymphomes : <strong>le</strong>s lymphomes de Burkitt,<br />

de localisation essentiel<strong>le</strong>ment abdomina<strong>le</strong>, dont <strong>le</strong> traitement est intensif mais court (de l’ordre de 6<br />

mois) ; Les lymphomes de type lymphoblastique, <strong>le</strong> plus souvent de localisation médiastina<strong>le</strong>,<br />

nécessitent un traitement d’entretien de plusieurs mois ; <strong>le</strong>s lymphomes anaplasiques à grande<br />

cellu<strong>le</strong>, sont beaucoup plus rares.<br />

Le traitement comporte quasi exclusivement la chimiothérapie, l’irradiation étant réservée aux<br />

atteintes méningées. Le pronostic des lymphomes de l'enfant s'est radica<strong>le</strong>ment transformé au cours<br />

des 20 dernières années, <strong>le</strong>s chances de guérison étant de 80 %, voire 90 % pour certains d'entre<br />

eux.<br />

Maladie de Hodgkin<br />

La maladie de Hodgkin est éga<strong>le</strong>ment une tumeur maligne du tissu lymphoïde. Les formes de l'enfant<br />

sont rares, représentant 5 à 10 % des cas ; l’âge moyen est de 10 ans dans cette population. El<strong>le</strong> est<br />

exceptionnel<strong>le</strong> avant l’âge de six ans. Le traitement repose sur la chimiothérapie comportant <strong>le</strong> plus<br />

souvent 4 cures, suivies de la radiothérapie dont la dose dépend de la qualité de la réponse à la<br />

chimiothérapie. La survie sans récidive est supérieure à 90 %. Pour <strong>le</strong>s stades localisés, la survie à<br />

cinq ans est de 97 %, et de l’ordre de 65 % en cas de stade métastatique.<br />

L'ostéosarcome<br />

L'ostéosarcome est la tumeur osseuse maligne la plus fréquente ; l’âge moyen est de quatorze ans.<br />

L'efficacité de la chimiothérapie a radica<strong>le</strong>ment changé <strong>le</strong> pronostic tout en diminuant la fréquence de<br />

l’amputation (moins de 10% des cas). La radiothérapie n’a pas sa place dans <strong>le</strong> traitement curatif.<br />

Pour <strong>le</strong>s ostéosarcomes non métastatiques, l'objectif est de guérir tout en préservant la fonction du<br />

membre atteint et en privilégiant la qualité de la vie ; <strong>le</strong> taux de guérison est d’environ 75 % des cas.<br />

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Pour <strong>le</strong>s ostéosarcomes métastatiques d'emblée, <strong>le</strong> traitement curatif est aussi l'objectif, malgré un<br />

taux de guérison inférieur à 20 % des cas.<br />

Sarcome d’Ewing<br />

La tumeur d'Ewing est une tumeur à plus fort potentiel métastatique que <strong>le</strong>s ostéosarcomes (poumon,<br />

os, moel<strong>le</strong> osseuse). El<strong>le</strong> est caractérisée par une translocation spécifique t(11 ; 22) et par l'existence<br />

de gènes spécifiques détectés grâce à la biologie moléculaire. L’utilisation précoce de chimiothérapies<br />

efficaces a transformé <strong>le</strong> pronostic, mais la chirurgie est indispensab<strong>le</strong> ainsi que la radiothérapie dans<br />

la plupart des cas. Cette dernière peut être évitée si l’exérèse tumora<strong>le</strong> est microscopiquement<br />

complète et qu’il n’existe plus de cellu<strong>le</strong>s tumora<strong>le</strong>s viab<strong>le</strong>s. La survie sans récidive est de 55 à 65 %.<br />

Les survies chez <strong>le</strong>s patients porteurs de tumeurs métastatiques ne dépassent pas 25 %.<br />

Les tumeurs du rein<br />

Les tumeurs du rein constituent environ 7 % des cancers de l'enfant. Il existe une quinzaine d'entités<br />

tumora<strong>le</strong>s dont <strong>le</strong> néphroblastome ou tumeur de Wilms, qui représente 85 % des cas. El<strong>le</strong>s font partie<br />

des tumeurs dont l’amélioration du pronostic est la plus importante, en raison de <strong>le</strong>ur grande radio- et<br />

chimiosensibilité. En fonction de l’extension loca<strong>le</strong> et de l’histologie, déterminées sur la pièce<br />

opératoire après un mois de chimiothérapie, ces tumeurs sont classées en tumeurs de bas risque, de<br />

risque intermédiaire, et de haut risque. Les traitements reposent d’abord sur la chimiothérapie suivie<br />

de l’exérèse tumora<strong>le</strong> associée ou non à la radiothérapie en fonction du stade local. Le taux de<br />

guérison est de l’ordre de 90 % pour <strong>le</strong>s stades localisés. Le taux de survie pour <strong>le</strong>s néphroblastomes<br />

métastatiques est d'environ 75 %. En cas de forme bilatéra<strong>le</strong> (5% des cas), <strong>le</strong> pronostic est bon avec<br />

un taux de survie à 10 ans de 70 %.<br />

Les neuroblastomes<br />

Le neuroblastome représente 5 à 10 % de l’ensemb<strong>le</strong> des cancers de l’enfant. C’est la tumeur solide<br />

la plus fréquente chez <strong>le</strong>s enfants de moins de 5 ans et la première cause de tumeurs détectées in<br />

utero. Le traitement repose sur la chirurgie et la chimiothérapie, beaucoup plus rarement sur la<br />

radiothérapie. En cas de forme localisée, opérab<strong>le</strong> d’emblée et sans facteur biologique de mauvais<br />

pronostic, la chirurgie seu<strong>le</strong> permet de guérir plus de 90 % des cas. En cas de forme inopérab<strong>le</strong>, la<br />

chimiothérapie permet d’obtenir l’opérabilité dans la quasi totalité des cas et <strong>le</strong> taux de guérison est<br />

éga<strong>le</strong>ment > 90 %. Les facteurs de bon pronostic sont l’âge < 1 an, <strong>le</strong>s stades localisés et l’absence<br />

de facteur biologique de gravité, notamment l’amplification du gène MYCN. Pour <strong>le</strong>s formes localisées<br />

avec amplification du gène MYCN et <strong>le</strong>s neuroblastomes disséminés chez l’enfant de plus d’un an, il<br />

est possib<strong>le</strong> de guérir 25 à 45 % des enfants en utilisant des chimiothérapies intensives et de la<br />

radiothérapie en plus de l’exérèse tumora<strong>le</strong>. Si l’enfant a moins d’un an, la présence ou l’absence<br />

d’une amplification du gène MYCN conditionne <strong>le</strong>s chances de guérison. Dans <strong>le</strong> cas particulier du<br />

neuroblastome 4S (neuroblastome chez l’enfant de moins de 1 an ayant des localisations<br />

métastatiques diffuses mais pas au niveau des os), 75 % à 85 % des enfants guérissent.<br />

Les tumeurs des tissus mous<br />

Le rhabdomyosarcome, tumeur à différenciation musculaire striée, est la forme la plus fréquente (60<br />

%) des tumeurs malignes des tissus mous chez l’enfant. Dans 70 % des cas, ils surviennent lors de la<br />

première décennie. Le taux de guérison varie en fonction des facteurs pronostiques et des groupes<br />

thérapeutiques qui en décou<strong>le</strong>nt. On distingue en fonction de l’histologie, du site de la tumeur et du<br />

stade d’extension trois groupes de risque : « faib<strong>le</strong> », « standard » et « haut risque ». Le traitement<br />

repose sur la chimiothérapie, souvent réalisée en première intention afin d’éviter une chirurgie<br />

mutilante. Le traitement local repose sur la chirurgie et/ou la radiothérapie. Le taux de guérison est de<br />

l’ordre de 90 % pour <strong>le</strong>s groupes à faib<strong>le</strong> risque et à risque standard, de 60 % pour <strong>le</strong>s groupes à haut<br />

risque, et de 20 % pour <strong>le</strong>s formes métastatiques.<br />

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Les tumeurs germina<strong>le</strong>s malignes<br />

Les tumeurs germina<strong>le</strong>s sont issues de la prolifération anorma<strong>le</strong> de cellu<strong>le</strong>s germina<strong>le</strong>s qui migrent<br />

physiologiquement pendant la vie embryonnaire <strong>le</strong> long du corps pour atteindre <strong>le</strong>s gonades. El<strong>le</strong>s<br />

peuvent devenir cancéreuses et engendrer, pendant la période fœta<strong>le</strong> et après la naissance, des<br />

tumeurs malignes dans la région sacro-coccygienne, abdomina<strong>le</strong>, médiastina<strong>le</strong>, du cou, mais<br />

éga<strong>le</strong>ment au niveau de la glande pinéa<strong>le</strong>. Ces localisations en dehors des gonades représentent 70<br />

% des cas. Il existe 2 pics de fréquence chez l'enfant : avant l'âge de 3 ans et autour de 12 ans. Le<br />

traitement repose quasi exclusivement sur la chimiothérapie, parfois associée à l’exérèse tumora<strong>le</strong> et<br />

à la radiothérapie (systématique dans <strong>le</strong>s localisations cérébra<strong>le</strong>s). Le taux de guérison est de l'ordre<br />

de 90 %.<br />

Les tumeurs du foie<br />

On distingue deux principaux types histologiques de tumeurs malignes du foie : L'hépatoblastome,<br />

tumeur embryonnaire qui représente plus de 80% des cas, et l’hépatocarcinome. De façon<br />

exceptionnel<strong>le</strong> il peut s’agir de sarcomes. L’âge moyen au diagnostic est de 16 mois en cas<br />

d’hépatoblastome (inférieur à quatre ans dans 95 % des cas), et de 12 ans en cas d’hépatocarcinome.<br />

Le traitement repose sur la chimiothérapie, toujours associée à l’exérèse tumora<strong>le</strong>. Le taux de<br />

guérison est de 75 % en cas d’hépatoblastome et d’environ 30 % en cas d’hépatocarcinome.<br />

Le rétinoblastome<br />

Il survient <strong>le</strong> plus souvent avant l’âge de 2 ans. On distingue <strong>le</strong>s formes unilatéra<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s plus<br />

fréquentes, rarement héréditaires et <strong>le</strong>s formes bilatéra<strong>le</strong>s, toujours héréditaires. Le traitement repose<br />

en fonction du caractère uni ou bilatéral, de l’étendue de l’envahissement local et d’éventuel<strong>le</strong><br />

métastases, sur la chirurgie, la chimiothérapie, la cryothérapie, <strong>le</strong> laser, la radiothérapie externe,<br />

traitements qui sont décidés par une équipe experte dans la prise en charge de ces maladies<br />

exceptionnel<strong>le</strong>s. Le taux de guérison est de plus de 90 %. Cependant, <strong>le</strong> risque de second cancer<br />

nécessite une surveillance prolongée.<br />

Faq 5 - Suivi des enfants après la fin du traitement<br />

1 - Les récidives<br />

El<strong>le</strong>s surviennent <strong>le</strong> plus souvent dans <strong>le</strong>s 3 ans suivant <strong>le</strong> diagnostic, et sont d’autant plus graves<br />

qu’el<strong>le</strong>s surviennent rapidement. Le suivi (clinique, imagerie, marqueurs tumoraux…) est donc<br />

rapproché (3 à 4 mois) dans <strong>le</strong>s 2 à 3 premières années puis espacé en fonction du profil évolutif de<br />

chaque type de cancer.<br />

2 - Les séquel<strong>le</strong>s<br />

El<strong>le</strong>s sont systématiquement recherchées, sur plusieurs années pour certaines d’entre el<strong>le</strong>. El<strong>le</strong>s<br />

dépendent de la localisation de la tumeur, et du traitement :<br />

Pour la chimiothérapie :<br />

- dérivés du platine : surdité, insuffisance réna<strong>le</strong>, tubulopathies ;<br />

- anthracyclines : insuffisances cardiaques, parfois très tardives ;<br />

- cyclophosphamide, busulfan : stérilité,<br />

- ifosfamides : tubulopathies.<br />

Pour la radiothérapie :<br />

- gonades : insuffisances gonadotropes ;<br />

- cerveau : troub<strong>le</strong>s mnésiques, et de la concentration, hypopituitarisme ;<br />

- os : troub<strong>le</strong>s de la croissance.<br />

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3 - Les seconds cancers<br />

Les cancers <strong>le</strong>s plus à risque de développement d’un second cancer sont <strong>le</strong>s rétinoblastomes, la<br />

maladie de Hodgkin et <strong>le</strong>s rhabdomyosarcomes. Les sarcomes osseux ou des tissus mous et <strong>le</strong>s<br />

cancers de la thyroïde sont <strong>le</strong>s plus nombreux, favorisés par la radiothérapie surtout chez <strong>le</strong>s sujets<br />

prédisposés (porteurs du gène Rb par exemp<strong>le</strong>).<br />

Les <strong>le</strong>ucémies, surtout myéloïdes, sont favorisées par <strong>le</strong>s chimiothérapies comprenant des<br />

anthracyclines, et surtout <strong>le</strong> VP16.<br />

Les cancers de la thyroïde sont à rechercher chez <strong>le</strong>s patients ayant reçu des radiations ionisantes<br />

sur la thyroïde.<br />

4 - La réinsertion scolaire et professionnel<strong>le</strong> :<br />

Afin d’éviter <strong>le</strong> risque de marginalisation du à la maladie et à son traitement, il est nécessaire de<br />

réaliser :<br />

- Des évaluations de la qualité de vie grâce à des échel<strong>le</strong>s appropriées à l’enfant.<br />

- Un suivi de la scolarité avec participation à l’orientation.<br />

Tab<strong>le</strong>au II : Signes d’appel et <strong>le</strong>ur origine potentiel<strong>le</strong><br />

Tab<strong>le</strong>au III : fréquence, facteurs pronostiques, et traitement des tumeurs cérébra<strong>le</strong>s<br />

Tab<strong>le</strong>au IV : diagnostic des principaux cancers<br />

Tab<strong>le</strong>au V : traitements et facteurs pronostiques des principaux cancers<br />

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Objectifs :<br />

Objectifs de l’ECN :<br />

Constipation chez l’enfant<br />

Item 300<br />

¤ Devant une constipation chez l’enfant (et chez l’adulte : point non traité) argumenter <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s<br />

hypothèses diagnostiques et justifier <strong>le</strong>s examens complémentaires pertinents.<br />

¤ Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier <strong>le</strong> suivi du patient.<br />

Objectifs du Collège des enseignants de Pédiatrie :<br />

Objectifs terminaux<br />

¤ L'étudiant est capab<strong>le</strong> de reconnaître une constipation sous ses divers aspects.<br />

¤ Etablir un plan de prise en charge des constipations secondaires.<br />

Objectifs intermédiaires<br />

L'étudiant est capab<strong>le</strong> de :<br />

• définir la constipation et l'identifier chez <strong>le</strong> nourrisson et l'enfant<br />

• décrire <strong>le</strong>s éléments à recueillir par l'anamnèse et l'examen clinique permettant d'orienter vers<br />

une origine organique ou anorganique de la constipation<br />

• énumérer <strong>le</strong>s causes organiques de constipation dans l'enfance<br />

• énumérer <strong>le</strong>s complications<br />

• justifier la prescription ou l'absence de prescription d'examen complémentaire<br />

• citer <strong>le</strong>s situations requérant un avis spécialisé<br />

• exposer la prise en charge thérapeutique et hygiéno-diététique d'un enfant présentant une<br />

constipation anorganique non compliquée.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

1 - Définir la constipation et l’identifier<br />

2 - Décrire <strong>le</strong>s éléments à recueillir par l’anamnèse et l’examen clinique<br />

3 - Les causes organiques à connaître<br />

4 - Les complications<br />

5 - Les examens complémentaires<br />

6 - Quand recourir à un avis spécialisé?<br />

7 - Prise en charge d’une constipation anorganique non compliquée<br />

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Introduction<br />

La constipation est une cause fréquente de consultation pédiatrique :<br />

• chez <strong>le</strong> nourrisson parce qu’el<strong>le</strong> inquiète,<br />

• chez l’enfant plus grand parce que ses complications sont sources de plaintes conduisant à<br />

l’identifier et à la traiter.<br />

La constipation est <strong>le</strong> plus souvent fonctionnel<strong>le</strong>. Le médecin doit en reconnaître <strong>le</strong>s caractères<br />

sémiologiques simp<strong>le</strong>s pour la différencier des rares causes organiques (à adresser au spécialiste), et<br />

dédramatiser <strong>le</strong> problème en replaçant la défécation comme un réf<strong>le</strong>xe physiologique.<br />

1 - Définir la constipation et l’identifier<br />

La constipation est définie comme l'émission de sel<strong>le</strong>s trop rares.<br />

La notion de sel<strong>le</strong>s diffici<strong>le</strong>ment émises car volumineuses ou très dures est éga<strong>le</strong>ment prise en<br />

compte.<br />

La fréquence des sel<strong>le</strong>s diminue avec l'âge car <strong>le</strong> temps de transit s'allonge. On admet que :<br />

• un nourrisson a au moins une sel<strong>le</strong> par jour, sel<strong>le</strong> non dure,<br />

• chez <strong>le</strong> grand enfant on par<strong>le</strong> de constipation s'il émet moins de 3 sel<strong>le</strong>s par semaine ou si la<br />

sel<strong>le</strong> éliminée quotidiennement est de très petit volume.<br />

Chez <strong>le</strong> nourrisson la constipation est souvent <strong>le</strong> motif de la consultation, la famil<strong>le</strong> s’inquiétant de<br />

sel<strong>le</strong>s émises avec difficultés ou paraissant trop volumineuses, trop dures ou trop rares. Il faut alors<br />

faire préciser <strong>le</strong> nombre et l’aspect des sel<strong>le</strong>s.<br />

Chez l'enfant plus grand la constipation peut passer inaperçue et n’être révélée que par ses<br />

complications. Généra<strong>le</strong>ment l'enfant ignore ce qu'est <strong>le</strong> transit normal et il faut identifier la<br />

constipation par quelques questions orientées et adaptées à son âge :<br />

• besoin d'al<strong>le</strong>r à la sel<strong>le</strong> n'aboutissant à aucune défécation,<br />

• petites sel<strong>le</strong>s quotidiennes mais tout a fait insuffisantes,<br />

• ou plusieurs jours sans aucune sel<strong>le</strong>.<br />

Le risque de se tromper est de deux ordres :<br />

1. Par<strong>le</strong>r de constipation par erreur dans la situation particulière de l'enfant nourri au sein. A<br />

partir de la 3ème semaine de vie, il est possib<strong>le</strong> de n’émettre qu'une sel<strong>le</strong> par semaine, voire<br />

toutes <strong>le</strong>s 2 semaines et ce, sans aucun troub<strong>le</strong> associé. Ceci est dû à la résorption quasi<br />

tota<strong>le</strong> du lait de mère qui laisse peu de résidus à partir du moment où <strong>le</strong> colon de l'enfant s'est<br />

adapté. La quantité de lactose bue n'entraîne plus l'accélération du transit par fermentation.<br />

Cette fausse constipation ne justifie ni de modifier l'alimentation, ni de donner un traitement,<br />

mais seu<strong>le</strong>ment de rassurer la famil<strong>le</strong> en montrant que l'on connaît cette situation et qu'el<strong>le</strong><br />

n'est pas anorma<strong>le</strong>.<br />

2. La fausse diarrhée sur constipation, diagnostic qu'il ne faut pas manquer. Il repose sur la<br />

description des sel<strong>le</strong>s : alternance de rétention et de débâc<strong>le</strong>, ou de sel<strong>le</strong>s liquides et de<br />

sel<strong>le</strong>s dures. Lors de l'examen clinique on palpe des sel<strong>le</strong>s dures dans <strong>le</strong> colon et dans <strong>le</strong><br />

rectum, malgré <strong>le</strong>s traces de sel<strong>le</strong>s liquides. Ces sel<strong>le</strong>s liquides témoignent de la distension<br />

colique et de la stase, et c’est bien la rétention qu’il faut traiter.<br />

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2 - Décrire <strong>le</strong>s éléments à recueillir par l’anamnèse et l’examen clinique<br />

Il s’agit essentiel<strong>le</strong>ment de reconnaître la nature fonctionnel<strong>le</strong> donc anorganique de la<br />

constipation.<br />

Si la constipation de l'enfant est <strong>le</strong> plus souvent fonctionnel<strong>le</strong>, la crainte du médecin est de<br />

méconnaître <strong>le</strong>s rares causes organiques. Une sémiologie précise permet d’affirmer la nature<br />

fonctionnel<strong>le</strong>.<br />

L’interrogatoire précise :<br />

• l’aspect des sel<strong>le</strong>s : petites bil<strong>le</strong>s dures ou sel<strong>le</strong>s de calibre excessif. Des sel<strong>le</strong>s rubanées<br />

évoqueraient un rétrécissement du canal anal, une alternance de débâc<strong>le</strong> fétide et de<br />

rétention un défaut de relaxation du sphincter<br />

• <strong>le</strong> délai d'émission du méconium : <strong>le</strong> délai normal moyen est de 24 heures ; il est pathologique<br />

au delà de 48 h. Cette notion essentiel<strong>le</strong> n’est pas toujours mentionnée dans <strong>le</strong> carnet de<br />

santé, et doit être précisée par l'interrogatoire.<br />

• la date de début de la constipation. La constipation organique est à début néonatal. Un début<br />

dès la maternité ou lors du sevrage est en faveur d’une cause organique alors qu’un début au<br />

delà des premières semaines ou comme souvent au retrait des couches est en faveur d’une<br />

constipation secondaire très certainement fonctionnel<strong>le</strong>. Dans tous <strong>le</strong>s autres cas, et c'est <strong>le</strong><br />

plus fréquent, il s'agit de pathologies fonctionnel<strong>le</strong>s, débutant souvent à l'occasion d'un<br />

changement d'habitude alimentaire ou de rythme de vie (mise en col<strong>le</strong>ctivité, intervention<br />

chirurgica<strong>le</strong>, changement du cadre de vie, vacances).<br />

• <strong>le</strong> comportement alimentaire : l'enfant mange-t-il de tout ? que lui propose t-on à boire ?Une<br />

alimentation pauvre en fibre ou très riche en produit laitier (du fait de la teneur en calcium)<br />

peut être en cause et une diversification alimentaire précoce monotone est souvent carencée<br />

en fibres et en eau.<br />

• <strong>le</strong>s modalités et habitudes de défécation : pot, couche … [La défécation nécessite une<br />

position propice au relâchement sphinctérien ; un enfant trop grand sur un pot ne peut se<br />

relâcher il en est de même sur un WC adulte même avec réducteur s’il a <strong>le</strong>s jambes dans <strong>le</strong><br />

vide : il faut proposer une possibilité d’appui des membres inférieurs.]<br />

• <strong>le</strong>s signes fonctionnels associés : vomissements, ballonnements et p<strong>le</strong>urs avec refus<br />

alimentaire jusqu'à ce qu'une débâc<strong>le</strong> soulage l'enfant Dans la constipation fonctionnel<strong>le</strong> par<br />

rétention termina<strong>le</strong>, l’enfant qui se retient restreint son alimentation au fur et à mesure de cette<br />

rétention, et retrouve appétit et entrain après avoir été soulagé par une défécation abondante.<br />

• si l'enfant urine beaucoup (anorma<strong>le</strong>ment) ? Une tubulopathie peut entraîner une perte<br />

hydrique retentissant sur la composition en eau des matières féca<strong>le</strong>s.<br />

L'examen clinique complète cet interrogatoire en vérifiant l'état nutritionnel (la constipation<br />

fonctionnel<strong>le</strong> ne retentit pas sur <strong>le</strong> développement).<br />

• Etat des masses musculaires de l'ensemb<strong>le</strong> de l'organisme mais plus particulièrement de<br />

l'abdomen.<br />

• Abdomen ballonné, tympanique dans <strong>le</strong>quel on palpe des sel<strong>le</strong>s dures en particulier au niveau<br />

du flanc gauche et de la région sus pubienne. La palpation de sel<strong>le</strong>s exclusivement dans la<br />

région cæca<strong>le</strong> est rare et doit faire évoquer une mucoviscidose.<br />

• Examen de la région pelvienne : anus en place, plis radiés bien concentriques, distance anovulvaire<br />

norma<strong>le</strong>, existence ou non d'une anite ou d’une fissure. La distance anus-fourchette<br />

vulvaire ou anus-scrotum peut être mesurée et rapportée à la distance anus-coccyx dont el<strong>le</strong><br />

est un peu inférieure ; si el<strong>le</strong> est anorma<strong>le</strong>ment courte, on par<strong>le</strong> d’ante position. Une lésion<br />

périana<strong>le</strong> entraîne une dou<strong>le</strong>ur qui favorise la rétention et prolonge la constipation qui est à<br />

son origine.<br />

• Examen de la région sacrée : absence de fossette sacro-coccygienne, spina-bifida occulta,<br />

contractilité ana<strong>le</strong> norma<strong>le</strong>.<br />

• Le toucher rectal doit être fait (en l'absence d'anite ou de fissure) pour vérifier l'absence de<br />

rétrécissement du canal anal et la présence de sel<strong>le</strong>s. [Il est toujours possib<strong>le</strong> si on explique à<br />

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l’enfant ce qu’on va lui faire et qu’on prend <strong>le</strong> temps de <strong>le</strong> mettre en confiance ; on lui montre<br />

<strong>le</strong> doigt qu’on introduira en lui expliquant que c’est comme une sel<strong>le</strong> et même plus petit. La<br />

constipation à rectum vide doit évoquer la maladie de Hirschsprung.]<br />

3 - Les causes organiques à connaître<br />

La maladie de Hirschsprung : est la plus fréquente.<br />

La maladie de Hirschsprung (appelé à tort mégacôlon congénital car <strong>le</strong> colon pathologique est au<br />

contraire de petit calibre et la dilatation est sus-jacente et secondaire à cette zone qui fait obstac<strong>le</strong>) est<br />

due à l'absence de cellu<strong>le</strong>s ganglionnaires des p<strong>le</strong>xus nerveux sous muqueux de Meissner et<br />

myentérique d'Auerbach. Cette absence d'innervation gêne la progression du bol fécal, des liquides<br />

ou des gaz provoquant une stase en amont de la zone aganglionnaire. Cette zone plus ou moins<br />

étendue débute toujours au-dessus de l'anus et s'étend plus ou moins haut <strong>le</strong> long du cadre colique.<br />

Le diagnostic est fait en milieu spécialisé par la manométrie qui montre un défaut de relaxation du<br />

sphincter puis <strong>le</strong>s biopsies recta<strong>le</strong>s qui montrent une absence de cellu<strong>le</strong>s ganglionnaires et une<br />

hyperplasie des fi<strong>le</strong>ts nerveux.<br />

Une malformation ana<strong>le</strong> : plus rare mais qui doit être systématiquement recherchée.<br />

• imperforation ana<strong>le</strong> basse avec trajet fistu<strong>le</strong>ux,<br />

• anus antéposé, forme minime de malformation anorecta<strong>le</strong> à vérifier par un spécialiste<br />

• sténose congénita<strong>le</strong> du rectum entraînant des sel<strong>le</strong>s rubanées.<br />

Une pathologie endocrinienne à début néonatal (hypothyroïdie) peut s'accompagner d'une<br />

constipation. D’autres éléments cliniques en particulier l'ictère font rechercher la notion du dépistage<br />

et récupérer son résultat pour authentifier au plus vite cette hypothyroïdie. Une radio du genou peut<br />

aider au diagnostic en montrant <strong>le</strong> retard d'ossification.<br />

D'autres causes organiques peuvent être responsab<strong>le</strong>s d'une constipation secondaire beaucoup plus<br />

rare :<br />

• compression pelvienne par une tumeur (sacro-coccygienne)<br />

• troub<strong>le</strong> neurologique évolutif (tumeur médullaire),<br />

• restriction alimentaire et hydrique en particulier lors d’une sténose du pylore, d’une maladie<br />

cœliaque parfois, s'accompagnent de modification du transit avec des sel<strong>le</strong>s dures,<br />

• nombreuses pathologies neurologiques ou génétiques. Dans ces situations <strong>le</strong>s modalités<br />

alimentaires, <strong>le</strong>s apports hydriques insuffisants, la réduction de l’activité physique et <strong>le</strong>s<br />

thérapeutiques associées sont autant de facteurs expliquant la fréquence de la constipation.<br />

Dans tous <strong>le</strong>s autres cas, et c'est <strong>le</strong> plus fréquent, il s'agit de causes fonctionnel<strong>le</strong>s, débutant souvent<br />

à l'occasion d'un changement d'habitude alimentaire ou de rythme de vie (mise en col<strong>le</strong>ctivité,<br />

intervention chirurgica<strong>le</strong>, changement du cadre de vie, vacances).<br />

4 - Les complications<br />

Les complications sont pour la plupart bénignes mais vont aggraver la rétention de matières. El<strong>le</strong>s<br />

doivent de ce fait être recherchées et prévenues.<br />

L’occlusion : el<strong>le</strong> est redoutée par <strong>le</strong>s proches de l’enfant, et se différencie par un arrêt des matières<br />

et des gaz (alors que <strong>le</strong> constipé présente des gaz témoins du fait qu’il n’est pas occlus). Il convient<br />

d’en par<strong>le</strong>r pour la dédramatiser tout en expliquant pourquoi <strong>le</strong>s autres complications justifient qu’on<br />

ne néglige pas la constipation.<br />

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Les dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s déc<strong>le</strong>nchées par <strong>le</strong>s repas (réf<strong>le</strong>xe gastro-colique) et soulagées par<br />

l'émission de gaz. El<strong>le</strong>s permettent d’expliquer la physiologie de ce réf<strong>le</strong>xe, ce qui contribue à la<br />

compréhension des recommandations thérapeutiques où on encourage l’enfant à s’instal<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong>s<br />

toi<strong>le</strong>ttes à la fin des repas.<br />

Les infections urinaires à répétition chez la petite fil<strong>le</strong> (basses ou compliquées de pyélonéphrite) et<br />

la rétention vésica<strong>le</strong> chez <strong>le</strong> garçon et la fil<strong>le</strong>.<br />

La fissure ana<strong>le</strong>, l'anite révélées <strong>le</strong> plus souvent par des p<strong>le</strong>urs à la défécation et du sang sur <strong>le</strong><br />

papier ou dans <strong>le</strong>s toi<strong>le</strong>ttes. Ces complications sont redoutab<strong>le</strong>s car el<strong>le</strong>s entraînent une crainte de la<br />

défécation qui va conduire à une constipation rebel<strong>le</strong>. El<strong>le</strong>s doivent être traitées en même temps que<br />

la constipation pour venir à bout de l'une et de l'autre.<br />

L'encoprésie, c'est-à-dire l'incontinence féca<strong>le</strong>, est une complication fréquente d'une constipation<br />

prolongée avec une surdistension recta<strong>le</strong>, une perte de la sensibilité du rectum et une incompétence<br />

du sphincter. Une constipation fonctionnel<strong>le</strong> chronique est souvent l'entrée dans cette encoprésie<br />

mais est alors entièrement occultée. Pour peu qu'el<strong>le</strong> ait débuté à l'âge d'apprentissage de la<br />

propreté, la rétention de sel<strong>le</strong>s n'a pas permis à l'enfant d'acquérir <strong>le</strong> réf<strong>le</strong>xe de défécation. Il n'a plus<br />

ou n'a jamais eu la perception d'un rectum vide. Pourtant c'est l'arrivée des matières féca<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong><br />

rectum qui doit déc<strong>le</strong>ncher un réf<strong>le</strong>xe de défécation.<br />

Le mégacôlon secondaire ou tout simp<strong>le</strong>ment la constipation de l'adulte sont <strong>le</strong>s complications <strong>le</strong>s<br />

plus anodines en apparence, mais <strong>le</strong>s plus redoutab<strong>le</strong>s par la périnisation du symptôme, <strong>le</strong> retour à la<br />

norma<strong>le</strong> devenant alors plus diffici<strong>le</strong> et très long à obtenir. Il faut aussi l’expliquer pour ne pas laisser<br />

s’instal<strong>le</strong>r une constipation familia<strong>le</strong> vécue comme une fatalité.<br />

5 - Les examens complémentaires<br />

Dans la grande majorité des cas aucun examen complémentaire n'est uti<strong>le</strong>.<br />

Au plus un cliché d'abdomen sans préparation peut confirmer une rétention stercora<strong>le</strong>, l'expliquer ou<br />

la quantifier. Il peut permettre une prise de conscience de l'abondance de la rétention. Toutefois <strong>le</strong><br />

diagnostic de constipation ne repose pas sur un simp<strong>le</strong> cliché d'abdomen sans préparation, et c’est<br />

bien l'interrogatoire qui doit confirmer la qualité du transit.<br />

[Un cliché d'abdomen sans préparation peut être éga<strong>le</strong>ment uti<strong>le</strong> chez <strong>le</strong> tout petit pour vérifier la<br />

présence de matières jusque dans <strong>le</strong> rectum. L’absence de matières ou d’air dans la partie termina<strong>le</strong><br />

du colon est évocatrice d’une pathologie organique (Hirschsprung ou malformation) et conduit au<br />

spécialiste.]<br />

L'opacification colique n'a pas d'indication dans l'exploration d'une constipation essentiel<strong>le</strong>. On risque<br />

de mettre en évidence un colon de gros calibre, de par<strong>le</strong>r de mégacôlon ou dolicho-mégacôlon, qui ne<br />

fait que traduire la distension colique secondaire à la constipation et non la cause de cel<strong>le</strong>-ci.<br />

La coloscopie n'a pas non plus d’indication dans l'exploration d'une constipation.<br />

Une mesure de la diurèse peut parfois s'avérer nécessaire pour vérifier la fonction réna<strong>le</strong> et s'assurer<br />

qu'il n'y a pas déshydratation des sel<strong>le</strong>s par une hyperdiurèse inadaptée, qui reste exceptionnel<strong>le</strong>.<br />

La mesure du temps de transit par des marqueurs radio opaques permet de rechercher une<br />

constipation termina<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> n'est pas d'usage courant et bien que faci<strong>le</strong> à réaliser reste du domaine<br />

des spécialistes.<br />

La manométrie recta<strong>le</strong> avec étude du réf<strong>le</strong>xe anal inhibiteur est l'examen essentiel lorsque des<br />

éléments de l'interrogatoire ont orienté vers <strong>le</strong> diagnostic de maladie de Hirschsprung. Si <strong>le</strong> réf<strong>le</strong>xe<br />

anal inhibiteur est absent, la manométrie est complétée par une biopsie recta<strong>le</strong>.<br />

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Auteur : Pr. Chantal Maurage (CHRU et Université de Tours) MAJ : 18/07/2006<br />

[Réalisée en milieu spécialisé, la manométrie ano-recta<strong>le</strong> permet d'étudier <strong>le</strong> seuil du réf<strong>le</strong>xe anal<br />

inhibiteur, <strong>le</strong> réf<strong>le</strong>xe recto-anal mais aussi la sensibilité consciente, c'est-à-dire <strong>le</strong> volume pour <strong>le</strong>quel<br />

l'enfant ressent une sensation de plénitude recta<strong>le</strong>. Cet examen permet éga<strong>le</strong>ment d'enregistrer une<br />

contraction paradoxa<strong>le</strong> du sphincter externe lors de la défécation qui définit l'anisme et qui dans des<br />

pathologies fonctionnel<strong>le</strong>s orientera la rééducation.]<br />

6 - Quand recourir à un avis spécialisé?<br />

Le recours à un avis spécialisé est nécessaire :<br />

• Chaque fois que l'on suspecte une pathologie organique, c'est-à-dire rarement mais alors<br />

sans tarder. La suspicion d'une maladie musculaire ou neuromusculaire du fait d’une<br />

hypotonie ou d’un retard global du développement conduira à des explorations spécialisées<br />

qui permettront <strong>le</strong> traitement adapté. La suspicion de maladie de Hirschsprung sur <strong>le</strong>s<br />

arguments pré-cités rend nécessaire une manométrie ano-recta<strong>le</strong> par une équipe entraînée<br />

en particulier chez <strong>le</strong> tout petit. Cette manométrie est éga<strong>le</strong>ment diffici<strong>le</strong> chez l'enfant dont <strong>le</strong><br />

rectum est en permanence distendu et nécessite qu'une prise en charge au préalab<strong>le</strong> ait<br />

obtenu une évacuation au moins partiel<strong>le</strong> du contenu rectal.<br />

• Quand on échoue dans la prise en charge thérapeutique ou qu'une encoprésie vient<br />

compliquer la constipation. Il faut se donner <strong>le</strong>s moyens d'être efficace sans culpabiliser<br />

l'enfant ou son entourage et recourir à un avis spécialisé qui peut <strong>le</strong>ver un certain nombre de<br />

difficultés, voire identifier un problème grave sous-jacent (maltraitance, abus sexuel).<br />

7 - Prise en charge d’une constipation anorganique non compliquée<br />

Comment ça marche ?<br />

Il s'agit d'expliquer comment se fait norma<strong>le</strong>ment une exonération pour obtenir une sel<strong>le</strong> quotidienne<br />

(ou tous <strong>le</strong>s deux jours) de volume et de consistance norma<strong>le</strong>. On doit pour cela rappe<strong>le</strong>r ce qu'est <strong>le</strong><br />

réf<strong>le</strong>xe physiologique de défécation et favoriser sa rééducation par de bonnes habitudes.<br />

Le moment propice est <strong>le</strong> décours voire même la fin du repas.<br />

Une position confortab<strong>le</strong> est indispensab<strong>le</strong> : sur <strong>le</strong>s toi<strong>le</strong>ttes, <strong>le</strong>s pieds ne sont dans <strong>le</strong> vide mais en<br />

appui (sur un tabouret si nécessaire) afin que l’enfant puisse relâcher <strong>le</strong> périnée.<br />

Un rythme régulier doit être encouragé et se présenter aux toi<strong>le</strong>ttes quotidiennement fait partie des<br />

bonnes habitudes y compris en l’absence de sensation mais sans en faire un drame s’il n’aboutit pas !<br />

Le moment <strong>le</strong> plus physiologique est <strong>le</strong> matin après <strong>le</strong> <strong>le</strong>ver et biberon ou repas, mais des problèmes<br />

de disponibilité de temps ou de non prise de collation matina<strong>le</strong> rendent souvent la défécation plus<br />

faci<strong>le</strong> après <strong>le</strong> goûter pour peu que l'on favorise l'exercice physique, la marche à pieds, etc. …<br />

[Au début des repas, <strong>le</strong> rectum est vide et <strong>le</strong>s sel<strong>le</strong>s propulsées par <strong>le</strong> péristaltisme colique (lui même<br />

lié au réf<strong>le</strong>xe gastrocolique) s’accumu<strong>le</strong>nt dans <strong>le</strong> sigmoïde qui à un certain degré de distension par<br />

disparition de l’ang<strong>le</strong> recto-sigmoidien permet la descente des sel<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> rectum. La distension de<br />

l’ampou<strong>le</strong> recta<strong>le</strong> est à l’origine de la relaxation réf<strong>le</strong>xe du sphincter interne et l’ouverture de la partie<br />

haute du canal anal permet la progression des sel<strong>le</strong>s, progression limitée par la contraction<br />

permanente du re<strong>le</strong>veur de l’anus et la contraction réf<strong>le</strong>xe du sphincter externe, <strong>le</strong>squels vont se<br />

relâcher pour permettre l’exonération. Une poussée abdomina<strong>le</strong> par contraction des musc<strong>le</strong>s de la<br />

paroi peut renforcer l’action du rectum mais suppose un relâchement du sphincter donc une bonne<br />

position de l’enfant (pieds en appui). Un enfant ayant peu de musculature ou une hypotonie aura plus<br />

de difficultés.]<br />

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Auteur : Pr. Chantal Maurage (CHRU et Université de Tours) MAJ : 18/07/2006<br />

Conseils d’alimentation<br />

Leur rô<strong>le</strong> est réel mais souvent exagéré, et il faut éviter de bloquer l’enfant sur <strong>le</strong>s légumes verts dont<br />

il ne veut pas alors que <strong>le</strong> problème est la peur de l’exonération.<br />

On veil<strong>le</strong> à améliorer la consistance des sel<strong>le</strong>s en s'assurant d'un régime bien équilibré c'est-à-dire en<br />

repérant d'éventuels déséquilibres alimentaires. Le manque de fibres, <strong>le</strong> manque d'eau, et l’excès de<br />

lait peuvent être en cause.Les sucres ou fécu<strong>le</strong>nts ne constipent que parce qu’ils sont ingérés à la<br />

place des aliments contenant des fibres et n’ont pas d’inconvénient en quantité norma<strong>le</strong>.<br />

Le régime doit apporter en principe 5 à 7 g par jour de fibres et on peut pour cela recommander <strong>le</strong>s<br />

céréa<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> pain, rappe<strong>le</strong>r éga<strong>le</strong>ment que <strong>le</strong>s carottes sont des fibres qui ne sont pas contre-indiquées<br />

si l'on veut obtenir un bol fécal non déshydraté.<br />

Faut-il des médicaments ?<br />

Oui si on veut être efficace car il faut débloquer la situation mais il faut savoir choisir selon que la<br />

situation est installée depuis plus ou moins longtemps et ne pas créer une autre crainte comme cel<strong>le</strong><br />

des lavements ou suppositoire.<br />

Le recours au lavement hypertonique type PEG (poly-éthylène-glycol) doit être limité, mais est parfois<br />

nécessaire pour évacuer des sel<strong>le</strong>s accumulées de longue date.<br />

Le transit doit être entretenu par voie ora<strong>le</strong><br />

• médicaments osmotiques doux : la fermentation par <strong>le</strong>s bactéries d'un sucre non absorbé<br />

permet une hydratation des matières féca<strong>le</strong>s. Ce sucre (lactulose ou lactitol) n'a pas<br />

d'inconvénient et doit être pris à forte dose si besoin en une prise unique quotidienne ce qui<br />

lui donne une meil<strong>le</strong>ure efficacité. Cette posologie peut être augmentée de manière à obtenir<br />

des sel<strong>le</strong>s de consistance norma<strong>le</strong>.<br />

• des lubrifiants : hui<strong>le</strong> de paraffine (lansoyl, laxamalt, lubentyl) peuvent être ajoutés au début<br />

pour faciliter <strong>le</strong> passage anal et toujours en cas de fissure<br />

• autres laxatifs : quelques présentations de PEG peuvent être utilisées surtout chez <strong>le</strong> grand<br />

enfant.<br />

Proscrire <strong>le</strong>s laxatifs irritants et autres stimulations qui entraînent une hypertonie réf<strong>le</strong>xe.<br />

Rarement, et surtout en début de traitement, <strong>le</strong> déc<strong>le</strong>nchement de l'exonération nécessitera une<br />

stimulation par suppositoire. D'une manière généra<strong>le</strong> il faut éviter <strong>le</strong>s stimulations ana<strong>le</strong>s qui<br />

entretiennent l'enfant dans une dépendance de son entourage lui donnant un bénéfice secondaire ou<br />

l'empêchant d'acquérir <strong>le</strong> schéma normal de défécation spontanée à point de départ oral.<br />

L'encoprésie est une indication à un traitement médicamenteux prolongé de manière à faciliter<br />

l'exonération avec l'encouragement à cette régularité de présentation aux toi<strong>le</strong>ttes et ce jusqu’à<br />

normalisation du nombre et calibre des sel<strong>le</strong>s. Dans quelques cas surtout si el<strong>le</strong> est ancienne une<br />

prise en charge psychologique est nécessaire ; el<strong>le</strong> est alors couplée au traitement mais n’est pas<br />

obligatoire si l’enfant coopère à la rééducation des bonnes habitudes hygièno-diététiques.<br />

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Auteur : Dr. Olivia Mourier, Pr. Jacques Motte (CHU Reims) MAJ : 06/01/2006<br />

Objectifs :<br />

Convulsions chez <strong>le</strong> nourrisson et chez l’enfant<br />

Item 190<br />

Objectifs généraux du modu<strong>le</strong> 11 de l’ECN<br />

A la fin du 2ème cyc<strong>le</strong>, l’étudiant doit être capab<strong>le</strong>, dans des situations cliniques très fréquentes et/ou<br />

d’urgence, d’évaluer la gravité, de décider ou non une hospitalisation, d’argumenter la prise en charge<br />

du malade, <strong>le</strong> raisonnement diagnostique et <strong>le</strong>s examens complémentaires pertinents, en tenant<br />

compte des spécificités de l’enfant. Il doit instaurer un traitement et une surveillance adaptée.<br />

L’acquisition de ces procédures cliniques et thérapeutiques doit s’appliquer à des cas cliniques réels<br />

faisant ressortir <strong>le</strong>s problèmes posés par la polypathologie et <strong>le</strong>s traitements multip<strong>le</strong>s sur des terrains<br />

à risque.<br />

Objectifs terminaux de l’ECN pour l’item 190<br />

- Diagnostiquer une convulsion chez <strong>le</strong> nourrisson et chez l’enfant.<br />

- Identifier <strong>le</strong>s situations d’urgence et planifier <strong>le</strong>ur prise en charge.<br />

Mots-clés : Convulsion fébri<strong>le</strong> nourrisson, convulsion fébri<strong>le</strong> simp<strong>le</strong>, convulsion fébri<strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xe,<br />

épi<strong>le</strong>psie enfant.<br />

Sommaire<br />

I - Diagnostiquer une convulsion<br />

II - Identifier <strong>le</strong>s situations d’urgence et Rechercher <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s causes de convulsions<br />

occasionnel<strong>le</strong>s<br />

III - Convulsions fébri<strong>le</strong>s<br />

Points essentiels<br />

I – Diagnostiquer une convulsion<br />

Diagnostic positif<br />

L’interrogatoire des témoins et une description précise de la crise sont fondamentaux pour connaître :<br />

- Caractéristiques de la crise<br />

- Mode de début (partiel ou d’emblée généralisée)<br />

- Chronologie des différentes phases<br />

- Symétrie des manifestations motrices<br />

- Durée<br />

Diagnostic différentiel<br />

- Trémulations<br />

- Frissons (pyélonéphrite)<br />

- Syncope (et tout particulièrement à la fièvre)<br />

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II- Identifier <strong>le</strong>s situations d’urgence et Rechercher <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s causes de<br />

convulsions occasionnel<strong>le</strong>s<br />

1. Gravité liée à la convulsion el<strong>le</strong>-même : rare<br />

- Rechercher une hypoventilation : noter la fréquence respiratoire, l’ampliation thoracique, et<br />

rechercher une cyanose<br />

- Apprécier <strong>le</strong> pouls, la fréquence cardiaque<br />

Reprise rapide d’un état de conscience<br />

Anomalies de l’examen neurologique<br />

2. Gravité liée à l’étiologie de la convulsion : démarche étiologique<br />

Interrogatoire :<br />

Recherche de symptômes associés à la convulsion :<br />

Fièvre ? - Degré et durée de l’hyperthermie<br />

Circonstances :<br />

notion de traumatisme ?<br />

affection en cours ?<br />

affection chronique (diabète, insuffisance surréna<strong>le</strong>, HTA connue…) ?<br />

prise accidentel<strong>le</strong> ou volontaire de médicaments ?<br />

A l’examen :<br />

ecchymoses ou hématomes ?<br />

altérations de conscience avant ou persistant après…<br />

Principa<strong>le</strong>s causes des crises convulsives occasionnel<strong>le</strong>s chez l’enfant sans fièvre:<br />

- Perturbations métaboliques :<br />

• Hypocalcémie, hypomagnésémie<br />

• Hypoglycémie<br />

• Hyponatrémie, hypernatrémie<br />

- ntoxications :<br />

• Exogènes<br />

• Endogènes : urémie, encéphalopathie hépatique, acidocétose diabétique<br />

• Encéphalopathie hypertensive<br />

• Maladies réna<strong>le</strong>s : néphrite aigue, syndrome urémo-hémolytique<br />

- Trauma crânien<br />

- Hypoxie cérébra<strong>le</strong> aiguë<br />

- Accidents cérébraux vasculaires<br />

III - Convulsions fébri<strong>le</strong>s<br />

1. Définition<br />

La convulsion fébri<strong>le</strong> (CF) est définie comme « un événement survenant habituel<strong>le</strong>ment chez un<br />

nourrisson ou un enfant entre 3 mois et 5 ans, associé à de la fièvre, sans signe d’infection<br />

intracrânienne ou autre cause définie, à l’exclusion des convulsions avec fièvre survenant chez un<br />

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enfant ayant déjà présenté des convulsions sans fièvre » (Conférence de consensus du National<br />

Institute of Health 1980)<br />

2. Fréquence<br />

La fréquence des CF est importante mais variab<strong>le</strong> d’une étude à l’autre, de 2 à 5 % de la population<br />

généra<strong>le</strong>.<br />

3. Epidémiologie<br />

La survenue des CF est rare avant 6 mois et après 5 ans. El<strong>le</strong> est maxima<strong>le</strong> à l’âge de 16 à 18 mois.<br />

Il existe une discrète prédominance masculine.<br />

Le risque de première CF est accru à 10-15 % si un apparenté de premier degré a eu des CF ; il<br />

atteint 50 % si cet antécédent est retrouvé chez un parent et un frère ou une sœur. Le modè<strong>le</strong><br />

génétique suspecté est celui d’une transmission polygénique avec une composante familia<strong>le</strong>.<br />

Plusieurs gènes sont considérés comme responsab<strong>le</strong>s : un locus sur <strong>le</strong> chromosome 8q13-21 et<br />

19q13-35, FEB3 lié au chromosome 2q23-24 et FEB4 sur <strong>le</strong> chromosome 5q14-15.<br />

4. Pathogénie<br />

Les CF résultent d’une hyperexcitabilité cérébra<strong>le</strong> âge dépendante, induite par la fièvre, comportant<br />

une composante génétique importante.<br />

5. Clinique<br />

5.1. Mode de survenue<br />

- Les CF surviennent <strong>le</strong> plus souvent dans <strong>le</strong>s premières heures d’une fièvre supérieure ou éga<strong>le</strong> à<br />

38°C.<br />

- La rapidité de la montée ou de la défervescence thermique constitue un facteur déc<strong>le</strong>nchant<br />

important.<br />

- Il n’y a pas de signe clinique d’infection du SNC.<br />

- Toute maladie fébri<strong>le</strong> du petit enfant peut en être l’origine.<br />

5.2. Manifestations cliniques<br />

On distingue :<br />

- Les CF « simp<strong>le</strong>s », caractérisées par :<br />

• une crise tonico-clonique, clonique, tonique ou plus rarement atonique,<br />

• d’une durée de 1 à 3 minutes, ne dépassant pas 15 minutes et restant unique dans <strong>le</strong> même<br />

épisode fébri<strong>le</strong><br />

• l<strong>le</strong>s représentent 60 à 70 % des cas.<br />

- Les CF « compliquées, sévères ou comp<strong>le</strong>xes » (CFC), caractérisées par un des critères suivants :<br />

• des crises unilatéra<strong>le</strong>s<br />

• ou avec un déficit post-critique asymétrique,<br />

• prolongée au-delà de 15 minutes ou répétées au cours du même épisode fébri<strong>le</strong><br />

• el<strong>le</strong>s représentent 30 à 40 % des CF.<br />

5.3. Examens paracliniques<br />

Devant un enfant fébri<strong>le</strong> qui convulse, la première préoccupation est d’écarter la possibilité d’une<br />

méningite, d’une encéphalite et de toute autre infection du SNC. Une ponction lombaire doit être<br />

réalisée devant la présence de tout signe d’infection méningée.<br />

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Les signes de méningite peuvent manquer chez <strong>le</strong> tout petit et <strong>le</strong>s CF sont rares avant 1 an. Aussi<br />

plus l’enfant est jeune plus la PL est réalisée faci<strong>le</strong>ment.<br />

L’examen clinique est essentiel. Le diagnostic de CF est purement clinique.<br />

Les examens complémentaires systématiques ont peu d’intérêt au décours des CFS.<br />

L’é<strong>le</strong>ctroencéphalogramme (EEG) systématique n’est pas justifié.<br />

6. Diagnostics positif et différentiel de la CF : voir paragraphe I<br />

-L’interrogatoire précise de plus <strong>le</strong> degré et la durée de l’hyperthermie.<br />

7. Evolution et pronostic<br />

7.1. Risque de récurrence<br />

Parmi <strong>le</strong>s enfants qui ont une première CF, 30 à 40% en feront une seconde ;<br />

parmi ceux-ci : la moitié en feront trois ;<br />

et environ la moitié de ces derniers en feront une quatrième.<br />

Les récidives surviennent en général dans l’année qui suit la première crise et sont rarissimes après<br />

l’âge de 10 ans.<br />

Quatre facteurs de récidive de CF sont bien établis :<br />

1. Le jeune âge au moment de la première crise (âge


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Traiter la fièvre et sa cause.<br />

Rassurer <strong>le</strong>s parents et <strong>le</strong>s informer du caractère bénin des CFS tant sur <strong>le</strong> plan vital que cérébral et<br />

intel<strong>le</strong>ctuel.<br />

8.3. La prévention des récidives<br />

Lutte contre la fièvre :<br />

1. Découvrir l’enfant.<br />

2. Antipyrétiques : Paracétamol : 60 mg/kg/j soit 15 mg/kg toutes <strong>le</strong>s 6 h.<br />

3. Bain dont la température de l’eau doit être au début inférieure de 2° à cel<strong>le</strong> de l’enfant (son<br />

efficacité très transitoire en limite l’utilisation à l’enfant très fébri<strong>le</strong> dans l’attente du délai<br />

d’efficacité du traitement médicamenteux antipyrétique).<br />

Il faut informer et éduquer <strong>le</strong>s parents :<br />

• Expliquer la physiopathologie<br />

• Informer du risque de récidive<br />

• Expliquer l’absence de risque vital ou fonctionnel en cas de CFS.<br />

• Parfaitement expliquer <strong>le</strong>s mesures de lutte contre l’hyperthermie<br />

La prévention d’une éventuel<strong>le</strong> épi<strong>le</strong>psie ultérieure est indiquée lorsque l’enfant :<br />

- présente des anomalies neurologiques<br />

- a présenté une CFC.<br />

Le traitement repose alors sur <strong>le</strong> valproate de sodium (Dépakine®) à la dose de 20 mg/kg/j, qui est<br />

interrompu après 2 ans sans crise.<br />

9. Conclusions<br />

Les CF sont fréquentes et bana<strong>le</strong>s. Leur survenue dépend beaucoup de facteurs génétiques et <strong>le</strong>ur<br />

évolution est <strong>le</strong> plus souvent bénigne. Hormis l’angoisse qu’el<strong>le</strong>s entraînent dans l’entourage familial,<br />

<strong>le</strong>ur principa<strong>le</strong> complication est la récidive (40% des cas). Les CF peuvent aussi inaugurer ou<br />

entraîner une épi<strong>le</strong>psie dans 5% des cas. Le bilan paraclinique au décours d’une convulsion fébri<strong>le</strong><br />

est <strong>le</strong> plus souvent inuti<strong>le</strong> ; <strong>le</strong> seul vrai problème est celui d’éliminer une infection du SNC.<br />

Le plus souvent, <strong>le</strong>s CF ne nécessitent aucun traitement médicamenteux et <strong>le</strong>s antipyrétiques bien<br />

répartis dans <strong>le</strong> nycthémère restent <strong>le</strong> moyen <strong>le</strong> plus uti<strong>le</strong> pour éviter <strong>le</strong>s récidives. Les<br />

antiépi<strong>le</strong>ptiques ne sont uti<strong>le</strong>s que lorsqu’il existe des critères prédictifs d’épi<strong>le</strong>psie ultérieure, c'est-àdire<br />

lorsque <strong>le</strong>s convulsions fébri<strong>le</strong>s présentent des caractères permettant de <strong>le</strong>s qualifier de<br />

comp<strong>le</strong>xes ou compliquées.<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Dr. Olivia Mourier, Pr. Jacques Motte (CHU Reims) MAJ : 06/01/2006<br />

Points essentiels<br />

¤ Parmi <strong>le</strong>s convulsions occasionnel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s convulsions fébri<strong>le</strong>s (CF) prédominent mais des<br />

convulsions surviennent pour une cause métabolique, toxique, traumatique.<br />

¤ Les CF sont des crises déc<strong>le</strong>nchées par la fièvre, en l’absence d’infection du système nerveux<br />

central survenant habituel<strong>le</strong>ment chez l’enfant entre 3 mois et 5 ans. Très fréquentes, el<strong>le</strong>s<br />

représentent la principa<strong>le</strong> cause des convulsions du nourrisson et surviennent chez 2 à 5 % de la<br />

population généra<strong>le</strong>. Le risque de première CF est accru à 10-15% si un apparenté de premier degré<br />

a eu des CF ; il atteint 50% si un parent et un frère ou une sœur ont présenté des CF.<br />

¤ Les principa<strong>le</strong>s difficultés sont diagnostiques et pronostiques. Devant un enfant fébri<strong>le</strong> qui convulse<br />

la première préoccupation est d’écarter la possibilité d’une méningite, d’une encéphalite et de tout<br />

autre infection du SNC. Une ponction lombaire doit être réalisée en fonction ou non de signes<br />

d’infection méningée. Plus l’enfant est jeune, plus cel<strong>le</strong>-ci doit être faite faci<strong>le</strong>ment.<br />

¤ Il faut savoir différencier, sur des éléments cliniques, la convulsion fébri<strong>le</strong> simp<strong>le</strong> de la convulsion<br />

fébri<strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xe.<br />

¤ Approximativement 60 à 70% des enfants qui ont présenté une première CF n’en referont jamais.<br />

Les récidives surviennent en général dans l’année qui suit la première crise. Plus l’enfant est jeune au<br />

moment de la première CF, plus <strong>le</strong> risque est important.<br />

Les facteurs de risque de survenue ultérieure d’une épi<strong>le</strong>psie sont <strong>le</strong> caractère comp<strong>le</strong>xe des CF, un<br />

retard de développement, une anomalie neurodéveloppementa<strong>le</strong> préexistante ou des antécédents<br />

familiaux d’épi<strong>le</strong>psie.<br />

¤ Le traitement de la crise repose sur l’instillation intra recta<strong>le</strong> de Diazepam si la crise se prolonge.<br />

Les antipyrétiques bien répartis dans <strong>le</strong> nycthémère en cas de fièvre restent <strong>le</strong> moyen <strong>le</strong> plus uti<strong>le</strong><br />

pour éviter <strong>le</strong>s récidives. Les antiépi<strong>le</strong>ptiques ne sont uti<strong>le</strong>s que lorsqu’il existe des critères prédictifs<br />

d’épi<strong>le</strong>psie ultérieure, c'est-à-dire lorsque <strong>le</strong>s convulsions fébri<strong>le</strong>s sont comp<strong>le</strong>xes ou compliquées. Ils<br />

sont parfois aussi utilisés lorsque <strong>le</strong>s convulsions fébri<strong>le</strong>s se répètent malgré <strong>le</strong> traitement<br />

antipyrétique bien conduit.<br />

¤ Les CF sont souvent bénignes, il faut donc savoir rassurer l’entourage familial, tant sur <strong>le</strong> plan vital<br />

que cérébral et intel<strong>le</strong>ctuel.<br />

Bibliographies :<br />

- Les convulsions fébri<strong>le</strong>s. J.Motte, N.Bednarek. Anna<strong>le</strong>s Nestlé 2003 vol 61 N°3 p99-106.<br />

- Neurologie pédiatrique. M. Arthuis, O. Dulac, G. Ponsot, N. Pinsard, J. Mancin. Flammarion 2001.<br />

Glossaire et explications uti<strong>le</strong>s<br />

- Convulsions : Contractions brusques et involontaire de la musculature striée.<br />

- Convulsions occasionnel<strong>le</strong>s : Convulsions en rapport avec une affection occasionnel<strong>le</strong> (Fièvre,<br />

métabolique, toxique, traumatique, infectieux…).<br />

- Crise d’épi<strong>le</strong>psie : Manifestation clinique anorma<strong>le</strong> en rapport avec une décharge hypersynchrone<br />

d’une population neurona<strong>le</strong> plus ou moins étendue.<br />

- Epi<strong>le</strong>psie : Maladie caractérisée par la répétition des crises d’épi<strong>le</strong>psie.<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Pr. Emmanuel Grimprel (Hôpital d’enfants Armand-Trousseau - Paris) MAJ : 21/09/2005<br />

Objectifs :<br />

Objectifs terminaux (nationaux)<br />

Coqueluche – Item 78<br />

Diagnostiquer une coqueluche<br />

Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier <strong>le</strong> suivi du patient<br />

Objectifs intermédiaires (du Collège National des Professeurs de Pédiatrie)<br />

Décrire <strong>le</strong>s caractéristiques d’une quinte de coqueluche en fonction de l’âge et la différencier des<br />

autres causes de toux paroxystiques<br />

Citer et interpréter <strong>le</strong>s examens biologiques pouvant contribuer au diagnostic<br />

Citer <strong>le</strong>s complications et <strong>le</strong>urs circonstances favorisantes<br />

Décrire <strong>le</strong>s signes de gravité et <strong>le</strong>s indications d’une hospitalisation<br />

Prescrire un traitement et <strong>le</strong>s mesures préventives devant un cas suspect<br />

Décrire <strong>le</strong> vaccin, ses indications et contre-indications et son ca<strong>le</strong>ndrier d’administration optimal<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

I - Diagnostiquer une coqueluche<br />

Faq 1 - Sur quels éléments doit-on suspecter une coqueluche ?<br />

Faq 2 - Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s caractéristiques d’une quinte coquelucheuse<br />

Faq 3 - Comment différencier la coqueluche des autres causes de toux paroxystique ?<br />

Faq 4 - Quels examens complémentaires proposer ? Indications et Interprétation en fonction<br />

de l’âge et de l’immunité résiduel<strong>le</strong><br />

Faq 5 - Citer <strong>le</strong>s complications et <strong>le</strong>urs circonstances favorisantes<br />

Faq 6 - Quels sont <strong>le</strong>s signes de gravité et <strong>le</strong>s indications d’une hospitalisation<br />

II - Argumenter l’attitude thérapeutique<br />

Faq 7 - Quel<strong>le</strong>s mesures préventives proposer devant un cas suspect ?<br />

Faq 8 - Argumenter l’intérêt d’une prévention vaccina<strong>le</strong><br />

Faq 9 - Décrire <strong>le</strong>s vaccins coquelucheux utilisés, <strong>le</strong>s indications et contre-indications, <strong>le</strong><br />

ca<strong>le</strong>ndrier vaccinal optimal<br />

Bibliographies<br />

Introduction<br />

• La coqueluche est une infection bactérienne due à Bordetella pertussis (et accessoirement à<br />

Bordetella parapertussis).<br />

• El<strong>le</strong> touche l’homme du nouveau-né à l’adulte et son éradication est illusoire. Par contre son contrô<strong>le</strong><br />

est envisageab<strong>le</strong> par <strong>le</strong> biais de la vaccination et du traitement prophylactique des cas et de <strong>le</strong>ur<br />

entourage.<br />

• La vaccination est efficace et essentiel<strong>le</strong> au contrô<strong>le</strong> de la maladie mais insuffisante car la protection<br />

vaccina<strong>le</strong> ne dépasse pas 6 ans. Une vaccination de rappel tardif est nécessaire pour prolonger<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Pr. Emmanuel Grimprel (Hôpital d’enfants Armand-Trousseau - Paris) MAJ : 21/09/2005<br />

l’immunité vaccina<strong>le</strong>.<br />

• La coqueluche est grave chez <strong>le</strong> petit nourrisson contaminé par son entourage à un âge où <strong>le</strong>s<br />

formes sévère, compliquées et parfois mortel<strong>le</strong>s sont fréquentes et où la vaccination n’a pas eu <strong>le</strong><br />

temps d’être efficace.<br />

• Il n’y a pas de traitement curatif efficace mais <strong>le</strong> diagnostic et la prise en charge hospitalière précoce<br />

permettent d’éviter <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s complications.<br />

• La protection des jeunes nourrissons passe par <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de la transmission auprès de son<br />

entourage, c’est à dire par <strong>le</strong> diagnostic et <strong>le</strong> traitement antibiotique précoce des cas, en particulier <strong>le</strong>s<br />

ado<strong>le</strong>scents et <strong>le</strong>s adultes<br />

I- Diagnostiquer une coqueluche<br />

Le diagnostic est essentiel car il permet une prise en charge précoce des sujets à risque de<br />

complications (jeune nourrisson) et un traitement précoce éga<strong>le</strong>ment des sujets contagieux (tous ceux<br />

qui toussent) afin de limiter la transmission.<br />

Le diagnostic repose sur<br />

• une présomption clinique : toux évocatrice et cas de toux prolongée dans l’entourage avec une<br />

durée d’incubation compatib<strong>le</strong><br />

• une confirmation<br />

- biologique : examens complémentaires positifs<br />

- et/ou épidémiologique : contact prouvé avec un cas biologiquement confirmé<br />

Faq 1 - Sur quels éléments doit-on suspecter une coqueluche ?<br />

La coqueluche est une infection bactérienne respiratoire singulière par l’importance de la toux et son<br />

caractère épidémique avec une longue durée d’incubation.<br />

Les caractères de la toux :<br />

• toux spasmodique et paroxystique<br />

• toux quinteuse (voire plus loin la définition de la quinte)<br />

• sans fièvre ni autre signe respiratoire<br />

• qui évolue vers la persistance ou l’aggravation au bout de 7 jours<br />

La notion de cas dans l’entourage :<br />

• épidémie de toux prolongées de plus de 7 jours<br />

• avec une durée d’incubation compatib<strong>le</strong> car longue (5 à 15 jours)<br />

• permettant d’identifier des cas primaires (contaminateurs de l’enfant malade) et secondaires.<br />

Faq 2 - Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s caractéristiques d’une quinte coquelucheuse<br />

La quinte est l’élément typique de la maladie coquelucheuse. El<strong>le</strong> se traduit par :<br />

• des accès vio<strong>le</strong>nts et répétés de toux,<br />

• sans respiration efficace,<br />

• qui aboutissent à une turgescence du visage avec rougeur conjonctiva<strong>le</strong>,<br />

• vomissements<br />

• cyanose<br />

• reprise inspiratoire en fin de quinte, sonore et comparab<strong>le</strong> au chant du coq.<br />

• à la fin de la quinte, <strong>le</strong> sujet libère une expectoration muqueuse claire et épaisse de façon diffici<strong>le</strong>.<br />

Fait important : entre <strong>le</strong>s quintes, <strong>le</strong> sujet est tota<strong>le</strong>ment asymptomatique.<br />

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Faq 3 - Comment différencier la coqueluche des autres causes de toux<br />

paroxystique ?<br />

Chez <strong>le</strong> nourrisson, devant une toux quinteuse et spasmodique d’évolution aiguë, <strong>le</strong>s diagnostics<br />

différentiels <strong>le</strong>s plus fréquemment évoqués sont :<br />

• L’infection vira<strong>le</strong> trachéo-bronchique et l’asthme (l’examen clinique n’est pas normal et oriente<br />

faci<strong>le</strong>ment)<br />

Chez <strong>le</strong> nourrisson, devant une toux chronique, il faut savoir évoquer<br />

• L’asthme, à nouveau<br />

• Le reflux gastro-œsophagien (la notion de vomissements faci<strong>le</strong>s et répétés depuis la naissance et <strong>le</strong><br />

caractère positionnel et nocturne de la toux sont <strong>le</strong>s éléments clés).<br />

• L’inhalation d’un corps étranger (rechercher un syndrome d’inhalation oublié, radiographie<br />

thoracique de face en inspiration et expiration, endoscopie trachéo-bronchique)<br />

• Une compression laryngo-trachéa<strong>le</strong> (dyspnée laryngée et/ou trachéa<strong>le</strong>, transit oesophagien,<br />

endoscopie trachéo-bronchique).<br />

• La mucoviscidose<br />

Chez <strong>le</strong> grand enfant, un syndrome coquelucheux peut être éga<strong>le</strong>ment la traduction<br />

• d’une infection à Mycoplasma pneumoniae ou à Chlamydia pneumoniae (caractère épidémique<br />

familial ou scolaire, foyer de condensation plus ou moins systématisé sur la radiographie thoracique).<br />

Faq 4 - Quels examens complémentaires proposer ? Indications et<br />

Interprétation en fonction de l’âge et de l’immunité résiduel<strong>le</strong><br />

Certains examens complémentaires sont uti<strong>le</strong>s mais non spécifiques.<br />

• La radiographie thoracique est souvent norma<strong>le</strong> ou bien el<strong>le</strong> montre un syndrome bronchique uni ou<br />

bilatéral. El<strong>le</strong> permet surtout d’éliminer d’autres diagnostics.<br />

• La numération formu<strong>le</strong> sanguine en phase de quintes peut montrer une hyperlymphocytose<br />

évocatrice (supérieure à 10000/mm 3 ) mais el<strong>le</strong> est inconstante car de courte durée.<br />

La confirmation du diagnostic repose sur d’autres examens complémentaires spécifiques<br />

• Diagnostic direct.<br />

- La culture d’une aspiration naso-pharyngée sur milieu spécifique enrichi de Bordet et Gengou.<br />

Sa sensibilité est maxima<strong>le</strong> pendant la phase catarrha<strong>le</strong> (60%) et diminue rapidement avec <strong>le</strong> temps<br />

(20% au bout de 15 jours d’évolution) ou bien si <strong>le</strong> sujet est traité par un antibiotique efficace<br />

(macrolide).<br />

- La réaction de polymérisation en chaîne (PCR) à partir d’une aspiration naso-pharyngée est<br />

sensib<strong>le</strong> (95%) très spécifique et rapide (48 heures), mais encore peu pratiquée et de surcroît non<br />

remboursée par la Sécurité Socia<strong>le</strong>.<br />

- L’immunofluorescence n’est plus recommandée car el<strong>le</strong> manque à la fois de sensibilité et de<br />

spécificité.<br />

• Diagnostic indirect : la sérologie. La sérologie est uti<strong>le</strong> lorsque la culture est défaillante (pratiquée<br />

trop tard, ou chez un sujet déjà traité par macrolides). El<strong>le</strong> nécessite la comparaison d’un sérum<br />

précoce et d’un sérum de conva<strong>le</strong>scence pré<strong>le</strong>vé 3 à 4 semaines plus tard, afin de visualiser la<br />

montée des anticorps. Deux techniques sont validées en France: l’agglutination et l’immunoempreinte.<br />

- l’agglutination n’a aucune sensibilité chez <strong>le</strong> jeune nourrisson non vacciné mais est uti<strong>le</strong> chez <strong>le</strong><br />

grand enfant et l’adulte anciennement vaccinés.<br />

- l'immuno-empreinte est sensib<strong>le</strong> et spécifique à tout âge et recherche <strong>le</strong>s anticorps dirigés<br />

contre la PT (seu<strong>le</strong> spécifique de Bordetal<strong>le</strong>. pertussis) ou l’Adényl-Cyclase hémolysine (AC-Hly).<br />

Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s indications de ces examens biologiques et comment interpréter <strong>le</strong>s résultats ?<br />

L’approche est différente selon l’âge du sujet et selon son immunité résiduel<strong>le</strong>.<br />

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• Chez <strong>le</strong> nourrisson :<br />

- il faut privilégier la culture et la PCR qui ont toutes <strong>le</strong>s chances d’être fortement positives (car <strong>le</strong><br />

diagnostic est précoce) et de façon durab<strong>le</strong> (car <strong>le</strong> sujet est non immun).<br />

On réserve habituel<strong>le</strong>ment la PCR au jeune nourrisson hospitalisé du fait de l’absence de<br />

remboursement par la Sécurité Socia<strong>le</strong>. La culture est essentiel<strong>le</strong> néanmoins car el<strong>le</strong> permet l’analyse<br />

des souches circulantes (génotype, sensibilité aux antibiotiques).<br />

- La sérologie à cet âge est inuti<strong>le</strong> pour deux raisons : la montée des anticorps est très <strong>le</strong>nte avant<br />

l’âge de 6 mois et <strong>le</strong> jeune nourrisson est souvent porteur d’anticorps maternels qui sont<br />

indifférenciab<strong>le</strong>s de ses propres anticorps.<br />

- Cependant, l’enquête sérologique maternel<strong>le</strong> garde un certain intérêt pour diagnostiquer une<br />

coqueluche chez un nourrisson pour <strong>le</strong>quel la culture ou la PCR sont impossib<strong>le</strong>s ou négatives. La<br />

comparaison d’un sérum pré<strong>le</strong>vé chez la mère pendant la phase aiguë de l’enfant et d’un sérum prépartum<br />

permet dans 70 % des cas de démontrer une séroconversion maternel<strong>le</strong> qui valide alors <strong>le</strong><br />

diagnostic chez l’enfant (méthode du lien épidémiologique).<br />

• Chez <strong>le</strong> grand enfant et l’adulte, pour <strong>le</strong>squels l’examen direct (culture ou PCR) est diffici<strong>le</strong> en<br />

ambulatoire et souvent négatif car la coqueluche est diagnostiquée à un moment tardif de l’évolution,<br />

la sérologie reste <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur examen car el<strong>le</strong> peut montrer, en cas d’infection récente une ascension<br />

ou une diminution du titre des anticorps.<br />

Faq 5 - Citer <strong>le</strong>s complications et <strong>le</strong>urs circonstances favorisantes<br />

La gravité de la coqueluche est essentiel<strong>le</strong>ment liée au jeune âge des malades, c’est-à-dire avant 3<br />

mois. La gravité repose sur l’apparition de:<br />

• Quintes asphyxiantes (cyanosantes avec désaturation artériel<strong>le</strong> en O2)<br />

• Quintes apnéisantes ou apnées si<strong>le</strong>ncieuses<br />

• Bradycardies<br />

• L’évolution vers une coqueluche maligne<br />

Ces formes graves justifient une prise en charge en réanimation (21% des coqueluches hospitalisées)<br />

Les principa<strong>le</strong>s complications sont respiratoires et neurologiques et surviennent en majorité avant 6<br />

mois.<br />

• Bronchopneumonies (20%) et pneumocoqueluches alvéolaires sévères<br />

• Complications neurologiques : convulsions (2,6%) et encéphalopathie (0 ,8%)<br />

La mortalité par coqueluche est non négligeab<strong>le</strong> (0,2%) et correspond aux formes graves, en<br />

particulier aux formes « malignes » (décrite au paragraphe suivant). El<strong>le</strong> est probab<strong>le</strong>ment sous<br />

estimée (en Al<strong>le</strong>magne, 18% des morts subites du nourrisson sont des coqueluches non<br />

diagnostiquées).<br />

Faq 6 - Quels sont <strong>le</strong>s signes de gravité et <strong>le</strong>s indications d’une hospitalisation<br />

Signes cliniques :<br />

L’apparition de quintes asphyxiantes, de cyanose, de bradycardies et d’apnées impose la mise sous<br />

surveillance en réanimation et parfois l’intubation et la ventilation assistée. D’où l’importance de la<br />

surveillance hospitalière initia<strong>le</strong> de tout nourrisson de moins de 3 mois suspect ou atteint de<br />

coqueluche.<br />

Signes biologiques :<br />

L’apparition d’une hyponatrémie profonde, d’une hyperlymphocytose majeure et/ou d’une<br />

hyperplaquettose annonce <strong>le</strong> passage vers la coqueluche « maligne », qui se traduit par un tab<strong>le</strong>au de<br />

détresse respiratoire majeure avec hypoxie réfractaire, tachycardie extrême et défaillance<br />

multiviscéra<strong>le</strong> à la fois cardiaque, réna<strong>le</strong> et neurologique. Le pronostic de ces coqueluches « malignes<br />

» est sévère, évoluant généra<strong>le</strong>ment vers <strong>le</strong> décès ou vers de graves séquel<strong>le</strong>s pulmonaires.<br />

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II- Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier <strong>le</strong> suivi du patient<br />

La prise en charge thérapeutique des patients atteints de coqueluche a deux objectifs :<br />

• Réduire <strong>le</strong>s complications, en particulier chez <strong>le</strong> jeune nourrisson<br />

• Réduire la contagiosité et la transmission de la maladie.<br />

L’hospitalisation doit être systématique avant 3 mois, el<strong>le</strong> permet :<br />

• D’évaluer la gravité des quintes (monitorage cardiorespiratoire, et de la saturation) afin de dépister<br />

<strong>le</strong>s épisodes d’apnée, de bradycardie et d’hypoxie qui nécessiteront soit une oxygénothérapie, soit<br />

une surveillance en unités de soins intensifs pour éviter des complications cérébra<strong>le</strong>s.<br />

• De maintenir l’état nutritionnel du jeune nourrisson qui vomit beaucoup et qui présente un risque de<br />

déshydratation et surtout de dénutrition. Dans certains cas, on pourra proposer un gavage gastrique<br />

discontinu chez ces patients.<br />

• D’effectuer un drainage des sécrétions afin d’éviter <strong>le</strong>s surinfections et <strong>le</strong>s até<strong>le</strong>ctasies, sources de<br />

séquel<strong>le</strong>s respiratoires.<br />

Aucun traitement curatif<br />

Il n’y a aucun traitement curatif qui ait fait la preuve de son efficacité au cours des coqueluches<br />

déclarées une fois atteint la phase des quintes.<br />

• Les macrolides n’ont aucun effet sur l’évolution de la maladie lorsqu’el<strong>le</strong> est déclarée ; en revanche,<br />

ils peuvent réduire la durée de l’évolution lorsqu’ils sont prescrits tôt au cours de la phase catarrha<strong>le</strong><br />

d’un sujet secondaire ou même empêcher l’apparition de la maladie chez <strong>le</strong>s cas contacts lorsqu’ils<br />

sont en phase d’incubation.<br />

• Les corticoïdes par voie généra<strong>le</strong> ou inhalée, de même que <strong>le</strong>s broncho-dilatateurs (salbutamol,<br />

terbutaline), n’ont pas fait la preuve de <strong>le</strong>ur efficacité au cours des coqueluches de l’enfant et de<br />

l’adulte.<br />

Faq 7 - Quel<strong>le</strong>s mesures préventives proposer devant un cas suspect ?<br />

Le second objectif est de réduire la contagiosité et la transmission. Deux mesures sont uti<strong>le</strong>s :<br />

• L’antibiothérapie prophylactique de la transmission. El<strong>le</strong> doit être prescrite à la fois chez <strong>le</strong> patient<br />

(pour limiter <strong>le</strong> risque de contamination au sein de l’unité hospitalière) mais éga<strong>le</strong>ment aux membres<br />

de son entourage (malades ou sains) afin d’éviter <strong>le</strong>s cas ultérieurs de coqueluche qui seront sources<br />

de nouvel<strong>le</strong>s contaminations. La coqueluche de l’enfant et de l’adulte doit éga<strong>le</strong>ment être traitée pour<br />

<strong>le</strong>s mêmes raisons.<br />

BEH :<br />

• La vaccination. En cas d’épidémie ou cas groupés de coqueluche, il est recommandé de compléter<br />

<strong>le</strong>s vaccinations manquantes au sein de l’entourage du patient selon <strong>le</strong> ca<strong>le</strong>ndrier vaccinal en vigueur.<br />

L’antibiothérapie de la coqueluche repose sur <strong>le</strong>s macrolides.<br />

• Les bétalactamines sont tota<strong>le</strong>ment inefficaces pour éradiquer l’agent infectieux au niveau de l’arbre<br />

respiratoire.<br />

• Le traitement de référence est l’érythromycine, à la dose de 40 à 60 mg•kg•j –1 en trois à quatre<br />

prises par jour.<br />

• Les autres macrolides sont possib<strong>le</strong>s (josamycine, roxitromycine, clarythromycine).<br />

• Il n’y a pas de résistance documentée en France aux macrolides à ce jour.<br />

• La durée de l’antibiothérapie doit être prolongée chez <strong>le</strong> nourrisson (au moins 14 j ) ; el<strong>le</strong> peut être<br />

plus réduite chez <strong>le</strong> sujet grand enfant ou adulte, partiel<strong>le</strong>ment immun, à 8-10 j.<br />

Faq 8 - Argumenter l’intérêt d’une prévention vaccina<strong>le</strong><br />

L’autre moyen de prévention est la vaccination<br />

• La vaccination a réduit de façon spectaculaire l’incidence et la mortalité de la coqueluche dans tous<br />

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<strong>le</strong>s pays qui l’ont généralisée et maintenue à un haut taux de couverture (cf. épidémiologie).<br />

• La vaccination est efficace sur un plan individuel, son efficacité est estimée supérieure à 85-90%.<br />

• La vaccination permet de réduire la circulation de l’agent infectieux et protège ainsi de façon<br />

indirecte <strong>le</strong>s sujets non vaccinés.<br />

• Toutefois, la durée de protection est limitée dans <strong>le</strong> temps et justifie la pratique de rappels tardifs<br />

chez l’ado<strong>le</strong>scent (cf. ca<strong>le</strong>ndrier vaccinal).<br />

Faq 9 - Décrire <strong>le</strong>s vaccins coquelucheux utilisés, <strong>le</strong>s indications et contreindications,<br />

<strong>le</strong> ca<strong>le</strong>ndrier vaccinal optimal<br />

Deux types de vaccins coquelucheux sont utilisés en France.<br />

• Les vaccins à germes entiers sont des suspensions de bactéries inactivées par la cha<strong>le</strong>ur. Ce sont<br />

<strong>le</strong>s premiers vaccins ayant été utilisés. Leur efficacité est supérieure à 90%. Leur tolérance est<br />

marquée dans <strong>le</strong>s 48 heures qui suivent l’injection par une réactogénicité loca<strong>le</strong> (dou<strong>le</strong>ur, cha<strong>le</strong>ur,<br />

œdème au point d’injection dans 50% des cas) et généra<strong>le</strong> (fièvre, généra<strong>le</strong>ment modérée dans 30%<br />

des cas).<br />

• Les vaccins acellulaires contiennent 2 à 5 antigènes purifiés. Ces vaccins sont plus récents, ils ont<br />

été élaborés dans l’objectif d’obtenir une meil<strong>le</strong>ure tolérance loca<strong>le</strong> et généra<strong>le</strong>. Leur efficacité est de<br />

85%.<br />

Ca<strong>le</strong>ndrier vaccinal en France<br />

La vaccination coqueluche n’est pas obligatoire mais recommandée. Depuis 2004, <strong>le</strong> ca<strong>le</strong>ndrier<br />

vaccinal Français comporte pour la vaccination coqueluche :<br />

• Une primovaccination précoce à trois doses administrées à 2, 3 et 4 mois. qui peut être fait<br />

indifféremment avec un vaccin combiné à germe entier ou un vaccin combiné acellulaire.<br />

• Un premier rappel à 16–18 mois qui peut être fait indifféremment avec un vaccin combiné à germe<br />

entier ou un vaccin combiné acellulaire<br />

• Un rappel tardif à l’âge de 11–13 ans uniquement avec une combinaison vaccina<strong>le</strong> acellulaire<br />

• Un rappel pour <strong>le</strong>s professionnels de santé en contact avec de jeunes nourrissons, pour <strong>le</strong>s adultes<br />

susceptib<strong>le</strong>s de devenir parents dans <strong>le</strong>s mois et années à venir, et pour <strong>le</strong>s membres du foyer à<br />

l’occasion d’une grossesse (enfant non à jour pour cette vaccination et père n’ayant pas reçu de<br />

vaccin contre la coqueluche depuis plus de 10 ans : durant la grossesse ; mère : <strong>le</strong> plus tôt après<br />

l’accouchement). Ce rappel est fait avec une combinaison vaccina<strong>le</strong> acellulaire (pouvant contenir une<br />

dose réduite de la va<strong>le</strong>nce diphtérie)<br />

• De même, <strong>le</strong> rappel est recommandé pour <strong>le</strong>s professionnels en contact avec des nourrissons trop<br />

jeunes pour avoir reçu trois doses de vaccins coquelucheux.<br />

Vaccins disponib<strong>le</strong>s<br />

On distingue <strong>le</strong>s vaccins coquelucheux selon <strong>le</strong>urs associations avec d’autre va<strong>le</strong>nces vaccina<strong>le</strong>s<br />

appelées combinaisons. Ces combinaisons s’adressent aux différentes étapes de vaccination du<br />

ca<strong>le</strong>ndrier vaccinal (primovaccination et rappels).<br />

En primovaccination et au premier rappel, <strong>le</strong>s combinaisons doivent comporter <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>nces suivantes<br />

: Diphtérie – Tétanos – Coqueluche – Polio – Haemophilus influenzae b +/- Hépatite B<br />

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Vaccins pentava<strong>le</strong>nts Entier Acellulaires<br />

Aventis Pasteur MSD Pentacoq Pentavaq<br />

Glaxo Smithkline Infanrix Quinta<br />

Vaccins hexava<strong>le</strong>nts (avec hépatite B) Acellulaires<br />

Aventis Pasteur MSD Hexavac<br />

Glaxo Smithkline Infanrix Hexa<br />

Au rappel tardif à 11–13 ans, <strong>le</strong>s combinaisons doivent comporter <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>nces suivantes : Diphtérie –<br />

Tétanos –<br />

Coqueluche – Polio<br />

Vaccins tétrava<strong>le</strong>nts Acellulaires<br />

Aventis Pasteur MSD Tetravaq<br />

Glaxo Smithkline Infanrix Quinta<br />

Vaccins tétrava<strong>le</strong>nts du rappel tardif de l’adulte (dTcaP) Acellulaires<br />

Sanofi Pasteur MSD Repevax<br />

Glaxo Smithkline Boostrix Tetra<br />

Contre-indications des vaccins coquelucheux<br />

Les contre indications concernent tous <strong>le</strong>s types de vaccins coquelucheux et sont :<br />

• Les encéphalopathies évolutives, convulsivantes ou non.<br />

• Une forte réaction survenue dans <strong>le</strong>s 48 heures suivant une injection vaccina<strong>le</strong> antérieure<br />

- Fièvre supérieure ou éga<strong>le</strong> à 40°C<br />

- Syndrome du cri persistant<br />

- Convulsion fébri<strong>le</strong> ou non fébri<strong>le</strong><br />

- Syndrome d’hypotonie-hyporéactivité<br />

• Une réaction d’hypersensibilité immédiate consécutive à une injection précédente<br />

- Urticaire<br />

- Œdème de Quincke<br />

- Choc anaphylactique<br />

• Une hypersensibilité à l’un des composants du vaccin<br />

Bibliographie :<br />

Lien avec BEH ca<strong>le</strong>ndrier vaccinal 2004 : www.invs.sante.fr/beh/2004/28_29<br />

Lien avec BEH Conduite à tenir devant un ou plusieurs cas de coqueluche :<br />

www.invs.sante.fr/beh/2005/07<br />

• GRIMPREL E, GUISO N, BÉGUÉ P. Coqueluche. Encycl Méd Chir (Elsevier Paris), Pédiatrie,<br />

4-280-A-30, Maladies Infectieuses, 8-017-B-10, 1997, 8 p .<br />

• GRIMPREL E, BÉGUÉ P. Coqueluche. in. Pathologie Infectieuse de l’Enfant, Pierre Bégué,<br />

Jacques Astruc Eds. Masson, 2ème édition, 1999, p177-191.<br />

• GRIMPREL E. Bordetella pertussis et sa pathologie : formes cliniques du nourrisson et de<br />

l’enfant. Med Mal Infect 2001 ; 31 suppl. : 45s-55s.<br />

• GRIMPREL E. Les vaccins coquelucheux. MT Pédiatrie 2000 ; 4 suppl : 274-9.<br />

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Développement psychomoteur du nourrisson et de l’enfant :<br />

aspects normaux et pathologiques<br />

Auteurs : M. Roussey (CHU de Rennes), S. Peudenier (CHU de Brest), O. Kremp (Université<br />

Catholique de Lil<strong>le</strong>)<br />

Attention : Cette question a été scindée en deux parties, la seconde traitant des troub<strong>le</strong>s de<br />

l’apprentissage et des difficultés scolaires<br />

Objectifs :<br />

¤ Diagnostiquer une anomalie du développement somatique (cf question 33), psychomoteur,<br />

intel<strong>le</strong>ctuel et affectif.<br />

¤ Repérer précocement <strong>le</strong>s dysfonctionnements relationnels [et <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s de l’apprentissage : cet<br />

objectif est traité dans la deuxième partie de la question].<br />

¤ Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier <strong>le</strong> suivi dans <strong>le</strong>s situations courantes.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Comment évaluer <strong>le</strong> développement psychomoteur d’un jeune enfant (0 à 3 ans) ?<br />

Faq 2 - Comment évaluer <strong>le</strong> développement psychomoteur d’un enfant entre 3 et 6 ans ?<br />

Faq 3 - Comment évaluer <strong>le</strong> développement psychomoteur d’un enfant entre 6 et 10 ans ?<br />

Faq 4 - Conduite à tenir lors de la constatation d'un retard du développement psychomoteur<br />

Conclusion<br />

Introduction<br />

Pouvoir affirmer, lors des visites systématiques de la première enfance, qu'un enfant se développe<br />

norma<strong>le</strong>ment est d'une grande importance. Le retard des acquisitions psychomotrices est <strong>le</strong> handicap<br />

<strong>le</strong> moins bien reconnu par <strong>le</strong>s médecins. Il ne pourra être mis en évidence que si <strong>le</strong> médecin a acquis,<br />

pour chaque âge, des repères précis de développement normal. Le but de ces examens<br />

systématiques est doub<strong>le</strong> : <strong>le</strong> plus souvent, il permet de rassurer <strong>le</strong>s parents sur <strong>le</strong> développement<br />

neurologique de <strong>le</strong>ur enfant ; parfois, il met en évidence un décalage des acquisitions psychomotrices,<br />

associé ou non à des signes neurologiques. Le dépistage d'anomalies du développement cérébral tôt<br />

dans la vie de l'enfant, permet une prise en charge précoce de l'enfant et sa famil<strong>le</strong>.<br />

- Modalités de l'examen clinique<br />

L'évaluation du développement demande une coopération parfaite de l'enfant. Il faut donc <strong>le</strong> laisser en<br />

sécurité, dans <strong>le</strong>s bras de sa mère, et commencer l'examen par des jeux en réservant l'examen<br />

neurologique plus formel et l'examen général à une phase ultérieure de la consultation.<br />

Faq 1 - Comment évaluer <strong>le</strong> développement psychomoteur d’un jeune enfant (0<br />

à 3 ans) ?<br />

1 - Technique d'examen<br />

Il faut d'abord dialoguer avec <strong>le</strong>s parents, <strong>le</strong>s interroger sur <strong>le</strong>s antécédents familiaux, sur <strong>le</strong><br />

dérou<strong>le</strong>ment de la grossesse, sur <strong>le</strong>s conditions de l'accouchement, <strong>le</strong>s questionner sur <strong>le</strong>s<br />

réalisations de l'enfant. En s'aidant du carnet de santé, <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s étapes du développement sont<br />

repérées dans <strong>le</strong> temps (par exemp<strong>le</strong>, sourire-réponse à 2 mois, tenue assise sans appui à 7 mois,


marche à 12 mois...). Pendant tout <strong>le</strong> temps de l'entretien, l'enfant est observé, puis <strong>le</strong> premier contact<br />

commence sous forme de jeu, alors que l'enfant est toujours habillé et "en sécurité" sur <strong>le</strong>s genoux de<br />

sa mère. La pièce d'examen doit être calme, sans intervention extérieure pendant <strong>le</strong> temps de la<br />

consultation. L'examinateur utilise un petit matériel (cubes en bois, une pièce de monnaie, une<br />

bouteil<strong>le</strong> contenant une pastil<strong>le</strong> colorée, un imagier). Ce matériel, préparé à l'avance, est toujours <strong>le</strong><br />

même pour que l'examinateur en ait l'habitude et puisse comparer <strong>le</strong>s réactions des enfants. A partir<br />

de l'âge de 6 mois, l'examen commence par une phase de mise en confiance, par exemp<strong>le</strong> en<br />

proposant à l'enfant un cube coloré posé devant lui, sur la main de l'examinateur. Lorsque <strong>le</strong><br />

nourrisson a accepté de <strong>le</strong> prendre, de <strong>le</strong> manipu<strong>le</strong>r, puis à partir de 8-10 mois d'établir un échange<br />

avec l'examinateur, l'évaluation peut commencer.<br />

L'observation porte éga<strong>le</strong>ment sur :<br />

1- comment l'enfant fixe-t-il ? suit-il du regard dans <strong>le</strong>s deux directions ? Essaie-t-il<br />

d'attraper l'objet qu'on lui propose ? Le mouvement est-il libre, précis ? Utilise-t-il<br />

indifféremment la main droite et la main gauche ? (une latéralisation à cet âge est<br />

anorma<strong>le</strong> et doit faire rechercher une anomalie). La saisie des petits objets se fait-el<strong>le</strong><br />

par une pince doigt-paume, doigt-pouce ou pouce-index ?<br />

2- Le contact avec <strong>le</strong> nourrisson est-il bon ? sourit-il, s'intéresse-t-il à ce qui l'entoure<br />

ou, au contraire, reste-t-il indifférent, passif ? Peut-on capter son attention de façon<br />

durab<strong>le</strong> ou existe-t-il une hyperactivité ?<br />

3- Evaluation de l'audition : la réaction aux stimuli auditifs (voix, clochette) est<br />

repérée, chez <strong>le</strong> nouveau-né, par une modification de la succion, l'ouverture des yeux<br />

ou de la bouche, une brève immobilisation. Chez <strong>le</strong> nourrisson, la réaction au bruit est<br />

plus faci<strong>le</strong> à repérer, une rotation de la tête vers la source sonore est observée à<br />

partir de l'âge de trois mois.<br />

2 - Les dates à retenir<br />

El<strong>le</strong>s sont indiquées sur <strong>le</strong> test de Denver. Les principa<strong>le</strong>s acquisitions de l'enfant y sont classées en<br />

quatre rubriques : motricité globa<strong>le</strong>, motricité fine, langage et contact social. Le test de Denver est<br />

faci<strong>le</strong> à utiliser chez <strong>le</strong> nourrisson puis chez l'enfant, jusqu'à 5-6 ans. Il permet une évaluation rapide<br />

(possib<strong>le</strong> au cours d'une simp<strong>le</strong> consultation) et sert ainsi au dépistage.<br />

Dans la réalisation de chaque épreuve, il existe une variation individuel<strong>le</strong> norma<strong>le</strong>, indiquée dans <strong>le</strong><br />

tab<strong>le</strong>au par la tail<strong>le</strong> du rectang<strong>le</strong>. Le rectang<strong>le</strong> débute à l'âge auquel 25% de la population passe<br />

l'épreuve, <strong>le</strong> tiret correspond à l'âge où 50% de la population passe l'épreuve, <strong>le</strong> début du grisé<br />

correspond à 75% de la population et la fin du rectang<strong>le</strong> à 90% de la population. Avant d'examiner<br />

l'enfant, il faut tirer un trait au niveau de son âge chronologique. Les épreuves proposées sont cel<strong>le</strong>s<br />

situées directement à gauche de ce trait, c'est- à -dire cel<strong>le</strong>s que réussissent 90% des enfants de son<br />

âge, puis des épreuves plus "diffici<strong>le</strong>s", correspondant à son âge chronologique, sont proposées. Le<br />

test de Denver considère acquises <strong>le</strong>s performances désignées par ® pour réussies, rapportées par<br />

<strong>le</strong>s parents au cours de l'interrogatoire. A la fin de l'évaluation, on peut déterminer si l'enfant a des<br />

acquisitions en rapport avec son âge chronologique ou si el<strong>le</strong>s sont décalées et dans ce cas, chiffrer<br />

<strong>le</strong> retard.<br />

Certains repères chronologiques sont importants à retenir ; on <strong>le</strong>s retrouve notés dans <strong>le</strong>s principaux<br />

examens du carnet de santé (4ème, 9ème, 24ème mois) (cf question 33 : Suivi d’un nourrisson<br />

normal) :<br />

- 0 à 3 mois : sourire-réponse, suivi de l'objet dans <strong>le</strong>s deux directions de l'espace, tenue de la tête,<br />

ouverture des mains.<br />

- 3 à 6 mois : intérêt pour <strong>le</strong>s objets vers <strong>le</strong>squels il tend la main, rire, gazouillis, l'évolution du tonus<br />

axial et périphérique se poursuit selon un gradient céphalo-caudal<br />

Tête ----> Cou ------> Ceinture scapulaire ----> Tronc ------> Ceinture pelvienne<br />

Membres supérieurs ----> Membres inférieurs<br />

- 6 à 9 mois : <strong>le</strong> nourrisson porte <strong>le</strong>s objets ou un gâteau à la bouche, manipu<strong>le</strong> <strong>le</strong>s cubes d'une main<br />

dans l'autre, dit des bisyllabismes (ba-ba, ta-ta, pa-pa), tient assis sans appui. Sur <strong>le</strong> plan<br />

comportemental, l'enfant quitte la période symbiotique où il ne se distingue pas de ce qui l'entoure,<br />

pour entrer dans la période diatique où il se perçoit comme distinct de l'environnement et notamment<br />

de sa mère. Il commence à reconnaître son nom et tourne la tête quand on l’appel<strong>le</strong>.<br />

L'enfant est timide avec <strong>le</strong>s inconnus, par exemp<strong>le</strong> l'examinateur (notion d'angoisse de l'étranger),


supporte mal la séparation avec sa mère. Il s'attache souvent à un objet (bout de tissu, peluche...)<br />

dont l'odeur, la douceur, la cha<strong>le</strong>ur rappel<strong>le</strong> certaines qualités maternel<strong>le</strong>s et permettent de mieux<br />

tolérer la séparation, c'est "l'objet transitionnel". Cependant, <strong>le</strong>s expériences de séparation prolongée<br />

ou répétée sans substitut maternel stab<strong>le</strong> peuvent conduire à un état dépressif grave ou "dépression<br />

anaclitique du nourrisson".<br />

- 9 à 12 mois : évolution de la pince pour saisir <strong>le</strong>s petits objets ou la pièce de monnaie (8-10 mois :<br />

pince pouce-doigt, 10-13 mois : pince pouce-index), notion de permanence de l'objet (acquise vers 10<br />

mois) : l'enfant va chercher l'objet caché sous un tissu ou dans la main de l'examinateur, l'enfant tient<br />

debout contre appui, s'assoit et se met debout seul. La compréhension verba<strong>le</strong>, plus encore que <strong>le</strong><br />

langage, évoluent. L'enfant comprend certaines séquences reliées à une situation vécue (au revoir,<br />

bravo, donne), dit "papa" "maman" de façon dirigée. Il fait <strong>le</strong>s marionnettes, « au revoir ».<br />

- 12 à 18 mois : l’enfant marche avec aide puis seul ; <strong>le</strong> langage apparaît : d'abord sous la forme de<br />

mots séparés, "mot phrase" qui peut prendre plusieurs sens, par exemp<strong>le</strong> "maman" peut désigner la<br />

personne mais aussi <strong>le</strong> sac, <strong>le</strong>s chaussures... de maman. Les mots sont ensuite groupés deux à deux.<br />

Développement de l'autonomie dans certains gestes (boire au verre, utilisation de la cuillère...), sur<br />

l'acquisition de la marche. L'enfant découvre son corps : il aime regarder son image dans <strong>le</strong> miroir<br />

(stade du miroir de J. Lacan), peut montrer son nez, bouche... à la demande.<br />

-18 mois à 2 ans : poursuite de l'acquisition de l'autonomie, suit des ordres simp<strong>le</strong>s, habilité accrue<br />

dans la réalisation de tour de cubes, comprend comment sortir la pastil<strong>le</strong> de la bouteil<strong>le</strong> en la<br />

retournant. Il imite ses parents à la maison. Pour atteindre son but, il passe progressivement de la<br />

solution empirique à la solution réfléchie. C'est la fonction "sémiotique" qui associe quelque chose de<br />

concret à un symbo<strong>le</strong>.<br />

- 2 à 3 ans : l'enfant est maintenant très autonome dans ses déplacements, se déshabil<strong>le</strong> seul et<br />

commence à enfi<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s vêtements. Acquisition de la propreté de jour. Commence à utiliser un crayon.<br />

Le langage s'enrichit, fait de courtes phrases, <strong>le</strong> "je" apparaît vers 3 ans. La fonction sémiotique avec<br />

l'accès aux symbo<strong>le</strong>s se renforce. Cela se traduit par l'imitation différée dans <strong>le</strong> jeu avec <strong>le</strong>s poupées,<br />

<strong>le</strong>s voitures..., <strong>le</strong>s jeux symboliques comme l'avion représenté par deux bouts de bois croisés.<br />

L'affectivité, définie par <strong>le</strong> domaine des sentiments dans la relation à soi et aux autres, a été<br />

particulièrement étudiée par <strong>le</strong>s psychanalystes. Plusieurs stades ont été définis en fonction de la<br />

zone "érogène" prédominante et la fonction physiologique associée :<br />

- Entre 0 et 18 mois, c'est <strong>le</strong> stade oral. Le plaisir est lié à l'alimentation et à ce qui l'accompagne,<br />

<strong>le</strong>s conflits s'expriment autour de la nourriture engloutie, refusée...<br />

- Entre 18 mois et 3 ans, c'est <strong>le</strong> stade anal qui symbolise la période d'éducation sphinctérienne<br />

avec ses plaisirs (celui de retenir ou d'expulser, d'être propre ou sa<strong>le</strong>) et ses conflits avec l'entourage.<br />

Cette période est aussi cel<strong>le</strong> de l'opposition de l'enfant face aux interdictions parenta<strong>le</strong>s qu'il<br />

découvre. El<strong>le</strong> se traduit par <strong>le</strong> "non", <strong>le</strong>s colères parfois impressionnantes (se rou<strong>le</strong> à terre, spasme<br />

du sanglot...).<br />

3 - Examen neurologique formel<br />

Quelque soit l'âge de l'enfant, il faut tester :<br />

- Le maintien postural : tient-il sa tête, son tronc ? Résiste-t-il à une poussée latéra<strong>le</strong>,<br />

à la pesanteur lors des manœuvres de suspension vertica<strong>le</strong>s ou latéra<strong>le</strong>s ( prise de<br />

l'enfant dans la main de l'examinateur en position ventra<strong>le</strong>, sur <strong>le</strong> coté droit puis<br />

gauche, sur <strong>le</strong> dos) ?<br />

- Se retourne-t-il dans son lit, tient-il assis, debout ?<br />

- Les membres sont-ils soup<strong>le</strong>s ou raides (il faut palper <strong>le</strong>s tendons, <strong>le</strong>s musc<strong>le</strong>s au<br />

repos et lors de la mobilisation passive <strong>le</strong>nte et rapide) ?<br />

- Quel<strong>le</strong> est l'évolution du périmètre crânien, y-a-t-il un souff<strong>le</strong> intracrânien, l'enfant<br />

réagit-il au bruit, à la lumière ? Les réf<strong>le</strong>xes ostéo-tendineux sont-ils présents ?<br />

- Enfin, il ne faut pas oublier l'examen général, et en particulier la recherche d'une<br />

hépatomégalie, d'une splénomégalie (évoquant une maladie de surcharge), la<br />

recherche de taches cutanées (évoquant une phacomatose).


4 - Cas particulier du grand prématuré<br />

L'examen des réf<strong>le</strong>xes archaïques est plus informatif chez <strong>le</strong> prématuré que chez l'enfant né à terme.<br />

Ils participent à l'évaluation du niveau de maturation de l'enfant.<br />

Dans <strong>le</strong>s premières semaines de vie, l'évaluation du grand prématuré doit tenir compte de l'immaturité<br />

cérébra<strong>le</strong>, et fait intervenir la notion d'âge corrigé, c'est à dire d'âge de l'enfant à partir du début de la<br />

grossesse.<br />

Le "rattrapage" de développement avec <strong>le</strong>s enfants nés à terme se fait <strong>le</strong> plus souvent entre <strong>le</strong> 3ème<br />

et <strong>le</strong> 6ème mois de vie. A la fin de la première année de vie, l'ancien prématuré doit accomplir <strong>le</strong>s<br />

mêmes performances, aux mêmes dates, que l'enfant né à terme.<br />

Faq 2 - Comment évaluer <strong>le</strong> développement psychomoteur d’un enfant entre 3<br />

et 6 ans ? (cf objectif 33 : Suivi d’un enfant normal)<br />

C'est l'âge du dépistage des retards mentaux modérés et des troub<strong>le</strong>s de la personnalité. Il est<br />

important de <strong>le</strong>s repérer tôt dans la vie de l'enfant afin de conseil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s parents pour <strong>le</strong> début de la<br />

scolarité de l'enfant. Une intégration en maternel<strong>le</strong> est souvent possib<strong>le</strong>. Par contre, il faut évaluer <strong>le</strong>s<br />

capacités de l'enfant à entrer en primaire, parfois avec une aide adaptée, afin d'éviter <strong>le</strong>s situations<br />

d'échecs, préjudiciab<strong>le</strong>s au développement de l'enfant. L’enfant ayant une mauvaise perception du<br />

danger, de la vitesse, de l’espace, il continue à faire l’objet d’une surveillance puis d’une éducation<br />

pour la prévention des accidents qui représentent la première cause de mortalité dès l’âge de 1 an (cf<br />

objectif 33 Mortalité et morbidité infanti<strong>le</strong>s).<br />

1 - Technique d'examen<br />

L'examen de dépistage se fait, après mise en confiance de l'enfant. Il est très uti<strong>le</strong> de demander à voir<br />

<strong>le</strong>s réalisations faites à l'éco<strong>le</strong> maternel<strong>le</strong>. L'essentiel de l'évaluation repose sur <strong>le</strong> langage, <strong>le</strong><br />

graphisme, l'autonomie dans <strong>le</strong>s gestes de la vie courante.<br />

Le comportement de l'enfant est observé pendant tout <strong>le</strong> temps de la consultation. Peut-il maintenir<br />

son attention ou, au contraire, passe-t-il sans arrêt d'une activité à l'autre. S'intéresse-t-il aux objets<br />

qu'on lui propose ou <strong>le</strong>s jette-t-il immédiatement à terre ? Il est éga<strong>le</strong>ment important de se faire<br />

préciser sa capacité à construire un jeu seul ou avec <strong>le</strong>s autres. A-t-il des jeux répétitifs (éteindre et<br />

allumer la lumière, tourner <strong>le</strong>s robinets d'eau...) évocateurs de troub<strong>le</strong>s de la personnalité ?<br />

2 - Les dates à retenir<br />

- Graphisme : de façon schématique, on peut retenir qu'un rond est réalisé vers 3 ans, une croix vers<br />

3 ans ½, un carré sur démonstration vers 4 ans, un triang<strong>le</strong> vers 5 ans, un losange vers 6 ans (entrée<br />

en C.P.). Le dessin du bonhomme est éga<strong>le</strong>ment très uti<strong>le</strong> : bonhomme têtard vers 3 ans ½-4 ans. Le<br />

bonhomme à 5 parties distinctes vers 4 ans-4 ans½, puis il s'enrichit de détails. Le profil apparaît vers<br />

6 ans. La latéralisation s'acquiert entre 3 ans½ et 4 ans½pour la main et <strong>le</strong> pied.<br />

- Langage : <strong>le</strong> langage devient riche et informatif à partir de 3 ans½, <strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs sont connues vers 4<br />

ans, la sériation chronologique et en tail<strong>le</strong> commence à être maîtrisée entre 4 et 5 ans.<br />

- Autonomie : l'enfant de déshabil<strong>le</strong> vers 3 ans, s'habil<strong>le</strong> seul vers 4 ans½-5 ans, y compris <strong>le</strong>s<br />

boutons. Le noeud de lacets est acquis vers 6-7 ans.<br />

- Affectivité-Intelligence : c'est l'âge de la pensée pré-opératoire, caractérisée par :<br />

• La curiosité, l'âge du Pourquoi ? qui traduit plus une recherche de règ<strong>le</strong>s et<br />

d'affirmations que d'explications. Tout à une raison d'être, même artificiel<strong>le</strong>, <strong>le</strong> hasard<br />

n'existe pas (finalisme).<br />

• La pensée magique et l'animisme : chaque chose est vivante et douée d'intention<br />

bonne ou mauvaise. Parallè<strong>le</strong>ment, se développe <strong>le</strong> sens moral par intériorisation des<br />

interdits parentaux , apparition du "surmoi".<br />

• L'intuition : "c'est comme ça",<br />

• L'égocentrisme : l'enfant n'est pas ouvert à la pensée des autres, <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s<br />

généra<strong>le</strong>s ne sont que <strong>le</strong>s siennes propres.


Sur <strong>le</strong> plan affectif, c'est la période du comp<strong>le</strong>xe d'Oedipe. La découverte de la différence des sexes<br />

permet à l'enfant de se définir comme être sexué. Le plaisir est associé à la stimulation de la zone<br />

sexuel<strong>le</strong> (masturbation), <strong>le</strong> conflit existe avec <strong>le</strong> parent du même sexe qu'il perçoit comme un rival<br />

dans l'amour pour <strong>le</strong> parent de sexe opposé. Le conflit œdipien engendre "l'angoisse de castration" :<br />

l'enfant imagine que la fil<strong>le</strong> a été privée de pénis par punition venant du père, d'où <strong>le</strong> nom de stade<br />

Phallique donné à cette période.<br />

Faq 3 - Comment évaluer <strong>le</strong> développement psychomoteur d’un enfant entre 6<br />

et 10 ans ? (cf objectif 33 : Suivi d’un enfant normal)<br />

L'évaluation de l'enfant plus âgé est plus diffici<strong>le</strong> et requiert souvent la réalisation de tests<br />

standardisés qui ne peuvent être pratiqués que par des examinateurs entraînés (test de WPPSI,<br />

WISC...)<br />

Une première approche, très comparab<strong>le</strong> à cel<strong>le</strong> de l'enfant de 3 à 6 ans, peut être effectuée. Le<br />

recueil des informations apportées par <strong>le</strong>s réalisations scolaires est ici très important. Le<br />

comportement de l'enfant est évalué lors de la consultation mais aussi à la maison (d'après <strong>le</strong>s<br />

parents), à l'éco<strong>le</strong> (d'après ses professeurs). L'enfant est maintenant capab<strong>le</strong> de raisonnements<br />

logiques, il s'ouvre à l'extérieur : c'est l'âge de raison. Sur <strong>le</strong> plan affectif, <strong>le</strong>s conflits antérieurs<br />

s'apaisent : c'est la phase de latence.<br />

L'examen clinique neurologique somatique est proche de celui de l'adulte.<br />

1 - L'ado<strong>le</strong>scence<br />

(cf objectif 33 : Suivi d’un ado<strong>le</strong>scent normal)<br />

Ce processus de passage de l'enfance à l'âge adulte prend souvent l'aspect d'une crise aiguë, diffici<strong>le</strong><br />

mais maturante.<br />

Les transformations corporel<strong>le</strong>s dotent l'ado<strong>le</strong>scent d'un corps adulte, sexuel<strong>le</strong>ment compétent, d'où <strong>le</strong><br />

nom de stade génital donné à cette période. La dissociation entre la maturité physiologique d'adulte et<br />

<strong>le</strong> statut social intermédiaire (il n'est plus un enfant mais pas encore un adulte) entraîne une<br />

réactivation de tous <strong>le</strong>s conflits antérieurs et une fragilité à la dépression.<br />

Le jeune doit définir une nouvel<strong>le</strong> relation à soi-même (narcissisme) pour apprivoiser ce corps<br />

transformé, une nouvel<strong>le</strong> relation aux autres :<br />

- quitter <strong>le</strong> milieu familial réactive <strong>le</strong>s angoisses d'abandon et <strong>le</strong>s attitudes d'opposition<br />

aux parents. L'identification à un personnage extra-familial comme un chanteur à la<br />

mode prend <strong>le</strong> relais de l'identification parenta<strong>le</strong>.<br />

- s'intégrer à la société, ce qui passe souvent par l'intégration à un groupe de pairs<br />

(phénomène de bandes) pour s'autonomiser et se différencier du modè<strong>le</strong> social<br />

adulte, assumer son état d'homme ou de femme sexuel<strong>le</strong>ment mature en découvrant<br />

<strong>le</strong>s émois amoureux.<br />

Le mode de raisonnement évolue, il devient hypothético-déductif, capab<strong>le</strong> de considérer <strong>le</strong> réel<br />

comme une facette du possib<strong>le</strong>. L'ado<strong>le</strong>scent recherche <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s universel<strong>le</strong>s, est attiré par <strong>le</strong>s<br />

théories (parfois éloignées de la réalité), est capab<strong>le</strong> de réintroduire <strong>le</strong>s sentiments dans la pensée<br />

(d'où <strong>le</strong>s passions irraisonnées aussi intenses que fugaces). La logique ne s'applique pas seu<strong>le</strong>ment<br />

aux faits concrets mais aussi aux idées, aux notions abstraites (philosophie, éthique...). C'est la<br />

période des opérations formel<strong>le</strong>s. Ce changement s'opère habituel<strong>le</strong>ment en classe de 4ème, au<br />

moment de la notion mathématique de variab<strong>le</strong> et d'équations avec inconnues.<br />

L'examen neurologique somatique est comparab<strong>le</strong> à celui de l'adulte<br />

Faq 4 - Conduite à tenir lors de la constatation d'un retard du développement<br />

psychomoteur<br />

Trois questions essentiel<strong>le</strong>s doivent être analysées devant la constatation d'un retard psychomoteur.<br />

1 - Le retard est-il certain ?


- Soit <strong>le</strong> retard est majeur, et il est aisé de l'affirmer.<br />

- Soit <strong>le</strong> retard est modéré ou l'enfant très jeune. Il est alors nécessaire de revoir l'enfant un à deux<br />

mois plus tard avant de conclure qu'il existe un retard psychomoteur. Après ce deuxième examen, <strong>le</strong><br />

retard de l'enfant sera abordé et analysé avec ses parents.<br />

2 - Le retard est-il homogène ?<br />

- Le plus souvent, l'enfant présente un retard homogène dans toutes <strong>le</strong>s rubriques du test (motricité<br />

globa<strong>le</strong>, motricité fine, langage, contact social).<br />

- Parfois, il existe un retard hétérogène. L'enfant échoue exclusivement certaines épreuves du test,<br />

par exemp<strong>le</strong> :<br />

- Un retard moteur isolé évoque une pathologie musculaire, du nerf périphérique, ou<br />

plus rarement de la corne antérieure.<br />

- Un retard isolé de langage doit faire rechercher une surdité. Un audiogramme et,<br />

éventuel<strong>le</strong>ment un test des potentiels évoqués auditifs, doivent être effectués si<br />

l'enfant n'a pas acquis <strong>le</strong> langage à l'âge de trois ans.<br />

- Une grande dispersion dans <strong>le</strong>s acquis de l'enfant, souvent associée à des difficultés<br />

comportementa<strong>le</strong>s évoque un troub<strong>le</strong> de la personnalité.<br />

- Une mauvaise manipulation des objets, parfois associée à des mouvements<br />

anormaux des yeux doit faire rechercher un troub<strong>le</strong> grave de la vision.<br />

3 - Le retard est-il nouveau ?<br />

Il s'agit de la question la plus diffici<strong>le</strong> mais aussi de la plus importante. El<strong>le</strong> nécessite un interrogatoire<br />

très précis des parents, en s'aidant des repères de développement notés sur <strong>le</strong> carnet de santé (<strong>le</strong>s<br />

examens systématiques doivent être remplis avec objectivité et sans complaisance).<br />

Conclusion<br />

- Le plus souvent, <strong>le</strong> retard est ancien. L'enfant fait des acquisitions <strong>le</strong>ntes mais<br />

régulières évoquant une pathologie fixée.<br />

- L'existence d'une période de parfaite normalité (notion d'interval<strong>le</strong> libre) précédant<br />

l'apparition des troub<strong>le</strong>s évoque une pathologie évolutive.<br />

- Cependant, <strong>le</strong>s pièges sont nombreux. Par exemp<strong>le</strong>, une encéphalopathie fixée<br />

modérée peut se compliquer secondairement d'une épi<strong>le</strong>psie et peut ainsi être prise<br />

pour une pathologie évolutive. De même, certaines pathologies évolutives ont un<br />

interval<strong>le</strong> libre extrêmement bref, diffici<strong>le</strong> à repérer.<br />

L'appréciation du niveau de développement psychomoteur de l'enfant est relativement aisé si <strong>le</strong><br />

médecin en prend l'habitude, c'est-à-dire s'il <strong>le</strong> fait de façon très systématique. Le résultat de cette<br />

approche clinique est important puisqu'il permet des actions d'aide à l'enfant handicapé.<br />

Références :<br />

DE BROCA A. Le développement de l’enfant. Aspects psychosensoriels. Col<strong>le</strong>ction Pédiatrie au<br />

quotidien. Ed Masson. Paris 2000, 229 p.


Développement psychomoteur du nourrisson et de l'enfant :<br />

Troub<strong>le</strong>s de l’apprentissage et difficultés scolaires<br />

Auteurs : M. Roussey (CHU de Rennes), M. Wiss, P. Dardenne (Université de Rennes 1), O.<br />

Kremp (Université Catholique de Lil<strong>le</strong>)<br />

Objectifs :<br />

¤ Repérer précocement <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s de l’apprentissage.<br />

¤ Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier <strong>le</strong> suivi dans <strong>le</strong>s situations courantes.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Comment définir <strong>le</strong>s difficultés scolaires ?<br />

Faq 2 - Comment reconnaître un troub<strong>le</strong> du langage ?<br />

Faq 3 - Comment reconnaître un Troub<strong>le</strong> de type hyperactivité avec déficit de l’attention ?<br />

Faq 4 - Comment reconnaître un déficit intel<strong>le</strong>ctuel ?<br />

Faq 5 - Comment reconnaître un déficit sensoriel ?<br />

Introduction<br />

Le médecin de famil<strong>le</strong> et <strong>le</strong> pédiatre sont souvent consultés pour un enfant qui redoub<strong>le</strong> ses classes<br />

ou connaît d'autres problèmes à l'éco<strong>le</strong>. C'est un syndrome fréquent : en 1970, 22 % des enfants<br />

redoublaient la première année d'enseignement élémentaire. Ce taux s'est abaissé à 18 % en 1978 et<br />

devient diffici<strong>le</strong> à établir actuel<strong>le</strong>ment en raison des nouvel<strong>le</strong>s lois.<br />

Nous allons présenter parmi <strong>le</strong>s nombreux facteurs qui peuvent être responsab<strong>le</strong>s de cet état de<br />

choses ceux qui concernent de près ou de loin <strong>le</strong> médecin. On <strong>le</strong> décrit habituel<strong>le</strong>ment sous <strong>le</strong> nom de<br />

symptôme "difficultés scolaires".<br />

Nous envisagerons parallè<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s possibilités thérapeutiques.<br />

Faq 1 - Comment définir <strong>le</strong>s difficultés scolaires ?<br />

La notion de difficultés scolaires est imprécise, l’appréciation de la gravité et du sens de la situation<br />

concernée étant très variab<strong>le</strong> selon que l’on se situe en contexte familial, social ou scolaire, ou encore<br />

au niveau individuel. L’intitulé « difficultés scolaires » recouvre de plus des situations très diverses,<br />

mais qui aboutissent toutes à une inadéquation scolaire.<br />

Le retard scolaire apparaît quand il existe un décalage entre <strong>le</strong>s apprentissages attendus d’un élève<br />

d’un âge donné dans une classe donnée, et <strong>le</strong>s acquisitions (insuffisantes) que l’élève parvient à<br />

effectuer. Ce retard peut exister dès <strong>le</strong> début de la scolarité, ou apparaître secondairement après une<br />

période initia<strong>le</strong> satisfaisante sans difficultés scolaires : dans ce dernier cas, on par<strong>le</strong>ra de<br />

fléchissement scolaire.<br />

L’échec scolaire est défini par un retard scolaire durant depuis 2 ans.<br />

Il convient d’éliminer <strong>le</strong>s faux retards scolaires :<br />

• l'enfant qui ne tient pas la tête de la classe : l'interrogatoire met en évidence que cet<br />

enfant se maintient dans la bonne moyenne et qu'il satisfait chaque année aux<br />

conditions nécessaires pour accéder à la classe supérieure.<br />

• ail<strong>le</strong>urs, c'est l’enfant "en avance" d'un ou deux ans qui peine pour conserver cette<br />

prématurité.


Les difficultés scolaires constituent un problème important, pour la famil<strong>le</strong> comme pour <strong>le</strong>s enfants.<br />

Que <strong>le</strong>s parents appartiennent à un milieu social é<strong>le</strong>vé ou modeste, l'échec de <strong>le</strong>ur enfant compromet<br />

l'avenir brillant qu'ils ambitionnaient pour lui. L'enfant en échec scolaire risque donc de voir se modifier<br />

sa place dans la famil<strong>le</strong>, comme d'ail<strong>le</strong>urs dans <strong>le</strong> groupe de la classe, et de se réfugier dans des<br />

conduites inadaptées qui ne font qu'aggraver <strong>le</strong>s choses (opposition, marginalisation…).<br />

Les causes de ces difficultés sont multip<strong>le</strong>s. Il importe, pour <strong>le</strong> médecin consulté en première<br />

intention, de discerner <strong>le</strong>s situations qu'il pourra démê<strong>le</strong>r seul et cel<strong>le</strong>s qui nécessiteront <strong>le</strong> recours au<br />

spécialiste (pédopsychiatre, orthophoniste, etc…).<br />

Les difficultés scolaires occupent fréquemment <strong>le</strong> devant de la scène dans <strong>le</strong>s demandes de<br />

consultation de psychiatrie de l’enfant et de l’ado<strong>le</strong>scent. Un certain nombre de parents font cette<br />

démarche spontanément ou sur <strong>le</strong> conseil de <strong>le</strong>ur médecin traitant, mais c’est <strong>le</strong> plus souvent <strong>le</strong> corps<br />

enseignant qui incite ces parents à consulter pour <strong>le</strong>ur enfant. Pour <strong>le</strong> pédopsychiatre, <strong>le</strong> premier<br />

écueil à éviter est <strong>le</strong> ma<strong>le</strong>ntendu. Les parents comme <strong>le</strong>s enseignants utilisent en effet une gril<strong>le</strong> de<br />

décodage des troub<strong>le</strong>s qui emprunte ses éléments à des référents d’ordre social (« il ne s’adapte pas<br />

à l’éco<strong>le</strong> » et réciproquement, ou de plus en plus de nos jours « est-ce qu’il ne serait pas un enfant<br />

précoce ? », etc…), d’ordre moral (« paresseux », « turbu<strong>le</strong>nt », « méchant »…), ou d’ordre médicopsychologique<br />

(« déprime » ou « blocage », « instabilité », « dys<strong>le</strong>xie », « dyscalculie »). C’est dire<br />

qu’ils ont souvent déjà une idée sur l’origine des troub<strong>le</strong>s, voire sur ce qu’il faudrait faire pour <strong>le</strong>s<br />

corriger, quand ils rencontrent <strong>le</strong> médecin. Celui-ci doit en tenir compte dans la conduite de son action<br />

diagnostique et thérapeutique.<br />

Devant ce symptôme d’inadéquation scolaire, <strong>le</strong> consultant a en fait affaire à un triang<strong>le</strong> relationnel<br />

enfant-famil<strong>le</strong>-éco<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>quel chacun lui demande de prendre parti, d’où la nécessité d’évaluer <strong>le</strong>s<br />

interactions établies entre ces trois partenaires avant d’envisager une aide thérapeutique.<br />

Il faut éviter d’attribuer l’origine de l’inadéquation scolaire à une cause unique. Chez l’enfant et/ou sa<br />

famil<strong>le</strong>, un certain nombre de facteurs peuvent intervenir dans l’échec et <strong>le</strong>s difficultés scolaires :<br />

I - Troub<strong>le</strong>s touchant directement <strong>le</strong>s apprentissages scolaires<br />

A - Les Troub<strong>le</strong>s du langage<br />

Faq 2 - Comment reconnaître un troub<strong>le</strong> du langage ?<br />

Retard de langage, dys<strong>le</strong>xie (troub<strong>le</strong> de l’apprentissage de la <strong>le</strong>cture), dysorthographie (troub<strong>le</strong> de<br />

l’apprentissage de l’orthographe, souvent associé à la dys<strong>le</strong>xie), dyscalculie (troub<strong>le</strong> de<br />

l’apprentissage des bases du calcul). Pour ces troub<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> niveau intel<strong>le</strong>ctuel est <strong>le</strong> plus souvent<br />

normal. Ils représentent 2 à 5% des enfants en population généra<strong>le</strong>.<br />

Tout troub<strong>le</strong> du langage doit entraîner un examen ORL et un test de l'audition pour éliminer<br />

une hypoacousie<br />

1 - Les troub<strong>le</strong>s du langage oral se classent en<br />

• troub<strong>le</strong>s de l'articulation,<br />

• retard de la paro<strong>le</strong>,<br />

• retard de langage.<br />

Ils se rencontrent chez des enfants :<br />

• dont <strong>le</strong> développement de langage a été tardif,<br />

• dont la paro<strong>le</strong> a été altérée,<br />

• qui construisent mal <strong>le</strong>urs phrases,<br />

• et, dont la compréhension du langage demeure globa<strong>le</strong> et sommaire.


Mais ces enfants ne sont ni arriérés, ni sourds, ni psychotiques, cependant on<br />

retrouve souvent chez eux :<br />

• un léger retard dans <strong>le</strong> développement moteur,<br />

• des difficultés dans l'acquisition du schéma corporel,<br />

• des troub<strong>le</strong>s de l'organisation temporo-spatia<strong>le</strong>,<br />

• quelques perturbations affectives.<br />

C'est en maternel<strong>le</strong> qu'il convient de déce<strong>le</strong>r <strong>le</strong> troub<strong>le</strong> et d'entreprendre une rééducation<br />

orthophonique. Différents tests à différents âges sont la disposition des médecins pour un dépistage<br />

rapide : à 4 ans l’ERTL 4 (Epreuves de Repérage des Troub<strong>le</strong>s du Langage de l’enfant de 4 ans),<br />

l’ERTLA 6 à 6 ans, la BREV (Batterie Rapide d’Evaluation des fonctions cognitives)<br />

Les troub<strong>le</strong>s de l'articulation : c'est-à-dire déformation, remplacement ou suppression des<br />

phonèmes ; en font partie <strong>le</strong> zézaiement, <strong>le</strong> schlintement, <strong>le</strong> nasonnement. Leur rééducation nécessite<br />

une technique précise : l'âge <strong>le</strong> plus favorab<strong>le</strong> se situe entre 5-6 ans, c'est-à-dire en dernière section<br />

de maternel<strong>le</strong>, avant l'apprentissage de la <strong>le</strong>cture.<br />

Le retard de paro<strong>le</strong> : ici, la forme du mot ne peut être produite correctement et l'altération n'intéresse<br />

plus simp<strong>le</strong>ment certains phonèmes (ex. ta pour tab<strong>le</strong>). Le niveau de compréhension est bon, mais il y<br />

a un décalage avec <strong>le</strong> niveau de reproduction. La plupart du temps, l'enfant sait reconnaître si <strong>le</strong> mot<br />

est bien ou mal prononcé, mais il ne peut se <strong>le</strong> représenter de manière assez précise pour <strong>le</strong><br />

reproduire correctement.<br />

Le retard de langage est souvent associé au précédent : c'est une atteinte de la structure de la<br />

phrase, qui se situe au niveau psycho-linguistique et non plus mécanique.<br />

La conduite à tenir est variab<strong>le</strong> en fonction de l'âge :<br />

• si ce retard de langage persiste après 3 ans et que l'enfant ne va pas à la<br />

maternel<strong>le</strong>, il faut conseil<strong>le</strong>r la scolarisation ;<br />

• c'est encore entre 5 et 6 ans que se situe <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur moment pour une rééducation<br />

mixte du langage et de la paro<strong>le</strong>.<br />

2 - Les troub<strong>le</strong>s du langage écrit : la dys<strong>le</strong>xie-dysorthographie<br />

Définition : la dys<strong>le</strong>xie est une incapacité ou du moins une difficulté anorma<strong>le</strong> dans l'apprentissage de<br />

la <strong>le</strong>cture. On ne peut en par<strong>le</strong>r si cet échec est dû à un déficit sensoriel ou intel<strong>le</strong>ctuel, à des troub<strong>le</strong>s<br />

du comportement, à de mauvaises conditions d'apprentissage.<br />

La dys<strong>le</strong>xie s'établit sur un ensemb<strong>le</strong> d'insuffisances fonctionnel<strong>le</strong>s diverses associées ou non :<br />

• retard de langage,<br />

• troub<strong>le</strong>s du schéma corporel,<br />

• troub<strong>le</strong>s de la latéralisation,<br />

• troub<strong>le</strong>s de l'orientation temporo-spatia<strong>le</strong>.<br />

El<strong>le</strong> se greffe donc sur un retard de maturation mais se structure au moment où l'enfant engage une<br />

relation particulière avec <strong>le</strong>s premiers rudiments de la connaissance et peut donc comporter des<br />

éléments "affectifs".<br />

El<strong>le</strong> se caractérise par :<br />

• Une incompréhension du système d'écriture alphabétique à l'origine des plus graves<br />

dys<strong>le</strong>xies confinant à l'a<strong>le</strong>xie : l'enfant n'établit pas de lien entre <strong>le</strong> signe écrit et <strong>le</strong> son<br />

qu'il symbolise.<br />

• Une difficulté à différencier <strong>le</strong>s sons : l'enfant ne peut analyser correctement <strong>le</strong>s<br />

sons du langage oral. Les confusions <strong>le</strong>s plus tenaces et <strong>le</strong>s plus fréquentes sont<br />

entre : <strong>le</strong> "b" et "p", <strong>le</strong> "t" et "d", <strong>le</strong> "f" et "v".<br />

• Une difficulté de différenciation visuel<strong>le</strong> : c'est-à-dire difficulté à percevoir forme et<br />

structure entre : <strong>le</strong> "b" et "d", <strong>le</strong> "p" et "q", <strong>le</strong> "m" et "n".


• Une difficulté à différencier l'ordre de succession des <strong>le</strong>ttres ou syllabes, re<strong>le</strong>vant<br />

peut-être, comme la précédente, d'un troub<strong>le</strong> d'orientation spatia<strong>le</strong>.<br />

• Enfin, une difficulté d'évocation rapide de la réalité symbolisée par <strong>le</strong>s sons lus, ce<br />

qui entraîne une <strong>le</strong>cture anonnée, hachée, <strong>le</strong> regard reste fixé sur <strong>le</strong> mot à lire et <strong>le</strong><br />

texte devient incompréhensib<strong>le</strong> autant pour <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur que pour l'auditeur.<br />

Lorsqu'on constate qu'un enfant est dys<strong>le</strong>xique, il faut engager <strong>le</strong> traitement <strong>le</strong> plus tôt possib<strong>le</strong>, en<br />

règ<strong>le</strong> après 6 mois de CP, et ceci pour éviter à l'enfant de prendre du retard sur <strong>le</strong> plan scolaire et<br />

pour éviter l'apparition d'une dysorthographie. Ce traitement sera <strong>le</strong> plus souvent une rééducation<br />

orthophonique.<br />

Il faut éga<strong>le</strong>ment insister sur <strong>le</strong> traitement préventif, c'est-à-dire la rééducation, dès <strong>le</strong>s années de<br />

maternel<strong>le</strong> :<br />

• des difficultés motrices et de l'organisation spatia<strong>le</strong>,<br />

• des troub<strong>le</strong>s du langage.<br />

Dans la majorité des cas, la rééducation permettra à l'enfant de retrouver confiance en lui. Mais<br />

parfois, on constate une souffrance affective profonde, et il pourra alors être pertinent d'associer un<br />

soutien psychothérapeutique à la rééducation orthophonique.<br />

B - Troub<strong>le</strong> de type hyperactivité avec déficit de l’attention<br />

Faq 3 - Comment reconnaître un Troub<strong>le</strong> de type hyperactivité avec déficit de<br />

l’attention ?<br />

Souvent associé à des difficultés d'apprentissage, ce troub<strong>le</strong> associe trois grands types de<br />

symptômes :<br />

• agitation motrice, avec incapacité à tenir en place,<br />

• déficit attentionnel, avec impossibilité de maintenir son attention sur une activité et<br />

de finir ce qu'il a commencé,<br />

• impulsivité, avec incapacité à attendre son tour et recherche d'une relation exclusive<br />

avec l'adulte.<br />

Il doit être différencié d'une certaine turbu<strong>le</strong>nce développementa<strong>le</strong>, survenant physiologiquement entre<br />

3 et 5 ans, dans laquel<strong>le</strong> l'appétit de découverte de l'enfant peut être mal toléré et prendre <strong>le</strong> visage<br />

d'une agitation, mais sans perturbation de l'attention. Une agitation peut aussi être secondaire à<br />

certains médicaments (corticoïdes, ?2-stimulants, théophylline), et à des maladies somatiques<br />

(épi<strong>le</strong>psie, endocrinopathies…).<br />

L'étiopathogénie de ce troub<strong>le</strong> n'est pas connue avec certitude : selon <strong>le</strong>s positions théoriques, on<br />

par<strong>le</strong> de "minimal brain disorder" (hypothèse lésionnel<strong>le</strong> organique), ou d'un "échec de la position<br />

dépressive, avec défense maniaque" (hypothèse psychodynamique).<br />

Sa prise en charge peut associer :<br />

• en première intention, une psychothérapie ;<br />

• en deuxième intention, un traitement médicamenteux par méthylphénidate<br />

(RITALINE?), à la dose de 0,3 à 1 mg/kg/jour, tous <strong>le</strong>s jours sauf <strong>le</strong>s week-ends et <strong>le</strong>s<br />

vacances scolaires pour éviter un ra<strong>le</strong>ntissement sur la croissance statura<strong>le</strong><br />

(prescription initia<strong>le</strong> hospitalière par un pédiatre, un neurologue ou un pédopsychiatre)<br />

: il s'agit d'un psychostimulant amphétaminique, qui permet de restaurer <strong>le</strong>s capacités<br />

attentionnel<strong>le</strong>s de l'enfant ;<br />

• un travail avec <strong>le</strong>s parents, et avec l'éco<strong>le</strong>.<br />

C - Déficits intel<strong>le</strong>ctuels<br />

Faq 4 - Comment reconnaître un déficit intel<strong>le</strong>ctuel ?


C'est la crainte secrète des parents. C'est <strong>le</strong> diagnostic qu'il ne faut pas porter à la légère : ce n'est<br />

pas un diagnostic d'élimination, mais un diagnostic positif qu'il faut établir sur des bases certaines.<br />

C'est dire la nécessité absolue d'examens complémentaires précis tels que <strong>le</strong>s tests psychométriques<br />

explorant :<br />

• l'intelligence pratique et l'intelligence abstraite, d'une part,<br />

• l'intelligence verba<strong>le</strong> et l'intelligence non verba<strong>le</strong>, d'autre part.<br />

Parmi <strong>le</strong>s plus utilisés, nous citerons :<br />

• <strong>le</strong> TERMAN-MERRILL, adaptation du test de BINET-SIMON,<br />

• <strong>le</strong>s échel<strong>le</strong>s de WECHSLER-BELLEVUE (WISC)* pour <strong>le</strong>s enfants de 5 à 15 ans.<br />

• <strong>le</strong> test des cubes de KOHS entre 6 et 14 ans : il évalue la structuration et <strong>le</strong>s<br />

méthodes employées pour saisir et résoudre certains problèmes logiques.<br />

La confrontation des résultats obtenus conduit à deux éventualités :<br />

• <strong>le</strong> niveau intel<strong>le</strong>ctuel est supérieur au niveau scolaire ; il faut chercher plus loin, ne<br />

pas taxer l'enfant de "paresseux" comme y incite volontiers l'entourage ;<br />

• <strong>le</strong> niveau intel<strong>le</strong>ctuel et <strong>le</strong> niveau scolaire sont similaires ; c'est un problème<br />

d'orientation qui se pose ; si <strong>le</strong> niveau de la classe est supérieur à celui de l'enfant, il<br />

faut l'orienter vers un enseignement plus adapté (cf paragraphe 4)<br />

D - Déficits sensoriels : Amblyopie, Hypoacousie et Surdité<br />

Faq 5 - Comment reconnaître un déficit sensoriel ?<br />

1 - Le handicap visuel : (cf objectif 33 dépistage des troub<strong>le</strong>s<br />

visuels)<br />

- Ce sont <strong>le</strong>s amblyopes qui relèvent d'une scolarité spécia<strong>le</strong> : l'indication est une<br />

acuité visuel<strong>le</strong> chiffrée entre 0 et 3/10ème du meil<strong>le</strong>ur œil après correction.<br />

- Mais, il peut s'agir éga<strong>le</strong>ment d'un astigmatisme, d'une myopie qu'il importe de<br />

corriger.<br />

2 - Le handicap auditif : (cf objectif 33 dépistage des troub<strong>le</strong>s<br />

auditifs)<br />

La surdi-mutité représente la forme la plus grave du déficit de l'audition (1 pour 2000 enfants).<br />

- Les sourds sont ceux qui n'entendent pas la voix forte, dont <strong>le</strong> déficit atteint 65 à 70<br />

dB pour des fréquences moyennes. Leur défaut de langage interdit la scolarité en<br />

milieu normal.<br />

- Ce sont surtout <strong>le</strong>s demi-sourds ou sourds partiels qui risquent de ne pas attirer<br />

l'attention sur la véritab<strong>le</strong> cause de <strong>le</strong>ur inadaptation (4% à 6 ans).<br />

- L'hypoacousie est gênante dans la mesure où el<strong>le</strong> atteint surtout <strong>le</strong>s fréquences<br />

conversationnel<strong>le</strong>s c'est-à-dire cel<strong>le</strong>s qui correspondent aux voyel<strong>le</strong>s et aux<br />

consonnes et gêne la scolarité.<br />

Les principaux signes qui doivent attirer l'attention sont :<br />

- un défaut de langage et nous l'envisagerons plus loin.<br />

- des troub<strong>le</strong>s du comportement : anxiété, attitude de dépendance souvent masquée<br />

par une opposition, instabilité psychomotrice importante.<br />

- une tonalité de voix particulière.


Le diagnostic repose sur <strong>le</strong>s méthodes audiométriques.<br />

Le traitement apporte souvent des modifications considérab<strong>le</strong>s au déficit scolaire ; selon l'intensité de<br />

l'hypoacousie la conduite sera différente :<br />

• jusqu'à 30 dB <strong>le</strong>s palliatifs seront suffisants, c'est-à-dire mettre l'enfant au premier<br />

rang.<br />

• entre 30 et 70 dB, l'appareillage est souvent indiqué, associé dans <strong>le</strong>s premiers<br />

temps à une rééducation spécia<strong>le</strong> ;<br />

• au delà c'est une affaire de méthode spécialisée.<br />

E - Troub<strong>le</strong>s envahissants du développement (Autisme,<br />

Syndrome de Rett…)<br />

II - Troub<strong>le</strong>s retentissant sur <strong>le</strong>s apprentissages scolaires<br />

1 - Maladies somatiques<br />

Toute maladie durab<strong>le</strong>, par l’absentéisme qu’el<strong>le</strong> entraîne, peut entraver la progression scolaire<br />

(épi<strong>le</strong>psie, diabète insulino-dépendant, asthme grave, rectocolite ulcéro-hémorragique et maladie de<br />

Crohn, myopathie, mucoviscidose grave etc…).<br />

2 - Maladies psychiatriques émergeant à l’ado<strong>le</strong>scence<br />

schizophrénie, troub<strong>le</strong>s bipolaires de l’humeur (maladie maniaco-dépressive), anorexie menta<strong>le</strong>.<br />

3 - Fragilité socioculturel<strong>le</strong> : transplantation, bilinguisme,<br />

immigration volontaire ou involontaire (mauvaise maîtrise de la<br />

langue française).<br />

4 - La fatigue est un facteur souvent évoqué chez un écolier.<br />

L'enfant, au retour de l'éco<strong>le</strong>, somno<strong>le</strong> sur ses devoirs et ses <strong>le</strong>çons<br />

qui lui demandent un grand effort malgré une bonne volonté<br />

indéniab<strong>le</strong>. Il ne cherche pas à jouer. Il lui est diffici<strong>le</strong> <strong>le</strong> matin de se<br />

<strong>le</strong>ver, il est bougon et maussade. Une instabilité, une agressivité<br />

peuvent y être associées.<br />

Divers facteurs peuvent être en cause :<br />

• une conva<strong>le</strong>scence écourtée, en particulier, à la suite d'une maladie vira<strong>le</strong> très<br />

asthéniante,<br />

• des infections rhino-pharyngées à répétition,<br />

• une fatigabilité surtout chez certains garçons en période de croissance rapide. Cette<br />

fatigabilité s'associe souvent à des céphalées variab<strong>le</strong>s et rebel<strong>le</strong>s, parfois à une<br />

hyperthermie discrète et passagère.<br />

• l'alimentation et surtout <strong>le</strong>s fautes diététiques graves et durab<strong>le</strong>s,<br />

• <strong>le</strong> sommeil dont l'hygiène est primordial pour <strong>le</strong> bon rendement à l'écolier,<br />

• <strong>le</strong>s trajets avec des moyens de transport fatigants et contraignants, qui obligent<br />

l'enfant à une trop longue attente,<br />

• <strong>le</strong>s loisirs, surtout <strong>le</strong>s sports, dont la dose doit être à la mesure de chaque enfant,<br />

• <strong>le</strong> non-respect des rythmes chronobiologiques propres à l’enfant (par exemp<strong>le</strong><br />

journées trop longues et trop chargées) avec :<br />

• surmenage pédagogique : c'est un problème de programmes qui ne<br />

sera pas discuté ici mais il y a aussi <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s devoirs et <strong>le</strong>s<br />

<strong>le</strong>çons peuvent paraître effrayants à certains enfants et dépasser<br />

<strong>le</strong>urs possibilités, parce qu'ils ne sont pas à <strong>le</strong>ur place dans une<br />

classe dont <strong>le</strong> niveau est trop é<strong>le</strong>vé.


• tensions au niveau familial et/ou fraternel, qui peuvent perturber la<br />

disponibilité psychique de l'écolier pour son travail scolaire.<br />

5 - Troub<strong>le</strong>s psychoaffectifs, pouvant être cause mais aussi<br />

conséquence des difficultés scolaires : (cf objectif 41 : troub<strong>le</strong>s<br />

anxieux et troub<strong>le</strong>s de l’adaptation)<br />

Le plus souvent, la souffrance psychique associée aux difficultés scolaires prend la forme d'une<br />

anxiété, d'une instabilité ou d'une opposition.<br />

L'anxiété est un état affectif dans <strong>le</strong>quel <strong>le</strong> sujet a <strong>le</strong> sentiment d'un danger indéterminé, devant <strong>le</strong>quel<br />

il est en position d'attente, et dont il se sent incapab<strong>le</strong> de se défendre. Il convient de distinguer 3<br />

niveaux d'anxiété : l'anxiété situationnel<strong>le</strong> physiologique (par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> trac), l'anxiété réactionnel<strong>le</strong><br />

par dépassement transitoire des capacités de "coping" (troub<strong>le</strong>s de l'adaptation), et <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s<br />

anxieux proprement dits (angoisse de séparation de l'enfance, troub<strong>le</strong> panique, troub<strong>le</strong> anxieux<br />

généralisé, phobie socia<strong>le</strong>, phobies spécifiques, agoraphobie, troub<strong>le</strong> obsessionnel-compulsif, état de<br />

stress post-traumatique).<br />

Une anxiété physiologique ne diminuera <strong>le</strong> rendement scolaire que de manière épisodique, dans<br />

certaines situations comme des contrô<strong>le</strong>s ou des récitations. Un troub<strong>le</strong> anxieux avéré, ou un troub<strong>le</strong><br />

de l'adaptation (par exemp<strong>le</strong> à une situation conflictuel<strong>le</strong> dans la famil<strong>le</strong> ou à l'éco<strong>le</strong>), pourront avoir un<br />

retentissement beaucoup plus important.<br />

Il sera souvent suffisant de revoir l'enfant, de l'encourager, et d'écouter <strong>le</strong>s parents pour apaiser <strong>le</strong>ur<br />

inquiétude. Néanmoins, selon l'intensité et la nature de cette anxiété, et surtout si cel<strong>le</strong>-ci persiste, il<br />

sera pertinent d'adresser l'enfant au pédopsychiatre.<br />

Les « phobies scolaires », qu'il est plus exact d'appe<strong>le</strong>r "refus scolaire anxieux" (car il ne s'agit pas<br />

du tout d'une "phobie de l'éco<strong>le</strong>"), méritent une place à part :<br />

• Il s'agit <strong>le</strong> plus souvent d'enfants (souvent des fil<strong>le</strong>s et des enfants uniques) qui, pour<br />

des raisons irrationnel<strong>le</strong>s, refusent d'al<strong>le</strong>r en classe et résistent avec des réactions<br />

d'angoisse, voire de panique, si on veut <strong>le</strong>s y contraindre.<br />

• Ceci survient lors des changements de scolarité, c'est-à-dire lors du passage de la<br />

maternel<strong>le</strong> au primaire et du primaire au secondaire, mais surtout à l'ado<strong>le</strong>scence.<br />

• La dynamique familia<strong>le</strong> présente souvent certaines particularités : un père absent ou<br />

inaccessib<strong>le</strong>, auquel l'enfant ne peut s'identifier, et un lien d'hyperdépendance<br />

précoce entre la mère (souvent el<strong>le</strong>-même phobique et dépressive) et l'enfant. La<br />

mère est surprotectrice, et l'enfant tient pour el<strong>le</strong> un rô<strong>le</strong> contra-phobique. Malgré des<br />

moments de forte tension, l'un et l'autre se réfugient dans une position passive, qui<br />

satisfait la mère et apaise l'enfant, instaurant ainsi un cerc<strong>le</strong> vicieux.<br />

• Le traitement est variab<strong>le</strong> : une hospitalisation est parfois nécessaire. Il doit toujours<br />

concerner l'enfant et <strong>le</strong>s parents.<br />

L'instabilité psycho-motrice ne se limite pas au troub<strong>le</strong> hyperactivité avec déficit de l'attention. Il s'agit<br />

aussi d'un symptôme assez répandu, prédominant chez <strong>le</strong> garçon (60 à 80%), On distingue l'instabilité<br />

motrice (enfant sans cesse en mouvement), et l'instabilité psychique (hyper-émotivité, anxiété,<br />

insécurité latente, quête affective, et parfois recherche de la punition), mais <strong>le</strong>s deux formes sont<br />

souvent associées.<br />

Le traitement dépendra des difficultés psychiques sous-jacentes, mais il ne sera pas forcément<br />

pédopsychiatrique : une augmentation des activités physiques sera souvent bénéfique, de même<br />

qu'une réorganisation du travail scolaire en petits groupes, sur des durées courtes.<br />

L'opposition<br />

- tantôt "active" se manifestant par une indiscipline et des expédients divers pour échapper aux<br />

contraintes scolaires ;<br />

- tantôt "passive" se traduisant par une réserve, une inertie, une non-participation.<br />

El<strong>le</strong> peut être en rapport avec une autorité parenta<strong>le</strong> trop stricte, ou à l'opposé, et plus souvent de nos<br />

jours, insuffisante. Mais il peut éga<strong>le</strong>ment s'agir pour l'enfant d'un besoin d'attirer l'attention sur lui,<br />

voire de témoigner de ses difficultés psychiques.<br />

Le traitement dépendra de ces difficultés, mais devra toujours passer par l'établissement d'un dialogue<br />

avec <strong>le</strong> jeune patient.


6 - La Maltraitance (cf objectif 37 : maltraitance et enfant en danger)<br />

D’autres facteurs, inhérents à l’éco<strong>le</strong> el<strong>le</strong>-même, peuvent intervenir dans la genèse de ces<br />

difficultés scolaires :<br />

Les « erreurs » pédagogiques ne sont pas du domaine médical mais <strong>le</strong> médecin doit <strong>le</strong>s connaître<br />

pour pouvoir en débattre.<br />

• L'irrégularité : c'est à dire des changements répétés d'éco<strong>le</strong>s, de camarades, de<br />

maîtres, de programmes qui peuvent désorienter l'enfant. Il faut en tenir compte<br />

lorsqu'on prescrit un arrêt de scolarité ou un séjour hors du milieu habituel.<br />

• L'absentéisme : rançon des maladies répétées mais aussi favorisé par des parents<br />

négligents ou trop complaisants.<br />

Le dépistage des lacunes est une affaire de pédagogie ; un test synthétique de niveau<br />

scolaire explorant diverses matières permet de <strong>le</strong>s déce<strong>le</strong>r parfois rapidement.<br />

Les causes des lacunes relèvent de mécanismes différents qui co-existent souvent :<br />

o absentéisme scolaire,<br />

o mais aussi lorsque l'explication est venue à une époque où l'enfant<br />

n'était pas mûr pour la recevoir, alors que l'âge mental était<br />

satisfaisant par ail<strong>le</strong>urs.<br />

• Trop grand nombre d’enfants par classe (25 à 30, voire de l’ordre de 40 en<br />

secondaire)<br />

• Passage dans la classe supérieure supposant a priori acquis <strong>le</strong> programme de<br />

l’année précédente, sans possibilité de rattraper <strong>le</strong>s lacunes (par exemp<strong>le</strong> dans<br />

l’apprentissage de la <strong>le</strong>cture), aboutissant année après année à une accumulation de<br />

ces lacunes.<br />

• Modification du rô<strong>le</strong> de l’éco<strong>le</strong> et du statut de l’enseignant dans la société.<br />

• Persistance dans l’éducation nationa<strong>le</strong> d’une méfiance vis-à-vis des enfants<br />

porteurs d’une maladie chronique (par exemp<strong>le</strong> épi<strong>le</strong>psie, VIH, hémophilie…), avec<br />

parfois un manque de respect de la confidentialité des renseignements médicaux. Le<br />

projet d’accueil individualisé (PAI) est une réponse à cette méfiance.<br />

• Valorisation encore insuffisante des options concrètes (dessin et arts<br />

plastiques, musique, activités manuel<strong>le</strong>s…) par rapport aux disciplines abstraites<br />

(langues, culture, sciences…)<br />

• Augmentation (?) et médiatisation de la vio<strong>le</strong>nce en milieu scolaire.<br />

• Compétence, personnalité et disponibilité de l’enseignant.<br />

Conduite à tenir<br />

En fonction de ces facteurs seront envisagées <strong>le</strong>s mesures thérapeutiques adaptées : rééducation<br />

orthophonique ou psychomotrice, psychothérapie, traitement médicamenteux, hospitalisation de jour.<br />

Des mesures éducatives, d’aide socia<strong>le</strong> et de recherche de la voie scolaire la plus adaptée à l’enfant<br />

(réorientation) peuvent être utilisées.<br />

Prendre en charge un enfant en difficulté scolaire nécessite donc des liens entre l’équipe de santé<br />

scolaire (médecin scolaire, infirmière, assistante socia<strong>le</strong>, conseil<strong>le</strong>r d’éducation et directeur), la famil<strong>le</strong>,<br />

<strong>le</strong>s différents thérapeutes engagés auprès de l’enfant (médecin, psychologue, orthophoniste) et <strong>le</strong>s<br />

commissions spécialisées. Le médecin de l’Education Nationa<strong>le</strong> a un rô<strong>le</strong> prépondérant, car c’est lui<br />

qui pourra être averti sous <strong>le</strong> sceau du secret professionnel de certaines maladies et de traitements<br />

susceptib<strong>le</strong>s d’avoir des répercussions sur <strong>le</strong> comportement en milieu scolaire (cf objectif 33 :<br />

Médecine scolaire)


Objectifs :<br />

1. Objectifs terminaux<br />

L’étudiant est capab<strong>le</strong> de :<br />

2. Objectifs intermédiaires<br />

Diarrhée aiguë et déshydratation<br />

• Diagnostiquer une diarrhée aiguë chez <strong>le</strong> nourrisson et chez l’enfant<br />

• Diagnostiquer un état de déshydratation chez <strong>le</strong> nourrisson et chez<br />

l’enfant<br />

• Identifier <strong>le</strong>s situations d’urgence, <strong>le</strong>s indications d’une<br />

hospitalisation<br />

• Conduire <strong>le</strong> traitement d’une diarrhée aiguë et d’une déshydratation<br />

et organiser <strong>le</strong>ur surveillance<br />

2.1 - Diarrhée aiguë, compliquée ou non de déshydratation<br />

L’étudiant est capab<strong>le</strong> de :<br />

1. Définir une diarrhée aiguë et l’identifier chez <strong>le</strong> nourrisson<br />

2. Enumérer <strong>le</strong>s principaux agents infectieux et <strong>le</strong>s causes non infectieuses des diarrhées aiguës du<br />

nourrisson et de l’enfant, et exposer <strong>le</strong>s éléments d’orientation<br />

3. Définir un état de déshydratation. Expliquer <strong>le</strong>s particularités des compartiments hydriques chez<br />

l’enfant.<br />

4. Enumérer <strong>le</strong>s signes cliniques propres à la déshydratation extracellulaire et à la déshydratation<br />

intracellulaire. Evaluer la gravité de la déshydratation<br />

5. Prescrire, justifier et interpréter <strong>le</strong>s examens complémentaires uti<strong>le</strong>s au cours d’une diarrhée aiguë<br />

et/ou d’une déshydratation en indiquant <strong>le</strong>s conséquences thérapeutiques<br />

6. Exposer et commenter <strong>le</strong>s indications de la réhydratation par voie ora<strong>le</strong>, des prescriptions<br />

médicamenteuses et diététiques<br />

7. Décrire la surveillance à mettre en place en fonction de l’âge et de la situation clinique, citer <strong>le</strong>s<br />

indications de l’hospitalisation.<br />

8. Prescrire <strong>le</strong>s mesures de prévention adéquates devant une typhoïde (déclaration, iso<strong>le</strong>ment,<br />

vaccin) et devant une salmonellose (porteurs, crèches, toxi-infections alimentaires)<br />

2.2 - Déshydratation (quel<strong>le</strong> que soit la cause)<br />

9. Col<strong>le</strong>cter et interpréter <strong>le</strong>s données anamnestiques et de l’examen clinique en vue d’une orientation<br />

étiologique devant une déshydratation. Ordonner, justifier et interpréter <strong>le</strong>s examens complémentaires<br />

nécessaires à l’évaluation de la déshydratation et à l’établissement du diagnostic étiologique<br />

10. Citer <strong>le</strong>s indications d’une hospitalisation en urgence et décrire <strong>le</strong>s mesures à prendre avant<br />

l’arrivée à l’hôpital. Exposer <strong>le</strong>s principes de la réhydratation intraveineuse et de sa surveillance.<br />

11. Enumérer <strong>le</strong>s complications des déshydratations et <strong>le</strong>urs circonstances de survenue.


Sommaire<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Définir une diarrhée aiguë et l’identifier chez <strong>le</strong> nourrisson.<br />

Faq 2 - Enumérer <strong>le</strong>s principaux agents infectieux et <strong>le</strong>s causes non infectieuses des diarrhées<br />

aiguës du nourrisson et de l’enfant, et exposer <strong>le</strong>s éléments d’orientation.<br />

Faq 3 - Définir un état de déshydratation. Expliquer <strong>le</strong>s particularités de la physiologie des<br />

échanges de l’eau et des é<strong>le</strong>ctrolytes chez l’enfant.<br />

Faq 4 - Enumérer <strong>le</strong>s signes cliniques propres à la déshydratation extracellulaire et à la<br />

déshydratation intracellulaire. Evaluer la gravité de la déshydratation.<br />

Faq 5 - Prescrire, justifier et interpréter <strong>le</strong>s examens complémentaires uti<strong>le</strong>s au cours d’une<br />

diarrhée aiguë et/ou d’une déshydratation en indiquant <strong>le</strong>s conséquences thérapeutiques.<br />

Faq 6 - Exposer et commenter <strong>le</strong>s indications de la réhydratation par voie ora<strong>le</strong>, des<br />

prescriptions diététiques et médicamenteuses.<br />

Faq 7 - Décrire la surveillance à mettre en place en fonction de l’âge et de la situation clinique,<br />

citer <strong>le</strong>s indications de l’hospitalisation.<br />

Faq 8 - Prescrire <strong>le</strong>s mesures de prévention adéquates devant une typhoïde (déclaration,<br />

iso<strong>le</strong>ment, vaccin) et devant une salmonellose (porteurs, crèches, toxi-infections alimentaires).<br />

Faq 9 - Col<strong>le</strong>cter et interpréter <strong>le</strong>s données anamnestiques et de l’examen clinique en vue<br />

d’une orientation étiologique devant une déshydratation. Ordonner, justifier et interpréter <strong>le</strong>s<br />

examens complémentaires nécessaires à l’évaluation de la déshydratation et à l’établissement<br />

du diagnostic étiologique.<br />

Faq 10 - Citer <strong>le</strong>s indications d’une hospitalisation en urgence et décrire <strong>le</strong>s mesures à prendre<br />

avant l’arrivée à l’hôpital. Exposer <strong>le</strong>s principes de la réhydratation intraveineuse et de sa<br />

surveillance.<br />

Faq11 - Enumérer <strong>le</strong>s complications des déshydratations et <strong>le</strong>urs circonstances de survenue<br />

Conclusion<br />

Introduction<br />

La diarrhée aiguë est une affection fréquente, parfois grave et urgente chez <strong>le</strong> nourrisson et <strong>le</strong><br />

jeune enfant. La déshydratation aiguë est la principa<strong>le</strong> cause des décès par diarrhées du nourrisson<br />

et de l’enfant (plus de 3 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent de diarrhées dans <strong>le</strong> monde).<br />

Dans <strong>le</strong>s pays développés, el<strong>le</strong> est aussi responsab<strong>le</strong> d’une morbidité et d’une mortalité non<br />

négligeab<strong>le</strong> (en France, on estime <strong>le</strong> nombre de décès par déshydratation entre 45 et 80 / an).<br />

Les causes <strong>le</strong>s plus fréquentes de diarrhées sont vira<strong>le</strong>s, avec présence fréquente de vomissements<br />

(gastro-entérites vira<strong>le</strong>s). Le traitement repose sur la réhydratation par voie ora<strong>le</strong> et la<br />

réalimentation précoce qui doivent être parfaitement expliquées aux parents. Le choc<br />

hypovolémique est une urgence vita<strong>le</strong>.<br />

Les autres causes de déshydratation que <strong>le</strong>s diarrhées aiguës sont beaucoup plus rares.<br />

Faq 1 - Définir une diarrhée aiguë et l’identifier chez <strong>le</strong> nourrisson<br />

La diarrhée aiguë se définit comme l’apparition d’au moins 3 sel<strong>le</strong>s liquides par jour depuis moins<br />

de 7 jours. Dans <strong>le</strong>s gastro-entérites vira<strong>le</strong>s, la survenue de vomissements ou de dou<strong>le</strong>urs<br />

abdomina<strong>le</strong>s peuvent précéder de quelques heures ou jours la diarrhée.


Faq 2 - Enumérer <strong>le</strong>s principaux agents infectieux et <strong>le</strong>s causes non<br />

infectieuses des diarrhées aiguës du nourrisson et de l’enfant, et exposer <strong>le</strong>s<br />

éléments d’orientation<br />

Les infections vira<strong>le</strong>s représentent la grande majorité des diarrhées aiguës dans <strong>le</strong>s pays<br />

développés. El<strong>le</strong>s sont essentiel<strong>le</strong>ment dues au rotavirus (en seconde place <strong>le</strong>s adénovirus). El<strong>le</strong>s<br />

évoluent par épidémies automno-hiverna<strong>le</strong>s et touchent préférentiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s nourrissons de 6 mois à<br />

2 ans. El<strong>le</strong>s surviennent dans un contexte d’infection vira<strong>le</strong> (fébricu<strong>le</strong>, myalgies) et s’accompagnent<br />

fréquemment au début de vomissements qui contribuent à la déshydratation. La diarrhée est<br />

essentiel<strong>le</strong>ment hydrique et féca<strong>le</strong> et ne dure pas plus de 7 à 10 jours.<br />

Sont en faveur de l’origine vira<strong>le</strong> : la fréquence, <strong>le</strong> contexte épidémique, la fréquentation d’une<br />

col<strong>le</strong>ctivité (crèche), l’existence d’un syndrome viral dans <strong>le</strong>s jours précédents, et l’existence de<br />

vomissements.<br />

Les bactéries entérotoxiniques, au premier rang desquel<strong>le</strong>s vient Escherichia Coli dans nos climats,<br />

agissent en adhérant à la muqueuse intestina<strong>le</strong> et en secrétant une entérotoxine qui pénètre la<br />

muqueuse et stimu<strong>le</strong> la secrétion de sodium et donc d'eau. Le choléra est <strong>le</strong> type <strong>le</strong> plus grave de<br />

diarrhée secrétoire. Les salmonel<strong>le</strong>s, shigel<strong>le</strong>s peuvent éga<strong>le</strong>ment agir par effet toxinique. La diarrhée<br />

est très abondante, aqueuse, dure moins de 5 jours et s’accompagne de dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s. Il n’y<br />

a habituel<strong>le</strong>ment pas de syndrome infectieux.<br />

Sont en faveur : <strong>le</strong> caractère profus et aqueux, voire afécal, de la diarrhée, en l’absence de syndrome<br />

infectieux .<br />

Les bactéries invasives, pénètrent et détruisent l'entérocyte, diminuent <strong>le</strong>s possibilités d'absorption<br />

intestina<strong>le</strong> et entraînent une réaction exsudative donnant un aspect glairo-sanglant aux sel<strong>le</strong>s. Les<br />

bactéries invasives sont essentiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s salmonel<strong>le</strong>s, shigel<strong>le</strong>s, yersinia et campylobacter. La<br />

diarrhée peut être modérée mais aussi sévère avec syndrome toxique voire septicémique : dou<strong>le</strong>urs<br />

abdomina<strong>le</strong>s importantes, fièvre é<strong>le</strong>vée (jusqu’à 40°C), altération de l’état général, voire choc,<br />

ténesme, diarrhée contenant du pus et du sang.<br />

Sont en faveur d’une diarrhée à germe invasif : <strong>le</strong>s signes généraux intenses avec syndrome<br />

septicémique et diarrhée glairo-sanglante.<br />

Les infections parasitaires sont représentées essentiel<strong>le</strong>ment par la lambliase (ou giardiase),<br />

infection cosmopolite, plutôt responsab<strong>le</strong> de diarrhée chronique, et l’amibiase chez l’enfant de retour<br />

ou vivant en pays d'endémie.<br />

Les infections extradigestives O.R.L (otite, mastoïdite), broncho-pulmonaires, urinaires, et <strong>le</strong>s<br />

méningites peuvent s'accompagner de diarrhée. Chez <strong>le</strong> nouveau-né la diarrhée est un signe non<br />

spécifique d'infection néonata<strong>le</strong>, et doit faire rechercher un infection systémique.<br />

Sont en faveur de l’origine extradigestive de cette diarrhée : des antécédents néphrologiques,<br />

neurologiques ou ORL ou l’existence d’une infection extradigestive.<br />

Les autres causes de diarrhée incluent <strong>le</strong>s diarrhées médicamenteuses (en particulier dues aux<br />

antibiotiques)et beaucoup plus rarement congénita<strong>le</strong>s (diarrhée chlorée congénita<strong>le</strong>)….<br />

Les antécédents chirurgicaux (laparotomie), l’existence d’épisodes de dou<strong>le</strong>ur abdomina<strong>le</strong> aiguë de<br />

début brutal et spontanément résolutifs doivent faire évoquer une urgence chirurgica<strong>le</strong> (invagination,<br />

occlusion sur bride, appendicite aiguë) devant un tab<strong>le</strong>au de gastro-entérite avec vomissements et<br />

dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s importantes.<br />

Faq 3 - Définir un état de déshydratation. Expliquer <strong>le</strong>s particularités de la<br />

physiologie des échanges de l’eau et des é<strong>le</strong>ctrolytes chez l’enfant<br />

La déshydratation aiguë est définie par un déficit hydro-é<strong>le</strong>ctrolytique corporel d’installation rapide.<br />

Plusieurs particularités physiologiques permettent de comprendre la fréquence et la gravité accrues<br />

des déshydratations chez <strong>le</strong> nourrisson, <strong>le</strong> retentissement rapide sur <strong>le</strong> secteur extracellulaire et<br />

notamment vasculaire, avec <strong>le</strong> risque de choc hypovolémique.


- Le contenu et la répartition de l’eau varie avec l’âge : plus l’enfant<br />

est jeune, plus il est constitué d’eau et plus cette eau se situe dans<br />

<strong>le</strong>s secteurs extra-cellulaires. Un nouveau-né est constitué de 80 %<br />

d’eau (45 % extracellulaire et 35 % intra-cellulaire). Vers un an, <strong>le</strong><br />

nourrisson est constitué de 70 % d’eau (25 % extracellulaire et 45 %<br />

intra-cellulaire).<br />

- Le nourrisson a un cyc<strong>le</strong> de remplacement hydrique beaucoup plus<br />

rapide en raison notamment d’un métabolisme basal plus é<strong>le</strong>vé, et de<br />

pertes cutanées plus importantes. A la naissance, 25 % de l’eau est<br />

recyclée par jour alors que ce chiffre est de 6 % chez l’adulte. Les<br />

besoins hydriques journaliers rapportés au poids sont ainsi plus<br />

importants chez <strong>le</strong> nourrisson (tab<strong>le</strong>au I).<br />

- Le pouvoir de concentration urinaire est moindre au cours des<br />

premiers mois de vie.<br />

- Les nourrissons dépendent de <strong>le</strong>urs parents pour <strong>le</strong>urs apports<br />

hydriques et l’expression de <strong>le</strong>ur soif est plus diffici<strong>le</strong> à percevoir.<br />

Tab<strong>le</strong>au I : Besoins hydrosodés et volume sanguin selon l’âge<br />

Besoins hydriques<br />

journaliers<br />

Nouveau-né Nourrisson Petit enfant Grand enfant<br />

3 kg -----------------------------------><br />

10 kg<br />

---------------><br />

20 kg<br />

---------------><br />

70 kg<br />

100 ml / kg + 50 ml / kg + 20 ml / kg<br />

Ex : enfant de 29 kg 100 * 10 ml + (50 * 10) + (20 * 9) =<br />

Besoins sodés<br />

journaliers<br />

2 à 3 mEq Na+ / kg<br />

Volume sanguins 80 ml / kg 75 ml / kg 65 ml / kg 46-50 ml / kg<br />

*1 gramme de NaCl contient 17 mEq de Na+<br />

Rappels physiologiques sur <strong>le</strong>s mouvements transmembranaires de l’eau et classification des<br />

déshydratations<br />

Les membranes cellulaires sont perméab<strong>le</strong>s à l’eau et à certains solutés seu<strong>le</strong>ment. Le passage d’eau<br />

à travers ces membranes dépend de la concentration des substances dissoutes non diffusib<strong>le</strong>s<br />

(responsab<strong>le</strong>s de la pression osmotique) de part et d’autre de ces membranes, l’eau allant vers <strong>le</strong><br />

milieu <strong>le</strong> plus osmolaire.<br />

Dans <strong>le</strong>s déshydratations aiguës par gastro-entérites, la connaissance de la natrémie (qui reflète <strong>le</strong><br />

plus souvent bien l’osmolarité extra-cellulaire) permet de classer <strong>le</strong>s différents types de<br />

déshydratations.<br />

1. Le déficit en eau et en sel sont proportionnels : la déshydratation est globa<strong>le</strong>, isonatrémique, isoosmolaire.<br />

2. Le déficit en sel est proportionnel<strong>le</strong>ment supérieur au déficit en eau : il s'agit d'une déshydratation à<br />

prédominance extracellulaire, hyponatrémique, hypo-osmolaire.<br />

3. Le déficit en eau est proportionnel<strong>le</strong>ment supérieur au déficit en sel : il s'agit d'une déshydratation à<br />

prédominance intracellulaire, hypernatrémique, hyperosmolaire (moins de 5% des déshydratations du<br />

nourrisson).<br />

1680<br />

ml<br />

Faq 4 - Enumérer <strong>le</strong>s signes cliniques propres à la déshydratation<br />

extracellulaire et à la déshydratation intracellulaire. Evaluer la gravité de la<br />

déshydratation<br />

a - Etat de choc par hypovolémie (déshydratation importante du secteur<br />

vasculaire)


Les signes cliniques <strong>le</strong>s plus précoces chez <strong>le</strong> nourrisson sont :<br />

- la tachycardie,<br />

- la polypnée,<br />

- <strong>le</strong>s signes de vasoconstriction cutanée (teint gris, extrémités froides<br />

et cyanosées, marbrures cutanées et allongement du temps de<br />

recoloration cutanée),<br />

- l’état d’agitation qui précède l’altération de la conscience.<br />

Les va<strong>le</strong>urs des fréquences cardiaques et respiratoires doivent être interprétées en l’absence de<br />

p<strong>le</strong>urs, et selon la température. L’hypotension artériel<strong>le</strong> est un signe tardif de choc chez <strong>le</strong> nourrisson<br />

en raison de l’importance de la vasoconstriction (réponse adrénergique de stress) qui permet<br />

longtemps <strong>le</strong> maintien de la pression artériel<strong>le</strong>. La persistance de l’état de choc aboutit à un tab<strong>le</strong>au<br />

de défaillance multiviscéra<strong>le</strong> pouvant évoluer ensuite malgré la correction secondaire du choc.<br />

b - Le diagnostic de déshydratation aiguë est clinique<br />

On distingue des signes de déshydratation globa<strong>le</strong> (perte de poids), extracellulaire et intracellulaire<br />

(tab<strong>le</strong>au II). Le critère « étalon» pour <strong>le</strong> diagnostic de déshydratation aiguë est en théorie la perte de<br />

poids, ref<strong>le</strong>t <strong>le</strong> plus fiab<strong>le</strong> de la déshydratation et de son importance. Malheureusement dans la<br />

pratique courante, el<strong>le</strong> n’est qu’exceptionnel<strong>le</strong>ment évaluab<strong>le</strong> de façon fiab<strong>le</strong> puisqu’il convient de<br />

disposer d’un poids très récent (<strong>le</strong> nourrisson grossit rapidement) mesuré si possib<strong>le</strong> sur la même<br />

balance de précision (imprécision de mesure d’une balance à l’autre). De plus, en cas d’affection<br />

chirurgica<strong>le</strong> avec constitution d’un troisième secteur, il peut exister des signes de déshydratation et de<br />

choc hypovolémique sans perte de poids.<br />

Le diagnostic de déshydratation nécessite l’association de plusieurs signes cliniques, la sensibilité et<br />

la spécificité de chacun étant médiocre. Les premiers signes cliniques de déshydratation apparaissent<br />

pour une perte de poids d’environ 3 %. Ces signes et la tolérance de la déshydratation dépendent<br />

aussi de la rapidité d’installation du déficit hydrosodé. Les principaux signes de déshydratation sont<br />

reportés dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au II. Le nombre de signes présents augmente avec l’importance de la<br />

déshydratation. La présence de trois ou plus de ces signes représente <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur compromis pour la<br />

prédiction d’une déshydratation >=5%.<br />

Tab<strong>le</strong>au II : Signes cliniques de déshydratation<br />

Extracellulaire Intracellulaire<br />

Cernes oculaires<br />

Pli cutané persistant<br />

Fontanel<strong>le</strong> déprimée<br />

Absence de larmes lors<br />

des p<strong>le</strong>urs<br />

Tachycardie<br />

Polypnée<br />

Marbrures, temps de<br />

recoloration cutané<br />

allongé<br />

Tardifs : hypotension<br />

artériel<strong>le</strong> et oligurie<br />

Aspects pratiques :<br />

Muqueuses sèches et Soif<br />

Hypotonie des globes<br />

oculaires<br />

Fièvre<br />

Troub<strong>le</strong>s de conscience


Faq 5 - Prescrire, justifier et interpréter <strong>le</strong>s examens complémentaires uti<strong>le</strong>s au<br />

cours d’une diarrhée aiguë et/ou d’une déshydratation en indiquant <strong>le</strong>s<br />

conséquences thérapeutiques<br />

Aucun examen biologique n’est nécessaire chez un nourrisson présentant une diarrhée aiguë traitée<br />

par simp<strong>le</strong> réhydratation ora<strong>le</strong>.<br />

Pour <strong>le</strong> diagnostic et <strong>le</strong> traitement de la déshydratation<br />

Les examens biologiques sont rarement nécessaires au diagnostic de déshydratation qui est clinique.<br />

Quand la déshydratation est sévère avec des signes de gravité (troub<strong>le</strong>s de la conscience, syndrome<br />

infectieux sévère) ou qu’une réhydratation par voie veineuse est nécessaire, il est alors uti<strong>le</strong> de<br />

réaliser un prélèvement veineux.<br />

L’examen <strong>le</strong> plus sensib<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> diagnostic de déshydratation est la baisse du taux de bicarbonates.<br />

Les autres examens sanguins et notamment <strong>le</strong> taux d’urée ont une moins bonne va<strong>le</strong>ur prédictive.<br />

Quand l’enfant doit être perfusé, <strong>le</strong>s examens sanguins uti<strong>le</strong>s sont : <strong>le</strong> ionogramme voire l’osmolarité<br />

(pour apprécier l’état d’hydratation intracellulaire), l’urée, l’hématocrite et la protidémie (pour apprécier<br />

<strong>le</strong> degré d’hémoconcentration reflétant l’état d’hydratation extracellulaire), CO2 total et pH à la<br />

recherche d’une acidose métabolique, calcémie, glycémie, créatinine. La réalisation sur la première<br />

miction d’une bande<strong>le</strong>tte réactive et d'un ionogramme avec calcul de l’osmolarité peuvent être<br />

indiqués chez <strong>le</strong>s enfants perfusés. Ils renseignent sur l’adaptation réna<strong>le</strong>, <strong>le</strong> caractère fonctionnel ou<br />

organique d’une insuffisance réna<strong>le</strong>. Ces éléments permettront d’adapter la composition de la<br />

perfusion intraveineuse aux troub<strong>le</strong>s hydroé<strong>le</strong>ctrolytiques présentés par <strong>le</strong> patient.<br />

Pour la recherche de l’étiologie de la diarrhée<br />

La recherche de nitrites et de <strong>le</strong>ucocytes dans <strong>le</strong>s urines est réalisée au moindre doute d’infection<br />

urinaire chez <strong>le</strong> nourrisson.<br />

L’examen virologique des sel<strong>le</strong>s recherche <strong>le</strong> rotavirus par méthode Elisa ou Agglutination, n’a qu’un<br />

intérêt épidémiologique et n’est pas nécessaire en pratique devant un tab<strong>le</strong>au de gastro-entérite<br />

habituel.<br />

Une numération formu<strong>le</strong> sanguine avec dosage de la protéine C réactive voire des hémocultures dans<br />

<strong>le</strong>s cas où l’on suspecte une diarrhée invasive et que l’on envisage la prescription d’antibiotiques.<br />

La coproculture avec éventuel<strong>le</strong>ment recherche spécifique de Yersinia et Campylobacter n’est<br />

indiquée que lorsque la diarrhée aiguë se prolonge ou s'accompagne de signes systémiques (fièvre,<br />

frissons, signes extradigestifs) qui justifieraient alors l’indication d’une antibiothérapie.<br />

L’analyse parasitologique des sel<strong>le</strong>s est indiquée en cas de diarrhée persistante (recherche d’une<br />

lambliase) ou au retour d'un pays d'endémie d’amibiase.<br />

Faq 6 - Exposer et commenter <strong>le</strong>s indications de la réhydratation par voie ora<strong>le</strong>,<br />

des prescriptions diététiques et médicamenteuses<br />

La réhydratation ora<strong>le</strong> et la réalimentation précoce constituent l’essentiel du traitement des<br />

diarrhées aiguës.<br />

1. La Réhydratation ora<strong>le</strong> compense <strong>le</strong> déficit hydroé<strong>le</strong>ctrolytique<br />

La mise au point par l'OMS de solutions de réhydratation ora<strong>le</strong>, dites hydroé<strong>le</strong>ctrolytiques, a permis de<br />

diminuer nettement la mortalité et la morbidité des diarrhées aiguës dans <strong>le</strong>s pays du tiers monde,<br />

avec un coût très faib<strong>le</strong> et une grande facilité d'utilisation. Ces solutions sont considérées à juste<br />

raison comme une avancée médica<strong>le</strong> majeure. Le principe de la réhydratation ora<strong>le</strong> est que quelque<br />

soit l'étiologie de la diarrhée, <strong>le</strong>s possibilités d'absorption intestina<strong>le</strong> des é<strong>le</strong>ctrolytes persistent, au<br />

moins partiel<strong>le</strong>ment : l’absorption du sodium est favorisée par la présence de sucres (co-transport actif<br />

sodium-glucose), et l’eau suit passivement l’absorption du sodium. Ces solutions sont maintenant<br />

utilisées (et adaptées) dans <strong>le</strong>s pays développés avec quelques adaptations de la composition :


- Apport d'é<strong>le</strong>ctrolytes (Na, K, Cl) adapté aux pertes féca<strong>le</strong>s. Une<br />

concentration en sodium de 60 meq/l semb<strong>le</strong> adéquate .<br />

- Stimulation de l'absorption intestina<strong>le</strong> du sodium par du glucose<br />

apporté à la concentration de 20 g/l ; éventuel<strong>le</strong>ment sous forme de<br />

saccharose (glucose + fructose) ou de polymères de glucose<br />

(dextrine-maltose) nécessitant cependant l'action des<br />

disaccharidases intestina<strong>le</strong>s.<br />

- Respect de l'osmolalité de la lumière intestina<strong>le</strong> en gardant comme<br />

limite 200 à 250 mosmol/l de solution. Une osmolalité supérieure peut<br />

à el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong> entraîner un "appel d'eau" intraluminal avec diarrhée<br />

osmotique<br />

- Prévention de l'acidose par addition éventuel<strong>le</strong> de bicarbonates ou<br />

citrates.<br />

- Enfin, sans que cela soit <strong>le</strong> but initial de la solution<br />

hydroé<strong>le</strong>ctrolytique, el<strong>le</strong> représente un apport calorique non<br />

négligeab<strong>le</strong>.<br />

Il faut proscrire l’utilisation de tout autre soluté « maison » (boisson gazeuse à base de cola, eau pure,<br />

soupe de carotte, eau de riz …) de composition inadaptée.<br />

Les modalités d'apport de la solution doivent être soigneusement expliquées à la famil<strong>le</strong>.<br />

Les solutions de réhydratation ora<strong>le</strong> se présentent toutes sous forme de sachet à diluer dans 200 ml<br />

d'eau faib<strong>le</strong>ment minéralisée, conservées au réfrigérateur et utilisées dans <strong>le</strong>s 24 heures qui suivent<br />

<strong>le</strong>ur reconstitution.<br />

Proposer la solution à volonté. L'enfant adapte lui-même la quantité absorbée selon sa soif, meil<strong>le</strong>ur<br />

marqueur de son hydratation. Ne pas craindre de dépasser nettement <strong>le</strong>s besoins habituels de<br />

l'enfant. Du fait de la déshydratation, de la poursuite éventuel<strong>le</strong> de la diarrhée, <strong>le</strong>s besoins sont<br />

souvent très é<strong>le</strong>vés et l'enfant peut boire plus de 200 ml/kg/j.<br />

Donner au début, des prises fractionnées (quelques dizaines de ml) à quelques minutes d’interval<strong>le</strong>.<br />

Ceci permet de limiter <strong>le</strong>s vomissements souvent dus au déficit énergétique lié à la diarrhée et<br />

disparaissant avec l'apport d'une solution sucrée. Ainsi <strong>le</strong>s vomissements initiaux ne constituent pas<br />

une contre-indication à la réhydratation ora<strong>le</strong>. La prise très fractionnée et répétée de la SRO fraîche<br />

permet dans la plupart des cas la disparition progressive des vomissements. Expliquer éga<strong>le</strong>ment aux<br />

parents que la persistance des sel<strong>le</strong>s liquides est norma<strong>le</strong> durant quelques jours et ne constitue pas<br />

un échec de la réhydratation ora<strong>le</strong> dont <strong>le</strong> seul but est de traiter et prévenir la déshydratation.<br />

Deux questions se posent en pratique :<br />

La réhydratation par voie ora<strong>le</strong> est-el<strong>le</strong> possib<strong>le</strong> ou l’état de l’enfant nécessite-t-il une<br />

réhydratation intraveineuse en urgence ?<br />

La réhydratation intraveineuse se justifie :<br />

- en cas de contre-indication de la réhydratation ora<strong>le</strong> : état de choc,<br />

troub<strong>le</strong>s de conscience, suspicion d’affection chirurgica<strong>le</strong>, et pour<br />

certains auteurs : déshydratation sévère supérieure à 10 % (avec<br />

toutes <strong>le</strong>s réserves déjà données sur ce critère)<br />

- ou d’échec de la réhydratation ora<strong>le</strong> bien conduite (aggravation de<br />

la déshydratation en raison d’une diarrhée profuse, d’une fatigue, ou<br />

de vomissements incoercib<strong>le</strong>s malgré la réhydratation ora<strong>le</strong>).<br />

La réhydratation ora<strong>le</strong> peut-el<strong>le</strong> être réalisée à domici<strong>le</strong> dans des conditions suffisantes de<br />

sécurité ?<br />

Cf (FAQ 7)


2. Renutrition<br />

La réalimentation précoce diminue la fréquence et la durée des anomalies de perméabilité<br />

intestina<strong>le</strong>, et évite une altération de l'état nutritionnel, tout en raccourcissant la durée de la diarrhée.<br />

Le maintien d'une diète calorique peut aboutir rapidement chez l'enfant, et surtout <strong>le</strong> nourrisson aux<br />

réserves caloriques faib<strong>le</strong>s, à un état de dénutrition pouvant lui-même contribuer à la poursuite de la<br />

diarrhée.<br />

Chez l’enfant nourri au sein, il faut poursuivre l’allaitement, en alternant <strong>le</strong>s prises de solutions de<br />

réhydratation et <strong>le</strong>s tétées.<br />

Chez l’enfant nourri avec une préparation lactée à base de lait de vache, l’attitude est différente selon<br />

l’âge :<br />

3. Médicaments<br />

- <strong>le</strong>s nourrissons de plus de 4 mois présentant une diarrhée aiguë<br />

avec déshydratation d’intensité faib<strong>le</strong> ou modérée, peuvent recevoir<br />

après 4 heures de réhydratation ora<strong>le</strong> exclusive <strong>le</strong> lait qu’il recevaient<br />

avant l’apparition de la diarrhée, à reconstitution norma<strong>le</strong> d’emblée.<br />

Si l’enfant a une alimentation déjà diversifiée, on y associe <strong>le</strong>s<br />

aliments ayant des propriétés antidiarrhéiques reconnues par la<br />

pratique (carotte, pomme-coing, riz, pomme de terre, banane).<br />

L’utilisation d’une préparation diététique sans lactose est justifiée<br />

devant la réapparition d’une diarrhée profuse dans <strong>le</strong>s heures qui<br />

suivent la réintroduction du lait (syndrome post-entéritique), en cas de<br />

diarrhée persistante et de terrain fragi<strong>le</strong> (prématurité, retard de<br />

croissance intra-utérin, pathologie chronique).<br />

- chez <strong>le</strong> nourrisson de moins de 4 mois, l’attitude n’est pas<br />

consensuel<strong>le</strong>. Devant la gravité potentiel<strong>le</strong> de la diarrhée à cet âge et<br />

<strong>le</strong> risque d’al<strong>le</strong>rgie aux protéines du lait de vache, il est <strong>le</strong> plus<br />

souvent prescrit pendant 1 à 2 semaines un hydrolysat de protéines<br />

(ne contenant pas non plus de lactose)<br />

— Les antibiotiques<br />

Les antibiotiques n’ont qu’une place très restreinte dans <strong>le</strong> traitement des diarrhées aiguës de<br />

l’enfant. Les indications des antibiotiques sont liées au germe en cause ou à la fragilité du terrain<br />

(nourrisson de moins de 3 mois, dénutrition sévère, maladie préexistante tel<strong>le</strong> un déficit immunitaire<br />

ou la drépanocytose) et à la sévérité du syndrome infectieux (syndrome toxi-infectieux grave, diarrhée<br />

glairo-sanglante durant plus de 7 jours, hémocultures positives)<br />

Tab<strong>le</strong>au III : indications des antibiotiques selon <strong>le</strong> germe dans <strong>le</strong>s diarrhées aiguës bactériennes de<br />

l’enfant<br />

- Systématiquement :<br />

Shigellose<br />

Salmonella typhimurium<br />

Vibrio Cho<strong>le</strong>rae<br />

- En fonction du terrain ou de la clinique :<br />

Escherichia coli entéropathogène<br />

Salmonellose<br />

Yersiniose<br />

Campylobacter jejuni


Les antibiotiques habituel<strong>le</strong>ment utilisés sont <strong>le</strong>s suivants :<br />

• Shigel<strong>le</strong> : ampicilline (100mg/kg/j) per os ou intraveineux pendant 5 jours .<br />

• Salmonel<strong>le</strong> : ceftriaxone (50 mg/kg/j IV ou IM), cefotaxime (100 mg/kg/j IV ou IM) ou<br />

amoxicilline (5à à 70 mg/kg/j per os) ;<br />

• Escherichia coli : cotrimoxazo<strong>le</strong> ou ciprofloxacine en deuxième intention<br />

• Yersinia : cotrimoxazo<strong>le</strong><br />

• Campylobacter jejuni : erythromycine (50 mg/kg/j per os) pendant 5 à 7 jours<br />

L’antibiothérapie peut être justifiée pour une infection extradigestive (ORL, urinaire, etc...).<br />

Les antiseptiques intestinaux n’ont aucune place dans <strong>le</strong> traitement des diarrhées bactériennes de<br />

l’enfant.<br />

— Les agents anti-diarrhéiques :<br />

Le critère d’efficacité d’un médicament anti-diarrhéique retenu par l’OMS est la réduction du débit des<br />

sel<strong>le</strong>s d’au moins 30 % par rapport à un placebo. Peu de médicaments actuel<strong>le</strong>ment disponib<strong>le</strong>s<br />

répondent à ce critère, la plupart n’ayant que des effets symptomatiques comme l’aspect des sel<strong>le</strong>s, la<br />

durée de la diarrhée. Le risque alors est que l’utilisation des médicaments rassurent à tort ou<br />

réduisent l’utilisation des solutions de réhydratation et de la renutrition précoce. Le contrô<strong>le</strong> du<br />

symptôme diarrhéique n’est qu’un objectif secondaire et la place des traitements médicamenteux doit<br />

rester limitée.<br />

- Le racécadotril est <strong>le</strong> seul médicament à avoir démontré une<br />

diminution du débit des sel<strong>le</strong>s.<br />

-Les agents intraluminaux, silicates (diosmectite) ou probiotiques<br />

(Saccharomyces boulardii, Lactobacillus acidophilus) ont un effet<br />

uniquement symptomatique sur la durée de la diarrhée sans effets<br />

prouvés sur <strong>le</strong> débit des sel<strong>le</strong>s ni sur l’importance de la<br />

déshydratation.<br />

- Les agents inhibiteurs de la motricité intestina<strong>le</strong> (lopéramide), du fait<br />

de <strong>le</strong>ur effets secondaires, doivent être prescrits avec prudence et<br />

sont contre-indiqués chez <strong>le</strong>s nourrissons de moins de 2 ans.<br />

Faq 7 - Décrire la surveillance à mettre en place en fonction de l’âge et de la<br />

situation clinique, citer <strong>le</strong>s indications de l’hospitalisation.<br />

L’absence de signes cliniques de déshydratation lors de la consultation initia<strong>le</strong> ne supprime pas <strong>le</strong><br />

risque qu’ils apparaissent dans <strong>le</strong>s heures qui suivent. Des conseils précis bien compris de<br />

surveillance sont nécessaires : noter <strong>le</strong>s quantités bues, <strong>le</strong> nombre de sel<strong>le</strong>s et de vomissements, la<br />

température et si possib<strong>le</strong> peser l’enfant toutes <strong>le</strong>s 4 heures (la location d’un balance est<br />

recommandée avant l’âge de 6 mois).<br />

La présence d’au moins un des signes suivants justifie une hospitalisation en urgence :<br />

- déshydratation supérieure à 8-10% du poids du corps<br />

- signes de choc hypovolémique<br />

- troub<strong>le</strong>s de la conscience<br />

- vomissements incoercib<strong>le</strong>s malgré la réhydratation ora<strong>le</strong><br />

- terrain à risque (prématurité, retard de croissance intra-utérin,<br />

pathologie chronique)<br />

- doute sur une affection sous-jacente (invagination intestina<strong>le</strong> ou<br />

appendicite aiguë)


- au moindre doute chez <strong>le</strong> nourrisson de moins de 3 mois en raison<br />

de la rapidité d’installation d’une déshydratation à cet âge<br />

- contexte socioculturel familial défavorab<strong>le</strong> rendant la<br />

compréhension et la surveillance à domici<strong>le</strong> incertaines<br />

Faq 8 - Prescrire <strong>le</strong>s mesures de prévention adéquates devant une typhoïde<br />

(déclaration, iso<strong>le</strong>ment, vaccin) et devant une salmonellose (porteurs, crèches,<br />

toxi-infections alimentaires)<br />

La fièvre typhoïde ou paratyphoïde, définies par une hémoculture positive à Salmonella typhi,<br />

paratyphiA ou paratyphiB, sont des maladies à déclaration obligatoire, de même que <strong>le</strong>s toxi-infections<br />

alimentaires col<strong>le</strong>ctives (Décret 99-363 du 6 Mai 1999). Tout médecin constatant l’une de ces<br />

maladies doit la déclarer à la Direction Départementa<strong>le</strong> des Affaires Sanitaires et Socia<strong>le</strong>s de son<br />

département. Dans <strong>le</strong>s salmonelloses non compliquées, l’antibiothérapie non seu<strong>le</strong>ment ne modifie<br />

pas l’évolution mais favorise <strong>le</strong> portage chronique. L’iso<strong>le</strong>ment des sujets infectants, <strong>le</strong> respect des<br />

règ<strong>le</strong>s d’hygiènes (désinfection, lavage des mains, blouses de protection) sont des mesures<br />

fondamenta<strong>le</strong>s lors d’une épidémie. L’éviction des porteurs asymptomatiques est requise pour <strong>le</strong>s<br />

salmonelloses typhoïdiques et paratyphoïdiques jusqu’à disparition du germe dans 2 coprocultures<br />

successives espacées d’une semaine. En ce qui concerne <strong>le</strong>s salmonel<strong>le</strong>s non typhoïdiques, il<br />

n’existe pas de contrainte léga<strong>le</strong> et l’initiative est laissée aux responsab<strong>le</strong>s des crèches ou des éco<strong>le</strong>s.<br />

Déshydratations aiguës (quel<strong>le</strong> que soit la cause)<br />

Faq 9 - Col<strong>le</strong>cter et interpréter <strong>le</strong>s données anamnestiques et de l’examen<br />

clinique en vue d’une orientation étiologique devant une déshydratation.<br />

Ordonner, justifier et interpréter <strong>le</strong>s examens complémentaires nécessaires à<br />

l’évaluation de la déshydratation et à l’établissement du diagnostic étiologique<br />

Les entrées d'eau sont représentées par l'eau exogène (aliments, boissons) et l'eau endogène<br />

(combustion des protides, lipides, glucides). Les sorties d'eau sont représentées par <strong>le</strong>s pertes<br />

insensib<strong>le</strong>s (respiration, transpiration) estimées à 20 ml / kg / j, <strong>le</strong>s pertes digestives, <strong>le</strong>s pertes<br />

réna<strong>le</strong>s. La déshydratation aiguë est <strong>le</strong> plus souvent due à une augmentation des pertes, parfois à<br />

une diminution des apports ou à la constitution d’un troisième secteur.<br />

Les diarrhées, en particulier <strong>le</strong>s gastro-entérites vira<strong>le</strong>s, représentent plus de 80 % des causes de<br />

déshydratation aiguë du nourrisson. Les autres étiologies sont indiquées dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au IV.<br />

Tab<strong>le</strong>au IV : Principa<strong>le</strong>s étiologies des déshydratations aiguës<br />

DIGESTIVES<br />

CUTANEES<br />

RENALES<br />

Na Urinaire<br />

> 20 mEq/l<br />

AUGMENTATION DES PERTES<br />

Diarrhées : gastro-entérites, malabsorptions, infections<br />

ORL ou urinaires<br />

Vomissements : gastro-entérites, sténose du pylore,<br />

causes chirurgica<strong>le</strong>s, neurologiques (hypertension<br />

intracrânienne)<br />

Création d’un « 3ème secteur » : occlusions, péritonites<br />

Aspiration digestive, fistu<strong>le</strong>s digestives, drainage<br />

abdominal<br />

Brûlures, Syndrome de Lyell<br />

Hyperthermie, hyperthermies majeure et maligne, Coup<br />

de cha<strong>le</strong>ur<br />

Mucoviscidose<br />

Acidose tubulaire proxima<strong>le</strong><br />

Néphropathies (perte de sel)<br />

Uropathies avec diminution du pouvoir de concentration<br />

des urines


Na Urinaire<br />

< 20 mEq/l<br />

Insuffisance surréna<strong>le</strong>, (hyperplasie des surréna<strong>le</strong>s),<br />

Pseudohypoaldostéronisme<br />

Diurétiques<br />

Diabète insipide néphrogénique (ou central), diabète<br />

sucré<br />

Syndrome de <strong>le</strong>vée d’obstac<strong>le</strong><br />

Coma hyperosmolaire<br />

Diurèse osmotique (Mannitol, Glycérol, Sorbitol)<br />

Hypercalcémies<br />

RESPIRATOIRES Hyperventilation<br />

DIMINUTION DES APPORTS<br />

Anorexie, jeûne prolongé, carence d’apport (syndrome<br />

de Munchaussen par procuration)<br />

Troub<strong>le</strong>s de conscience, troub<strong>le</strong>s de déglutition, adipsie<br />

L’étiologie est en général faci<strong>le</strong>ment déterminée par la connaissance rapide de l’histoire de la maladie<br />

(diarrhée, vomissements, polyurie, affection chirurgica<strong>le</strong> etc.), et la recherche de signes de<br />

déshydratation extracellulaire et/ou intracellulaire.<br />

Les examens biologiques <strong>le</strong>s plus uti<strong>le</strong>s en première intention lorsque l’étiologie n’est pas évidente<br />

cliniquement sont : <strong>le</strong> ionogramme sanguin (natrémie, kaliémie et chlorémie), la natriurèse , la<br />

glycémie, calcémie et protidémie, l’urée sanguine et urinaire, la créatinine, l’osmolarité sanguine et<br />

urinaire, , <strong>le</strong> CO2 total, <strong>le</strong> pH sanguin, <strong>le</strong> pH urinaire.<br />

Faq 10 - Citer <strong>le</strong>s indications d’une hospitalisation en urgence et décrire <strong>le</strong>s<br />

mesures à prendre avant l’arrivée à l’hôpital. Exposer <strong>le</strong>s principes de la<br />

réhydratation intraveineuse et de sa surveillance.<br />

Le traitement du choc hypovolémique par déshydratation est une urgence vita<strong>le</strong>. Le traitement de la<br />

déshydratation est fonction de son étiologie et seul <strong>le</strong> traitement des déshydratations par diarrhée<br />

aiguë est développé.<br />

Traitement du choc hypovolémique : « Remplissage vasculaire »<br />

L’urgence est au remplissage vasculaire car il existe un risque de désamorçage de la pompe<br />

cardiaque et de complications liées à l’hypoperfusion de nombreux organes. On apprécie rapidement<br />

<strong>le</strong>s signes de choc, on administre de l’oxygène, et on place l’enfant en surveillance monitorée. Une<br />

voie veineuse périphérique (pli du coude, jugulaire externe, autres) est immédiatement recherchée. La<br />

mise en place d’une voie intra-osseuse est préconisée rapidement en cas d’échec des ponctions<br />

veineuses chez un enfant en choc hypovolémique. Le soluté à administrer est du sérum salé<br />

isotonique (0,9%) ou du Ringer Lactate, par bolus de 10 ml/kg, aussi vite que <strong>le</strong> permet la voie d’abord<br />

(seringue poussée à la main). Les bolus de 10 ml/kg sont renouvelés immédiatement jusqu'à<br />

diminution de la tachycardie, normalisation du temps de recoloration, normalisation de la pression<br />

artériel<strong>le</strong> (si hypotension), amélioration de l'état de conscience. Un remplissage de 30 à 40 ml/kg,<br />

voire plus, est parfois nécessaire.<br />

Réhydratation intraveineuse des diarrhées aiguës<br />

Ses indications sont précisées au FAQ 6.<br />

La perfusion de départ de sérum glucosé (meil<strong>le</strong>ure tolérance veineuse du glucosé à 5 %) comporte<br />

toujours chez l’enfant du sodium (jamais moins de 2 g/l de Nacl), et est administrée à un débit<br />

d’environ 7 ml/kg/h chez <strong>le</strong> nourrisson. Le poids utilisé pour <strong>le</strong> calcul des volumes de perfusion est<br />

<strong>le</strong> poids d’entrée. Le débit est dès <strong>le</strong>s premières heures fréquemment réajusté en fonction de la<br />

régression des signes cliniques, de la persistance ou non de sel<strong>le</strong>s liquides et de vomissements, et<br />

surtout de l’évolution du poids qui est l’élément fondamental guidant la réhydratation de l’enfant.<br />

Aucun débit de perfusion ne peut être prescrit pour 24 h. Ce débit tient éga<strong>le</strong>ment compte du


ésultat de la natrémie dès qu’il est connu. L’ajout de KCl est recommandé dès que l’enfant a une<br />

première miction.<br />

1. Déshydratation hypernatrémique<br />

En cas de natrémie é<strong>le</strong>vée (>155 mEq/l), la réhydratation doit être plus <strong>le</strong>nte (débit de perfusion à 5<br />

ml/kg/h initia<strong>le</strong>ment), pour donner <strong>le</strong> temps nécessaire aux cellu<strong>le</strong>s cérébra<strong>le</strong>s d’éliminer <strong>le</strong>s osmo<strong>le</strong>s<br />

idiogéniques, et éviter ainsi un œdème cérébral.<br />

Il est indiqué de réaliser un nouveau iono après quelques heures de perfusion pour vérifier que la<br />

natrémie ne baisse pas de plus de 1 mEq/l/h. L’ajout de gluconate de calcium est conseillé.<br />

2. Déshydratation iso ou hyponatrémique<br />

Dans la déshydratation iso ou hyponatrémique, la réhydratation peut-être plus rapide (débit de<br />

perfusion initia<strong>le</strong> de 7 à 10 ml/kg/h). La concentration en NaCl est augmenté selon l’importance du<br />

déficit sodé apprécié par <strong>le</strong> degré d’hyponatrémie (pour obtenir entre 3 et 6 g de NaCl / l).<br />

La surveillance clinique comporte la mesure répétée du poids, l’évaluation de la régression des signes<br />

de déshydratation, <strong>le</strong> nombre de sel<strong>le</strong>s, la persistance ou non de vomissements, la diurèse.<br />

L’apparition de convulsions au cours de la réhydratation d’une déshydratation (hypernatrémique <strong>le</strong><br />

plus souvent) est liée, en l’absence d’autre cause, à un oedème cérébral. Ces convulsions résistent<br />

habituel<strong>le</strong>ment aux anticonvulsivants et évoluent vers l’état de mal convulsif si on ne remonte pas<br />

rapidement l’osmolarité extracellulaire par injection de NaCl.<br />

Faq 11 - Enumérer <strong>le</strong>s complications des déshydratations et <strong>le</strong>urs<br />

circonstances de survenue<br />

Le choc hypovolémique peut être initial ou secondaire, en raison de l’importance de la<br />

déshydratation extracellulaire. S'il est prolongé, il peut être responsab<strong>le</strong> d'un syndrome de<br />

défaillance multiviscéra<strong>le</strong>.<br />

Les complications neurologiques : <strong>le</strong>s convulsions peuvent survenir au cours de la réhydratation<br />

trop rapide d'une déshydratation hypernatrémique. El<strong>le</strong>s sont rarement secondaires à la présence<br />

d’un hématome sous dural qui complique exceptionnel<strong>le</strong>ment une déshydratation intracellulaire. La<br />

survenue de thromboses veineuses cérébra<strong>le</strong>s ou d’hémorragies intra-parenchymateuses est<br />

exceptionnel<strong>le</strong>. Une myélinolyse péri, extra ou centro-pontique est secondaire à des corrections<br />

rapides essentiel<strong>le</strong>ment des hyponatrémies, parfois des hypernatrémies.<br />

Les complications réna<strong>le</strong>s sont dominées par l’insuffisance réna<strong>le</strong> fonctionnel<strong>le</strong>, beaucoup plus<br />

fréquente que l'insuffisance réna<strong>le</strong> organique. Une nécrose cortica<strong>le</strong> secondaire au choc peut<br />

survenir. La thrombose des veines réna<strong>le</strong>s est exceptionnel<strong>le</strong> après 6 mois.<br />

Conclusion<br />

Le diagnostic de choc hypovolémique par déshydratation est une urgence qui doit être rapidement<br />

diagnostiquée et traitée. La réhydratation ora<strong>le</strong> est souvent suffisante dans <strong>le</strong>s déshydratations par<br />

diarrhée aiguë. El<strong>le</strong> constitue un traitement curatif et préventif indispensab<strong>le</strong> afin de prévenir toute<br />

déshydratation sévère et ses complications. La réhydratation intraveineuse nécessite d’être<br />

fréquemment surveillée et adaptée tant <strong>le</strong>s désordres hydro-é<strong>le</strong>ctrolytiques peuvent évoluer<br />

rapidement chez un nourrisson.


Objectifs :<br />

L'enfant handicapé : Orientation et prise en charge<br />

Auteurs : Pr PENNECOT, Pr. CHABROL<br />

A partir de notions généra<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong>s handicaps et <strong>le</strong>s incapacités, l’étudiant doit comprendre à propos<br />

de deux ou trois exemp<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s moyens d’évaluation des déficiences, incapacités et handicaps, <strong>le</strong>s<br />

principes des programmes de rééducation, de réadaptation et de réinsertion et surtout de la prise en<br />

charge globa<strong>le</strong>, médico, psychosocia<strong>le</strong> de la personne handicapée dans une filière et/ou un réseau de<br />

soins.<br />

Cette question ne traite pas <strong>le</strong>s spécificités du handicap mental (item 52)<br />

Sommaire<br />

Faq 1 - Classification des handicaps chez l'enfant<br />

Faq 2 - Le handicap moteur de l'enfant<br />

Points essentiels<br />

Faq 1 - Classification des handicaps chez l'enfant<br />

D’après la classification internationa<strong>le</strong> des handicaps émanant de l’organisation mondia<strong>le</strong> de la santé<br />

(OMS), la notion de handicap est analysée selon trois niveaux :<br />

o la déficience qui correspond à l’altération d’une structure ou d’une fonction<br />

physiologique, psychologique ou anatomique, c’est l’aspect lésionnel du handicap,<br />

o l’incapacité qui est une réduction partiel<strong>le</strong> ou tota<strong>le</strong> de la capacité d’accomplir une<br />

activité. C’est l’aspect fonctionnel du handicap,<br />

o <strong>le</strong> désavantage conséquence de la déficience ou de l’incapacité sur <strong>le</strong>s conditions<br />

d’insertion socia<strong>le</strong>, scolaire, ou professionnel<strong>le</strong> Le désavantage est donc la résultante<br />

de l’interaction entre la personne porteuse d’incapacité et l’environnement. Son<br />

importance est liée à la qualité de l’environnement qui peut soit <strong>le</strong> minimiser soit<br />

l’amplifier.<br />

1 - Handicaps d’origine psycho intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>, comportementa<strong>le</strong> et/ou cognitive<br />

- Retard mental recouvrant l’ensemb<strong>le</strong> des déficiences intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s moyennes ou<br />

profondes<br />

- Troub<strong>le</strong>s du comportement primitifs (autisme, schizophrénie, anorexie….) ou<br />

secondaires (sévices sexuels, syndrome de Silverman….)<br />

- Troub<strong>le</strong>s cognitifs spécifiques (dysphasie, dys<strong>le</strong>xie dysorthographie……)<br />

2 - Handicaps d’origine motrice<br />

- Déficiences d’origine génétique ou développementa<strong>le</strong><br />

o Maladies neuro musculaires<br />

o Maladies neuro dégéneratives<br />

o Spina bifida, agénésies de membre


- Déficiences acquises<br />

o Causes traumatiques<br />

o Infirmité motrice cérébra<strong>le</strong><br />

o Causes infectieuses<br />

o Tumeurs<br />

3 - Handicaps d’origine sensoriel<strong>le</strong><br />

Ils concernent essentiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s déficiences visuel<strong>le</strong>s et auditives.<br />

4 - Handicaps d’origine somatique ou viscéra<strong>le</strong><br />

- maladies ostéo articulaires<br />

- maladies endocriniennes<br />

- maladies respiratoires<br />

- maladies réna<strong>le</strong>s chroniques…<br />

5 - Handicaps esthétiques<br />

- Cicatrice disgracieuse<br />

- Brûlures<br />

- Angiomes…<br />

Rappel : Une lésion entraîne la déficience, source d’incapacité dont l’expression socia<strong>le</strong><br />

est <strong>le</strong> handicap ou désavantage. La déficience source du handicap entraîne un<br />

retentissement fonctionnel dont <strong>le</strong>s conséquences se traduisent par une limitation des<br />

possibilités d’intégration familia<strong>le</strong>, scolaire et socia<strong>le</strong>.<br />

Faq 2 - Le handicap moteur de l'enfant<br />

Le handicap moteur de l’enfant peut être lié à une pathologie stab<strong>le</strong> ou évolutive. Il peut être isolé ou<br />

associé à d’autres types de handicap, sensoriel ou cognitif. Quel que soit son type il entraîne des<br />

conséquences sur la fonction de l’enfant (possibilité de marche de déplacement…), sur ses<br />

possibilités d’intégration familia<strong>le</strong> scolaire et socia<strong>le</strong>, et à un coût économique plus ou moins<br />

important. Un bilan comp<strong>le</strong>t permettra de déterminer <strong>le</strong>s aides fonctionnel<strong>le</strong>s à envisager, <strong>le</strong>s aides à<br />

l’intégration scolaire et socia<strong>le</strong>, et <strong>le</strong>s nécessités de prise en charge médica<strong>le</strong> et paramédica<strong>le</strong>.<br />

Même en l’absence de toute évolutivité de la pathologie causa<strong>le</strong>, on remarque souvent lors de<br />

l’évolution spontanée une dégradation fonctionnel<strong>le</strong> dont la cause est liée à la croissance. En effet lors<br />

de la croissance <strong>le</strong> déséquilibre musculaire est responsab<strong>le</strong> de stimulation anorma<strong>le</strong> des zones de<br />

croissance aboutissant à une aggravation des possibilités fonctionnel<strong>le</strong>s conséquences de troub<strong>le</strong>s<br />

architecturaux progressivement constitués.<br />

La croissance est un élément dont il faut tenir compte aussi bien chez <strong>le</strong>s enfants ayant une<br />

pathologie stab<strong>le</strong> que chez ceux ayant une pathologie évolutive. Quel<strong>le</strong> que soit la pathologie<br />

responsab<strong>le</strong> d’un handicap moteur chez l’enfant, <strong>le</strong> phénomène croissance explique à lui seul<br />

<strong>le</strong> risque évolutif du handicap moteur.<br />

La prise en charge thérapeutique de ces enfants doit tenir compte de nombreux facteurs :<br />

- <strong>le</strong> niveau de développement<br />

- <strong>le</strong> retentissement des handicaps associés


- la nécessité de conserver et de protéger la vie familia<strong>le</strong><br />

- la nécessité de la scolarisation<br />

Globa<strong>le</strong>ment on peut distinguer deux grandes catégories de handicap moteur de l’enfant :<br />

• Le handicap ne laissant aucun espoir de marche ou de déambulation où <strong>le</strong> but sera<br />

une installation assise confortab<strong>le</strong> et une adaptation à l’environnement.<br />

• <strong>le</strong> handicap moins pénalisant avec possibilité de marche ou de déambulation<br />

(déplacement avec aide de marche tel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s cannes, <strong>le</strong>s cadres de marche) où <strong>le</strong> but<br />

sera de conserver, voire d’améliorer, <strong>le</strong>s possibilités de marche et de déplacement.<br />

• A part, <strong>le</strong> handicap lié à une pathologie évolutive dont <strong>le</strong> retentissement sera<br />

progressivement croissant et aboutissant parfois au décès.<br />

A - Les causes<br />

a) Certaines sont stab<strong>le</strong>s, non évolutives el<strong>le</strong>s sont<br />

<strong>le</strong> plus souvent séquellaires :<br />

- de lésion cérébra<strong>le</strong> survenues en période périnata<strong>le</strong> (Insuffisant Moteur Cérébral ou<br />

IMC),<br />

- de traumatismes crâniens ou médullaires,<br />

- de pathologie infectieuse cérébro méningée,<br />

- de dysraphismes (spina bifida…),<br />

- de polytraumatisme,<br />

- de brûlures graves,<br />

- ou liées à certaines malformations congénita<strong>le</strong>s orthopédiques ……….<br />

Toutes ces pathologies n’ont aucun caractère évolutif, par contre chez un enfant en cours de<br />

croissance, il est habituel de constater une évolution défavorab<strong>le</strong> du handicap moteur.<br />

b) D’autres sont liées à des pathologies évolutives :<br />

- myopathies dont la plus connue est la myopathie de Duchenne de Boulogne,<br />

- maladies neurologiques évolutives (atteinte de la corne antérieure [Werdnig<br />

Hoffman], neuropathie dégénérative périphérique [Maladie de Charcot Marie Tooth,<br />

maladie de Friedreich…], <strong>le</strong>ucodystrophies……..),<br />

- pathologies rhumatisma<strong>le</strong>s, affections orthopédiques dégénératives,<br />

- séquel<strong>le</strong>s orthopédiques de pathologie tumora<strong>le</strong> liées aux thérapeutiques<br />

employées………<br />

B - Prise en charge globa<strong>le</strong> de l'enfant handicapé<br />

La prise en charge du handicap moteur doit aboutir à une facilitation de l’intégration de l’enfant dans la<br />

vie socia<strong>le</strong>. Cette intégration induit :<br />

- la prise en compte des différents problèmes fonctionnels, sensoriels et cognitifs,<br />

- l’intégration scolaire,<br />

- la préservation de la vie familia<strong>le</strong>.<br />

Cette prise en charge dépend de l’importance du handicap : plus el<strong>le</strong> nécessite d’interventions plus<br />

son retentissement risque d’être lourd, plus il est nécessaire d’avoir une coordination entre <strong>le</strong>s<br />

différents intervenants.<br />

a) Evaluation<br />

Face à un enfant présentant un handicap moteur il importe que <strong>le</strong> bilan initial soit précis et comp<strong>le</strong>t. Il<br />

doit aboutir à une évaluation du retentissement actuel et du possib<strong>le</strong> devenir. Nous ne pourrons


décrire l’ensemb<strong>le</strong> des bilans à effectuer car il dépend de la pathologie causa<strong>le</strong>. Quel que soit <strong>le</strong> bilan<br />

effectué il doit être rapporté à l’âge de l’enfant. Nous pourrons cependant en tracer <strong>le</strong>s grandes lignes.<br />

• Bilan étiologique initial<br />

• Le bilan fonctionnel comporte :<br />

o Une étude des possibilités fonctionnel<strong>le</strong>s<br />

o Un examen analytique orthopédique<br />

o Parfois un examen radiographique pour objectiver et quantifier un<br />

vice architectural.<br />

o Une évaluation des possibilités fonctionnel<strong>le</strong>s en utilisant une<br />

échel<strong>le</strong> validée<br />

o Un bilan de la qualité de vie en utilisant une échel<strong>le</strong> d’évaluation<br />

validée.<br />

Cette étude fonctionnel<strong>le</strong> de l’état orthopédique doit si nécessaire s’accompagner :<br />

• d’un bilan cognitif<br />

• d’un bilan sensoriel<br />

• L’évaluation et la prise en charge de l’enfant handicapé moteur nécessitent <strong>le</strong><br />

plus souvent une équipe pluridisciplinaire car il est rare que <strong>le</strong> handicap soit<br />

isolé. La compétence des intervenants de différentes disciplines est donc<br />

indispensab<strong>le</strong>. Ceci implique éga<strong>le</strong>ment que l’enfant et ses parents aient un<br />

interlocuteur référent capab<strong>le</strong> de coordonner l’ensemb<strong>le</strong> des intervenants et<br />

capab<strong>le</strong> d’expliquer <strong>le</strong>s différents types de prise en charge.<br />

b) Handicap, moteur et croissance<br />

La croissance est un élément essentiel à prendre en compte dans la prise en charge de l’enfant<br />

handicapé moteur. La déficience motrice au cours de la croissance entraîne des conséquences<br />

importantes en raison des perturbations qu’el<strong>le</strong> entraîne sur la croissance osseuse et musculotendineuse.<br />

La majorité des handicaps moteurs de l’enfant se traduisent par des paralysies ou des modifications<br />

de tonus de certains groupes musculaires. Au niveau d’une articulation cette situation se traduit <strong>le</strong> plus<br />

souvent par un déséquilibre des contraintes musculaires. Celui ci entraîne une attitude vicieuse qui<br />

aboutit à des rétractions musculaires puis à l’installation progressive de vices architecturaux. Ainsi se<br />

crée un cerc<strong>le</strong> vicieux aboutissant à une dégradation progressive de la fonction.<br />

A partir de l’évaluation initia<strong>le</strong> on propose une prise en charge globa<strong>le</strong>, personnalisée et<br />

modulab<strong>le</strong>. Le projet thérapeutique s’appuie sur :<br />

- Les différents acteurs participants à la prise en charge<br />

- La prise en charge socia<strong>le</strong> et financière<br />

- Les lieux de soins qui différent selon <strong>le</strong>s nécessités thérapeutiques<br />

- L’orientation et l’intégration scolaire


3 exemp<strong>le</strong>s permettent d’illustrer ces propos, pour mieux comprendre<br />

1 - Un enfant qui a un spina bifida de niveau L4 présente un déséquilibre des groupes<br />

musculaires au niveau de la hanche. Le musc<strong>le</strong> grand fe<br />

ssier est paralysé alors que <strong>le</strong> psoas est actif, <strong>le</strong> musc<strong>le</strong> moyen fessier est paralysé alors que <strong>le</strong>s<br />

musc<strong>le</strong>s adducteurs sont actifs.<br />

Cette situation a plusieurs conséquences :<br />

>absence de stimulation du cartilage de croissance du grand trochanter aboutissant<br />

à une valgisation progressive du col fémoral,<br />

>asymétrie des groupes musculaires entraînant une attitude vicieuse en adduction et<br />

f<strong>le</strong>xion. Les contraintes de la tête fémora<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> coty<strong>le</strong> sont modifiées, <strong>le</strong> maximum<br />

de contrainte se situe sur <strong>le</strong> bord postéro supérieur du coty<strong>le</strong> limitant ainsi son<br />

développement. Le coty<strong>le</strong> grandit de façon anorma<strong>le</strong>. Cette situation va aboutir<br />

progressivement à une rétraction des adducteurs et du psoas en position de f<strong>le</strong>xion<br />

et d’adduction, et à une anomalie architectura<strong>le</strong> de la hanche associant coxa valga et<br />

coty<strong>le</strong> évasé. A long terme en l’absence de correction la luxation de hanche est<br />

inévitab<strong>le</strong> avec toutes <strong>le</strong>s conséquences douloureuses et de limitation de mobilité<br />

que cela occasionnera.<br />

2 - Un enfant présentant une paraplégie d’origine traumatique a d’autant plus de risques de<br />

développer une déviation vertébra<strong>le</strong> que <strong>le</strong> niveau neurologique de sa paraplégie est plus haut situé.<br />

Le rachis en zone paralytique sera soumis à des contraintes gravitaires et à des asymétries<br />

musculaires dues aux rétractions. Les cartilages de croissance des plateaux vertébraux seront<br />

soumis à des contraintes asymétriques aboutissant à une déviation cyphotique ou scoliotique. Le<br />

risque est un retentissement sur <strong>le</strong>s possibilités de station assise.<br />

3 - Un enfant IMC ayant une activité anorma<strong>le</strong> des musc<strong>le</strong>s fibulaires et des musc<strong>le</strong>s<br />

gastrocnémiens aura tendance à marcher en posant <strong>le</strong> pied par la pointe et en dehors.<br />

Progressivement son pied se déviera en valgus abductus et rotation externe. Les os de l’arrière pied<br />

modifieront <strong>le</strong>ur orientation, se fixeront en mauvaise position rendant la marche plus diffici<strong>le</strong> et<br />

progressivement douloureuse.<br />

• La famil<strong>le</strong><br />

C - Les différents acteurs participants à la prise en charge<br />

Son rô<strong>le</strong> est essentiel dans la prise en charge. Une collaboration est indispensab<strong>le</strong>. Une bonne<br />

compréhension des problèmes existants et à venir, une relation de confiance sont <strong>le</strong>s garants de<br />

l’aide que pourra apporter la famil<strong>le</strong> à l’enfant.<br />

• Les équipes médica<strong>le</strong>s<br />

La prise en charge est habituel<strong>le</strong>ment multidisciplinaire. Il est donc souhaitab<strong>le</strong> qu’il existe un médecin<br />

référent qui assure <strong>le</strong>s relations avec la famil<strong>le</strong> et coordonne <strong>le</strong>s actions des spécialistes.<br />

• Le kinésithérapeute<br />

• L’appareil<strong>le</strong>ur<br />

• Le psychomotricien<br />

• L’ergothérapeute<br />

• L’orthophoniste<br />

• Le psychologue clinicien<br />

• L’assistant(e) socia<strong>le</strong>


A un rô<strong>le</strong> d’information sur <strong>le</strong>s droits des handicapés, aide à la constitution de dossiers d’aide socia<strong>le</strong>,<br />

participe à l’orientation et à l’adaptation du cadre de vie.<br />

La prise en charge de ces enfants handicapés est comp<strong>le</strong>xe. El<strong>le</strong> doit tenir compte éga<strong>le</strong>ment du<br />

contexte (association d’autre handicap que moteur), et de l’âge de l’enfant. Dans la mesure du<br />

possib<strong>le</strong> el<strong>le</strong> ne doit pas trop interférer avec sa vie scolaire et donc :<br />

• Avant l’entrée en primaire, cette prise en charge doit permettre de favoriser <strong>le</strong><br />

développement de l’enfant, de mettre en place toutes <strong>le</strong>s aides nécessaires.<br />

• Dés que l’enfant est entré dans <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> scolaire <strong>le</strong>s interventions thérapeutiques<br />

doivent être adaptées pour faciliter l’intégration socia<strong>le</strong>.<br />

• A l’ado<strong>le</strong>scence la prise en charge doit permettre de préparer à l’entrée dans la vie<br />

socia<strong>le</strong> adulte. Cette intégration dépend dans tous <strong>le</strong>s cas de l’importance du<br />

handicap.<br />

D - Prise en charge socia<strong>le</strong> et financière<br />

La prise en charge socia<strong>le</strong> des enfants handicapés repose avant tout sur la rédaction de<br />

CERTIFICATS MEDICAUX qui doivent être précis, clairs, synthétiques et contenir des éléments<br />

pertinents. Ces certificats sont soumis au secret médical.<br />

1. Exonération du ticket modérateur (ALD): prise<br />

en charge à 100% des frais de santé :<br />

Pour en bénéficier il faut être assuré social, ou ayant droit (conjoint, enfants à charge). Les causes de<br />

handicaps entrent soit dans la définition de la 23ème maladie parmi <strong>le</strong>s affections de longue durée,<br />

soit dans la définition de la 31ème maladie (maladie longue et coûteuse hors liste). La date de début<br />

de prise en charge à 100 % est toujours cel<strong>le</strong> du certificat initial établi par <strong>le</strong> médecin traitant<br />

La demande est à formu<strong>le</strong>r auprès de la CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie), en utilisant un<br />

formulaire spécifique<br />

Cette prise en charge recouvre <strong>le</strong>s soins médicamenteux et autres, <strong>le</strong>s régimes spécifiques, <strong>le</strong>s<br />

séjours hospitaliers (exonération du ticket modérateur), <strong>le</strong>s frais de transports relatifs aux soins, <strong>le</strong>s<br />

aides techniques…La couverture maladie universel<strong>le</strong> (CMU) prévoit l’accès aux soins du régime<br />

général de la sécurité socia<strong>le</strong>. Les personnes résidant en France et n’étant pas déjà assurées<br />

socia<strong>le</strong>s peuvent en bénéficier. Le droit à un régime complémentaire gratuit en matière de santé est<br />

prévu éga<strong>le</strong>ment pour <strong>le</strong>s personnes disposant d’un faib<strong>le</strong> revenu.<br />

2. Attribution de l’allocation d’éducation spécia<strong>le</strong><br />

(AES) et de ses compléments<br />

Les Conditions d’attributions de l’ AES sont <strong>le</strong>s suivantes : toute personne qui assure la charge d’un<br />

enfant handicapé de moins de 20 ans a droit à une allocation d’éducation spécia<strong>le</strong> (AES) si<br />

l’incapacité de l’enfant est au moins éga<strong>le</strong> à 80%, ou entre 50 et 80 % s’il est placé en externat ou en<br />

semi internat dans un établissement spécialisé ou pris en charge par un SESSAD. L’attribution de<br />

cette AES relève de la compétence des CDES. L’évaluation du taux d’incapacité est calculée en<br />

fonction d’un guide barème.<br />

3. Allocation de présence parenta<strong>le</strong> (APP)<br />

L’APP est versée depuis Janvier 2001 par la Sécurité socia<strong>le</strong>. Le congé est d’une durée de quatre<br />

mois renouvelab<strong>le</strong>s deux fois soit d’un an au total. L’obtention du congé est rapide en 15 jours après<br />

la demande.<br />

4) Aides à domici<strong>le</strong><br />

Toute prescription de soins médicaux ou paramédicaux à domici<strong>le</strong> peut être assurée soit par<br />

professionnels libéraux payés à l’acte, soit par des services de soins infirmiers à domici<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s<br />

conditions habituel<strong>le</strong>s de prise en charge d’assurance maladies. Les sites pour la vie autonome mis


en place dans chaque département sont d’un grand secours pour connaître toutes ces dispositions et<br />

<strong>le</strong>urs mises en œuvre.<br />

Le domici<strong>le</strong><br />

E - Les lieux de soins et structures d'accueil<br />

* Il est à privilégier chaque fois que possib<strong>le</strong>, en particulier chez <strong>le</strong> jeune enfant.<br />

• Pour <strong>le</strong>s tout-petits et jusqu'à 6 ans, <strong>le</strong>s CAMSP peuvent intervenir.<br />

* Des services encore plus spécialisés existent pour <strong>le</strong>s déficients sensoriels, auditifs ou visuels<br />

jusqu'à l'âge de 3 ans, avec d'autres services comparab<strong>le</strong>s au-delà (Service de Soutien, d'éducation<br />

familia<strong>le</strong> et intégration scolaire (SSEFIS) pour <strong>le</strong>s déficiences auditives, Service d'Aide à<br />

l'Acquisition de l'Autonomie et à l'Intégration Scolaire (SAAAIS) pour <strong>le</strong>s déficiences visuel<strong>le</strong>s<br />

graves ou <strong>le</strong>s cécités).<br />

* Des équipes de suivi médical existent : Service d'Education et de Soins à Domici<strong>le</strong> (SESAD),<br />

rattaché à un établissement ou autonome, agréé en fonction de la nature du handicap (mental,<br />

moteur, polyhandicap ou sensoriel). Ces équipes permettent de dispenser des soins à proximité<br />

immédiate, assurent une coordination optima<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s différents intervenants ainsi qu'avec <strong>le</strong> milieu<br />

scolaire.<br />

Le secteur sanitaire<br />

* Les services hospitaliers et <strong>le</strong>s centres de rééducation fonctionnel<strong>le</strong> Annexe 22 sont des lieux<br />

habituels de l'évaluation initia<strong>le</strong> du projet thérapeutique et de sa réalisation (dans <strong>le</strong> cadre des<br />

handicaps lourds et des soins prolongés de moyen séjour) et de son suivi régulier.<br />

Des consultations pluridisciplinaires s'y dérou<strong>le</strong>nt car c'est ici que <strong>le</strong> plateau technique est <strong>le</strong> plus<br />

développé. Les services de rééducation à spécificité pédiatrique restent néanmoins rares en milieu<br />

hospitalier L'hospitalisation de Jour est une formu<strong>le</strong> plus soup<strong>le</strong> et en p<strong>le</strong>in développement.<br />

* Les Maisons d'Enfants à Caractère Sanitaires (MECS) annexes 14, 15 et 16 sont des<br />

établissements permanents ou temporaires, fonctionnant en régime d'internat et destinés à recevoir<br />

pour une durée limitée, sur certificat médical, des enfant et ado<strong>le</strong>scents de 3 à 17 ans pour <strong>le</strong>ur<br />

assurer un traitement soit spécial (régime diététique), ou des cures therma<strong>le</strong>s ou climatiques.<br />

* Dans <strong>le</strong> domaine du handicap cognitif ou comportemental, des Centres Médico-Pédagogiques<br />

(CMP) ou Médico-psycho-pédagogiques (CMPP) ont une fonction de dispensation et de<br />

coordination des soins.<br />

Le Secteur médico-social<br />

Il s'agit la plupart du temps d'établissements accueillant des enfants pour de longues durées, en<br />

internat ou en externat avec une répartition variab<strong>le</strong> entre soins et rééducation, éducation et<br />

scolarisation. Certains établissements ont une fonction surtout scolaire et éducative comme <strong>le</strong>s<br />

maisons pour jeunes mal voyants ou ma<strong>le</strong>ntendants.<br />

Dans <strong>le</strong>s Instituts d'Education Motrice (IEM) la composante des soins médicaux et paramédicaux<br />

existe. Pour des enfants en grande difficulté intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> ou comportementa<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s Instituts Médicopédagogiques<br />

(IMP), Instituts Médico-professionnels (IMPRO) ou <strong>le</strong>s instituts Médico-Educatifs<br />

(lME) regroupant dans un même établissement IMP et IMPRO sont des structures adaptées visant<br />

surtout à l'autonomie sur un plan social et l'orientation vers un secteur professionnel protégé (ateliers<br />

protégés, centres d'aide par <strong>le</strong> travail).<br />

F - Intégration scolaire et orientation<br />

L'intégration scolaire des enfants handicapés est régie par la loi. L'objectif est de maintenir l'enfant<br />

handicapé dans un milieu ordinaire chaque fois que possib<strong>le</strong> et ce sous une forme contractuel<strong>le</strong> :


convention ou plan d'intégration scolaire. En pratique, <strong>le</strong>s dispositions rég<strong>le</strong>mentaires sont rarement<br />

respectées et l'intégration reste souvent un combat quotidien, l'obstac<strong>le</strong> étant moins matériel que<br />

psychologique.<br />

Avant 6 ans, <strong>le</strong>s Jeunes enfants handicapés ne sont pas soumis à l'obligation scolaire, comme <strong>le</strong>s<br />

enfants valides. Ils peuvent être accueillis dans des établissements et services d'accueil : crèches,<br />

halte-garderie. D’autres établissements peuvent concourir à l’intégration scolaire (voir pour en savoir<br />

plus).<br />

Dans certaines formes de handicap, <strong>le</strong> recours à des classes ou à des établissements<br />

spécialisés est parfois nécessaire. C'est <strong>le</strong> cas pour <strong>le</strong>s déficiences intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s ou certains troub<strong>le</strong>s<br />

sévères de la communication. L'Education Nationa<strong>le</strong> dispose de classes spécialisées compatib<strong>le</strong>s<br />

avec des soins qui peuvent être conduits en externe. Il s'agit :<br />

- dans <strong>le</strong> primaire des Classes d'intégration Scolaire (CLIS)<br />

* CLIS 1 : handicap mental,<br />

* CLIS 2 :handicap auditif<br />

* CLIS 3 :handicap visuel,<br />

* CLIS 4 :handicap moteur.<br />

- dans <strong>le</strong> secondaire des Sections d'Enseignement Général et Professionnel Adapté (SEGPA),<br />

accueillant des élèves présentant des difficultés scolaires graves et persistantes (voir pour en savoir<br />

plus).<br />

- pour <strong>le</strong>s étudiants :<br />

<strong>le</strong>s Bureaux d'Aide Psychologique Universitaire (BAPU) pratiquent la prévention, <strong>le</strong> dépistage et<br />

traitement des étudiants soufrant de troub<strong>le</strong>s mentaux, de difficultés psychologiques impliquant une<br />

thérapeutique médica<strong>le</strong>, une rééducation médico- psychologique ou une rééducation<br />

psychothérapique sous autorité médica<strong>le</strong>. Les traitements sont effectués en consultation ambulatoire.


Points essentiels :<br />

• La survenue d'un handicap, transitoire ou définitif, est une situation fréquente chez l'enfant .El<strong>le</strong> peut<br />

se poser dès <strong>le</strong>s premiers jours de vie ou un peu plus tard dans son existence. On estime entre 0,5 et<br />

1 % <strong>le</strong> nombre d'enfants nouvel<strong>le</strong>ment concernés chaque année par un Handicap grave.<br />

• L'annonce du diagnostic et de ses conséquences potentiel<strong>le</strong>s en terme de handicap revêt une<br />

importance toute particulière qui conditionne souvent la compréhension de l'entourage et de sa<br />

participation ultérieure, et par la même l'avenir de l'enfant. Il faut plutôt par<strong>le</strong>r d'annonces du handicap<br />

au pluriel, car il s'agit la plupart du temps d'un travail dans <strong>le</strong> temps ou la famil<strong>le</strong> traverse des phases<br />

successives de prise de conscience des déficiences et incapacités.<br />

• Le principe de la prise en charge repose sur un dépistage précoce des enfants à risque, un suivi<br />

régulier, l'orientation vers des filières de soins adaptées, une information complète sur <strong>le</strong>s dispositifs<br />

d'aide.<br />

• L'élaboration d'un projet thérapeutique global et multidisciplinaire propre à chaque enfant et à la<br />

nature du handicap doit se faire dans <strong>le</strong> cadre d'une interaction optima<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s équipes médica<strong>le</strong>s<br />

et paramédica<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> monde socio-éducatif et la famil<strong>le</strong>.<br />

• La tendance actuel<strong>le</strong> est au maintien de ces enfants dans <strong>le</strong>ur milieu familial et à l'intégration<br />

scolaire dans un environnement ordinaire, par opposition à des orientations en milieu institutionnel en<br />

internat. Dans certaines situations <strong>le</strong> recours à des institutions ou des centres spécialisés s'avère<br />

nécessaire<br />

• L'objectif final de la prise en charge est d'amener l'enfant à l'âge adulte dans une situation<br />

médicochirurgica<strong>le</strong> et psychique stabilisée, voire améliorée, et dans la mesure de ses possibilités avec<br />

un projet de vie autonome prenant en compte <strong>le</strong> versant éducatif et social.<br />

• Les structures et <strong>le</strong>s spécialistes de médecine physique et de réadaptation ont un rô<strong>le</strong> fondamental à<br />

jouer dans l'organisation, la mise en place et la coordination des soins.


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Objectifs :<br />

Epanchement p<strong>le</strong>ural<br />

Item 312<br />

¤ Devant un épanchement p<strong>le</strong>ural, argumenter <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s hypothèses diagnostiques et justifier <strong>le</strong>s<br />

examens complémentaires pertinents.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

1 - Quand et comment rechercher la présence d'un épanchement p<strong>le</strong>ural, comment différencier<br />

un épanchement gazeux d'un épanchement liquidien ?<br />

2 - Comment explorer un épanchement p<strong>le</strong>ural liquidien ?<br />

3 - Quel<strong>le</strong>s étiologies sont à évoquer devant un épanchement p<strong>le</strong>ural gazeux (pneumothorax) ?<br />

4 - Quel<strong>le</strong>s étiologies sont à évoquer devant un épanchement p<strong>le</strong>ural liquidien ?<br />

5 - Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s particularités de l'épanchement p<strong>le</strong>ural chez <strong>le</strong> nouveau-né ?<br />

Points essentiels<br />

Introduction<br />

Un épanchement p<strong>le</strong>ural peut survenir dans de nombreuses situations chez l’enfant. Les signes<br />

cliniques et <strong>le</strong>s causes d’épanchement gazeux (pneumothorax) sont très différents de ceux de<br />

l’épanchement liquidien.<br />

Le nouveau-né présente des particularités évoquées dans <strong>le</strong> dernier chapitre.<br />

L’épanchement puru<strong>le</strong>nt d’origine infectieuse représente la situation la plus fréquente des<br />

épanchements liquidiens de l’enfant, bien avant <strong>le</strong>s épanchements chy<strong>le</strong>ux congénitaux ou postopératoires.<br />

Néanmoins, il convient d’adopter une démarche diagnostique systématique pour ne pas<br />

passer à côté de situations plus rares (maladie de système, cancer…) dont la prise en charge doit être<br />

rapide.<br />

1 - Quand et comment rechercher la présence d'un épanchement p<strong>le</strong>ural,<br />

comment différencier un épanchement gazeux d'un épanchement liquidien ?<br />

Les deux types d'épanchement peuvent ne pas être accompagnés de gêne fonctionnel<strong>le</strong> ou de<br />

dou<strong>le</strong>ur thoracique (mais <strong>le</strong> pneumothorax est rarement asymptomatique). On peut éga<strong>le</strong>ment être<br />

a<strong>le</strong>rté par la présence d'une toux irritative, d'une polypnée isolée, d’une dyspnée d'effort ou au repos.<br />

Le contexte anamnestique est évidemment très important pour pouvoir intégrer des petits signes<br />

cliniques à une histoire clinique récente (accouchement diffici<strong>le</strong>, contexte infectieux, période<br />

postopératoire …).<br />

A- Epanchement p<strong>le</strong>ural liquidien<br />

Les circonstances de découverte d’un sont rarement fortuites lors de la réalisation d’une<br />

radiographie du thorax. Le plus souvent, <strong>le</strong> patient présente :<br />

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• une dou<strong>le</strong>ur basithoracique, majorée par l’inspiration profonde et la toux.<br />

• une respiration superficiel<strong>le</strong>, des efforts pour éviter la toux et <strong>le</strong> décubitus latéral du côté<br />

atteint diminuent <strong>le</strong>s phénomènes douloureux.<br />

• la dou<strong>le</strong>ur est souvent plus marquée dans <strong>le</strong>s épanchements p<strong>le</strong>uraux d’origine inflammatoire,<br />

et plus discrète voire absente lors des épanchements abondants. Attention : dans <strong>le</strong>s<br />

épanchements p<strong>le</strong>uraux de constitution très <strong>le</strong>nte, la tolérance peut être très bonne.<br />

• une toux sèche, volontiers quinteuse<br />

• une dyspnée, proportionnel<strong>le</strong> à l’importance de l’épanchement et à l’éventuel<strong>le</strong> déviation<br />

médiastina<strong>le</strong>, et à l’état du poumon sous-jacent. La dyspnée est <strong>le</strong> plus souvent à type de<br />

polypnée, plus rarement de dyspnée d’effort ou de repos.<br />

Les signes généraux (fièvre, sueurs, altération de l’état général, amaigrissement…) varient selon<br />

l’étiologie.<br />

A un stade précoce, l’examen clinique peut mettre en évidence à l’auscultation pulmonaire un<br />

frottement p<strong>le</strong>ural qui est décrit classiquement comme un bruit de « cuir neuf », perçu aux deux temps<br />

de la respiration et qui disparaît secondairement lorsque l’épanchement p<strong>le</strong>ural se majore.<br />

Lorsque l’épanchement p<strong>le</strong>ural est plus important, <strong>le</strong>s signes cliniques peuvent être plus marqués :<br />

• immobilité d’un hémithorax,<br />

• diminution voire abolition du murmure vésiculaire du côté de l’épanchement,<br />

• plus rarement un souff<strong>le</strong> p<strong>le</strong>urétique, souff<strong>le</strong> doux et expiratoire<br />

• une déviation des bruits du cœur en rapport avec une déviation médiastina<strong>le</strong> du côté opposé<br />

à l’épanchement.<br />

• Une atténuation des vibrations voca<strong>le</strong>s du côté atteint.<br />

• une matité d’une base à la percussion qui peut s’étendre à l’ensemb<strong>le</strong> de l’hémichamp<br />

pulmonaire, témoignant de l’abondance de l’épanchement.<br />

Le reste de l’examen clinique s’attache à rassemb<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s éléments pouvant orienter vers une étiologie.<br />

L'épanchement p<strong>le</strong>ural liquidien est en général confirmé par la radiographie du thorax de face et<br />

éventuel<strong>le</strong>ment de profil. Selon l'importance de l'épanchement, l'opacité effacera <strong>le</strong> cul-de-sac costodiaphragmatique,<br />

ou bien se limitera à une ligne bordante, pour occuper en cas d’épanchement plus<br />

important la moitié d'un hémi-champ. Dans ce cas, la limite supérieure de l’opacité est floue, concave<br />

vers <strong>le</strong> haut et <strong>le</strong> dedans : il s’agit de la classique ligne de Damoiseau. L’épanchement p<strong>le</strong>ural peut<br />

parfois être plus localisé, notamment dans <strong>le</strong>s p<strong>le</strong>urésies enkystées. Lorsque l’épanchement est par<br />

contre très abondant, l’hémithorax est entièrement opaque et s’associe parfois à une distension de<br />

l’hémithorax concerné et à un déplacement du médiastin du côté opposé à l’opacité.<br />

Epanchement p<strong>le</strong>ural gauche puru<strong>le</strong>nt abondant<br />

B- Epanchement p<strong>le</strong>ural gazeux (=pneumothorax)<br />

Il est défini comme une irruption de gaz dans la cavité p<strong>le</strong>ura<strong>le</strong>. Norma<strong>le</strong>ment, l’espace p<strong>le</strong>ural est une<br />

cavité virtuel<strong>le</strong> où règne une pression négative, <strong>le</strong> poumon étant ainsi accolé à la paroi thoracique au<br />

cours des mouvements respiratoires. Le pneumothorax est en rapport avec une brèche faisant<br />

communiquer l’espace p<strong>le</strong>ural avec <strong>le</strong>s voies aériennes (ou plus rarement avec l’air ambiant par<br />

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l'intermédiaire d'une plaie thoracique), et entraînant habituel<strong>le</strong>ment une rétraction du poumon.<br />

Le pneumothorax est suspecté devant :<br />

- l’apparition d’une dou<strong>le</strong>ur thoracique bruta<strong>le</strong>, augmentée par <strong>le</strong>s mouvements respiratoires<br />

- et pouvant entraîner une toux sèche irritative associée à une dyspnée d’intensité très variab<strong>le</strong>.<br />

A l’examen clinique, on note :<br />

- une diminution voire une abolition du murmure vésiculaire et des vibrations voca<strong>le</strong>s comme<br />

l’épanchement liquidien<br />

- mais la percussion directe est tympanique.<br />

- la présence d’un souff<strong>le</strong> amphorique est plus rare.<br />

- l'aspect asymétrique du thorax (hémithorax bombant du côté de l'épanchement gazeux) et<br />

éventuel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s signes cliniques de refou<strong>le</strong>ment du médiastin (déviation des bruits du coeur du<br />

côté opposé à l’épanchement) sont plus rapidement perceptib<strong>le</strong>s qu'en cas d'épanchement<br />

liquidien.<br />

Le pneumothorax peut être total ou partiel en fonction des adhérences éventuel<strong>le</strong>s et de l’état<br />

pulmonaire et notamment de sa compliance. Lorsque <strong>le</strong> pneumothorax est extensif et compressif, il<br />

peut être suffocant et aboutir à un état de choc.<br />

À la radiographie du thorax de face, au mieux lorsque <strong>le</strong> patient est couché sur <strong>le</strong> côté sain, on note<br />

en général un décol<strong>le</strong>ment du poumon qui est séparé de la paroi thoracique par une hyperclarté<br />

homogène aérique sans aucun élément vasculaire ou parenchymateux, <strong>le</strong> plus souvent avec déviation<br />

du médiastin. A minima, on peut ne noter qu'une simp<strong>le</strong> asymétrie de transparence sur un cliché de<br />

face en décubitus dorsal.<br />

Pneumothorax gauche avec déviation médiastina<strong>le</strong><br />

2 - Comment explorer un épanchement p<strong>le</strong>ural liquidien ?<br />

Le choix des examens paracliniques devant un épanchement p<strong>le</strong>ural liquidien s'appuie sur <strong>le</strong>s<br />

données anamnestiques, cliniques, et radiographiques (radiologiques et échographiques).<br />

Les données anamnestiques sont col<strong>le</strong>ctées dans un premier temps. L'épanchement peut<br />

apparaître dans un contexte fébri<strong>le</strong> avec dou<strong>le</strong>ur thoracique et gêne, se développer de façon plus<br />

insidieuse, ou récidiver après <strong>le</strong> traitement d'une pathologie considérée comme d'origine infectieuse.<br />

L’anamnèse permet <strong>le</strong> plus souvent d’orienter la recherche étiologique vers des causes infectieuses<br />

(pneumonie traitée ou non, fièvre récente ou persistante, notion de tuberculose familia<strong>le</strong>…) qui sont<br />

<strong>le</strong>s plus fréquentes. Moins fréquemment, el<strong>le</strong> permet de suspecter une cause iatrogène post-chirurgie<br />

thoracique (hémothorax, chylothorax), une origine oncologique, une cause inflammatoire non<br />

infectieuse (sérite auto-immune par exemp<strong>le</strong>) ou encore une étiologie congénita<strong>le</strong> (cardiopathie<br />

décompensée, encore plus rarement chylothorax congénital de révélation secondaire).<br />

Les données cliniques permettent d'argumenter ces hypothèses diagnostiques : foyer pulmonaire,<br />

cicatrice chirurgica<strong>le</strong> thoracique, adénopathies associées éventuel<strong>le</strong>ment à une hépatosplénomégalie,<br />

éruption cutanée avec parfois arthrites, souff<strong>le</strong> cardiaque avec hépatomégalie de stase… El<strong>le</strong>s<br />

déterminent éga<strong>le</strong>ment l’importance de la gêne respiratoire qui est proportionnel<strong>le</strong> au volume liquidien<br />

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intrap<strong>le</strong>ural et au refou<strong>le</strong>ment éventuel du médiastin ainsi qu’à la rapidité de mise en place de<br />

l’épanchement.<br />

Les données radiologiques ont déjà été exposées plus haut (cf. Paragraphe 1) puisqu'el<strong>le</strong>s sont en<br />

général à l'origine du diagnostic d'épanchement p<strong>le</strong>ural liquidien. El<strong>le</strong>s doivent dans tous <strong>le</strong>s cas être<br />

complétées en priorité par des données échographiques. En effet, l’échographie est plus performante<br />

que la tomodensitométrie pour l'analyse de la plèvre el<strong>le</strong>-même (épaisseur, existence de cloisons au<br />

sein de l'épanchement) alors que la tomodensitométrie est plus performante dans l'analyse d'une<br />

pathologie pulmonaire sous-jacente éventuel<strong>le</strong>.<br />

Epanchement multicloisonné abondant avec até<strong>le</strong>ctasie à l’échographie<br />

Les examens sanguins comprennent au minimum la réalisation d'un bilan inflammatoire (CRP,<br />

orosomucoïde ou vitesse de sédimentation, fibrinogène), d’une numération formu<strong>le</strong> sanguine, d’une<br />

crase sanguine simplifiée (TCA, taux de prothrombine, fibrinogène), d’un ionogramme sanguin, d’un<br />

dosage des transaminases, urée, créatinine, LDH et CPK.<br />

La recherche d'arguments diagnostiques biologiques sanguins supplémentaires doit être argumentée<br />

au cas par cas (bilan plutôt infectieux avec sérologies spécifiques, bilan plutôt auto-immun, recherche<br />

de marqueurs néoplasiques ou de syndrome para néoplasique…).<br />

L’indication d'une IDR à la tuberculine doit être examinée car une p<strong>le</strong>urésie tubercu<strong>le</strong>use inaugura<strong>le</strong><br />

est encore possib<strong>le</strong> chez l'enfant, même si sa fréquence a fortement diminué.<br />

Les examens sur <strong>le</strong> liquide p<strong>le</strong>ural sont essentiels à la recherche étiologique.<br />

Tout épanchement p<strong>le</strong>ural significatif doit être ponctionné, et tout épanchement p<strong>le</strong>ural fébri<strong>le</strong><br />

doit être ponctionné en urgence.<br />

La ponction, à réaliser avec une aiguil<strong>le</strong> de type Palmer (« Surgineed<strong>le</strong> » avec bout mousse rétracti<strong>le</strong><br />

protégeant <strong>le</strong> poumon du tranchant de l'aiguil<strong>le</strong> dans la cavité p<strong>le</strong>ura<strong>le</strong>) est indiquée dès que<br />

l'épanchement atteint 1 cm d'épaisseur en regard du « triang<strong>le</strong> de sécurité ». Cette zone de<br />

ponction est délimitée en arrière par <strong>le</strong> bord antérieur du grand dentelé, en avant par <strong>le</strong> bord latéral du<br />

grand pectoral, en bas par la ligne passant par <strong>le</strong>s deux mamelons, en haut par <strong>le</strong> sommet du creux<br />

axillaire.<br />

Toute ponction p<strong>le</strong>ura<strong>le</strong> doit être guidée par une échographie préalab<strong>le</strong> ou au mieux par une<br />

échographie pendant <strong>le</strong> geste. Il est parfois nécessaire de ponctionner l’épanchement en arrière sous<br />

la pointe de l’omoplate. En cas de col<strong>le</strong>ction p<strong>le</strong>ura<strong>le</strong> enkystée, la ponction doit se faire en technique<br />

per-échographique.<br />

Les analyses sur <strong>le</strong> liquide p<strong>le</strong>ural col<strong>le</strong>cté sont assez standardisées. Les données d'obtention rapide<br />

(biochimie, cytologie) associées à l'aspect macroscopique du liquide (puru<strong>le</strong>nt, lactescent,<br />

hémorragique, séro-fibrineux) sont déterminantes pour guider la recherche étiologique (cf. Paragraphe<br />

3).<br />

Si un drainage est indiqué d’emblée, il remplace la ponction initia<strong>le</strong> (mêmes prélèvements).<br />

En cas de suspicion d’épanchement p<strong>le</strong>ural de cause cancéreuse, il faudra prévoir un prélèvement de<br />

petit volume (5 ml) sans anesthésie généra<strong>le</strong> (risque de compression médiastina<strong>le</strong> supérieure en<br />

rapport avec masse tumora<strong>le</strong>) pour <strong>le</strong> laboratoire d’anatomopathologie et d’hématologie.<br />

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Analyses à programmer de manière systématique sur <strong>le</strong> liquide p<strong>le</strong>ural :<br />

• cytologie du liquide p<strong>le</strong>ural, comptage cellulaire, formu<strong>le</strong><br />

• biochimie du liquide p<strong>le</strong>ural : protides, glucose, LDH<br />

• bactériologie : examen direct, cultures (aérobie, anaérobie, Sabouraud, milieu pour culture de<br />

mycobactéries)<br />

Analyses à programmer au cas par cas :<br />

• bactériologie : PCR (BK, mycoplasme pneumoniae)<br />

• Virologie : IF, culture<br />

• Parasitologie : examen direct et culture<br />

L’analyse biochimique du liquide p<strong>le</strong>ural différencie un exsudat d’un transsudat. Les éléments<br />

classiques qui permettent de <strong>le</strong>s distinguer sont <strong>le</strong>s suivants : <strong>le</strong> taux des protides (Exsudat : Protides<br />

> 30g/l), <strong>le</strong> taux de la lactico-déshydrogénase (Exsudat : LDH >200 U/l).<br />

La présence d’un transsudat est peu fréquente chez l’enfant et relève d’étiologies spécifiques comme<br />

par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> syndrome néphrotique. L’identification d’un exsudat est plus fréquente, l’analyse du<br />

liquide devant être <strong>le</strong> plus souvent complétée par d’autres analyses afin d’étayer <strong>le</strong> diagnostic.<br />

Certains auteurs ont proposé d’utiliser <strong>le</strong>s caractéristiques biochimiques du liquide p<strong>le</strong>ural pour<br />

déterminer <strong>le</strong> stade évolutif d’un épanchement puru<strong>le</strong>nt : critères de Light (mais intérêt pratique limité).<br />

- critères de gravité d'un épanchement p<strong>le</strong>ural puru<strong>le</strong>nt (signant l’évolution rapide vers un<br />

cloisonnement) :<br />

• pH inférieur ou égal à 7,2<br />

• protides > 30 g par litre<br />

• glucose inférieur à 0,4 g par litre<br />

• LDH > 1000 unités par litre<br />

La présence d’une lymphocytose p<strong>le</strong>ura<strong>le</strong> oriente vers certains diagnostics : tuberculose, affection<br />

maligne, chylothorax (éga<strong>le</strong>ment suggéré par l’aspect macroscopique du liquide et une augmentation<br />

du pH).<br />

La ponction-biopsie p<strong>le</strong>ura<strong>le</strong>, la thoracoscopie et la thoracotomie sont des techniques<br />

diagnostiques rarement mises en œuvre chez l’enfant. La thoracoscopie et la thoracotomie gardent<br />

un intérêt en cas de nécessité de prélèvements anatomo-pathologiques dirigés.<br />

3 - Quel<strong>le</strong>s étiologies sont à évoquer devant un épanchement p<strong>le</strong>ural gazeux<br />

(pneumothorax) ?<br />

Le pneumothorax peut être spontané ou idiopathique mais <strong>le</strong> plus souvent on retrouve une pathologie<br />

sous-jacente dont l’étiologie est importante à préciser. Divers mécanismes peuvent conduire à la<br />

rupture des parois alvéolaires :<br />

• nécrose d’étiologie infectieuse (staphylococcie ou tuberculose par exemp<strong>le</strong>), péri-tumora<strong>le</strong><br />

(néoplasme primitif ou métastatique) ou ischémique,<br />

• surdistension (pathologies broncho-pulmonaires obstructives),<br />

• traumatisme thoracique à glotte fermée ou rupture d’une zone fragilisée.<br />

Voici <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s étiologies à évoquer dans un contexte de pneumothorax chez l’enfant, <strong>le</strong>s<br />

étiologies du pneumothorax du nouveau-né étant exposées dans <strong>le</strong> paragraphe 5.<br />

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I. Pneumothorax spontané ou idiopathique<br />

C’est <strong>le</strong> classique tab<strong>le</strong>au du sujet ado<strong>le</strong>scent ou adulte jeune, longiligne, <strong>le</strong> plus souvent de sexe<br />

masculin. Il est volontiers récidivant. Une étude par scanner thoracique est indispensab<strong>le</strong> pour<br />

apprécier la structure du poumon sous-jacent à l'épanchement.<br />

Classification (selon résultat du scanner thoracique) :<br />

- Type I. poumon normal (40% des cas)<br />

- Type II. adhérences p<strong>le</strong>uro-pulmonaires (12% des cas)<br />

- Type III. bul<strong>le</strong>s en surfaces (« b<strong>le</strong>bs ») , tail<strong>le</strong> inférieure à 2 cm (31% des cas)<br />

- Type IV. nombreuses bul<strong>le</strong>s, tail<strong>le</strong> supérieure à 2 cm (17% des cas)<br />

II. Pneumothorax secondaire<br />

Les causes traumatiques (accident de la voie publique, iatrogénie lors d’une pose de cathéter central<br />

par voie sous-clavière…) dominent, puis viennent <strong>le</strong>s causes infectieuses (staphylococcie p<strong>le</strong>uropulmonaire<br />

du nourrisson).<br />

A - Etiologies mécaniques<br />

• Pathologies broncho-pulmonaires obstructives<br />

o asthme<br />

o laryngites obstructives<br />

o mucoviscidose<br />

• Traumatisme<br />

o traumatisme du thorax : fracture de côte, fracture de clavicu<strong>le</strong>, plaie thoracique<br />

o traumatisme iatrogène : ventilation mécanique (fréquemment en cas de SDRA),<br />

ponction p<strong>le</strong>ura<strong>le</strong>, pose de cathéter central<br />

• Corps étrangers intra-bronchiques (traumatique ou responsab<strong>le</strong> d’un phénomène de soupape)<br />

B - Etiologies infectieuses<br />

• Infections bactériennes<br />

o staphylococcie p<strong>le</strong>uro-pulmonaire<br />

o suppurations broncho-pulmonaires : abcès pulmonaires, kystes broncho-pulmonaires<br />

surinfectés, bronchectasies<br />

o tuberculose (miliaire)<br />

• Infections vira<strong>le</strong>s<br />

o coqueluche, rougeo<strong>le</strong>, grippe, bronchiolite<br />

• Infections parasitaires<br />

o pneumonie à Pneumocystis carinii<br />

C - Autres étiologies<br />

• Affections du tissu conjonctif dont la maladie de Marfan<br />

• Pneumopathies interstitiel<strong>le</strong>s dont l’Histiocytose X<br />

• Emphysème (diffus, lobaire géant, bul<strong>le</strong>ux)<br />

• Pneumatocè<strong>le</strong>s<br />

• Kystes aériens du poumon<br />

• Sarcoïdose<br />

• Hémosidérose pulmonaire idiopathique<br />

• Fibrose pulmonaire<br />

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• Localisations pulmonaires et p<strong>le</strong>ura<strong>le</strong>s d’affections malignes, plus métastatiques que<br />

primitives<br />

• Phacomatoses (maladie de Bournevil<strong>le</strong>)<br />

• Intoxication par hydrocarbures avec pneumopathie bul<strong>le</strong>use<br />

Pneumothorax sur staphylococcie p<strong>le</strong>uro-pulmonaire<br />

Pneumothorax sur SDRA<br />

4 - Quel<strong>le</strong>s étiologies sont à évoquer devant un épanchement p<strong>le</strong>ural<br />

liquidien ?<br />

L’analyse macroscopique du liquide p<strong>le</strong>ural peut orienter <strong>le</strong> diagnostic étiologique, notamment en<br />

présence d’un liquide puru<strong>le</strong>nt (p<strong>le</strong>urésies puru<strong>le</strong>ntes) ou chy<strong>le</strong>ux (chylothorax). Les examens<br />

biochimiques du liquide p<strong>le</strong>ural permettent de distinguer un exsudat d’un transsudat.<br />

Epanchement p<strong>le</strong>ural exsudatif<br />

Les épanchements p<strong>le</strong>uraux par phénomène exsudatif se rencontrent <strong>le</strong> plus souvent en contexte<br />

inflammatoire. L’épanchement est <strong>le</strong> plus souvent séreux ou séro-fibrineux.<br />

• La tuberculose réalise une p<strong>le</strong>urésie séro-fibrineuse plus ou moins isolée de la grande<br />

cavité, d’origine inflammatoire ; la ponction ramène un liquide séro-fibrineux riche en<br />

lymphocytes. La mise en évidence du bacil<strong>le</strong> de Koch est peu fréquente, donnant un intérêt<br />

tout particulier à la recherche du génome bactérien par PCR sur <strong>le</strong> liquide. Rarement, <strong>le</strong><br />

diagnostic est réalisé par biopsie.<br />

• Les p<strong>le</strong>uro-pneumopathies infectieuses d’origine principa<strong>le</strong>ment bactérienne sont <strong>le</strong>s<br />

étiologies <strong>le</strong>s plus fréquentes. On observe une augmentation de l’incidence des p<strong>le</strong>urésies<br />

puru<strong>le</strong>ntes graves depuis <strong>le</strong> début du sièc<strong>le</strong>. Le contexte permet rapidement d’évoquer <strong>le</strong><br />

diagnostic, confirmé par la ponction.<br />

• On peut éga<strong>le</strong>ment trouver un épanchement p<strong>le</strong>ural en contexte fébri<strong>le</strong> lors de pathologies<br />

inflammatoires comme la maladie de Still (la p<strong>le</strong>urésie est dans ce cas <strong>le</strong> plus souvent<br />

accompagnée d'autres épanchements séreux dont des épanchements synoviaux) ou au cours<br />

d'affections malignes.<br />

• Rarement l’épanchement p<strong>le</strong>ural identifie un taux é<strong>le</strong>vé de polynucléaires éosinophi<strong>le</strong>s,<br />

évoquant un asthme al<strong>le</strong>rgique, une périartérite noueuse, une parasitose (syndrome de<br />

Loëff<strong>le</strong>r).<br />

• Hors contexte inflammatoire, des chylothorax secondaires peuvent survenir, <strong>le</strong> plus souvent<br />

en contexte postopératoire (en particulier après opération cardiaque). Les chylothorax<br />

primitifs sont par contre de révélation néonata<strong>le</strong> (cf Paragraphe 5). Dans <strong>le</strong>s deux cas, <strong>le</strong><br />

chylothorax est affirmé au prélèvement par l'aspect laiteux (qui peut être discret si <strong>le</strong> patient<br />

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n'est pas nourri par des lipides) et par l'analyse cytologique (large prédominance de<br />

lymphocytes).<br />

• Les épanchements séro-hématiques. L’épanchement est dit séro-hématique entre 10 000<br />

et 100 000 hématies / ml, sanglant entre 100 000 et 1 000 000 / ml ; on par<strong>le</strong> d’hémothorax au<br />

delà. Les causes sont principa<strong>le</strong>ment tumora<strong>le</strong>s et traumatiques :<br />

o <strong>le</strong>s épanchements tumoraux sont <strong>le</strong> plus souvent séro-hématiques, parfois<br />

hémorragiques, résultent de phénomènes inflammatoires locaux parfois associés à une<br />

obstruction des canaux lymphatiques qui gêne <strong>le</strong> drainage. Dans <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ucoses, <strong>le</strong>s<br />

lymphomes Hodgkiniens ou non, <strong>le</strong> contexte est habituel<strong>le</strong>ment évocateur et permet <strong>le</strong><br />

diagnostic. Le mésothéliome primitif est rare chez l’enfant ; la présence de métastases<br />

p<strong>le</strong>ura<strong>le</strong>s ou parenchymateuses de voisinage est plus fréquente.<br />

o Parmi <strong>le</strong>s autres causes, il faut penser aux traumatismes thoraciques (dont la chirurgie<br />

thoracique), à la tuberculose et à l’infarctus sous-p<strong>le</strong>ural.<br />

Epanchement p<strong>le</strong>ural transsudatif<br />

L’identification de ce type d’épanchement p<strong>le</strong>ural est plus rare chez l’enfant sauf en cas<br />

d’hypoalbuminémie profonde. Le syndrome néphrotique en représente une cause fréquente. Il peut<br />

s'intégrer alors dans un tab<strong>le</strong>au plus vaste d'épanchements séreux (ascite) accompagnés d'œdèmes<br />

mous déclives.<br />

Les autres épanchements p<strong>le</strong>uraux transsudatifs sont de cause réna<strong>le</strong> (par oligo anurie) ou cardiovasculaire<br />

mais sont beaucoup plus rares que chez l'adulte.<br />

Voici une proposition de classification non exhaustive des épanchements p<strong>le</strong>uraux liquidiens de<br />

l'enfant, sans ordre de fréquence<br />

A - P<strong>le</strong>urésies infectieuses (chez l’immunocompétent et l’immunodéprimé)<br />

• pneumopathies bactériennes<br />

o p<strong>le</strong>urésies puru<strong>le</strong>ntes<br />

o empyème p<strong>le</strong>ural,<br />

o abcès pulmonaire<br />

o lésions pulmonaires surinfectées : bronchectasies, mucoviscidose, corps étrangers<br />

o p<strong>le</strong>urésies tubercu<strong>le</strong>uses<br />

o autres : mycoplasma pneumoniae, brucellose, tularémie<br />

• pneumopathies vira<strong>le</strong>s<br />

o grippe<br />

o adénovirose<br />

o varicel<strong>le</strong>, herpès<br />

o mononucléose infectieuse<br />

o oreillons<br />

o coxsackies<br />

• p<strong>le</strong>urésies au cours des infections parasitaires : syndrome de Loëff<strong>le</strong>r, amibiase, kyste<br />

hydatique pulmonaire, actinomycose, coccidioïdomycose, nocardiose<br />

• infection médiastina<strong>le</strong>, fistu<strong>le</strong> oesophagienne, rupture d’un ganglion infecté<br />

• suppurations sous-diaphragmatiques : péritonite appendiculaire, abcès sous-phrénique,<br />

ph<strong>le</strong>gmon péri-néphrétique<br />

B - P<strong>le</strong>urésies au cours d’autres pathologies pulmonaires<br />

• sarcoïdose<br />

• pneumopathies par ingestion d ‘hydrocarbures<br />

• poumon radique<br />

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C - P<strong>le</strong>urésies au cours des pathologies inflammatoires<br />

• connectivites : Lupus érythémateux disséminé, polyarthrite rhumatoïde, périartérite noueuse,<br />

maladie de Still<br />

• rhumatisme articulaire aigu<br />

D - Chylothorax<br />

• chylothorax spontané<br />

• chylothorax post-chirurgical<br />

• tumeurs médiastina<strong>le</strong>s<br />

E - P<strong>le</strong>urésies au cours des pathologies cardiovasculaires<br />

• insuffisance cardiaque congestive<br />

• péricardite<br />

• embolie pulmonaire<br />

• obstruction de la veine cave supérieure (provoquant un chylothorax)<br />

• valve ventriculo-cave<br />

F - Epanchement p<strong>le</strong>ural par hypoprotéinémie<br />

• syndrome néphrotique<br />

• dénutrition<br />

• cirrhose hépatique (origine thromboembolique possib<strong>le</strong>)<br />

G - P<strong>le</strong>urésies au cours des affections malignes<br />

• <strong>le</strong>ucoses<br />

• lymphomes, maladie de Hodgkin<br />

• carcinome métastasique<br />

• plus rarement : tumeurs p<strong>le</strong>ura<strong>le</strong>s (mésothéliome), tumeurs solides (tumeurs ovariennes par<br />

exemp<strong>le</strong>)<br />

H - P<strong>le</strong>urésies d’origine traumatique<br />

• hémothorax après plaie pénétrante<br />

• hémothorax post-chirurgical<br />

5 - Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s particularités de l'épanchement p<strong>le</strong>ural chez <strong>le</strong> nouveauné<br />

?<br />

Les pneumothorax du nouveau-né sont fréquents, de causes diverses. Les épanchements p<strong>le</strong>uraux<br />

liquidiens sont plus rares.<br />

A- Les pneumothorax surviennent <strong>le</strong> plus souvent par rupture de la paroi alvéolaire dans la cavité<br />

p<strong>le</strong>ura<strong>le</strong>, soit lors des premiers cris (pas de notion d'accouchement diffici<strong>le</strong>) ou comme complication<br />

d'une détresse respiratoire médica<strong>le</strong> (en particulier inhalation méconia<strong>le</strong>) ou chirurgica<strong>le</strong> (hernie<br />

diaphragmatique congénita<strong>le</strong>), ou suite à une ventilation manuel<strong>le</strong>. Plus rarement un traumatisme<br />

externe, en général iatrogène comme une pose de cathéter central, est en cause.<br />

Les signes cliniques peuvent être très discrets (polypnée isolée, accès de cyanose lors de la<br />

manipulation chez un enfant par ail<strong>le</strong>urs apparemment sain) ou importants : geignements expiratoires,<br />

battement des ai<strong>le</strong>s du nez, cyanose, bombement d'un hémithorax, distension abdomina<strong>le</strong>. À<br />

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l'extrême, un pneumothorax suffocant peut être à l'origine d'une bradycardie puis d'un arrêt cardiorespiratoire.<br />

Les signes radiologiques comportent chez <strong>le</strong> nouveau-né et <strong>le</strong> jeune nourrisson en plus des signes<br />

classiques déjà décrits, un aspect de « thymus volant » (= lobe thymique prenant l'aspect d'une ai<strong>le</strong> se<br />

déployant vers l'extérieur, du côté du pneumothorax). La présence d’un pneumomédiastin est souvent<br />

associée : <strong>le</strong> médiastin est alors cerné par un liseré gazeux.<br />

Le recours à la transillumination thoracique est une autre manière rapide de faire <strong>le</strong> diagnostic chez <strong>le</strong><br />

nouveau-né (surtout en contexte d'urgence). El<strong>le</strong> repose sur l'application d'une source intense de<br />

lumière froide sur l'hémithorax concerné : on voit alors apparaître un large halot lumineux en cas de<br />

pneumothorax.<br />

Attention! En présence d'une hyperclarté dans l’hémithorax gauche avec coeur refoulé à droite, il est<br />

indispensab<strong>le</strong> d'éliminer rapidement <strong>le</strong> diagnostic de hernie diaphragmatique, de traitement<br />

tota<strong>le</strong>ment différent (ne pas ponctionner !). D'autres malformations encore plus rares, dont <strong>le</strong><br />

diagnostic différentiel est <strong>le</strong> pneumothorax, peuvent se rencontrer : malformation adénomatoïde du<br />

poumon, emphysème lobaire géant.<br />

pneumothorax gauche<br />

Transillumination thoracique chez un nouveau-né présentant un<br />

La recherche d'une cause de pneumothorax est essentiel<strong>le</strong>, <strong>le</strong> pneumothorax spontané ne pouvant<br />

être retenu que par élimination (Tab<strong>le</strong>au)<br />

Tab<strong>le</strong>au : Classification des causes de pneumothorax chez <strong>le</strong> nouveau-né<br />

Complication d’une pathologie pulmonaire<br />

- maladie des membranes hyalines<br />

- inhalation méconia<strong>le</strong><br />

- infection pulmonaire<br />

- dysplasie broncho-pulmonaire<br />

- malformation bronchique ou pulmonaire (hernie diaphragmatique congénita<strong>le</strong>, maladie<br />

adénomatoïde kystique du poumon ou MAKP, kyste bronchogénique, emphysème congénital...)<br />

- hypoplasie pulmonaire (anamnios consécutif à une malformation réna<strong>le</strong> ou une rupture précoce et<br />

prolongée des membranes)<br />

Traumatique<br />

- traumatisme externe<br />

- ventilation assistée (de 3 à 20% suivant la pathologie sous-jacente)<br />

Spontané<br />

B- Epanchements p<strong>le</strong>uraux liquidiens du nouveau-né,<br />

Trois contextes principaux peuvent se rencontrer :<br />

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- Epanchement p<strong>le</strong>ural intégré à une histoire d'anasarque foeto-placentaire (avec oedème<br />

généralisé et ascite), en rapport avec des foetopathies, des troub<strong>le</strong>s du rythme cardiaque fœtal ou<br />

une immunisation sanguine foeto-maternel<strong>le</strong> sévère. Le diagnostic est en général fait en période<br />

anténata<strong>le</strong>.<br />

- Chylothorax congénital (accumulation de lymphe dans l’espace p<strong>le</strong>ural), <strong>le</strong> plus souvent<br />

éga<strong>le</strong>ment dépisté à l'échographie anténata<strong>le</strong>, soit isolé, soit associé à des retours lymphatiques<br />

anormaux au niveau des membres.<br />

- Epanchement p<strong>le</strong>ural liquidien postopératoire après chirurgie cardiaque : <strong>le</strong> plus souvent<br />

chylothorax secondaire, plus rarement épanchement surinfecté.<br />

Points essentiels :<br />

• Un épanchement p<strong>le</strong>ural est d'autant plus mal supporté qu'il est de constitution rapide<br />

• L'épanchement gazeux s'accompagne d'un hyper tympanisme à la percussion alors qu'on<br />

perçoit une matité en cas d'épanchement liquidien ; dans <strong>le</strong>s deux cas, <strong>le</strong> murmure vésiculaire<br />

et <strong>le</strong>s vibrations voca<strong>le</strong>s sont diminués ou abolis.<br />

• Tout épanchement p<strong>le</strong>ural significatif doit être ponctionné, à visée diagnostique mais<br />

éga<strong>le</strong>ment pour soulager <strong>le</strong> patient, en condition d'urgence si l'épanchement est fébri<strong>le</strong>.<br />

• L'analyse du liquide p<strong>le</strong>ural est l'examen clé pour <strong>le</strong> diagnostic. Des examens simp<strong>le</strong>s<br />

(biochimie, cytologie, bactériologique) sont systématiques. Ces résultats couplés aux données<br />

anamnestiques et à l'aspect de l'épanchement, orientent rapidement <strong>le</strong> diagnostic vers une<br />

cause inflammatoire (infectieuse ou non), un chylothorax ou une cause d'épanchement<br />

transsudatif (hypo albuminémie ou rarement insuffisance cardiaque).<br />

• La survenue d’un pneumothorax spontané nécessite la réalisation d'une tomodensitométrie<br />

thoracique.<br />

• Les pneumothorax secondaires sont <strong>le</strong> plus souvent d'origine traumatique, plus rarement<br />

infectieuse.<br />

• Les pneumothorax ne sont pas rares en période néonata<strong>le</strong>, <strong>le</strong> plus souvent suite à un<br />

traumatisme (l’accouchement par voie basse peut en être un).<br />

• Les épanchements p<strong>le</strong>uraux du nouveau-né soit s'intègrent à une histoire d’anasarque foetoplacentaire,<br />

soit sont en rapport avec un chylothorax congénital ou une chirurgie thoracique.<br />

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Objectifs :<br />

Soins du nouveau né<br />

EXAMEN ORTHOPEDIQUE DU NOUVEAU NE<br />

Auteurs : J. M. CLAVERT – D. MOULIÈS<br />

¤ Réaliser un examen comp<strong>le</strong>t du nouveau né à terme.<br />

¤ Reconnaître <strong>le</strong>s situations nécessitant une prise en charge spécialisée.<br />

Sommaire :<br />

L'EXAMEN DES MEMBRES<br />

Objectifs<br />

Faq 1 - L'examen des membres supérieurs<br />

Faq 2 - L'examen des membres inférieurs<br />

EXAMEN CLINIQUE DES HANCHES DU NOUVEAU NE<br />

Faq 3 - Définition<br />

Faq 4 - Fréquence et facteurs de risque<br />

Faq 5 - Examen clinique<br />

Faq 6 - Résultats de l'examen clinique<br />

Faq 7 - Indications d'un examen complémentaire<br />

Faq 8 - Principes du traitement de la luxation de hanche<br />

Points essentiels<br />

L'EXAMEN DES PIEDS<br />

Faq 9 - Conduite de l’examen d’un pied normal<br />

Faq 10 - Les malformations du pied<br />

Faq 11 - Les malpositions du pied<br />

Faq 12 - Les malformations et déformation des orteils<br />

Faq 13 - La Genèse des anomalies du pied<br />

L'EXAMEN DU RACHIS<br />

Faq 14 - L'examen du rachis<br />

Points essentiels


I. L'examen des membres<br />

Objectifs<br />

Vérifier par un examen bilatéral et comparatif :<br />

¤ l’intégrité morphologique et la longueur des membres,<br />

¤ l’absence de déformations des extrémités, mains et pieds,<br />

¤ <strong>le</strong> bon fonctionnement des articulations par l’examen des amplitudes,<br />

¤ L’absence de paralysie d’une partie ou de tout un membre par l’examen de la mobilité spontanée et<br />

provoquée.<br />

Faq 1 - L'examen des membres supérieurs<br />

QUE RECHERCHER ?<br />

1. Diagnostiquer une malformation.<br />

2. Vérifier la soup<strong>le</strong>sse de l’épau<strong>le</strong>, du<br />

coude et des doits.<br />

3. Dépister une paralysie du p<strong>le</strong>xus<br />

brachial.<br />

4. Eliminer une fracture de la clavicu<strong>le</strong>.<br />

Les principa<strong>le</strong>s malformations sont de diagnostic clinique :<br />

• Les syndactylies : l’acco<strong>le</strong>ment de deux doigts est une malformation fréquente.<br />

L’examen doit rechercher d’autres anomalies des membres (épau<strong>le</strong>, main<br />

controlatéra<strong>le</strong>, pieds) s’intégrant dans un syndrome général. Le traitement est<br />

chirurgical.<br />

• Les polydactylies ou doigts surnuméraires peuvent intéresser <strong>le</strong> bord radial de la<br />

main (duplication du pouce) ou siéger sur <strong>le</strong> bord cubital (hexadactylie).<br />

• Les hypoplasies et aplasies prennent différentes formes cliniques et la longueur<br />

du doigt est l’élément sémiologique déterminant. La localisation au pouce est<br />

invalidante pour la fonction de la pince et peut nécessiter une reconstruction<br />

chirurgica<strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xe.<br />

Les malformations des doigts :<br />

En raison du tonus <strong>le</strong>s doigts et <strong>le</strong> coude du nouveau- né sont en f<strong>le</strong>xion spontanée. La mobilisation<br />

passive doit vérifier la soup<strong>le</strong>sse des articulations en dépliant complètement <strong>le</strong>s doigts et en étendant<br />

l’avant bras avec douceur.<br />

Une asymétrie de mouvements, de gesticulation spontanée ou provoquée fera craindre une paralysie<br />

obstétrica<strong>le</strong> du p<strong>le</strong>xus brachial et une fracture de clavicu<strong>le</strong>. Il faut alors savoir la position intra<br />

utérine, <strong>le</strong>s éventuel<strong>le</strong>s difficultés rencontrées par l’obstétricien.


Paralysie du p<strong>le</strong>xus brachial :<br />

Faq 2 - L'examen des membres inférieurs<br />

CONDUITE DE L’EXAMEN<br />

1. Reconnaître une grande malformation.<br />

2. Reconstruire la position fœta<strong>le</strong>.<br />

3. Dépister une luxation congénita<strong>le</strong> de hanche.<br />

4. Rechercher une malformation ou une malposition<br />

des pieds.<br />

5. Vérifier l’absence d’inégalité de longueur des membres.<br />

6. Etudier la soup<strong>le</strong>sse des articulations.<br />

7. Apprécier l’état neurologique.<br />

Les grandes malformations sont rares (1 pour 10000 naissances). Les principa<strong>le</strong>s sont :<br />

• Les amputations d’un segment (ectromélie transversa<strong>le</strong>).<br />

• L’aplasie ou l’hypoplasie d’un os de la jambe (ectromélie longitudina<strong>le</strong> tibia<strong>le</strong> ou<br />

fibulaire).<br />

• Les pseudarthroses congénita<strong>le</strong>s de jambe.<br />

L’aplasie du tibia :<br />

L’aplasie de la fibula :<br />

Les pseudarthroses de jambe :<br />

Les déformations des pieds sont plus fréquentes mais souvent bénignes. (Cf Faq 10)<br />

Les études de la stabilité des hanches et de la symétrie des mouvements d’abduction sont <strong>le</strong>s<br />

éléments cliniques principaux du dépistage de la LCH qui est systématique à la naissance et qui doit<br />

rester la priorité de l’examen orthopédique. (Cf Faq 5)<br />

Le volume et la longueur des 2 membres sont vérifiés: la recherche d’une inégalité de longueur est<br />

systématique. Sa gravité tient au fait qu’el<strong>le</strong> va se majorer avec la croissance. La principa<strong>le</strong> étiologie<br />

l’hypoplasie du fémur ou du tibia.<br />

Diagnostic d’une inégalité de longueur :<br />

Les amplitudes des articulations des hanches et des genoux sont limitées. Couché sur <strong>le</strong> dos <strong>le</strong><br />

nouveau né a une posture particulier : <strong>le</strong>s hanches sont disposées spontanément en f<strong>le</strong>xion d’une<br />

trentaine de degrés ce défaut d’extension est physiologique, il s’associe à une rotation externe sans<br />

possibilité d’obtenir de la rotation interne (<strong>le</strong>s cols fémoraux n’ont pas encore d’antéversion ) ; de<br />

même <strong>le</strong>s genoux ne peuvent pas s’ étendre activement et passivement). Toutes ces attitudes sont<br />

SYMETRIQUES.<br />

La mobilité spontanée est un bon ref<strong>le</strong>t la fonction neuromusculaire. El<strong>le</strong> permet de dépister un<br />

déficit neurologique d’origine centra<strong>le</strong> ou périphérique (hémiplégie, diplégie) dont l’étiologie peut entre<br />

anténata<strong>le</strong> (atrophie cérébra<strong>le</strong>) ou périnata<strong>le</strong> (anoxie, hémorragie méningée …).


II. Examen clinique des hanches du nouveau né<br />

L'examen clinique des hanches du nouveau-né est la base du dépistage de la luxation congénita<strong>le</strong> de<br />

hanche.<br />

Faq 3 - Défintion<br />

La luxation congénita<strong>le</strong> de la hanche se définit comme la perte complète plus ou moins permanente<br />

des relations anatomiques norma<strong>le</strong>s entre la tête fémora<strong>le</strong> et <strong>le</strong> coty<strong>le</strong>.<br />

El<strong>le</strong> est congénita<strong>le</strong> et se produit habituel<strong>le</strong>ment en période PERINATALE.<br />

En fait, la maladie est plus large. Il s’agit d’une anomalie congénita<strong>le</strong> de la hanche, à composante<br />

héréditaire, qui se traduit cliniquement :<br />

- soit par une luxation de la hanche avec possibilité de boiterie à l’acquisition de la marche,<br />

- soit par une subluxation : la tête fémora<strong>le</strong> et <strong>le</strong> coty<strong>le</strong> n’ont pas perdu tout contact mais il n’y a plus<br />

de concentricité entre ces deux structures sphériques.<br />

- soit par une dysplasie : il s’agit d’un défaut architectural de la hanche dont l’évolution naturel<strong>le</strong> est<br />

l’usure prématurée: la COXARTHROSE. Cette dysplasie peut être primitive ou secondaire à<br />

l'instabilité.<br />

La luxation congénita<strong>le</strong> de hanche est un problème de santé publique en raison de sa fréquence<br />

é<strong>le</strong>vée, du handicap fonctionnel sévère qu’el<strong>le</strong> entraîne à l’acquisition de la marche et de son<br />

évolution naturel<strong>le</strong> vers la coxarthrose. Les résultats des traitements orthopédiques sont bien<br />

meil<strong>le</strong>urs s’ils sont réalisés en période néo-nata<strong>le</strong>. Le diagnostic clinique de l’affection est possib<strong>le</strong> à la<br />

naissance. Il y a donc un bénéfice certain à dépister cette affection. Le législateur a rendu <strong>le</strong><br />

dépistage obligatoire par l’examen clinique des hanches de tous <strong>le</strong>s nouveaux-nés.<br />

Anatomie pathologique d'une luxation congénita<strong>le</strong> de hanche :<br />

Pathogénie de la luxation congénita<strong>le</strong> de hanche :<br />

Faq 4 - Fréquence et facteurs de risque<br />

La fréquence de la luxation de hanche est estimée en France à environ 1% des naissances. El<strong>le</strong> varie<br />

en fonction de l’origine ethnique: <strong>le</strong>s Européens sont très touchés par l’affection, <strong>le</strong>s Asiatiques et <strong>le</strong>s<br />

Africains nettement moins. Des régions françaises sont plus sujettes à l’affection que d’autres: la<br />

Bretagne, la Vendée, <strong>le</strong> Massif Central, <strong>le</strong>s Vosges etc....<br />

Les facteurs de risque sont :<br />

- la féminité : 80% des luxations surviennent chez des fil<strong>le</strong>s,<br />

- des signes de conflits mécaniques foeto-maternels :<br />

o la présentation du siège augmente de façon considérab<strong>le</strong> <strong>le</strong><br />

risque,<br />

o la présentation transverse,<br />

o la primiparité, <strong>le</strong> poids de naissance é<strong>le</strong>vé, la nécessité d’une<br />

césarienne, un oligoamnios, une gémellité,<br />

o Une déformation des pieds, un torticolis, un genu recurvatum<br />

congénital.<br />

- <strong>le</strong>s antécédents familiaux : si des ascendants ont été traités pour une luxation de<br />

hanche ou une dysplasie durant <strong>le</strong>ur enfance ou s’ils présentent une coxarthrose sur<br />

dysplasie, <strong>le</strong> risque de luxation ou de dysplasie est alors nettement plus é<strong>le</strong>vé.<br />

La fréquence de la dysplasie est beaucoup plus é<strong>le</strong>vée que cel<strong>le</strong> de la luxation, mais<br />

<strong>le</strong>s formes de passage entre hanche dysplasique et norma<strong>le</strong> sont nombreuses et<br />

floues.


Parmi ces facteurs, <strong>le</strong>s antécédents familiaux caractérisés, la présentation du siège, un torticolis ou un<br />

genu recurvatum, sont des facteurs de risque importants justifiant la pratique d’une échographie<br />

complémentaire.<br />

Faq 5 - Examen Clinique<br />

1. Installation du nouveau-né<br />

Le nouveau-né doit être installé nu sur un plan ferme. Le réf<strong>le</strong>xe de succion doit être provoqué et<br />

utilisé pour <strong>le</strong> détendre.<br />

Inspection<br />

Il faut observer la position spontanée du nouveau-né. El<strong>le</strong> peut être asymétrique avec une hanche<br />

plus en abduction que l'autre. Il peut y avoir des plis cutanés asymétrique à la racine des cuisses.<br />

2. Etude de l'abduction<br />

• La limitation de l’abduction passive : l’abduction atteint norma<strong>le</strong>ment chez <strong>le</strong> nouveau-né au<br />

moins 70°. Si cette abduction est limitée, la hanche est suspecte et la recherche d’une instabilité doit<br />

très attentive.<br />

• L’asymétrie de l’abduction passive : une asymétrie de l’abduction doit faire rechercher une<br />

instabilité du côté de la limitation.<br />

• Rétraction des fessiers et/ou du fascia lata : un défaut d’adduction de hanche doit faire redouter une<br />

anomalie de la hanche controlatéra<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus souvent.<br />

• Le stretch-ref<strong>le</strong>x : un musc<strong>le</strong> répond de façon réf<strong>le</strong>xe à son étirement par une contraction. La<br />

réalisation d’une abduction rapide des hanches permet d’observer norma<strong>le</strong>ment une contraction<br />

réf<strong>le</strong>xe vers 65-70° d’abduction. Si la contraction est observée pour une abduction plus faib<strong>le</strong> c’est<br />

qu’in-utero la hanche était habituel<strong>le</strong>ment en adduction ce qui favorise une survenue de luxation. Un<br />

stretch-ref<strong>le</strong>x à moins de 60° ou asymétrique doit inquiéter l’examinateur et la recherche d’un ressaut<br />

doit être encore plus attentive.<br />

3. Recherche de l'instabilité<br />

Le dépistage clinique de la luxation de hanche vise à la recherche clinique du ressaut qui signe<br />

l’instabilité de hanche. Le ressaut correspond à la sensation clinique accompagnant <strong>le</strong> moment où la<br />

tête sort du coty<strong>le</strong> (ressaut de sortie) ou y retourne (ressaut de rentrée). Le ressaut est éphémère. Il<br />

existe à la naissance puis disparaît progressivement durant la première semaine de vie. Il persiste<br />

exceptionnel<strong>le</strong>ment au-delà des 8 premiers jours de vie mais suffisamment pour justifier de <strong>le</strong><br />

rechercher à chaque examen d’un nourrisson. Ce n’est que durant <strong>le</strong>s années 70 que <strong>le</strong> dépistage est<br />

devenu obligatoire en France. Ce dépistage s’est avéré très efficace bien que pas total dans la<br />

mesure où l’examen clinique est faillib<strong>le</strong>.<br />

Deux manœuvres sont à connaître pour rechercher l’instabilité :<br />

Du ressaut franc au piston :<br />

cel<strong>le</strong> d’ORTOLANI, grossière qui recherche un véritab<strong>le</strong> « ressaut » et cel<strong>le</strong> de BARLOW, plus fine,<br />

qui recherche un piston.<br />

* La manœuvre d’ORTOLANI :<br />

El<strong>le</strong> comporte deux temps :


1er temps : l’examinateur essaie de luxer la hanche en partant de l’hypothèse qu’el<strong>le</strong><br />

est réduite au début de l’examen. Le nouveau-né est couché sur <strong>le</strong> dos, hanches<br />

fléchies à 90°. L’examinateur prend <strong>le</strong>s genoux du nouveau-né dans son 1er espace<br />

interdigital. Une poussée vers <strong>le</strong> bas et <strong>le</strong> dehors provoque en cas d’instabilité de la<br />

hanche un ressaut de sortie.<br />

2e temps : Si aucun ressaut de sortie n’a été perçu, l’examinateur doit admettre que<br />

la hanche pouvait être déjà luxée au moment de l’examen. Il va donc essayer de<br />

réduire cette hanche. Par un mouvement d’abduction de hanche associé à une<br />

poussée de ses troisième et quatrième doigts sur <strong>le</strong> grand trochanter, il va pouvoir<br />

provoquer <strong>le</strong> retour de la tête fémora<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> coty<strong>le</strong>. Cette réduction de hanche<br />

s’accompagne d’une sensation de ressaut de rentrée qui correspond au passage de<br />

la tête fémora<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> rebord du coty<strong>le</strong>.<br />

* La manœuvre de Barlow :<br />

El<strong>le</strong> a été décrite par Barlow au début des années 60 pour remédier aux insuffisances de la<br />

manœuvre d’Ortolani. En effet, lorsque <strong>le</strong> rebord du coty<strong>le</strong> est très mal dessiné car très anormal, <strong>le</strong><br />

ressaut n’est pratiquement pas perceptib<strong>le</strong>. Seul <strong>le</strong> déplacement anorma<strong>le</strong>ment important de la tête<br />

fémora<strong>le</strong> sur l’ai<strong>le</strong> iliaque est perceptib<strong>le</strong>: c’est <strong>le</strong> signe du piston. Lors de la manoeuvre d’Ortolani, <strong>le</strong>s<br />

mains de l’examinateur sont trop loin de la racine de la cuisse pour bien sentir ce déplacement.<br />

Barlow a donc proposer d’examiner une hanche après l’autre. D’une main l’examinateur tient <strong>le</strong><br />

bassin: <strong>le</strong> pouce sur la symphyse pubienne, <strong>le</strong>s quatre autres doigts sur <strong>le</strong> sacrum. De l’autre main, il<br />

examine la hanche en mettant <strong>le</strong> pouce sur la face interne de la cuisse au plus près de la hanche, <strong>le</strong>s<br />

troisième et quatrième doigt sont sur <strong>le</strong> grand trochanter. Par une pression du pouce accompagnant<br />

un mouvement d’adduction de hanche, il arrive en cas d’instabilité à provoquer un ressaut de sortie.<br />

Par une pression des troisième et quatrième doigts accompagnant un mouvement d’abduction, il<br />

arrive à provoquer un ressaut de rentrée. Le signe du piston est plus sensib<strong>le</strong> car la main est très<br />

proche de la tête fémora<strong>le</strong> mais il nécessite un certain apprentissage.<br />

Faq 6 - Résultats de l'examen clinique<br />

A l'issue de l'examen clinique, quatre éventualités sont à rapporter :<br />

- Les hanches sont norma<strong>le</strong>s. Il n'y a pas de ressaut. La totalité de l'examen est sans<br />

anomalie. Il n'y a pas de facteurs de risque. La normalité de l'examen clinique doit<br />

être notée dans <strong>le</strong> carnet de santé. Cela ne dispense pas de refaire cet examen à<br />

chaque consultation de nourrisson pour améliorer la qualité du dépistage.<br />

- La hanche est instab<strong>le</strong>. Il existe une luxation congénita<strong>le</strong> de hanche. Il faut traiter <strong>le</strong><br />

nouveau-né immédiatement car l'instabilité est de courte durée. Une hanche<br />

stabilisée en position de luxation est de traitement diffici<strong>le</strong> alors qu'el<strong>le</strong> est de<br />

traitement habituel<strong>le</strong>ment aisé si la réduction est faci<strong>le</strong>.<br />

- il existe un doute sur la stabilité de la hanche. C'est une indication d'échographie de<br />

hanche<br />

- il existe des facteurs de risque ou une anomalie à l'examen clinique (en-dehors de<br />

l'instabilité). L'examen clinique doit être répété attentivement et en fonction de<br />

l'évolution un examen complémentaire peut être demandé.<br />

Faq 7 - Indications d'un examen complémentaire<br />

1. Place de l'échographie de hanche<br />

L’échographie est un examen complémentaire diffici<strong>le</strong> à réaliser (nécessitant un opérateur<br />

expérimenté). El<strong>le</strong> ne doit en aucune façon se substituer à l’examen clinique qui est la base du<br />

dépistage. Cependant lorsque cet examen clinique est douteux, une échographie est très uti<strong>le</strong> pour<br />

confirmer ou infirmer la normalité des hanches.<br />

Les indications d’une échographie se résument donc à :


- un examen clinique douteux quant à la stabilité de la hanche<br />

- une anomalie de l’abduction (limitée ou asymétrique) ou un facteur de risque (siège,<br />

antécédents familiaux, torticolis, genu recurvatum). L'examen peut être fait à la 4ème<br />

semaine de vie<br />

L’échographie permet de diagnostiquer <strong>le</strong>s instabilités de hanche lors du test dynamique, et de mettre<br />

en évidence <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s de l’architecture d’une hanche qui signent une dysplasie: aspect peu creusé<br />

du coty<strong>le</strong>, mauvaise couverture de la tête fémora<strong>le</strong>, labrum (partie cartilagineuse et fibrocartilagineuse<br />

du coty<strong>le</strong>) fuyant. Cependant beaucoup des signes de dysplasie sont ceux d’un retard<br />

de maturation de la hanche. Aussi y a-t-il beaucoup d’échographies douteuses quant au diagnostic de<br />

dysplasie avec indication d’une échographie de contrô<strong>le</strong>.<br />

L’utilisation de l’échographie s’éteindra avec l’apparition des noyaux fémoraux (entre 3 et 6 mois<br />

d’age). L’échographie de hanche est donc un examen idéal pour <strong>le</strong>s premières semaines de la vie.<br />

2. Place de a radiographie<br />

La radiographie à 3 mois (c’est-à-dire durant <strong>le</strong> quatrième mois) est éga<strong>le</strong>ment un examen<br />

complémentaire. El<strong>le</strong> n’est en aucune façon obligatoire. 3 mois est une date stratégique car c’est<br />

suffisamment tard pour que la radio soit interprétab<strong>le</strong> (<strong>le</strong> bassin est assez calcifié) et c’est encore<br />

suffisamment tôt pour un éventuel traitement encore simp<strong>le</strong> et efficace. De plus, l’examen du<br />

quatrième mois du nourrisson est un examen que <strong>le</strong> législateur a rendu obligatoire et qui permet de<br />

contrô<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s hanches avec efficacité.<br />

La radiographie permet de diagnostiquer <strong>le</strong>s hanches luxées ou subluxées et <strong>le</strong>s hanches<br />

dysplasiques.<br />

La radiographie des hanches :<br />

Faq 8 - Principes du traitement de la luxation de hanche<br />

Les principes du traitement sont de :<br />

- réduire la hanche c’est-à-dire de mettre la tête en face du coty<strong>le</strong>,<br />

- centrer la hanche c’est-à-dire de rendre concentriques la tête et <strong>le</strong> coty<strong>le</strong>,<br />

- stabiliser c’est-à-dire de maintenir concentriques la tête et <strong>le</strong> coty<strong>le</strong> quel<strong>le</strong> que soit<br />

la position du membre inférieur dans l’espace.<br />

La réalisation de ces objectifs est positionnel<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> consiste à mettre la hanche en abduction, f<strong>le</strong>xion<br />

et rotation interne et <strong>le</strong>s genoux en f<strong>le</strong>xion. Cette position a l’avantage d’annu<strong>le</strong>r l’action des groupes<br />

musculaires luxants qui sont: <strong>le</strong> psoas, <strong>le</strong>s adducteurs, <strong>le</strong>s ischio-jambiers.<br />

La réalisation pratique de cette posture varie en fonction de l’age. Pour <strong>le</strong> nouveau-né un langeage en<br />

abduction par un mol<strong>le</strong>ton, ou une culotte non ba<strong>le</strong>inée est habituel. Le harnais de Pavlik a des<br />

indications plus rares. Enfin, en cas de diagnostic tardif (après 6 mois) ou d’échec d’un traitement<br />

néonatal, l’enfant sera hospitalisé pour une mise en traction.<br />

La complication sévère que tout traitement peut provoquer est l'ostéochondrite de hanche (nécrose de<br />

la tête fémora<strong>le</strong>). Toute position forcée en abduction facilite la survenue de cette complication. Il n'y a<br />

donc pas de place pour des traitements "de prudence" visant à mettre en abduction beaucoup de<br />

nouveaux-nés pensant ainsi augmenter la probabilité de traiter une hanche luxée que l'on aurait pas<br />

diagnostiquée.<br />

Les appareillages :


Points essentiels :<br />

L'examen clinique est <strong>le</strong> temps essentiel du dépistage de la luxation congénita<strong>le</strong> de la hanche. Le<br />

législateur l'a rendu obligatoire pour tout nouveau-né. Le dépistage clinique est très efficace mais il<br />

n'est pas infaillib<strong>le</strong>, raison pour laquel<strong>le</strong> il doit être répété en toute circonstance de rencontre avec un<br />

nourrisson. L'échographie et la radiographie sont des examens complémentaires. Leur demande doit<br />

être justifiée. L'échographie est l'examen de choix des premières semaines.<br />

Le traitement comporte un risque de complication sévère qui est l'ostéochondrite (nécrose de la tête<br />

fémora<strong>le</strong>). Ne doivent donc être traitées que <strong>le</strong>s hanches pathologiques. Il n'y a pas de place pour un<br />

traitement de prudence « systématique ».<br />

III. L'examen des pieds<br />

POURQUOI ?<br />

1. Siège fréquent de malformations.<br />

2. Témoin de malposition intra-utérine.<br />

3. Ref<strong>le</strong>t des anomalies du système musculaire,<br />

neurologique périphérique et neurologique central.<br />

Le pied du nouveau-né est particulier<br />

- Fin et étroi.<br />

- Sans arche interne.<br />

- Peau fine.<br />

- Attitude en talus : f<strong>le</strong>xion dorsa<strong>le</strong> importante.<br />

Faq 9 - Conduite de l'examen d’un pied normal<br />

1. Interrogatoire<br />

Il s’adresse évidemment aux parents à la recherche d’antécédents familiaux et d’anomalies de la<br />

grossesse.(dérou<strong>le</strong>ment de la grossesse, position du fœtus in utérus).<br />

2. Inspection<br />

Les deux pieds sont symétriques, spontanément en talus, c’est à dire en f<strong>le</strong>xion dorsa<strong>le</strong>, mais ils<br />

peuvent entre aussi en très léger équin réductib<strong>le</strong> ; ces attitudes se corrigent faci<strong>le</strong>ment en<br />

manœuvrant l’ensemb<strong>le</strong> du pied (la paume d’une main maintient l’arrière pied l’autre main mobilise<br />

l’avant pied), el<strong>le</strong>s témoignent fidè<strong>le</strong>ment de la position intra utérine.<br />

L’inspection note :<br />

• la morphologie globa<strong>le</strong> et comparative des deux pieds permettant d’éliminer<br />

d’emblée une malformation évidente.<br />

• La position de l’arrière pied : la vue postérieure du pied permet d’apprécier la<br />

position du talon par rapport à l’axe tibial. Le pied normal présente un calcanéum<br />

dans l’axe, habitant entièrement sa coque cutanée.<br />

• La position de l’avant pied et des orteils : l’avant pied se trouve dans l’axe de<br />

l’arrière pied avec la pa<strong>le</strong>tte des orteils dans l’axe de la jambe.


Les repères du pied normal :<br />

3. Bilan articulaire<br />

On examine ensuite <strong>le</strong>s mobilités passives des principa<strong>le</strong>s articulations de la chevil<strong>le</strong> et du pied :<br />

• Talo-crura<strong>le</strong> (tibio-tarsienne) : amplitude de la f<strong>le</strong>xion plantaire et de la f<strong>le</strong>xion<br />

dorsa<strong>le</strong> de chevil<strong>le</strong>. Le pied néonatal présente un talus physiologique avec une f<strong>le</strong>xion<br />

dorsa<strong>le</strong> importante et une f<strong>le</strong>xion plantaire limitée à 15°.<br />

• Sub talaire (sous astragalienne) et médiotarsienne pour analyser la soup<strong>le</strong>sse du<br />

tarse et la réductibilité d’une déformation. Cet ensemb<strong>le</strong> articulaire donne <strong>le</strong>s<br />

mouvements d’inversion et d’éversion.<br />

4. Bilan neuro musculaire<br />

Les mobilités actives sont diffici<strong>le</strong>s à apprécier chez <strong>le</strong> nourrisson mais, par des stimulations cutanées<br />

adaptées, on peut étudier l’activité des différents groupes musculaires (musc<strong>le</strong>s éverseurs, musc<strong>le</strong>s<br />

re<strong>le</strong>veurs, musc<strong>le</strong>s fléchisseurs, musc<strong>le</strong>s inverseurs)<br />

L’examinateur ne doit pas omettre la recherche des réf<strong>le</strong>xes ostéotendineux : réf<strong>le</strong>xe achilléen et<br />

réf<strong>le</strong>xe cutané plantaire.<br />

L’étude de la f<strong>le</strong>xion dorsa<strong>le</strong> de chevil<strong>le</strong>, genou fléchi puis genou tendu, permet de mettre en<br />

évidence une brièveté du tendon d’Achil<strong>le</strong><br />

Faq 10 - Les malformations du pied<br />

Les grandes malformations ne peuvent échapper au simp<strong>le</strong> examen clinique.<br />

El<strong>le</strong>s se caractérisent par l’irréductibilité de la déformation, c’est à dire l’impossibilité de correction par<br />

des manipulations :<br />

1. Brièveté de l’avant pied.<br />

2. Malformation des orteils.<br />

3. Malformation des métatarses : pince de homard, Agénésie ou aplasie de tout un<br />

rayon, Hypertrophie.<br />

4. Malformation de l’arrière pied.<br />

Le pied bot varus équin (PBVE) est la plus fréquente (1 enfant pour 500 naissances). La déformation<br />

se situe dans <strong>le</strong>s 3 plans de l’espace et associe :<br />

o Un équin du pied.<br />

o Un varus de l’arrière pied.<br />

o Une adduction-supination de l’avant pied<br />

L’examen clinique analyse la gravité de la déformation et retrouve un talon « déshabité »<br />

Cette déformation est <strong>le</strong> plus souvent isolée (on par<strong>le</strong> de PBVE idiopathique) mais doit attirer<br />

l’attention de l’examinateur à la recherche d’autres anomalies sque<strong>le</strong>ttiques (instabilité de hanche,<br />

malformations rachidiennes, anomalies du système nerveux central ou périphérique)<br />

Le traitement est une urgence de kinésithérapie pédiatrique et <strong>le</strong>s parents doivent être informés que <strong>le</strong>


traitement est long, diffici<strong>le</strong> avec des séquel<strong>le</strong>s morphologiques.<br />

Le pied bot varus équin :<br />

Le pied convexe congénital est une malformation beaucoup plus rare mais au pronostic sévère. Il<br />

associe :<br />

o Un équin irréductib<strong>le</strong> du talus.<br />

o Une dislocation talo-naviculaire avec luxation dorsa<strong>le</strong> de l’os naviculaire.<br />

o Un avant pied en dorsif<strong>le</strong>xion et éversion.<br />

Le traitement est diffici<strong>le</strong>, souvent chirurgical et <strong>le</strong> résultat n’est pas constant.<br />

Faq 11 - Les malpositions du pied<br />

Les malpositions du pied<br />

Savoir reconnaître <strong>le</strong>ur bénignité pour rassurer <strong>le</strong>s parents<br />

• La réductibilité de la déformation.<br />

• L’excel<strong>le</strong>nt pronostic avec une prise en charge simp<strong>le</strong>.<br />

• L’absence de séquel<strong>le</strong>.<br />

Ces déformations sont bien plus fréquentes que <strong>le</strong>s malformations, vues précédemment.<br />

Certaines sont quasi physiologiques :<br />

• Pied calcanéo valgus : <strong>le</strong> pied est en f<strong>le</strong>xion dorsa<strong>le</strong> et en éversion jusqu’à toucher<br />

la face antérieure du tibia, mais il n’y a aucune malformation osseuse. La<br />

normalisation se fait en trois à six mois grâce à un traitement domestique, par<br />

manipulations faites par la maman.<br />

• Le métatarsus adductus postural : la contrainte s’est exercée seu<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong><br />

bord externe de l’avant-pied et des orteils entraînant l’avant pied en adduction.<br />

L’arrière pied est en position neutre. La déformation est réductib<strong>le</strong>, sans aucune<br />

rigidité et se corrige spontanément en deux ou trois ans.<br />

Parfois une composante malformation est retrouvée et se manifeste alors par une très<br />

faib<strong>le</strong> réductibilité de la déformation, entraînant un traitement plus agressif.<br />

• Le métatarsus varus congénital : la déformation comporte une inversion des cinq<br />

métatarsiens, alors que l’arrière pied est en léger valgus. L’examen note la<br />

déformation du bord interne du pied, l'existence d’un espace entre <strong>le</strong> premier et <strong>le</strong><br />

deuxième orteil. La base du cinquième métatarsien est saillante. Le traitement initial<br />

est basé sur des manipulations obligatoirement suivies d'immobilisation sur plaquettes<br />

ou plâtre cruro-pédieux.<br />

Faq 12 - Les malformations et déformation des orteils<br />

Toutes ces anomalies sont visib<strong>le</strong>s dès la naissance, car el<strong>le</strong>s atteignent la morphologie globa<strong>le</strong> du<br />

pied, <strong>le</strong> nombre, la forme des orteils et justifient une consultation rapide. Leur pronostic est très<br />

souvent favorab<strong>le</strong> et <strong>le</strong> praticien doit <strong>le</strong>ver l’inquiétude familia<strong>le</strong>.


• Polydactylie ou hexadactylie<br />

Cette malformation est fréquente (1,7 pour mil<strong>le</strong> naissances) et intéresse <strong>le</strong> plus souvent <strong>le</strong> cinquième<br />

rayon sous forme d’un orteil surnuméraire au bord externe du pied.<br />

• Syndactylie<br />

L’acco<strong>le</strong>ment entre deux orteils est l’anomalie la plus fréquente du pied de l'enfant. Il est souvent<br />

incomp<strong>le</strong>t, intéressant <strong>le</strong> 2 et <strong>le</strong> 3 sans conséquence fonctionnel<strong>le</strong> pour l’avenir.<br />

• Chevauchement ou clinodactylie : orteil supraductus ou infraductus<br />

Dans ce cas, un orteil enjambe son homologue interne et vient se placer au-dessus (supraductus) ou<br />

au-dessous (infraductus).<br />

La forme la plus fréquente est <strong>le</strong> quintus varus supraductus dans laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> cinquième orteil recouvre<br />

<strong>le</strong> quatrième.<br />

Faq 13 - La Genèse des anomalies du pied<br />

Les malformations apparaissent tôt durant la période embryonnaire alors que <strong>le</strong>s déformations<br />

n’apparaissent que durant la période fœta<strong>le</strong>. Les malpositions sont des anomalies tardives<br />

apparaissant en fin de grossesse par conflit entre la tail<strong>le</strong> du fœtus et <strong>le</strong>s contraintes utérines.


IV. EXAMEN DU RACHIS<br />

Le rachis du nouveau-né<br />

• Une courbure unique en cyphose dorsolombaire.<br />

• Un rachis équilibré et symétrique sur <strong>le</strong> plan sagittal.<br />

• Intérêt de l’examen du revêtement cutané (origine<br />

ectodermique commune du rachis et des téguments).<br />

Les malformations du rachis sont très souvent diagnostiquées en anténatal et l’examen à la<br />

naissance ne fait que confirmer l’étendue des lésions. Les grands défects (spina bifida, méningocè<strong>le</strong>s)<br />

ou <strong>le</strong>s tumeurs (tératomes) nécessitent une intervention neurochirurgica<strong>le</strong>.<br />

Plus diffici<strong>le</strong> est <strong>le</strong> diagnostic des lésions rachidiennes occultes (dysraphisme spinal fermé)<br />

asymptomatiques à la naissance. Il faudra savoir être a<strong>le</strong>rté par certains signes cutanés<br />

(hypertrichose, angiomes, taches, lipomes) situés sur la ligne médiane<br />

La « scoliose » du nourrisson est souvent une pathologie transitoire et postura<strong>le</strong> (bébé moulé). La<br />

courbure est typiquement une grande courbure thoraco-lombaire gauche qui donne un aspect de dos<br />

asymétrique avec parfois un grande gibbosité. La plagiocéphalie est constante et parfois une attitude<br />

en torticolis réductib<strong>le</strong> est retrouvé du même coté. Un bassin oblique congénital doit être recherché.<br />

Le torticolis est une attitude vicieuse de la tête secondaire à une rétraction du musc<strong>le</strong> sterno-cléidomastoïdien.<br />

Le nourrisson présente sa tête inclinée du coté du musc<strong>le</strong> atteint et <strong>le</strong> visage tourné du coté opposé.<br />

On recherchera un épaississement induré en forme d’olive à la base du musc<strong>le</strong> et une<br />

asymétrie du crane (plagiocéphalie).<br />

La plagiocéphalie est une déformation du crâne, encore appelée « tête oblique ovalaire ». El<strong>le</strong><br />

témoigne d’un conflit postural important et se retrouve souvent associée à un torticolis, à un bassin<br />

oblique.


Points essentiels :<br />

- Un examen simp<strong>le</strong> et systématique doit permettre d’affirmer qu’un enfant n’a pas d’anomalie ostéo<br />

articulaire<br />

- L’examen des hanches est une étape essentiel<strong>le</strong>, visant à dépister une luxation congénita<strong>le</strong> de<br />

hanche. Il est clinique avant tout, et dans certains cas s’appuiera sur l’échographie. .<br />

- L’examen des pieds distinguera ce qui est déformation simp<strong>le</strong> « réductib<strong>le</strong> », d’une déformation<br />

rigide (pied bot) ou d’une malformation.<br />

- Plusieurs déformations peuvent s’associer et sont la marque d’un appui utérin sur <strong>le</strong> fœtus<br />

(pathologie postura<strong>le</strong>). Torticolis, plagiocéphalie, genu recurvatum sont des témoins d’un tel conflit et<br />

incitent à une recherche très soigneuse d’une instabilité de hanche (« facteurs de risque »)<br />

- La place des examens complémentaires (imagerie) est très restreinte. Une éventuel<strong>le</strong> indication<br />

thérapeutique ne sera pas décidée sans <strong>le</strong> recours au spécialiste.


Objectifs :<br />

• Objectifs terminaux<br />

Fièvre aiguë de l’enfant (et de l’adulte : non traité)<br />

Critères de gravité d’un syndrome infectieux<br />

Auteurs : J. Gaudelus, M.Voisin<br />

¤ Diagnostiquer une fièvre aiguë chez l’enfant<br />

¤ Identifier <strong>le</strong>s situations d’urgence et planifier <strong>le</strong>ur prise en charge<br />

• Objectifs intermédiaires de pédiatrie :<br />

¤ Décrire <strong>le</strong>s éléments de gravité et <strong>le</strong>s facteurs de risque devant un état fébri<strong>le</strong> selon l’âge.<br />

¤ Décrire <strong>le</strong>s indications d’hospitalisation devant une fièvre aiguë.<br />

¤ Décrire <strong>le</strong>s moyens non médicamenteux de lutte contre la fièvre et ses conséquences.<br />

¤ Décrire <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s d’emploi des médicaments antipyrétiques chez <strong>le</strong> nourrisson et l’enfant.<br />

¤ Prescrire et commenter une prescription antithermique.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Mener l’interrogatoire et l’examen clinique d’un enfant fébri<strong>le</strong><br />

Faq 2 - Décrire <strong>le</strong>s éléments de gravité et <strong>le</strong>s facteurs de risque devant un état fébri<strong>le</strong> selon l’âge<br />

de l’enfant<br />

Faq 3 - Décrire <strong>le</strong>s conséquences de la fièvre et <strong>le</strong>s moyens non médicamenteux de lutte contre la<br />

fièvre<br />

Faq 4 - Décrire <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s d’emploi des médicaments antipyrétiques chez <strong>le</strong> nourrisson et l’enfant -<br />

Prescrire et commenter une prescription antithermique<br />

Points essentiels<br />

Introduction<br />

La fièvre, définie comme une température supérieure ou éga<strong>le</strong> à 38°C, est l’un des motifs de consultation<br />

<strong>le</strong>s plus fréquents en pédiatrie. La mesure de la température doit être effectuée chaque fois qu'un enfant<br />

apparaît chaud, malade, ou devant tout symptôme quel qu'il soit.<br />

La fièvre est un symptôme et pose plusieurs problèmes : son origine, sa tolérance et sa prise en charge.<br />

Si dans l'immense majorité des cas el<strong>le</strong> n’est que l’un des signes d’une maladie infectieuse bénigne, el<strong>le</strong><br />

peut être <strong>le</strong> signe d’alarme d’une pathologie sévère et/ou rapidement évolutive qu’il est impératif de<br />

prendre en charge en urgence.<br />

L’âge est un facteur essentiel à prendre en compte dans la prise en charge des enfants présentant une<br />

fièvre isolée.<br />

Une démarche rigoureuse s’impose dans tous <strong>le</strong>s cas dans laquel<strong>le</strong> la clinique est irremplaçab<strong>le</strong>.<br />

Faq 1 - Mener l’interrogatoire et l’examen clinique d’un enfant fébri<strong>le</strong><br />

L’interrogatoire fait préciser :<br />

• <strong>le</strong> symptôme fièvre :


- circonstances d’apparition : pourquoi a-t-on pris la température ?<br />

- intensité (au-delà de 39°C, il semb<strong>le</strong> exister une certaine corrélation entre <strong>le</strong> risque de<br />

bactériémie et l'intensité de la fièvre.)<br />

- durée : il s’agit ici d’une fièvre aiguë récente, survenue dans <strong>le</strong>s 48 heures <strong>le</strong> plus<br />

souvent, en tout cas depuis moins de 5 jours.<br />

• <strong>le</strong>s signes d’accompagnement : ORL, respiratoires, digestifs, neurologiques, cutanés, autres…<br />

• d'éventuel<strong>le</strong>s modifications du comportement : modification du cri, de la réactivité à la paro<strong>le</strong>, au sourire<br />

de l’entourage familier, inconsolabilité. Il faut toujours tenir compte des déclarations d’une mère (ou d’un<br />

proche) qui dit que son enfant « n’est pas comme d’habitude ». El<strong>le</strong> connaît mieux son enfant que<br />

quiconque, et est plus à même de déce<strong>le</strong>r précocement un signe d'a<strong>le</strong>rte.<br />

• <strong>le</strong> ou <strong>le</strong>s traitements déjà administrés : nature, posologie et voie, effet, évolution.<br />

L’examen clinique doit être comp<strong>le</strong>t, chez un enfant entièrement nu.<br />

- L’impression d’ensemb<strong>le</strong>, même si el<strong>le</strong> est subjective, est fondamenta<strong>le</strong> : il faut<br />

rechercher des signes en faveur d’une infection potentiel<strong>le</strong>ment grave : teint grisâtre,<br />

enfant paraissant fatigué, douloureux, économisant ses mouvements.<br />

Sont appréciés de façon systématique :<br />

- l’hémodynamique : pouls, tension artériel<strong>le</strong>, temps de recoloration cutanée<br />

- des troub<strong>le</strong>s de la vigilance et/ou du tonus.<br />

- des signes méningés : hypotonie axia<strong>le</strong> et fontanel<strong>le</strong> bombante (en position assise et en<br />

dehors des cris) chez <strong>le</strong> nourrisson ; raideur de la nuque, photophobie et signe de Kernig<br />

chez l’enfant plus grand.<br />

- l’état respiratoire : fréquence respiratoire, rythme respiratoire, existence d’une dyspnée,<br />

de signes de lutte, d’un tirage, auscultation des deux champs pulmonaires et percussion<br />

du thorax en position assise, auscultation cardiaque.<br />

- des anomalies de la coloration : pâ<strong>le</strong>ur, cyanose, marbrures.<br />

- des signes d’infection des parties mol<strong>le</strong>s ou du sque<strong>le</strong>tte : palpation des surfaces<br />

osseuses (métaphyse, rachis), mobilisation des articulations<br />

- l’état de l’abdomen : recherche d’une zone douloureuse (appendice, fosses lombaires),<br />

d’une défense, d’une contracture, d’une hépatosplénomégalie, d’une masse abdomina<strong>le</strong>.<br />

- l’état de la peau à la recherche d’une éruption qu’il faut caractériser : macu<strong>le</strong>use,<br />

papu<strong>le</strong>use, vésicu<strong>le</strong>use, bul<strong>le</strong>use, purpurique.<br />

- d’éventuel<strong>le</strong>s adénopathies.<br />

- l’état de la cavité bucca<strong>le</strong>, du pharynx, et des tympans.<br />

Faq 2 - Décrire <strong>le</strong>s éléments de gravité et <strong>le</strong>s facteurs de risque devant un état<br />

fébri<strong>le</strong> selon l’âge de l’enfant - Décrire <strong>le</strong>s indications d’hospitalisation devant une<br />

fièvre aiguë<br />

Au terme de cette étape clinique, une première synthèse doit être effectuée et permet de distinguer<br />

plusieurs situations :<br />

1 - Il s’agit d’une fièvre témoignant d’une infection grave ou potentiel<strong>le</strong>ment grave nécessitant une<br />

hospitalisation et un traitement urgent spécifique sitôt <strong>le</strong>s examens complémentaires indispensab<strong>le</strong>s<br />

effectués. C'est <strong>le</strong> cas des situations suivantes :<br />

- un purpura fébri<strong>le</strong><br />

- une méningite ou méningo-encéphalite<br />

- une détresse respiratoire et/ou des troub<strong>le</strong>s hémodynamiques dans un contexte<br />

infectieux<br />

- un syndrome abdominal évocateur d’une pathologie chirurgica<strong>le</strong><br />

- une ostéo-arthrite<br />

- une cellulodermite<br />

- une pyélonéphrite


- une gastro-entérite invasive et/ou s'accompagnant de signes de déshydratation et/ou de<br />

troub<strong>le</strong>s hémodynamiques<br />

- une pneumopathie ou une p<strong>le</strong>uropneumopathie<br />

2 - Il s’agit d’une fièvre mal tolérée mais n’entrant pas ou pas encore dans <strong>le</strong>s infections caractérisées<br />

précédemment : asthénie, altération de l'état général, anomalies du teint, frissons, extrémités froides,<br />

pâ<strong>le</strong>s ou cyaniques, comportement inhabituel… Un seul de ces signes suffit. L’hospitalisation s’impose.<br />

Des examens complémentaires sont indispensab<strong>le</strong>s dans ce cadre. Ce sont :<br />

- NFS avec plaquettes<br />

- TP, TCK, fibrinogène<br />

- Hémoculture(s)<br />

- CRP<br />

- Bande<strong>le</strong>tte urinaire, ECBU<br />

- radiographie du thorax<br />

- En fonction du contexte : ionogramme sanguin, gaz du sang, ponction lombaire,<br />

échographie abdomina<strong>le</strong>, tomodensitométrie localisée… etc…<br />

L’urgence et <strong>le</strong> type du traitement doivent être ici évalués au cas par cas.<br />

3 - Il s’agit d’une fièvre survenant sur un terrain particulier qui la rend grave ou potentiel<strong>le</strong>ment grave<br />

:<br />

- syndrome drépanocytaire majeur (S-S, S-C, thalassodrépanocytose),<br />

- pathologie viscéra<strong>le</strong> chronique,<br />

- déficit immunitaire.<br />

La mise en observation, au moins pendant quelques heures, s'impose <strong>le</strong> plus souvent.<br />

4 - Il s'agit d'une fièvre sans signe de mauvaise tolérance dont <strong>le</strong> diagnostic est certain ou<br />

probab<strong>le</strong>. L'interrogatoire et l'examen clinique ont permis de porter un diagnostic ou de l'évoquer<br />

fortement, orientant <strong>le</strong> ou <strong>le</strong>s examens complémentaires éventuel<strong>le</strong>ment nécessaires. Le problème est<br />

celui du traitement de l'affection en cause.<br />

5 - La fièvre est isolée. L’attitude dans ce cas est essentiel<strong>le</strong>ment fonction de l’âge de l’enfant.<br />

* Les enfants de moins d’un mois.<br />

La fréquence des infections bactériennes et <strong>le</strong>ur risque dans cette tranche d’âge imposent de garder ces<br />

nouveau-nés en observation à l’hôpital jusqu’au résultat des cultures du sang, des urines et<br />

éventuel<strong>le</strong>ment du LCR.<br />

Une antibiothérapie est débutée après <strong>le</strong>s prélèvements chaque fois qu’il existe un signe de haut risque<br />

d’infection potentiel<strong>le</strong>ment sévère (IPS) (Tab<strong>le</strong>au 2), et/ou en présence d’une anomalie biologique.<br />

Tab<strong>le</strong>au 2 : Signes de haut risque d’IPS (infection potentiel<strong>le</strong>ment sévère)<br />

Un seul signe suffit.<br />

Troub<strong>le</strong>s de la vigilance et/ou du tonus<br />

Anomalies de l’hémodynamique<br />

Anomalies de la coloration<br />

Signes de détresse respiratoire<br />

Signes de déshydratation<br />

Signes en faveur d’une infection des parties mol<strong>le</strong>s ou du sque<strong>le</strong>tte


Purpura<br />

Troub<strong>le</strong>s du comportement<br />

Anomalies du cri<br />

Anomalies de la réactivité (envers l'entourage familier)<br />

- à la paro<strong>le</strong> de l’entourage familier<br />

- et/ou au sourire<br />

Irritabilité et/ou inconsolabilité<br />

Difficultés d’alimentation<br />

* Les enfants de un à 3 mois.<br />

La fièvre dans cette tranche d’âge ne doit jamais être considérée comme un symptôme banal ; <strong>le</strong> risque<br />

d’infection bactérienne invasive est plus important que chez l’enfant plus âgé. Les difficultés diagnostiques<br />

à cet âge tiennent au caractère non spécifique et souvent paucisymptomatique à <strong>le</strong>ur début, d’infections<br />

potentiel<strong>le</strong>ment sévères (IPS). Les signes sont d’autant moins spécifiques que l’enfant est plus jeune. Les<br />

2/3 à 3/4 de ces enfants ont une infection vira<strong>le</strong>. Dans 20 à 25 % des cas, <strong>le</strong>s infections sont d’origine<br />

bactérienne. Dans 5 à 10 %, ces nourrissons fébri<strong>le</strong>s ont une bactériémie avec ses risques de<br />

complications. L’infection bactérienne la plus fréquente dans cette tranche d'âge est la pyélonéphrite<br />

aiguë.<br />

- Les nourrissons fébri<strong>le</strong>s de moins de 3 mois présentant l’un des signes répertoriés dans<br />

<strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au 2 doivent être considérés comme à haut risque d’IPS et hospitalisés sans<br />

délai.<br />

- Chez <strong>le</strong>s nourrissons ne présentant aucun de ces signes, l’évaluation clinique ne permet<br />

pas à el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong> dans cette tranche d'âge d’exclure une infection bactérienne sévère, et<br />

des examens complémentaires sont indispensab<strong>le</strong>s. Ce sont une NFS, une hémoculture,<br />

un dosage de la CRP et/ou du fibrinogène, un examen cytobactériologique des urines<br />

(ECBU) (examen direct et mise en culture). En fonction du contexte : radiographie du<br />

thorax, coproculture, ponction lombaire.<br />

- Les nourrissons à bas risque d’infection bactérienne sont définis comme ceux qui ne<br />

présentent aucun signe clinique définissant <strong>le</strong> haut risque et aucun signe biologique en<br />

faveur d’une infection bactérienne :<br />

globu<strong>le</strong>s blancs compris entre 5 000 et 15 000 par mm3,<br />

pas de syndrome inflammatoire : CRP < 20 mg/l et/ou fibrinogène < 4 g/l,<br />

examen des urines normal.<br />

Chez ces enfants, la prise en charge en hôpital de jour ou à domici<strong>le</strong> est possib<strong>le</strong> après s’être assuré que<br />

l’entourage est à même de surveil<strong>le</strong>r efficacement <strong>le</strong> nourrisson et de <strong>le</strong> faire hospitaliser si son état se<br />

dégrade, et à condition de <strong>le</strong> revoir systématiquement dans <strong>le</strong>s 24 heures.<br />

La conduite à tenir chez <strong>le</strong>s moins de 3 mois est résumée dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au 3.


Tab<strong>le</strong>au 3 : Conduite à tenir devant une fièvre > 38°C chez un nourrisson de moins de 3 mois


* Les enfants de 3 mois à 3 ans.<br />

La fièvre est un symptôme très fréquent dans cette tranche d’âge. Les virus sont <strong>le</strong>s premiers<br />

responsab<strong>le</strong>s (virus respiratoire en saison froide, entérovirus en été) mais <strong>le</strong> risque d’infections<br />

bactériennes sévères n’est pas négligeab<strong>le</strong>.<br />

Les bactériémies et septicémies communautaires touchent surtout <strong>le</strong>s enfants de moins de 2 ans. Depuis<br />

la généralisation du vaccin anti-haemophilus b, Streptococcus pneumoniae est de loin la bactérie <strong>le</strong> plus<br />

fréquemment en cause. Neisseria Meningitidis est cel<strong>le</strong> qui comporte <strong>le</strong> plus grand risque de méningite.<br />

La préva<strong>le</strong>nce des bactériémies occultes (= hémoculture positive chez un enfant ne présentant aucun<br />

autre signe que la fièvre) des enfants âgés de 3 à 36 mois présentant une fièvre isolée (= sans foyer<br />

infectieux) varie de 1,6 à 11,6 % selon <strong>le</strong>s études.<br />

Le degré de la fièvre est à prendre en compte. Le risque de bactériémie varie de 1,2 % pour une<br />

température inférieure à 39°5 à 4,4 % pour une température supérieure à 40°5, dans une étude récente.<br />

En pratique, en présence d’un signe de gravité (tab<strong>le</strong>au 2), l’hospitalisation s’impose.<br />

Quand faut-il faire des examens complémentaires ?<br />

Une bande<strong>le</strong>tte urinaire est justifiée devant toute fièvre isolée, suivie d’un ECBU si el<strong>le</strong> est positive.<br />

La NFS (> 15 000 GB/mm3) et la CRP (> 20 mg/l) peuvent fournir des arguments en faveur d’une<br />

infection bactérienne. La procalcitonine pourrait être uti<strong>le</strong> dans ce cadre. Si on décide de pré<strong>le</strong>ver l’enfant,<br />

on peut y ajouter une hémoculture. Frottis et goutte épaisse sont justifiés si l’enfant vient d’une zone<br />

d’endémie.<br />

Ces examens ne sont pas justifiés pour tous <strong>le</strong>s enfants si la fièvre est isolée et bien tolérée, surtout s’ils<br />

ont reçu à la fois un vaccin conjugué contre l’Haemophilus b et <strong>le</strong> pneumocoque. On peut proposer de<br />

revoir l’enfant si la fièvre persiste trois jours ou plus ou en cas d’aggravation du tab<strong>le</strong>au clinique, et<br />

pratiquer alors <strong>le</strong>s examens complémentaires précités et une radiographie du thorax si <strong>le</strong>s GB > 15 000.<br />

L’antibiothérapie à l’aveug<strong>le</strong> n’est pas justifiée dans ces fièvres isolées bien tolérées.<br />

* Après 3 ans, <strong>le</strong> risque d'infection bactérienne communautaire est nettement plus faib<strong>le</strong>.<br />

L’hospitalisation et la réalisation d’examens complémentaires ne s’imposent qu’en présence de signes<br />

d’infection bactérienne potentiel<strong>le</strong>ment sévères. Dans la grande majorité des cas, on peut se contenter de<br />

la surveillance clinique et ne pratiquer des examens qu'en cas d'aggravation, d'élément nouveau<br />

imposant ces examens, ou de persistance de la fièvre au-delà de quatre ou cinq jours.<br />

Le Traitement comporte un doub<strong>le</strong> vo<strong>le</strong>t : traitement symptomatique et traitement de la cause.<br />

A - Traitement symptomatique<br />

Faq 3 - Décrire <strong>le</strong>s conséquences de la fièvre et <strong>le</strong>s moyens non médicamenteux<br />

de lutte contre la fièvre<br />

Quel<strong>le</strong>s fièvres traiter ? Cel<strong>le</strong>s où <strong>le</strong>s risques de la fièvre paraissent supérieurs aux avantages.<br />

* Risques et complications de la fièvre : La fièvre peut avoir des effets délétères chez <strong>le</strong> nourrisson et<br />

chez <strong>le</strong> jeune enfant. Ce sont essentiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s convulsions hyperthermiques et la déshydratation, mais<br />

aussi de façon très exceptionnel<strong>le</strong> mais très grave : <strong>le</strong> syndrome fièvre-hyperthermie ou hyperthermie<br />

majeure du nourrisson.<br />

. Les convulsions hyperthermiques sont fréquentes, touchant environ 3 % des enfants de moins de 5 ans.<br />

Ce sont des crises occasionnel<strong>le</strong>s survenant à l'occasion d'une élévation thermique et ne s'accompagnant


pas de signes objectifs d'infection du système nerveux central. El<strong>le</strong>s peuvent avoir un caractère familial.<br />

Les convulsions fébri<strong>le</strong>s dites simp<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s plus fréquentes. El<strong>le</strong>s surviennent chez <strong>le</strong>s enfants entre 9<br />

mois et 5 ans (maximum dans la 2ème année), sont généralisées, de durée brève (< 15 minutes), et<br />

l'examen neurologique au décours de la crise est normal. Leur pronostic est bon.<br />

. La déshydratation. L'augmentation des pertes d'eau par sudation et perspiration peut conduire à la<br />

déshydratation si ces pertes ne sont pas compensées. Le risque de déshydratation est surtout important<br />

si l'enfant présente des troub<strong>le</strong>s digestifs associés (diarrhée, vomissements).<br />

. Le syndrome fièvre hyperthermie ou hyperthermie majeure. Il se voit avant tout avant un an, et associe<br />

une fièvre très é<strong>le</strong>vée, un collapsus, une atteinte multiviscéra<strong>le</strong> notamment cérébra<strong>le</strong> avec coma et<br />

convulsions, et une coagulation intravasculaire disséminée. Le décès touche un enfant sur deux. Chez <strong>le</strong>s<br />

survivants, il existe très fréquemment des séquel<strong>le</strong>s neurologiques. La cause de ce syndrome n'est pas<br />

connue.<br />

* Avantages de la fièvre : La fièvre est par ail<strong>le</strong>urs une réponse norma<strong>le</strong> de l’organisme à une infection.<br />

El<strong>le</strong> a pour effet principal de renforcer <strong>le</strong>s défenses anti-infectieuses.<br />

* En pratique, il est justifié de traiter <strong>le</strong>s fièvres du nourrisson et <strong>le</strong>s fièvres mal tolérées de l’enfant<br />

plus grand.<br />

Moyens non médicamenteux de lutte contre la fièvre :<br />

. dévêtir l’enfant autant que possib<strong>le</strong> (et ne pas chauffer la pièce à plus de 19-20 °C)<br />

. augmenter <strong>le</strong>s apports hydriques : boissons à volonté (souvent proposées au<br />

nourrisson) ou supplément de 100 ml/m2/°C/jour par degré au-dessus de 38°<br />

. en cas de fièvre é<strong>le</strong>vée chez un nourrisson : donner un bain si l’état de l’enfant <strong>le</strong><br />

permet, en mouillant bien <strong>le</strong> visage et <strong>le</strong> cuir chevelu. Mais l'effet du bain cesse dès la<br />

sortie, d'où la nécessité d'adjoindre un médicament antithermique.<br />

. ventilation du visage lors de fièvres é<strong>le</strong>vées diffici<strong>le</strong>s à contrô<strong>le</strong>r<br />

Faq 4 - Décrire <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s d’emploi des médicaments antipyrétiques chez <strong>le</strong><br />

nourrisson et l’enfant - Prescrire et commenter une prescription antithermique<br />

Le paracétamol, l’acide acétylsalicylique (aspirine), et l’ibuprofène ont une autorisation de mise sur <strong>le</strong><br />

marché (AMM) en France comme antipyrétique en pédiatrie.<br />

1. Le paracétamol : Ces propriétés en font <strong>le</strong> médicament de première intention.<br />

. mode d'action : mal connu, il semb<strong>le</strong> être inhibiteur de la cyclo-oxygénase mais<br />

seu<strong>le</strong>ment au niveau du système nerveux central<br />

. propriétés : antalgique et antipyrétique, dépourvu d'activité anti-inflammatoire<br />

. posologie : 60 mg/kg/jour en quatre prises, en privilégiant la voie ora<strong>le</strong> par rapport à la<br />

voie recta<strong>le</strong><br />

. tolérance : <strong>le</strong>s effets indésirab<strong>le</strong>s sont moins fréquents qu'avec l'aspirine.<br />

L'intoxication par <strong>le</strong> paracétamol est responsab<strong>le</strong> d'une cytolyse hépatique pour une dose unitaire<br />

supérieure à 120 mg/kg. Le traitement spécifique est la N-acétylcystéine qui doit être administrée <strong>le</strong> plus<br />

rapidement possib<strong>le</strong>.<br />

2. L'acide acétylsalicylique ou aspirine<br />

. mode d'action : inhibe la voie des cyclo-oxygénases empêchant ainsi la formation des<br />

prostaglandines à partir de l'acide arachidonique<br />

. propriétés : antalgique, antipyrétique et anti-inflammatoire<br />

. posologie : 10 à 15 mg/kg toutes <strong>le</strong>s 4 à 6 h. Les formes solub<strong>le</strong>s sont plus rapidement<br />

absorbées<br />

. tolérance : <strong>le</strong>s effets indésirab<strong>le</strong>s sont nombreux : tolérance digestive médiocre,


manifestations al<strong>le</strong>rgiques favorisées par un terrain atopique, allongement du temps de<br />

saignement, syndrome de Reye.<br />

L'intoxication à l'aspirine apparaît pour des doses supérieures à 100 mg/kg. El<strong>le</strong> associe des troub<strong>le</strong>s<br />

neurologiques (convulsion, désorientation, coma), une atteinte hépatique, des signes respiratoires et une<br />

acidose métabolique. Son pronostic est favorab<strong>le</strong> si sa prise en charge est rapide et correcte (évacuation<br />

digestive, administration de charbon activé et alcalinisation des urines)<br />

. l'acide acétylsalicylique est contre-indiqué dans <strong>le</strong>s situations suivantes :<br />

antécécent d'ulcère gastro-duodénal<br />

notion d'al<strong>le</strong>rgie à l'aspirine<br />

pathologie plaquettaire<br />

association aux anti-coagulants oraux<br />

varicel<strong>le</strong><br />

chirurgie dans <strong>le</strong>s dix jours précédents<br />

3. L'ibuprofène (chez <strong>le</strong>s enfants de plus de 6 mois)<br />

. mode d'action : inhibe la cyclo-oxygénase<br />

. propriétés : antalgique, antipyrétique et anti-inflammatoire<br />

. posologie : 20 à 30 mg/kg en trois à quatre prises<br />

. tolérance : <strong>le</strong>s effets indésirab<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus fréquents sont <strong>le</strong>s nausées, des sensations de<br />

pesanteur gastrique. Des éruptions cutanées sont relativement fréquentes. Des effets<br />

secondaires sévères mais rares ont été rapportés : insuffisance réna<strong>le</strong> aiguë, réactions<br />

anaphylactiques, syndrome de Reye, fasciite nécrosante.<br />

Cette molécu<strong>le</strong> ne doit pas être prescrite en cas de varicel<strong>le</strong>, d'insuffisance réna<strong>le</strong>, d'insuffisance<br />

hépatique, d'antécédents d'asthme, d'hémorragie digestive.<br />

N’utiliser qu’un seul médicament antithermique de façon simultanée, quitte en cas<br />

d’inefficacité de celui-ci à lui substituer un autre.<br />

B - Traitement de la cause<br />

Il s'impose chaque fois que possib<strong>le</strong> : traitement d'une pyélonéphrite, d'une méningite, d'une<br />

pneumopathie, d'un accès palustre…<br />

Lorsque la fièvre est isolée et d'origine inconnue, mais bien tolérée et sans signe de gravité,<br />

l'antibiothérapie n'est pas systématique.<br />

Lorsque la fièvre est isolée et d'origine inconnue, mais s'accompagne d'un signe de gravité ou que <strong>le</strong><br />

contexte fait décider une antibiothérapie après avoir effectué <strong>le</strong>s prélèvements :<br />

- avant l’âge de 3 mois : une céphalosporine de 3ème génération injectab<strong>le</strong> (cefotaxime<br />

100 mg/kg/jour en 3 fois/jour ou ceftriaxone 50 mg/kg/jour en une fois/jour) associée à un<br />

aminoside sont prescrits en première intention. L’ampicilline ou l’amoxicilline est justifiée<br />

si on suspecte une listériose ou une infection à entérocoque.<br />

- après l’âge de 3 mois : la Ceftriaxone (50 mg/kg/jour) peut être donnée jusqu’au résultat<br />

des cultures.<br />

- dans tous <strong>le</strong>s cas, une réévaluation de la situation doit être effectuée 48 heures après <strong>le</strong><br />

début de l’antibiothérapie<br />

Points essentiels :<br />

Identifier tous <strong>le</strong>s éléments de gravité d’une fièvre chez l’enfant, en particulier<br />

l’âge (attention avant 3 mois !) et l’importance d’une modification du<br />

comportement (qualité du cri, des p<strong>le</strong>urs, vigilance, contact, alimentation)


Références :<br />

CHEVALLIER B., CHOUCHANA A., FAGNOU C. Conduite à tenir devant un syndrome fébri<strong>le</strong> chez<br />

l’enfant. Infec Immunol 1997, 2, 126-8.<br />

GAUDELUS J., CHALVON-DEMESAY A., SAUVION S., HERON B., NATHANSON M. Nourrisson fébri<strong>le</strong><br />

de moins de 3 mois. Rev Prat Med Gen 1995, 9 (n° 282), 33-36.<br />

OLIVIER C., THIBAULT H., TRAN THI MONG H., GAUDELUS J. Fièvre chez <strong>le</strong>s nourrissons de 2 et 3<br />

mois. Stratégie de prise en charge. In Journées Parisiennes de Pédiatrie, Paris, Flammarion Médecine<br />

Sciences, 1995, 183-193.<br />

DE PONTUAL L., GAUDELUS J. Fièvre aiguë isolée chez l'enfant de 3 à 36 mois. Médecine Clinique<br />

pour <strong>le</strong>s Pédiatres 2002, 1, 46-49.<br />

CHAPUY H., TRELUYER J.M. Utilisation des médicaments antipyrétiques. Médecine Clinique pour <strong>le</strong>s<br />

Pédiatres 2002, 1, 54-57.<br />

CORRARD F. Traitement de la fièvre : <strong>le</strong>s moyens physiques. Méd Thérap Pédiatrie 2000, 3, 457-462.


Objectifs :<br />

Fractures chez l’enfant<br />

Auteurs : J. Cottalorda – B. De Billy – P. Chrestian<br />

L’étudiant doit connaître :<br />

Les particularités de l’os de l’enfant (plaque de croissance, “ maquette ” cartilagineuse, noyaux,<br />

périoste, caractère mécanique de la diaphyse et de la métaphyse)<br />

Les principes de consolidation osseuse de l’enfant (par rapport à la consolidation de l’os de l’adulte),<br />

la notion de remodelage post-fracturaire.<br />

Les différents types de fractures spécifiques de l’enfant (en bois vert, sous périostée, en motte de<br />

beurre, décol<strong>le</strong>ment épiphysaire - avec la classification de Salter et Harris -, déformation plastique)<br />

Les principa<strong>le</strong>s circonstances de survenue des fractures chez l’enfant et <strong>le</strong>ur fréquence.<br />

Les principaux signes cliniques d’une fracture (dou<strong>le</strong>ur, attitude antalgique, œdème, déformation,<br />

ecchymose), la prescription rigoureuse des radiographies (comparatives) et <strong>le</strong>ur interprétation.<br />

Les bases du traitement orthopédique et chirurgical des fractures (techniques, avantages,<br />

inconvénients, contre-indications, surveillance des plâtres).<br />

Les durées moyennes de consolidation des fractures <strong>le</strong>s plus fréquentes.<br />

Concernant <strong>le</strong>s fractures <strong>le</strong>s plus fréquentes, l’étudiant doit connaître<br />

Les fractures de clavicu<strong>le</strong> :<br />

Leur notion de fréquence et de bénignité<br />

Leur mécanisme de survenue<br />

Les bases du traitement orthopédique<br />

Les fractures du coude :<br />

Les principaux types de fracture du coude (articulaires, extra-articulaires) : supra-condylienne, condy<strong>le</strong><br />

externe, col du radius.<br />

Pour chaque fracture ci-dessus :<br />

Leur mécanisme de survenue et <strong>le</strong>ur gravité<br />

Les aspects radiographiques<br />

Leurs principa<strong>le</strong>s complications (syndrome de Volkmann)<br />

Les risques de séquel<strong>le</strong> (raideur, cal vicieux)<br />

Les bases du traitement orthopédique et chirurgical<br />

Les fractures de l’avant-bras (diaphyse et métaphyse) :<br />

Leur fréquence et <strong>le</strong>ur gravité variab<strong>le</strong> en fonction du niveau du trait, du déplacement<br />

Leur mécanisme de survenue<br />

Les bases du traitement orthopédique et chirurgical<br />

La lésion de Monteggia<br />

Les fractures du fémur :<br />

Leur notion de fréquence et de gravité en fonction du site de la fracture (col, diaphyse)<br />

Leur mécanisme de survenue<br />

Les bases et <strong>le</strong>s indications du traitement en fonction de l’âge<br />

Les risques de séquel<strong>le</strong><br />

Les fractures de jambe (isolée du tibia) :<br />

Leur mécanisme et <strong>le</strong>ur fréquence<br />

Les bases et <strong>le</strong>s indications du traitement orthopédique et chirurgical<br />

Les fractures de chevil<strong>le</strong> :<br />

Leur caractère typique en fonction de l’âge<br />

- Fracture de la malléo<strong>le</strong> interne (Mac Farland)<br />

- Fracture épiphysaire (Tillaux, fracture triplane)


Leur traitement<br />

Leurs complications spécifiques<br />

Concernant la pathologie traumatique l’étudiant doit connaître<br />

Les lésions traumatiques obstétrica<strong>le</strong>s de l’enfant <strong>le</strong>s plus fréquentes :<br />

Paralysie obstétrica<strong>le</strong> du p<strong>le</strong>xus brachial (POPB)<br />

Fracture de clavicu<strong>le</strong>, décol<strong>le</strong>ment épiphysaire de l’humérus, fracture du fémur<br />

Sommaire :<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Généralités<br />

Faq 2 - Fractures particulières<br />

Faq 3 - Formes étiologiques<br />

Points essentiels<br />

Introduction<br />

Expliquez <strong>le</strong>s particularités épidémiologiques, diagnostiques et thérapeutiques des fractures de<br />

l'enfant, en insistant sur cel<strong>le</strong>s qui sont liées à la croissance.<br />

Faq 1 - Généralités<br />

1.1. Particularités épidémiologiques<br />

• La traumatologie infanti<strong>le</strong> est la première cause de décès, la première cause de séquel<strong>le</strong> et<br />

d’indemnisation du dommage corporel chez l’enfant. C’est aussi <strong>le</strong> premier motif d’hospitalisation de<br />

l’enfant.<br />

• Les garçons présentent plus de fractures que <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s (60% contre 40%).<br />

• Le risque de fracture durant l’enfance est de 40% pour <strong>le</strong>s garçons et de 27% pour <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s.<br />

• La fracture est plus fréquente du côté non dominant.<br />

• La fracture du poignet est la fracture la plus fréquente: 20 à 35 % des fractures de l’enfant.<br />

• Le coude est une localisation fréquente de fractures nécessitant un traitement chirurgical.<br />

1.2. Physiologie et physiopathologie<br />

1.2.1. Particularités de l’os de l’enfant<br />

1.2.1.1. Structure et résistance mécanique<br />

L’os du petit enfant a une structure différente de celui de l’adulte, il est plus chargé en eau. Il est aussi<br />

mécaniquement moins résistant que celui de l’adulte. Une grande partie est constituée d’une<br />

maquette cartilagineuse (non visib<strong>le</strong> sur une radiographie) qui va progressivement s’ossifier au cours<br />

de la croissance. Au fur et à mesure que l’enfant grandit, apparaissent au sein de cette maquette<br />

cartilagineuse des noyaux d’ossifications. En fin de croissance, toute la maquette cartilagineuse aura<br />

disparu et se sera ossifiée.<br />

La luxation articulaire est exceptionnel<strong>le</strong>, l’os étant moins résistant que la capsu<strong>le</strong> articulaire (pas<br />

luxation du coude ou de l’épau<strong>le</strong> mais fracture supra-condylienne du coude ou fracture du col<br />

chirurgical de l’humérus).


1.2.1.2. Rô<strong>le</strong> du périoste<br />

C’est un allié précieux à respecter :<br />

- Il a une résistance mécanique importante. Il est beaucoup plus épais que chez l’adulte.<br />

Il est présent d’un cartilage de croissance à l’autre collé sur la métaphyse et l’épiphyse. Il fonctionne<br />

en hauban. Lors d’une fracture, il est souvent incomplètement rompu et permet de guider une<br />

réduction ou une stabilisation positionnel<strong>le</strong> du foyer de fracture.<br />

- Il produit rapidement (en 2-3 semaines) un cal d’origine périosté (cal externe) qui noie la fracture<br />

d’un nuage osseux.<br />

- Il permet de remode<strong>le</strong>r la fracture en effaçant <strong>le</strong>s imperfections de la réduction . Le<br />

remodelage se fait par résorption osseuse dans la convexité et apposition dans la concavité.<br />

1.2.1.3. Le cartilage de croissance<br />

- Il est présent aux deux extrémités des os longs.<br />

- Il est mécaniquement faib<strong>le</strong>. Il est peu résistant aux forces de traction axia<strong>le</strong> et de torsion.<br />

- Beaucoup de fractures de l’enfant passent par ce cartilage de croissance.<br />

- La complication la plus grave est la création d’un pont d’épiphysiodèse (destruction d’une partie ou<br />

de la totalité du cartilage) avec arrêt de croissance et perte de longueur (pouvant al<strong>le</strong>r jusqu’à plus de<br />

10 cm) et désaxation (jusqu’à plusieurs dizaines de degrés). Cette complication sera d’autant plus<br />

importante que l’enfant est jeune (il lui reste donc un fort potentiel de croissance) et que la fracture<br />

survient sur un des cartilage <strong>le</strong>s plus actifs de l’organisme (prés du genou et loin du coude).<br />

1.2.2. Traits et déplacements<br />

- Certaines fractures sont analogues à cel<strong>le</strong>s de l’adulte : trait transversal, oblique long ou court,<br />

spiroïde, 3ème fragment.<br />

- D’autres sont propres à l’ enfant :<br />

• fracture en motte de beurre : il s’agit d’une plicature plastique d’une cortica<strong>le</strong> métaphysaire.<br />

• fracture en bois vert : une cortica<strong>le</strong> est conservée alors que l’autre est rompu en une multitude<br />

d’esquil<strong>le</strong>s.<br />

• arcuature : il n’y a pas de fracture mais une courbure plastique s’étendant sur toute la longueur de<br />

l’os (fibula, ulna)


• fracture sous périostée : l’os est fracturé mais <strong>le</strong> périoste est intact. Chez l’enfant jeune, ce périoste<br />

assure la solidité et <strong>le</strong>s enfants peuvent parfois marcher malgré une fracture du fémur ou du tibia. Le<br />

diagnostic est porté sur une boiterie et une dou<strong>le</strong>ur à la percussion osseuse. La radiographie initia<strong>le</strong><br />

est souvent norma<strong>le</strong>. Parfois on devine un trait fracturaire. Ce n’est que 15 jours à 3 semaines plus<br />

tard qu’un cal osseux apparaîtra prouvant ainsi l’existence de cette fracture sous périostée.<br />

• Fracture touchant <strong>le</strong> cartilage de croissance : décol<strong>le</strong>ments épiphysaires.<br />

La classification de Salter et Harris permet de classer ces fractures et de donner dès l’accident<br />

un pronostic sur la croissance résiduel<strong>le</strong>.<br />

Type 1 : Décol<strong>le</strong>ment épiphysaire pur. Le pronostic de croissance est bon.<br />

Type 2 : Le trait de fracture emprunte <strong>le</strong> cartilage de croissance sauf à une extrémité où il remonte en<br />

zone métaphysaire. Le pronostic de croissance est habituel<strong>le</strong>ment bon.<br />

Type 3 : Le trait de fracture emprunte <strong>le</strong> cartilage de croissance sauf à une extrémité où il devient<br />

épiphysaire. Le pronostic de croissance est compromis surtout s’il persiste un défaut de réduction,<br />

même mineur.<br />

Il s’agit d’une fracture à trait intra-articulaire.<br />

Type 4 : Le trait de fracture sépare un fragment épiphyso-métaphysaire. Le pronostic est souvent<br />

mauvais, même si la réduction parait satisfaisante.


Il s’agit d’une fracture à trait intra-articulaire.<br />

Type 5 : C'est un écrasement du cartilage de croissance par un mécanisme de compression. Il n'est<br />

identifiab<strong>le</strong> que par sa complication : <strong>le</strong> pont d'épiphysiodèse. C'est un diagnostic a posteriori.<br />

1.2.3. Consolidation des fractures<br />

- Le cal périphérique produit par <strong>le</strong> périoste est très volumineux et rapide chez l’enfant. Il englobe <strong>le</strong><br />

foyer de fracture et permet la réalisation plus tardive du cal central.<br />

- Le remodelage du cal se fait par apposition périostée du côté de la concavité du cal vicieux et<br />

résorption du côté de la convexité.<br />

- <strong>le</strong>s délais de consolidation sont de 6 à 8 semaines pour une fracture diaphysaire (fémur, jambe), 4 à<br />

5 semaines pour une fracture métaphysaire (poignet), 3 semaines pour un décol<strong>le</strong>ment épiphysaire<br />

qui est très instab<strong>le</strong> pendant quelques jours.<br />

1.2.4. Fracture et croissance<br />

1.2.4.1. Fractures à distance du cartilage conjugal<br />

- Le remodelage du cal et la croissance épiphysaire vont atténuer ou corriger <strong>le</strong>s cals vicieux.<br />

La correction obéit à 5 règ<strong>le</strong>s :<br />

* La croissance résiduel<strong>le</strong> doit être importante (avant 6-8 ans).<br />

* La fracture doit être <strong>le</strong> plus proche possib<strong>le</strong> de la métaphyse.<br />

* La fracture doit être proche d’une métaphyse très ferti<strong>le</strong> (“ loin du coude ou près du genou ”)<br />

* Le mouvement de l’articulation voisine doit être dans <strong>le</strong> même plan que <strong>le</strong> déplacement de la<br />

fracture.<br />

* Le cal vicieux rotatoire (décalage) ne se corrige jamais.<br />

Il y a, par exemp<strong>le</strong>, un fort potentiel de remodelage des fractures du quart inférieur des deux os de<br />

l’avant bras.<br />

- Une poussée de croissance post-fracturaire va atténuer ou corriger <strong>le</strong>s inégalités par<br />

chevauchements.<br />

- Les séquel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus fréquentes après fracture chez l’enfant sont des inégalités de longueur des<br />

membres habituel<strong>le</strong>ment de quelques millimètres (proche du cm) mais parfois de plusieurs cm. La<br />

fracture stimu<strong>le</strong> la croissance par hypervascularisation.


1.2.4.2. Fractures intéressant <strong>le</strong>s zones de croissance<br />

La complication la plus redoutab<strong>le</strong> est <strong>le</strong> pont d’épiphysiodèse . Si <strong>le</strong> pont est central , il va<br />

entraîner un arrêt de croissance du cartilage de l’os atteint. Si <strong>le</strong> pont est périphérique, il va entraîner<br />

une déviation du cartilage de l’os atteint . Cette complication sera d’autant plus importante que<br />

l’enfant est jeune (il lui reste donc un fort potentiel de croissance) et que la fracture survient sur un des<br />

cartilage <strong>le</strong>s plus actifs de l’organisme (près du genou et loin du coude).<br />

La désépiphysiodèse est une chirurgie qui consiste à tenter de faire redémarrer <strong>le</strong> fonctionnement du<br />

cartilage de croissance. El<strong>le</strong> consiste à cureter la zone où <strong>le</strong> cartilage de croissance est détruit et d’y<br />

interposer un matériau inerte (ciment, silastic, graisse). Cette chirurgie ne donne qu’environ 50% de<br />

succès. En cas d’échec, il faut faire des ostéotomies correctrices et des allongements de membre.<br />

1.2.5. Particularités de l’enfant<br />

- Pas de complications thromboemboliques : Il est donc inuti<strong>le</strong> jusqu’à la puberté de prescrire des<br />

anticoagulants. A partir de la puberté, il faut discuter cette thérapeutique mais ne pas la prescrire<br />

systématiquement comme chez l’adulte. El<strong>le</strong> est justifiée s’il y a utilisation de contraceptifs oraux, mais<br />

<strong>le</strong> risque est très faib<strong>le</strong> jusqu’à la fin de la puberté.<br />

- Peu de raideurs d'immobilisation. L’enfant récupère régulièrement une mobilité complète de ses<br />

articulations même après une immobilisation plâtrée prolongée en position non physiologique. Il n’y a<br />

donc pas d’indication de kinésithérapie en traumatologie infanti<strong>le</strong> sauf cas exceptionnel.<br />

- Les séquel<strong>le</strong>s sont souvent de révélation tardive. Les plus fréquentes et <strong>le</strong>s plus graves sont liées à<br />

la croissance. Il faut toujours faire des contrô<strong>le</strong>s tardifs et en fin de croissance. Il faut prévenir <strong>le</strong>s<br />

parents et en expertise prévoir une réévaluation en fin de croissance.<br />

1.3 Clinique et paraclinique<br />

Il n’y a pas de spécificité clinique pour <strong>le</strong>s fractures de l’enfant sauf quand l’enfant est petit et que<br />

l’interrogatoire est diffici<strong>le</strong> voire impossib<strong>le</strong>. Les principaux signes cliniques dépendent de la<br />

localisation de la fracture et de son déplacement. On peut observer des dou<strong>le</strong>urs, une attitude<br />

antalgique, un œdème, une déformation, une ecchymose, etc. Il faut rechercher une ouverture<br />

cutanée, des troub<strong>le</strong>s vasculaires ou neurologiques. Si <strong>le</strong> diagnostic est suspecté cliniquement, la<br />

confirmation sera radiographique. Il est presque toujours inuti<strong>le</strong> de demander des radiographies<br />

comparatives (mais l’interprétation des radiographies de l’enfant demande une certaine expérience).<br />

Les radiographies comparatives (difficultés de prise de vue du côté fracturaire en raison de la dou<strong>le</strong>ur)<br />

ne seront presque jamais prise avec la même incidence que <strong>le</strong> côté sain ce qui va rendre la<br />

comparaison entre <strong>le</strong>s deux côtés très diffici<strong>le</strong>. Il y a peu ou pas de place pour d’autres imageries<br />

complémentaires sauf cas particulier (scintigraphie pour des fractures du col du fémur pour juger de la<br />

vitalité de la tête fémora<strong>le</strong>).<br />

1.4. Généralités thérapeutiques<br />

L’enfant n’est pas un adulte en miniature. Il ne faut pas appliquer <strong>le</strong>s raisonnements et <strong>le</strong>s techniques<br />

de la traumatologie de l’adulte.<br />

- Le but du traitement est d'assurer la meil<strong>le</strong>ure réduction et la meil<strong>le</strong>ure contention avec <strong>le</strong> minimum<br />

d'agression chirurgica<strong>le</strong>. Compte tenu des particularités de l'enfant, il faudra savoir parfois tolérer de<br />

petits défauts (à expliquer à la famil<strong>le</strong> et au médecin traitant) plutôt que de proposer une technique<br />

plus invasive.<br />

- Il faut respecter <strong>le</strong>s structures propres à l’enfant : périoste et cartilage de croissance. Les<br />

ostéosynthèses par plaques ou par clous sont interdites avant la fin de la croissance.<br />

1.4.1. Méthodes orthopédiques<br />

Les méthodes conservatrices sont l’immobilisation plâtrée avec ou sans réduction, la traction continue,<br />

<strong>le</strong>s dispositifs particuliers comme pour la méthode de Blount ou la plâtre pendant . Il ne faut pas


hésiter chez l’enfant à immobiliser l’articulation sus et sous-jacente puisque la récupération de la<br />

mobilité est de règ<strong>le</strong>. L’utilisation du plâtre classique est souvent préférab<strong>le</strong> aux résines synthétiques<br />

sur une fracture fraîche. Le traitement orthopédique par plâtres permet parfois d’éviter un abord<br />

chirurgical mais il nécessite une surveillance particulière. A court terme, il faut surveil<strong>le</strong>r la coloration<br />

et la cha<strong>le</strong>ur cutané, la sensibilité et <strong>le</strong>s points d’appui du plâtre (recherche de dou<strong>le</strong>ur et prévention<br />

d’escarres). A plus long terme, tout traitement orthopédique nécessite un suivi médical en consultation<br />

pour s’assurer qu’il n’existe pas de déplacement secondaire (radiographie systématique de contrô<strong>le</strong> à<br />

J + 8).<br />

1.4.2. Méthodes chirurgica<strong>le</strong>s<br />

Les méthodes chirurgica<strong>le</strong>s sont variées :<br />

• l’embrochage.<br />

• <strong>le</strong> vissage percutané par vis creuse monté sur des broches.<br />

• l’embrochage centro-médullaire élastique stab<strong>le</strong> (E.C.M.E.S.) est une méthode propre à la<br />

traumatologie infanti<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> consiste à mettre des broches cintrées et béquillées dans <strong>le</strong> canal<br />

médullaire et obtenir ainsi une stabilité élastique du foyer. Toute force appliquée sur l’os provoque un<br />

déplacement avec retour élastique à l’état d’équilibre qui est l’état anatomique.<br />

• Les fixateurs externes (Orthofix, Ilizarov) sont utilisés comme chez l’adulte en cas de fracture<br />

ouverte ou de fractures multip<strong>le</strong>s pour éviter un té<strong>le</strong>scopage.<br />

1.5. COMPLICATIONS<br />

1.5.1. Immédiates<br />

Comme pour l’adulte, il s’agit d’ouverture du foyer, de complications vasculaires ou nerveuses.<br />

Cependant, il faut savoir que l’enfant se défend mieux contre l’infection et qu’il récupère plus<br />

faci<strong>le</strong>ment d’une lésion nerveuse.<br />

1.5.2. Secondaires<br />

• Le syndrome de loges et sa forme séquellaire (syndrome de Volkmann) est une complication<br />

redoutab<strong>le</strong> par <strong>le</strong>s séquel<strong>le</strong>s qu’el<strong>le</strong> laisse. Le syndrome de Volkmann survient souvent après<br />

fractures du coude ou de l’avant bras traitées par plâtres avec un point de compression à la face<br />

antérieure du coude. Celui-ci entraîne une rétraction ischémique progressive des fléchisseurs. Le<br />

diagnostic repose sur des signes cliniques (dou<strong>le</strong>urs, engourdissement, hypoesthésie mais<br />

conservation des pouls, difficulté à étendre <strong>le</strong>s doigts) et sur la prise de pression des loges<br />

musculaires ou mieux son monitorage en cas de doute. Le traitement de la dou<strong>le</strong>ur sous toutes ses<br />

formes a rendu ce diagnostic diffici<strong>le</strong>. En raison des conséquences médico-léga<strong>le</strong>s, il faudrait<br />

généraliser <strong>le</strong> monitorage des pressions des loges dans <strong>le</strong>s circonstances à risque.<br />

• Les pseudarthroses sont exceptionnel<strong>le</strong>s chez l’enfant. Il ne s’agit souvent que de simp<strong>le</strong> retard de<br />

consolidation qu’il suffit de traiter par une immobilisation un peu plus longue pour obtenir la<br />

consolidation. El<strong>le</strong>s peuvent être iatrogènes par dépériostage intempestif (fracture du condy<strong>le</strong> latéral).<br />

• Les cals vicieux obéissent à des règ<strong>le</strong>s de remodelage osseux.<br />

• L’infection sur matériel d’ostéosynthèse est rare et souvent de bon pronostic car l’ablation de la<br />

broche et une antibiothérapie sont souvent suffisantes pour obtenir la guérison.<br />

• Le syndrome algo-dystrophique est exceptionnel chez l’enfant. On <strong>le</strong> rencontre surtout chez<br />

l’ado<strong>le</strong>scente. Il y a généra<strong>le</strong>ment une hypofixation scintigraphique (forme froide propre à l’enfant). Le<br />

traitement est <strong>le</strong> même que chez l’adulte.<br />

1.5.3. A distance<br />

• Les nécroses sont exceptionnel<strong>le</strong>s et concernent surtout la tête fémora<strong>le</strong> (après fracture du col), la<br />

tête radia<strong>le</strong> et <strong>le</strong> condy<strong>le</strong> externe du coude.<br />

• Les raccourcissements et <strong>le</strong>s désaxation par atteinte du cartilage de croissance.<br />

• Les raideurs articulaires sont rares et généra<strong>le</strong>ment dues aux fractures articulaires.


Faq 2 - Fractures particulières<br />

2.1 Fracture de clavicu<strong>le</strong><br />

2.1.1 Fréquence<br />

Parmi <strong>le</strong>s plus fréquentes de l’enfant.<br />

2.1.2 Mécanisme<br />

Le mécanisme est soit un choc direct, soit un traumatisme indirect par chute sur <strong>le</strong> moignon de<br />

l’épau<strong>le</strong>, <strong>le</strong> coude ou <strong>le</strong> bras. Ces fractures peuvent aussi survenir lors d'un accouchement diffici<strong>le</strong><br />

(traumatisme obstétrical) en particulier dans la dystocie des épau<strong>le</strong>s.<br />

2.1.3 Diagnostic<br />

Le diagnostic clinique est faci<strong>le</strong> car l’enfant montre bien la localisation de sa dou<strong>le</strong>ur. Le diagnostic est<br />

plus diffici<strong>le</strong> chez <strong>le</strong> polytraumatisé où il faut systématiquement rechercher des fractures passées<br />

inaperçues.<br />

La radiographie confirme la lésion et <strong>le</strong> siège de la fracture.<br />

2.1.4 Anatomo-Pathologie<br />

Fractures en bois vert en général peu déplacées, ou fractures complètes. L’importance du<br />

déplacement dépend de la vio<strong>le</strong>nce du traumatisme.<br />

Le trait de fracture peut siéger au tiers moyen (la plus fréquente) au tiers externe ou au tiers<br />

interne. Le fragment interne est en général déplacé vers l’arrière et vers <strong>le</strong> haut par la traction du<br />

musc<strong>le</strong> sterno-cléïdo-mastoïdien, <strong>le</strong> fragment externe vers <strong>le</strong> bas et vers l’avant .<br />

La fracture du tiers externe est la moins fréquente. El<strong>le</strong> peut s’apparenter à une pseudo-luxation<br />

acromio-claviculaire. Il s’agit en fait un décol<strong>le</strong>ment épiphysaire de l’extrémité dista<strong>le</strong> de la clavicu<strong>le</strong>.<br />

2.1.5 Traitement<br />

Le traitement de la fracture de clavicu<strong>le</strong> est orthopédique. Le traitement consiste en une<br />

immobilisation de 3 semaines par un bandage en 8 ou par des anneaux . Dans quelques rares<br />

cas on peut proposer une réduction qui se fait SANS anesthésie. Cette immobilisation projète l’épau<strong>le</strong><br />

en arrière et assure une réduction partiel<strong>le</strong> de la fracture. Le but est de restaurer la longueur de la<br />

clavicu<strong>le</strong> en portant <strong>le</strong>s deux épau<strong>le</strong>s en rétropulsion autour d'un point fixe représenté par <strong>le</strong> genou de<br />

l'opérateur. Il faut bien prévenir <strong>le</strong>s parents que la réduction n’est jamais tota<strong>le</strong>. Le remodelage osseux<br />

dû à la croissance complètera cette correction .<br />

Une exception : la fracture dista<strong>le</strong> externe. Une simp<strong>le</strong> suture du périoste associée à une stabilisation<br />

par une broche acromio-claviculaire amène en général la guérison sans séquel<strong>le</strong>.<br />

2.1.6 Particularités et Complications<br />

Le cal est toujours volumineux et perceptib<strong>le</strong> sous la peau (il faut en prévenir <strong>le</strong>s parents) . Cette<br />

tuméfaction disparaîtra en 6 à 9 mois. Il s’agit d’une fracture bénigne de bon pronostic.<br />

2.2 Fracture supracondylienne du coude<br />

2.2.1 Fréquence


La plus fréquente des fractures du coude (environ 70%).<br />

Prise en charge diffici<strong>le</strong>.<br />

2.2.2 Mécanisme<br />

Même mécanisme que la luxation de l’adulte. La fracture passe au contact de la capsu<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> est<br />

extra articulaire<br />

- En extension (95% des cas) : chute sur l’avant bras coude fléchi ou mécanisme d’hyper extension du<br />

coude.<br />

- En f<strong>le</strong>xion par choc direct sur un coude fléchi.<br />

2.2.3 Diagnostic<br />

Impotence fonctionnel<strong>le</strong> du coude.<br />

La déformation mime la luxation.<br />

Il faut rechercher des troub<strong>le</strong>s vasculo-nerveux.<br />

2.2.4 Anatomo-Pathologie<br />

Fracture extra articulaire à déplacement comp<strong>le</strong>xe (bascu<strong>le</strong>, translation et rotation).<br />

Le périoste postérieur est souvent intact (fracture en extension) et va servir à la stabilisation de la<br />

réduction.<br />

Classification radiologique en quatre stades selon l'importance du déplacement.<br />

2.2.5 Traitement<br />

En fonction du déplacement.<br />

Stade 1 : plâtre brachio-ante-brachio palmaire.<br />

Stade 2 : plâtre ou réduction et immobilisation en f<strong>le</strong>xion (Blount)


Stade 3 et 4 : Réduction et Blount ou ostéosynthèse par broches et plâtre.<br />

Fractures en f<strong>le</strong>xion : par broches et plâtre.<br />

2.2.6 Particularités et Complications<br />

Il s’agit d’une fracture grave pourvoyeuse de nombreuses complications.<br />

Risque majeur de syndrome de loge (Syndrome de Volkmann). Hospitalisation pour surveillance des<br />

extrémités et des pouls.<br />

Paralysies nerveuses (radial, médian et ulnaires).<br />

Complications vasculaires de l’artère huméra<strong>le</strong>.<br />

Défauts de réduction avec troub<strong>le</strong>s rotatoires entraînant un défaut axial (cubitus varus ou valgus).<br />

Défauts de réduction avec une anteposition de la pa<strong>le</strong>tte huméra<strong>le</strong> trop importante ou au contraire<br />

insuffisante (défaut résiduel d’extension ou de f<strong>le</strong>xion du coude).<br />

2.3 Fracture du condy<strong>le</strong> latéral du coude<br />

2.3.1 Fréquence<br />

Deuxième rang des fractures du coude.<br />

Condy<strong>le</strong> latéral ( 10% ), condy<strong>le</strong> médial très rare.<br />

2.3.2 Mécanisme<br />

Valgus forcé, bras en extension.<br />

2.3.3 Diagnostic<br />

Gros coude douloureux, déformation faib<strong>le</strong>.<br />

2.3.4 Anatomo-Pathologie<br />

Décol<strong>le</strong>ment épiphysaire stade 4.<br />

Fracture articulaire.<br />

Déplacement important possib<strong>le</strong> par traction des musc<strong>le</strong>s épicondyliens.<br />

2.3.5 Traitement<br />

Toujours chirurgical (sauf la fracture non déplacée stab<strong>le</strong> au testing sous anesthésie généra<strong>le</strong>).<br />

Ostéosynthèse par broches.<br />

2.3.6 Particularités et Complications


Il s’agit d’une fracture grave pourvoyeuse de nombreuses complications.<br />

Possibilités de troub<strong>le</strong> axial par hyper croissance du foyer.<br />

Pseudarthrose iatrogène si la fracture n’a pas été reconnue ou traitée orthopédiquement.<br />

Nécrose du fragment en cas de déplacement majeur.<br />

Atteinte du cartilage de croissance entraînant un cubitus valgus.<br />

2.4 Fracture du col du radius<br />

2.4.1 Fréquence<br />

5 à 10% des fractures du coude.<br />

2.4.2 Mécanisme<br />

Chute sur <strong>le</strong> talon de la main, coude en valgus, ce qui explique <strong>le</strong>s associations lésionnel<strong>le</strong>s<br />

fréquentes au niveau du coude.<br />

2.4.3 Diagnostic<br />

Dou<strong>le</strong>ur en regard de la tête radia<strong>le</strong>.<br />

Déformation faib<strong>le</strong>.<br />

Dou<strong>le</strong>ur aux mouvements de pronosupination pour des fractures peu déplacées.<br />

2.4.4 Anatomo-Pathologie<br />

Décol<strong>le</strong>ment épiphysaire stade 2 <strong>le</strong> plus fréquent, <strong>le</strong> fragment métaphysaire étant latéral ou postéro<br />

latéral.<br />

Fracture métaphysaire pure du col radial.<br />

Fracture articulaire épiphysaire exceptionnel<strong>le</strong>.<br />

Déplacement important possib<strong>le</strong> par traction des musc<strong>le</strong>s épicondyliens.<br />

2.4.5 Traitement<br />

Toujours chirurgical (sauf la fracture non déplacée stab<strong>le</strong> au testing sous anesthésie généra<strong>le</strong>).<br />

Ostéosynthèse par broches centro-médullaire après réduction (broche entrée à distance du foyer de<br />

fracture).<br />

Ostéosynthèse par broches avec abord du foyer fracturaire (exceptionnel).<br />

2.4.6 Particularités et Complications<br />

Paralysie radia<strong>le</strong> rare.<br />

Complications du plâtre.<br />

Nécrose de la tête radia<strong>le</strong> et pseudarthrose du col radial sont des complications classiques de l’abord<br />

chirurgical.<br />

2.5 Fracture diaphysaire de l’avant bras<br />

2.5.1 Fréquence<br />

5% des fractures de l’enfant.<br />

2 pics : 5-8 ans (chute) et 12-14 ans (sport).<br />

2.5.2 Mécanisme<br />

Indirect par chute sur la paume de la main, avant bras en pronation.<br />

Direct par choc (bâton de ski).


2.5.3 Diagnostic<br />

Dou<strong>le</strong>ur, déformation, recherche d’une ouverture cutanée.<br />

Radios englobant <strong>le</strong>s articulations sus et sous jacentes.<br />

2.5.4 Anatomo-Pathologie<br />

- Fractures plastiques lorsque <strong>le</strong>s capacités de l’élasticité de l’os sont dépassées. Il se produit une<br />

déformation non réversib<strong>le</strong> sans fracture visib<strong>le</strong> radiologiquement . Ces fractures sont rares,<br />

mais doivent être dépistées car el<strong>le</strong>s peuvent s’associer à une luxation de la tête radia<strong>le</strong> lorsqu’el<strong>le</strong>s<br />

touchent <strong>le</strong> cubitus (lésion de Monteggia).<br />

-Fractures en bois vert typiquement pédiatriques. Il s’agit d’une étape supplémentaire par rapport à la<br />

déformation plastique. Il existe une rupture de la cortica<strong>le</strong> convexe . Cette lésion est d’autant<br />

plus fréquente que l’enfant est jeune.<br />

- Fractures complètes qui ressemb<strong>le</strong>nt aux fractures de l’adulte. La seu<strong>le</strong> différence est qu'en raison<br />

d’un périoste épais et résistant chez l’enfant ces fractures sont parfois stab<strong>le</strong>s et pourront être réduites<br />

orthopédiquement.<br />

2.5.5 Traitement<br />

Son but est de respecter la longueur relative des deux os, de restaurer <strong>le</strong>s courbures supinatrice et<br />

pronatrice du radius et de garantir l'intégrité du fonctionnement des articulations radiocubita<strong>le</strong>s<br />

supérieure et inférieure.<br />

Réduction sous anesthésie généra<strong>le</strong>.<br />

Plâtre brachio-antébrachio palmaire si la fracture est stab<strong>le</strong>.<br />

Embrochage si fracture instab<strong>le</strong> ou récidive.<br />

2.5.6 Particularités et Complications<br />

Cals vicieux rotatoires limitant la pronosupination.<br />

Récidive ou fracture itérative si <strong>le</strong>s axes sont incorrects ou si la durée d’immobilisation est trop courte<br />

(minimum 2,5 mois).<br />

2.6 La lésion de Monteggia<br />

Il s’agit d’une lésion associant une fracture de l’ulna et une luxation de la tête radia<strong>le</strong>.<br />

2.6.1 Fréquence<br />

1 à 2 % des fractures de l’avant bras.<br />

2.6.2 Mécanisme<br />

Le mécanisme est direct avec un choc vio<strong>le</strong>nt sur l’avant bras ou indirect lors d’une chute<br />

associant hyper pronation et hyper extension.<br />

2.6.3 Diagnostic<br />

Règ<strong>le</strong> d’or : “ toute fracture isolée de l’ulna doit faire rechercher une luxation associée de la tête<br />

radia<strong>le</strong> ”.<br />

Clichés radiographiques prenant <strong>le</strong>s articulations sus et sous jacentes.<br />

L’axe de l’ulna, quel<strong>le</strong> que soit l’incidence, doit couper <strong>le</strong> centre du condy<strong>le</strong> latéral de l’humérus .


En cas de luxation de la tête radia<strong>le</strong> cette ligne est rompue . La luxation de la tête radia<strong>le</strong> peut<br />

être antérieure ou postérieure .<br />

2.6.4 Traitement<br />

Réduire la luxation de la tête radia<strong>le</strong> et la fracture du l’ulna en maintenant sa longueur. Si la réduction<br />

est faite précocement, la réduction de la fracture de l’ulna entraîne une réduction concomitante de la<br />

luxation de la tête radia<strong>le</strong>.<br />

Réduction et plâtre ou ostéosynthèse si fracture instab<strong>le</strong> (embrochage ou plaque).<br />

2.6.5 Particularités et Complications<br />

C’est <strong>le</strong> type même de lésion qui passe inaperçue.<br />

Le diagnostic tardif de lésion négligée impose un traitement chirurgical lourd (réaxation ou<br />

allongement).<br />

2.7 Fracture de l’extrémité inférieure des deux os de l’avant bras<br />

2.7.1 Fréquence<br />

Fractures <strong>le</strong>s plus fréquentes de l’enfant.<br />

2.7.2 Mécanisme<br />

Chute avec réception sur la main dans la majorité des cas.<br />

2.7.3 Diagnostic et Anatomo-Pathologie<br />

-Fracture en motte de beurre chez <strong>le</strong> jeune enfant (fractures métaphysaires stab<strong>le</strong>s) . La<br />

symptomatologie clinique est très modérée.<br />

- Les fractures en bois vert au tiers distal de l’avant bras. Ce sont des fractures unicortica<strong>le</strong>s avec une<br />

angulation plus ou moins importante .<br />

- Les fractures métaphysaires complètes siègent au niveau du 1/4 inférieur du radius et/ou de l’ulna.<br />

Le déplacement est très variab<strong>le</strong>, depuis une fracture peu ou pas déplacée jusqu’à un déplacement<br />

comp<strong>le</strong>t avec perte de contact des différents fragments .<br />

2.7.4 Traitement<br />

Réduction si nécessaire et une immobilisation plâtrée (4-6 semaines). il est impératif de bloquer <strong>le</strong><br />

coude ce qui n’est pas dangereux chez l’enfant.<br />

Traitement chirurgical exceptionnel si l’on n’arrive pas à stabiliser ces fractures (éviter de traverser <strong>le</strong><br />

cartilage de croissance avec une broche pour éviter tous risques d’épiphysiodèse).<br />

2.7.5 Particularités et Complications<br />

Très fort potentiel de remodelage qui autorise des déplacements secondaires jusqu’à 20-30 degrés.<br />

2.8 Fractures du col du fémur<br />

2.8.1 Fréquence


Rares mais graves.<br />

2.8.2 Mécanisme<br />

Choc vio<strong>le</strong>nt : accidents de la voie publique, chutes d’un lieu é<strong>le</strong>vé, chutes en bicyc<strong>le</strong>tte, accidents de<br />

sports.<br />

2.8.3 Diagnostic<br />

Impotence fonctionnel<strong>le</strong> tota<strong>le</strong>.<br />

Comme chez l’adulte, position en fonction du déplacement (<strong>le</strong> plus souvent raccourcissement,<br />

adduction, rotation externe du membre touché).<br />

2.8.4 Anatomo-Pathologie<br />

Classification en quatre stades :<br />

I : Décol<strong>le</strong>ment épiphysaire stade 1.<br />

II : fracture au milieu du col.<br />

III : fracture basi-cervica<strong>le</strong>.<br />

IV : Fracture per-trochantérienne.<br />

2.8.5 Traitement<br />

Chirurgical avec ostéosynthèse.<br />

Ponction articulaire évacuatrice puis une immobilisation plâtrée si aucun déplacement.<br />

2.8.6 Particularités et Complications<br />

Une fracture sur deux présentera une complication redoutab<strong>le</strong> (nécrose, pseudarthrose,<br />

épiphysiodèse, cal vicieux) .<br />

2.9 Fractures diaphysaires du fémur<br />

2.9.1 Fréquence<br />

3ème localisation par ordre de fréquence des fractures de l’enfant.<br />

2.9.2 Mécanisme


Fractures obstétrica<strong>le</strong>s, maltraitances, accidents de la voie publique, chutes d’un lieu é<strong>le</strong>vé, accidents<br />

sportifs.<br />

Chez l’enfant jeune, un traumatisme peu important peut produire une fracture du fémur, alors que<br />

chez l’ado<strong>le</strong>scent il est nécessaire d’avoir un traumatisme vio<strong>le</strong>nt.<br />

Chez <strong>le</strong> nourrisson, il faut de principe évoquer un éventuel syndrome des enfants battus.<br />

2.9.3 Diagnostic<br />

Faci<strong>le</strong>. Déformation toujours importante.<br />

Fracture hémorragique.<br />

Rechercher une ouverture cutanée.<br />

2.9.4 Anatomo-Pathologie<br />

Spiroïde longue (torsion), horizonta<strong>le</strong> (choc direct), oblique ou à fragments multip<strong>le</strong>s (haute énergie).<br />

2.9.5 Traitement<br />

Différent selon l’âge de l’enfant :<br />

Lorsque l’enfant est jeune, <strong>le</strong> plâtre pelvi-pédieux est <strong>le</strong> traitement de référence après une<br />

traction plus ou moins longue qui permet “ d’engluer ” <strong>le</strong> foyer de fracture. Vers 5 ans la durée<br />

tota<strong>le</strong> d'immobilisation est de 6 semaines. Au delà de 6-8 ans, la technique d’embrochage centro-<br />

médullaire élastique stab<strong>le</strong> est la méthode de choix car el<strong>le</strong> permet une déambulation faci<strong>le</strong><br />

. Lorsque l’enfant est plus grand, on peut discuter la mise en place d’une fixation externe (surtout<br />

si la fracture est ouverte) ou d'un clou centro-médullaire si <strong>le</strong>s cartilages de croissance sont fermés.<br />

2.9.6 Particularités et Complications<br />

Inégalité de longueur par hyper allongement dans <strong>le</strong> cal ou par raccourcissement.<br />

Cal vicieux surtout rotatoire qui ne se corrige pas avec la croissance.<br />

2.10 Fractures de jambe<br />

2.10.1 Fréquence<br />

Localisation fréquente de l’enfant, qui touche surtout <strong>le</strong> garçon, en moyenne vers l’âge de 8 ans.


2.10.2 Mécanisme et Anatomo-Pathologie.<br />

Accident de la voie publique, accidents sportifs ( VTT - rol<strong>le</strong>rs - skate - ski - sports de glisse). Dans 70<br />

% des cas seul <strong>le</strong> tibia est fracturé.<br />

Fractures par torsion : trait spiroïde ou oblique du 1/3 moyen ou inférieur du tibia.<br />

Fractures en f<strong>le</strong>xion : trait spiroïde court ou oblique du 1/3 moyen du tibia.<br />

Fractures par choc direct : trait transversal.<br />

Fractures par compression : trait comp<strong>le</strong>xe.<br />

2.10.3 Traitement<br />

Traitement orthopédique en première intention. Réduction en contrôlant <strong>le</strong> varus et <strong>le</strong> recurvatum et<br />

plâtre cruro pédieux . Lorsque la fracture est déplacée et que la fibula est intacte, il faut la<br />

réduire en contrôlant bien <strong>le</strong> varus et <strong>le</strong> recurvatum, surtout en cas de fracture oblique. Il n’y a pas de<br />

souci sur la longueur osseuse puisque la fibula est intacte et se comporte comme une attel<strong>le</strong> postéroexterne.<br />

Dans <strong>le</strong> plâtre cruro pédieux, il faut imprimer des contraintes valgisantes et fléchissantes sur<br />

<strong>le</strong> segment distal dans la confection du plâtre.<br />

Le traitement chirurgical est indiqué lorsque l’on n’obtient pas une bonne réduction. L’enclouage<br />

centro-médullaire élastique stab<strong>le</strong> est <strong>le</strong> plus utilisé.<br />

Si l’enfant est en fin de puberté, on peut proposer un enclouage centro-médullaire rigide.<br />

Fixation externe en cas de fracture ouverte.<br />

2.10.4 Particularités et Complications<br />

Syndrome de loge surtout si la fracture est au quart supérieur.<br />

La consolidation peut être longue. L’immobilisation doit être de 3 mois avec possibilité d’une botte de<br />

marche en cours de traitement.<br />

2.11 Fractures de Mac Farland<br />

Il s’agit d’une fracture malléolaire interne.


2.11.1 Fréquence<br />

Rare mais fort risque de complications.<br />

2.11.2 Mécanisme<br />

Contrainte en adduction ou en cisail<strong>le</strong>ment.<br />

2.11.3 Diagnostic<br />

Impotence, dou<strong>le</strong>ur et gonf<strong>le</strong>ment de chevil<strong>le</strong>.<br />

2.11.4 Anatomo-Pathologie<br />

Décol<strong>le</strong>ment épiphysaire type III ou IV de Salter selon qu’el<strong>le</strong> sépare un fragment épiphysaire ou<br />

épiphyso-métaphysaire interne. Il s’agit donc d’une fracture intra-articulaire.<br />

2.11.5 Traitement<br />

Chirurgical pour restaurer la ligne articulaire et éviter l’épiphysiodèse. Ostèosynthèse par vis et plâtre<br />

cruro pédieux.<br />

2.11.6 Particularités et Complications<br />

Le risque de troub<strong>le</strong>s de croissance par épiphysiodèse interne, entraînant un varus de l’arrière pied<br />

, est de 25 % environ, en particulier en cas de réduction imparfaite .<br />

Il faut prévenir <strong>le</strong>s parents de ce risque. Il faut suivre régulièrement ces enfants en consultation pour<br />

s’assurer d’une bonne reprise de la croissance.<br />

2.12 Fracture de Tillaux<br />

2.12.1 Fréquence<br />

Grand enfant en fin de croissance.<br />

2.12.2 Mécanisme<br />

Torsion de chevil<strong>le</strong>.<br />

2.12.3 Diagnostic


Impotence et gonf<strong>le</strong>ment de chevil<strong>le</strong>. Le trait de fracture est vertical et intéresse la partie externe ou<br />

antéro-externe de l’épiphyse tibia<strong>le</strong> inférieure.<br />

Type 3 de Salter. Il s’agit donc d’une fracture intra-articulaire.<br />

2.12.4 Traitement<br />

Réduction chirurgica<strong>le</strong> anatomique en raison de la situation intra-articulaire du trait de fracture<br />

épiphysaire.<br />

2.12.5 Particularités et Complications<br />

Cette fracture expose aux cals vicieux intra-articulaire car sa réduction chirurgica<strong>le</strong> n’est pas toujours<br />

faci<strong>le</strong>.<br />

2.13 Fracture triplane de chevil<strong>le</strong><br />

2.13.1 Fréquence<br />

Jamais avant 10 ans.<br />

2.13.2 Mécanisme<br />

Torsion de chevil<strong>le</strong>.<br />

2.13.3 Diagnostic<br />

Savoir y penser et demander des clichés avec incidences multip<strong>le</strong>s de 3/4.<br />

Scanner souvent uti<strong>le</strong> pour préciser <strong>le</strong> trait et l’importance du déplacement.<br />

2.13.4 Anatomo-Pathologie<br />

Le trait épiphysaire n’est visib<strong>le</strong> que sur <strong>le</strong> cliché de face et siège habituel<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong> tiers moyen de<br />

la surface articulaire du tibia.


Le trait métaphysaire n’est visib<strong>le</strong> que sur <strong>le</strong> cliché de profil. Le déplacement est <strong>le</strong> plus souvent<br />

minime et la fibula en général intacte. L’association d’une fracture Salter III sur la face et Salter<br />

II sur <strong>le</strong> profil est évocatrice d’une fracture triplane.<br />

2.13.5 Traitement<br />

Orthopédique si non déplacée (rare).<br />

Chirurgical avec réduction et ostéosynthèse.<br />

2.13.6 Particularités et Complications<br />

Risque important d’épiphysiodèse.<br />

Faq 3 - Formes étiologiques<br />

3.1 Fractures obstétrica<strong>le</strong>s<br />

Ces traumatismes peuvent toucher <strong>le</strong>s diaphyses des os longs (<strong>le</strong> plus souvent) mais aussi <strong>le</strong>s<br />

épiphyses réalisant des décol<strong>le</strong>ments épiphysaires (rarement). Ces fractures sont en général de bons<br />

pronostics grâce à la rapidité de la consolidation et au remodelage très important chez <strong>le</strong> nouveau-né.<br />

- Les fractures de clavicu<strong>le</strong> sont très fréquentes. El<strong>le</strong>s surviennent lors de l'abaissement du bras dans<br />

un accouchement en présentation du siège chez un gros bébé ou lors de dystocie des épau<strong>le</strong>s en<br />

présentation céphalique. Le diagnostic est posé lors d'un examen systématique qui retrouve une<br />

dénivellation ou une saillie douloureuse de l’épau<strong>le</strong>. La radiographie confirme <strong>le</strong> diagnostic. Parfois <strong>le</strong><br />

diagnostic est posé a posteriori devant un cal osseux hypertrophique.<br />

La guérison est constante et sans séquel<strong>le</strong>s.<br />

- Les fractures de la diaphyse fémora<strong>le</strong> surviennent dans un cas pour 4200 naissances. Il s'agit <strong>le</strong> plus<br />

souvent d'une fracture diaphysaire sous-périostée non déplacée. Parfois <strong>le</strong> trait fracturaire est comp<strong>le</strong>t<br />

avec un raccourcissement et une angulation. Le diagnostic est posé sur une impotence fonctionnel<strong>le</strong><br />

secondaire à la dou<strong>le</strong>ur. La radiographie confirme <strong>le</strong> diagnostic.<br />

- Les décol<strong>le</strong>ments épiphysaires de l'humérus sont soit proximaux soit distaux. L'enfant se présente<br />

avec une impotence fonctionnel<strong>le</strong> antalgique du bras et un aspect pseudo paralytique. En proximal<br />

l'aspect est celui d'une luxation inféro-interne d'épau<strong>le</strong>. En distal l'aspect est celui d'une luxation<br />

latéra<strong>le</strong> radio-cubita<strong>le</strong>. Chez un nourisson il faut systématiquement penser à un décol<strong>le</strong>ment<br />

épiphysaire devant ces aspects de pseudo luxation.<br />

- Le diagnostic différentiel de ces bras pseudo paralytiques se pose avec la paralysie obstétrica<strong>le</strong> du<br />

p<strong>le</strong>xus brachial (POPB). Les POPB sont provoquées par une élongation du p<strong>le</strong>xus brachial durant<br />

l'accouchement qui survient <strong>le</strong> plus souvent pour un accouchement diffici<strong>le</strong> chez un bébé de gros<br />

poids de naissance. Si dans de nombreux cas, une récupération rapide se produit, témoignant d'une<br />

simp<strong>le</strong> sidération radiculaire temporaire, lorsqu'il existe des solutions de continuité au sein du p<strong>le</strong>xus<br />

brachial, <strong>le</strong> handicap fonctionnel peut être considérab<strong>le</strong> allant jusqu'à la perte complète et définitive de<br />

toute la fonction du membre supérieur. Le tab<strong>le</strong>au clinique initial est celui d'une paralysie flasque,<br />

présente dès la naissance, au décours d'un accouchement diffici<strong>le</strong>. Le membre supérieur atteint,<br />

repose inerte <strong>le</strong> long du tronc, coude en extension, avant-bras en pronation.


Ce tab<strong>le</strong>au contraste avec l'hypertonie en f<strong>le</strong>xion du côté normal. La mobilisation de l'épau<strong>le</strong> et de la<br />

tête est douloureuse et la région du cou apparaît empâtée. Le traitement repose sur la rééducation<br />

dès <strong>le</strong> premier mois de vie, sur une immobilisation par attel<strong>le</strong> et sur une chirurgie éventuel<strong>le</strong> avec<br />

greffe nerveuse.<br />

En traumatologie infanti<strong>le</strong> et surtout chez <strong>le</strong> nourrisson, il faut toujours avoir à l’esprit une possibilité de<br />

maltraitance<br />

Points essentiels<br />

- Les fractures de l’enfant sont très fréquentes. L’os du petit enfant est constituée d’une maquette<br />

cartilagineuse qui va progressivement s’ossifier au cours de la croissance. Le périoste joue un rô<strong>le</strong><br />

essentiel chez l’enfant. Il a une résistance mécanique importante et il participe à la consolidation des<br />

fractures (cal périosté). Il permet aussi <strong>le</strong> remodelage fracturaire.<br />

- Il existe des fractures propres à l’enfant : fracture en motte de beurre, fracture en bois vert, fracture<br />

sous périostée, fracture plastique et fractures touchant <strong>le</strong> cartilage de croissance. La classification de<br />

Salter et Harris permet de classer ces fractures et de donner dès l’accident un pronostic sur la<br />

croissance résiduel<strong>le</strong>.<br />

- Le cartilage de croissance peut être lésé par une fracture avec apparition d’un pont d’épiphysiodèse<br />

avec arrêt de croissance et désaxation. Si <strong>le</strong> pont est central, il va entraîner un arrêt de croissance du<br />

cartilage de l’os atteint. Si <strong>le</strong> pont est périphérique, il va entraîner une déviation du cartilage de l’os<br />

atteint. Cette complication sera d’autant plus importante que l’enfant est jeune (il lui reste donc un fort<br />

potentiel de croissance) et que la fracture survient sur un des cartilage <strong>le</strong>s plus actifs de l’organisme<br />

(prés du genou et loin du coude).<br />

- Les fractures diaphysaires entraînent une poussée de croissance post-fracturaire qui peut être à<br />

l’origine d’inégalités de longueurs.<br />

- Le but du traitement est d'assurer la meil<strong>le</strong>ure réduction et la meil<strong>le</strong>ure contention avec <strong>le</strong> minimum<br />

d'agression chirurgica<strong>le</strong>. Chaque fois que cela est possib<strong>le</strong>, il faudra préférer un traitement<br />

orthopédique à un traitement chirurgical. Compte tenu des particularités de l'enfant, il faudra savoir<br />

parfois tolérer de petits défauts plutôt que de proposer une technique plus "invasive".<br />

- Il faut respecter <strong>le</strong>s structures propres à l’enfant : périoste et cartilage de croissance. Les<br />

ostéosynthèses par plaques ou par clous sont interdites avant la fin de la croissance. Le traitement<br />

orthopédique par plâtres permet parfois d’éviter un abord chirurgical mais il nécessite une surveillance<br />

particulière. A court terme, il faut surveil<strong>le</strong>r la coloration et la cha<strong>le</strong>ur cutané, la sensibilité et <strong>le</strong>s points<br />

d’appui du plâtre (recherche de dou<strong>le</strong>ur et prévention d’escarres). A plus long terme, tout traitement<br />

orthopédique nécessite un suivi médical en consultation pour s’assurer qu’il n’existe pas de<br />

déplacement secondaire (radiographie systématique de contrô<strong>le</strong> à J + 8).<br />

- La fracture supracondylienne du coude est la plus fréquente des fractures du coude. Il faut rechercher<br />

des troub<strong>le</strong>s vasculo-nerveux. Le traitement est fonction du déplacement. Il s’agit d’une fracture grave<br />

pourvoyeuse de nombreuses complications (syndrome de Volkmann, complications neuro-vasculaires,<br />

défauts de réduction).<br />

- La lésion de Monteggia associe une fracture de l’ulna et une luxation de la tête radia<strong>le</strong>. Se souvenir<br />

de la règ<strong>le</strong> d’or : “ toute fracture isolée de l’ulna doit faire rechercher une luxation associée de la tête<br />

radia<strong>le</strong> ” L’axedel’ulna quel<strong>le</strong> que soit l’incidence doit couper <strong>le</strong> centre du condy<strong>le</strong> latéral de


l’humérus. En cas de luxation de la tête radia<strong>le</strong> cette ligne est rompue. Le traitement consiste à réduire<br />

la luxation de la tête radia<strong>le</strong> et la fracture du l’ulna en maintenant sa longueur. Le diagnostic tardif de<br />

lésion négligée impose un traitement chirurgical lourd.<br />

- Les fractures diaphysaires du fémur sont très fréquentes et de bon pronostic. El<strong>le</strong>s se voient à tout<br />

âge, mais surtout chez l’enfant jeune. Le traitement sera très différent selon l’âge de l’enfant. Lorsque<br />

l’enfant est jeune, <strong>le</strong> plâtre pelvi-pédieux est <strong>le</strong> traitement de référence après une traction plus ou<br />

moins longue qui permet “ d’engluer ” <strong>le</strong> foyer de fracture. Lorsque l’enfant est plus grand, au delà de 6-<br />

8 ans, la technique d’embrochage centro-médullaire élastique stab<strong>le</strong> est la méthode de choix. Lorsque<br />

l’enfant est plus grand, on peut discuter la mise en place d’une fixation externe (surtout si la fracture est<br />

ouverte) ou d'un clou centro-médullaire si <strong>le</strong>s cartilages de croissance sont fermés. Les complications<br />

des fractures du fémur sont <strong>le</strong> raccourcissement et <strong>le</strong>s cals vicieux.<br />

Il n'y a pas de complications thromboemboliques chez l'enfant non pubère. : il est donc inuti<strong>le</strong> jusqu’à la<br />

puberté de prescrire des anticoagulants. On constate peu de raideurs d'immobilisation. L’enfant<br />

récupère régulièrement une mobilité complète de ses articulations même après une immobilisation<br />

plâtrée prolongée en position non physiologique. Il n’y a donc pas d’indication de kinésithérapie en<br />

traumatologie infanti<strong>le</strong> sauf cas exceptionnel.<br />

Références :<br />

Fractures de l'enfant. Monographie du groupe d'étude en orthopédie pédiatrique. Sauramps médical<br />

éditions (Montpellier) 2002, 213-221.<br />

Chrestian P, de Billy B. Guide Illustré des Fractures des membres de l'enfant. Sauramps médical<br />

éditions (Montpellier) 2002, 148-154.<br />

Métaizeau JP. Les paralysies obstétrica<strong>le</strong>s du p<strong>le</strong>xus brachial. Cahiers d'enseignement de la<br />

SOFCOT n° 45, 1993, 109-124.


C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Pr F.Var<strong>le</strong>t (St Etienne) MAJ : 24/12/2004<br />

Objectifs :<br />

Hernie Pariéta<strong>le</strong><br />

¤ Diagnostic d’une hernie inguina<strong>le</strong> de l’enfant.<br />

¤ Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier <strong>le</strong> suivi du patient.<br />

Sommaire<br />

Faq 1 - Hernies inguina<strong>le</strong>s<br />

Faq 2 - Hernies ombilica<strong>le</strong>s<br />

Faq 3 - Hernies de la ligne blanche<br />

Faq 4 - Malformations de la paroi abdomina<strong>le</strong><br />

Faq 1 - Les hernies inguina<strong>le</strong>s<br />

- La hernie inguina<strong>le</strong> est une pathologie fréquente.<br />

- La hernie inguina<strong>le</strong> chez l’enfant est une pathologie congénita<strong>le</strong> liée à la persistance du canal<br />

péritonéo- vaginal se mettant en place chez l’embryon à la fin du 3ème mois. La paroi musculoaponévrotique<br />

est norma<strong>le</strong> à la différence de la grande majorité des hernies inguina<strong>le</strong>s chez l’adulte.<br />

- Il s’agit d’une pathologie <strong>le</strong> plus souvent bénigne, mais il existe un risque d’étrang<strong>le</strong>ment herniaire<br />

dans 10 à 15 % des cas, mettant en jeu la vitalité de l’intestin mais surtout des gonades, autre<br />

caractéristique de la hernie de l’enfant. Cette complication nécessitera un traitement urgent.<br />

EPIDEMIOLOGIE<br />

· La hernie inguina<strong>le</strong> touche 1 à 4 % des enfants.<br />

· 50 % des hernies inguina<strong>le</strong>s se manifestent avant l’âge d’un an.<br />

· Dans 85 % des cas il s’agit d’un garçon.<br />

· Terrain particulier favorisant la survenue d’une hernie inguina<strong>le</strong> :<br />

- Prématurité :<br />

- dérivation ventriculo-péritonéa<strong>le</strong>.<br />

- Maladies avec anomalie tissulaire :<br />

a) maladie d’Eh<strong>le</strong>r-Danlos, maladie de Marfan<br />

b) mucopolysaccharidose ( Hur<strong>le</strong>r, Hunter)<br />

c) mucoviscidose.<br />

RAPPELS EMBRYOLOGIQUES ET PHYSIOPATHOLOGIQUES DE LA HERNIE INGUINALE CHEZ<br />

L’ENFANT<br />

Chez l’embryon à la fin du 3ème mois, une évagination du péritoine s’effectue dans <strong>le</strong> canal inguinal<br />

jusque dans <strong>le</strong>s bourre<strong>le</strong>ts génitaux, appelée processus vaginalis ou processus vaginal.<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Pr F.Var<strong>le</strong>t (St Etienne) MAJ : 24/12/2004<br />

Ce processus vaginal accompagne <strong>le</strong> gubernaculum testis chez <strong>le</strong> garçon et prend <strong>le</strong> nom de canal<br />

péritonéo-vaginal. Chez la fil<strong>le</strong>, il accompagne <strong>le</strong> ligament rond et s’appel<strong>le</strong> canal de Nück.<br />

NB : pour <strong>le</strong>s schémas suivants, seu<strong>le</strong> sera dessinée la région inguino-scota<strong>le</strong>.<br />

Chez <strong>le</strong> garçon<br />

- La migration du testicu<strong>le</strong> vers la bourse s’effectue aux a<strong>le</strong>ntours du 5ème mois de grossesse, juste<br />

en arrière du canal péritonéo-vaginal,<br />

- En fin de grossesse ou au cours des premiers mois de vie, <strong>le</strong> canal péritonéo-vaginal se résorbe sur<br />

tout son trajet inguinal, ne laissant que la vagina<strong>le</strong> testiculaire,<br />

- L’absence de fermeture du canal péritonéo-vaginal, tota<strong>le</strong> ou partiel<strong>le</strong>, peut aboutir à différentes<br />

pathologies :<br />

· Hernie inguino-scrota<strong>le</strong> par persistance d’un canal péritonéo-vaginal large et total.<br />

· Hernie inguina<strong>le</strong> par persistance d’un canal péritonéo-vaginal large mais seu<strong>le</strong>ment perméab<strong>le</strong><br />

dans sa partie proxima<strong>le</strong>.<br />

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· Hydrocè<strong>le</strong> communicante par persistance d’un canal péritonéo-vaginal fin et total. Le liquide<br />

péritonéal s’accumu<strong>le</strong> au niveau de la vagina<strong>le</strong> testiculaire.<br />

· Kyste du cordon communicant par persistance d’un canal péritonéo-vaginal fin et partiel. Le<br />

liquide péritonéal distend la partie termina<strong>le</strong> du canal, sur <strong>le</strong> trajet du cordon.<br />

Plus rarement, <strong>le</strong> kyste n’est plus communicant.<br />

· Hernie inguina<strong>le</strong> et hydrocè<strong>le</strong> par persistance d’un canal péritonéo-vaginal large dans sa partie<br />

proxima<strong>le</strong>, puis fin dans sa partie dista<strong>le</strong>.<br />

· La hernie inguina<strong>le</strong> chez l’enfant suit <strong>le</strong> trajet du canal inguinal, oblique en haut et en dehors : c’est<br />

une hernie oblique externe.<br />

Chez la fil<strong>le</strong><br />

Le canal de Nück se résorbe à la fin de la grossesse ou au cours des premiers mois de la vie, fermant<br />

la cavité péritonéa<strong>le</strong>.<br />

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La persistance du canal de Nück peut aboutir à plusieurs pathologies :<br />

· Hernie inguina<strong>le</strong> par persistance d’un canal de Nück large. Au cours de la première année de la vie,<br />

il s’agit <strong>le</strong> plus souvent d’une hernie de l’ovaire,<br />

alors qu’après un an il s’agit d’une hernie à contenu intestinal.<br />

· Kyste du canal de Nück par persistance d’un canal de Nück fin. Ce kyste est exceptionnel.<br />

HISTOIRE NATURELLE<br />

Guérison spontanée<br />

Il existe une possibilité de guérison spontanée d’une hernie inguina<strong>le</strong> chez l’enfant pour un canal<br />

péritonéo-vaginal de petite tail<strong>le</strong>.<br />

En fait, <strong>le</strong> taux de guérison spontanée est faib<strong>le</strong>.<br />

Etrang<strong>le</strong>ment herniaire<br />

L’histoire naturel<strong>le</strong> d’une hernie inguina<strong>le</strong> est dominée par <strong>le</strong> risque d’étrang<strong>le</strong>ment herniaire,. Cette<br />

complication survient dans 30 % des cas avant l’âge de 1 an. El<strong>le</strong> est parfois révélatrice de la hernie<br />

inguina<strong>le</strong>.<br />

L’étrang<strong>le</strong>ment survient lorsqu’un conflit se produit entre <strong>le</strong> contenu herniaire et l’orifice de passage au<br />

niveau du canal inguinal ( col<strong>le</strong>t de la hernie). Le risque est plus é<strong>le</strong>vé lorsqu’il s’agit d’une hernie à<br />

col<strong>le</strong>t étroit. Lorsque ce conflit s’accentue la hernie inguina<strong>le</strong> devient diffici<strong>le</strong> à réduire en raison des<br />

phénomènes inflammatoires, mais ceci reste possib<strong>le</strong> par une pression appuyée sur la hernie<br />

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inguina<strong>le</strong> : c’est <strong>le</strong> stade de la hernie engouée.<br />

Si cette hernie inguina<strong>le</strong> engouée n’est pas traitée, la réaction inflammatoire s’aggrave au niveau du<br />

col<strong>le</strong>t avec diminution du retour veineux mésentérique, diminution de l’apport artériel mésentérique et<br />

gonadique, puis arrêt total avec ischémie intestina<strong>le</strong> et gonadique : la hernie inguina<strong>le</strong> est alors<br />

étranglée et définitivement irréductib<strong>le</strong>.<br />

DIAGNOSTIC POSITIF<br />

Garçon<br />

· Circonstance de découverte :<br />

- Tuméfaction inguina<strong>le</strong> intermittente remarquée par <strong>le</strong>s parents, lors des cris ou des efforts de<br />

poussées (changes, bain, etc…),<br />

- Dou<strong>le</strong>urs inguina<strong>le</strong>s ou abdomina<strong>le</strong>s.<br />

· Examen clinique :<br />

- Tuméfaction inguina<strong>le</strong> ou inguino-scrota<strong>le</strong> , arrondie, mol<strong>le</strong>, indolore, intermittente,<br />

- Tuméfaction réductib<strong>le</strong> soit spontanément, soit par pression douce vers <strong>le</strong> haut et en dehors (axe<br />

du canal inguinal), avec sensation de gargouil<strong>le</strong>ment témoignant de la présence intestina<strong>le</strong>;<br />

- Tuméfaction impulsive aux cris chez <strong>le</strong> nourrisson, à la toux chez l’enfant plus grand ;<br />

- Le testicu<strong>le</strong> homolatéral est palpé dans la bourse ;<br />

- Si la hernie n’est pas extériorisée au moment de l’examen, en l’absence de signe évident, on peut<br />

éventuel<strong>le</strong>ment demander aux parents de faire une photo lorsqu’ils voient la tuméfaction.<br />

- Examen de la région inguina<strong>le</strong> controlatéra<strong>le</strong> ;<br />

- Quand <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong> est haut situé, il peut être diffici<strong>le</strong> de distinguer si la tuméfaction est liée seu<strong>le</strong>ment<br />

à la cryptorchidie ou si cel<strong>le</strong>-ci est associée à une hernie inguina<strong>le</strong>.<br />

Fil<strong>le</strong><br />

· Nouveau-nés et nourrissons : hernie de l’ovaire <strong>le</strong> plus souvent<br />

- Tuméfaction inguina<strong>le</strong> ou au niveau de la grande lèvre, ferme, ovalaire, bien limitée, roulant sous <strong>le</strong><br />

doigt,<br />

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- Lors de l’examen l’ovaire peut fuir sous <strong>le</strong>s doigts et se réintégrer dans la cavité abdomina<strong>le</strong> ;<br />

- En dehors de ce cas là, il ne faut pas forcer pour réduire cette hernie de l’ovaire, contrairement aux<br />

hernies inguina<strong>le</strong>s à contenu intestinal, sinon on risque de traumatiser l’ovaire voire d’entraîner une<br />

torsion d’annexe ;<br />

- Examen controlatéral à la recherche d’une hernie de l’ovaire bilatéra<strong>le</strong>, fréquente chez <strong>le</strong> prématuré ;<br />

· Au-delà d’un an, environ : la hernie inguina<strong>le</strong> est alors à contenu intestinal et el<strong>le</strong> a <strong>le</strong>s mêmes<br />

caractéristiques que chez <strong>le</strong> garçon.<br />

Le diagnostic positif<br />

Il repose essentiel<strong>le</strong>ment sur l’examen clinique (interrogatoire et signes physiques). Il n’y a pas de<br />

place pour <strong>le</strong>s examens complémentaires. L’échographie est inuti<strong>le</strong> si l’examen clinique est bien<br />

conduit .<br />

DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL<br />

Autres formes de hernie<br />

· Hernie inguina<strong>le</strong> directe :<br />

- Très rare chez l’enfant contrairement à l’adulte,<br />

- Correspondant à un déficit musculo-aponévrotique ;<br />

· Hernie crura<strong>le</strong> ou fémora<strong>le</strong> :<br />

- Rare chez l’enfant (0,5 % des hernies de l’aine), touche plutôt <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s et <strong>le</strong> côté droit,<br />

- La tuméfaction est située sous la ligne de Malgaigne ( tendue entre l’épine iliaque antéro-supérieure<br />

et l’épine du pubis), et en dedans des vaisseaux fémoraux;<br />

L’hydrocè<strong>le</strong><br />

Ligne de Malgaigne = arcade fémora<strong>le</strong><br />

La tuméfaction est localisée à la bourse, alors que la région inguina<strong>le</strong> est norma<strong>le</strong>. Cette tuméfaction<br />

est ferme, lisse et surtout transilluminab<strong>le</strong>.<br />

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Kyste du cordon<br />

Tuméfaction sur <strong>le</strong> trajet du cordon spermatique, arrondie, lisse, ferme, parfois sensib<strong>le</strong>, située entre<br />

l’orifice inguinal superficiel et <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong>, palpé de manière indépendante.<br />

Le kyste du cordon est transilluminab<strong>le</strong> s’il est proche de la bourse. S’il se trouve à proximité de<br />

l’orifice inguinal cet examen ne pourra pas être réalisé, et on fera <strong>le</strong> diagnostic de kyste du cordon car<br />

celui-ci est abaissab<strong>le</strong> et laisse libre l’orifice inguinal superficiel.<br />

Ectopie testiculaire ou cryptorchidie<br />

L’examen doit toujours commencer par palper <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong> dans la bourse afin d’éviter de confondre<br />

une simp<strong>le</strong> cryptorchidie avec une hernie inguina<strong>le</strong>.<br />

Adénopathies inguina<strong>le</strong>s<br />

La tuméfaction est alors plus externe, souvent multip<strong>le</strong> et parfois fixée au plan profond si el<strong>le</strong> est<br />

inflammatoire.<br />

Les adénopathies inguina<strong>le</strong>s se voient surtout après l’âge de 1 ou 2 ans.<br />

COMPLICATION L’étrang<strong>le</strong>ment<br />

· Diagnostic positif<br />

- P<strong>le</strong>urs inhabituels du nourrisson<br />

- Vomissements parfois ;<br />

- Tuméfaction douloureuse, dure, tendue, irréductib<strong>le</strong> ;<br />

- Si <strong>le</strong> diagnostic n’est pas fait dans <strong>le</strong>s premières heures, <strong>le</strong>s signes occlusifs vont s’instal<strong>le</strong>r avec<br />

vomissements et arrêt des matières et des gaz ;<br />

- Augmentation de volume du testicu<strong>le</strong> ou de l’ovaire<br />

· Diagnostic différentiel<br />

- L’étrang<strong>le</strong>ment herniaire est à évoquer devant toute tuméfaction inguina<strong>le</strong> douloureuse,<br />

- Chez <strong>le</strong> nourrisson, il peut être parfois diffici<strong>le</strong> de différencier en urgence un kyste du cordon un<br />

peu inflammatoire et une hernie inguina<strong>le</strong> étranglée. C’est <strong>le</strong> seul cas où une échographie peut<br />

éventuel<strong>le</strong>ment rendre service ;<br />

- La torsion du pédicu<strong>le</strong> spermatique sur cryptorchidie ou ectopie testiculaire est possib<strong>le</strong>, mais<br />

l’absence de testicu<strong>le</strong> dans la bourse est très évocatrice.<br />

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TRAITEMENT<br />

But<br />

Chez l’enfant, <strong>le</strong> but du traitement est la résection du canal péritonéo-vaginal ou du canal de Nück ; ce<br />

traitement est suffisant en soi et contrairement à l’adulte la réfection pariéta<strong>le</strong> est inuti<strong>le</strong>.<br />

Modalités<br />

L’intervention peut être faite, après 6 mois, en ambulatoire.<br />

L »anesthésie est <strong>le</strong> plus souvent une anesthésie loco- régiona<strong>le</strong> complétée par une anesthésie<br />

généra<strong>le</strong> légère.<br />

Technique<br />

Incision horizonta<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> pli abdominal inférieur, puis résection du processus vaginal avec ou sans<br />

ouverture du canal inguinal.<br />

Indications<br />

Malgré la possibilité théorique de guérison spontanée, toute hernie inguina<strong>le</strong> diagnostiquée doit<br />

être opérée pour éviter tout risque d’étrang<strong>le</strong>ment herniaire.<br />

· Hernie inguina<strong>le</strong> non compliquée<br />

- Programmation de l’intervention dans <strong>le</strong>s jours ou <strong>le</strong>s semaines qui suivent,<br />

- Expliquer à la famil<strong>le</strong> comment réduire une hernie inguina<strong>le</strong> :<br />

a) Après <strong>le</strong> biberon ou <strong>le</strong> repas pour éviter la récidive immédiate,<br />

b) En poussant la hernie inguina<strong>le</strong> et en haut et en dehors.<br />

- Expliquer à la famil<strong>le</strong> <strong>le</strong>s signes d’une hernie étranglée et la nécessité d’un traitement en urgence,<br />

- Les techniques modernes d’anesthésie loco-régiona<strong>le</strong>s ont considérab<strong>le</strong>ment diminué <strong>le</strong> risque<br />

anesthésique : on peut donc opérer <strong>le</strong>s jeunes nourrissons à partir du moment où il existe une équipe<br />

de médecins anesthésistes spécialisés chez l’enfant,<br />

- Chez <strong>le</strong> prématuré l’intervention est effectuée avant la sortie de l’hôpital lorsque l’enfant pèse plus de<br />

2000 g. En dessous de ce poids, il existe un risque de décompensation d’un état respiratoire précaire<br />

pouvant nécessiter une nouvel<strong>le</strong> intubation prolongée.<br />

· Hernie de l’ovaire non compliquée<br />

L’intervention est programmée « en semi urgence », dans <strong>le</strong>s 2-3 jours qui suivent <strong>le</strong> diagnostic pour<br />

éviter tout risque d’étrang<strong>le</strong>ment, compromettant la vitalité de la gonade dans un très grand nombre<br />

de cas, même opérée en urgence.<br />

· Hernie inguina<strong>le</strong> compliquée<br />

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- Il faut adresser l’enfant en urgence vers un centre spécialisé,<br />

- S’il n’y a pas de signes faisant craindre une nécrose intestina<strong>le</strong>,on peut tenter de réduire cette hernie<br />

par taxis thérapeutique :<br />

a) Prémédication par Valium * intra rectal ( 0,5 mg / kg ),<br />

b) Repos pendant 30 minutes au calme dans une pièce sombre,<br />

c) Réalisation d’une pression ferme et prolongée en haut et en dehors, toujours dans<br />

l’axe du canal inguinal, pour essayer de réintégrer <strong>le</strong> contenu de la hernie,<br />

d) 2 possibilités :<br />

* <strong>le</strong> taxis thérapeutique est efficace et la hernie inguina<strong>le</strong> est<br />

réduite : il s’agissait d’une hernie engouée, et la cure chirurgica<strong>le</strong><br />

sera envisagée dans <strong>le</strong>s 2-3 jours qui suivent ;<br />

* la réduction est impossib<strong>le</strong> : c’est une hernie inguina<strong>le</strong> étranglée<br />

nécessitant une intervention en urgence.<br />

e) Contre-indications du taxis thérapeutique :<br />

* hernie de l’ovaire étranglée, car la pression appuyée a toutes <strong>le</strong>s<br />

chances d’endommager définitivement la gonade,<br />

* hernie inguina<strong>le</strong> étranglée très évoluée avec des signes locaux<br />

très inflammatoires, un syndrome occlusif franc et une altération de<br />

l’état général. L’enfant sera opéré seu<strong>le</strong>ment après réanimation et<br />

corrections des troub<strong>le</strong>s hydro-é<strong>le</strong>ctrolytiques.<br />

· Hernie inguina<strong>le</strong> et cryptorchidie<br />

Réalisation de la cure chirurgica<strong>le</strong> de la hernie inguina<strong>le</strong> et abaissement testiculaire dans <strong>le</strong> même<br />

temps.<br />

SUITES<br />

Hernie inguina<strong>le</strong> non compliquée<br />

- Les suites opératoires sont simp<strong>le</strong>s dans la très grande majorité des cas, sans séquel<strong>le</strong>, avec un bon<br />

résultat sur <strong>le</strong> plan cicatriciel :<br />

- Complications:<br />

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Suivi<br />

- Consultation de contrô<strong>le</strong> 1 mois ou 2 après l’intervention pour vérifier la bonne position du<br />

testicu<strong>le</strong> dans la bourse et sa bonne trophicité,<br />

- Consultation 6 mois ou 1 an après <strong>le</strong> traitement d’une hernie inguina<strong>le</strong> étranglée pour être<br />

certain de la bonne vitalité du testicu<strong>le</strong>.<br />

L’ESSENTIEL<br />

- Pathologie très fréquente liée à une absence de fermeture du canal péritonéo- vaginal,<br />

- Pathologie bénigne <strong>le</strong> plus souvent ;<br />

- Mais risque vital intestinal et gonadique en cas d’étrang<strong>le</strong>ment herniaire;<br />

- Le diagnostic positif d’une hernie inguina<strong>le</strong> est clinique, de même que <strong>le</strong> diagnostic différentiel ;<br />

aucun examen complémentaire n’est à prescrire ;<br />

- Toute hernie inguina<strong>le</strong> constatée doit être opérée ;<br />

- L’ étrang<strong>le</strong>ment herniaire doit être réduit en urgence.<br />

Faq 2 - Hernie ombilica<strong>le</strong><br />

INTRODUCTION<br />

La hernie ombilica<strong>le</strong> est une pathologie très fréquente chez l’enfant. El<strong>le</strong> correspond à une hernie au<br />

travers de l’orifice ombilical, où était située la hernie physiologique chez l’embryon, et où passaient <strong>le</strong>s<br />

vaisseaux ombilicaux et l’ouraque chez <strong>le</strong> fœtus.<br />

EVOLUTION NATURELLE et FREQUENCE<br />

La hernie ombilica<strong>le</strong> apparaît <strong>le</strong> plus souvent dès <strong>le</strong>s premières semaines de vie, puis augmente<br />

progressivement de volume. L’évolution se fait, dans la grande majorité des cas, vers la guérison<br />

spontanée avec fermeture progressive de l’anneau ombilical au cours des deux premières années de<br />

la vie. Dans la race noire, il faut souvent attendre l’âge de six – sept ans avant d’observer la<br />

disparition de cette hernie.<br />

La hernie ombilica<strong>le</strong> se rencontre autant chez la fil<strong>le</strong> que chez <strong>le</strong> garçon et touche 15-20% de la<br />

population infanti<strong>le</strong> née à terme. El<strong>le</strong> est beaucoup plus fréquente chez <strong>le</strong> prématuré puisqu’el<strong>le</strong><br />

concerne 80% des enfants de moins de 1500g.<br />

CLINIQUE<br />

L’enfant présente une tuméfaction centrée sur l’ombilic, intermittente et s’extériorisant aux p<strong>le</strong>urs ou à<br />

la poussée abdomina<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> <strong>le</strong> déplisse et <strong>le</strong> retourne <strong>le</strong> plus souvent.<br />

A la palpation, il s’agit d’une tuméfaction mol<strong>le</strong> que l’on peut réduire faci<strong>le</strong>ment, tout en percevant des<br />

bruits hydro-aériques, car <strong>le</strong> contenu est intestinal. Après réduction, on sent <strong>le</strong> col<strong>le</strong>t herniaire sous<br />

forme d’un anneau dur dont on peut mesurer <strong>le</strong>s dimensions. Un diastasis des droits est souvent<br />

associé.<br />

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Le nourrisson ne se plaint pas lorsque la hernie est extériorisée alors que chez <strong>le</strong> grand enfant une<br />

gêne douloureuse peut survenir.<br />

L’étrang<strong>le</strong>ment herniaire est exceptionnel et se traduirait par des dou<strong>le</strong>urs très vives et une<br />

irréductibilité à l’examen, puis par un syndrome occlusif si <strong>le</strong> diagnostic était tardif.<br />

TRAITEMENT<br />

L’abstention thérapeutique est la règ<strong>le</strong> dans l’immense majorité des cas jusqu’à l’âge de deux ans,<br />

même si la hernie est très volumineuse et inquiète beaucoup la famil<strong>le</strong> (figure n° 30-31) ; même dans<br />

cette situation, un très grand nombre de hernies ombilica<strong>le</strong>s guérit spontanément. Il faut donc<br />

s’attacher à rassurer <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>s faire patienter. Certains proposent de mettre en place un<br />

bandage herniaire, mais il est inefficace et peut être à l’origine de lésions cutanées.<br />

Le traitement chirurgical est en général indiqué après l’âge de deux ans si la hernie persiste.<br />

L’intervention consiste à réséquer <strong>le</strong> sac herniaire péritonéal et à fermer l’anneau ombilical par suture<br />

musculo-aponévrotique.<br />

SUIVI<br />

L’évolution est favorab<strong>le</strong> dans la plupart des cas et <strong>le</strong>s récidives sont exceptionnel<strong>le</strong>s.<br />

L’ESSENTIEL<br />

- Pathologie très fréquente et bénigne.<br />

- Diagnostic clinique.<br />

- Abstention thérapeutique <strong>le</strong> plus souvent.<br />

- Indication opératoire après l’âge de deux ans.<br />

Faq 3- Hernie épigastrique ou Hernie de la ligne blanche<br />

La hernie épigastrique correspond à un orifice anormal sur la ligne blanche, entre l’appendice<br />

xiphoïde et l’ombilic, au travers duquel s’extériorise de la graisse pré-péritonéa<strong>le</strong> ou parfois de<br />

l’épiploon.<br />

L’enfant ou sa famil<strong>le</strong> remarque une tuméfaction sous-cutanée, arrondie, ferme, et sensib<strong>le</strong> à la<br />

palpation. Les phénomènes douloureux surviennent volontiers lors des activités sportives. La<br />

réduction de ces hernies est souvent diffici<strong>le</strong> du fait de la sensibilité à la pression et n’est pas<br />

indispensab<strong>le</strong>, ne contenant pas d’élément nob<strong>le</strong>.<br />

L’indication opératoire est posée si la hernie épigastrique devient trop gênante ; l’orifice musculoaponévrotique<br />

est suturé après avivement de ses berges.<br />

Faq 4- Malformation de la paroi abdomina<strong>le</strong> antérieure<br />

La paroi abdomina<strong>le</strong> antérieure peut être <strong>le</strong> siège de malformations graves, mettant en jeu <strong>le</strong> pronostic<br />

vital de l’enfant dans certains cas, et <strong>le</strong> pronostic fonctionnel de certains organes dans d’autres cas.<br />

Trois malformations sont à connaître :<br />

- l’omphalocè<strong>le</strong><br />

- <strong>le</strong> laparoschisis<br />

- et l’exstrophie vésica<strong>le</strong><br />

Leur prise en charge a été complètement modifiée depuis l’apparition de l’échographie antenata<strong>le</strong> et<br />

el<strong>le</strong> relève maintenant d’équipes très spécialisées, dans <strong>le</strong> cadre de la Médecine Fœta<strong>le</strong>, comprenant<br />

obstétriciens, généticiens, échographistes, réanimateurs et chirurgiens pédiatres.<br />

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Auteur : Pr. A. Bourrillon (Hôpital Robert DEBRE - Paris) MAJ : 22/09/2005<br />

Objectifs :<br />

Infection broncho-pulmonaires du nourrisson, de l’enfant – Item 86<br />

Objectifs de l'ECN :<br />

- Diagnostiquer une bronchiolite du nourrisson, une pneumopathie, une broncho-pneumopathie de<br />

l’enfant (ou de l’adulte).<br />

- Identifier <strong>le</strong>s situations d’urgence et planifier <strong>le</strong>ur prise en charge.<br />

- Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier <strong>le</strong> suivi du patient.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

I - Bronchiolite aigue du nourrisson<br />

Faq 1 - Diagnostiquer une bronchiolite (du nourrisson)<br />

Faq 2 - Identifier lors d'une bronchiolite <strong>le</strong>s situations d'urgence et <strong>le</strong>s critères de sévérité<br />

pouvant justifier d'une hospitalisation.<br />

Faq 3 - Argumenter l'attitude thérapeutique devant une bronchiolite<br />

Faq 4 - Planifier <strong>le</strong> suivi d'une bronchiolite<br />

II- Pneumonies aigues communautaires<br />

Faq 5 - Diagnostiquer une pneumonie<br />

Faq 6 - Identifier lors d'une pneumonie <strong>le</strong>s situations d'urgence requérant un avis spécialisé<br />

aux urgences pédiatriques ou une hospitalisation<br />

Faq 7 - Argumenter l'attitude thérapeutique devant une pneumonie<br />

Conclusions<br />

Références<br />

Introduction<br />

Les infections broncho-pulmonaires sont fréquentes et potentiel<strong>le</strong>ment graves chez <strong>le</strong>s enfants du<br />

monde entier. El<strong>le</strong>s posent des problèmes spécifiques bien différents de ceux de l'adulte.<br />

En Europe, l'incidence annuel<strong>le</strong> chez <strong>le</strong>s enfants âgés de moins de 5 ans est de 35 à 40 cas pour<br />

1000, plus é<strong>le</strong>vée qu'à tout autre âge de la vie.<br />

Dans <strong>le</strong>s pays en développement l'incidence de ces infections est encore plus importante et comporte<br />

un risque é<strong>le</strong>vé de mortalité chez <strong>le</strong>s enfants de moins de 5 ans. Ainsi, l'OMS a pu évaluer à plus de<br />

quatre millions d'enfants par an (ou plus de 10 000 enfants par jour) <strong>le</strong> nombre de décès liés aux<br />

pneumopathies.<br />

Le diagnostic des infections broncho-pulmonaires et <strong>le</strong>ur évaluation étiologique, nécessitent une<br />

extrême rigueur d'analyse sémiologique, clinique et radiologique.<br />

Les stratégies antibiotiques doivent être adaptées selon des données épidémiologiques actualisées<br />

mais de recueil souvent diffici<strong>le</strong>.<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Pr. A. Bourrillon (Hôpital Robert DEBRE - Paris) MAJ : 22/09/2005<br />

I - Bronchiolite aigue du nourrisson<br />

Le terme de bronchiolite regroupe l'ensemb<strong>le</strong> des bronchopathies obstructives habituel<strong>le</strong>ment liées au<br />

virus respiratoire syncitial (VRS).<br />

Ce terme suggérant l'existence de lésions inflammatoires spécifiques est cependant utilisé pour définir<br />

un syndrome clinique regroupant :<br />

- une dyspnée avec polypnée,<br />

- un freinage expiratoire,<br />

- des sibilants diffus souvent audib<strong>le</strong>s à distance (wheezing) et associés à des degrés divers à des<br />

crépitants et/ou sous-crépitants (« broncho-alvéolite »).<br />

Le terme de bronchiolite aigue est actuel<strong>le</strong>ment relié au seul premier épisode de détresse respiratoire<br />

fébri<strong>le</strong> avec sibilants survenant chez un enfant âgé de moins de 2 ans.<br />

Epidémiologie<br />

On évalue à environ 460 000 nourrissons par an (30 % des nourrissons) <strong>le</strong> nombre d'enfants atteints<br />

de bronchiolite. L'âge habituel de cette affection se situe entre 2 et 8 mois.<br />

Le VRS est l'agent infectieux principal des bronchiolites hiverna<strong>le</strong>s (70 à 80 % des cas) mais d'autres<br />

virus peuvent être responsab<strong>le</strong>s notamment <strong>le</strong> virus para-influenzae (5 à 20 % des cas).<br />

Physiopathologie<br />

Le VRS se transmet soit directement par <strong>le</strong>s secrétions contaminées, soit indirectement par <strong>le</strong>s mains<br />

ou <strong>le</strong> matériel souillé.<br />

L'incubation est de 2 à 8 jours et l'élimination vira<strong>le</strong> d'environ une semaine, mais peut être plus<br />

prolongée.<br />

L'obstruction des voies aériennes est à la fois :<br />

- endolumina<strong>le</strong> (bouchon muqueux par nécrose, infiltration cellulaire, oedème et hypersecrétion<br />

muqueuse et sous-muqueuse)<br />

- et mura<strong>le</strong> (inflammation).<br />

L'hyperréactivité bronchique ne joue qu'un rô<strong>le</strong> mineur du fait du faib<strong>le</strong> développement de la<br />

musculature lisse à cet âge.<br />

L'immunité acquise au décours des bronchiolites aigues à VRS (anticorps neutralisants) est<br />

incomplète et de brève durée.<br />

Les facteurs de risque<br />

Les facteurs de risque de survenue d'une bronchiolite (ou de récidives de cel<strong>le</strong>s-ci) sont :<br />

- avant tout environnementaux : mode de garde en col<strong>le</strong>ctivité ; transport en commun, tabagisme<br />

passif<br />

- mais aussi probab<strong>le</strong>ment liés à des anomalies respiratoires pré-existantes ou un déséquilibre<br />

immunitaire TH1/TH2.<br />

Faq 1 - Diagnostiquer une bronchiolite (du nourrisson)<br />

Le diagnostic est avant tout clinique.<br />

Le début de la maladie se limite <strong>le</strong> plus souvent à une rhinopharyngite peu fébri<strong>le</strong> avec toux, puis :<br />

La polypnée avec freinage expiratoire et <strong>le</strong>s râ<strong>le</strong>s sibilants parfois audib<strong>le</strong>s à distance (wheezing)<br />

témoignent de l'atteinte bronchiolaire.<br />

Les râ<strong>le</strong>s crépitants (secs, inspiratoires) et/ou sous-crépitants évoquent l'atteinte alvéolaire<br />

éventuel<strong>le</strong>ment associée (bronchoalvéolite).<br />

Jusqu'à l'âge d'un an, l'auscultation peut être limitée aux seuls sibilants expiratoires. El<strong>le</strong> peut être<br />

si<strong>le</strong>ncieuse dans <strong>le</strong>s formes graves avec spasme bronchique et thorax distendu.<br />

Les éléments d'anamnèse uti<strong>le</strong>s pour l'orientation diagnostique sont <strong>le</strong> contexte épidémique et la<br />

notion de premier épisode de ce type<br />

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Les examens complémentaires sont <strong>le</strong> plus souvent inuti<strong>le</strong>s en ambulatoire.<br />

Ils peuvent contribuer à l'argumentation diagnostique en cas d'hospitalisation :<br />

- La radiographie thoracique confirme <strong>le</strong> mécanisme de l'atteinte bronchiolaire prédominante si :<br />

• distension thoracique bilatéra<strong>le</strong><br />

• hyperclarté des deux champs pulmonaires<br />

• élargissement des espaces intercostaux<br />

• abaissement des coupo<strong>le</strong>s diaphragmatiques<br />

El<strong>le</strong> n'a un apport réel que dans <strong>le</strong>s détresses respiratoires <strong>le</strong>s plus sévères au cours desquel<strong>le</strong>s la<br />

coexistence d'une até<strong>le</strong>ctasie ou d'un foyer de condensation rétracti<strong>le</strong> laisse craindre une surinfection<br />

bactérienne.<br />

- NFS et CRP sont d'un intérêt limité.<br />

- La recherche étiologique d'antigènes du VRS dans <strong>le</strong>s secrétions rhinopharyngées (techniques<br />

d'immunofluorescence) n'a qu'un appoint épidémiologique.<br />

- L'examen cytobactériologique quantitatif des crachats (ECBC) peut aider dans <strong>le</strong>s formes <strong>le</strong>s plus<br />

sévères à guider l'antibiothérapie initia<strong>le</strong>ment probabiliste d'une éventuel<strong>le</strong> surinfection bactérienne.<br />

Faq 2 - Identifier lors d'une bronchiolite <strong>le</strong>s situations d'urgence et <strong>le</strong>s critères<br />

de sévérité pouvant justifier d'une hospitalisation.<br />

1. Certains sont liés au terrain :<br />

- âge : moins de 6 semaines<br />

- prématurité : moins de 34 semaines d'aménorrhée, âge corrigé : moins de 3 mois<br />

- cardiopathie sous-jacente (ce d'autant qu'il existe une hypertension artériel<strong>le</strong> pulmonaire<br />

associée)<br />

- affections pulmonaires chroniques graves : dysplasie broncho-pulmonaire, mucoviscidose<br />

2. D'autres sont liés à la sévérité de la détresse respiratoire ou à des signes associés :<br />

- fréquence respiratoire > 60 c/mn,<br />

- apnées,<br />

- signes cliniques d'hypoxie (cyanose) ou d'hypercapnie (sueurs, agitation , troub<strong>le</strong>s de la<br />

conscience) ; saturation artériel<strong>le</strong> transcutanée en oxygène inférieure à < 95 % sous air.<br />

- mauvaise prise des biberons (moins du tiers des biberons à 3 biberons successifs)<br />

- troub<strong>le</strong>s digestifs (diarrhée aigue si gastro-entérite vira<strong>le</strong> associée, avec risque de déshydratation)<br />

3. Enfin, peuvent intervenir des conditions socio-économiques ou d'environnement défavorab<strong>le</strong>s :<br />

- capacité de la famil<strong>le</strong> réduite en terme de surveillance, de compréhension, et d'accès aux soins ;<br />

- conditions de vie de l'enfant si famil<strong>le</strong> inapte à une prise en charge thérapeutique correcte ;<br />

- difficultés du lien médical.<br />

Faq 3 - Argumenter l'attitude thérapeutique devant une bronchiolite<br />

Le traitement est avant tout symptomatique, adapté aux mécanismes physiopathologiques de la<br />

maladie.<br />

1. La désobstruction<br />

Ce traitement repose essentiel<strong>le</strong>ment sur la kinésithérapie respiratoire, indispensab<strong>le</strong> à la phase<br />

obstructive et hypersécrétante de la maladie.<br />

El<strong>le</strong> repose sur <strong>le</strong>s techniques de désobstruction :<br />

- des voies aériennes supérieures : désobstruction rhinopharyngée (DRP) associée à des<br />

instillations loca<strong>le</strong>s de sérum physiologique<br />

- des voies aériennes inférieures : basée sur <strong>le</strong>s techniques d'accélération du flux expiratoire avec<br />

toux provoquée visant à obtenir l'expectoration.<br />

La prescription doit être initia<strong>le</strong>ment biquotidienne, urgente, au domici<strong>le</strong> du kinésithérapeute pour un<br />

nombre limité de séances ; à renouve<strong>le</strong>r selon l'évolution.<br />

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2. Hydratation<br />

Le maintien d'une hydratation adéquate, est éga<strong>le</strong>ment indispensab<strong>le</strong> pour la fluidification des<br />

secrétions.<br />

Cel<strong>le</strong>-ci est obtenue, si nécessaire, par fractionnement des repas, éventuel<strong>le</strong>ment épaissis (si reflux<br />

gastro-oesophagien associé ou majoré), voire en cas d'hospitalisation, par alimentation entéra<strong>le</strong> (par<br />

sonde gastrique) ou par perfusion parentéra<strong>le</strong>.<br />

3. La position idéa<strong>le</strong> de couchage est <strong>le</strong> proclive dorsal à 30°.<br />

4. L'environnement doit être protégé des inhalations passives de tabac et permettre une aération<br />

correcte de la chambre à une température n'excédant pas 19°C.<br />

5. Le traitement médicamenteux est rarement efficace :<br />

Il peut être celui de l'hyperréactivité bronchique<br />

Bronchodilateurs<br />

Les ß2-mimétiques ont un intérêt controversé chez <strong>le</strong> nourrisson : il n'y a pas de critères formels pour<br />

distinguer « répondeurs » et « non répondeurs ».<br />

Le Salbutamol en ambulatoire par voie inhalée (Babyha<strong>le</strong>r) ou par aérosols (si hospitalisation : 0,03<br />

ml/kg 4 fois par jour) est <strong>le</strong> plus utilisé.<br />

Ce traitement n'a actuel<strong>le</strong>ment plus sa place dans la stratégie de prise en charge d'une première<br />

bronchiolite aigue.<br />

L'efficacité des corticoïdes (par voie systémique ou inhalée) n'a pas été démontrée pour <strong>le</strong> traitement<br />

d'un premier épisode de bronchiolite.<br />

Les antibiotiques ne doivent en aucun cas répondre à une prescription systématique.<br />

L'indication ne se discute que dans <strong>le</strong>s situations laissant suspecter une surinfection bactérienne :<br />

- fièvre >= 38,5°C pendant plus de 3 jours<br />

- otite moyenne aigue puru<strong>le</strong>nte associée<br />

- atteinte parenchymateuse pulmonaire (foyer ou até<strong>le</strong>ctasie) radiologiquement documentée<br />

- élévation de la CRP et/ou des polynucléaires neutrophi<strong>le</strong>s.<br />

- pathologie pulmonaire ou cardiaque sous jacente.<br />

Les antibiotiques doivent alors être adaptés aux germes de surinfection <strong>le</strong>s plus fréquemment en<br />

cause (haemophilus influenzae, Streptococcus pneumoniae, plus rarement Moraxella catarhallis) et à<br />

<strong>le</strong>ur niveau de résistance aux ß-lactamines.<br />

L'amoxicilline-acide clavulanique, <strong>le</strong> céfuroxime axetil et <strong>le</strong> cepdoxime-proxetil sont <strong>le</strong>s antibiotiques<br />

oraux <strong>le</strong>s plus adaptés, discutés dans chaque situation au cas par cas.<br />

Les antitussifs, <strong>le</strong>s mucolytiques et <strong>le</strong>s mucorégulateurs n'ont aucune indication dans <strong>le</strong><br />

traitement des bronchiolites aiguës du nourrisson.<br />

Attitude thérapeutique hospitalière<br />

Le traitement vise à intensifier <strong>le</strong>s mesures thérapeutiques symptomatiques ambulatoires :<br />

- kinésithérapie répétée (au moins 2 fois par jour)<br />

- oxygénothérapie (lunettes nasa<strong>le</strong>s) si désaturation (SaO2 inférieure à 95%) et sous surveillance de<br />

la saturation artériel<strong>le</strong> transcutanée en oxygène.<br />

- aérosols de ß2-mimétiques répétés (toutes <strong>le</strong>s 4 puis toutes <strong>le</strong>s 6 heures) si une efficacité est<br />

constatée sur <strong>le</strong>s manifestations cliniques d'hyperréactivité bronchique.<br />

- maintien de l'hydratation et d'une nutrition continue au besoin par gavages ou perfusion.<br />

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Faq 4 - Planifier <strong>le</strong> suivi d'une bronchiolite<br />

Surveillance immédiate<br />

Les critères de surveillance sont avant tout cliniques :<br />

• En ambulatoire : température, fréquence respiratoire, qualité de la prise des biberons, du sommeil,<br />

des sel<strong>le</strong>s (si gastro-entérite aiguë associée).<br />

• A l'hôpital : fréquence respiratoire (apnées) et cardiaques, qualité de la prise des biberons, SaO2<br />

tc<br />

Le signes d'a<strong>le</strong>rte sont liés<br />

A court terme :<br />

- aux complications infectieuses (notamment si atteinte parenchymateuse pulmonaire associée)<br />

- surtout à la sévérité de la détresse respiratoire par majoration de l'encombrement bronchique ou<br />

survenue d'apnées (nourrisson de moins de 3 mois).<br />

L'indication d'une hospitalisation en réanimation (en fait très rare) est alors justifiée.<br />

A moyen terme, <strong>le</strong> suivi est relié à la permanence de l'hyperréactivité bronchique ou à l'allure évolutive<br />

de récidives marquant l'entrée dans la maladie asthmatique (asthme du nourrisson).<br />

A long terme, <strong>le</strong> pronostic est celui d'un asthme éventuel d'autant plus qu'il existe un terrain atopique<br />

personnel ou familial.<br />

Ce risque global est évalué à 25 %.<br />

TRAITEMENT PREVENTIF<br />

• Il n'y a pas de vaccin anti-VRS actuel<strong>le</strong>ment disponib<strong>le</strong>.<br />

• L'efficacité actuel<strong>le</strong> de traitements antiviraux reste très discutée. L'indication des anticorps<br />

monoclonaux anti-VRS est limitée aux seuls anciens prématurés de moins de 32 semaines<br />

d'aménorrhée et à certains enfants atteints de dysplasie bronchopulmonaire.<br />

II- Pneumonies aigues communautaires<br />

Les pneumonies aigues sont des infections du parenchyme pulmonaire sans préjuger de l'agent<br />

infectieux en cause.<br />

Leur caractère « communautaire » fait référence à l'aspect col<strong>le</strong>ctif de l'infection transmise dans une<br />

population à la différence des pneumonies acquises en milieu hospitalier qualifiées de nosocomia<strong>le</strong>s.<br />

Les bronchopneumopathies aigues regroupent à la fois <strong>le</strong>s infections bronchiques et pulmonaires<br />

Faq 5 - Diagnostiquer une pneumonie<br />

Le diagnostic est évoqué par la clinique et affirmé par la radiographie.<br />

Le diagnostic de pneumonie est un diagnostic radiologique car <strong>le</strong>s signes cliniques n'ont pas de<br />

spécificité ni de sensibilité diagnostique suffisante. Ils orientent vers une infection respiratoire basse.<br />

Le diagnostic est en général évoqué sur l'association :<br />

- d'une fièvre (habituel<strong>le</strong>ment constante)<br />

- d'une tachypnée (avec ou sans signes de lutte)<br />

- d'une toux (parfois retardée)<br />

- d'anomalies auscultatoires pulmonaires <strong>le</strong> plus souvent focalisées : diminution du murmure<br />

vésiculaire ; râ<strong>le</strong>s alvéolaires ; voire souff<strong>le</strong> tubaire<br />

- des dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s peuvent être révélatrices d'une pneumonie.<br />

L'examen radiographique thoracique est nécessaire pour affirmer <strong>le</strong> diagnostic de pneumonie.<br />

Il doit être prescrit dès la moindre suspicion clinique du diagnostic.<br />

Le seul cliché à demander en première intention est une radiographie thoracique de face en<br />

inspiration et en position debout.<br />

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L'existence d'une opacité parenchymateuse plus ou moins systématisée permet <strong>le</strong> diagnostic de<br />

pneumonie dans un contexte clinique compatib<strong>le</strong>.<br />

Les aspects radiologiques sont multip<strong>le</strong>s :<br />

- l'image typique est une opacité parenchymateuse<br />

- alvéolaire : unique ou multip<strong>le</strong>, rarement bilatéra<strong>le</strong>.<br />

- systématisée ou à limites floues avec un éventuel bronchogramme aérien en son sein,<br />

- <strong>le</strong>s pneumonies rondes (images sphériques ou ovalaires à bord plus ou moins nets) sont<br />

particulières à l'enfant.<br />

- un épanchement p<strong>le</strong>ural peut être associé<br />

Faq 6- Identifier lors d'une pneumonie <strong>le</strong>s situations d'urgence requérant un<br />

avis spécialisé aux urgences pédiatriques ou une hospitalisation<br />

Certaines sont liées à la sévérité des signes cliniques :<br />

Infectieux :<br />

- faciès toxique, hyperthermie importante,<br />

- troub<strong>le</strong>s hémodynamiques (tachycardie, augmentation du temps de recoloration cutané), troub<strong>le</strong>s de<br />

la conscience<br />

Respiratoires :<br />

- polypnée importante et signes de lutte ; respiration irrégulière avec pauses,<br />

- difficultés à la prise des biberons ;<br />

- signes cliniques d'hypoxie (cyanose). La mesure non invasive de la SaO2 est un critère important<br />

d'évaluation de la gravité : une SaO2 inférieure ou éga<strong>le</strong> à 95 % en air ambiant est une indication<br />

d'hospitalisation.<br />

- signes cliniques d'hypercapnie (agitation, troub<strong>le</strong>s de la conscience, sueurs) témoignant de l'étendue<br />

de l'atteinte alvéolaire.<br />

Dans tous <strong>le</strong>s cas, il convient de reconnaître des signes d'a<strong>le</strong>rte devant toute aggravation rapide des<br />

symptômes.<br />

D'autres sont liés à la fragilité du terrain sous-jacent :<br />

- jeune âge (inférieur à 6 mois)<br />

- maladies sous-jacentes (infections des voies respiratoires récidivantes ou maladie respiratoire<br />

chronique, cardiopathie, drépanocytose, dénutrition, immunodépression)<br />

La récidive d'une pneumonie doit conduire à rechercher une pathologie associée : malformation, corps<br />

étranger, déficit immunitaire, ....<br />

Faq 7 - Argumenter l'attitude thérapeutique devant une pneumonie<br />

Le traitement repose sur un choix probabiliste en fonction de l'âge de l'enfant et de critères<br />

cliniques et radiologiques dont aucun n'est très spécifique ni sensib<strong>le</strong>.<br />

Le Diagnostic microbiologique de la pneumonie est en effet rare.<br />

Le diagnostic de certitude de l'étiologie des pneumopathies bactériennes ne peut être en pratique<br />

assuré que par <strong>le</strong>s hémocultures dont <strong>le</strong>s résultats contribuent en outre aux études épidémiologiques<br />

<strong>le</strong>s plus précises.<br />

Leur sensibilité est cependant faib<strong>le</strong> (3 à 10 % environ).<br />

- Les autres examens sont de recours imprécis et limités. (tab<strong>le</strong>au 1)<br />

- Les prélèvements nasopharyngés ne mettent en évidence qu'une flore commensa<strong>le</strong> de portage.<br />

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- L'examen cyto-bactériologique quantitatif (interprétab<strong>le</strong> si plus de 106 germes/ml, plus de 10 cellu<strong>le</strong>s<br />

épithélia<strong>le</strong>s, plus de 25 polynucléaires neutrophi<strong>le</strong>s par champ) est de réalisation souvent diffici<strong>le</strong> et<br />

peut être contaminé par la flore commensa<strong>le</strong> pharyngée.<br />

- Les antigènes solub<strong>le</strong>s (sang-urines) sont de sensibilité et de spécificité médiocres.<br />

- Les méthodes de détection des antigènes bactériens par amplification génique (PCR si Mycoplasma<br />

pneumoniae) sont encore expérimenta<strong>le</strong>s, et réservées à des situations limitées.<br />

- Les prélèvements avec analyse quantitative obtenus par des méthodes invasives in situ (fibroscopie<br />

bronchique et lavage broncho-alvéolaire) ne sont réservés qu'aux seu<strong>le</strong>s infections sévères sur terrain<br />

fragilisé.<br />

Tab<strong>le</strong>au 1 : place des examens bactériologiques pour <strong>le</strong> diagnostic des pneumopathies bactériennes<br />

de l'enfant<br />

Prélèvement nasopharyngé Aucun intérêt<br />

Examens cytobactériologiques des crachats<br />

Contamination oropharyngée<br />

Aspiration trachéa<strong>le</strong><br />

Hémocultures (systématiques) Faib<strong>le</strong> sensibilité 1-10%<br />

Antigènes solub<strong>le</strong>s Très faib<strong>le</strong> sensibilité<br />

Examens sérologiques Diagnostic rétrospectif<br />

Prélèvement invasif<br />

Uniquement si malades sévères<br />

Biopsie pulmonaire<br />

Lavage broncho-alvéolaire<br />

Arguments épidémiologiques : importance de l'âge<br />

De nombreux agents infectieux peuvent être à l'origine d'une pneumonie. Leur identification est<br />

diffici<strong>le</strong> voire impossib<strong>le</strong> dans 40 à 60 % des cas. La plus grande difficulté est de distinguer entre<br />

infection vira<strong>le</strong> et infection bactérienne. Le traitement de ces infections est donc <strong>le</strong> plus souvent<br />

probabiliste et l'âge est un indicateur important des choix thérapeutiques (Tab<strong>le</strong>au 2).<br />

Tab<strong>le</strong>au 2 : Causes des pneumonies en fonction de l'âge<br />

Age Agents infectieux par ordre de fréquence<br />

1-3 mois<br />

1-24 mois<br />

2-5 ans<br />

6-18 ans<br />

Chlamydia trachomatosis, VRS, autres virus respiratoires, Bordetella<br />

pertussis<br />

VRS, autres virus respiratoires, Pneumocoque, Haemophilus influenzae,<br />

C.trachomatosis, Mycoplasma pneumoniae<br />

Virus respiratoires, Pneumocoque, H.influenzae, M.pneumoniae,<br />

C.pneumoniae<br />

M.pneumoniae, Pneumocoque, Chlamydia pneumoniae, H.influenzae,<br />

Grippe, Adénovirus, autres virus respiratoires<br />

La vaccination contre H.influenzae b a entraîné une quasi disparition des infections à cette bactérie.<br />

L'existence d'un déficit immunitaire acquis ou congénital doit faire rechercher des agents infectieux<br />

particuliers comme pneumocystis carinii.<br />

La tuberculose est une infection résurgente dont <strong>le</strong> diagnostic doit être discuté.<br />

Les pneumonies ont une épidémiologie différente et variab<strong>le</strong> selon l'âge de l'enfant.<br />

Avant l'âge de 3 ans el<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong> plus souvent d'origine vira<strong>le</strong>. Le pneumocoque est <strong>le</strong> premier agent<br />

bactérien responsab<strong>le</strong>. Son taux de sensibilité diminuée à la Pénicilline est actuel<strong>le</strong>ment en France de<br />

30 %. Sa résistance aux macrolides est en France é<strong>le</strong>vée à 60 %.<br />

Après l'âge de 3 ans, <strong>le</strong>s pneumonies vira<strong>le</strong>s sont moins fréquentes. Les deux bactéries <strong>le</strong>s plus<br />

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fréquemment en cause sont <strong>le</strong> pneumocoque et M.pneumoniae.<br />

Quelque soit l'âge, <strong>le</strong>s H.influenzae b, depuis la généralisation de la vaccination spécifique, ou non<br />

typab<strong>le</strong>s, Moraxella catarrhalis et C.pneumoniae, ne jouent qu'un rô<strong>le</strong> mineur.<br />

On peut de façon probabiliste évaluer qu'un tiers des bronchopneumopathies communautaires<br />

de l'enfant est d'origine vira<strong>le</strong>, un tiers d'origine exclusivement bactérienne, un tiers peut être<br />

lié à une co-infection (vira<strong>le</strong> et bactérienne).<br />

Arguments cliniques (tab<strong>le</strong>au 3)<br />

La présomption clinique d'une pneumonie vira<strong>le</strong> repose typiquement sur :<br />

- <strong>le</strong> contexte épidémique,<br />

- <strong>le</strong> début progressif : rhinite ou pharyngite,<br />

- l'existence d'une fièvre de niveau variab<strong>le</strong>,<br />

- la coexistence d'éruptions ou de myalgies,<br />

- l'absence de signes auscultatoires focalisés.<br />

L'orientation probabiliste vers une étiologie bactérienne est plus variab<strong>le</strong> encore selon <strong>le</strong> germe<br />

susceptib<strong>le</strong> d'être en cause.<br />

Les pneumonies à pneumocoque sont <strong>le</strong> plus souvent évoquées devant:<br />

- une hyperthermie à début brutal,<br />

- une toux sèche,<br />

- la coexistence de dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s (pseudo-appendiculaire) ou de céphalées (syndrome<br />

pseudo-méningé).<br />

- des signes auscultatoires en foyer<br />

Mycoplasma pneumoniae à l'inverse induit des tab<strong>le</strong>aux cliniques typiquement plus progressifs, moins<br />

fébri<strong>le</strong>s, accompagnés d'asthénie avec des signes fonctionnels respiratoires pouvant témoigner d'une<br />

hyperréactivité bronchique associée.<br />

En pratique cependant, une tel<strong>le</strong> approche probabiliste étiologique clinique est <strong>le</strong> plus souvent mise<br />

en défaut.<br />

Tab<strong>le</strong>au 3 : critères probabilistes évocateurs d'une pneumopathie aiguë vira<strong>le</strong>, bactérienne et à M.<br />

Pneumoniae<br />

Pneumopathie Vira<strong>le</strong> Bactérienne M. pneumoniae<br />

Epidémiologie Epidémique Sporadique Epidémique<br />

Age Tout âge Tout âge (Pneumo)<br />

< 18 mois (H.influenzae b)<br />

Enfant non vacciné<br />

> 2 ans<br />

Début Progressif Brutal Progressif<br />

Fièvre + +++ +<br />

S. respiratoires Voies aériennes Toux<br />

Toux sèche<br />

supérieures<br />

Toux +<br />

S. auscultation en foyers paroxystique<br />

S. extrarespiratoires Eruption<br />

S. abdominaux<br />

Asthénie<br />

Diarrhée<br />

Algies<br />

Pseudoméningés<br />

Tolérance Bonne Mauvaise Bonne<br />

Arguments radiographiques<br />

- La radiographie thoracique n'est de même pas l'examen de référence susceptib<strong>le</strong> d'argumenter <strong>le</strong><br />

diagnostic étiologique. Ainsi,<br />

- Une opacité alvéolaire systématisée est typiquement reliée à la pneumonie à pneumocoque mais<br />

peut être observée dans <strong>le</strong>s infections vira<strong>le</strong>s ou à M. pneumoniae.<br />

- Un aspect d'infiltrat diffus bilatéral, lobaire ou segmentaire, est plus compatib<strong>le</strong> avec une pneumonie<br />

vira<strong>le</strong> ou à mycoplasme mais n'exclut pas l'éventualité d'un pneumocoque.<br />

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- Les adénopathies hilaires évoquent « à priori » une tuberculose mais el<strong>le</strong>s peuvent être observées<br />

au cours des pneumonies à mycoplasme.<br />

Ainsi donc, sans appoint étiologique précis, l'antibiothérapie des pneumonies communautaires de<br />

l'enfant est <strong>le</strong> plus souvent probabiliste.<br />

Arguments biologiques<br />

Les examens hématologiques et biologiques sont éga<strong>le</strong>ment des arguments d'appoint limités pour<br />

un diagnostic étiologique probabiliste.<br />

L'hyper<strong>le</strong>ucocytose à polynucléaires neutrophi<strong>le</strong>s franche et l'élévation de la C-réactive protéine sont<br />

typiquement reliées aux pneumonies bactériennes à pneumocoque mais el<strong>le</strong>s peuvent être observées<br />

au cours des pneumonies vira<strong>le</strong>s.<br />

La procalcitonine, marqueur sérique des infections bactériennes sévères a, dans <strong>le</strong> contexte, une<br />

remarquab<strong>le</strong> spécificité et une excel<strong>le</strong>nte sensibilité. Le recours à cet examen dont la réalisation n'est<br />

pas encore de pratique courante est appelé à être d'un appoint privilégié pour confirmer l'origine<br />

bactérienne d'une pneumonie.<br />

Choix thérapeutique probabiliste<br />

La fréquence des infections (co-infections) bactériennes au cours des pneumonies de l'enfant, justifie<br />

du caractère systématique de l'antibiothérapie qui est :<br />

- systématique lorsque <strong>le</strong> diagnostic est porté<br />

- urgente notamment en cas de signes de sévérité<br />

- probabiliste (selon <strong>le</strong>s agents infectieux supposés).<br />

Le choix initial peut être diffici<strong>le</strong> car, pour rappel, il n'y a souvent :<br />

- aucun signe clinique ou radiologique prédictifs de l'agent infectieux responsab<strong>le</strong><br />

- aucun examen bactériologique ne permettant un diagnostic fiab<strong>le</strong> immédiat<br />

- aucun antibiotique ne couvrant l'ensemb<strong>le</strong> des germes potentiel<strong>le</strong>ment en cause.<br />

Schéma thérapeutique<br />

Dans <strong>le</strong>s pneumonies aigues en l'absence de signes cliniques de sévérité, <strong>le</strong> traitement peut<br />

rester ambulatoire, administré par voie ora<strong>le</strong>.<br />

La cib<strong>le</strong> bactériologique initia<strong>le</strong> privilégiée est <strong>le</strong> pneumocoque, dont l'antibiotique est choisi en<br />

fonction de l'âge.<br />

1. Avant l'âge de 3 ans, <strong>le</strong> traitement initial de référence est l'amoxicilline 80 à 100 mg/kg/j en 3<br />

prises ora<strong>le</strong>s (enfant de moins de 30 kg).<br />

Seul l'enfant non ou mal vacciné contre H.influenzae b, et /ou atteint d'une otite moyenne aigue, peut<br />

justifier d'un traitement inaugural par amoxicilline-acide clavulanique (80 mg/kg/j d'amoxicilline).<br />

2. Après l'âge de 3 ans, l'amoxicilline est aussi <strong>le</strong> traitement de référence comme traitement<br />

d'attaque dans la crainte d'une pneumonie à pneumocoque. A cet âge cependant, une orientation<br />

anamnestique clinique ou radiologique vers M. pneumoniae pourrait conduire, en l'absence de signes<br />

de sévérité, à la prescription d'un macrolide comme traitement initial.<br />

3. Dans <strong>le</strong>s situations de pneumonies avec signes de sévérité, l'antibiothérapie probabiliste initia<strong>le</strong><br />

est <strong>le</strong> plus souvent parentéra<strong>le</strong> : céphalosporine de 3ème génération (céfotaxime 100 mg/kg/24 h<br />

ou ceftriaxone 50 mg/kg/24 h), associée pour certains à un aminoside. Seu<strong>le</strong> la crainte (contexte<br />

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clinique, pneumopathie bul<strong>le</strong>use ou avec épanchement p<strong>le</strong>ural) d'un staphylocoque pourrait conduire<br />

à une antibiothérapie élargie à la fosfomycine ou à la vancomycine.<br />

Planification du suivi et adaptation thérapeutique<br />

Sous traitement initial efficace, l'amélioration clinique varie en fonction de l'agent microbien présumé<br />

responsab<strong>le</strong>.<br />

• La fièvre est <strong>le</strong> critère de surveillance <strong>le</strong> plus fiab<strong>le</strong>. L'apyrexie est obtenue en 24 à 36 heures<br />

dans <strong>le</strong>s pneumonies à pneumocoque (bon critère diagnostique probabiliste rétrospectif).<br />

El<strong>le</strong> dure trois jours à 72 heures en moyenne dans <strong>le</strong>s pneumonies vira<strong>le</strong>s et peut être plus<br />

prolongée dans <strong>le</strong>s infections à mycoplasme.<br />

• La toux se réduit en quelques jours mais est volontiers plus durab<strong>le</strong> en cas d'infection à<br />

mycoplasmes (hyperréactivité bronchique).<br />

L'absence d'apyrexie ou la persistance de signes de détresse respiratoire (polypnée, signes de lutte)<br />

au terme du 3ème jour conduit à réévaluer la situation clinique et radiologique et à programmer une<br />

hospitalisation si l'enfant était traité en ambulatoire.<br />

Un état clinique infectieux inchangé conduit dans la crainte d'une bactérie atypique (mycoplasme) au<br />

maintien d'une monothérapie avec un changement de la molécu<strong>le</strong> de référence : un macrolide est<br />

alors substitué à l'amoxicilline.<br />

Cas particuliers :<br />

Epanchement p<strong>le</strong>ural : une ponction p<strong>le</strong>ura<strong>le</strong> initia<strong>le</strong> s'impose <strong>le</strong> plus souvent pour identification de<br />

l'agent causal. L'antibiothérapie parentéra<strong>le</strong> peut être élargie à visée initia<strong>le</strong>ment staphyloccocique<br />

(céfotaxime + fosfomycine, voir céfotaxime + fosfomycine + vancomycine si l'hémoculture est<br />

positive). Un drain p<strong>le</strong>ural (avec éventuel repérage échographique) pourrait être mis en place selon la<br />

sévérité de la détresse respiratoire ou en l'absence de contrô<strong>le</strong> infectieux.<br />

Adénopathies inter-trachéo-bronchiques : el<strong>le</strong>s justifient en règ<strong>le</strong> d'un examen endoscopique voire<br />

d'un scanner thoracique.<br />

Pneumopathies récidivantes : el<strong>le</strong>s doivent conduire à des explorations orientées notamment si<br />

el<strong>le</strong>s surviennent dans un même territoire (endoscopie bronchique, scanner thoracique).<br />

Le Traitement symptomatique est celui :<br />

- de la fièvre (voir thème N°203)<br />

- de l'insuffisance respiratoire (voir thème N°193)<br />

Conclusions<br />

Les pneumonies sont l'une des causes <strong>le</strong>s plus sévères des infections respiratoires basses de<br />

l'enfant. Le diagnostic positif est clinique et radiologique.<br />

Le diagnostic étiologique probabiliste est souvent mis en défaut. La confirmation bactériologique est<br />

rare, ce qui contribue à la difficulté des études épidémiologiques de référence.<br />

Le traitement antibiotique initial ne peut ainsi être que probabiliste, en s'adaptant à ‘éventualité la plus<br />

sévère d'une étiologie pneumococcique de la pneumonie. L'évolution clinique immédiate vient souvent<br />

confirmer à posteriori de son caractère adapté.<br />

Le vaccin conjugué heptava<strong>le</strong>nt devrait à court terme, diminuer l'incidence des pneumopathies à<br />

pneumocoques de l'enfant de moins de 3 ans. A moyen terme, la mise au point d'un nouveau vaccin<br />

antipneumococcique nonava<strong>le</strong>nt comportant <strong>le</strong>s sérotypes <strong>le</strong>s plus fréquents de ce germe (1 et 5)<br />

devrait réduire <strong>le</strong>s risques de pneumonie et <strong>le</strong> pourcentage de souches de pneumocoque résistant à<br />

la Pénicilline et aux macrolides.<br />

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Auteur : Pr. A. Bourrillon (Hôpital Robert DEBRE - Paris) MAJ : 22/09/2005<br />

Références<br />

Recommandations : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (juil<strong>le</strong>t 2001).<br />

Antibiothérapie par voie généra<strong>le</strong> des infections des voies aériennes inférieures de l'enfant en pratique<br />

courante. http://afssaps.sante.fr/pdf/5/rbp/irbreco_ef.pdf<br />

Recommandations de la Conférence de consensus du 21 septembre 2000 : « Prise en charge de la<br />

bronchiolite du nourrisson » disponib<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> site de l'ANAES :<br />

• Margolis P, Gadomski A. Does this infant have pneumonia ? JAMA 1998 ; 279 (4) : 308-313.<br />

• Bourrillon A. Infections des voies respiratoires basses in Pathologies infectieuses de l'enfant.<br />

Begue P, Astruc J, Masson éditeur, Paris 1999, 439-446.<br />

• Bourrillon A., Aujard Y, Costa M, Gaudelus J. Bronchiolites aigues du nourrisson. Evaluation<br />

clinique et critères de gravité. Journée Parisienne de Pédiatrie. 1999 Flammarion Médecine<br />

Sciences ; 227-35<br />

• Bourrillon A. Infections des voies respiratoires basses : in Y. Aujard, Maladies infectieuses de<br />

l'enfant - diagnostic et traitement, Pradel éditeur 1998, Paris.<br />

• Gendrel D. Stratégies antibiotiques dans <strong>le</strong>s infections respiratoires basses de l'enfant. Rev<br />

Prat 1996, 46 : 2099-103<br />

Infections respiratoires basses. MT Pédiatrie numéro coordonné par D. GENDREL John<br />

Libbey éditeur. Hors Série.J. Libbey éditeur. Paris mars 1999.<br />

• Bourrillon A., Gaudelus J, Gendrel D. Stratégies thérapeutiques hospitalières dans <strong>le</strong>s<br />

pneumonies de l'enfant de plus de 3 mois. MT Pédiatrie ; John Libbey éditeur. Paris mars<br />

1999.<br />

• Bourrillon A. Infections bronchopulmonaires du nourrisson et de l'enfant. Revue du praticien<br />

2001, 51, 2235-2242<br />

• Bourrillon A. Pneumonies de l'enfant. Pédiatrie pour <strong>le</strong> Praticien. Masson éditeur, 3ème<br />

édition 2003.<br />

• Infections basses respiratoires de l'enfant. Le Presse Médica<strong>le</strong>, 2001, 30/36, 1781-1791<br />

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Auteur : Dr Robert COHEN MAJ : 22/09/2005<br />

Infection naso-sinusiennes de l’enfant (et de l’adulte : partie non traitée)<br />

Rhinopharyngites et Rhinosinusites de l’enfant<br />

Item 90<br />

Objectifs :<br />

Objectifs de l’Examen Classant National :<br />

• Diagnostiquer une rhinosinusite aiguë.<br />

• Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier <strong>le</strong> suivi du patient.<br />

Objectifs du collège des professeurs de pédiatrie :<br />

• Décrire <strong>le</strong> développement chronologique des sinus de la face.<br />

• Décrire <strong>le</strong>s signes fonctionnels et cliniques de l’ethmoïdite et de la sinusite maxillaire.<br />

• Justifier une prescription antibiotique, <strong>le</strong> choix du médicament et sa voie d’administration.<br />

• Décrire <strong>le</strong>s complications et <strong>le</strong>s signes d’alarme correspondant.<br />

• Citer <strong>le</strong>s situations nécessitant un avis spécialisé.<br />

Sommaire<br />

I- Les Rhinopharyngites<br />

Faq 1 - Etiologies et Physiopathologie des rhinopharyngites<br />

Faq 2 - Clinique des rhinopharyngites<br />

Faq 3 - Complications des rhinopharyngites<br />

Faq 4 - Traitement des rhinopharyngites<br />

II- Les Rhinosinusites<br />

Faq 5 - Rhinosinusites maxillaires<br />

Faq 6 - Ethmoïdites aiguës<br />

Bibliographie<br />

I- Les Rhinopharyngites<br />

Les rhinopharyngites :<br />

• sont définies comme une atteinte inflammatoire de la muqueuse rhinopharyngée,<br />

• représentent la première maladie infectieuse de l'enfant. Leur incidence est plus é<strong>le</strong>vée dans la<br />

petite enfance qu'à n'importe quel autre âge de la vie.<br />

• sont <strong>le</strong> plus souvent d'origine vira<strong>le</strong>.<br />

• sont bénignes, d'évolution spontanément favorab<strong>le</strong>, contribuant à entraîner et structurer <strong>le</strong> système<br />

immunitaire du nourrisson et de l’enfant.<br />

Aucune étude n'a démontré l'efficacité des antibiotiques dans cette affection, ni pour raccourcir la<br />

maladie, ni pour prévenir <strong>le</strong>s complications.<br />

Faq 1 - Etiologies et Physiopathologie des rhinopharyngites<br />

Les virus sont de très loin <strong>le</strong>s principaux agents pathogènes :<br />

• rhinovirus,<br />

• coronavirus,<br />

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• virus respiratoire syncitial (VRS),<br />

• virus influenzæ et para-influenzæ,…<br />

et plus de 200 virus susceptib<strong>le</strong>s d'induire une rhinopharyngite, accompagnée ou non de signes<br />

cliniques témoignant d'une atteinte d'une autre partie de l'arbre respiratoire.<br />

Ces virus induisent une immunité de courte durée ne protégeant pas contre <strong>le</strong>s types hétérologues<br />

permettant <strong>le</strong>s réinfections.<br />

Le nombre de virus responsab<strong>le</strong>s, l'état d'infection ou de réinfection, l'âge, expliquent la variabilité du<br />

tab<strong>le</strong>au clinique.<br />

La contagiosité est grande pour l'ensemb<strong>le</strong> de ces virus, en particulier pour <strong>le</strong>s rhinovirus, <strong>le</strong> VRS et <strong>le</strong><br />

virus de la grippe.<br />

Le nasopharynx des enfants est <strong>le</strong> principal réservoir des virus respiratoires. Entre deux individus, <strong>le</strong>s<br />

vecteurs des virus sont <strong>le</strong>s particu<strong>le</strong>s aérosol émises notamment lors des éternuements ou de la<br />

toux, mais aussi <strong>le</strong>s mains qui semb<strong>le</strong>nt <strong>le</strong> vecteur principal pour <strong>le</strong>s rhinovirus, soit directement (du<br />

malade au sujet contaminé) soit indirectement par l'intermédiaire des objets. Les portes d'entrée de<br />

ces virus sont la muqueuse nasa<strong>le</strong> et la conjonctive oculaire.<br />

Pour limiter la contagiosité de ces différents virus en pratique courante, l'iso<strong>le</strong>ment est illusoire, <strong>le</strong> port<br />

de masque et de lunettes parait plus intéressant, mais la mesure essentiel<strong>le</strong> est <strong>le</strong> lavage des mains.<br />

Les bactéries retrouvées dans <strong>le</strong>s sécrétions rhinopharyngées (pneumocoque, Hæmophilus<br />

influenzæ, Moraxella catarrhalis, streptocoque du groupe A, staphylocoque) font partie de la flore<br />

commensa<strong>le</strong> du rhinopharynx. Les mêmes bactéries sont retrouvées chez l'enfant sain et chez l'enfant<br />

présentant une rhinopharyngite. Le pourcentage d'enfants porteurs de bactéries est plus important en<br />

cas de rhinopharyngite, mais ceci n'implique pas un rô<strong>le</strong> pathogène pour <strong>le</strong>s bactéries retrouvées. En<br />

effet, l'infection vira<strong>le</strong> peut permettre, par différents mécanismes, une prolifération bactérienne et un<br />

iso<strong>le</strong>ment plus faci<strong>le</strong> des bactéries.<br />

En dehors de cas bien particuliers, <strong>le</strong> prélèvement nasopharyngé n'a, à titre individuel, aucun intérêt. Il<br />

a par contre l'avantage d'être indolore et de permettre <strong>le</strong> suivi de l'évolution de la résistance<br />

bactérienne dans des études épidémiologiques.<br />

Faq 2 - Clinique des rhinopharyngites<br />

Les symptômes de la rhinopharyngite sont :<br />

“rhinorrhée - éternuements - obstruction nasa<strong>le</strong> – fièvre - toux” qui ne sont ni constants, ni toujours<br />

isolés.<br />

La fièvre est généra<strong>le</strong>ment modérée. Une fièvre supérieure à 39°, inhabituel<strong>le</strong>, doit faire poser 3<br />

questions :<br />

• la rhinopharyngite est-el<strong>le</strong> responsab<strong>le</strong> de la fièvre ?<br />

• la fièvre est-el<strong>le</strong> <strong>le</strong> prodrome d'une autre maladie infectieuse (exanthème subit, rougeo<strong>le</strong> ..) ?<br />

• existe-t-il une surinfection bactérienne (en fait rare) ?<br />

L'examen clinique retrouve :<br />

• une inflammation plus ou moins importante du rhinopharynx,<br />

• une rhinorrhée antérieure et/ou postérieure (<strong>le</strong> long de la paroi pharyngée postérieure), qui peut être<br />

muqueuse, puru<strong>le</strong>nte ou mucopuru<strong>le</strong>nte.<br />

Le but essentiel de l'examen est de chercher une complication (infectieuse ou ventilatoire) et<br />

d'éliminer une autre affection qui pourrait être responsab<strong>le</strong> des symptômes.<br />

Faq 3 - Complications des rhinopharyngites<br />

L’immense majorité des rhinopharyngites guérissent spontanément en moins de 10 jours.<br />

L'otite moyenne aiguë (OMA) est la complication la plus fréquente, avec une préva<strong>le</strong>nce d’environ<br />

10 % au décours d’une rhinopharyngite, ce qui représente plus de 50 % des complications. C’est la<br />

seu<strong>le</strong> complication dont la nature bactérienne est hautement probab<strong>le</strong>.<br />

La survenue d’une OMA est plus fréquente :<br />

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• entre l’âge de 6 mois à 2 ans<br />

• en cas d’antécédent d'OMA,<br />

• en cas d’otite séreuse,<br />

• s’il existe une modification tympanique au moment de la consultation,<br />

alors que ni l'aspect des sécrétions ni l’existence d’une toux ne modifient sa fréquence.<br />

Avant l’âge de 3 mois, l'obstruction nasa<strong>le</strong> peut entraîner une gêne respiratoire importante.<br />

Après l’âge de 3 ans, la complication la plus fréquente est la rhinosinusite maxillaire.<br />

Faq 4 - Traitement des rhinopharyngites<br />

Une attitude thérapeutique minima<strong>le</strong> est <strong>le</strong> plus souvent suffisante, associant :<br />

• un antipyrétique si nécessaire,<br />

• et une désobstruction des fosses nasa<strong>le</strong>s (en fonction de l’âge, mouchage, aspiration au<br />

«mouche bébé », ou lavage au sérum physiologique ou à l’eau de mer),<br />

et parfois décongestionnants locaux qui sont contre-indiqués avant 30 mois.<br />

Il n’y a pas d’indication d’antibiotique<br />

Les rares études comparatives “antibiotiques versus placebo” ont montré que <strong>le</strong>s antibiotiques ne<br />

raccourcissaient pas l'évolution des rhinopharyngites et ne diminuaient pas la fréquence des<br />

complications même chez <strong>le</strong>s sujets considérés à risque.<br />

Les inconvénients de la prise d'un antibiotique sont par contre multip<strong>le</strong>s :<br />

• impact écologique sur <strong>le</strong>s flores respiratoire et digestive,<br />

• effets indésirab<strong>le</strong>s (troub<strong>le</strong>s digestifs, al<strong>le</strong>rgie, …),<br />

• mauvaise interprétation des signes cliniques liés à l’infection vira<strong>le</strong> (diarrhée, vomissements,<br />

éruption cutanée), et souvent considérés par <strong>le</strong>s parents voire par <strong>le</strong>s médecins, comme des effets<br />

indésirab<strong>le</strong>s de l'antibiotique, notamment <strong>le</strong>s éruptions cutanées considérées comme al<strong>le</strong>rgiques.<br />

• coût.<br />

II- Les Rhinosinusites<br />

Les rhino-sinusites sont définies comme une atteinte inflammatoire (en règ<strong>le</strong> d’origine infectieuse) de<br />

la muqueuse d’un ou plusieurs sinus de la face. Les sinusites de l’enfant représentent un problème<br />

comp<strong>le</strong>xe et controversé en pédiatrie.<br />

Le type et <strong>le</strong>s symptômes des sinusites dépendent de l’âge du fait du développement décalé des<br />

différents sinus. Il faut différencier :<br />

• L’éthmoïdite, infection rare mais sévère, survenant dès <strong>le</strong>s premiers mois de vie,<br />

• Les rhino-sinusites maxillaires, plus fréquentes, souvent bénignes, dont <strong>le</strong> diagnostic ne doit être<br />

évoqué qu’après l’âge de 3 ans,<br />

• Les sinusites fronta<strong>le</strong>s, moins fréquentes, qui surviennent surtout après 10 ans.<br />

• Les sinusites sphénoïda<strong>le</strong>s exceptionnel<strong>le</strong>s, qui surviennent après 10 ans.<br />

Faq 5 - Rhinosinusites maxillaires<br />

Les rhinosinusites maxillaires sont classées comme :<br />

• "aiguës" lorsqu'el<strong>le</strong>s durent de 10 à 29 jours,<br />

• "subaiguës" de 1 à 4 mois,<br />

• "chroniques" pendant plus de 4 mois.<br />

La différenciation entre une rhinopharyngite bana<strong>le</strong> et une authentique sinusite bactérienne est diffici<strong>le</strong><br />

cliniquement, du fait de la parenté entre ces deux infections et de la continuité anatomique. On estime<br />

que 5 à 10 % des rhinopharyngites se compliquent de rhinosinusites maxillaires après l’âge de 3 ans.<br />

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Physiopathologie et épidémiologie bactérienne<br />

La physiopathologie des rhinosinusites est superposab<strong>le</strong> à cel<strong>le</strong> de l'OMA. Les sinus sont des cavités<br />

appendues au rhinopharynx qui sont norma<strong>le</strong>ment stéri<strong>le</strong>s, mais contiguës à une cavité riche en<br />

bactéries.<br />

Le mucus sécrété dans la cavité sinusienne est éliminé par l'action des cils à travers l'infundibulum.<br />

Physiologiquement, la c<strong>le</strong>arance muco-ciliaire est suffisante pour prévenir l'accumulation des<br />

sécrétions dans <strong>le</strong> sinus. Au cours des rhinopharyngites vira<strong>le</strong>s, une production excessive et/ou<br />

anorma<strong>le</strong> de sécrétions dépassant <strong>le</strong>s possibilités d'élimination, ou une diminution de la c<strong>le</strong>arance<br />

muco-ciliaire conduisent à une accumulation d'un liquide épais dans la chambre sinusienne. Ceci<br />

favorise la surinfection bactérienne par des bactéries présentes physiologiquement dans <strong>le</strong><br />

rhinopharynx..<br />

L'épidémiologie bactérienne des sinusites maxillaires et fronta<strong>le</strong>s comprend donc une partie des<br />

bactéries composant la flore rhino-pharyngée : H. influenzæ, S. pneumoniae, M. catarrhalis, beaucoup<br />

plus rarement Staphylococcus aureus ou <strong>le</strong>s anaérobies.<br />

La résistance aux antibiotiques a considérab<strong>le</strong>ment évolué : sécrétion de ß-lactamases pour H.<br />

influenzæ et M. catarrhalis, et surtout modification des protéines de liaison de la pénicilline pour <strong>le</strong>s<br />

pneumocoques qui sont par ail<strong>le</strong>urs résistants aux différentes famil<strong>le</strong>s d'antibiotiques.<br />

Clinique<br />

Isolément, ni <strong>le</strong>s signes cliniques, ni <strong>le</strong>s signes radiologiques ne permettent de distinguer <strong>le</strong>s<br />

rhinopharyngites des sinusites. Ceci explique que <strong>le</strong> diagnostic de sinusite maxillaire est souvent porté<br />

par excès (entraînant une surconsommation d’antibiotiques) ou par défaut (favorisant <strong>le</strong><br />

développement d’une sinusite chronique).<br />

Devant un tab<strong>le</strong>au de rhinopharyngite, <strong>le</strong>s signes évocateurs d'une sinusite bactérienne sont :<br />

• une fièvre é<strong>le</strong>vée,<br />

• une toux diurne ou nocturne (parfois émétisante),<br />

• des céphalées plus ou moins localisées,<br />

• une sensation de tension de la face,<br />

• un œdème ou un érythème du visage,<br />

• une mauvaise ha<strong>le</strong>ine,<br />

• une dou<strong>le</strong>ur à la pression des points sinusiens,<br />

• une rhinorrhée postérieure muqueuse ou mucopuru<strong>le</strong>nte.<br />

En fait, ces signes sont inconstants, peu sensib<strong>le</strong>s et peu spécifiques. Si bien que deux tab<strong>le</strong>aux<br />

cliniques peuvent être individualisés pour <strong>le</strong> diagnostic de sinusite maxillaire :<br />

• Le tab<strong>le</strong>au de “ rhinopharyngite persistante ” au-delà de 10 jours sans tendance à l’amélioration<br />

(“Ten day mark ” des auteurs anglo-saxons), <strong>le</strong> plus fréquent chez l’enfant. En effet, dans <strong>le</strong>s<br />

rhinopharyngites, la durée moyenne des symptômes est inférieure à 7 jours et dépasse<br />

exceptionnel<strong>le</strong>ment 10 jours.<br />

• Le tab<strong>le</strong>au de “rhinopharyngite sévère” où l’importance de la fièvre (>39°C), <strong>le</strong>s céphalées<br />

intenses, <strong>le</strong> jetage puru<strong>le</strong>nt, parfois l’œdème péri-orbitaire, sont au premier plan.<br />

La radiographie de sinus ne doit pas être systématique du fait de son absence de spécificité de<br />

l'irradiation et du coût. El<strong>le</strong> peut être indiquée lorsque <strong>le</strong> diagnostic est douteux, en particulier chez <strong>le</strong><br />

jeune enfant. Une seu<strong>le</strong> incidence suffit : <strong>le</strong> “Blondeau”, qui montre :<br />

• soit une opacité plus ou moins complète d’un ou des deux sinus maxillaires,<br />

• soit une hyperplasie en cadre (épaississement supérieur à 4 mm),<br />

• soit, beaucoup plus rarement chez l’enfant, un niveau liquide d’un ou des deux sinus.<br />

Deux écueils fréquents doivent être évités :<br />

• ne pas porter <strong>le</strong> diagnostic de sinusite devant une radiographie de crâne anorma<strong>le</strong> chez un malade<br />

asymptomatique ou présentant simp<strong>le</strong>ment une rhinopharyngite,<br />

• ne pas confondre l’absence de sinus avec une opacité complète, la pneumatisation des sinus<br />

maxillaires survenant à un âge variant de 6 mois à 4 ans.<br />

La radiographie de thorax peut être uti<strong>le</strong> quand la toux est au premier plan. El<strong>le</strong> montre parfois un ou<br />

plusieurs foyers pulmonaires associés. Il faut noter que <strong>le</strong>s bronchiectasies accompagnent souvent <strong>le</strong>s<br />

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sinusites.<br />

Le scanner n’est indiqué qu’en cas de sinusites récidivantes, chroniques ou compliquées.<br />

Trois diagnostics différentiels sont fréquents :<br />

• <strong>le</strong>s al<strong>le</strong>rgies respiratoires, qui peuvent donner des signes cliniques identiques, s’accompagner<br />

d’anomalie radiologique (essentiel<strong>le</strong>ment épaississement muqueux), et favoriser la survenue<br />

d’authentiques sinusites bactériennes.<br />

• <strong>le</strong>s rhinopharyngites récidivantes,<br />

• l’adénoïdite.<br />

Traitement<br />

Le traitement repose sur deux principes : reperméabiliser l’ostium et traiter la surinfection. La c<strong>le</strong>f de<br />

voûte du traitement est l’antibiothérapie.<br />

Si la majorité des sinusites guérissent spontanément, <strong>le</strong> traitement antibiotique est indiqué en cas<br />

d’échecs des traitements symptomatiques ou de formes aiguës « sévères ». Le choix des<br />

antibiotiques est superposab<strong>le</strong> à celui des OMA. Les deux antibiotiques recommandés sont :<br />

• l’association amoxicilline-acide clavulanique (80 mg/kg/j en 3 prises)<br />

• <strong>le</strong> cefpodoxime proxétil (8 mg/kg/j en 2 prises).<br />

• La durée de traitement recommandée est de 8 à 10 jours. Mettre lien avec http<br />

:afssaps.sante.fr/pdf/5/rbp/sinreco_ef.pdf<br />

Les ponctions de sinus sont exceptionnel<strong>le</strong>ment réalisées chez l’enfant, car il s’agit d’un geste<br />

traumatisant pour <strong>le</strong>quel une anesthésie généra<strong>le</strong> est nécessaire. El<strong>le</strong>s sont indiquées lorsqu’un<br />

diagnostic bactériologique est nécessaire : complications intracrânienne ou intraorbitaire,<br />

immunodéprimé, état septique grave résistant au traitement antibiotique.<br />

Les lavages des sinus, ainsi que <strong>le</strong>s drainages sont exceptionnel<strong>le</strong>ment nécessaires<br />

(immunodéprimés, échecs de traitement, complications).<br />

Faq 6 - Ethmoïdites aiguës<br />

L’entité clinique “ethmoïdite” correspond à l’extériorisation d’une infection ethmoïda<strong>le</strong> vers l’orbite, du<br />

fait de la fragilité de la paroi interne de l’orbite. Cette situation doit être distinguée de l’atteinte, sur <strong>le</strong>s<br />

radiographies du crâne, des cellu<strong>le</strong>s ethmoïda<strong>le</strong>s lors des rhinopharyngites : la continuité des<br />

muqueuses nasa<strong>le</strong>s et ethmoïda<strong>le</strong>s fait qu’il existe souvent une réaction sinusienne au cours des<br />

rhinopharyngites, dont <strong>le</strong>s signes cliniques se confondent avec ceux de l’infection déc<strong>le</strong>nchante.<br />

Infection sévère, demandant un diagnostic et un traitement urgents du fait du risque de complications<br />

ophtalmologiques et endocrâniennes, l’ethmoïdite survient <strong>le</strong> plus souvent entre 6 mois et 5 ans. Les<br />

bactéries <strong>le</strong> plus souvent en cause sont S. aureus, H. influenzæ sérotype b (avant la généralisation de<br />

la vaccination), S. pneumoniae.<br />

Le tab<strong>le</strong>au clinique d'une ethmoïdite associe :<br />

• un œdème palpébral unilatéral rouge, chaud, douloureux, prédominant à la paupière supérieure et à<br />

l’ang<strong>le</strong> interne de l’œil,<br />

• une fièvre généra<strong>le</strong>ment é<strong>le</strong>vée (> 39°C) avec altération de l’état général,<br />

• une obstruction nasa<strong>le</strong> et un mouchage puru<strong>le</strong>nt inconstant.<br />

La radiographie standard montre une opacité unilatéra<strong>le</strong> de l’ethmoïde.<br />

Un examen tomodensitométrique ne semb<strong>le</strong> pas nécessaire dans <strong>le</strong>s formes typiques non<br />

compliquées.<br />

La NFS retrouve souvent une hyper<strong>le</strong>ucocytose à prédominance de polynucléaires.<br />

Le bilan bactériologique comporte hémocultures et recherche d’antigènes solub<strong>le</strong>s.<br />

Le prélèvement endonasal n'a pas d'intérêt car la corrélation avec <strong>le</strong>s germes endosinusiens est<br />

mauvaise.<br />

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Des complications graves peuvent survenir en l’absence de traitement précoce :<br />

• abcès intraorbitaire,<br />

• thrombophlébite du sinus caverneux<br />

L'existence d'une diminution de la mobilité oculaire, des réf<strong>le</strong>xes photomoteurs ou de l'acuité<br />

visuel<strong>le</strong> doit faire pratiquer en urgence un examen tomodensitométrique à la recherche d'une<br />

tel<strong>le</strong> complication.<br />

Les principaux diagnostics différentiels sont:<br />

• une piqûre d’insecte qui est, de loin, la cause la plus fréquente d’œdème palpébral chez l’enfant<br />

(absence de fièvre et trace de piqûre qu’il faut rechercher avec soin),<br />

• une conjonctivite puru<strong>le</strong>nte,<br />

• une dacryocystite : l'infection du sac lacrymal se traduit par une tuméfaction rouge, chaude et<br />

douloureuse, juste en dessous de l'ang<strong>le</strong> interne de la fente palpébra<strong>le</strong> dans un contexte non fébri<strong>le</strong>.<br />

La pression du sac fait refluer des sécrétions puru<strong>le</strong>ntes, par <strong>le</strong> méat lacrymal inférieur.<br />

• une ostéomyélite du maxillaire supérieur, donnant un œdème prédominant à la paupière inférieure,<br />

avec une tuméfaction gingiva<strong>le</strong> et palatine.<br />

• une métastase orbitaire d’un sympathoblastome.<br />

Traitement<br />

L’hospitalisation s’impose pour débuter rapidement une antibiothérapie parentéra<strong>le</strong>.<br />

Le traitement de première intention comporte <strong>le</strong> plus souvent une association d'antibiotiques type<br />

céfotaxime + fosfomycine ou céfotaxime (ou ceftriaxone) + vancomycine,<br />

puis en fonction de l'évolution clinique et des résultats bactériologiques <strong>le</strong> relais est pris per os, <strong>le</strong> plus<br />

souvent par l'association amoxicilline-acide clavulanique.<br />

Ce traitement antibiotique doit être d'au moins 15 jours.<br />

Sinusites fronta<strong>le</strong>s<br />

Beaucoup moins fréquentes que <strong>le</strong>s rhino-sinusites maxillaires, el<strong>le</strong>s surviennent essentiel<strong>le</strong>ment<br />

après 10 ans. Le tab<strong>le</strong>au clinique est superposab<strong>le</strong> à celui des sinusites maxillaires, <strong>le</strong>s céphalées<br />

étant cependant souvent au premier plan du fait de <strong>le</strong>ur intensité.<br />

Le risque de complications est plus important : extériorisation sous forme d’un œdème au niveau du<br />

front ou de la paupière supérieure, ostéites, complications intracrâniennes et ophtalmologiques<br />

similaires à cel<strong>le</strong>s des ethmoïdites.<br />

Sinusites sphénoïda<strong>le</strong>s<br />

Exceptionnel<strong>le</strong>s chez l’enfant, el<strong>le</strong>s doivent être suspectées devant des céphalées très intenses même<br />

sans fièvre, et ne sont souvent encore reconnues que lors d’une complication, notamment<br />

ophtalmologique (baisse de l’acuité visuel<strong>le</strong>).<br />

Le diagnostic doit être évoqué après 10 ans et repose sur la radiologie : radiographie du crâne de<br />

profil et tomodensitométrie.<br />

Bibliographie :<br />

1. Antibiothérapie par voie généra<strong>le</strong> en pratique courante. Infections ORL et respiratoires<br />

basses. Recommandations de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de<br />

Santé. Concours Méd. 1999 ; 121 : 909-912. http://afssaps.sante.fr/pdf/5/rbp/rhinreco.pdf<br />

2. Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé . Antibiothérapie par voie<br />

généra<strong>le</strong> : Sinusite Aiguë de l’Enfant. Med Mal Infect 2001 ;31(S) :508-31. Mettre lien avec<br />

http://afssaps.sante.fr/pdf/5/rbp/sinreco_ef.pdf<br />

3. Rosenstein N., Phillips W.R., Gerber M.A., Marcy S.M., Schwartz B., Dowel S.F. The common<br />

cold – Princip<strong>le</strong>s of judicious use of antimicrobial agents. Pediatrics. 1998 ; 101(1 Suppl) :<br />

181-184.<br />

4. O’Brien K, Dowell S, Schwartz B et al. Acute sinusitis, princip<strong>le</strong>s of judicious use of<br />

antimicrobial agents. Pediatrics 1998;101 (1 Suppl):174-177.<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Dr Robert COHEN MAJ : 22/09/2005<br />

5. Carbon C. Rhinopharyngites. Rev. Prat., Méd. Gén. 1999 ; 13 : 407-416.<br />

6. Wald E. Sinusitis in children. New Engl J Med 1992 ; 326 : 319-322.<br />

7. Management of Rhinosinusitis in children Consensus meeting, Brussels, Belgium, September<br />

13, 1996. Arch Otolaryngol Head Neck Surg 1998 ; 124 : 31-40.<br />

8. Cohen R, François M, Boucherat M. Ethmoïdite aiguë. In Maladies Infectieuses de l’Enfant :<br />

Diagnostic et traitement. Coordonnateur : Yannick Aujard. Edition Pradel, Paris 1998.<br />

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Auteur : Pr. A. Bourrillon (Hôpital Robert DEBRE – Paris) MAJ : 03/01/2006<br />

Objectifs :<br />

Infections à herpès virus de l’enfant immunocompétent<br />

[et de l’adulte : partie non traitée]<br />

Item 84<br />

Objectifs pédagogiques nationaux de l’ECN :<br />

- Diagnostiquer et traiter une poussée d’herpès cutané et muqueux.<br />

- Diagnostiquer et traiter une varicel<strong>le</strong> et en connaître <strong>le</strong>s complications.<br />

- Diagnostiquer et traiter un zona dans ses différentes localisations.<br />

- Préciser <strong>le</strong>s complications de la maladie herpétique chez <strong>le</strong> nouveau-né et l’atopique.<br />

[femme enceinte non traitée dans ce chapitre]<br />

Sommaire<br />

I- Infections à herpès virus simp<strong>le</strong>x<br />

1 - Diagnostiquer une poussée d’herpès cutané et muqueux<br />

2 - Traiter une poussée d’herpès cutané et muqueux<br />

3 - Préciser <strong>le</strong>s complications de la maladie herpétique chez <strong>le</strong> nouveau-né<br />

4 - Préciser <strong>le</strong>s complications de la maladie herpétique chez l’enfant atopique<br />

II- Infections par <strong>le</strong> virus varicel<strong>le</strong>-zona (VZV, herpès virus type 3)<br />

II-A- La varicel<strong>le</strong><br />

5 - Diagnostiquer une varicel<strong>le</strong><br />

6 - Connaître <strong>le</strong>s complications de la varicel<strong>le</strong><br />

7 - Traiter une varicel<strong>le</strong><br />

II-B- ZONA<br />

8 - Diagnostiquer un zona<br />

9 - Traiter un zona<br />

I- Infections à herpès virus simp<strong>le</strong>x<br />

Les infections herpétiques sont liées à 2 types d’herpès virus simp<strong>le</strong>x (HSV) : <strong>le</strong> type 1 ou HSV1, et <strong>le</strong><br />

type 2 ou HSV2.<br />

Ils ont en commun avec <strong>le</strong>s autres virus du groupe herpès (varicel<strong>le</strong>-zona, cytomégalovirus, virus<br />

d’Epstein Barr, herpes virus de type 6 et 7) <strong>le</strong>ur structure à ADN à symétrie cubique et enveloppée.<br />

HSV1 infecte généra<strong>le</strong>ment la partie supérieure du corps (en particulier la face), HSV2 <strong>le</strong>s régions<br />

génita<strong>le</strong>s et <strong>le</strong> nouveau-né. Le type 1 peut éga<strong>le</strong>ment être responsab<strong>le</strong> de lésions génita<strong>le</strong>s chez<br />

l’enfant et <strong>le</strong> type 2 de lésions bucca<strong>le</strong>s chez <strong>le</strong>s sujets présentant un herpès génital.<br />

Les encéphalites sont liées <strong>le</strong> plus souvent à HSV2 chez <strong>le</strong> nouveau né et à HSV1 chez l’enfant et<br />

l’adulte. HSV2 est plus souvent impliqué dans <strong>le</strong>s méningites.<br />

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Les deux types de virus peuvent induire une kératite.<br />

Malgré un certain degré d’immunité croisée il n’y a pas de protection réciproque entre ces deux virus.<br />

- Réservoir de virus : l’homme<br />

- Transmission : directe par voie cutanée ou muqueuse<br />

- Evolution : primo-infection <strong>le</strong> plus souvent inapparente. Persistance de l’infection à vie, latente dans<br />

<strong>le</strong>s ganglions nerveux sensitifs.<br />

Possibilité de récurrences malgré <strong>le</strong>s anticorps sériques neutralisants apparus au décours de la primoinfection.<br />

Ces réactivations endogènes responsab<strong>le</strong>s d’une excrétion intermittente du virus<br />

surviennent sur l’influence de nombreux facteurs (baisse de l’immunité cellulaire, infections<br />

bactériennes notamment à pneumocoque et méningocoque, so<strong>le</strong>il, stress…)<br />

La symptomatologie clinique est habituel<strong>le</strong>ment discrète.<br />

- Les manifestations cliniques habituel<strong>le</strong>s chez l’enfant immunocompétent sont cutanées et<br />

muqueuses.<br />

- Les formes graves concernent avant tout <strong>le</strong> nouveau-né ou l’enfant atopique. Le pronostic a été<br />

transformé par l’utilisation de l’aciclovir, premier traitement ayant une efficacité démontrée par études<br />

randomisées sur <strong>le</strong>s infections herpétiques cutanéo-muqueuses.<br />

1- Diagnostiquer une poussée d’herpès cutané et muqueux.<br />

Forme habituel<strong>le</strong> :<br />

L’herpès de primo-invasion cutanéo-muqueux est habituel<strong>le</strong>ment bénin.<br />

1. La gingivo-stomatite aiguë est l’aspect <strong>le</strong> plus typique de la primo-infection herpétique.<br />

El<strong>le</strong> survient <strong>le</strong> plus souvent entre l’âge de 6 mois et celui de 4 ans.<br />

- Début par fièvre, dysphagie.<br />

- Aspect d’oedème et d’inflammation de l’ensemb<strong>le</strong> de la muqueuse pharyngée et bucca<strong>le</strong><br />

- puis vésicu<strong>le</strong>s douloureuses, bientôt rompues laissant des érosions au niveau de la langue, du<br />

palais, des gencives, de la muqueuse bucca<strong>le</strong> (expliquant l’hypertrophie gingiva<strong>le</strong>) et des lèvres. Ces<br />

vésicu<strong>le</strong>s confluent en plaques érosives couvertes d’une membrane grisâtre. La muqueuse, très<br />

oedémateuse, peut saigner au contact.<br />

- Signes associés :<br />

• Hypersialorrhée<br />

• Dysphagie et ha<strong>le</strong>ine fétide.<br />

• Adénopathies sous maxillaires.<br />

• Syndrome infectieux marqué avec fièvre souvent é<strong>le</strong>vée et asthénie.<br />

Un tel aspect clinique est <strong>le</strong> plus souvent évocateur et nécessite rarement une confirmation<br />

biologique.<br />

La dysphagie peut être majeure gênant toute alimentation et réhydratation, imposant alors<br />

l’hospitalisation pour perfusion.<br />

La guérison spontanée est la règ<strong>le</strong> en quelques jours mais l’excrétion vira<strong>le</strong> peut être plus prolongée<br />

pendant 2 à 3 semaines.<br />

Diagnostics différentiels :<br />

- Herpangine (coxsackie A),<br />

- aphtose bucca<strong>le</strong>,<br />

- lésions muqueuses du pemphigus et de l’érythème polymorphe.<br />

et en début de maladie avant que <strong>le</strong>s vésicu<strong>le</strong>s et la stomatite apparaissent :<br />

- Pharyngite streptococcique et Mononucléose infectieuse.<br />

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2. Primo-infection herpétique génita<strong>le</strong> de l’enfant :<br />

Concerne avant tout l’ado<strong>le</strong>scente sous forme d’une vaginite aiguë et douloureuse s’accompagnant<br />

de fièvre et d’adénopathies inguina<strong>le</strong>s sensib<strong>le</strong>s.<br />

Les vésicu<strong>le</strong>s se transforment en érosions à topographie vulvaire, vagina<strong>le</strong> et souvent ana<strong>le</strong>. Une<br />

rétention d’urine peut être associée.<br />

La cicatrisation est spontanée en 2 à 3 semaines.<br />

3. Primo-infection oculaire :<br />

Le diagnostic est celui de l’étiologie d’une kérato-conjonctivite unilatéra<strong>le</strong> aiguë avec œdème<br />

palpébral, vésicu<strong>le</strong>s et adénopathie prétragienne imposant un examen ophtalmologique, l’examen à la<br />

lampe à fente pouvant montrer des aspects caractéristiques.<br />

Le risque de surinfection contre-indique <strong>le</strong>s corticoïdes et <strong>le</strong>s anesthésiques locaux.<br />

4. Herpès récurrent :<br />

- Fréquent : 10 % environ des individus.<br />

- Facteurs déc<strong>le</strong>nchants : défaillance transitoire de l’immunité cellulaire, fièvre, so<strong>le</strong>il, stress,<br />

traumatismes locaux.<br />

- Morphologie : après quelques heures de signes fonctionnels à type de picotements ou de prurit,<br />

survenue d’une plaque érythémateuse puis de vésicu<strong>le</strong>s groupées en bouquet. Ces éléments<br />

confluent et se rompent conduisant à une érosion puis une croûte dont la chute s’effectuera en<br />

quelques heures.<br />

- Signes associés rares : fébricu<strong>le</strong> et adénopathies satellites.<br />

- La topographie des récurrences est identique chez un sujet donné et est déterminée par la<br />

localisation de la primo-infection : labia<strong>le</strong>, cutanée, cornéenne ou génita<strong>le</strong>.<br />

Le diagnostic de ces infections est <strong>le</strong> plus souvent clinique et nécessite rarement des examens<br />

complémentaires pour confirmation :<br />

- La culture vira<strong>le</strong> n’est justifiée que dans <strong>le</strong>s formes sévères<br />

- Les tests immuno-enzymatiques par immunofluorescence ou par hybridation in situ permettent<br />

d’identifier HSV1 et HSV2.<br />

- La détection de l’ADN viral par PCR est une technique spécifique extrêmement sensib<strong>le</strong> exposant à<br />

des risques de faux positifs.<br />

- L’examen sérologique n’a d’intérêt que dans la primo-infection (IgM spécifiques). Les techniques<br />

sérologiques de routine permettent de discriminer <strong>le</strong>s anticorps anti-HSV1 et anti-HSV2.<br />

2- Traiter une poussée d’herpès cutané et muqueux.<br />

- règ<strong>le</strong>s d’hygiène élémentaires :<br />

• informer du caractère infectieux et transmissib<strong>le</strong> de cette infection<br />

• protéger de l’auto-inoculation : lavage des mains<br />

- l’aciclovir est <strong>le</strong> premier traitement ayant une efficacité démontrée dans <strong>le</strong>s infections herpétiques<br />

cutanéo-muqueuses. Le valaciclovir (Zelitrex) bénéficie d’une meil<strong>le</strong>ure pharmacocinétique permettant<br />

de réduire <strong>le</strong> nombre de doses journalières, mais il n’existe que sous forme de comprimés.<br />

Indications :<br />

1-Primo-infection<br />

- gingivo-stomatite : <strong>le</strong> traitement par aciclovir peut être indiqué dans <strong>le</strong>s formes sévères (difficultés<br />

d’alimentation majeures) mais aucune efficacité n’a cependant été démontrée sur la fréquence ou la<br />

sévérité des récidives éventuel<strong>le</strong>s.<br />

aciclovir par voie ora<strong>le</strong> à la dose de 200 mg (100 mg avant 2 ans) 5 fois/ j pendant 7 à 10 j.<br />

- primo- infection génita<strong>le</strong> : mêmes posologies d’aciclovir dont l’efficacité est démontrée sur la durée<br />

de contagiosité mais aussi sur la durée de la poussée aiguë et des signes fonctionnels.<br />

- La coexistence de signes méningés conduirait à l’administration de ce traitement par voie<br />

parentéra<strong>le</strong> à la dose de 250 mg/m² toutes <strong>le</strong>s 8 heures chez l’enfant de plus de 3 mois.<br />

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2-Récurrences<br />

- herpès oro-facial récidivant : application loca<strong>le</strong> (aciclovir crème dermique à 5%) 5 fois par jour est<br />

discuté. Ce traitement diminuerait la contagiosité si précocement institué mais ne semb<strong>le</strong> pas réduire<br />

la durée ou l’intensité de l’éruption et des signes fonctionnels d’accompagnement. Il ne réduit pas<br />

davantage la fréquence des récurrences.<br />

Le traitement oral serait plutôt à réserver aux enfants ayant plus de 6 récurrences par an.<br />

- herpès génital récidivant : l’aciclovir à 200 mg 5 fois/j diminuerait aussi la contagiosité s’il était<br />

précocement institué mais ne semb<strong>le</strong> pas réduire la durée ou l’intensité de l’éruption et des signes<br />

fonctionnels d’accompagnement. Il n’existe pas de recommandation de même que pour <strong>le</strong>s<br />

traitements locaux.<br />

· Redouter l’abus de traitements par l’Aciclovir, en raison des risques de résistance des HSV à cet<br />

antiviral majeur.<br />

3- Préciser <strong>le</strong>s complications de la maladie herpétique chez <strong>le</strong> nouveau-né<br />

L’herpès néonatal est très rare (1 pour 10 000 grossesses) mais grave.<br />

Dans 75 % des cas, il est lié à une infection à HSV2 transmise à partir d’un herpès génital de la mère<br />

au cours de l’accouchement.<br />

Plus exceptionnel<strong>le</strong>ment, il s’agit d’une infection à HSV1 transmise par un membre de la famil<strong>le</strong> ou du<br />

personnel de la maternité.<br />

Diagnostic :<br />

- rarement une forme cutanéo-muqueuse pure.<br />

- plus souvent un tab<strong>le</strong>au de méningo-encéphalite, ou de sepsis avec coagulation intravasculaire<br />

disséminée et atteintes polyviscéra<strong>le</strong>s.<br />

En pratique, ce diagnostic doit être évoqué devant tout tab<strong>le</strong>au clinique d’infection néonata<strong>le</strong><br />

sévère et devant toute éruption vésicu<strong>le</strong>use du nouveau né.<br />

Une tel<strong>le</strong> crainte conduit à un traitement antiviral précoce, seul susceptib<strong>le</strong> d’induire une diminution<br />

significative de la mortalité et des séquel<strong>le</strong>s (neurologiques).<br />

Le diagnostic est confirmé par des prélèvements virologiques spécifiques pratiqués chez la mère et<br />

l’enfant.<br />

Traitement curatif : aciclovir : 20 mg/kg/8h<br />

pendant 14 jours en cas de forme cutanéo-muqueuse pure<br />

et 21 jours en cas de forme systémique<br />

Traitement préventif selon risques encourus par <strong>le</strong> nouveau-né :<br />

- césarienne :<br />

• si la mère a des lésions cliniques d’herpès génital lors du travail<br />

• lors d’une primo-infection dans <strong>le</strong> dernier mois de la grossesse<br />

• lors d’une récurrence herpétique génita<strong>le</strong> symptomatique dans la dernière semaine.<br />

- et dans ces deux derniers cas, un traitement par aciclovir par voie intraveineuse s’impose chez <strong>le</strong><br />

nouveau-né pendant 14 jours.<br />

Lorsqu’il existe des antécédents d’herpès génital chez la femme ou son partenaire, la césarienne n’est<br />

plus indiquée en l’absence de lésions cliniques lors de l’accouchement.<br />

L’attitude thérapeutique vis à vis du nouveau-né dépend des résultats des prélèvements virologiques<br />

pratiqués chez la mère et l’enfant. Le traitement par aciclovir est indiqué si <strong>le</strong>s prélèvements sont<br />

positifs chez la mère et/ou l’enfant.<br />

4- Préciser <strong>le</strong>s complications de la maladie herpétique chez l’enfant atopique<br />

Le Syndrome de Kaposi-Juliusberg<br />

- Diagnostic : dermatose pustu<strong>le</strong>use nécrotique et hémorragique survenant chez un enfant présentant<br />

un eczéma atopique dont l’aspect des lésions se modifie.<br />

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- Début brutal : hyperthermie +/- syndrome toxique.<br />

- Survenue en quelques heures d’une éruption vésiculo-pustu<strong>le</strong>use sur <strong>le</strong>s lésions pré-existantes<br />

d’eczéma.<br />

- Lésions associées : adénopathies, lésions des conjonctives, surinfection des vésicu<strong>le</strong>s<br />

- En l’absence de diagnostic et de traitement précoce, <strong>le</strong> pronostic est sévère lié aux risques<br />

d’extension viscéra<strong>le</strong> de l’infection herpétique.<br />

Traitement hospitalier associant :<br />

- aciclovir intraveineux,<br />

- antibiotiques anti-staphylococciques.<br />

Prévention : informations des parents +++ : éviter tout contact entre un enfant présentant un eczéma<br />

atopique en poussée et des sujets ayant des lésions d’herpès clinique.<br />

II- Infections par <strong>le</strong> virus varicel<strong>le</strong>-zona (VZV, herpès virus type 3)<br />

Un virus responsab<strong>le</strong> de 2 maladies :<br />

- la varicel<strong>le</strong> : primo-infection<br />

- <strong>le</strong> zona : infection récurrente<br />

II-A- La varicel<strong>le</strong><br />

600 000 à 700 000 cas annuels en France.<br />

Pathologie infectieuse de l’enfant (90 % < 10 ans) susceptib<strong>le</strong> d’être sévère chez l’adulte.<br />

- Généralités :<br />

• réservoir : homme<br />

• survie : courte dans l’environnement<br />

• infection latente des ganglions sensitifs<br />

- Transmission :<br />

• chez l’enfant : contact direct avec sujet infecté, par sécrétions respiratoires ou lésions<br />

infectées<br />

• chez <strong>le</strong> nouveau-né : transplacentaire.<br />

- Contagiosité :<br />

• Au moins 2 jours avant la survenue des vésicu<strong>le</strong>s<br />

• jusqu’à formation des croûtes (5 jours)<br />

- Principa<strong>le</strong>s caractéristiques chez l’enfant immunocompétent :<br />

• fréquence : jeune enfant : 90 % < 10 ans (âge moyen : 4 ans ; saison : souvent printemps)<br />

• grande contagiosité<br />

• <strong>le</strong> plus souvent bénigne mais complications à tous âges y compris chez <strong>le</strong>s enfants<br />

immunocompétents.<br />

5- Diagnostiquer une varicel<strong>le</strong><br />

Au terme :<br />

- d’une incubation si<strong>le</strong>ncieuse fixe (14-16 jours), puis<br />

- d’une période d’invasion brève (fébricu<strong>le</strong> modéré),<br />

<strong>le</strong> diagnostic est avant tout clinique et <strong>le</strong> plus souvent faci<strong>le</strong> devant un exanthème typique.<br />

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L’exanthème :<br />

- éruption maculo-papu<strong>le</strong>use<br />

- devenant rapidement vésicu<strong>le</strong>use, à contenu liquidien initial clair<br />

lésions typiques : éléments superficiels, de consistance mol<strong>le</strong>, reposant sur un derme non induré,<br />

bordés d’une auréo<strong>le</strong> rouge disparaissant à la traction : « goutte de rosée » sur une peau saine<br />

- prurit souvent associé<br />

Evolution typique de l’éruption :<br />

- début au niveau du cuir chevelu<br />

- généralisation sur un mode centripète<br />

- extrémités parfois atteintes<br />

- poussées successives (chacune de 2 à 4 jours), avec coexistence possib<strong>le</strong> d’éléments d’âges<br />

différents.<br />

- durée globa<strong>le</strong> de l’éruption : 10 à 12 jours.<br />

La période de contagion débute au moins 2 jours avant <strong>le</strong> début de l’éruption et persiste jusqu’à la<br />

formation des croûtes.<br />

Les signes associés :<br />

- énanthème buccal souvent érosif (inconstant)<br />

- fièvre modérée (qui peut être é<strong>le</strong>vée) et durab<strong>le</strong><br />

- micropoly-adénopathies.<br />

Des examens pour la confirmation du diagnostic ne sont indiqués que dans <strong>le</strong>s formes<br />

compliquées ou atypiques :<br />

- iso<strong>le</strong>ment viral sur culture cellulaire<br />

- examens sérologiques surtout<br />

- exceptionnel<strong>le</strong>ment : immunofluorescence sur liquide vésiculaire.<br />

6- Connaître <strong>le</strong>s complications de la varicel<strong>le</strong><br />

Des complications de la varicel<strong>le</strong>, typiquement plus sévères chez <strong>le</strong>s ado<strong>le</strong>scents et <strong>le</strong>s adultes<br />

(mortalité 0,1 à 0,5 % au delà de 45 ans), sont observées <strong>le</strong> plus fréquemment chez des enfants<br />

immunocompétents.<br />

1. Les surinfections cutanées bactériennes sont <strong>le</strong>s complications <strong>le</strong>s plus fréquentes et<br />

constituent la première cause d’hospitalisation chez l’enfant. El<strong>le</strong>s sont liées principa<strong>le</strong>ment à<br />

Staphylococcus aureus et au streptocoque hémolytique du groupe A.<br />

Les principa<strong>le</strong>s manifestations cliniques en sont l’impétigo et <strong>le</strong>s abcès sous-cutanés.<br />

Les dermohypodermites bactériennes non nécrosantes et surtout <strong>le</strong>s fasciites nécrosantes<br />

(streptocoque du gr A) sont plus rares mais redoutab<strong>le</strong>s.<br />

2. Les complications pulmonaires sont de deux types : surinfections bactériennes (pneumocoque,<br />

streptocoque) et pneumopathies varicel<strong>le</strong>uses. El<strong>le</strong>s concernent surtout l’enfant de moins de 6 mois et<br />

<strong>le</strong>s enfants immunodéprimés et représenteraient 25 % des décès liés à la varicel<strong>le</strong>. El<strong>le</strong>s sont à<br />

évoquer devant :<br />

- une fièvre é<strong>le</strong>vée au 3ème-4ème jour de l’éruption<br />

- des signes de pneumopathie (polypnée, toux, cyanose)<br />

- des images radiologiques interstitiel<strong>le</strong>s ou alvéolaires.<br />

D’autres complications sont classiques, connues, mais plus rares :<br />

3. Les complications neurologiques :<br />

- ataxie cérébel<strong>le</strong>use (cérébellite) : complication neurologique la plus fréquente.<br />

• parfois isolée précédant l’éruption ;<br />

• ou de survenue retardée 5 à 10 jours après <strong>le</strong> début de l’exanthème.<br />

• el<strong>le</strong> guérit toujours sans séquel<strong>le</strong>s.<br />

- méningo-encéphalite (sévère mais plus rare)<br />

- exceptionnel<strong>le</strong>ment : méningites lymphocytaires, myélites, syndrome de Guillain Barré<br />

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- <strong>le</strong> Syndrome de Reye est devenu exceptionnel depuis la recommandation de non–utilisation d’acide<br />

acétylsalicylique au cours d’une varicel<strong>le</strong>.<br />

4. Les varicel<strong>le</strong>s graves :<br />

- atteignent aussi <strong>le</strong>s enfants immunocompétents notamment au dessous de l’âge de 5 ans,<br />

- sont <strong>le</strong> plus souvent liées à une contamination intra-familia<strong>le</strong>.<br />

Leurs aspects sont multip<strong>le</strong>s :<br />

- Syndrome de la peau ébouillantée (SSSS)<br />

- Fasciites nécrosantes (d’incidence probab<strong>le</strong>ment croissante) liées à Streptococcus pyogenes qui<br />

peuvent entraîner un état de choc (toxines) et des délabrements tissulaires (nécrose et syndrome des<br />

loges). Les anti-inflammatoires non stéroïdiens semb<strong>le</strong>raient en favoriser la survenue.<br />

- Syndromes toxiniques : étiologie principa<strong>le</strong> des syndromes de chocs toxiques staphylococcique ou<br />

streptococcique (taux de mortalité é<strong>le</strong>vé) chez l’enfant.<br />

Des varicel<strong>le</strong>s graves ont été décrites chez <strong>le</strong>s enfants immunodéprimés :<br />

- éruptions profuses ulcéro-hémorragiques<br />

- avec atteintes polyviscéra<strong>le</strong>s (poumons/foie/système nerveux central)<br />

Complications de la varicel<strong>le</strong> pendant la grossesse et chez <strong>le</strong> nouveau-né<br />

5 % des femmes enceintes ne sont pas immunisées<br />

Tab<strong>le</strong>au très différent selon la date de contamination :<br />

· trimestre 1 et 2 : voie transplacentaire<br />

· trimestre 3 :<br />

- avortement spontané<br />

- syndrome de varicel<strong>le</strong> congénita<strong>le</strong> (avant 20ème semaine d’aménorrhée)<br />

* petit poids de naissance<br />

* atteinte cutanée constante<br />

* hypoplasie des membres<br />

* anomalies oculaires et neurologiques (lésions d’atrophie)<br />

- contexte de varicel<strong>le</strong> maternel<strong>le</strong> parfois sévère (avec atteinte pulmonaire)<br />

- prématurité<br />

- atteinte fœta<strong>le</strong> asymptomatique ou zona précoce (1ères semaines ou 1er mois de<br />

vie)<br />

· dans la période de l’accouchement : varicel<strong>le</strong> néonata<strong>le</strong> (15 à 30 %),<br />

- bénigne si el<strong>le</strong> survient chez <strong>le</strong> nouveau-né avant <strong>le</strong> 5ème jour de vie<br />

- grave si varicel<strong>le</strong> maternel<strong>le</strong> découverte dans <strong>le</strong>s 5 jours précédant l’accouchement<br />

ou <strong>le</strong>s 2 jours <strong>le</strong> suivant. L’éruption néonata<strong>le</strong> survient alors entre <strong>le</strong> 5ème et <strong>le</strong><br />

10ème jour de vie avec une atteinte généralisée volontiers ulcéro-nécrotique ou<br />

hémorragique et des atteintes pulmonaires, méningo-encéphaliques et<br />

polyviscéra<strong>le</strong>s pouvant conduire à la mort dans 20 à 30 % des cas.<br />

Prévention chez une femme enceinte non immunisée en contact avec une varicel<strong>le</strong> :<br />

dosage des taux d’IgG antivaricel<strong>le</strong> et si séro-négativité : immunisation passive par<br />

immunoglobulines spécifiques (disponib<strong>le</strong>s en ATU ; Varitecâ)<br />

Prise en charge d’une varicel<strong>le</strong> chez une femme enceinte :<br />

avant 24 semaines :<br />

- surveillance échographique<br />

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- ponction du liquide amniotique non justifiée<br />

dans <strong>le</strong>s 8 à 10 jours de la date prévue de l’accouchement :<br />

- essai de différer l’accouchement<br />

- traitement antiviral : aciclovir IV : 15 mg/kg pendant 8 à 10 j (AMM 2002)<br />

entre J-5 et J+2 par rapport à l’accouchement : traitement antiviral du nouveau-né par voie IV ; 20<br />

mg/kg/8heures (AMM 2002)<br />

7- Traiter une varicel<strong>le</strong><br />

1. Traitement d’une varicel<strong>le</strong> constituée<br />

forme usuel<strong>le</strong> : traitement symptomatique simp<strong>le</strong> :<br />

- ong<strong>le</strong>s coupés courts et brossés au savon,<br />

- solution antiseptique sur <strong>le</strong>s éléments prurigineux (mais pas de poudres ou talc !)<br />

- traitement antipyrétique excluant tout anti-inflammatoire non stéroïdien : Aspirine et ibuprofène sont<br />

contre-indiqués<br />

- antihistaminique si prurit.<br />

forme surinfectée : antibiotique systémique.<br />

formes sévères ou à risques de sévérité (immunodéprimés, nouveau-né ou formes graves du<br />

nourrisson < 1 an)<br />

antiviral : aciclovir par voie intraveineuse à 20 mg/kg/8 h (pendant 8 à 10 jours)<br />

Aucune indication de traitement oral dans <strong>le</strong>s autres cas.<br />

2. Traitement préventif de l’entourage<br />

Mesures prophylactiques généra<strong>le</strong>s (en vil<strong>le</strong>) : mesures d’éviction non recommandées dans <strong>le</strong>s<br />

col<strong>le</strong>ctivités (crèches, éco<strong>le</strong>s) par <strong>le</strong> Conseil d’Hygiène Publique de France car :<br />

· inefficaces : contamination de l’entourage déjà effectuée au moment du diagnostic<br />

· limitent la diffusion et contribuent à déplacer l’âge de la maladie vers l’âge adulte avec un risque<br />

accru de complications<br />

La fréquentation de la col<strong>le</strong>ctivité à la phase aiguë de la maladie n’est cependant pas souhaitab<strong>le</strong><br />

dans <strong>le</strong> contexte général des maladies infectieuses conduisant au repos et à la surveillance de<br />

l’enfant dans sa famil<strong>le</strong>.<br />

Mesures en milieu hospitalier : prévention des infections nosocomia<strong>le</strong>s +++<br />

· immunoglobulines hyperimmunes anti-VZV administrés dans <strong>le</strong>s 72 heures assurant une protection<br />

transitoire et partiel<strong>le</strong> (prescription sur autorisation temporaire d’utilisation (ATU)). El<strong>le</strong>s sont inuti<strong>le</strong>s si<br />

la maladie est déclarée.<br />

· vaccination anti-VZV (Varivax* ou Varilrix*) à administrer dans <strong>le</strong>s 72 heures suivant <strong>le</strong> contage, chez<br />

l’immunocompétent. El<strong>le</strong> est inuti<strong>le</strong> si la maladie est déclarée.<br />

· traitement antiviral aciclovir recommandé chez :<br />

* immunodéprimés ou greffe récente de moel<strong>le</strong> osseuse ;<br />

* nouveau-nés dont la mère développe une varicel<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s 8 à 10 jours avant ou après<br />

l’accouchement.<br />

3. Traitement préventif général des infections à VZV : la Vaccination<br />

A l’exception de la vaccination, aucune contre-mesure n’est susceptib<strong>le</strong> de limiter la propagation de la<br />

varicel<strong>le</strong> ou la fréquence du zona dans une communauté réceptive (OMS)<br />

- Rationnel de la vaccination:<br />

• diminution de la morbidité : complications et hospitalisations<br />

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• diminution de la mortalité<br />

• diminution du coût social de la maladie.<br />

- Vaccin vivant atténué<br />

• Efficacité préventive : 85 % (prévention des formes graves : 95 %)<br />

• Persistance d’anticorps à 7 ans (mais incidence de l’exposition au virus sauvage inconnue)<br />

- Vaccination universel<strong>le</strong> (de tous <strong>le</strong>s enfants) actuel<strong>le</strong>ment proposée aux USA (éga<strong>le</strong>ment<br />

recommandée en Al<strong>le</strong>magne depuis 2004 et au Canada depuis 2005) : âge de 12 à 18 mois +<br />

rattrapage pour <strong>le</strong>s enfants plus âgés réceptifs à risque é<strong>le</strong>vé dans <strong>le</strong> contage de sujets atteints.<br />

Recommandations en France :<br />

- la vaccination universel<strong>le</strong> n’est pas actuel<strong>le</strong>ment recommandée (mais discussion en cours sur <strong>le</strong>s<br />

modalités d’une politique vaccina<strong>le</strong> « universel<strong>le</strong> » dont la primo-vaccination pourrait être<br />

contemporaine du vaccin rougeo<strong>le</strong>-oreillons-rubéo<strong>le</strong> à 12 mois).<br />

- Actuel<strong>le</strong>ment recommandée pour <strong>le</strong>s sujets sans antécédents de varicel<strong>le</strong> et dont la sérologie est<br />

négative si :<br />

• contact étroit avec sujet immunodéprimé (personnel hospitalier)<br />

• professionnels en contact étroit avec la petite enfance (crèches, éco<strong>le</strong>s, services de pédiatrie)<br />

• adultes de plus de 18 ans, exposés à la varicel<strong>le</strong> (dans <strong>le</strong>s 3 jours suivant <strong>le</strong> contage avec un<br />

patient atteint)<br />

• entrée en 1ère année des études médica<strong>le</strong>s ou paramédica<strong>le</strong>s<br />

• une greffe d’organe solide est nécessaire chez <strong>le</strong>s enfants candidats receveurs sans<br />

antécédents de varicel<strong>le</strong>. (vaccin à effectuer dans <strong>le</strong>s 6 mois précédant la greffe ; cf<br />

recommandations officiel<strong>le</strong>s)<br />

II-B- ZONA<br />

Le zona est lié à la réactivation du virus de la varicel<strong>le</strong> et du zona (VZV).<br />

La varicel<strong>le</strong> représente la primo-infection induisant une virose généralisée avec virémie.<br />

Le virus reste par la suite latent dans l’organisme.<br />

Une réactivation de l’infection (âge, état infectieux et immunodépression quel<strong>le</strong> qu’en soit l’origine)<br />

dans un ganglion sensitif entraîne dans <strong>le</strong> dermatome correspondant l’éruption localisée<br />

caractéristique du zona.<br />

Le zona est plus rare chez l’enfant que chez l’adulte. La survenue, à cet âge est favorisée par<br />

une exposition intra-utérine au VZV ou d’une varicel<strong>le</strong> avant l’âge de 12 mois.<br />

8- Diagnostiquer un zona<br />

Le diagnostic est <strong>le</strong> plus souvent clinique (comme pour la varicel<strong>le</strong>) :<br />

- l’anamnèse précise :<br />

• la notion d’une fièvre (modérée)<br />

• des dou<strong>le</strong>urs et/ou paresthésies de topographie unilatéra<strong>le</strong> et radiculaire<br />

- l’éruption est très évocatrice :<br />

• macu<strong>le</strong>s érythémateuses se couvrant de vésicu<strong>le</strong>s perlées puis troub<strong>le</strong>s qui dessècheront<br />

pour laisser place à des croûtes jusqu’au 15ème jour.<br />

• topographie unilatéra<strong>le</strong> et métamérique de l’éruption (avec parfois quelques vésicu<strong>le</strong>s<br />

aberrantes controlatéra<strong>le</strong>s) : intercosta<strong>le</strong> surtout, ophtalmique parfois.<br />

• radiculite zostérienne souvent responsab<strong>le</strong> de troub<strong>le</strong>s neurologiques dans <strong>le</strong> même territoire<br />

: névralgies, hypoesthésies, anomalies de la sudation.<br />

- signes associés : adénopathies régiona<strong>le</strong>s, méningite lymphocytaire.<br />

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La localisation à la branche ophtalmique du trijumeau peut se compliquer d’une conjonctivite et surtout<br />

d’une kératite dendritique.<br />

- Evolution : poussées lésionnel<strong>le</strong>s<br />

durée : 2 à 4 semaines avec croûtes susceptib<strong>le</strong>s de laisser des cicatrices indélébi<strong>le</strong>s.<br />

La confirmation du diagnostic par des examens complémentaires est rarement nécessaire :<br />

- cytodiagnostic : effet cytopathique commun aux herpès virus sur frottis du contenu d’une vésicu<strong>le</strong> (il<br />

ne distingue pas <strong>le</strong>s lésions de varicel<strong>le</strong> des lésions d’herpès).<br />

- effet cytopathique en culture sur fibroblastes (6 à 10 jours) permettant de cib<strong>le</strong>r <strong>le</strong> virus isolé.<br />

- Examens sérologiques surtout :<br />

* intérêt : diagnostic rétrospectif et dépistage des sujets.<br />

· IgM spécifiques : infection récente<br />

· L’élévation significative du taux des anticorps sériques peut être<br />

induite par une réexposition exogène ou par une récurrence<br />

symptomatique ou non du VZV latent.<br />

COMPLICATIONS :<br />

El<strong>le</strong>s peuvent concerner l’enfant immunocompétent :<br />

- algies post-zostériennes (surtout chez l’adulte cependant)<br />

- surinfection bactérienne (exceptionnel<strong>le</strong>)<br />

- signes neurologiques focaux.<br />

El<strong>le</strong>s concernent surtout <strong>le</strong>s enfants immunodéprimés et une localisation viscéra<strong>le</strong> identique à cel<strong>le</strong> de<br />

la varicel<strong>le</strong> peut faire recherche une hémopathie ou une infection à VIH.<br />

La survenue d’un zona chez une femme enceinte n’induit aucun risque fœtal.<br />

9- Traiter un zona<br />

Formes bénignes, <strong>le</strong>s plus habituel<strong>le</strong>s :<br />

- traitement symptomatique : antipyrétiques et antalgiques (Paracétamol)<br />

- éviction scolaire souvent proposée jusqu’à la guérison clinique<br />

- surinfection bactérienne : antiseptiques locaux ; proscrire talc et corticoïdes locaux.<br />

- antihistaminiques si prurit intense<br />

- traitement spécifique : aciclovir<br />

• réservé aux formes graves<br />

• résistance actuel<strong>le</strong>ment décrite au cours de traitements prolongés ou répétés notamment<br />

chez <strong>le</strong>s immunodéprimés<br />

• zona ophtalmique : aciclovir par voie loca<strong>le</strong> (pommade ophtalmique à 3%) voire intraveineux.<br />

• enfant immunodéprimé : aciclovir par voie intraveineuse à la dose de 500 mg/m² toutes <strong>le</strong>s 8<br />

heures chez l’enfant de plus de 3 mois et de 10 mg/kg toutes <strong>le</strong>s 8 heures chez <strong>le</strong> nouveau-né<br />

pendant 7 à 10 jours. Un tel traitement accélère la guérison et diminue <strong>le</strong> risque de<br />

complications.<br />

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Objectifs :<br />

Infections ostéo-articulaires-discospondylite<br />

Auteurs : A. HAMEL, J.M ROGEZ, A. SOULIE - (CHU NANTES)<br />

¤ Diagnostiquer une infection osseuse et/ou articulaire<br />

¤ Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier <strong>le</strong> suivi du patient.<br />

Ce chapitre traite de toutes <strong>le</strong>s infections ostéo-articulaires de l’enfant (Ostéomyélites, Ostéites,<br />

Arthrites, Spondylodiscites), donc que l’aspect pédiatrique de l’item 92.<br />

Les infections ostéo-articulaires de l’adulte (Ostéites, Arthrites) ne sont pas traitées ici.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

I - L’ostéomyélite<br />

Faq 1 - Définition<br />

Faq 2 - Clinique<br />

Faq 3 - Biologie<br />

Faq 4 - L’imagerie<br />

Faq 5 - Le bilan bactériologique<br />

Faq 6 - Le traitement<br />

Faq 7 - L’évolution<br />

Faq 8 - Les formes cliniques<br />

Faq 9 - Diagnostic différentiel<br />

II - L’arthrite<br />

Faq 10 - Clinique<br />

Faq 11 - Biologie<br />

Faq 12 - L’imagerie<br />

Faq 13 - Prélèvements bactériologiques<br />

Faq 14 - Traitement<br />

Faq 15 - Evolution<br />

Faq 16 - Formes cliniques<br />

Faq 17 - Diagnostic différentiel<br />

Faq 18 - Conclusion<br />

III - En conclusion<br />

Faq 19 - En conclusion<br />

Points essentiels


Introduction<br />

Les infections ostéo-articulaires regroupent deux grands types de pathologies différentes.<br />

Les arthrites qui sont des infections de l’articulation, et <strong>le</strong>s ostéomyélites qui sont des infections des<br />

métaphyses ou des épiphyses au contact des cartilages de croissance.<br />

Ces deux pathologies infectieuses sont des atteintes de la chondro-épiphyse par une bactérie, el<strong>le</strong>même<br />

inoculée par une porte d’entrée.<br />

La physiopathologie des infections ostéo-articulaires n’a jamais été établie avec certitude.<br />

I - L’ostéomyélite<br />

· El<strong>le</strong> est spécifique de l’os en croissance.<br />

· C’est une urgence.<br />

Faq 1 - Définition<br />

Il s’agit d’une infection hématogène (c’est la conséquence d’une septicémie ou d’une bactériémie),<br />

de l’os en croissance (el<strong>le</strong> n’existe plus à maturité osseuse), atteignant de préférence la<br />

métaphyse des os longs (c’est la plaque de croissance et l’épiphyse ferti<strong>le</strong> qui sont atteintes et qui<br />

donneront <strong>le</strong>s séquel<strong>le</strong>s d’inégalité de longueur de membre ou de déviation d’axe des membres) et<br />

généra<strong>le</strong>ment due au staphylocoque (ce qui permet de mettre en œuvre en urgence un traitement<br />

antibiotique <strong>le</strong> plus souvent adapté).<br />

Faq 2 - Clinique<br />

Il s’agit <strong>le</strong> plus souvent d’un jeune garçon sans antécédent particulier qui va présenter bruta<strong>le</strong>ment un<br />

tab<strong>le</strong>au fébri<strong>le</strong> avec une température é<strong>le</strong>vée souvent supérieure à 39°, une dou<strong>le</strong>ur d’un segment de<br />

membre, associée à une impotence fonctionnel<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus souvent marquée, voire tota<strong>le</strong>.<br />

Le tab<strong>le</strong>au est souvent impressionnant avec une altération importante et rapide de l’état général.<br />

L’interrogatoire<br />

Il retrouve souvent un épisode inflammatoire habituel<strong>le</strong>ment rhinopharyngé, non spécifique. La notion<br />

d’un traumatisme bénin, fréquent chez l’enfant, est souvent incriminée à tort et retarde parfois la<br />

première consultation.<br />

L’examen clinique<br />

Il est riche d’enseignement. La règ<strong>le</strong> devant un enfant fébri<strong>le</strong> est de rechercher une otite et de palper<br />

<strong>le</strong>s épiphyses ferti<strong>le</strong>s. Le grand enfant indique très clairement la zone douloureuse et impotente, et la<br />

palpation attentive et douce va montrer qu’il existe une dou<strong>le</strong>ur qui est située au niveau d’un<br />

cartilage de croissance, <strong>le</strong> plus souvent <strong>le</strong> cartilage inférieur du fémur ou supérieur du tibia au<br />

membre inférieur, dou<strong>le</strong>ur qui est vive, circulaire, tout à fait caractéristique.<br />

L’examen doit toujours commencer par <strong>le</strong> côté non atteint et al<strong>le</strong>r progressivement vers la zone<br />

suspecte, de façon à déc<strong>le</strong>ncher immanquab<strong>le</strong>ment la dou<strong>le</strong>ur au niveau du cartilage de croissance.<br />

Le fait sémiologique important, est que la mobilisation très douce de l’articulation adjacente à la zone<br />

douloureuse, va montrer que l’articulation est « libre » et qu’il existe quelques mouvements passifs<br />

possib<strong>le</strong>s , peu ou non douloureux.<br />

C’est <strong>le</strong> signe clinique qui fait la différence entre l’arthrite septique et l’ostéomyélite.<br />

L’examen clinique doit être comp<strong>le</strong>t ; il faut toujours palper toutes <strong>le</strong>s aires ganglionnaires ainsi que<br />

l’abdomen, cela sera très uti<strong>le</strong> au moment du diagnostic différentiel.<br />

L’examen doit rechercher une porte d’entrée qui est <strong>le</strong> plus souvent cutanée, l’ong<strong>le</strong> incarné de<br />

l’enfant étant une porte d’entrée tout à fait caractéristique, ou la petite plaie même minime souillée,<br />

ainsi que <strong>le</strong>s lésions de grattage.<br />

Un enfant qui bruta<strong>le</strong>ment présente une dou<strong>le</strong>ur osseuse métaphysaire, circonférentiel<strong>le</strong>, dans un<br />

contexte fébri<strong>le</strong>, avec une impotence fonctionnel<strong>le</strong>, est suspect de présenter une ostéomyélite aiguë.


· C’est une urgence.<br />

Il faut savoir hospitaliser rapidement cet enfant pour faire <strong>le</strong> bilan de l’affection et mettre en route <strong>le</strong><br />

traitement antibiotique sans attendre.<br />

On fait un bilan biologique et d’imagerie.<br />

Faq 3 - Biologie<br />

On fera en urgence une numération formu<strong>le</strong> qui va révé<strong>le</strong>r une infection avec une augmentation des<br />

polynucléaires souvent importante. La formu<strong>le</strong> devra être étudiée.<br />

La vitesse de sédimentation n’a pas de va<strong>le</strong>ur spécifique mais sera une notion de départ dont on<br />

pourra suivre attentivement l’évolution surtout si l’évolution n’est pas simp<strong>le</strong>.<br />

La C.réactive protéine (CRP) est certainement actuel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur marqueur du syndrome<br />

inflammatoire et <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur outil de surveillance de l’efficacité du traitement. La CRP sera é<strong>le</strong>vée.<br />

On recommande de ne pas oublier la bande<strong>le</strong>tte urinaire qui n’a pas particulièrement de spécificité<br />

mais qui peut détecter une <strong>le</strong>ucocyturie ou une glycosurie.<br />

L’ostéomyélite aiguë est conséquence d’une septicémie : <strong>le</strong> maître examen sera l’hémoculture.<br />

Il faut faire <strong>le</strong> plus d’hémocultures possib<strong>le</strong> si l’on veut avoir <strong>le</strong> plus de chance possib<strong>le</strong> de mettre un<br />

nom sur <strong>le</strong> germe en cause.<br />

Il faut faire <strong>le</strong>s hémocultures de préférence au moment de l’acmé fébri<strong>le</strong>.<br />

Il faut faire l’hémoculture avec soin et toujours demander la recherche de staphylocoque doré mais<br />

éga<strong>le</strong>ment de streptocoque, d’hémophilus influenzae, <strong>le</strong> kinguella kingae, ainsi que la recherche, sur<br />

<strong>le</strong>s milieux spéciaux, de <strong>le</strong>vures.<br />

Il faut savoir que de nos jours on ne retrouvera qu’une fois sur deux, voire une fois sur trois <strong>le</strong> germe<br />

en cause.<br />

La multiplication des prélèvements est donc fondamenta<strong>le</strong>.<br />

Sitôt que cela sera possib<strong>le</strong> (par exemp<strong>le</strong> lors de la mise en place du cathéter central sous anesthésie<br />

pour <strong>le</strong> traitement antibiotique au long cours) il ne faudra pas hésiter à faire plusieurs ponctions<br />

métaphysaires osseuses qui peuvent être très uti<strong>le</strong>s pour l’identification du germe.<br />

Lors de la ponction on fera éga<strong>le</strong>ment une hémoculture.<br />

Faq 4 - L'imagerie<br />

L’imagerie doit être faite selon <strong>le</strong>s possibilités, de façon simp<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> ne doit pas prétexter un retard<br />

thérapeutique. Le choix de l’imagerie répond à une stratégie tenant compte des informations fournies,<br />

du coût et de la facilité de réalisation des différents examens.<br />

La radiographie standard<br />

El<strong>le</strong> est toujours possib<strong>le</strong> ; el<strong>le</strong> est souvent décevante car el<strong>le</strong> sera norma<strong>le</strong> au début de l’évolution de<br />

l’ostéomyélite.<br />

La radio est toujours en retard par rapport à la clinique de 10 jours à 3 semaines chez l’enfant et<br />

l’ado<strong>le</strong>scent et cette radio pourra même rester rigoureusement norma<strong>le</strong> si <strong>le</strong> traitement est efficace en<br />

urgence, et l’évolution favorab<strong>le</strong>.<br />

La radiographie ne montrera d’image probante que souvent bien tardivement.<br />

El<strong>le</strong> sera très uti<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>ment pour accréditer la guérison de l’ostéomyélite.<br />

L’échographie<br />

C’est un examen simp<strong>le</strong>, non invasif, reproductib<strong>le</strong>, d’obtention aisée.<br />

Au tout début il sera lui aussi négatif mais aura <strong>le</strong> grand avantage de permettre l’étude de l’articulation<br />

adjacente au cartilage de croissance incriminé et chez <strong>le</strong> tout petit enfant sera un examen<br />

fondamental.<br />

L’échographie permet éga<strong>le</strong>ment de découvrir précocement l’existence d’un abcès sous-périosté.


La scintigraphie<br />

C’est un examen non spécifique de l’infection , mais très uti<strong>le</strong> en ce qui concerne la découverte de<br />

localisations, quelquefois multip<strong>le</strong>s, ou cachées (rachis).<br />

La scintigraphie sera uti<strong>le</strong> lorsque la clinique ou l’imagerie ne sera pas formel<strong>le</strong> et parfois pour la<br />

surveillance du traitement.<br />

L’Imagerie par Résonance Magnétique<br />

L’IRM est certainement l’examen <strong>le</strong> plus illustrant, mais diffici<strong>le</strong> à obtenir en urgence et nécessitant<br />

des conditions de sédation particulière chez <strong>le</strong> tout petit enfant.<br />

L’IRM sera très uti<strong>le</strong> pour suivre l’évolution de l’ostéomyélite surtout si cel<strong>le</strong>-ci évolue vers la chronicité<br />

ou la constitution d’abcès intra-osseux.<br />

Faq 5 - Le bilan bactériologique<br />

Le bilan bactériologique est précieux pour permettre un traitement adapté. Il doit obligatoirement<br />

précéder la mise en route du traitement antibiotique.<br />

Faq 6 - Le traitement<br />

· Le traitement de l’ostéomyélite est une urgence.<br />

L’adage qui disait : « <strong>le</strong>s antibiotiques dans <strong>le</strong> ¼ d’heure et <strong>le</strong> plâtre dans la ½ heure » doit être<br />

conservé en mémoire.<br />

Il est toutefois nécessaire de faire idéa<strong>le</strong>ment tous <strong>le</strong>s prélèvements bactériologiques (ponction<br />

métaphysaire et prélèvements périphériques) rapidement avant de mettre en route <strong>le</strong> traitement<br />

antibiotique.<br />

Le traitement consistera en une antibiothérapie à large spectre anti-staphylococcique de principe,<br />

intra-veineuse, qui permettront la poursuite de ce traitement pendant plusieurs jours voire plusieurs<br />

semaines si nécessaire, dans de bonnes conditions.<br />

Le membre souffrant doit être mis au repos.<br />

Le repos strict au lit et la décharge sont formels.<br />

Une attel<strong>le</strong> voire un plâtre peuvent être uti<strong>le</strong>s pour une immobilisation antalgique.<br />

Faq 7- L'évolution<br />

Vue au début et traitée en urgence, une ostéomyélite aiguë a généra<strong>le</strong>ment une évolution favorab<strong>le</strong>.<br />

Très vite la température se normalise en quelques heures, la dou<strong>le</strong>ur disparaît en quelques jours et <strong>le</strong>


ilan biologique fait au 3ème jour montre une chute significative de la CRP ainsi que de la<br />

polynucléose.<br />

Parfois l’évolution est moins évidente, voire défavorab<strong>le</strong>.<br />

Il faut absolument identifier <strong>le</strong> germe et vérifier si l’antibiothérapie est en accord avec l’antibiogramme<br />

que l’on aura reçu. On rappel<strong>le</strong> que malheureusement une fois sur deux, <strong>le</strong> germe va rester inconnu et<br />

il faudra alors modifier l’antibiothérapie en utilisant une pluri-antibiothérapie généra<strong>le</strong>.<br />

Lors d’évolution défavorab<strong>le</strong> que la surveillance clinique sera importante car la zone incriminée va<br />

rester douloureuse et sensib<strong>le</strong>, tandis que la radiographie va pouvoir montrer des signes d’ostéolyse<br />

et d’apposition périostée et c’est à ce moment que des examens comme la scintigraphie et l’IRM<br />

pourront être très uti<strong>le</strong>s.<br />

Le but du traitement d’une ostéomyélite aiguë est la restitutio ad integrum sans aucune séquel<strong>le</strong> sur la<br />

croissance .<br />

Faq 8 - Les formes cliniques<br />

La forme du nouveau-né et du nourrisson<br />

El<strong>le</strong> est très particulière car très grave, avec un pronostic redoutab<strong>le</strong> pour l’épiphyse incriminée.<br />

50% sont localisées au niveau de la hanche, dans <strong>le</strong>s 2/3 des cas l’infection survient dans <strong>le</strong>s deux<br />

premiers mois de la vie, et il existe un pic de fréquence au 30ème jour.<br />

Chez <strong>le</strong> nouveau-né ou <strong>le</strong> nourrisson, l’ostéomyélite de l’extrémité supérieure du fémur, est toujours<br />

une ostéo-arthrite compte tenu de l’anatomie de la hanche à ce moment.<br />

La clinique est parfois extrêmement trompeuse car il peut manquer la fièvre, mais il s’agit toujours<br />

d’une limitation douloureuse d’une articulation, avec un aspect pseudo-paralytique d’un<br />

membre qui ne bouge plus ou qui bouge beaucoup moins bien que <strong>le</strong> membre controlatéral.<br />

· On peut confondre très bien une ostéo-arthrite de l’épau<strong>le</strong> d’un nouveau-né et une pseudoparalysie<br />

obstétrica<strong>le</strong>.<br />

La palpation de la zone incriminée ou la mobilisation de l’articulation ou du segment de membre,<br />

seront toujours douloureuses et seront <strong>le</strong>s signes cliniques sur <strong>le</strong>squels il faut s’appuyer.<br />

Il existe éga<strong>le</strong>ment une forme septicémique très bruyante qui doit faire automatiquement rechercher<br />

des localisations métaphysaires et articulaires chez <strong>le</strong> nouveau-né.<br />

La biologie confirme l’état infectieux et l’échographie est l’examen roi qui permet de titulariser<br />

l’épanchement articulaire, associé avec l’abcès sous-périosté parfois.<br />

La radiographie toujours faisab<strong>le</strong> est éga<strong>le</strong>ment très uti<strong>le</strong>, donnant parfois des pseudo-aspects de<br />

luxation de hanche , devant un épanchement articulaire souvent très important.<br />

Les autres articulations incriminées en dehors de la hanche, seront souvent <strong>le</strong> genou et l’épau<strong>le</strong>.<br />

Chez <strong>le</strong> tout petit enfant il ne faut pas méconnaître <strong>le</strong>s formes pluri-foca<strong>le</strong>s et se méfier des atteintes<br />

rachidiennes qui passent très souvent inaperçues.<br />

Le traitement sera une urgence absolue avec évacuation et lavage articulaire, antibiothérapie et<br />

immobilisation antalgique.<br />

L’ostéomyélite sub-aiguë<br />

Son tab<strong>le</strong>au qui est moins parlant et moins évident que celui de l’ostéomyélite aiguë et il s’agit<br />

souvent d’une boiterie, d’un refus de marche ou d’une raideur rachidienne.<br />

Il faut penser à la possibilité de l’ostéomyélite et faire la démarche diagnostique à l’identique que cel<strong>le</strong><br />

réalisée pour l’ostéomyélite aiguë.<br />

Un tab<strong>le</strong>au est particulier c’est celui de l’ostéomyélite sub-aiguë pseudo-tumora<strong>le</strong>.


Il s’agit d’une infection osseuse dont l’évolution est très peu bruyante, il n’y a pas de signes généraux<br />

mais des dou<strong>le</strong>urs, avec parfois des signes locaux inflammatoires peu importants ;<br />

A la radio c’est typiquement une géode finement cerclée, métaphysaire ou épiphysaire , tandis<br />

qu’au niveau diaphysaire, c ’est un épaississement cortical.<br />

Le bilan biologique est peu perturbé et <strong>le</strong>s hémocultures sont négatives.<br />

C’est <strong>le</strong> curetage biopsique de cette géode qui va permettre <strong>le</strong> diagnostic positif en sachant que<br />

l’anatomopathologie est peu spécifique et que la bactériologie n’est positive que dans 50% des cas.<br />

L’ostéomyélite chronique<br />

Sous nos latitudes où <strong>le</strong>s ostéomyélites aiguës sont traitées en urgence, on rencontre peu<br />

d’ostéomyélite chronique vraie, alors qu’ il s’agit d’une situation fréquente chez <strong>le</strong>s enfants qui vivent<br />

entre <strong>le</strong>s deux tropiques.<br />

Chez nous, <strong>le</strong> terme d’ostéomyélite chronique est souvent utilisé pour désigner une ostéite évoluant<br />

de façon chronique, qui est une infection de l’os qui évolue de façon larvée ou traînante comme par<br />

exemp<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s fractures ouvertes où l’on a mis du matériel,(et massivement souillées<br />

initia<strong>le</strong>ment ).<br />

C’est dans ces formes d’ostéite chronique qu’il faudra savoir rechercher <strong>le</strong>s germes rares (<strong>le</strong><br />

pneumocoque, l’hemophilus, la salmonel<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s <strong>le</strong>vures et <strong>le</strong>s micro-bactéries, de même que <strong>le</strong> BK).<br />

Il faudra savoir éga<strong>le</strong>ment ôter <strong>le</strong> matériel et ôter <strong>le</strong>s séquestres qui existeraient, qui sont de l’os<br />

nécrosé, véritab<strong>le</strong> réservoir de germe non accessib<strong>le</strong> aux antibiotiques.<br />

- Les formes selon <strong>le</strong>s localisations particulières :<br />

Deux formes sont particulières :<br />

- L’ostéomyélite de la grosse tubérosité du calcanéum.<br />

- Il s’agit d’un enfant qui va boiter dans un contexte fébri<strong>le</strong> avec une dou<strong>le</strong>ur é<strong>le</strong>ctive à<br />

la pression de la grosse tubérosité du calcanéum.<br />

Il existe deux pics de fréquence entre 2 et 3 ans et 10 et 12 ans.<br />

Il faut savoir y penser et ne pas attribuer la clinique lorsque l’enfant a 12 ans, à une possib<strong>le</strong> maladie<br />

de Sever (ostéonécrose aseptique juvéni<strong>le</strong> idiopathique de la grosse tubérosité du calcanéum).<br />

La radiographie standard et en particulier l’incidence rétro-tibia<strong>le</strong> permet souvent de voir une image<br />

lytique de la grosse tubérosité du calcanéum.<br />

La scintigraphie et <strong>le</strong> scanner peuvent aider au diagnostic.<br />

L’IRM quand el<strong>le</strong> est possib<strong>le</strong> peut être tout à fait spectaculaire.<br />

C’est la ponction et <strong>le</strong> traitement antibiotique qui permettront de faire <strong>le</strong> diagnostic et de traiter cette<br />

affection.<br />

La spondylodiscite (ou disco-spondylite)<br />

La spondylodiscite est une ostéomyélite vertébra<strong>le</strong> qui peut être trompeuse.<br />

Le maître signe clinique est la raideur rachidienne qui peut al<strong>le</strong>r jusqu’à entraîner une boiterie,<br />

associée à des dou<strong>le</strong>urs variab<strong>le</strong>s et des signes inflammatoires et infectieux.<br />

Bien que <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au clinique puisse être quelquefois spectaculaire, après <strong>le</strong> bilan biologique et<br />

radiologique classique comportant des radiographies du rachis face et profil, il faut savoir obtenir une<br />

IRM qui est l’examen roi pour ce type d’affection.


Le diagnostic pourra être aidé par une ponction du corps et du disque vertébral faite par <strong>le</strong> chirurgien.<br />

Le traitement sera médical et comportera une immobilisation en corset pour éviter <strong>le</strong>s mouvements<br />

douloureux et permettre lors de la phase de guérison, la conservation du maximum de hauteur des<br />

corps vertébraux, même si <strong>le</strong> disque est détruit, et entraîner une fusion inter-vertébra<strong>le</strong>. La place de<br />

l’antibiothérapie est discutée. El<strong>le</strong> est utilisée par certains et contestée par d’autres<br />

Les spondylodiscites qui sont parlantes chez <strong>le</strong> petit enfant marchant, peuvent passer complètement<br />

inaperçues chez <strong>le</strong> tout petit nouveau-né ou nourrisson voire même chez <strong>le</strong>s prématurés, dans <strong>le</strong>s<br />

services de réanimation.<br />

Faq 9 - Diagnostic différentiel<br />

Il faut toujours avoir présent à l’esprit, la possibilité des tumeurs osseuses et articulaires, des<br />

localisations osseuses des hémopathies, et se souvenir que la tuberculose est actuel<strong>le</strong>ment en<br />

recrudescence.<br />

· La prise en charge d’une ostéomyélite nécessitera un suivi de l’enfant jusqu’à la fin de sa<br />

croissance pour juger des éventuel<strong>le</strong>s séquel<strong>le</strong>s de cette infection métaphysaire sur la<br />

croissance, tout en surveillant <strong>le</strong>s formes qui ont eu une évolution diffici<strong>le</strong>, longue, atypique, et<br />

qui peuvent conduire quelquefois à des récidives.<br />

· Le suivi jusqu’en fin de croissance est donc impératif.<br />

II - L’arthrite<br />

L’arthrite est l’infection d’une articulation généra<strong>le</strong>ment due à la diffusion hématogène d’un germe et<br />

plus rarement due à une inoculation directe.<br />

L’arthrite est marquée par l’existence d’un épanchement puru<strong>le</strong>nt dans la cavité articulaire.<br />

C’est une urgence, c’est une affection fréquente dont <strong>le</strong> pronostic est lié au risque de destruction<br />

articulaire avec <strong>le</strong>s séquel<strong>le</strong>s majeures que cela entraîne.<br />

La gravité concerne surtout <strong>le</strong>s atteintes néo-nata<strong>le</strong>s et l’urgence est diagnostique et thérapeutique.<br />

Faq 10 - Clinique<br />

Quel que soit l’âge de l’enfant, <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au typique est <strong>le</strong> plus souvent l’apparition bruta<strong>le</strong> d’une<br />

dou<strong>le</strong>ur articulaire entraînant une impotence fonctionnel<strong>le</strong> tota<strong>le</strong> pouvant même faire penser chez<br />

<strong>le</strong> tout petit, que <strong>le</strong> membre est paralysé, <strong>le</strong> tout dans un contexte fébri<strong>le</strong> avec une fièvre é<strong>le</strong>vée à<br />

39/40°, souvent oscillante, avec des frissons et une tachycardie.<br />

Il faut souligner d’emblée la forme trompeuse du nourrisson où la fièvre est parfois absente, où il<br />

existe même une hypothermie, mais où l’altération de l’état général est importante, <strong>le</strong> refus alimentaire<br />

noté, avec une évolution qui peut se dégrader extrêmement rapidement si <strong>le</strong> diagnostic n’a pas été<br />

rapide et si <strong>le</strong> traitement adapté n’a pas été donné.<br />

· A l’examen <strong>le</strong> maître signe est l’impotence fonctionnel<strong>le</strong> d’une articulation pour laquel<strong>le</strong> tous<br />

<strong>le</strong>s essais de mobilisation même très douce, sont vains et surtout très douloureux pour<br />

l’enfant.


La palpation de l’interligne articulaire est extrêmement douloureuse, la palpation métaphysaire est<br />

indolore, et la palpation douce de l’articulation immobi<strong>le</strong> permet de retrouver l’épanchement intraarticulaire<br />

au niveau des articulations superficiel<strong>le</strong>s que sont <strong>le</strong> genou, avec un choc rotulien, la<br />

chevil<strong>le</strong>, <strong>le</strong> coude et <strong>le</strong> poignet.<br />

L’examen doit être comp<strong>le</strong>t, en particulier <strong>le</strong>s aires ganglionnaires et l’abdomen. On palpera toutes <strong>le</strong>s<br />

épiphyses ferti<strong>le</strong>s et toutes <strong>le</strong>s articulations accessib<strong>le</strong>s.<br />

Certaines articulaires sont plus profondes et plus diffici<strong>le</strong>s à examiner, tel<strong>le</strong>s la hanche, l’épau<strong>le</strong> et<br />

l’articulation sacro-iliaque (sacro-iliite).<br />

Le maître signe sera l’impossibilité de mobiliser ces articulations et la dou<strong>le</strong>ur aiguë, intolérab<strong>le</strong><br />

entraînée par la mobilisation passive de ces articulations.<br />

Il faut chercher une porte d’entrée. Cel<strong>le</strong>-ci est souvent cutanée. Il faut penser à vérifier l’ombilic du<br />

nouveau-né. Il faut penser à examiner <strong>le</strong>s tympans à la recherche d’une otite.<br />

Devant la constatation d’un enfant fébri<strong>le</strong> présentant une impotence fonctionnel<strong>le</strong> et une altération de<br />

l’état général, associées à un épanchement articulaire, il faut prévoir une hospitalisation et un<br />

bilan biologique et un bilan d’imagerie.<br />

Faq 11 - Biologie<br />

Le bilan comportera une numération formu<strong>le</strong> qui montrera l’existence d’une hyper<strong>le</strong>ucocytose, souvent<br />

é<strong>le</strong>vée, une vitesse de sédimentation qui sera bien uti<strong>le</strong> comme référence initia<strong>le</strong> surtout plus tard s’il<br />

s’avère que l’arthrite n’est pas réel<strong>le</strong>ment septique.<br />

La CRP (C.Réactive Protéin) meil<strong>le</strong>ur marqueur actuel de l’inflammation, sera é<strong>le</strong>vée et sera surtout<br />

une aide précieuse pour suivre l’efficacité du traitement, tandis que la bande<strong>le</strong>tte urinaire est un<br />

examen simp<strong>le</strong> qui peut être parfois indicatif, en révélant une <strong>le</strong>ucocyturie voire une glycosurie.<br />

Comme l’infection articulaire est souvent secondaire à la diffusion hématogène du germe<br />

responsab<strong>le</strong>, il est formel de faire dans <strong>le</strong> bilan biologique, plusieurs hémocultures qui permettront<br />

d’identifier une fois sur deux, <strong>le</strong> germe responsab<strong>le</strong>.<br />

Faq 12 - Imagerie<br />

La radiographie standard est assez décevante car <strong>le</strong>s pièces osseuses sont norma<strong>le</strong>s au début et<br />

c’est l’interprétation du bombement des parties mol<strong>le</strong>s et de l’augmentation de l’interligne articulaire<br />

qui traduira l’existence d’un épanchement intra articulaire.<br />

Ceci explique pourquoi l’échographie est l’examen roi dans <strong>le</strong> bilan de l’arthrite, puisque cet<br />

examen permet d’authentifier l’existence de l’épanchement même pour <strong>le</strong>s articulations profondes<br />

comme la hanche.<br />

L’échographie est simp<strong>le</strong>, fiab<strong>le</strong>, reproductib<strong>le</strong>.<br />

En urgence <strong>le</strong> scanner et l’IRM n’ont pas <strong>le</strong>ur place.<br />

Le choix de l’imagerie répond à une stratégie tenant compte des informations fournies, du coût et de<br />

la facilité de réalisation des différents examens.<br />

Faq 13 - Prélèvements bactériologiques<br />

Il y a une vraie urgence diagnostique et thérapeutique devant une arthrite supposée chez l’enfant.<br />

· La ponction articulaire est <strong>le</strong> geste à la fois diagnostique et thérapeutique qui précède la mise<br />

en route du traitement.<br />

La ponction doit se faire dans des conditions d’asepsie chirurgica<strong>le</strong>, si possib<strong>le</strong> dans un bloc<br />

opératoire sur un enfant endormi.<br />

L’aspect du liquide articulaire permettra d’authentifier l’arthrite septique et de faire des recherches de<br />

germe sur ce liquide. On retrouvera <strong>le</strong> germe une fois sur deux.<br />

Il faut savoir qu’il existe des liquides puriformes qui vont rester stéri<strong>le</strong>s et qui pourront être la


traduction d’arthrite non septique.<br />

Il faut toujours faire une étude cytologique et chimique du liquide articulaire ponctionné.<br />

Faq 14 - Traitement<br />

Lorsque la ponction est positive, il faut laver abondamment l’articulation de façon à évacuer toutes<br />

<strong>le</strong>s fausses membranes et à retirer <strong>le</strong> maximum de liquide septique. Il est pour cela nécessaire de<br />

réaliser parfois une arthrotomie chirurgica<strong>le</strong>.<br />

De ce fait la ponction est éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> début du traitement local de l’arthrite et c’est un geste qu’il<br />

faudra savoir renouve<strong>le</strong>r lors du suivi de l’arthrite septique.<br />

Le traitement antibiotique est instauré en même temps que la ponction est réalisée et il s’agira<br />

initia<strong>le</strong>ment d’une bi-antibiothérapie anti-staphylococcique et c’est ensuite lors de l’identification du<br />

germe et de l’antibiogramme que l’on pourra ajuster cette antibiothérapie.<br />

L’articulation ponctionnée sera immobilisée sur une attel<strong>le</strong> dans un but antalgique et pour quelques<br />

jours.<br />

Il est éga<strong>le</strong>ment possib<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s membres inférieurs de mettre l’enfant en traction douce, ceci à<br />

visée antalgique et pour laisser la possibilité d’examiner cliniquement l’articulation infectée.<br />

Faq 15 - Evolution<br />

Diagnostiquée et traitée en urgence, une arthrite septique chez l’enfant a souvent une évolution<br />

favorab<strong>le</strong>.<br />

En quelques jours, la fièvre et la dou<strong>le</strong>ur vont disparaître, l’articulation va redevenir sèche et <strong>le</strong> jeune<br />

enfant va pouvoir amorcer quelques mouvements spontanés, volontaires, indolores de mobilisation de<br />

l’articulation.<br />

Le bilan biologique sera réalisé au 3ème et au 7ème jour et <strong>le</strong> relais antibiotique sera pris par une<br />

prescription per os au 10ème jour si l’évolution est favorab<strong>le</strong>.<br />

Il est impératif de laisser l’articulation en décharge vraie pendant un minimum de 6 semaines si l’on<br />

veut préserver la qualité du cartilage articulaire qui va être fondamenta<strong>le</strong> pour l’avenir ultérieur de<br />

l’articulation.<br />

L’évolution peut être défavorab<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s séquel<strong>le</strong>s peuvent être parfois terrib<strong>le</strong>s et la dégradation<br />

de l’articulation définitive.<br />

Faq 16 - Formes cliniques<br />

L’arthrite du nouveau-né et du nourrisson<br />

El<strong>le</strong> survient surtout aux a<strong>le</strong>ntours du 30ème jour et va toucher <strong>le</strong>s grosses articulations que sont la<br />

hanche, <strong>le</strong> genou et l’épau<strong>le</strong>. Il s’agit souvent d’enfants hospitalisés en néonatologie et en réanimation<br />

pour des problèmes déjà infectieux pulmonaires, digestifs, urinaires.<br />

Chez ces enfants <strong>le</strong>s portes d’entrée sont multip<strong>le</strong>s en particulier <strong>le</strong>s ponctions ombilica<strong>le</strong>s ou<br />

calcanéennes.<br />

Le tab<strong>le</strong>au est souvent frustre.<br />

· Il faut systématiquement évoquer <strong>le</strong> diagnostic si l’on constate une fièvre inexpliquée chez un<br />

nourrisson, ce d’autant qu’il existe une situation de pseudo-paralysie d’un membre.<br />

C’est souvent la maman ou la puéricultrice qui a l’attention attirée par des dou<strong>le</strong>urs observées lors de<br />

l’habil<strong>le</strong>ment. Il faut rechercher alors une dou<strong>le</strong>ur à la mobilisation d’un membre ou d’une<br />

articulation.<br />

Le pronostic est souvent sévère car <strong>le</strong>s atteintes sont parfois multi-foca<strong>le</strong>s.<br />

Les formes frustres<br />

Ce sont des pièges de plus en plus fréquents car ces arthrites sont souvent décapitées par des<br />

traitements antibiotiques donnés sur de courte durée pour d’autres motifs, quelques jours plus tôt.


Les formes selon la localisation<br />

Ce sont surtout <strong>le</strong>s grosses articulations plutôt que <strong>le</strong>s petites qui sont touchées. Le membre inférieur<br />

fournit 75% des localisations, <strong>le</strong> genou 33%, la hanche 24%, la chevil<strong>le</strong> 16% et <strong>le</strong> pied 3%. Le coude<br />

fournit 9% et l’épau<strong>le</strong> 3% des arthrites septiques.<br />

C’est l’atteinte de la hanche qui sera la plus grave à cause des séquel<strong>le</strong>s importantes.<br />

Les localisations particulières<br />

L’arthrite de l’articulation sterno-claviculaire est peu fréquente, survient chez l’enfant et l’ado<strong>le</strong>scent<br />

et est souvent spectaculaire.<br />

L’arthrite de la sacro-iliaque est souvent trompeuse. Le tab<strong>le</strong>au clinique est celui de troub<strong>le</strong>s<br />

digestifs ,de sciatalgies, voire de diminution de mobilité du membre inférieur. C’est la dou<strong>le</strong>ur à la<br />

pression et à la mobilisation des sacro-iliaques qui peut attirer l’attention. Il faut savoir y penser et<br />

c’est la tomodensitométrie qui sera l’examen roi pour <strong>le</strong> diagnostic.<br />

Les localisations au niveau du rachis sont éga<strong>le</strong>ment trompeuses. Il faut systématiquement <strong>le</strong>s<br />

évoquer devant un rachis douloureux et raide (il ne faut pas seu<strong>le</strong>ment penser à la méningite !).<br />

Les formes selon <strong>le</strong> germe<br />

L’hémophillus et <strong>le</strong> pneumocoque ne se rencontrent pratiquement que chez l’enfant de moins de 1 an.<br />

Le staphylocoque doré est <strong>le</strong> plus fréquent mais tous <strong>le</strong>s autres germes sont possib<strong>le</strong>s et il faut y<br />

penser si <strong>le</strong> traitement n’est pas efficace ou l ’évolution non classique (salmonel<strong>le</strong>, k<strong>le</strong>bsiel<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s gram<br />

-, <strong>le</strong> streptocoque hémolytique, <strong>le</strong>s seratia….).<br />

C’est souligner la difficulté qui existe de nos jours de n’avoir des prélèvements positifs et donc des<br />

identifications certaines des germes en question, qu’une fois sur deux.<br />

Faq 17 - Le diagnostic différentiel<br />

Il faudra éliminer <strong>le</strong>s arthrites vira<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong>s sont souvent mono-articulaires et <strong>le</strong> liquide articulaire<br />

ponctionné présente très peu d’éléments figurés et a une formu<strong>le</strong> lymphocytaire.<br />

Il faut éliminer éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s arthrites réactionnel<strong>le</strong>s. Les arthrites à corps étrangers, à piquants<br />

(épine de prunus ou d’acacia), il existe des arthrites réactionnel<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> cadre de la maladie de<br />

Lyme et des atteintes dues au méningocoque et au gonocoque.<br />

Le grand diagnostic différentiel est bien évidemment l’arthrite rhumatisma<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> survient chez<br />

l’enfant plus grand, il s’agit souvent d’un garçon et d’une mono-arthrite atteignant <strong>le</strong> genou. On peut<br />

être troublé par l’aspect puriforme indiscutab<strong>le</strong> du liquide articulaire mais celui-ci va se révé<strong>le</strong>r être<br />

stéri<strong>le</strong> de même que <strong>le</strong>s hémocultures. On ne retrouve pas de porte d’entrée. La biopsie synovia<strong>le</strong><br />

peut aider au diagnostic, mais il faut essayer de ne pas la faire surtout chez <strong>le</strong> petit par une<br />

arthrotomie qui va se révé<strong>le</strong>r être extrêmement enraidissante. Les signes de certitude seront la<br />

découverte d’anticorps anti-nucléaires, du groupage tissulaire HLA B27 et de l’examen<br />

ophtalmologique qui est une urgence et qui va découvrir une uvéite antérieure latente.<br />

Les questions vont se poser devant une clinique pauvre, une biologie peu perturbée, une évolution<br />

traînante ou non confirme à ce que l’on attend du traitement.<br />

Faq 18 - Conclusion<br />

Les arthrites septiques peuvent détruire et endommager gravement pour toujours <strong>le</strong>s articulations.<br />

· Il faut retenir « que toute arthrite aiguë doit être considérée comme septique que jusqu’à<br />

preuve du contraire ».<br />

· « Dans <strong>le</strong> doute on ne s’abstient pas ».


La prise en charge efficace d’une arthrite septique chez l’enfant est une urgence et représente la<br />

seu<strong>le</strong> façon d’essayer d’éviter <strong>le</strong>s séquel<strong>le</strong>s irréversib<strong>le</strong>s articulaires.<br />

Le problème diagnostique se pose peu lorsque <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au infectieux est franc.<br />

III - En conclusion<br />

Faq 19 - En conclusion<br />

Une infection ostéo-articulaires de l’enfant, n’est jamais anodine en ce qui concerne la croissance<br />

osseuse et l’avenir articulaire de l’enfant.<br />

Cela justifie de nouveau la précocité du diagnostic et du traitement adapté et efficace.<br />

Remerciements<br />

Les auteurs remercient l’ensemb<strong>le</strong> des membres du GEOP (Groupe d’Etude en Orthopédie<br />

Pédiatrique) qui ont fourni l’essentiel de l’iconographie utilisée pour la réalisation de cette<br />

question d’enseignement.<br />

Points essentiels<br />

¤ Les infections ostéo-articulaires de l’enfant sont <strong>le</strong> plus souvent hématogènes.<br />

¤ L’arthrite et l’ostéomyélite sont fréquentes chez l’enfant car <strong>le</strong>s zones de croissance (qui sont juxta -<br />

articulaires) sont richement vascularisées.<br />

¤ Toute dou<strong>le</strong>ur osseuse ou articulaire fébri<strong>le</strong> chez l’enfant est une infection ostéo-articulaires jusqu’à<br />

preuve du contraire.<br />

¤ La palpation des métaphyses et la mobilisation des articulations d’un nourrisson fébri<strong>le</strong> est obligatoire<br />

et doit être répétée quotidiennement.<br />

¤ Les infections ostéo-articulaires de l’enfant en croissance sont des urgences médicochirurgica<strong>le</strong>s .<br />

¤ Les prélèvements bactériologiques sont d’autant plus urgents à réaliser qu’ils doivent précéder<br />

l’antibiothérapie.<br />

¤ Une doub<strong>le</strong> antibiothérapie parentéra<strong>le</strong> est nécessaire au début du traitement.<br />

¤ Le pronostic fonctionnel l’est constamment mis en jeu. Le pronostic vital rarement.<br />

¤ Après guérison <strong>le</strong> suivi est prolongé à la recherche d’un troub<strong>le</strong> de croissance ou de séquel<strong>le</strong><br />

articulaire.<br />

Références :<br />

DIMEGLIO A.: Orthopédie Pédiatrique Quotidienne, 2ème édition, 1991. SAURAMPS médical.<br />

FINIDORI G., GLORION C., LANGLAIS J. : La pathologie épiphysaire de l’enfant, Monographie du<br />

Groupe d’Etude en Orthopédie Pédiatrique, 2003, SAURAMPS médical.<br />

JOURNEAU P. HAUMONT T. : Les infections en Orthopédie Pédiatrique, 11ème Séminaire paramédical<br />

d’Enseignement d’Orthopédie Pédiatrique : Groupe d’Etude en Orthopédie Pédiatrique, 2004,<br />

Nancy. Imprimerie SCHREIK Nancy.<br />

LECHEVALLIER J. , GUYARD M.F., ABUAMARA S., IMBERT M. Arthrites septiques de l'enfant.<br />

Encyclopédie médico-chirurgica<strong>le</strong>, Appareil locomoteur, 1997. 14-178-A-10<br />

MORIN C., HERBAUX B. : Les infections ostéo-articulaires de l’enfant : Monographie du Groupe<br />

d’Etude en Orthopédie Pédiatrique, 1995, SAURAMPS médical.


C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Pierre Cochat - ( Hôpital Edouard-Herriot - Lyon) MAJ : 05/01/2005<br />

Objectifs :<br />

Infection urinaire – Item 93<br />

1. Diagnostiquer une infection urinaire chez <strong>le</strong> nourrisson, l’enfant (et l’adulte).<br />

2. Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier <strong>le</strong> suivi du patient.<br />

Limites de la question :<br />

Le document ci-dessous ne concerne que <strong>le</strong>s aspects pédiatriques de l’infection urinaire de l’enfant<br />

(adulte non traité).<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Etablir un diagnostic d’infection urinaire<br />

Faq 2 - Niveau de l'infection<br />

Faq 3 - Traiter une infection urinaire<br />

Introduction<br />

L’infection urinaire (IU) affecte 1% des enfants de moins de 2 ans, avec une prédominance masculine<br />

durant <strong>le</strong>s premiers mois de vie et une prédominance féminine ensuite.<br />

L’urine et l’arbre urinaire sont norma<strong>le</strong>ment stéri<strong>le</strong>s et la colonisation microbienne suit <strong>le</strong> chemin<br />

inverse de l’écou<strong>le</strong>ment normal de l’urine : périnée – urètre – vessie – uretère – bassinet - rein. Les<br />

trois premières étapes donnent lieu à une IU basse (cystite), <strong>le</strong>s trois dernières à une IU haute<br />

(pyélonéphrite).<br />

Cela signifie que :<br />

- L’infection est favorisée par :<br />

o Chez <strong>le</strong> nourrisson (propreté non acquise) : couches, immaturité vésica<strong>le</strong>, prépuce étroit,<br />

exonérations fréquentes ;<br />

o Chez l’enfant (propreté acquise) : troub<strong>le</strong> mictionnel, vulvite, rétention stercora<strong>le</strong>, oxyurose,<br />

hygiène.<br />

- Toute pyélonéphrite aiguë (PNA) est a priori <strong>le</strong> fait d’un reflux vésico-urétéro-rénal (RVU), permanent<br />

ou intermittent ; ainsi, <strong>le</strong> RVU ne crée pas la PNA, mais véhicu<strong>le</strong> l’urine infectée jusqu’au rein.<br />

- La PNA correspond à une infection du bassinet (« pyélo- ») et du parenchyme rénal (« -néphrite »),<br />

répondant ainsi à une contamination ascendante qui exclut <strong>le</strong>s exceptionnel<strong>le</strong>s infections<br />

parenchymateuses par voie hématogène.<br />

L’infection peut être favorisée par un sondage vésical, un terrain immunodéprimé, une dérivation<br />

urinaire.<br />

Faq 1 - Etablir un diagnostic d’infection urinaire<br />

Examen des urines<br />

L’examen des urines commence par l’aspect macroscopique, habituel<strong>le</strong>ment troub<strong>le</strong>.<br />

Modalités de recueil des urines:<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Pierre Cochat - ( Hôpital Edouard-Herriot - Lyon) MAJ : 05/01/2005<br />

Le recueil d’urines s’effectue après toi<strong>le</strong>tte loca<strong>le</strong>, soit par recueil du milieu de jet chez l’enfant qui<br />

contrô<strong>le</strong> sa miction, soit par recueil d’urines dans un col<strong>le</strong>cteur stéri<strong>le</strong> changé toutes <strong>le</strong>s 30 min chez <strong>le</strong><br />

nourrisson et <strong>le</strong> jeune enfant (voire par ponction sus-pubienne). Les conditions de réalisation de<br />

l’examen doivent être connues lors de l’interprétation du résultat de la bande<strong>le</strong>tte réactive ou l’examen<br />

cytobactériologique des urines (ECBU).<br />

La positivité de l’examen à la bande<strong>le</strong>tte réactive confirme théoriquement <strong>le</strong> diagnostic clinique, mais<br />

la va<strong>le</strong>ur prédictive positive de « <strong>le</strong>ucocytes » et « nitrites » n’est que de 70%. La notion de 2<br />

bande<strong>le</strong>ttes positives justifie la mise en route de l’antibiothérapie probabiliste. La négativité autorise à<br />

se passer d’ECBU (va<strong>le</strong>ur prédictive négative de « <strong>le</strong>ucocytes » ou « nitrites » = 100%), sauf chez <strong>le</strong><br />

nouveau-né.<br />

Chaque fois qu’un traitement est entrepris, l’ECBU est indispensab<strong>le</strong> pour confirmer <strong>le</strong> diagnostic et<br />

adapter l’antibiothérapie. La confirmation du diagnostic d’IU nécessite l’association d’une <strong>le</strong>ucocyturie<br />

supérieure à 10 4 / mL (<strong>le</strong>ucocytes altérés) et d’une bactériurie supérieure ou éga<strong>le</strong> à 10 5 / mL.<br />

Le contrô<strong>le</strong> de l’ECBU sous traitement et après arrêt du traitement n’est pas justifié.<br />

Autres examens<br />

Une échographie de l’appareil urinaire, vessie p<strong>le</strong>ine, doit toujours être réalisée lors d’une première IU<br />

(cystite ou PNA), d’autant plus rapidement que l’enfant est jeune.<br />

Les marqueurs de l’inflammation sont augmentés en cas de PNA et contribuent à l’argumentation<br />

diagnostique. En pratique, c’est <strong>le</strong> dosage de la protéine C réactive (CRP) qui est <strong>le</strong> plus répandu ; si<br />

ce dosage est normal ou bas, il faut savoir remettre en question la fiabilité de l’examen d’urine et donc<br />

<strong>le</strong> diagnostic de PNA. Une concentration é<strong>le</strong>vée de procalcitonine serait associé à un risque accru<br />

d’atteinte parenchymateuse.<br />

L’hémoculture ne doit pas être systématique, car sa positivité ne modifie ni <strong>le</strong> traitement ni <strong>le</strong><br />

pronostic.<br />

Faq 2 - Niveau de l'infection<br />

Le passage de l’infection au-delà de la jonction vésico-urétéra<strong>le</strong> est un peu théorique mais répond<br />

bien aux deux présentations cliniques que sont la PNA et la cystite. Le diagnostic repose sur des<br />

informations simp<strong>le</strong>s (Tab<strong>le</strong>au I).<br />

Tab<strong>le</strong>au I : Eléments permettant de localiser <strong>le</strong> niveau de l’IU<br />

Renseignements PNA Cystite<br />

Cliniques<br />

Paracliniques<br />

Température > 38,5° < 38°<br />

Signes généraux + O<br />

Signes vésicaux + +++<br />

Dou<strong>le</strong>urs Lombo-abdomina<strong>le</strong>s Abdomino-pelviennes<br />

Palpation lombaire Douloureuse Indolore<br />

Hématurie + +++<br />

Protéinurie +++ +<br />

Protéine C réactive Norma<strong>le</strong><br />

Echographie urinaire<br />

Volume rénal<br />

Parois pyéliques épaissies<br />

Reins normaux<br />

Paroi vésica<strong>le</strong> épaissie<br />

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Auteur : Pierre Cochat - ( Hôpital Edouard-Herriot - Lyon) MAJ : 05/01/2005<br />

Cystite<br />

La cystite est relativement rare chez l’enfant. Généra<strong>le</strong>ment, el<strong>le</strong> révè<strong>le</strong> ou complique un troub<strong>le</strong><br />

mictionnel, et est alors volontiers récidivante. La présentation est rappelée dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au I.<br />

Prise en charge d’un premier épisode<br />

Quel que soit l’âge et <strong>le</strong> sexe, il convient de pratiquer une échographie urinaire, car cet épisode peut<br />

révé<strong>le</strong>r une malformation ou une tumeur, même s’il s’agit d’une éventualité rare.<br />

L’antibiothérapie doit être entreprise sans tarder, par exemp<strong>le</strong> avec cotrimoxazo<strong>le</strong> (Bactrim®, 1<br />

mesure pour 5 kg, en 2 prises), à adapter secondairement selon l’antibiogramme ; la durée du<br />

traitement est de 8 jours.<br />

Cystites récidivantes<br />

Il n’y aucune raison pour qu’une cystite récidive chez un enfant indemne de malformation. Cela incite<br />

à rechercher des éléments en faveur d’un troub<strong>le</strong> mictionnel, qui peut générer ultérieurement un RVU<br />

et exposer au risque de PNA. L’interrogatoire recherche alors des fuites diurnes d’urine, un jet<br />

anormal, une encoprésie. Leur présence justifie souvent d’associer un laxatif osmotique et un<br />

anticholinergique (oxybutinine). Une antibioprophylaxie (cotrimoxazo<strong>le</strong> par exemp<strong>le</strong>) est proposée<br />

chaque fois qu’un cerc<strong>le</strong> vicieux s’est installé entre troub<strong>le</strong> mictionnel, rétention stercora<strong>le</strong> et infection.<br />

Ce traitement est institué au moins pour 3 mois.<br />

Cystites vira<strong>le</strong>s<br />

La plupart des cystites sont bactériennes, mais une cystite interstitiel<strong>le</strong> d’origine vira<strong>le</strong> est possib<strong>le</strong><br />

(adénovirus, polyomavirus). La présentation est bruyante (dou<strong>le</strong>urs mictionnel<strong>le</strong>s intenses, hématurie<br />

macroscopique) et <strong>le</strong> diagnostic repose sur la notion d’une <strong>le</strong>ucocyturie aseptique et d’un<br />

épaississement de la paroi vésica<strong>le</strong>. L’évolution est spontanément favorab<strong>le</strong> en quelques jours, mais<br />

l’échographie doit être contrôlée à distance pour ne pas négliger une autre pathologie.<br />

Pyélonéphrite aiguë<br />

Toute PNA comporte à divers degrés un œdème interstitiel et un infiltrat de polynucléaires, ce qui<br />

explique la variété des aspects en échographie : augmentation globa<strong>le</strong> du volume rénal, aspect de<br />

néphrite foca<strong>le</strong>. En outre, la PNA comporte deux enjeux : la révélation possib<strong>le</strong> d’une malformation et<br />

<strong>le</strong> risque de séquel<strong>le</strong>s.<br />

Présentation (Tab<strong>le</strong>au I)<br />

Nouveau-né<br />

La PNA du nouveau-né est une infection sévère, comportant parfois une insuffisance réna<strong>le</strong> (IR) du<br />

fait d’une atteinte bilatéra<strong>le</strong> par reflux massif d’urine infectée.<br />

Il existe souvent un syndrome infectieux grave, des troub<strong>le</strong>s digestifs (vomissements, diarrhée), une<br />

déshydratation, des perturbations ioniques et parfois un ictère. La recherche d’une IU (pouvant justifier<br />

une ponction sus-pubienne) fait partie du bilan systématique de toute infection néonata<strong>le</strong>.<br />

Nourrisson<br />

La moitié des PNA concerne des nourrissons.<br />

Il s’agit alors volontiers d’une hyperthermie isolée, plus ou moins bien supportée, parfois responsab<strong>le</strong><br />

de convulsions.<br />

La symptomatologie digestive (vomissements, dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s, diarrhée) peut être au premier<br />

plan et ainsi retarder <strong>le</strong> diagnostic.<br />

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Auteur : Pierre Cochat - ( Hôpital Edouard-Herriot - Lyon) MAJ : 05/01/2005<br />

La notion d’une dou<strong>le</strong>ur à la palpation réna<strong>le</strong> chez un enfant calme a une grande va<strong>le</strong>ur sémiologique.<br />

En présence d’une uropathie, l’atteinte tubulaire associée à la PNA peut entraîner d’importantes<br />

perturbations métaboliques (hyponatrémie, acidose).<br />

Enfant<br />

Les signes vésicaux sont au second plan derrière <strong>le</strong>s dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s (projection ombilica<strong>le</strong><br />

fréquente) ou lombaires. La fièvre est volontiers é<strong>le</strong>vée et accompagnée de frissons.<br />

Pyélonéphrite décapitée<br />

Cette situation n’est pas exceptionnel<strong>le</strong> lorsque la PNA se présente comme une fièvre isolée et que<br />

l’examen des urines à la bande<strong>le</strong>tte n’a pas été réalisé. La PNA est alors évoquée devant la<br />

persistance d’une <strong>le</strong>ucocyturie aseptique ou d’une élévation de la CRP.<br />

L’échographie n’a de va<strong>le</strong>ur que si el<strong>le</strong> montre un volume rénal augmenté ou un épaississement des<br />

parois pyéliques. Dans ce contexte, l’examen <strong>le</strong> plus performant est actuel<strong>le</strong>ment la scintigraphie au<br />

99mTc-DMSA (acide dimercaptosuccinique), à condition de la réaliser précocement.<br />

Faq 3 - Traiter une infection urinaire<br />

Une urgence thérapeutique<br />

Le traitement probabiliste associe une céphalosporine de 3ème génération et un aminoside pendant<br />

48h : une injection quotidienne unique de ceftriaxone (Rocéphine® 50 mg/kg) et de nétilmicine<br />

(Nétromycine® 7 mg/kg) est efficace, bien toléré et réalisab<strong>le</strong> en ambulatoire. Passé <strong>le</strong>s 48 premières<br />

heures, <strong>le</strong> relais est assuré par une monothérapie adaptée à l’antibiogramme, soit par voie parentéra<strong>le</strong><br />

pendant encore 24 à 48 heures avec relais per os, soit d’emblée par voie ora<strong>le</strong>. La durée tota<strong>le</strong> de<br />

l’antibiothérapie est de 10 à 15 jours.<br />

L’hospitalisation s’impose chez <strong>le</strong>s enfants de moins de 3 mois en raison du risque de méningite<br />

associée, et el<strong>le</strong> reste recommandée jusqu’à l’âge de 6 mois ; au-delà, c’est la tolérance clinique qui<br />

oriente.<br />

La stratégie antibiotique actuel<strong>le</strong> permet d’obtenir rapidement la stérilisation des urines et l’apyrexie,<br />

el<strong>le</strong> limite considérab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> risque de ré-infection à moyen terme et probab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> risque de<br />

cicatrices parenchymateuses à long terme.<br />

Place de l’antibioprophylaxie<br />

El<strong>le</strong> est justifiée chez <strong>le</strong> jeune enfant qui garde des couches et qui a présenté au moins deux épisodes<br />

de PNA ; il est alors logique de la maintenir jusqu’à ce que <strong>le</strong>s couches ne recueil<strong>le</strong>nt plus de sel<strong>le</strong>s.<br />

El<strong>le</strong> peut aussi être proposée chaque fois qu’un cerc<strong>le</strong> vicieux s’est installé entre troub<strong>le</strong> mictionnel,<br />

rétention stercora<strong>le</strong> et IU.<br />

Dans tous <strong>le</strong>s cas, l’antibioprophylaxie (céfaclor chez <strong>le</strong>s enfants de moins de 2 mois, cotrimoxazo<strong>le</strong><br />

ensuite ; prise unique <strong>le</strong> soir, un tiers de la posologie curative) se heurte au risque de non-observance<br />

et au caractère empirique de sa prescription.<br />

Pyélonéphrites récidivantes<br />

La récidive d’une PNA n’est pas exceptionnel<strong>le</strong> et incite à rechercher scrupu<strong>le</strong>usement un troub<strong>le</strong><br />

mictionnel.<br />

La cystographie est habituel<strong>le</strong>ment proposée même si l’échographie ne montre pas d’anomalie : el<strong>le</strong><br />

est généra<strong>le</strong>ment norma<strong>le</strong> ou n’objective qu'un RVU de bas grade, souvent fonctionnel ; si <strong>le</strong> RVU est<br />

important et de type malformatif (ce que laisse souvent supposer l’échographie), sa correction pourra<br />

être proposée.<br />

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Rô<strong>le</strong> du reflux vésico-urétéro-rénal<br />

Force est d’admettre que la PNA est pratiquement toujours <strong>le</strong> fait d’un RVU, permanent ou<br />

intermittent, qui n’est d’ail<strong>le</strong>urs visualisé par la cystographie que dans un tiers des cas. La<br />

classification des RVU en 5 grades ne présage pas du mécanisme du reflux, et on peut donc proposer<br />

une classification en deux catégories selon <strong>le</strong> mécanisme présumé (Tab<strong>le</strong>au II).<br />

Tab<strong>le</strong>au II : Deux types de RVU en fonction du mécanisme présumé<br />

RVU fonctionnel<br />

(secondaire à un<br />

dysfonctionnement vésical)<br />

RVU malformatif<br />

(primitif, par malfaçon de la<br />

jonction urétéro-vésica<strong>le</strong>)<br />

Fréquence +++ +<br />

Age Enfant Nouveau-né - Nourrisson<br />

Sexe Prédominance féminine Prédominance masculine<br />

Mode de révélation PNA<br />

Grade radiologique<br />

Faib<strong>le</strong> (0 à 3)<br />

Echographie généra<strong>le</strong>ment<br />

norma<strong>le</strong><br />

PNA mais aussi diagnostic<br />

prénatal<br />

E<strong>le</strong>vé (3 à 5)<br />

Echographie généra<strong>le</strong>ment<br />

anorma<strong>le</strong><br />

Caractères du RVU Intermittent Permanent<br />

Jonction urétéro-vésica<strong>le</strong> Norma<strong>le</strong> Anorma<strong>le</strong><br />

Troub<strong>le</strong>s mictionnels<br />

+++ +<br />

Risque rénal + +++ (lésions dysplasiques)<br />

Traitement médical<br />

Antibioprophylaxie<br />

Traitement de l’instabilité vésica<strong>le</strong><br />

Traitement de la rétention stercora<strong>le</strong><br />

Place de la chirurgie<br />

+++ +<br />

O +<br />

La croissance, en améliorant la maturation du fonctionnement vésico-sphinctérien (RVU fonctionnels)<br />

ou en allongeant <strong>le</strong> trajet intra-mural de l’uretère (RVU malformatifs), permet d’améliorer ou de faire<br />

disparaître bon nombre de RVU.<br />

La chirurgie du RVU est controversée ; el<strong>le</strong> est habituel<strong>le</strong>ment destinée aux RVU malformatifs<br />

sévères. Cette correction n’influence pas <strong>le</strong> risque de cicatrices parenchymateuses, ni celui<br />

d’hypertension artériel<strong>le</strong> ou d’IR à long terme, mais réduit <strong>le</strong> risque de récidive des épisodes de PNA.<br />

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Auteur : Pr J. Gaudelus (Hôpital Jean Verdier - Paris) MAJ : 14/01/2005<br />

Objectifs<br />

Objectifs terminaux :<br />

Maladies éruptives – Item 94<br />

Diagnostiquer et distinguer une rougeo<strong>le</strong>, une rubéo<strong>le</strong>, un herpès, un mégalérythème épidémique,<br />

une varicel<strong>le</strong>, un exanthème subit, une mononucléose infectieuse, une scarlatine, un syndrome de<br />

Kawasaki.<br />

Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier <strong>le</strong> suivi du patient.<br />

Objectifs intermédiaires du Collège National des professeurs de pédiatrie :<br />

Pour chacune de ses maladies (hors syndrome de Kawasaki ) :<br />

Décrire <strong>le</strong>s caractères de l’éruption dans sa forme commune, son évolution, sa chronologie et <strong>le</strong>s<br />

signes d’accompagnement.<br />

Citer <strong>le</strong>s caractéristiques épidémiologiques.<br />

Enumérer <strong>le</strong>s complications, citer <strong>le</strong>s éventuel<strong>le</strong>s circonstances favorisantes et décrire <strong>le</strong>s signes<br />

d’a<strong>le</strong>rte.<br />

Exposer l’intérêt et l’indication d’éventuels examens complémentaires.<br />

Prescrire et commenter <strong>le</strong> traitement d’un cas déclaré, <strong>le</strong>s mesures préventives et d’éviction<br />

éventuel<strong>le</strong>s.<br />

Décrire <strong>le</strong> cas échéant <strong>le</strong> vaccin, sers indications et contre-indications et <strong>le</strong> ca<strong>le</strong>ndrier d’administration<br />

optimal.<br />

Pour <strong>le</strong> syndrome de Kawasaki :<br />

Définir <strong>le</strong> syndrome de Kawasaki.<br />

Enumérer <strong>le</strong>s principaux signes cliniques et biologiques et décrire <strong>le</strong>ur chronologie.<br />

Décrire et justifier la thérapeutique et la surveillance.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

Faq 1- Rougeo<strong>le</strong><br />

Faq 2 - Rubéo<strong>le</strong><br />

Faq 3 - Mégalérythème épidémique<br />

Faq 4 - Exanthème subit<br />

Faq 5 - Mononucléose infectieuse<br />

Faq 6 - Scarlatine<br />

Faq 7 - Varicel<strong>le</strong><br />

Faq 8 - Herpès<br />

Faq 9 - Syndrome de Kawasaki<br />

Introduction<br />

La survenue d'une éruption <strong>le</strong> plus souvent en contexte fébri<strong>le</strong>, est une situation fréquente chez<br />

l’enfant.<br />

Une analyse clinique précise (interrogatoire et examen clinique) suffit parfois au diagnostic, ou au<br />

moins oriente la prescription d'éventuels examens complémentaires, et permet de définir la conduite à<br />

tenir.<br />

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Il faut d'abord caractériser l'éruption : identification de la lésion élémentaire (tab<strong>le</strong>au 1), groupement<br />

lésionnel, type de l'éruption, topographie, modalités d'apparition et/ou d'extension en sachant que<br />

différents aspects peuvent s'associer d'emblée en cours d'évolution.<br />

Il faut ensuite préciser <strong>le</strong> contexte : état des vaccinations, notion de contage, d'un voyage récent,<br />

d'une prise médicamenteuse, inventaire des signes d'accompagnement.<br />

Dans tous <strong>le</strong>s cas, l'examen clinique doit être comp<strong>le</strong>t chez un enfant entièrement nu.<br />

Trois grands groupes de causes sont systématiquement envisagés :<br />

- <strong>le</strong>s maladies infectieuses en premier lieu,<br />

- <strong>le</strong>s éruptions d'origine immuno-al<strong>le</strong>rgique, qui parfois compliquent une maladie infectieuse ou son<br />

traitement<br />

- <strong>le</strong>s maladies généra<strong>le</strong>s à expression cutanée, beaucoup plus rarement chez l’enfant.<br />

Rougeo<strong>le</strong>, rubéo<strong>le</strong>, mégalérythème épidémique, exanthème subit, mononucléose<br />

infectieuse et scarlatine doivent être discutés dans <strong>le</strong> cadre des érythèmes infectieux<br />

diffus dont <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s causes sont rapportées tab<strong>le</strong>au 2.<br />

Faq 1 - Rougeo<strong>le</strong><br />

Sa fréquence a nettement diminué en France depuis la généralisation de la vaccination et l’adjonction<br />

d’une deuxième dose avant 6 ans.<br />

L’objectif de l'OMS d’éradiquer la maladie est encore loin d’être atteint puisque <strong>le</strong> nombre estimé de<br />

cas annuels de rougeo<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> monde est de 30 millions, et celui des décès imputab<strong>le</strong>s à cette<br />

maladie de 875 000.<br />

El<strong>le</strong> est due à un paramyxovirus. La transmission se fait par voie aérienne.<br />

L’incubation est d’une dizaine de jour. La contagiosité est maxima<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s 4 jours qui précèdent et<br />

<strong>le</strong>s 4 jours qui suivent l’éruption.<br />

Diagnostiquer une rougeo<strong>le</strong><br />

Début : fièvre très é<strong>le</strong>vée et catarrhe oculo-naso-trachéo-bronchique donnant à l’enfant un aspect<br />

p<strong>le</strong>urnichard. Le signe de Köplick doit être recherché à ce stade (points blanchâtres ou légèrement<br />

b<strong>le</strong>utés se détachant en relief sur la muqueuse juga<strong>le</strong> érythémateuse).<br />

Phase d’état : l’éruption survient 3 à 5 jours après <strong>le</strong> début de la fièvre (alors que <strong>le</strong> Köplick disparaît)<br />

: el<strong>le</strong> débute derrière <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s, à la racine des cheveux puis s’étend en 3 jours suivant une<br />

topographie descendante de la tête aux membres inférieurs.<br />

El<strong>le</strong> est faite de macu<strong>le</strong>s rosées ou rouge vif, non prurigineuses, arrondies ou ovalaires, groupées en<br />

placards plus ou moins irréguliers, laissant entre el<strong>le</strong>s des interval<strong>le</strong>s de peau saine.<br />

L’éruption pâlit vers <strong>le</strong> 3e jour alors que survient l’apyrexie et disparaît en une semaine.<br />

Les formes cliniques sont nombreuses :<br />

- L'éruption est parfois papu<strong>le</strong>use, ecchymotique, confluente<br />

- Les symptômes peuvent être atténués, tout particulièrement chez <strong>le</strong> nourrisson qui possède encore<br />

des anticorps maternels à des taux faib<strong>le</strong>s<br />

- Les formes malignes sont devenues exceptionnel<strong>le</strong>s dans notre pays. El<strong>le</strong>s associent, à la fin de la<br />

période d'invasion, une hyperthermie majeure, des convulsions, un collapsus, des troub<strong>le</strong>s de la<br />

conscience d'intensité variab<strong>le</strong> et souvent des hémorragies cutanées et muqueuses dans <strong>le</strong> cadre<br />

d'un syndrome de coagulation intravasculaire disséminée. L'incubation peut être écourtée et l'éruption<br />

discrète.<br />

- Chez l'immunodéprimé, la rougeo<strong>le</strong> peut évoluer vers des complications graves lorsqu'il existe un<br />

déficit de l'immunité cellulaire. La pneumopathie à cellu<strong>le</strong>s géantes et l'encéphalite aiguë retardée sont<br />

<strong>le</strong>s plus redoutab<strong>le</strong>s.<br />

- Les formes de l'ado<strong>le</strong>scent et de l'adulte. Leur survenue à cet âge est favorisée par une couverture<br />

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vaccina<strong>le</strong> insuffisante. Dans l'ensemb<strong>le</strong>, ces formes sont plus graves que chez l'enfant du fait d'une<br />

fréquence accrue de pneumonies interstitiel<strong>le</strong>s. Les hépatites sont éga<strong>le</strong>ment plus fréquentes.<br />

Le diagnostic est <strong>le</strong> plus souvent confirmé par la sérologie (compte tenu de la relative rareté de ce<br />

diagnostic dans notre pays et <strong>le</strong> fait que peu de médecins ont l’expérience de la rougeo<strong>le</strong>).<br />

La détection des Ig M précoce (dès <strong>le</strong> 2ème-3ème jour de l’éruption) confirme <strong>le</strong> diagnostic avec un<br />

seul prélèvement.<br />

La recherche d’Ig G nécessite 2 prélèvements à 2 ou 4 semaines d’interval<strong>le</strong> pour mettre en évidence<br />

une ascension significative des anticorps.<br />

La détection d’Ig M dans la salive peut faire <strong>le</strong> diagnostic entre <strong>le</strong> 8e et <strong>le</strong> 15e jour de l’éruption.<br />

Planifier <strong>le</strong> suivi = Rechercher <strong>le</strong>s complications<br />

Les situations urgentes dans <strong>le</strong> cadre de la rougeo<strong>le</strong> sont dues essentiel<strong>le</strong>ment aux complications.<br />

¤ Les complications peuvent être dues au virus :<br />

- Les atteintes respiratoires sont <strong>le</strong>s plus fréquentes : parmi el<strong>le</strong>s,<br />

* La pneumonie interstitiel<strong>le</strong> à cellu<strong>le</strong>s géantes, caractérisée par une détresse respiratoire<br />

progressive très fébri<strong>le</strong> pouvant s’instal<strong>le</strong>r dès la phase d’invasion, se voit avant tout chez <strong>le</strong>s enfants<br />

ayant un déficit immunitaire prédominant sur l’immunité cellulaire.<br />

* Une laryngo-trachéobronchite peut éga<strong>le</strong>ment être à l’origine d’une détresse respiratoire pouvant<br />

conduire à l’intubation.<br />

- Les encéphalites<br />

L’encéphalite aiguë post-éruptive survient vers <strong>le</strong> 4e-7e jour après <strong>le</strong> début de l’éruption. El<strong>le</strong> est<br />

caractérisée par une réascension thermique ou une absence de défervescence, associée à des<br />

troub<strong>le</strong>s de la conscience et à des crises convulsives. Des signes de myélite peuvent s’y associer.<br />

Ce type d’encéphalite peut avoir un début retardé un à plusieurs mois, essentiel<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> cadre<br />

d’une immuno-suppression.<br />

La panencéphalite sclérosante subaiguë (PESS) survient 9 mois à 15 ans après une rougeo<strong>le</strong><br />

apparemment bana<strong>le</strong>, en moyenne 6 ans plus tard. Son installation est progressive avec des<br />

mouvements anormaux, une détérioration neuro-psychique importante et une issue toujours fata<strong>le</strong>.<br />

¤ D’autres sont dues à une surinfection bactérienne : otites, laryngites ou laryngo-trachéites,<br />

conjonctivites, surinfections bronchiques et pulmonaires.<br />

¤ Un purpura thrombopénique est possib<strong>le</strong> entre <strong>le</strong> 3e et <strong>le</strong> 15e jour de l’éruption.<br />

Argumenter l’attitude thérapeutique<br />

Conduite à tenir :<br />

- Iso<strong>le</strong>ment du malade jusqu’à disparition des signes cliniques<br />

- Traitement des complications, essentiel<strong>le</strong>ment symptomatique, antibiothérapie en cas de surinfection<br />

bactérienne : <strong>le</strong>s germes en cause sont ceux des infections respiratoires : Haemophilus influenzae,<br />

streptocoque, pneumocoque mais aussi staphylocoque doré.<br />

La prophylaxie de l’entourage d’un cas s’adresse :<br />

- aux sujets contacts non vaccinés. Le vaccin effectué dans <strong>le</strong>s 72 heures suivant un contage peut<br />

être uti<strong>le</strong> pour protéger <strong>le</strong>s sujets non immuns à partir de l’âge de 9 mois* [note : renvoyer à la même<br />

annexe 8 lignes plus bas]. Il est contre-indiqué chez <strong>le</strong>s sujets immuno-déprimés.<br />

- ou vaccinés à risque : en pratique il s’agit de sujets immunodéprimés. Seuls sont disponib<strong>le</strong>s<br />

actuel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s immunoglobulines polyva<strong>le</strong>ntes par voie intraveineuse qui doivent être effectuées<br />

dans <strong>le</strong>s 5 jours suivant <strong>le</strong> contage.<br />

La prévention de la rougeo<strong>le</strong> repose sur la vaccination. Le vaccin est un virus vivant atténué.<br />

Il est recommandé pour tous <strong>le</strong>s enfants. Il est contre-indiqué chez <strong>le</strong>s sujets immuno-déprimés.<br />

La première injection est recommandée dans <strong>le</strong> cadre d'un vaccin trip<strong>le</strong> comportant outre la rougeo<strong>le</strong>,<br />

<strong>le</strong>s oreillons et la rubéo<strong>le</strong> à partir de 12 mois.<br />

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Le taux de séroconversion est de l'ordre de 90 à 95 %. Une deuxième injection est recommandée<br />

avant 6 ans (en pratique entre 3 et 6 ans) pour rattraper <strong>le</strong>s 5 à 10 % qui n'ont pas séroconverti après<br />

la première injection. L'éradication de la rougeo<strong>le</strong> est possib<strong>le</strong> à condition d'avoir un taux é<strong>le</strong>vé de<br />

couverture vaccina<strong>le</strong> (95 %) et deux injections avant 6 an.<br />

Faq 2 - Rubéo<strong>le</strong><br />

Sa fréquence a nettement diminué depuis la généralisation de la vaccination et l’adjonction d’une<br />

deuxième dose avant 6 ans.<br />

El<strong>le</strong> est due à un virus ARN de la famil<strong>le</strong> des togaviridae. La transmission est directe, interhumaine,<br />

par voie aérienne.<br />

L’incubation est de 18 ± 3 jours. Le virus est présent dans la gorge 10 jours avant et 10 jours après<br />

l’éruption. La contagiosité (modérée) est maxima<strong>le</strong> <strong>le</strong>s 5 jours précédant et suivant l’éruption.<br />

C’est une maladie bénigne sauf chez la femme enceinte non immunisée chez qui el<strong>le</strong> peut<br />

entraîner une embryopathie (primo-infection survenant dans <strong>le</strong>s 2 premiers mois) et/ou une rubéo<strong>le</strong><br />

congénita<strong>le</strong> évolutive (primo-infection survenant à partir du 3e mois).<br />

Diagnostiquer une rubéo<strong>le</strong><br />

Le diagnostic de rubéo<strong>le</strong> est souvent diffici<strong>le</strong> chez l’enfant.<br />

Début : La séméiologie de la phase d’invasion est variab<strong>le</strong> : discrète voire absente chez <strong>le</strong> jeune<br />

enfant, el<strong>le</strong> peut comporter : une fièvre à 38°C, des céphalées, une pharyngite, des courbatures.<br />

Phase d’état : 1 à 3 jours plus tard survient l’éruption débutant à la face puis se généralisant en<br />

quelques heures. El<strong>le</strong> touche la face et <strong>le</strong> tronc ou el<strong>le</strong> prédomine en général sur <strong>le</strong> bas du dos et <strong>le</strong>s<br />

fesses. El<strong>le</strong> est discrète et inconstante sur l’abdomen et <strong>le</strong>s membres. El<strong>le</strong> épargne paumes et plantes<br />

et <strong>le</strong> cuir chevelu.<br />

El<strong>le</strong> est faite de macu<strong>le</strong>s ou maculo-papu<strong>le</strong>s plus pâ<strong>le</strong>s et plus petites que cel<strong>le</strong>s de la rougeo<strong>le</strong>.<br />

Morbilliformes <strong>le</strong> premier jour, <strong>le</strong>s éléments éruptifs peuvent confluer et prendre un aspect<br />

scarlatiniforme au niveau des plis de f<strong>le</strong>xion. L’éruption s’efface en 2 à 4 jours.<br />

A l’éruption s’associent en règ<strong>le</strong> des adénopathies particulièrement au niveau des chaînes<br />

cervica<strong>le</strong>s et rétro-occipita<strong>le</strong>s mais pouvant être généralisées.<br />

Chez l’ado<strong>le</strong>scent la fièvre peut être plus é<strong>le</strong>vée et s’accompagner d’arthralgies, l’énanthème est<br />

pratiquement absent.<br />

Le diagnostic nécessite une sérologie. L’hémogramme montre l’absence d’hyper<strong>le</strong>ucocytose ; la<br />

présence d’une plasmocytose précoce est évocatrice mais inconstante et non spécifique.<br />

L’étude sérologique nécessite l’examen de 2 sérums pour déce<strong>le</strong>r une séroconversion ou une<br />

élévation significative du titre des anticorps (d’un facteur quatre ou plus). Les 2 prélèvements doivent<br />

être étudiés par <strong>le</strong> même protoco<strong>le</strong> technique et dans <strong>le</strong> même laboratoire. Le premier prélèvement<br />

est fait à la première consultation. Le second prélèvement est fait 15 jours après <strong>le</strong> premier lorsque<br />

l’éruption a motivé la première consultation, 30 jours après si c’est un contage chez un sujet<br />

séronégatif qui a motivé la première consultation.<br />

Une séroconversion ou une élévation significative du titre des anticorps traduit une infection<br />

rubéolique récente pouvant correspondre à 2 éventualités : primo-infection rubéo<strong>le</strong>use ou réinfection<br />

par <strong>le</strong> virus de la rubéo<strong>le</strong> car la primo-infection plus ou moins ancienne a pu laisser un titre d’anticorps<br />

nul ou faib<strong>le</strong>. Un titre d’anticorps é<strong>le</strong>vé et stab<strong>le</strong> ne permet pas d’éliminer une infection rubéolique<br />

récente s’il y a un retard au prélèvement du premier sérum. La recherche d’IgM spécifiques est uti<strong>le</strong><br />

chez la femme enceinte et <strong>le</strong> nouveau-né.<br />

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Planifier <strong>le</strong> suivi = Rechercher <strong>le</strong>s complications<br />

En dehors de la rubéo<strong>le</strong> congénita<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s autres complications sont :<br />

- rare thrombopénie avec ou sans purpura 2 à 10 jours après l’apparition de l’éruption,<br />

- exceptionnel<strong>le</strong>s méningite ou méningo-encéphalite.<br />

La rubéo<strong>le</strong> congénita<strong>le</strong> :<br />

L’infestation se fait par voie transplacentaire, lors de la virémie maternel<strong>le</strong>. Les anomalies<br />

congénita<strong>le</strong>s sont constatées chez 80 % des enfants infectés pendant <strong>le</strong> premier trimestre de la<br />

grossesse et sont pratiquement absentes si l’infection survient après 16 semaines.<br />

Les manifestations cliniques sont rapportées dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au 3.<br />

Tab<strong>le</strong>au 3 : Manifestations cliniques de la rubéo<strong>le</strong> congénita<strong>le</strong>.<br />

Signes à la naissance<br />

1 – Transitoires<br />

Retard de croissance intra-utérin<br />

Thrombocytopénie ( ± anémie hémolytique), purpura<br />

Hépatosplénomégalie<br />

Lésions osseuses<br />

Autres : méningo-encéphalite, myocardite,<br />

pneumopathie interstitiel<strong>le</strong><br />

2 – Permanents<br />

Cardiopathie<br />

Microcéphalie, hypotonie<br />

Microphtalmie, cataracte, rétinopathie<br />

Argumenter l’attitude thérapeutique<br />

Conduite à tenir en cas de rubéo<strong>le</strong> :<br />

Signes retardés<br />

Surdité<br />

Retard des acquisitions<br />

pyschomotrices<br />

Myopie<br />

Diabète<br />

Hypothyroïdie<br />

Autres atteintes endocriniennes<br />

Chez l’enfant suspect : Eviter <strong>le</strong>s contacts avec <strong>le</strong>s femmes enceintes et <strong>le</strong>s femmes en âge de<br />

procréer non immunes. Pré<strong>le</strong>ver hémogramme et sérologie.<br />

Chez une femme enceinte ayant un contage de rubéo<strong>le</strong> certain ou supposé : prélèvement pour<br />

dosage des anticorps sériques. Les immunoglobulines n’ont pas fait la preuve de <strong>le</strong>ur efficacité.<br />

Il n’y a pas de traitement curatif.<br />

La prévention de la rubéo<strong>le</strong> repose sur la vaccination<br />

Le vaccin est un virus vivant atténué. Il est recommandé chez tous <strong>le</strong>s enfants dans <strong>le</strong> cadre de la<br />

vaccination trip<strong>le</strong> comportant outre la rubéo<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s oreillons et la rougeo<strong>le</strong>, et comprend deux<br />

injections, l'une à partir de 12 mois, l'autre avant 6 ans. Il est contre-indiqué chez <strong>le</strong>s sujets immunodéprimés.<br />

Entre 11 et 13 ans, une dose de vaccin trip<strong>le</strong> associé est recommandée pour tous <strong>le</strong>s enfants n'ayant<br />

pas bénéficié des recommandations avant 6 ans, quels que soient <strong>le</strong>s antécédents vis-à-vis des trois<br />

maladies.<br />

A partir de 16-18 ans, la vaccination contre la rubéo<strong>le</strong> est recommandée pour <strong>le</strong>s jeunes femmes non<br />

vaccinées, par exemp<strong>le</strong> lors d'une consultation de contraception ou prénuptia<strong>le</strong>. Cette vaccination doit<br />

se faire sous contraception. En maternité, chez <strong>le</strong>s femmes non vaccinées dont la sérologie prénata<strong>le</strong><br />

est négative ou inconnue, la vaccination doit être pratiquée avant la sortie de la maternité.<br />

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Faq 3 - Mégalérythème épidémique ( ou Cinquième maladie)<br />

El<strong>le</strong> est due au Parvovirus B19. La transmission se fait par voie respiratoire.<br />

L'incubation est de 6 à 14 jours. Le virus se réplique dans <strong>le</strong>s précurseurs érythropoïétiques.<br />

Début : La phase virémique peut se traduire par une poussée fébri<strong>le</strong> avec frissons, céphalées,<br />

myalgies pendant 2 à 3 jours et coïncide avec l’excrétion du virus dans <strong>le</strong> pharynx.<br />

Phase d’état : Quand ces symptômes existent, une période de latence d’environ une semaine lui<br />

succède puis survient l’éruption qui évolue en 3 phases :<br />

- érythème maculo-papu<strong>le</strong>ux confluent et légèrement oedémateux des joues qui apparaissent comme<br />

souff<strong>le</strong>tées. Cet érythème disparaît en 4 à 5 jours. Il n’y a pas de fièvre.<br />

- Un à quatre jours après l’atteinte facia<strong>le</strong>, l’éruption atteint <strong>le</strong>s bras, <strong>le</strong>s cuisses, <strong>le</strong>s jambes et s’étend<br />

progressivement vers <strong>le</strong>s extrémités et parfois <strong>le</strong> cou, <strong>le</strong> thorax, <strong>le</strong>s fesses. Les éléments sont<br />

macu<strong>le</strong>ux, légèrement oedémateux avec un aspect marginé annulaire, en carte de géographie. Il peut<br />

exister de larges placards au niveau des fesses. Cette phase peut durer une à 3 semaines.<br />

- L’éruption devient ensuite variab<strong>le</strong> d’un moment à l’autre et peut s’accentuer au so<strong>le</strong>il, à l’occasion<br />

d’un bain chaud, d’un exercice physique, d’une émotion.<br />

Des arthralgies voire des arthrites (articulations dista<strong>le</strong>s des mains, genoux, poignets et plus rarement<br />

coudes) sont parfois présentes.<br />

Le diagnostic, clinique, peut être confirmé par la sérologie qui est justifiée en cas de doute si <strong>le</strong> sujet<br />

a été en contact avec une femme enceinte ou un sujet présentant une anémie hémolytique chronique.<br />

Il fait discuter <strong>le</strong>s autres causes d'érythème morbilliforme d'origine infectieuse et une mononucléose<br />

infectieuse ayant reçu de la pénicilline A.<br />

Les complications de cette maladie <strong>le</strong> plus souvent bénigne, sont :<br />

- une érythroblastopénie aiguë responsab<strong>le</strong> d’une anémie aiguë chez <strong>le</strong>s sujets ayant une anémie<br />

hémolytique chronique (drépanocytose, thalassémie, microsphérocytose…)<br />

- une érythroblastopénie chronique, parfois sans éruption, chez <strong>le</strong>s sujets immunodéprimés,<br />

- une anémie, un anasarque foeto-placentaire, une mort fœta<strong>le</strong> in utero chez la femme enceinte.<br />

Faq 4 - Exanthème subit (ou Roséo<strong>le</strong> infanti<strong>le</strong> ou Sixième maladie)<br />

Il peut être dû à 2 virus du groupe herpes : HHV6 et HHV7, si bien qu’un enfant peut faire 2 épisodes.<br />

La transmission est avant tout directe, interhumaine (selon des modalités imparfaitement connues).<br />

L’incubation est de 5 à 15 jours.<br />

Il survient dans plus de 90 % des cas avant l’âge de 2 ans avec un pic entre 7 et 13 mois.<br />

Les formes typiques associent fièvre et rash.<br />

La maladie débute par une fièvre é<strong>le</strong>vée à 39-40°C, se maintenant en plateau pendant 3 jours,<br />

isolée ou associée à des troub<strong>le</strong>s digestifs, une irritabilité accentuée, une tension de la fontanel<strong>le</strong>, un<br />

discret œdème périorbitaire, ou quelques adénopathies.<br />

A la fin du 3ème ou au début du 4ème jour, la fièvre cède et l’éruption apparaît, faite de<br />

macu<strong>le</strong>s ou maculo-papu<strong>le</strong>s rosées, pâ<strong>le</strong>s, de 3 à 5 mm de diamètre siégeant préférentiel<strong>le</strong>ment au<br />

niveau du tronc, du cou et de la racine des membres, rarement à la face. El<strong>le</strong> peut ne durer que<br />

quelques heures et disparaît en règ<strong>le</strong> en 12 à 24 heures.<br />

Il existe des formes hyperthermiques pures sans rash, des formes avec rash sans fièvre.<br />

L’aspect « urgent » de cette maladie éruptive tient au tab<strong>le</strong>au clinique lui-même dans la mesure ou <strong>le</strong><br />

diagnostic de méningite est assez souvent évoqué et aux complications : avant tout des convulsions. Il<br />

s’agit <strong>le</strong> plus souvent de convulsions hyperpyrétiques, beaucoup plus rarement d’une méningite<br />

(hypercytose à prédominance lymphocytaire) ou d’une méningo-encéphalite. Thrombopénie, hépatite<br />

(ayant pu nécessiter une transplantation) et dissémination de l’infection ont été exceptionnel<strong>le</strong>ment<br />

rapportées.<br />

Le diagnostic est avant tout clinique.<br />

Classiquement au 3e, 4e jour apparaît une <strong>le</strong>ucopénie avec neutropénie relative.<br />

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La confirmation sérologique n’a d’intérêt que dans <strong>le</strong>s complications graves.<br />

Les autres causes d'érythème doivent être discutées (cf tab<strong>le</strong>au 2).<br />

Le traitement est symptomatique.<br />

Faq 5 - Mononucléose infectieuse<br />

Due au virus Epstein Barr (virus EBV), appartenant aux virus du groupe herpès (Herpès virus de type<br />

4), el<strong>le</strong> s'observe <strong>le</strong> plus souvent chez l'ado<strong>le</strong>scent mais peut se voir à tout âge.<br />

La contagiosité est faib<strong>le</strong>. La contamination est toujours interhumaine mais peut se faire selon<br />

diverses modalités.<br />

Après une incubation qui peut varier de 10 à 60 jours, l'invasion se fait selon des modalités variab<strong>le</strong>s.<br />

Le début est <strong>le</strong> plus souvent progressif marqué par une odynophagie, des céphalées, une fièvre à 38-<br />

39°.<br />

Le tab<strong>le</strong>au constitué associe de façon variab<strong>le</strong> de la fièvre, une asthénie, une tonsillopharyngite :<br />

amygda<strong>le</strong>s souvent volumineuses, érythémateuses, souvent recouvertes d'un exsudat pseudomembraneux,<br />

pharynx érythémateux et parfois purpura du voi<strong>le</strong>.<br />

Des adénopathies avant tout cervica<strong>le</strong>s, une splénomégalie, et parfois une hépatomégalie<br />

complètent <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au.<br />

Peuvent s'y associer une obstruction nasa<strong>le</strong> avec voie nasonnée, un oedème palpébral ou orbitopalpébral,<br />

une conjonctivite.<br />

Une éruption morbilliforme, faite de lésions rosées, se développe chez 10 % des patients. El<strong>le</strong> est plus<br />

souvent présente avant 4 ans qu'après. El<strong>le</strong> est <strong>le</strong> plus souvent faite de macu<strong>le</strong>s ou de<br />

maculopapu<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> revêt parfois un aspect papulo-vésicu<strong>le</strong>ux ou à type d'érythème polymorphe voire<br />

de syndrome de Gianotti Crosti (acrodermatite papu<strong>le</strong>use infanti<strong>le</strong>). El<strong>le</strong> régresse en général<br />

rapidement, en quelques jours.<br />

Chez <strong>le</strong>s sujets ayant reçu de l'ampicilline, une éruption s'observe dans 90 à 100 % des cas venant<br />

alors souvent révé<strong>le</strong>r la mononucléose infectieuse. El<strong>le</strong> survient plus tardivement que l'éruption<br />

spontanée, est plus étendue, plus intense, plus durab<strong>le</strong>, souvent scarlatiniforme et purpurique.<br />

L'évolution spontanée est favorab<strong>le</strong> dans l'immense majorité des cas. Il n'est pas rare que la fièvre<br />

persiste 10 à 15 jours. Une asthénie notab<strong>le</strong> et durab<strong>le</strong> est possib<strong>le</strong>, susceptib<strong>le</strong> d'entraver l'activité de<br />

l'enfant.<br />

Dans certains cas apparaissent des localisations particulières pouvant être responsab<strong>le</strong>s de<br />

complications :<br />

- neurologiques : méningites (méningite lymphocytaire), encéphalite aiguë pouvant ne se traduire que<br />

par une ataxie aiguë, myélite, encéphalomyélite, syndrome de Guillain-Barré, neuropathie du p<strong>le</strong>xus<br />

brachial<br />

- hépatiques : en règ<strong>le</strong> cliniquement latente et traduite par une élévation des transaminases, el<strong>le</strong> peut<br />

s'accompagner d'un ictère, très rarement d'une hépatomégalie<br />

- cardiaques : péricardite, myocardite<br />

- respiratoires : obstruction des voies aériennes parfois responsab<strong>le</strong> d'un syndrome d'hypoventilation<br />

alvéolaire; localisations parenchymateuses et/ou p<strong>le</strong>ura<strong>le</strong>s<br />

- réna<strong>le</strong>s : hématurie, néphrite interstitiel<strong>le</strong>, glomérulonéphrite aiguë<br />

- L'orchi-épididymite est rarissime.<br />

- Les complications hématologiques sont rares : rupture de rate, anémie hémolytique, thrombopénie,<br />

neutropénie voire agranulocytose, pancytopénie par aplasie médullaire.<br />

- Il faut encore citer la possibilité d'un syndrome de Reye dont <strong>le</strong> virus EB est l'un des agents identifiés<br />

de même que <strong>le</strong> syndrome de fatigue chronique post-vira<strong>le</strong>.<br />

- Chez <strong>le</strong> sujet immunodéprimé, <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au clinique peut être sévère, d'emblée ou secondairement du<br />

fait de localisations viscéra<strong>le</strong>s, de la chronicité de l'affection ou de l'apparition de syndromes<br />

lymphoprolifératifs.<br />

Le diagnostic évoqué sur la clinique est confirmé par la biologie. La numération formu<strong>le</strong> sanguine peut<br />

orienter lorsqu'el<strong>le</strong> montre une hyper<strong>le</strong>ucocytose avec hyperlymphocytose, neutropénie relative et<br />

présence à un taux supérieur à 10 % de lymphocytes atypiques à cytoplasme hyperbasophi<strong>le</strong>.<br />

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La recherche d'anticorps hétérophi<strong>le</strong>s (MNI test, réaction de Paul-Bunnell-Davidsohn) n'est pas<br />

toujours positive chez l'enfant. Ils sont décelés avec une fréquence allant croissant avec l'âge. Les<br />

tests sérologiques spécifiques de l'EBV sont indiqués lorsqu'une localisation viscéra<strong>le</strong> ou une<br />

complication sont au premier plan, dans <strong>le</strong>s formes d'évolution inhabituel<strong>le</strong> ou si la recherche<br />

d'anticorps hétérophi<strong>le</strong>s est négative alors que <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au clinique et hématologique est évocateur. Les<br />

anticorps anti VCA de type Ig M et de type Ig G apparaissent précocement. L'apparition des anticorps<br />

anti EBNA est beaucoup plus tardive, se faisant plusieurs semaines ou plusieurs mois après <strong>le</strong> début.<br />

Traitement. Dans <strong>le</strong>s formes communes, bénignes, aucun traitement n'est nécessaire en dehors du<br />

traitement symptomatique. L'ampicilline ou la pénicilline sont à proscrire. La corticothérapie peut être<br />

indiquée dans <strong>le</strong>s cytopénies immunologiques après avoir éliminé formel<strong>le</strong>ment une <strong>le</strong>ucémie aiguë.<br />

El<strong>le</strong> est discutée dans <strong>le</strong>s encéphalites. Dans <strong>le</strong>s formes graves, l'aciclovir a pu être proposé mais son<br />

activité n'est pas démontrée.<br />

De nombreuses autres maladies vira<strong>le</strong>s peuvent être responsab<strong>le</strong>s d’éruption morbilliforme et/ou<br />

rubéoliforme et constituent autant de diagnostics différentiels. Leur diagnostic précis n’est possib<strong>le</strong><br />

qu’à l’aide de la sérologie (et parfois de la PCR) montrant une ascension du taux des anticorps sur 2<br />

prélèvements faits à 15 jours, 3 semaines d’interval<strong>le</strong>. Ces examens sont très chers et sans intérêt<br />

devant un exanthème bien supporté. On par<strong>le</strong> souvent ainsi d’ « Exanthème présumé viral ».<br />

Parmi ces infections, <strong>le</strong>s plus fréquentes sont :<br />

- <strong>le</strong>s infections à entérovirus (coxsackie, échovirus et poliovirus). Plus de 30 types d’entérovirus ont<br />

été rendus responsab<strong>le</strong>s d’exanthème. Ces infections ont fréquemment un caractère saisonnier (août<br />

à octobre). El<strong>le</strong>s peuvent être responsab<strong>le</strong>s d’éruptions maculo-papu<strong>le</strong>uses fréquemment associées à<br />

des signes digestifs, à une infection respiratoire haute, à une réaction méningée. L’urgence n’est<br />

concernée que par <strong>le</strong>s complications possib<strong>le</strong>ment associées : neurologiques : méningite,<br />

encéphalite, ataxie, myélite, syndrome de Guillain Barré ; cardiaque : péricardite, myocardite.<br />

- Les infections à adénovirus. Caractérisées par une atteinte adéno-pharyngo-conjonctiva<strong>le</strong> avec<br />

pneumopathie, bronchiolite, parfois diarrhée, <strong>le</strong>s adénoviroses s’accompagnent dans 10 à 40 % des<br />

cas d’un exanthème maculo-papu<strong>le</strong>ux morbilliforme, parfois purpurique. Des formes graves peuvent<br />

se voir chez <strong>le</strong> nouveau-né et l’enfant immuno-déprimé.<br />

Dans <strong>le</strong>s méningococcies, un exanthème généralisé contemporain de la méningite peut prendre un<br />

aspect morbilliforme. L’existence de lésions purpuriques et <strong>le</strong>s signes associés prennent ici une<br />

grande va<strong>le</strong>ur.<br />

D’autres infections autres que vira<strong>le</strong>s et bactériennes peuvent s’accompagner d’un exanthème<br />

maculo-papu<strong>le</strong>ux parmi <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s infections à Mycoplasma pneumoniae ou la toxoplasmose.<br />

- Une mention particulière est justifiée pour <strong>le</strong>s infections à Cytomégalovirus. La plupart des infections<br />

à CMV de l’enfant immuno-compétent sont asymptomatiques. Lorsqu’el<strong>le</strong>s sont symptomatiques, la<br />

peau est rarement atteinte. Les localisations rapportées avec l’EBV peuvent se voir avec <strong>le</strong> CMV, <strong>le</strong><br />

diagnostic se pose donc dans <strong>le</strong>s formes pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s sérologies spécifiques de l’EBV sont<br />

négatives.<br />

Chez l’enfant immuno-déprimé (infection à VIH, chimiothérapie pour <strong>le</strong>ucose, tumeurs), l’infection à<br />

CMV peut être grave et potentiel<strong>le</strong>ment mortel<strong>le</strong>. Chez <strong>le</strong>s sujets transplantés, la survenue d’un rash<br />

fébri<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus souvent associé à d’autres manifestations cliniques dans <strong>le</strong>s semaines qui suivent la<br />

greffe doit faire discuter la possibilité d’une infection à CMV.<br />

Le diagnostic ne peut être que biologique. Il est justifié en cas d’infection grave, de survenue chez un<br />

immunodéprimé ou chez un transplanté. Outre la sérologie (Ig G et Ig M), il utilise l’antigénémie, et la<br />

recherche par PCR.<br />

Faq 6 - Scarlatine<br />

El<strong>le</strong> est due au streptocoque ß hémolytique du groupe A : Streptococcus Pyogènes. La contamination<br />

est en règ<strong>le</strong> directe et se fait par voie aérienne.<br />

Le streptocoque produit une protéine de paroi externe, la protéine M. L'antigénicité de cette protéine<br />

permet de différencier plus de 80 sérotypes dans <strong>le</strong> streptocoque du groupe A. Ce sont principa<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s sérotypes M3 et M4 qui sont aujourd'hui responsab<strong>le</strong>s de la scarlatine. Les anticorps antiprotéine<br />

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M sont spécifiques de type et ne protègent contre une infection ultérieure que vis à vis d'un germe de<br />

même type M.<br />

La scarlatine est une maladie toxinique : <strong>le</strong>s streptocoques A secrètent des toxines dites<br />

érythrogènes encore appelées exotoxines pyrogènes : A, B, C, D. Ces toxines sont immunogènes.<br />

El<strong>le</strong>s sont responsab<strong>le</strong>s d'une vasodilatation, associée à un œdème dermique et à un infiltrat<br />

lymphocytaire. Les formes bénignes de scarlatine sont associées aux toxines B et C alors que <strong>le</strong>s<br />

rares formes plus viru<strong>le</strong>ntes sont associées à la toxine A.<br />

L'incubation est de 2 à 5 jours.<br />

Le début est brutal marqué par une fièvre é<strong>le</strong>vée, des vomissements, parfois des dou<strong>le</strong>urs<br />

abdomina<strong>le</strong>s et surtout une dysphagie. L'examen retrouve une rougeur diffuse de toute la gorge avec<br />

amygda<strong>le</strong>s tuméfiées et des adénopathies sous-angulo-maxillaires.<br />

L'éruption s'instal<strong>le</strong> 1 jour après en une seu<strong>le</strong> poussée. El<strong>le</strong> débute et prédomine aux plis de f<strong>le</strong>xion<br />

(plis inguinaux, plis du coude, aissel<strong>le</strong>s) puis s'étend à la partie supérieure du thorax, à la partie<br />

inférieure de l'abdomen ("en ca<strong>le</strong>çon"), inconstamment au visage en respectant <strong>le</strong>s orifices et aux<br />

extrémités en respectant <strong>le</strong>s paumes et <strong>le</strong>s plantes. El<strong>le</strong> est faite d'une rougeur diffuse parsemée de<br />

points rouges plus intenses, sans interval<strong>le</strong> de peau saine et donnant à la palpation une sensation de<br />

granité (peau de chagrin). El<strong>le</strong> atteint son acmé au 2e, 3e jour et décroît rapidement vers <strong>le</strong> 6e jour. La<br />

desquamation survient entre <strong>le</strong> 7e et <strong>le</strong> 15e jour, là où l'éruption est apparue en premier. El<strong>le</strong> atteint<br />

en dernier <strong>le</strong>s paumes et <strong>le</strong>s plantes où el<strong>le</strong> se fait en larges lambeaux. L'éruption s'associe à un<br />

énanthème : la pharyngite persiste ; l'aspect de la langue est caractéristique : d'abord saburra<strong>le</strong>, el<strong>le</strong><br />

perd son enduit blanchâtre de la périphérie vers <strong>le</strong> centre pour prendre un aspect rouge framboisé<br />

vers <strong>le</strong> 6e, 8e jour.<br />

Formes cliniques : <strong>le</strong>s formes atténuées sont fréquentes. La fièvre est moins importante. L'éruption<br />

est plus rose que rouge, souvent localisée aux plis de f<strong>le</strong>xion. Par contre l'aspect de la gorge et de la<br />

langue reste souvent caractéristique. Les scarlatines malignes sont rarissimes.<br />

Les complications rares, survenant surtout lors des scarlatines frustes, méconnues ou négligées<br />

sont: - O.R.L. : adénite cervica<strong>le</strong>, otite ;<br />

- réna<strong>le</strong>s : néphrite précoce, glomérulonéphrite aiguë post-streptococcique tardive ;<br />

- articulaires : rhumatisme scalartin précoce, contemporain de l'éruption purement arthralgique et sans<br />

gravité ; rhumatisme articulaire aigu post-streptococcique survenant vers <strong>le</strong> 21e jour.<br />

Le diagnostic repose avant tout sur la clinique. L'hémogramme peut montrer une hyper<strong>le</strong>ucocytose<br />

avec polynucléose neutrophi<strong>le</strong> et souvent éosinophilie à 3-6 %.<br />

Le prélèvement de gorge, effectué avant toute antibiothérapie, retrouve <strong>le</strong> streptocoque mais sa<br />

présence n'est ni indispensab<strong>le</strong> au diagnostic, ni suffisante (il existe des porteurs sains). L'élévation<br />

des antistreptolysines est inconstante et tardive (10 à 15 jours).<br />

Le traitement repose sur l'antibiothérapie : pénicilline V à la dose de 1 à 2 millions d'unités/j ou 80<br />

000 unités/kg/j pendant 10 jours. En cas d'al<strong>le</strong>rgie aux bétalactamines, on prescrira un macrolide. Il<br />

est justifié de traiter <strong>le</strong>s sujets contacts.<br />

Le diagnostic différentiel comporte :<br />

- la scarlatine staphylococcique ou syndrome scarlatin staphylococcique.<br />

- <strong>le</strong> syndrome de Choc Toxique Staphylococcique.<br />

- <strong>le</strong> Syndrome de Choc Toxique Streptococcique.<br />

- Un rash scarlatiniforme peut être observé transitoirement au début de la varicel<strong>le</strong>, et plus rarement<br />

d'autres maladies infectieuses : rubéo<strong>le</strong>, mononucléose infectieuse, méningococcie, typhoïde,<br />

infections à virus Écho et à Coxsackie.<br />

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La varicel<strong>le</strong> et l'herpès doivent être discutés dans <strong>le</strong> cadre des éruptions vésicu<strong>le</strong>uses.<br />

Faq 7 - Varicel<strong>le</strong><br />

Due au virus varicel<strong>le</strong>-zona (VVZ) appartenant au groupe des Herpès-virus (Herpès virus de type 3),<br />

el<strong>le</strong> se rencontre surtout chez l'enfant entre 2 et 10 ans.<br />

El<strong>le</strong> est très contagieuse : la contamination est interhumaine, directe et se fait par voie aérienne.<br />

El<strong>le</strong> confère l'immunité.<br />

Diagnostiquer une varicel<strong>le</strong><br />

Après une incubation de 14 à 16 jours, l'invasion est brève (24-48 heures), en règ<strong>le</strong> discrète<br />

(malaises, fièvre à 38°, céphalées) ou asymptomatique.<br />

L'éruption est souvent <strong>le</strong> premier symptôme de la maladie. L'exanthème est en règ<strong>le</strong> prurigineux. Il<br />

débute n'importe où, <strong>le</strong> plus souvent au tronc. C'est d'abord une macu<strong>le</strong> de 2 à 5 mm rosée qui peut<br />

saillir légèrement en papu<strong>le</strong>. En quelques heures <strong>le</strong>s éléments maculo-papu<strong>le</strong>ux sont surmontés d'une<br />

vésicu<strong>le</strong> ou d'une bul<strong>le</strong> de 3 à 4 mm de diamètre. L'élément vésiculo-bul<strong>le</strong>ux contient un liquide clair. Il<br />

est superficiel. Il est bordé d'une aréo<strong>le</strong> rouge qui lorsqu'el<strong>le</strong> manque ou disparaît permet l'aspect<br />

classique de "goutte de rosée posée sur une peau saine". Cet exanthème est généralisé ne<br />

respectant ni <strong>le</strong> cuir chevelu ni <strong>le</strong>s extrémités. Les éléments sont souvent abondants mais peuvent<br />

aussi être en nombre restreint.<br />

Leur évolution est caractéristique : dès <strong>le</strong> 2e jour <strong>le</strong> liquide se troub<strong>le</strong> ; la vésicu<strong>le</strong> s'affaisse, se<br />

déprime en son centre et il se forme une croûtel<strong>le</strong> brunâtre, prurigineuse ; au 6e, 8e jour la croûtel<strong>le</strong><br />

tombe et laisse place à une petite tache rosée qui disparaît sans laisser de cicatrice sauf en cas de<br />

lésion de grattage. Dans son ensemb<strong>le</strong>, l'éruption évolue en 2 ou 3 poussées à 24-72 heures<br />

d'interval<strong>le</strong>, d'où la coexistence d'éléments d'âges différents : macu<strong>le</strong>s, papu<strong>le</strong>s, vésicu<strong>le</strong>s, croûtes.<br />

El<strong>le</strong> dure au total 10 à 12 jours.<br />

Un énanthème évolue parallè<strong>le</strong>ment : dans la cavité bucca<strong>le</strong> <strong>le</strong>s vésicu<strong>le</strong>s se rompent et font place à<br />

de petites érosions superficiel<strong>le</strong>s entourées d'un halo rouge. Les signes généraux sont réduits, la<br />

température ne dépasse pas 38, 38°5 lors de poussées. Une micropolyadénopathie est fréquente.<br />

Les formes cliniques : en fonction du nombre d'éléments, on distingue <strong>le</strong>s formes frustes (quelques<br />

éléments), <strong>le</strong>s formes confluentes (grand nombre d'éléments). En fonction de l'aspect il existe des<br />

formes bul<strong>le</strong>uses, des formes ecchymotiques (dans laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s éléments présentent un halo<br />

ecchymotique entourant la vésicu<strong>le</strong>) et des formes hémorragiques. La varicel<strong>le</strong> est une maladie<br />

bénigne mais peut être responsab<strong>le</strong> de complications graves voire mortel<strong>le</strong>s.<br />

Le diagnostic de varicel<strong>le</strong> est avant tout clinique. Le diagnostic biologique, virologique et<br />

sérologique est inuti<strong>le</strong> en pratique dans la quasi totalité des cas.<br />

Planifier <strong>le</strong> suivi = Rechercher <strong>le</strong>s complications<br />

Si <strong>le</strong>s enfants immunodéprimés sont <strong>le</strong>s plus à risque, la plupart de ces complications affectent en<br />

réalité <strong>le</strong>s enfants antérieurement sans facteur de risque.<br />

Trois types de complications peuvent être individualisés :<br />

1- <strong>le</strong>s varicel<strong>le</strong>s graves proprement dites.<br />

El<strong>le</strong>s se caractérisent par une diffusion de l'infection vira<strong>le</strong>, <strong>le</strong> plus souvent dans <strong>le</strong> cadre d'un déficit<br />

immunitaire portant surtout sur l'immunité cellulaire (qu'il soit congénital ou acquis), une<br />

corticothérapie au long cours ou un traitement immuno-suppresseur. Le nouveau-né et <strong>le</strong>s petits<br />

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nourrissons non protégés par des anticorps maternels peuvent éga<strong>le</strong>ment être affectés. Le tab<strong>le</strong>au<br />

clinique comporte une fièvre é<strong>le</strong>vée, une altération de l'état général et une éruption profuse recouvrant<br />

tout <strong>le</strong> corps et <strong>le</strong>s muqueuses. Les vésicu<strong>le</strong>s ont volontiers un aspect nécrotique et hémorragique. Il<br />

s'y ajoute des signes de diffusion multiviscéra<strong>le</strong> : hépatite fulminante, pancytopénie, syndrome de<br />

coagulation intravasculaire disséminée, méningoencéphalite. On peut observer des formes plus<br />

limitées comme la pneumonie interstitiel<strong>le</strong> hypoxémiante pouvant évoluer vers un SDRA. Le<br />

traitement antiviral par aciclovir représente, avec <strong>le</strong>s mesures de réanimation, l'essentiel du<br />

traitement.<br />

2- <strong>le</strong>s surinfections bactériennes concernent avant tout l'enfant de moins de 5 ans et touchent la<br />

peau et <strong>le</strong>s tissus mous.<br />

El<strong>le</strong>s sont dues au streptocoque A et au staphylocoque doré, bactéries souvent productrices de<br />

toxines.<br />

Les cellulites représentent une extension de l'infection au tissu cellulaire sous-cutané. El<strong>le</strong>s peuvent<br />

se compliquer d'abcès. Parmi <strong>le</strong>s formes graves, il faut citer la varicel<strong>le</strong> gangréneuse probab<strong>le</strong>ment<br />

favorisée par l'usage du talc et liée à une surinfection staphylococcique. El<strong>le</strong> se caractérise par des<br />

lésions de nécrose de la peau et du derme à partir d'une ou plusieurs vésicu<strong>le</strong>s.<br />

La fasciite nécrosante est la complication la plus grave. El<strong>le</strong> est caractérisée par une inflammation<br />

et une nécrose rapidement progressive de la peau, du tissu cellulaire sous-cutané et des fascias<br />

musculaires. El<strong>le</strong> est d'origine streptococcique et comporte une mortalité é<strong>le</strong>vée et un risque important<br />

de séquel<strong>le</strong>s dues aux délabrements des parties mol<strong>le</strong>s. Les lésions siègent <strong>le</strong> plus souvent au niveau<br />

des extrémités mais chez <strong>le</strong> petit nourrisson <strong>le</strong> tronc est plus souvent atteint. Le tab<strong>le</strong>au initial est celui<br />

d'une cellulite. L'attention doit être attirée par l'intensité des dou<strong>le</strong>urs, disproportionnée par rapport aux<br />

lésions apparentes. La peau est luisante et tendue. Dans un délai qui varie de quelques heures à<br />

quelques jours, la peau devient violacée, signant la nécrose avec apparition possib<strong>le</strong> de bul<strong>le</strong>s parfois<br />

hémorragiques. Lorsque l'atteinte est localisée aux membres, des signes d'ischémie des extrémités<br />

liées à un syndrome des loges peuvent apparaître. Parallè<strong>le</strong>ment, il existe un tab<strong>le</strong>au infectieux<br />

sévère avec fièvre é<strong>le</strong>vée et altération de l'état général. Le diagnostic est essentiel<strong>le</strong>ment clinique. Le<br />

traitement de la fasciite nécrosante associe la chirurgie : débridement large et précoce de tous <strong>le</strong>s<br />

tissus nécrosés, l'antibiothérapie, et <strong>le</strong>s gammaglobulines par voie intraveineuse.<br />

Ces infections des tissus mous peuvent s'accompagner de septicémie avec localisation métastatique.<br />

El<strong>le</strong>s peuvent aussi se compliquer de choc ayant habituel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s critères de choc toxique<br />

staphylococcique ou streptococcique.<br />

Dans ce type de complication, l'antibiothérapie est essentiel<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> doit cib<strong>le</strong>r à la fois <strong>le</strong> streptocoque<br />

et <strong>le</strong> staphylocoque. L'association amoxicilline - acide clavulanique représente une bonne option dans<br />

<strong>le</strong>s formes de gravité modérée. L'association de clindamycine est justifiée dans <strong>le</strong>s formes sévères, en<br />

particulier dans <strong>le</strong>s fasciites nécrosantes.<br />

3- Les autres complications dites post-infectieuses de mécanisme immunologique ou inconnu :<br />

* neurologiques : encéphalite aiguë débutant deux à cinq jours après l'éruption. Le tab<strong>le</strong>au est <strong>le</strong> plus<br />

souvent celui d'une ataxie aiguë cérébel<strong>le</strong>use, mais el<strong>le</strong> peut revêtir l'aspect d'une encéphalite aiguë<br />

sans spécificité, myélite aiguë, encéphalomyélite, névrite optique, paralysie des nerfs crâniens,<br />

polyradiculonévrite (syndrome de Guillain-Barré) pouvant se manifester plusieurs semaines après la<br />

varicel<strong>le</strong><br />

* <strong>le</strong> syndrome de Reye est rare. sa survenue peut être favorisée par la prise d'acide acétylsalicylique à<br />

la phase aiguë de la maladie.<br />

* purpura soit dans <strong>le</strong> cadre d'un purpura fulminans varicel<strong>le</strong>ux avec état de choc et syndrome de<br />

coagulation intravasculaire disséminée, soit purpura thrombopénique aigu post-varicel<strong>le</strong>ux attribué à<br />

des auto-anticorps<br />

* une atteinte réna<strong>le</strong> glomérulaire est rare et due soit au virus lui-même, soit à une surinfection<br />

streptococcique des éléments cutanés<br />

* D'autres atteintes sont possib<strong>le</strong>s mais exceptionnel<strong>le</strong>s : myocardite, pancréatite, hépatite, orchite,<br />

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arthrite amicrobienne. Citons la possibilité de thrombose veineuse liée à un déficit transitoire en<br />

protéine S au décours d'une varicel<strong>le</strong>.<br />

La survenue d'une varicel<strong>le</strong> chez la femme enceinte est une éventualité rare mais el<strong>le</strong> expose à des<br />

risques spécifiques.<br />

La pneumopathie varicel<strong>le</strong>use est la complication maternel<strong>le</strong> la plus fréquente, el<strong>le</strong> peut être mortel<strong>le</strong>.<br />

Le foetus peut être contaminé par voie hématogène transplacentaire. Les malformations peuvent être<br />

observées après <strong>le</strong>s primo-infections maternel<strong>le</strong>s survenues avant 20 semaines d'aménorrhée. De<br />

nombreuses anomalies ont été rapportées touchant avant tout <strong>le</strong> système nerveux, <strong>le</strong>s membres et <strong>le</strong><br />

revêtement cutané. Après 20 semaines d'aménorrhée, <strong>le</strong> risque principal est celui d'un zona dans <strong>le</strong>s<br />

premières semaines ou <strong>le</strong>s premiers mois de vie.<br />

La varicel<strong>le</strong> néonata<strong>le</strong> est définie par la survenue d'une éruption varicel<strong>le</strong>use dans <strong>le</strong>s 10 jours qui<br />

suivent la naissance. La gravité de l'expression clinique dépend du moment de la contamination<br />

foeta<strong>le</strong> par rapport à l'accouchement. Plus <strong>le</strong> contage du fœtus a lieu loin de l'accouchement, 15 ou 20<br />

jours avant, plus <strong>le</strong> fœtus a <strong>le</strong> temps de recevoir des anticorps maternels qui vont <strong>le</strong> protéger et<br />

neutraliser <strong>le</strong> virus qui se multip<strong>le</strong> dans ses tissus. On distingue ainsi <strong>le</strong>s varicel<strong>le</strong>s néonata<strong>le</strong>s<br />

bénignes survenant avant <strong>le</strong> 5e jour de vie et <strong>le</strong>s varicel<strong>le</strong>s néonata<strong>le</strong>s graves lorsque la varicel<strong>le</strong><br />

maternel<strong>le</strong> apparaît dans <strong>le</strong>s 5 jours qui précèdent l'accouchement ou dans <strong>le</strong>s 2 jours qui <strong>le</strong> suivent.<br />

L'éruption du nouveau-né apparaît entre 5 et 10 jours de vie et consiste en une éruption<br />

cutanéomuqueuse généralisée, ulcéro-nécrosante ou hémorragique avec atteinte pulmonaire,<br />

méningo-encéphalitique et polyviscéra<strong>le</strong>. La mortalité est de 20 à 30 %.<br />

Argumenter l’attitude thérapeutique<br />

Le traitement de la varicel<strong>le</strong> commune est symptomatique et vise à prévenir <strong>le</strong>s surinfections : ong<strong>le</strong>s<br />

coupés court et brossés au savon, éventuel<strong>le</strong>ment solution antiseptique sur <strong>le</strong>s éléments prurigineux.<br />

Ne pas mettre de talc ni d'autre produit loca<strong>le</strong>ment en dehors des antiseptiques,<br />

ne pas donner d'anti-inflammatoires non stéroïdiens.<br />

Le traitement de la varicel<strong>le</strong> de l'immunodéprimé s'impose :<br />

traitement prophylactique par immunoglobulines polyva<strong>le</strong>ntes intraveineuses : 3 ml/kg d'une solution<br />

Ig IV à 5 % à répéter éventuel<strong>le</strong>ment 10 à 15 jours plus tard et aciclovir.<br />

traitement curatif par aciclovir intraveineux 10 à 15 mg/kg toutes <strong>le</strong>s 8 heures <strong>le</strong> plus tôt possib<strong>le</strong>, dès<br />

l'apparition de la varicel<strong>le</strong>.<br />

Traitement de la varicel<strong>le</strong> du nouveau-né : aucun traitement spécifique n'est nécessaire dans la<br />

varicel<strong>le</strong> néonata<strong>le</strong> bénigne ;<br />

- en cas de risque de varicel<strong>le</strong> néonata<strong>le</strong> grave : traitement par immunoglobulines dès la naissance et<br />

aciclovir intraveineux ;<br />

- en cas de varicel<strong>le</strong> déclarée : aciclovir intraveineux : 10 à 15 mg/kg toutes <strong>le</strong>s 8 heures pendant 7 j.<br />

Prévention : Il existe un vaccin qui est un virus vivant atténué pouvant être administré dès l'âge de<br />

1 an. Une seu<strong>le</strong> injection est recommandée jusqu'à 12 ans, sinon 2 injections à un mois d'interval<strong>le</strong><br />

après 12 ans. La vaccination n'est actuel<strong>le</strong>ment indiquée en France que chez <strong>le</strong>s sujets séronégatifs à<br />

risque, et <strong>le</strong>ur entourage séronégatif : <strong>le</strong>ucémies ou tumeurs en période de rémission, futures greffes.<br />

Ces indications sont en cours de modification.<br />

Faq 8 - Infections à virus Herpès Simp<strong>le</strong>x 1et 2<br />

Dues aux virus Herpès simp<strong>le</strong>x (HSV), la primo-infection à HSV1 survient dans 80 % des cas avant<br />

l'âge de 5 ans. HSV2, responsab<strong>le</strong> de l'herpès génital est rarement rencontré chez l'enfant à<br />

l'exception de l'Herpès néonatal.<br />

- La gingivostomatite aiguë est la forme de primo-infection herpétique la plus fréquente.<br />

Après une incubation de 4 à 8 jours, l'enfant présente de la fièvre (souvent é<strong>le</strong>vée, à 39-40°C), refuse<br />

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de s'alimenter et se plaint de dou<strong>le</strong>urs bucca<strong>le</strong>s.<br />

A l'examen <strong>le</strong>s gencives sont rouges, tuméfiées, souvent sanguino<strong>le</strong>ntes. Sur la langue, la face<br />

interne des joues, <strong>le</strong>s gencives et la face muqueuse des lèvres il existe au tout début des vésicu<strong>le</strong>s<br />

sur fond érythémateux. Rapidement <strong>le</strong>s vésicu<strong>le</strong>s se rompent laissant place à des ulcérations<br />

superficiel<strong>le</strong>s.<br />

Un herpès cutané péribuccal et/ou nasal peut l'accompagner.<br />

Les ganglions satellites sous maxillaires et sous mentaux sont augmentés de volume et sensib<strong>le</strong>s.<br />

L'évolution se fait vers l'apyrexie et la disparition des signes locaux en 8 à 15 jours. Certains enfants<br />

nécessitent une hospitalisation de quelques jours en raison de l'impossibilité ou du refus de toute<br />

alimentation.<br />

Le traitement est avant tout symptomatique : bains de bouche avec une solution antiseptique diluée,<br />

xylocaïne visqueuse avant <strong>le</strong>s repas en cas de dou<strong>le</strong>urs, alimentation liquide voire perfusion<br />

intraveineuse si l’enfant refuse tota<strong>le</strong>ment de s’alimenter.<br />

L’aciclovir per os à la dose de 800 mg/jour pendant 5 jours est discuté. Il réduit la durée des dou<strong>le</strong>urs<br />

et de l’hypersialorrhée. Les formes sévères avec dysphagie marquée peuvent être traitées par voie<br />

intraveineuse : 250 mg/m 2 ou 15 mg/kg toutes <strong>le</strong>s 8 heures en perfusion <strong>le</strong>nte de 1 heure pendant 5<br />

jours.<br />

- L'Herpès génital dû en général à HSV2 peut être dû (5 à 10 % des cas) à HSV1. Il est rare chez<br />

l'enfant. Il peut se voir chez <strong>le</strong> nourrisson et l'enfant en cas de manipulation des organes génitaux<br />

externes par des mains contaminées. Les ado<strong>le</strong>scents peuvent se contaminer à l'occasion de rapport<br />

sexuel, comme l'adulte.<br />

La vulvo-vaginite herpétique primaire se traduit par des lésions vésicu<strong>le</strong>uses puis aphtoïdes sur la<br />

vulve qui est œdématiée. Les lésions s'accompagnent de fièvre, de dou<strong>le</strong>ur, d'adénopathies<br />

inguina<strong>le</strong>s, parfois d'une rétention d'urines.<br />

Chez <strong>le</strong> garçon, des lésions vésicu<strong>le</strong>uses rapidement érodées laissant place à une ulcération<br />

superficiel<strong>le</strong> polycyclique peuvent se voir sur <strong>le</strong> gland, <strong>le</strong> prépuce, plus rarement <strong>le</strong> scrotum. L’aciclovir<br />

per os 1200 mg/jour en 3 prises pendant 5 à 7 jours et en applications loca<strong>le</strong>s de crème dermique est<br />

indiqué. Il n’empêche pas l’installation d’un herpès récurrent.<br />

- Le panaris herpétique peut être secondaire à une piqûre par un objet contaminé ou à la succion d'un<br />

doigt chez un enfant atteint de gingivostomatite herpétique (auto-inoculation). Le doigt est chaud,<br />

tuméfié, inflammatoire avec présence de quelques vésicu<strong>le</strong>s.<br />

- L'Herpès oculaire se traduit par une kérato-conjonctivite unilatéra<strong>le</strong> avec oeil rouge et douloureux,<br />

photophobie, larmoiement. El<strong>le</strong> peut s'associer à une blépharite avec présence de vésicu<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong><br />

bord palpébral. Toute suspicion d'une cause herpétique doit faire exclure formel<strong>le</strong>ment une<br />

corticothérapie loca<strong>le</strong> et nécessite une consultation ophtalmologique. L'examen à la lampe à fente<br />

montre l'aspect classique de kératite dendritique très évocatrice qui peut récidiver.<br />

- L'Herpès cutané est en règ<strong>le</strong> localisé et siège <strong>le</strong> plus souvent au niveau des lèvres. Le début se fait<br />

par une sensation de brûlure ou de prurit. La région devient érythémateuse et se couvre rapidement<br />

de vésicu<strong>le</strong>s, riches en virus et contagieuses pouvant confluer en "bouquet herpétique". Les vésicu<strong>le</strong>s<br />

s'érodent, deviennent croûteuses, puis disparaissent en 7 à 10 jours sans cicatrice. Son traitement<br />

n’est pas indispensab<strong>le</strong>. L’aciclovir en crème dermique à 5 % peut être utilisé. Il est important de<br />

prévenir <strong>le</strong> sujet qu’il ne faut pas approcher un nourrisson atteint d’eczéma. On peut mettre un<br />

pansement occlusif.<br />

- L'Herpès cutané primaire est beaucoup plus rarement disséminé : éruption disséminée faite de<br />

vésicu<strong>le</strong>s plus petites que cel<strong>le</strong>s de la varicel<strong>le</strong> et s'accompagnant de signes généraux. L'évolution se<br />

fait par poussées sur 2 à 3 semaines. En l'absence d'atteinte viscéra<strong>le</strong>, la guérison est obtenue sans<br />

séquel<strong>le</strong>.<br />

- Le syndrome de Kaposi Juliusberg (pustulose varioliforme aiguë de Juliusberg) est une urgence<br />

diagnostique et thérapeutique. Ce syndrome est une des complications <strong>le</strong>s plus redoutab<strong>le</strong>s de<br />

l'eczéma du nourrisson. Il touche avant tout l'enfant de moins de 2 ans. Il est dû <strong>le</strong> plus souvent à une<br />

primo-infection à HSV1, souvent contractée par l'intermédiaire d'un adulte atteint d'herpès labial<br />

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récidivant. En moins de 24 heures la dermatite atopique se transforme, prenant un aspect vésicu<strong>le</strong>ux<br />

qui diffuse sur la peau norma<strong>le</strong> voisine. Les vésicu<strong>le</strong>s siègent surtout sur <strong>le</strong> visage et sur <strong>le</strong> cuir<br />

chevelu et s'étendent à la muqueuse bucca<strong>le</strong>, au thorax, aux membres. Les vésicu<strong>le</strong>s confluent et<br />

donnent des pustu<strong>le</strong>s s'accompagnant d'oedème et de suintement abondant.<br />

Une fièvre à 40°, des adénopathies et une altération de l'état général complètent <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au.<br />

L'évolution peut être mortel<strong>le</strong> par collapsus, surinfection et dissémination vira<strong>le</strong>. L’aciclovir par voie IV<br />

à la dose de 250 mg/m 2 ou 15 mg/kg 3 fois par jour est une urgence.<br />

- L'Herpès généralisé est exceptionnel après la période néonata<strong>le</strong> chez <strong>le</strong> sujet sain. Chez <strong>le</strong>s enfants<br />

porteurs d'un déficit immunitaire, tout particulièrement ceux porteurs d'un déficit de l'immunité<br />

cellulaire, qu'il soit congénital ou acquis, l'infection herpétique peut être sévère et se compliquer de<br />

localisations viscéra<strong>le</strong>s (tube digestif, poumon, foie, encépha<strong>le</strong>) imposant un traitement par aciclovir<br />

intraveineux dès l'apparition de vésicu<strong>le</strong>s sur la peau ou <strong>le</strong>s muqueuses à la dose de 250 mg/m 2 ou 15<br />

mg/kg 3 fois par jour. En cas d’encéphalite, la posologie est de 500 mg/m 2 ou 30 mg/kg toutes <strong>le</strong>s 8<br />

heures.<br />

- L'Herpès néonatal survient dans <strong>le</strong>s 3 premières semaines de vie. Le type HSV2 est <strong>le</strong> plus souvent<br />

en cause mais HSV1 peut en être responsab<strong>le</strong>. La contamination de l'enfant peut se faire in utero (par<br />

voie transplacentaire ou par voie ascendante), pendant l'accouchement (par contact direct avec la<br />

filière génita<strong>le</strong> infectée), ou en post-natal. L'atteinte cutanée se voit dans 30 à 50 % des cas mais n'est<br />

cliniquement isolée que dans 10 % des cas. El<strong>le</strong> est caractérisée <strong>le</strong> plus souvent par une éruption<br />

vésicu<strong>le</strong>use soit localisée (sur <strong>le</strong> scalp, <strong>le</strong> visage, <strong>le</strong> siège), soit disséminée. D'autres aspects peuvent<br />

se rencontrer : taches érythémateuses, exanthème macu<strong>le</strong>ux généralisé, bul<strong>le</strong>s pouvant être<br />

volumineuses dont la rupture laisse apparaître de larges zones dénudées, pustu<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> peut<br />

s'associer à une atteinte oculaire, bucco-pharyngée mais <strong>le</strong> plus souvent el<strong>le</strong> n'est qu'un des éléments<br />

de la forme disséminée, véritab<strong>le</strong> septicémie herpétique du nouveau-né comportant une atteinte<br />

méningo-encéphalitique, hépatique et pulmonaire de pronostic redoutab<strong>le</strong>.<br />

L’aciclovir IV s’impose aux doses définies dans l’infection généralisée.<br />

Le diagnostic d’infection à virus Herpes est avant tout clinique. Les examens de laboratoire<br />

(sérologie, PCR) ne sont indiqués que dans <strong>le</strong>s cas où <strong>le</strong> diagnostic clinique reste incertain ou dans<br />

<strong>le</strong>s formes compliquées.<br />

Le diagnostic différentiel peut se poser avec <strong>le</strong>s autres formes d'éruption vésicu<strong>le</strong>use :<br />

- zona dans une forme localisée ;<br />

- varicel<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s formes généralisées<br />

- syndrome pied-main-bouche.<br />

Faq 9 - Syndrome de Kawasaki<br />

Le syndrome de Kawasaki ou syndrome adéno-cutanéo-muqueux a été décrit pour la première fois au<br />

Japon, pays où ce syndrome est <strong>le</strong> plus fréquent avec une incidence de 90 pour 100 000 enfants de<br />

moins de 5 ans. En Amérique du Nord et en Europe, l'incidence est de l'ordre de 5 à 10 pour 100 000<br />

enfants de moins de 5 ans.<br />

L'âge moyen est de 3 ans ; 85 % des enfants ont moins de 5 ans avec une prédominance de garçons.<br />

Le syndrome de Kawasaki est une vascularite touchant préférentiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s vaisseaux de petit et<br />

de moyen calibre. La gravité de cette vascularite tient à la possibilité d'atteintes coronariennes,<br />

d'autant plus fréquente que l'enfant est plus jeune. La ou <strong>le</strong>s causes de cette vascularite reste(nt)<br />

inconnue(s), même si <strong>le</strong>s arguments (épidémiologiques et cliniques) en faveur d'une hypothèse<br />

infectieuse sont nombreux. Une hypothèse toxinique n'exclut pas une cause infectieuse : il existe des<br />

analogies avec d'autres maladies toxiniques comme <strong>le</strong> choc toxique staphylococcique ou<br />

streptococcique.<br />

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Manifestations cliniques<br />

• Le tab<strong>le</strong>au initia<strong>le</strong>ment décrit par Kawasaki regroupe certains critères dits "majeurs" dont la<br />

fréquence est rapportée dans <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au 4.<br />

Tab<strong>le</strong>au 4 : Principa<strong>le</strong>s manifestations de la maladie de Kawasaki<br />

• Critères majeurs (d'après <strong>le</strong> Japan Mucocutaneous Lymph Node Research<br />

Commitee)<br />

1- Fièvre sans étiologie connue depuis 5 jours ou plus 95 %<br />

2- Conjonctivite bilatéra<strong>le</strong> sans exsudat 88 %<br />

3- Modifications bucco-pharyngées<br />

- Lèvres sèches, rouges et fissurées (chéilite)<br />

- Langue framboisée<br />

- Rougeur diffuse de la muqueuse bucco-pharyngée<br />

4- Modification des extrémités<br />

A la phase initia<strong>le</strong> :<br />

- Erythème palmo-plantaire<br />

- Oedème induré des mains et des pieds<br />

A la fin de la 2eme semaine-3eme semaine :<br />

90 %<br />

77 %<br />

90 %<br />

88 %<br />

75 %<br />

- Desquamation de la pulpe des doigts et des orteils 94 %<br />

5- Exanthème, surtout du tronc, d'aspect variab<strong>le</strong> 92 %<br />

6- Adénopathies cervica<strong>le</strong>s non suppuratives de plus d'1,5 cm 75 %<br />

• Autres manifestations cliniques<br />

- Digestives : diarrhée, vomissements, dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s, ictère<br />

- Articulaires : arthralgies, arthrites<br />

- Musculaires : myalgies, parfois myosite<br />

- Cardiaques : myocardite, péricardite<br />

- Neurologiques : troub<strong>le</strong>s du comportement, irritabilité, méningite ou méningoencéphalite.<br />

• Manifestations biologiques<br />

- Hyper<strong>le</strong>ucocytose, anémie normochrome normocytaire, hyper-plaquettose<br />

- Accélération de la VS, élévation de la C Réactive Protéine, du fibrinogène, des α 2<br />

globulines.<br />

- Leucocyturie, p<strong>le</strong>iocytose lymphocytaire, hypertransaminasémie...etc...<br />

1. La fièvre est constante, inaugura<strong>le</strong>, é<strong>le</strong>vée, durant de 4 jours à 4 semaines. El<strong>le</strong> résiste aux<br />

antibiotiques et <strong>le</strong> plus souvent aux antipyrétiques.<br />

2. La conjonctivite apparaît précocement. Il s'agit d'une hyperhémie conjonctiva<strong>le</strong> bilatéra<strong>le</strong> ne<br />

s'accompagnant pas de suppuration.<br />

3. Les modifications buccopharyngées associent de façon variab<strong>le</strong><br />

- Une chéilite : <strong>le</strong>s lèvres sont rouges, sèches, fissurées et craquelées. El<strong>le</strong>s peuvent saigner.<br />

- Une pharyngite : rougeur marquée de la muqueuse oropharyngée sans ulcération aphtoïde ni bul<strong>le</strong><br />

hémorragique.<br />

- Une langue framboisée<br />

4. Les modifications des extrémités<br />

- Érythème palmo-plantaire, à la phase initia<strong>le</strong><br />

- Oedème induré des mains et des pieds contemporain de l'érythème ou apparaissant juste après lui<br />

- Desquamation de la pulpe des doigts apparaissant vers la fin de la deuxième semaine ou à la<br />

troisième semaine.<br />

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5. L'exanthème :<br />

- Macu<strong>le</strong>s apparaissant à la face d'extension des bras et des jambes puis s'étendant pour gagner <strong>le</strong><br />

tronc. L'aspect réalisé est variab<strong>le</strong> : morbilliforme, scarlatiniforme, pseudo-urticarien, érythème<br />

marginé, érythème polymorphe .<br />

- Un aspect particulier, moins fréquent mais de bonne va<strong>le</strong>ur diagnostique est représenté par <strong>le</strong> siège<br />

périnéal de l'exanthème. Il apparaît généra<strong>le</strong>ment 3-4 jours après <strong>le</strong> début de la maladie sous forme<br />

de macu<strong>le</strong>s ou de papu<strong>le</strong>s confluant rapidement. La desquamation est précoce, 5 à 7 jours après <strong>le</strong><br />

début de la maladie.<br />

6. Les adénopathies sont en règ<strong>le</strong> contemporaine des atteintes muqueuses. Il s'agit d'adénopathies<br />

cervica<strong>le</strong>s, souvent unilatéra<strong>le</strong>s, d'un diamètre supérieur à 1,5 cm, parfois très volumineuses, pouvant<br />

même s'accompagner d'un torticolis.<br />

• D'autres manifestations peuvent se voir témoignant de l'atteinte pluriviscéra<strong>le</strong>.<br />

- Signes digestifs, parfois inauguraux : diarrhée, vomissements, dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s. Une atteinte<br />

hépatique avec ictère, augmentation des transaminases et même cho<strong>le</strong>stase est possib<strong>le</strong>. Un<br />

hydrocho<strong>le</strong>cyste aigu suspecté sur des dou<strong>le</strong>urs de l'hypochondre droit avec vomissements sera<br />

recherché par échographie. La pancréatite est exceptionnel<strong>le</strong>.<br />

- Manifestations douloureuses des membres<br />

~ Musculaires : myalgies, s'accompagnant rarement d'une élévation des enzymes musculaires<br />

traduisant une myosite.<br />

~ Articulaires, prédominant au niveau des grosses articulations : coudes, poignets, genoux, chevil<strong>le</strong>s.<br />

El<strong>le</strong>s peuvent se limiter à de simp<strong>le</strong>s arthralgies ou constituer de véritab<strong>le</strong>s arthrites aseptiques<br />

évoluant spontanément vers la guérison.<br />

- Manifestations neurologiques<br />

~ Troub<strong>le</strong>s du comportement : agitation, irritabilité, p<strong>le</strong>urs incessants.<br />

~ Une méningite aiguë aseptique est relativement fréquente (hypercytose lymphocytaire<br />

généra<strong>le</strong>ment modérée) lorsque la ponction lombaire est effectuée à titre systématique.<br />

~ Une méningo-encéphalite traduite par des convulsions, des troub<strong>le</strong>s de la conscience allant<br />

jusqu'au coma, des altérations é<strong>le</strong>ctro-encéphalographiques, est rare.<br />

~ D'exceptionnel<strong>le</strong>s complications neurologiques d'origine vasculaire à type d'hémiplégie ont été<br />

décrites.<br />

- Il faut encore citer l'uréthrite, en règ<strong>le</strong> asymptomatique et traduite uniquement par une <strong>le</strong>ucocyturie,<br />

<strong>le</strong>s atteintes oculaires : uvéite antérieure (iridocyclite) fréquente dans la première semaine, guérissant<br />

sans séquel<strong>le</strong>, plus rarement uvéite postérieure ; la possibilité d'infiltrats pulmonaires, d'épanchement<br />

p<strong>le</strong>ural, d'ischémie périphérique sévère et d'un syndrome de sécrétion inappropriée d'ADH.<br />

Le diagnostic repose classiquement sur l'identification d'au moins 5 des 6 critères majeurs.<br />

Il est conforté par la présence concomitante d'un syndrome inflammatoire : accélération de la VS,<br />

élévation de la CRP, anémie normocytaire, d'une hyper<strong>le</strong>ucocytose à polynucléaires et d'une<br />

hyperplaquettose pas toujours précoce, se majorant secondairement, et durab<strong>le</strong>.<br />

On insiste actuel<strong>le</strong>ment sur la fréquence des formes incomplètes ou atypiques du syndrome,<br />

limitées à moins de quatre critères majeurs dont la fièvre est <strong>le</strong> plus constant.<br />

Dans ces situations diffici<strong>le</strong>s, plus fréquentes chez <strong>le</strong>s jeunes nourrissons qui sont <strong>le</strong>s plus à<br />

risque, <strong>le</strong> diagnostic, orienté par un syndrome inflammatoire, ne peut être véritab<strong>le</strong>ment authentifié<br />

que par l'existence d'une complication coronarienne.<br />

Si la fièvre, un rash cutané, une conjonctivite, un érythème pharyngé se voient dans de nombreuses<br />

affections vira<strong>le</strong>s, une fièvre prolongée de plus de 5 jours, une hyperhémie conjonctiva<strong>le</strong>,<br />

des lèvres fissurées, un œdème des mains et des pieds, un érythème périnéal desquamant<br />

rapidement doivent faire évoquer <strong>le</strong> diagnostic et doivent poser <strong>le</strong> problème de l'intérêt<br />

des immunoglobulines.<br />

Compte tenu des symptômes et en l'absence de marqueurs biologiques spécifiques, <strong>le</strong> diagnostic<br />

différentiel fait envisager de très nombreuses affections.<br />

Avant tout il s'agit de maladies infectieuses :<br />

- rougeo<strong>le</strong>,<br />

- diverses maladies vira<strong>le</strong>s ou des viroses probab<strong>le</strong>s.<br />

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- Parmi <strong>le</strong>s maladies bactériennes, la scarlatine est <strong>le</strong> diagnostic <strong>le</strong> plus souvent évoqué. Tout tab<strong>le</strong>au<br />

évocateur de scarlatine avant 5 ans, toute scarlatine s'accompagnant d'une conjonctivite ou dont la<br />

fièvre ne cède pas après 48 h de traitement doit faire envisager un syndrome de Kawasaki.<br />

- La fièvre boutonneuse méditerranéenne doit aussi être envisagée en zone d'endémie.<br />

- Enfin l'adénoph<strong>le</strong>gmon peut prendre un aspect trompeur chez <strong>le</strong> petit enfant. Une conjonctivite ou<br />

une atteinte des extrémités doivent faire évoquer <strong>le</strong> diagnostic dans ce contexte.<br />

- Parmi <strong>le</strong>s maladies non infectieuses, la maladie de Still ou des réactions médicamenteuses sont des<br />

diagnostics d'élimination. La périartérite noueuse du nourrisson a disparu des publications depuis la<br />

description du syndrome de Kawasaki.<br />

Parmi <strong>le</strong>s signes biologiques, <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur critère de syndrome de Kawasaki n'est pas la thrombocytose<br />

qui peut être tardive, mais la vitesse de sédimentation é<strong>le</strong>vée, surtout si cel<strong>le</strong>-ci est associée à une<br />

anémie.<br />

Evolution et pronostic<br />

L'évolution est dans la très grande majorité des cas favorab<strong>le</strong> et tous <strong>le</strong>s signes d'inflammation ont<br />

disparu en moyenne 6 à 8 semaines après <strong>le</strong> début.<br />

La fièvre cède <strong>le</strong> plus souvent (85 % des cas) dans un délai de 48 h après traitement par <strong>le</strong>s<br />

immunoglobulines.<br />

Les formes d'évolution inhabituel<strong>le</strong> : formes prolongées, formes à rechute ou récidivantes concernent<br />

environ 10 % des cas. El<strong>le</strong>s ont un risque plus important d'atteinte coronaire.<br />

L'atteinte cardiovasculaire fait toute la gravité de la maladie. À la phase aiguë, durant <strong>le</strong>s 10<br />

premiers jours, el<strong>le</strong> peut comporter :<br />

- une myocardite, pouvant se compliquer d'insuffisance cardiaque, de troub<strong>le</strong>s du rythme,<br />

- une péricardite avec épanchement,<br />

- rarement une endocardite avec insuffisance mitra<strong>le</strong> ou insuffisance aortique.<br />

Ces atteintes sont habituel<strong>le</strong>ment transitoires et de bon pronostic.<br />

L'atteinte des coronaires est plus tardive, entre 2 et 4 semaines. Son incidence varie suivant <strong>le</strong>s<br />

séries entre 15 et 25 % des cas. Le risque d'atteinte coronaire est majoré par <strong>le</strong>s facteurs rapportés<br />

tab<strong>le</strong>au 5. Il s'agit <strong>le</strong> plus souvent d'une dilatation de la partie proxima<strong>le</strong> des coronaires (trop bien<br />

visib<strong>le</strong>s) découverte par une échocardiographie bidimensionnel<strong>le</strong> systématique. À un degré de plus, il<br />

s'agit de véritab<strong>le</strong>s anévrismes, unique ou multip<strong>le</strong>s. Ceux-ci peuvent régresser ou persister et se<br />

compliquer de thrombose, d'infarctus, de rupture, de cardiomyopathie ischémique ou de mort subite.<br />

L'échocardiographie doit être réalisée de façon systématique dès l'évocation du diagnostic puis tous<br />

<strong>le</strong>s 15 jours jusqu'à 2 mois.<br />

L'atteinte vasculaire peut aussi concerner d'autres artères extracardiaques de gros et moyen<br />

calibre : aorte, artères cérébra<strong>le</strong>s, sous-clavières, axillaires, iliaques primitives, fémora<strong>le</strong>s, hépatique.<br />

Le taux moyen de mortalité observé au Japon sur près de 120 000 cas est de 0,3 %. Le risque de<br />

décès est majoré pendant la phase aiguë de la maladie, dans <strong>le</strong>s 2 premiers mois. Les décès sont dus<br />

avant tout à la thrombose d'un anévrisme conduisant à un infarctus du myocarde, à une myocardite<br />

aiguë (troub<strong>le</strong> de la conduction) ou plus rarement à la rupture d'un anévrisme coronaire.<br />

Tab<strong>le</strong>au 5 : Facteurs de risque d'atteinte coronarienne<br />

Age < 1 an<br />

Sexe : masculin<br />

Fièvre > 15 jours<br />

Syndrome inflammatoire<br />

important : VS > 100<br />

persistant : durée > 30 j<br />

Thrombocytose<br />

Retard à l'administration des<br />

immunoglobulines<br />

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Traitement<br />

Le traitement a pour but :<br />

De réduire à la phase aiguë la durée de la fièvre et du syndrome inflammatoire et de prévenir la<br />

survenue des anévrismes.<br />

De diminuer ou faire disparaître <strong>le</strong>s anévrismes déjà constitués.<br />

Il associe :<br />

- Les Immunoglobulines par voie veineuse. El<strong>le</strong>s réduisent l'incidence des lésions coronariennes<br />

dans <strong>le</strong> syndrome de Kawasaki. On administre une dose unique de 2 g/kg sur 12 heures.<br />

L'efficacité des immunoglobulines est plus importante dans <strong>le</strong>s 10 premiers jours.<br />

- L'acide acétylsalicylique est utilisé pour son action anti-inflammatoire et anti-agrégante<br />

plaquettaire. Il diminue en outre la fréquence des lésions coronariennes. Les doses préconisées sont<br />

de 80 à 100 mg/kg/jour en 4 prises pendant <strong>le</strong>s 15 premiers jours puis de 3 à 5 mg/kg/j en une seu<strong>le</strong><br />

prise pendant 6 à 8 semaines lorsque <strong>le</strong>s coronaires apparaissent norma<strong>le</strong>s ou tant que persistent<br />

des lésions coronariennes décelab<strong>le</strong>s en échographie.<br />

- Certains y ajoutent du dipyridamo<strong>le</strong> et un anticoagulant en cas d'atteinte sévère du réseau<br />

coronarien ou en cas de thrombose.<br />

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Objectifs :<br />

OBJECTIFS OFFICIELS de l’ ECN<br />

Malaise – Item 210<br />

¤ Diagnostiquer un malaise grave du nourrisson.<br />

¤ Identifier <strong>le</strong>s situations d’urgence et planifier <strong>le</strong>ur prise en charge.<br />

OBJECTIFS du Collège des professeurs de pédiatrie (5.8)<br />

OBJECTIFS TERMINAUX<br />

L’étudiant est capab<strong>le</strong> de :<br />

¤ Mener une démarche organisée et structurée par l’anamnèse, l’examen clinique et<br />

quelques examens complémentaires sé<strong>le</strong>ctionnés en vue de rapporter ce malaise à<br />

une cause.<br />

¤ Proposer une approche thérapeutique en fonction de l’étiologie.<br />

OBJECTIFS PEDAGOGIQUES INTERMEDIAIRES<br />

L’étudiant est capab<strong>le</strong> de :<br />

¤ Définir un malaise grave du nourrisson.<br />

¤ Décrire <strong>le</strong>s éléments pertinents de l’anamnèse à rechercher précisément<br />

(circonstances exactes de l’événement, signes prémonitoires, traitements,<br />

alimentation, antécédents personnels et familiaux …).<br />

¤ Citer <strong>le</strong>s points essentiels de l’examen clinique chez un nourrisson ayant présenté<br />

un malaise grave.<br />

¤ Enumérer <strong>le</strong>s causes principa<strong>le</strong>s du malaise grave du nourrisson.<br />

¤ Exposer <strong>le</strong>s situations requérant une prise en charge spécialisée.<br />

¤ Citer <strong>le</strong>s principes de la surveillance d’un nourrisson ayant présenté un malaise<br />

grave.<br />

Afin d’éviter toute confusion entre ces deux situations, la question a été scindée en<br />

deux parties : tout d’abord malaise grave du nourrisson puis mort subite.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Présentation clinique<br />

Faq 2 - Identifier une affection causa<strong>le</strong> - un mécanisme physiopathologique<br />

Faq 3 - Pronostic<br />

Faq 4 - EN PRATIQUE. Prévenir <strong>le</strong> risque de récidive<br />

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Introduction<br />

Définition : Les modifications soudaines et inhabituel<strong>le</strong>s de teint (pâ<strong>le</strong>ur, cyanose),<br />

de comportement, de rythme respiratoire ou de tonus avec ou sans perte de<br />

connaissance, réel<strong>le</strong>s ou supposées, isolées ou associées génèrent une inquiétude<br />

importante chez <strong>le</strong>s parents. Ces diverses associations sémiologiques sont<br />

regroupées sous <strong>le</strong> vocab<strong>le</strong> de malaise du nourrisson. Chez <strong>le</strong> nourrisson, <strong>le</strong><br />

"malaise" a remplacé des anglicismes "near miss", "apparent life threatening event"<br />

ou <strong>le</strong>s dénominations "mort subite évitée", "mort subite rattrapée".<br />

L'analogie avec la mort subite du nourrisson résulte de la perception de la part des<br />

famil<strong>le</strong>s d’une sensation de mort imminente, de la nécessité de stimu<strong>le</strong>r l’enfant. La<br />

persistance de la sémiologie lors du premier examen médical est paradoxa<strong>le</strong>ment<br />

rassurante, <strong>le</strong> médecin étant confronté à une sémiologie connue qu'il identifie comme<br />

une détresse respiratoire, un équiva<strong>le</strong>nt convulsif, un troub<strong>le</strong> de conscience, une<br />

insuffisance cardiaque... Cette situation est peu fréquente.<br />

Dans la grande majorité des cas, la sémiologie a été transitoire, <strong>le</strong> premier examen<br />

clinique est normal. L'événement qualifié de malaise est <strong>le</strong> symptôme d'une affection<br />

sous jacente ou la manifestation clinique de la stimulation des réf<strong>le</strong>xes laryngé et<br />

pharyngé qui protègent <strong>le</strong>s voies aériennes.<br />

Les trois problèmes posés sont - évaluer la gravité de l'épisode - identifier un<br />

mécanisme physiopathologique et / ou une affection causa<strong>le</strong> - évoquer <strong>le</strong> risque de<br />

récidive.<br />

Le malaise grave est caractérisé par une détresse hémodynamique, ventilatoire ou<br />

neurologique reconnue par une équipe médica<strong>le</strong> et authentifiée par des<br />

enregistrements (é<strong>le</strong>ctrocardiogramme, é<strong>le</strong>ctroencéphalogramme) et / ou des<br />

résultats biologiques (souffrance cellulaire hépatique, musculaire, myocardique,<br />

neurologique, acidose).<br />

Faq 1 - Présentation clinique<br />

Evaluer la gravité. C'est la première préoccupation. Trois présentations cliniques<br />

sont possib<strong>le</strong>s.<br />

1.1 - Le malaise est récent. Le nourrisson est en détresse vita<strong>le</strong> hémodynamique<br />

(hypotension, allongement du temps de recoloration > 3 secondes, état de choc,<br />

brady ou tachycardie, insuffisance cardiaque), ventilatoire (SaO2 < 90%, cyanose,<br />

signes de lutte) ou neurologique (troub<strong>le</strong> de conscience, déficit focalisé, clonies,<br />

mouvements de mâchonnement, de pédalage) ou son examen clinique est anormal :<br />

teint gris ou cyanose, conscience fluctuante, contact pauvre, gesticulation absente<br />

ou faib<strong>le</strong>, cri plaintif, hypo ou hypertonie axia<strong>le</strong> ou périphérique, développement<br />

psychomoteur anormal par rapport aux capacités connues et à l’âge. La prise en<br />

charge en réanimation est cel<strong>le</strong> d’un syndrome asphyxique, d’un collapsus, d’une<br />

incompétence myocardique. Les conséquences neurologiques de ces épisodes<br />

sévères peuvent se manifester sous la forme de nécroses neurona<strong>le</strong>s se révélant par<br />

des convulsions ou un état de mal dans <strong>le</strong>s 2 à 3 jours suivants. De manière<br />

pragmatique, la gravité tient à la nécessité pour une équipe médica<strong>le</strong> de mettre en<br />

œuvre des manœuvres de réanimation.<br />

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1.2 - Le malaise est récent. L’examen clinique est normal.<br />

Les examens complémentaires visent à identifier <strong>le</strong>s conséquences infra cliniques<br />

d’un épisode d’hypoxie ou de bas débit qu’ils soient :<br />

- myocardique (ECG : ischémie, lésion, nécrose ; CPK, troponine),<br />

- hépatique (TGO, TGP),<br />

- rénal (urée, créatinine),<br />

- respiratoire (gaz du sang : acidose, hypoxie, hypercapnie),<br />

- métabolique (acidose, hypobicarbonatémie, trou anionique),<br />

- neurologique (EEG au moindre doute notamment chez <strong>le</strong>s nourrissons <strong>le</strong>s plus<br />

jeunes).<br />

La stricte normalité de ces examens permet de conclure que l’épisode décrit n’a pas<br />

eu de conséquence ce qui signifie, jusqu’à preuve du contraire, que l’épisode<br />

hémodynamique, ventilatoire ou neurologique potentiel a été spectaculaire mais bref<br />

et sans danger.<br />

1.3 - La demande de consultation est formulée plus de 24 ou 48 heures après <strong>le</strong> malaise. Dans<br />

ces circonstances, un examen clinique normal permet d'affirmer <strong>le</strong> caractère anodin<br />

de l'épisode et il n’est pas besoin de réaliser d’examen complémentaire pour en<br />

évaluer la gravité.<br />

Faq 2 - Identifier une affection causa<strong>le</strong> - un mécanisme physiopathologique<br />

Les mécanismes ou <strong>le</strong>s étiologies évoqués lors des malaises du nourrisson sont<br />

digestifs, respiratoires, cardiaques, neurologiques, infectieux, plus rarement<br />

métaboliques. Des causes endocriniennes, génétiques, toxiques diverses sont à<br />

l'origine d'observations cliniques très disparates et dans nombre de cas, l'épisode<br />

reste unique et inexpliqué. L'examen clinique au décours d’un épisode de malaise<br />

vise à rechercher <strong>le</strong>s signes fonctionnels orientant vers l’une de ces étiologies. Le<br />

"malaise" est un symptôme et en aucun cas un diagnostic. Le diagnostic retenu et<br />

expliqué aux parents est celui de la cause.<br />

2.1- La démarche diagnostique repose en premier lieu sur l’examen clinique. Sont recherchés :<br />

2.1.1- La sémiologie, la chronologie et la durée des symptômes. La cyanose, parce<br />

qu’el<strong>le</strong> témoigne d’un phénomène ventilatoire, a une va<strong>le</strong>ur d’orientation<br />

diagnostique. Les clonies (el<strong>le</strong>s ne cèdent pas dans la main de l'examinateur qui a<br />

saisi l'extrémité du membre contrairement au frisson, au tremb<strong>le</strong>ment) témoignent<br />

d’une participation neurologique. Les modifications du tonus, <strong>le</strong>s sueurs, la pâ<strong>le</strong>ur<br />

n’ont pas de spécificité.<br />

2.1.2- Le contexte de survenue : <strong>le</strong> malaise survient en règ<strong>le</strong> pendant une phase d’éveil,<br />

lors d’un repas, d’une régurgitation, d’un vomissement, d’un accès de toux, d’un<br />

changement de position lors du bain ou du change. Lorsqu’il survient au berceau, il<br />

faut noter la position de l’enfant, la nature de la literie, la température de la pièce, la<br />

manière dont il était habillé. Poids, courbes de croissance, température sont<br />

précisés.<br />

2.1.3- Les antécédents personnels de l’enfant en commençant par <strong>le</strong> dérou<strong>le</strong>ment de la<br />

grossesse (hydramnios, prématurité et terme, croissance fœta<strong>le</strong> et poids de<br />

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naissance, retard de croissance intra utérin précoce ou tardif), la naissance<br />

(souffrance pernata<strong>le</strong>, oxygéno-dépendance) puis <strong>le</strong> développement post natal<br />

(croissance en poids, tail<strong>le</strong> et périmètre crânien, développement psychomoteur,<br />

reflux gastro-œsophagien, événements infectieux, respiratoires, hospitalisations,<br />

geste chirurgical, traitement médicamenteux).<br />

2.1.4- Les antécédents familiaux (décès en bas âge, surdité, pathologie cardiaque,<br />

neurologique notamment, consanguinité) et <strong>le</strong> mode de vie familia<strong>le</strong> (tabagisme).<br />

2.1.5- L’examen clinique recherche une pathologie infectieuse (température > à 38° audelà<br />

du premier mois de vie, de principe chez <strong>le</strong> nouveau-né). Il est orienté par la<br />

recherche des éléments constitutifs d’une hypothèse physiopathologique. Il s’agit<br />

d’une dysmorphie ou d’une malformation facia<strong>le</strong> (micrognathie, fente palatine, palais<br />

ogival, fistu<strong>le</strong> cervica<strong>le</strong>, morphologie des oreil<strong>le</strong>s, des fentes palpébra<strong>le</strong>s), crânienne<br />

(crâniosténiose, plagiocéphalie, micro ou macrocéphalie), d’une cardiopathie, d’un<br />

bruit respiratoire (obstruction nasa<strong>le</strong>, stridor, geignement, freinage expiratoire,<br />

ronf<strong>le</strong>ment, cornage), de troub<strong>le</strong>s de la succion- déglutition (qualité de la succion,<br />

fausses routes, toux lors des biberons ou de la tétée, durée du biberon), de l’état<br />

nutritionnel, du revêtement cutané (hématomes, sévices). Il faut donc prendre <strong>le</strong><br />

temps de regarder boire l’enfant, de l’écouter respirer pendant la veil<strong>le</strong> et <strong>le</strong> sommeil,<br />

pendant l’effort (<strong>le</strong> biberon), certaines laryngomalacies ne devenant musica<strong>le</strong>s<br />

qu’avec l’accélération de la fréquence respiratoire, de consulter <strong>le</strong> carnet de santé.<br />

2.2- Les examens complémentaires uti<strong>le</strong>s au diagnostic étiologique et « systématiques » sont<br />

peu nombreux :<br />

- Glycémie, calcémie.<br />

- la radiographie de thorax de face en position vertica<strong>le</strong> permet d’analyser : la<br />

minéralisation du sque<strong>le</strong>tte thoracique, la position de la poche à air gastrique, de<br />

l’opacité hépatique, cel<strong>le</strong> des coupo<strong>le</strong>s (distension), <strong>le</strong> rapport cardio-thoracique<br />

(silhouette cardiaque, cardiomégalie, pointe du cœur, position de l’ombre aortique<br />

par rapport au rachis), <strong>le</strong> médiastin supérieur (clarté trachéa<strong>le</strong> en place ou déviée,<br />

bifurcation trachéa<strong>le</strong>), <strong>le</strong>s culs de sacs p<strong>le</strong>uraux et <strong>le</strong>s sommets (épanchement), la<br />

vascularisation et <strong>le</strong> parenchyme pulmonaires (surcharge pulmonaire, foyer<br />

alvéolaire, até<strong>le</strong>ctasie, pathologie interstitiel<strong>le</strong>, syndrome bronchique, corps étranger<br />

radio opaque, asymétrie de transparence ou de volume des champs pulmonaires).<br />

- l’é<strong>le</strong>ctrocardiogramme pour rechercher un troub<strong>le</strong> du rythme ou de la conduction<br />

auriculo-ventriculaire ou intra ventriculaire, une surcharge auriculaire et / ou<br />

ventriculaire, une anomalie de la phase <strong>le</strong>nte, une pré-excitation, des extra systo<strong>le</strong>s<br />

(myocardite, myocardiopathie, anomalie de naissance d’une coronaire et ischémie).<br />

- l’é<strong>le</strong>ctroencéphalogramme n’est pas un examen systématique ni de l’urgence. La<br />

nature neurologique de l’épisode est suspectée sur la perte de contact, son début<br />

brutal, <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s du tonus, la cyanose et la crispation du visage, <strong>le</strong>s bruits<br />

ventilatoires pendant la durée de l’épisode, la phase d’hypotonie post critique et la<br />

reprise progressive de la conscience.<br />

2.3- La synthèse des éléments cliniques, du bilan de gravité et des résultats des examens<br />

complémentaires permet de formu<strong>le</strong>r des hypothèses diagnostiques et de <strong>le</strong>s classer par ordre<br />

de probabilité. En fonction du contexte, <strong>le</strong> malaise- symptôme est rapporté à une<br />

cause infectieuse, digestive, respiratoire, cardiaque, neurologique, métabolique.<br />

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2.3.1- Les causes infectieuses. Le malaise est l’expression d’une bactériémie, un frisson,<br />

une convulsion hyperthermique. Le problème est d’identifier <strong>le</strong> foyer infectieux (otite,<br />

méningite, encéphalite, myocardite, pneumopathie, pyélonéphrite, infection<br />

digestive).<br />

2.3.2- Les causes digestives.<br />

2.3.2.1- Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est fréquemment retrouvé. Les<br />

épisodes de reflux sont responsab<strong>le</strong>s d'apnée, d'hypoxie par laryngospasme réf<strong>le</strong>xe,<br />

apnée secondaire à la stimulation directe des chémorécepteurs laryngés, inhalation<br />

de matériel alimentaire, bronchoconstriction al<strong>le</strong>rgique vis à vis des al<strong>le</strong>rgènes du lait<br />

ou bronchoconstriction médiée par <strong>le</strong> vague.<br />

2.3.2.2- Les troub<strong>le</strong>s du péristaltisme œsophagien s'associent éga<strong>le</strong>ment à des<br />

bradycardies ou des apnées.<br />

2.3.2.3- Les formes « neurologiques » d’invagination intestina<strong>le</strong> aiguë.<br />

2.3.3- Les causes ventilatoires.<br />

2.3.3.1- Les mécanismes de protection des voies aériennes - Les réf<strong>le</strong>xes pharyngé<br />

et laryngé.<br />

* L’abondante innervation des voies aériennes supérieures permet de détecter des<br />

stimuli de nature très variée par des récepteurs reconnaissant <strong>le</strong>s contraintes<br />

mécaniques imposées à l’arbre respiratoire et <strong>le</strong>s modifications de l’environnement<br />

aérien. La stimulation de ces récepteurs chez <strong>le</strong> nouveau-né et <strong>le</strong> nourrisson induit<br />

une apnée alors que l’adulte répond <strong>le</strong> plus souvent par un effort de toux.<br />

Le réf<strong>le</strong>xe pharyngé. L'instillation pharyngée (de solutions acides, de sérum<br />

physiologique, d'eau distillée) induit des mouvements de déglutition (90% des cas),<br />

<strong>le</strong> réveil (24%) et exceptionnel<strong>le</strong>ment une toux après <strong>le</strong> réveil. Il n'y a ni apnée, ni<br />

désaturation.<br />

Le réf<strong>le</strong>xe laryngé. La stimulation des récepteurs laryngés induit une réponse<br />

associant apnée, bradycardie, déglutition, hypertension et redistribution régiona<strong>le</strong> du<br />

flux sanguin. Les manifestations cliniques : apnée, modification de teint et de tonus,<br />

gasps voire syncope sont diversement associées et sont observées lors d'épisodes<br />

de reflux gastro-œsophagien. Le reflux gastro-œsophagien serait pathogène<br />

seu<strong>le</strong>ment lorsqu'il atteint <strong>le</strong> larynx, la stimulation pharyngée associée à une<br />

déglutition efficace restant sans conséquences.<br />

Les réf<strong>le</strong>xes pharyngé et laryngé sont donc des réactions physiologiques de<br />

protection des voies aériennes.<br />

* L'hypoxie, l'infection des voies aériennes supérieures notamment par <strong>le</strong> VRS et la<br />

nicotine (nouveau-né de mère fumeuse) accentuent <strong>le</strong> réf<strong>le</strong>xe laryngé.<br />

2.3.3.2- Malaises et pathologies ORL.<br />

Les pathologies ORL en cause, congénita<strong>le</strong>s (syndrome de Pierre Robin,<br />

micrognathie, fente palatine, malacie) ou acquises (hypertrophie amygdalienne et/ou<br />

des végétations, compression), sont <strong>le</strong> plus souvent obstructives. Leur recherche est<br />

systématique lors des accès de cyanose et des apnées obstructives du sommeil.<br />

Obstructives, <strong>le</strong>s anomalies ORL majorent <strong>le</strong>s manifestations cliniques de reflux<br />

gastro-œsophagien en augmentant <strong>le</strong>s gradients de pression transthoraciques.<br />

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2.3.3.3- Les apnées.<br />

L’apnée ne représente pas en soi un facteur de risque d'accidents chez <strong>le</strong> nourrisson<br />

né à terme sans pathologie associée. El<strong>le</strong> survient physiologiquement pendant <strong>le</strong><br />

sommeil, n'excède pas 15 sec à la naissance, 20 sec à 1 mois et sa fréquence n'est<br />

nul<strong>le</strong>ment pronostique. La majorité des enfants de moins de 7 mois n'a pas de<br />

réaction d'éveil à l'hypoxie en sommeil calme.<br />

On a longtemps considéré que seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s apnées obstructives s’accompagnaient<br />

d’une fermeture des voies aériennes supérieures. Les apnées centra<strong>le</strong>s peuvent<br />

aussi avoir une composante obstructive pharyngée (et/ou laryngée)..<br />

Lors des apnées mixtes l’obstruction complète survient en l’absence de toute<br />

participation diaphragmatique dans la majorité des cas. Pharyngée ou laryngée,<br />

l’obstruction est secondaire à la chute bruta<strong>le</strong> du tonus de la musculature qui<br />

accompagne l’apnée centra<strong>le</strong>.<br />

2.3.4 - Les causes cardiaques.<br />

2.3.4.1- L’étiologie cardiaque est parfois évidente lorsqu’une trétalogie de Fallot, une<br />

cardiomyopathie, une cardiopathie obstructive du cœur gauche, un troub<strong>le</strong> du rythme<br />

congénital sont déjà connus. El<strong>le</strong> est rapidement suspectée lorsque l’examen<br />

clinique retrouve une insuffisance cardiaque, une tachycardie > 200/min ou lorsque<br />

<strong>le</strong> rythme n’est pas sinusal sur l’é<strong>le</strong>ctrocardiogramme. Dans tous <strong>le</strong>s autres cas, la<br />

responsabilité d’un troub<strong>le</strong> du rythme doit être envisagée.<br />

2.3.4.2- Troub<strong>le</strong>s du rythme cardiaque. Cet exposé est limité aux troub<strong>le</strong>s du rythme<br />

sur cœur sain. La responsabilité des troub<strong>le</strong>s isolés du rythme cardiaque dans la<br />

physiopathologie d'un malaise est exceptionnel<strong>le</strong>.<br />

* Les tachycardies.<br />

- L'accès de tachycardie est l'arythmie néonata<strong>le</strong> la plus fréquente. Dépisté à<br />

l'occasion d'un examen systématique ou reconnu comme l'étiologie d'une<br />

insuffisance cardiaque, il se manifeste plus rarement par un accès de cyanose ou<br />

une apnée. Ces tachycardies sont <strong>le</strong> plus souvent supra ventriculaires (TSV) par un<br />

mécanisme de ré-entrée (WPW dans 50% des cas sur l'ECG de surface).<br />

- Les syndromes de QT longs. Il existe de rarissimes syndromes de QT long<br />

associés ou non à une surdité. Les progrès de la biologie moléculaire ont déjà<br />

permis d'identifier cinq gènes codant pour des protéines des canaux ioniques. Une<br />

mutation dominante de l'un de ces gènes induit un syndrome de QT long isolé<br />

(Romano - Ward). Le syndrome de Jervell et Lange - Nielsen (QT long + surdité) est<br />

rapporté à une mutation autosomique récessive des gènes codant pour une sous<br />

unité d'un canal potassique.<br />

* Les bradycardies.<br />

La responsabilité des bradycardies réf<strong>le</strong>xes dans <strong>le</strong>s malaises du nourrisson est un<br />

fait clinique, mais <strong>le</strong> caractère péjoratif d'épisodes isolés n'est pas démontré. Aucune<br />

étude n'a mis en évidence de troub<strong>le</strong> du rythme sévère chez des nourrissons<br />

surveillés par monitoring cardiorespiratoire au décours d'un malaise. Bien que la<br />

bradycardie soit <strong>le</strong> premier motif d'alarme, el<strong>le</strong> peut durer plus de 10 sec., être<br />

inférieure à 80/min et n'avoir aucune signification pronostique chez <strong>le</strong> nourrisson de<br />

moins de 5 mois.<br />

Les épisodes de bradycardies isolées, sans apnée, transitoires, inférieures à 90/min<br />

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et des ra<strong>le</strong>ntissements de plus de 30 battements/min par rapport au rythme de base<br />

sont fréquents au cours des 6 premiers mois de vie. Les bradycardies réf<strong>le</strong>xes (hyper<br />

réactivité vaga<strong>le</strong>) peuvent être secondaires à. la stimulation du carrefour aérodigestif<br />

(réf<strong>le</strong>xe laryngé). L'hyperréf<strong>le</strong>ctivité vaga<strong>le</strong> ne doit pas être considérée comme une<br />

cause principa<strong>le</strong> mais bien comme l'explication physio(patho)logique de l'événement,<br />

<strong>le</strong> relais nécessaire entre un facteur déc<strong>le</strong>nchant, <strong>le</strong> plus souvent digestif ou ORL, et<br />

<strong>le</strong>s manifestations cliniques. Sa mise en évidence par enregistrement holter est<br />

souhaitab<strong>le</strong>.<br />

2.3.5- Les causes neurologiques.<br />

El<strong>le</strong>s doivent être recherchées, du fait de <strong>le</strong>ur gravité évolutive ou d'un traitement<br />

possib<strong>le</strong>. L’urgence est de repérer <strong>le</strong>s étiologies pouvant entraîner une récidive<br />

mortel<strong>le</strong> (métabolique ou traumatique). Le diagnostic d'épi<strong>le</strong>psie n'est pas une<br />

urgence vraie.<br />

2.3.5.1- Les éléments cliniques en faveur d’une étiologie neurologique sont la<br />

description par <strong>le</strong>s parents et à fortiori la constatation lors du premier examen<br />

médical d’une perte de contact ou de conscience, de modifications du tonus, d’un<br />

bombement de la fontanel<strong>le</strong>, d’une attitude guindée de la tête ou d’un « torticolis »<br />

récent, de mouvements anormaux. En l’absence de fièvre faisant penser à une<br />

pathologie infectieuse (méningite, méningoencéphalite), <strong>le</strong> scanner sans injection de<br />

produit de contraste est l’examen complémentaire de première intention. Il visualise<br />

<strong>le</strong>s épanchements intra crâniens (hématome sous-dural, hémorragie sousarachnoïdienne),<br />

<strong>le</strong>s anomalies parenchymateuses (œdème focal, contusion<br />

cérébra<strong>le</strong>). L’examen du fond d’œil cherche une hémorragie rétinienne ou prérétinienne.<br />

2.3.5.2- Quatre orientations diagnostiques sont possib<strong>le</strong>s lorsque l’examen<br />

neurologique est anormal aux urgences :<br />

- Le syndrome des enfants secoués. Les parents décrivent souvent la survenue<br />

inopinée du malaise lors de la prise du biberon, lors du bain, pendant <strong>le</strong> sommeil où<br />

l'enfant est brusquement trouvé "mal", sans connaissance, geignard ou<br />

anorma<strong>le</strong>ment" mou". Aux urgences l’examen neurologique est anormal voir<br />

inquiétant ou catastrophique. Le scanner cérébral montre <strong>le</strong>s lésions intra<br />

crâniennes(saignement, œdème). L’étude de l’hémostase recherche un troub<strong>le</strong> de<br />

coagulation congénital mais el<strong>le</strong> peut être diffici<strong>le</strong> à interpréter lorsque la souffrance<br />

neurologique s’accompagne d’une défaillance polyviscéra<strong>le</strong>. Les hémorragies<br />

rétiniennes au fond d’œil et des lésions osseuses multip<strong>le</strong>s et d’âges différents sur<br />

<strong>le</strong>s radiographies du sque<strong>le</strong>tte sont très évocatrices de cette forme de maltraitance.<br />

- Une maladie du métabolisme des glucides, du calcium ou du métabolisme<br />

intermédiaire. Leur reconnaissance relève d’équipes spécialisées qui ont besoin de<br />

disposer des dosages de lactates, ammoniémie, pyruvate et de prélèvements de<br />

plasma et d’urines congelés pour <strong>le</strong>s chromatographies des acides aminés, des<br />

acides organiques, de la carnitine ou des acylcarnitines (faire des sérothèques<br />

congelées de plasma et des urines recueillies miction par miction, prélèvement de<br />

sang sur un papier Guthrie).<br />

- Les troub<strong>le</strong>s du rythme ventriculaires prolongés induisent des bas débits cérébraux<br />

responsab<strong>le</strong>s d’une sémiologie neurologique. L’absence de cause neurologique<br />

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centra<strong>le</strong>, de cause métabolique, doit faire envisager de nouveau un problème<br />

rythmologique.<br />

- Plus rarement il s’agit de crises convulsives. Occasionnel<strong>le</strong>s ou en rapport avec une<br />

épi<strong>le</strong>psie débutante, el<strong>le</strong>s ne laissent généra<strong>le</strong>ment au décours aucune anomalie<br />

neurologique, et l'enfant a <strong>le</strong> plus souvent un examen neurologique parfaitement<br />

normal lorsqu'il est examiné aux urgences. Après avoir éliminé une étiologie<br />

occasionnel<strong>le</strong> (glycémie, calcémie, fièvre) <strong>le</strong> diagnostic peut être différé.<br />

2.3.6- Autres causes. Il n’est pas possib<strong>le</strong> de prétendre être exhaustif quant aux causes<br />

des malaises du nourrisson. Les intoxications, accidentel<strong>le</strong>s ou non, sont citées<br />

régulièrement. Le malaise n’est qu’un symptôme au sein d’une sémiologie plus ou<br />

moins riche, concernant parfois plusieurs membres du même domici<strong>le</strong> (monoxyde de<br />

carbone).<br />

Faq 3 - Pronostic<br />

Il est nécessaire au cours des premières heures de prise en charge d’aborder avec<br />

<strong>le</strong>s parents <strong>le</strong> pronostic de ces épisodes. Il s’agit de celui de l’affection sous jacente.<br />

Lorsque l’épisode relève d’un reflux gastro-œsophagien, d’un réf<strong>le</strong>xe laryngé avec ou<br />

sans bradycardie réf<strong>le</strong>xe, et lorsque <strong>le</strong> bilan de gravité initial est négatif, il faut savoir<br />

rassurer la famil<strong>le</strong>.<br />

L’inquiétude liée à ces malaises tient à l’hypothèse selon laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s morts subites<br />

du nourrisson résulteraient d’apnées prolongées au cours du sommeil, témoins d’une<br />

anomalie chronique du contrô<strong>le</strong> ventilatoire. Insensib<strong>le</strong>ment une analogie a été faite<br />

avec <strong>le</strong>s apnées obstructives du sommeil, puis <strong>le</strong>s apnées (centra<strong>le</strong>s et/ou<br />

obstructives) de la veil<strong>le</strong>, enfin avec <strong>le</strong>s difficultés respiratoires du nourrisson.. Il n'a<br />

pas été démontré de risque particulier de mort subite au décours d'un malaise<br />

lorsqu'un bilan pédiatrique soigneux avait conclu à l'absence de pathologie<br />

sous jacente.<br />

Faq 4 - EN PRATIQUE. Prévenir <strong>le</strong> risque de récidive<br />

Après la reconnaissance d’une gravité particulière authentifiée par une détresse<br />

ventilatoire, neurologique et/ou hémodynamique, la prise en charge d'un «malaise»<br />

du nourrisson relève d'une pratique pédiatrique fondée sur <strong>le</strong> bon sens et la<br />

sémiologie. Une analyse clinique simp<strong>le</strong> identifie <strong>le</strong>s causes infectieuses,<br />

malformatives, digestives, ORL… Le traitement est celui de l'affection causa<strong>le</strong>. Cette<br />

dernière selon qu'el<strong>le</strong> est aiguë et transitoire ou à l'opposé chronique conditionne<br />

l'éventuel risque de récidive d'une symptomatologie similaire.<br />

Des antécédents directs (fratrie, ascendants, consanguinité) de décès en bas âge ou<br />

des récidives, une pathologie musculaire et/ou neurologique et/ou nutritionnel<strong>le</strong><br />

associée justifient un bilan métabolique en milieu hospitalier. Les problèmes<br />

(poly)malformatifs, neurologiques (déficit post critique, anomalies du développement<br />

psychomoteur) justifient des explorations spécialisées.<br />

Dans la grande majorité des cas, des manifestations de RGO sont au premier plan et<br />

sa responsabilité peut être évoquée en première hypothèse. La radiographie de<br />

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thorax en cas de cyanose (fausse route, inhalation, compression ), l'EEG lors des<br />

suspensions de conscience et chez <strong>le</strong>s moins de trois mois (équiva<strong>le</strong>nt convulsif),<br />

l'enregistrement é<strong>le</strong>ctrocardiographique prolongé (hyperréf<strong>le</strong>ctivité vaga<strong>le</strong>, troub<strong>le</strong>s<br />

du rythme paroxystiques ) ont des indications limitées et <strong>le</strong>ur degré d'urgence est<br />

apprécié au cas par cas.<br />

Dans tous <strong>le</strong>s cas, il est important de vérifier <strong>le</strong>s conditions de couchage de l'enfant<br />

et de s'assurer que <strong>le</strong>s parents ont compris <strong>le</strong>s mécanismes physiologiques de<br />

l'événement, la cause retenue, <strong>le</strong> traitement prescrit.<br />

L'épisode qui a suscité l'inquiétude doit être évoqué par un diagnostic plutôt que par<br />

un terme générique qui renvoie à une seu<strong>le</strong> sémiologie. En l'absence de diagnostic<br />

précis, un petit nombre d'enfants justifie une exploration complète de la physiologie<br />

cardiorespiratoire et/ou neurologique selon des protoco<strong>le</strong>s de recherche pré-établis.<br />

En l'absence de signe objectif de gravité, <strong>le</strong> pronostic de ces épisodes est bénin sous<br />

réserve des quelques cas d'encéphalopathie convulsivante dont <strong>le</strong>s premières<br />

manifestations peuvent être trompeuses.<br />

- Critères de gravité :<br />

- Examens complémentaires évaluant <strong>le</strong>s conséquences du malaise :<br />

- Hpothèses diagnostiques :<br />

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Objectifs :<br />

Mort Subite – Item 210<br />

OBJECTIFS OFFICIELS de l’ECN<br />

Expliquer la définition de la mort subite du nourrisson, son épidémiologie, <strong>le</strong>s facteurs<br />

de risque et de prévention , et <strong>le</strong>s principes de la prise en charge de la famil<strong>le</strong>.<br />

OBJECTIFS du Collège des professeurs de pédiatrie (5.8)<br />

OBJECTIFS TERMINAUX<br />

Exposer la définition, l’épidémiologie de la mort subite, <strong>le</strong>s hypothèses étiologiques,<br />

<strong>le</strong>s facteurs de risque et <strong>le</strong>s principes de la prise en charge de la famil<strong>le</strong> d’un enfant<br />

mort de mort subite.<br />

OBJECTIFS PEDAGOGIQUES INTERMEDIAIRES<br />

¤ Définir la mort subite du nourrisson, citer <strong>le</strong>s données épidémiologiques et décrire<br />

<strong>le</strong>s signes d’alarme prémonitoires.<br />

¤ Décrire <strong>le</strong>s causes et mécanismes possib<strong>le</strong>s d’une mort subite du nourrisson.<br />

¤ Décrire la conduite à tenir par <strong>le</strong> médecin qui constate une mort subite inopinée<br />

chez un nourrisson.<br />

¤ Décrire et justifier <strong>le</strong>s recommandations actuel<strong>le</strong>s de couchage du nourrisson.<br />

Afin d’éviter toute confusion entre ces deux situations, la question a été scindée en<br />

deux parties : tout d’abord malaise grave du nourrisson puis mort subite.<br />

Sommaire<br />

Défintion<br />

Faq 1 - Epidémiologie<br />

Faq 2 - Clinique<br />

Faq 3 - Conduite à tenir<br />

Faq 4 - Autopsie<br />

Faq 5 - Résultats<br />

Faq 6 - Aspects étiologiques potentiels des MSIN<br />

Faq 7 - Prévention<br />

Définition<br />

La mort subite du nourrisson (MSN) est <strong>le</strong> décès brutal et inattendu d’un enfant<br />

considéré jusque-là comme bien portant, décès qu’aucun examen, y compris<br />

l’autopsie, ne peut expliquer. Cette définition internationa<strong>le</strong> a été reprise par <strong>le</strong> code<br />

OMS des maladies.<br />

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Faq 1 - Epidémiologie<br />

Facteurs de risque. En France, 0,7‰ des nourrissons décèdent soudainement au<br />

berceau. Le sexe masculin, un âge inférieur à 6 mois (95%), la recrudescence<br />

hiverna<strong>le</strong>, la prématurité, <strong>le</strong> retard de croissance intra-utérin ou une pathologie<br />

néonata<strong>le</strong> grave sont <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s caractéristiques épidémiologiques de ces morts<br />

subites. Le risque est majoré chez <strong>le</strong>s enfants de mère jeune, vivant dans un<br />

contexte socio-économique défavorisé, tabagique ou droguée. Il existe enfin des<br />

famil<strong>le</strong>s touchées par plusieurs décès au sein d’une même fratrie. El<strong>le</strong>s témoignent<br />

très probab<strong>le</strong>ment d’un terrain particulier ou d’une maladie héréditaire (neurologique,<br />

métabolique, musculaire…) non diagnostiquée chez <strong>le</strong>s enfants décédés.<br />

Faq 2 - Clinique<br />

L’accident est stéréotypé. C’est un nourrisson de 2 à 4 mois trouvé mort dans son<br />

berceau, couché sur <strong>le</strong> ventre, à l’heure habituel<strong>le</strong> d’un biberon. Les gestes de<br />

réanimation sont inefficaces.<br />

En pratique, <strong>le</strong> diagnostic de MSN doit être porté au terme d’un bilan post-mortem. Il<br />

est donc indispensab<strong>le</strong> de rechercher <strong>le</strong>s facteurs favorisants, <strong>le</strong>s circonstances et<br />

de réaliser une véritab<strong>le</strong> consultation pédiatrique. Ceci impose d’accueillir la famil<strong>le</strong>,<br />

de recueillir progressivement à l’occasion d’entrevues répétées, l’histoire familia<strong>le</strong> et<br />

personnel<strong>le</strong> de l’enfant, de réaliser un examen clinique comp<strong>le</strong>t, des examens<br />

complémentaires biologiques, microbiologiques, radiologiques et d’obtenir des deux<br />

parents l’autorisation écrite d’autopsie. Une étiologie précise au décès du nourrisson<br />

est un point de départ important pour <strong>le</strong> travail de deuil. C’est aussi la condition d’une<br />

prise en charge adaptée et objective de tout nouvel enfant de ce coup<strong>le</strong>.<br />

Faq 3 - Conduite à tenir<br />

L’examen clinique est comp<strong>le</strong>t : aspect morphologique, cutanéo-muqueux, état<br />

trophique, prise de la température recta<strong>le</strong>, état d’hydratation, existence de sueurs,<br />

d’une pâ<strong>le</strong>ur, d’une cyanose, de lividités, d’une odeur particulière, d’une rigidité<br />

cadavérique, de rejet nasal ou buccal, palpation des segments de membres, de<br />

l’abdomen, examen de la cavité bucca<strong>le</strong>, mesure du poids, de la tail<strong>le</strong>, du périmètre<br />

crânien.<br />

Les examens complémentaires sont tous possib<strong>le</strong>s. Tous sont importants :<br />

radiographie de thorax et du sque<strong>le</strong>tte, numération formu<strong>le</strong> sanguine, réticulocytes,<br />

hémoculture, prélèvements microbiologiques : pharyngé, trachéal, ponction lombaire<br />

(chimie, cytologie, bactériologie, virologie), ponction péricardique et p<strong>le</strong>ura<strong>le</strong> à la<br />

recherche d’un épanchement (bactériologie, virologie, cytologie), recueil d’urines et<br />

de sang pour une étude métabolique.<br />

Les parents sont reçus par <strong>le</strong> pédiatre pour connaître <strong>le</strong>s circonstances du décès,<br />

s’informer des antécédents familiaux et personnels, consulter <strong>le</strong> carnet de santé de<br />

l’enfant et aborder la question de l’autopsie. Son utilité est indiscutab<strong>le</strong> mais il est<br />

diffici<strong>le</strong> de convaincre sans heurter. Aucune législation, aucune religion ne s’oppose<br />

à cet examen.<br />

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Faq 4 - Autopsie<br />

Les renseignements obtenus dépendent de la précocité et de la méthodologie de<br />

l’autopsie. L’étude macroscopique est complète, thoracique, abdomina<strong>le</strong>, <strong>le</strong> bloc ORL<br />

mais aussi l’encépha<strong>le</strong>, <strong>le</strong> cerve<strong>le</strong>t, <strong>le</strong> tronc cérébral, <strong>le</strong>s adénopathies cervica<strong>le</strong>s. En<br />

cours d’autopsie sont effectués des prélèvements stéri<strong>le</strong>s pour des recherches de<br />

virus en culture de tissu (encépha<strong>le</strong>, poumon, cœur, foie).<br />

Chaque organe est examiné, pesé, mesuré à la recherche d’une lésion, d’une<br />

malformation, puis il fait l’objet de plusieurs coupes, selon des repères anatomiques<br />

précis, pour l’étude histologique.<br />

Faq 5 - Résultats<br />

L’ensemb<strong>le</strong> du dossier est discuté avec tous <strong>le</strong>s membres de l’équipe : métabolicien,<br />

microbiologiste, hématologiste, radiologue, <strong>le</strong>s médecins du secours d’urgence<br />

appelés au domici<strong>le</strong> et l’anatomo-pathologiste.<br />

Trois situations sont possib<strong>le</strong>s :<br />

– Le décès est rattaché à une cause précise parce qu’il y a une parfaite concordance<br />

anatomo-clinique. L’autopsie a découvert une malformation cardiaque grave, une<br />

myocardite, une myocardiopathie, une infection aiguë multiviscéra<strong>le</strong>, une tumeur<br />

cardiaque, une hypoplasie congénita<strong>le</strong> du cortex surrénalien, une méningoencéphalite,<br />

<strong>le</strong>s stigmates de mauvais traitement, un rachitisme carentiel massif…<br />

Cette situation est fréquente dans <strong>le</strong>s décès précoces du fait de l’importance des<br />

infections bactériennes et vira<strong>le</strong>s <strong>le</strong> premier mois de vie.<br />

– Le décès a une cause possib<strong>le</strong> en raison de lésions témoignant d’une pathologie<br />

récente ou chronique, méconnue avant <strong>le</strong> décès. Il s’agit de lésions siégeant sur un<br />

seul organe ou un seul système, très fréquemment l’arbre respiratoire (laryngite,<br />

épiglottite, infection bronchique ou pulmonaire). La découverte d’un élément<br />

microbiologique est importante pour valider <strong>le</strong> caractère pathogène des lésions.<br />

– Le décès ne reçoit aucune explication : il s’agit d’une mort subite inexpliquée du<br />

nourrisson (MSIN). Il est probab<strong>le</strong> que ce cadre sera démembré au prix de nouveaux<br />

progrès méthodologiques dans <strong>le</strong> bilan post-mortem.<br />

Faq 6 - Aspects étiologiques potentiels des MSIN<br />

Ces morts au berceau relèvent de pathologies multifactoriel<strong>le</strong>s. Plusieurs<br />

événements se succèdent, s’associent, s’amplifient.<br />

– La recrudescence hiverna<strong>le</strong>, la présence d’une rhinopharyngite avant <strong>le</strong> décès, <strong>le</strong>s<br />

lésions inflammatoires du système respiratoire, la découverte de virus dans <strong>le</strong>s<br />

lésions sont des facteurs bien documentés. Des médiateurs de l’inflammation<br />

(interféron, inter<strong>le</strong>ukines) sont présents dans <strong>le</strong> liquide céphalo-rachidien et <strong>le</strong><br />

plasma. Des enzymes du métabolisme de détoxification des xénobiotiques<br />

(cytochromes) sont anorma<strong>le</strong>ment représentés.<br />

– L’hyperthermie et des variations brusques et importantes de la température<br />

centra<strong>le</strong> (hyper ou hypothermie) modifient la régulation respiratoire. Les<br />

hyperthermies ne sont pas toutes infectieuses. El<strong>le</strong>s peuvent être exogènes : enfant<br />

trop couvert, trop près d’une source de cha<strong>le</strong>ur. El<strong>le</strong>s créent des pertes d’eau<br />

importantes, une déshydratation.<br />

– Le reflux gastro-œsophagien peut être cause d’une inhalation alimentaire massive.<br />

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Cel<strong>le</strong>-ci est rare. Ces reflux se compliquent aussi de malaise et de perte de<br />

connaissance documentés par des enregistrements cardiaques et respiratoires. Avec<br />

ou sans œsophagite, <strong>le</strong> reflux est, dans certains cas, cause d’un réf<strong>le</strong>xe vagal<br />

bradycardisant ou apnéisant. Il n’a néanmoins pas été démontré qu’il peut à lui seul<br />

et en l’absence de fausse route massive, être responsab<strong>le</strong> de décès.<br />

– Des apnées centra<strong>le</strong>s ont été évoquées. Un nourrisson né à terme, eutrophique,<br />

sans pathologie néonata<strong>le</strong>, n’a pas une respiration régulière et il fait des pauses<br />

respiratoires d’origine centra<strong>le</strong> de brève durée (< 15 s). Ce phénomène est<br />

physiologique et en aucun cas prédictif d’un accident de MSN.<br />

La responsabilité des apnées est encore débattue pour <strong>le</strong>s prématurés, <strong>le</strong>s nouveaunés<br />

hypotrophiques ou encore pour <strong>le</strong>s enfants ayant présenté une grande<br />

souffrance pernata<strong>le</strong> justifiant des mesures de réanimation. C’est dans ce cadre bien<br />

particulier que des lésions anatomiques du tronc cérébral (séquel<strong>le</strong>s d’infection,<br />

d’accidents vasculaires ou d’hypoxie) peuvent être responsab<strong>le</strong>s d’apnées centra<strong>le</strong>s<br />

anorma<strong>le</strong>ment longues (> 20 s) et potentiel<strong>le</strong>ment pathologiques (apnée puis<br />

bradycardie).<br />

– Les “apnées” obstructives sont connues lors des anomalies malformatives de la<br />

filière laryngo-pharyngée (syndrome de Pierre-Robin, laryngomalacie, rétrécissement<br />

des voies aériennes supérieures) ou lors des problèmes infectieux (laryngite, rhinite,<br />

épiglottite) ou chimique (irritation des reflux gastro-œsophagiens graves).<br />

– Les troub<strong>le</strong>s du rythme cardiaque sont rares. Si <strong>le</strong> syndrome du QT long, avec ou<br />

sans surdité, est exceptionnel chez <strong>le</strong> nourrisson, <strong>le</strong>s autres troub<strong>le</strong>s du rythme<br />

(tachycardie supra ventriculaire ou jonctionnel<strong>le</strong>, bloc auriculo-ventriculaire) doivent<br />

être dépistés dès la période néonata<strong>le</strong>. Ils sont responsab<strong>le</strong>s d’accès de pâ<strong>le</strong>ur,<br />

d’adynamie, de brève perte de contact voire d’accès de cyanose ou lorsqu’ils se<br />

prolongent de l’installation d’une insuffisance cardiaque.<br />

– Le syndrome de Silverman doit systématiquement être évoqué mais il faut insister<br />

sur la très grande prudence avec laquel<strong>le</strong> il convient de chercher <strong>le</strong>s stigmates<br />

cutanés, muqueux, osseux, nutritionnels, psychiatriques et sociaux qui étayent ce<br />

diagnostic.<br />

– Des anomalies héréditaires du métabolisme des acides gras ont été documentées.<br />

Les acides gras deviennent, en cas de jeûne prolongé, l’aliment énergétique en<br />

remplacement du glucose. Leur utilisation nécessite des déshydrogénations<br />

successives pour fournir des acyl COA. Des déficits en acyl COA déshydrogénase (à<br />

chaîne longue, moyenne ou courte) ou des déficits en carnitine (cofacteurs des<br />

déshydrogénases) provoquent une symptomatologie bruyante à type de malaise<br />

hypoglycémique sans cétose, d’encéphalopathie, de syndrome de Reye, de coma,<br />

d’acidose métabolique sévère… Ces manifestations surviennent plus volontiers à<br />

l’occasion d’un stress (infections intercurrentes, jeûne prolongé…) qui augmente <strong>le</strong>s<br />

besoins énergétiques. Seul <strong>le</strong> dosage de l’activité enzymatique sur lymphocytes frais<br />

ou sur culture de fibroblastes permet <strong>le</strong> diagnostic.<br />

Faq 7- Prévention<br />

La difficulté réside dans la prévention de tout ou partie de ces décès dont une faib<strong>le</strong><br />

part est précédée de symptômes peu ou pas spécifiques. Il est nécessaire d’être<br />

vigilant lors de chaque examen des nourrissons, de tenir compte des antécédents<br />

anténataux et/ou périnatals (souffrance, réanimation, prématurité, hypotrophie), de<br />

vérifier <strong>le</strong> développement staturo-pondéral des premiers mois en s’aidant des<br />

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courbes de croissance, de penser systématiquement à l’insuffisance ou au caractère<br />

limité des stocks vitaminiques et calciques des enfants nés prématurément,<br />

hypotrophes ou de mères n’ayant pas bénéficié d’un enso<strong>le</strong>il<strong>le</strong>ment suffisant au<br />

cours de <strong>le</strong>ur grossesse, de prendre <strong>le</strong> temps d’expliquer son ordonnance et de<br />

chercher à savoir si el<strong>le</strong> a été comprise.<br />

Les résultats des campagnes médiatiques sur la position dans laquel<strong>le</strong> coucher <strong>le</strong>s<br />

nourrissons sont spectaculaires et ils posent de nombreuses questions. Sur tous <strong>le</strong>s<br />

continents, une baisse de 40 à 50% des morts subites est enregistrée presque<br />

simultanément aux messages diffusés pour encourager <strong>le</strong> décubitus dorsal. Le<br />

décubitus ventral diminuerait <strong>le</strong>s possibilités d’échange thermique, créerait <strong>le</strong>s<br />

conditions d’une ascension de la température corporel<strong>le</strong>. Une infection intercurrente<br />

même bénigne, un excès de température majorerait alors <strong>le</strong> risque d’hyperthermie.<br />

Couché sur <strong>le</strong> ventre, <strong>le</strong> nourrisson risque d’autre part de venti<strong>le</strong>r dans un micro<br />

environnement enrichi en gaz carbonique, appauvri en oxygène. En conséquence, si<br />

<strong>le</strong>s nourrissons ayant un important reflux gastro-œsophagien non maîtrisé par un<br />

traitement médicamenteux et ceux porteurs d’anomalies crânio-facia<strong>le</strong>s doivent être<br />

maintenus en orthostatisme ventral, il convient d’inciter tous <strong>le</strong>s parents dès la<br />

maternité à coucher <strong>le</strong> nouveau-né sur <strong>le</strong> dos, à ne pas chauffer exagérément sa<br />

chambre, à ne pas trop <strong>le</strong> couvrir, à proscrire l’usage des draps, couettes,<br />

couvertures, oreil<strong>le</strong>rs et tours de lit sous <strong>le</strong>squels <strong>le</strong>s nourrissons risquent de se<br />

trouver enfouis.<br />

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Auteur : Pr . B. CHABROL (Hôpital d’Enfants, CHU Timone - Marseil<strong>le</strong>) MAJ : 13/12/2005<br />

Objectifs :<br />

Objectifs de l'ECN :<br />

Maltraitance et enfants en danger.<br />

Protection Maternel<strong>le</strong> et Infanti<strong>le</strong><br />

Item 37<br />

- Repérer un risque ou une situation de maltraitance chez <strong>le</strong> nourrisson, l’enfant et l’ado<strong>le</strong>scent.<br />

- Argumenter la démarche médica<strong>le</strong> et administrative nécessaire à la protection de la mère et<br />

de l’enfant.<br />

Sommaire<br />

I - Maltraitance et enfants en Danger<br />

Introduction<br />

1 - Diagnostic<br />

2 - Conduite à tenir médico-léga<strong>le</strong><br />

3 - Devenir des enfants<br />

II- Protection maternel<strong>le</strong> et infanti<strong>le</strong><br />

1 - Organisation<br />

2 - Les personnels du service de PMI<br />

3 - Missions<br />

I - Maltraitance et enfants en Danger<br />

Introduction<br />

Selon l’ODAS (observatoire national de l’action socia<strong>le</strong> décentralisée), on distingue au sein de<br />

l’Enfance en Danger deux situations différentes :<br />

- l’enfant maltraité qui est victime de vio<strong>le</strong>nces physiques, abus sexuels, vio<strong>le</strong>nces psychologiques et<br />

négligence lourdes ayant des conséquences graves sur son développement physique et<br />

psychologique.<br />

- l’enfant en risque qui connaît des conditions d’existence qui risquent de mettre en danger sa santé,<br />

sa sécurité, sa moralité ou son éducation<br />

En 2003, 89 000 enfants en danger ont été signalés (soit 6 enfants mineurs sur 1000) dont :<br />

- 18 000 enfants maltraités et<br />

- 71 000 enfants en risque<br />

Parmi <strong>le</strong>s enfants maltraités, on dénombrait :<br />

- 5 600 cas de Vio<strong>le</strong>nces physiques<br />

- 5 200 cas d’Abus sexuels<br />

- 7 200 cas de Vio<strong>le</strong>nces psychologiques et Négligences lourdes<br />

Parmi <strong>le</strong>s enfants à risque, 44 % des enfants étaient signalés pour risque éducatif, 19 % pour des<br />

problèmes psychologiques parentaux, 13 % pour un manque de sécurité, 12 % pour des carences de<br />

soins, 8 % pour des problèmes de santé physique, 4 % pour des problèmes de moralité. Ces enfants<br />

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ne sont pas maltraités mais à risque de l’être, ils nécessitent donc une intervention<br />

multidimensionnel<strong>le</strong> de prise en charge prévention.<br />

1 - Diagnostic<br />

Le diagnostic de maltraitance à enfants est souvent diffici<strong>le</strong>. Une bonne connaissance de certains<br />

signes ou tab<strong>le</strong>aux cliniques évocateurs est indispensab<strong>le</strong>. La présomption clinique devra être <strong>le</strong> plus<br />

souvent étayée d’examens complémentaires. La décision de signa<strong>le</strong>r un enfant en danger, nécessaire<br />

pour mettre en place <strong>le</strong>s mesures de protection de l’enfant sera au mieux réalisée au sein d’une<br />

équipe multidisciplinaire hospitalière (médecins, psychologues, assistantes socia<strong>le</strong>s.)<br />

I) ABUS PHYSIQUES<br />

On considère comme abus physique toute b<strong>le</strong>ssure infligée à un enfant pour quelque raison que ce<br />

soit, par une personne responsab<strong>le</strong> de cet enfant. Les différentes lésions observées se répartissent<br />

de la façon suivante :<br />

- Fractures (38 %)<br />

- Brûlures (25 %)<br />

- Syndrome de l’Enfant Secoué (20 %)<br />

- Ecchymoses et hématomes (18 %)<br />

I a ) Fractures<br />

Les fractures accidentel<strong>le</strong>s sont très rares avant un an, <strong>le</strong>s fractures dans <strong>le</strong> cadre de sévices<br />

représentent 25 % des fractures de l’enfant<br />

Le terme de Syndrome de Silverman, souvent utilisé à tort pour qualifier tous <strong>le</strong>s types de sévices à<br />

enfants, définit en fait un syndrome radiologique caractérisé par l’association de fractures multip<strong>le</strong>s<br />

d’âges différents, de décol<strong>le</strong>ments périostés et d’arrachements épiphysaires.<br />

Ces fractures peuvent être :<br />

- Très spécifiques : à type de lésions métaphysaires (fémur, humérus, tibia), fractures postérieures de<br />

côtes, fracture de l’omoplate, fracture d’une épineuse vertébra<strong>le</strong>.<br />

- Spécifiques : lorsqu’el<strong>le</strong>s sont multip<strong>le</strong>s ( bilatéra<strong>le</strong>s +++) et/ ou d’âge différent, lorsqu’il existe une<br />

séparation épiphysaire, une fracture des corps vertébraux, des fractures de doigts, une fracture<br />

comp<strong>le</strong>xe du crâne, bilatéra<strong>le</strong>, de la région occipita<strong>le</strong>.<br />

- Peu spécifiques : comme une fracture de la clavicu<strong>le</strong>, une fracture médiane des os longs, une<br />

fracture linéaire du crâne. Ces fractures sont suspectes en l’absence d’étiologie précise rapportée par<br />

la famil<strong>le</strong> ou l’adulte qui accompagne l’enfant.<br />

Le bilan de ces fractures nécessite :<br />

- pour certains, une radiographie du sque<strong>le</strong>tte en totalité à J0 et parfois à J15 où l’on peut voir<br />

apparaître des cals osseux en cas de fractures passées inaperçues au premier bilan,<br />

- pour d’autres, <strong>le</strong> bilan comporte une scintigraphie osseuse associée à des clichés radiologiques<br />

centrés sur <strong>le</strong>s lésions retrouvées.<br />

- D’autre part un bilan phosphocalcique sera systématique pour éliminer une pathologie de la<br />

minéralisation osseuse. Le diagnostic d’ostéogenèse imparfaite (maladie génétique extrêmement<br />

rare associant fractures multip<strong>le</strong>s, sclérotique b<strong>le</strong>utée) doit être éliminé systématiquement.<br />

I b) Brûlures<br />

Les brûlures, dans <strong>le</strong> cadre de sévices, représentent 26% des brûlures de l’enfant avant l’âge de 2<br />

ans. El<strong>le</strong>s sont particulièrement graves puisqu’el<strong>le</strong>s entraînent environ 30% de décès (2% lors de<br />

brûlures accidentel<strong>le</strong>s)<br />

Le site, <strong>le</strong> type, la forme spécifique (limites souvent nettes et suggestives : traces de brûlures de<br />

cigarettes, fer à repasser, radiateur …) <strong>le</strong> degré seront toujours précisés.<br />

Le bilan recherchera d’autres lésions cutanées. Un schéma corporel et des photos médica<strong>le</strong>s seront<br />

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systématiquement réalisées<br />

Il faudra éliminer des traces d’impétigo, des cicatrices de varicel<strong>le</strong>…<br />

I c) Syndrome de l’Enfant Secoué<br />

D’après un consensus international, <strong>le</strong> terme de “ syndrome de l’enfant secoué ” (« Shaken Baby<br />

Syndrome ») se rapporte à l’ensemb<strong>le</strong> des traumatismes crâniens observés chez <strong>le</strong> nourrisson dans<br />

<strong>le</strong> cadre de sévices à enfant.<br />

Ce syndrome constitue la cause la plus fréquente des traumatismes crâniens graves de l’enfant avant<br />

l’âge de un an. Le corollaire de ceci est que 95% des nourrissons présentant une hémorragie<br />

intracrânienne grave ou d’autres lésions cérébra<strong>le</strong>s sont évocateurs d’une situation de maltraitance,<br />

en dehors d’un traumatisme accidentel certain (accident de la voie publique…)<br />

1) Pathogénie : Le mécanisme invoqué est celui de secousses d’une extrême vio<strong>le</strong>nce infligées au<br />

nourrisson entraînant des mouvements d’accélération et de décélération au niveau de la boite<br />

crânienne. En aucun cas, il ne peut s’agir d’un jeu ou d’une maladresse. Les veines ponts situées au<br />

niveau de l’espace sous dural, qui est encore large à cet âge, vont se rompre. L’hémorragie méningée<br />

ainsi constituée va entraîner une hypertension intracrânienne avec dou<strong>le</strong>urs, céphalées et une<br />

hémorragie sous dura<strong>le</strong> caractéristique. On observe éga<strong>le</strong>ment un écrasement du parenchyme<br />

cérébral à chaque secousse contre la boite crânienne entraînant des contusions et un œdème du<br />

parenchyme avec hémorragie intra-parenchymateuse pouvant aboutir à une nécrose foca<strong>le</strong>. Il existe<br />

aussi un phénomène de cisail<strong>le</strong>ment entre <strong>le</strong>s différentes structures cérébra<strong>le</strong>s entraînant des<br />

déchirements du parenchyme cérébral avec rupture axona<strong>le</strong> et des lésions cérébra<strong>le</strong>s majeures. Il<br />

peut éga<strong>le</strong>ment exister un impact direct avec contusions parenchymateuses associées. Il n’existe pas<br />

forcement de fractures du crâne même en cas d’impact direct.<br />

2) Signes cliniques : Le tab<strong>le</strong>au clinique est parfois diffici<strong>le</strong> à évaluer. L’enfant est amené aux<br />

urgences ou directement en service de réanimation, l’histoire rapportée par <strong>le</strong>s parents n’est jamais<br />

concordante avec l’importance des lésions observées (absence d’explication adéquate ou chute<br />

minime).<br />

Les signes cliniques sont extrêmement variés :<br />

- respiratoires (apnées, détresse respiratoire), digestifs (vomissements, anorexie) pouvant faire errer<br />

<strong>le</strong> diagnostic.<br />

- <strong>le</strong>s signe neurologiques (irritabilité, léthargie, coma, convulsions, voire réel état de mal convulsif)<br />

permettent rapidement de porter <strong>le</strong> diagnostic d’hématome sous dural faisant pratiquer d’emblée des<br />

examens neuroradiologiques. Parfois <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au se résume à un bombement de la fontanel<strong>le</strong>, et/ou<br />

une augmentation rapide du périmètre crânien.<br />

Devant ce tab<strong>le</strong>au, la réalisation d’un fond d’œil est fondamenta<strong>le</strong> mettant en évidence des<br />

hémorragies rétiniennes très évocatrices et exceptionnel<strong>le</strong>s lors des traumatismes accidentels. Quand<br />

el<strong>le</strong>s sont profuses, bilatéra<strong>le</strong>s parfois unilatéra<strong>le</strong>s, un décol<strong>le</strong>ment de rétine peut d’emblée s’observer.<br />

Dans <strong>le</strong>s traumatismes accidentels, on observe des hémorragies rétiniennes sous forme de<br />

flammèches ou punctiformes jamais profuses. Une hémorragie du vitré et de la choroïde signent un<br />

traumatisme sévère.<br />

Le mécanisme invoqué ici correspond éga<strong>le</strong>ment aux effets des secousses avec des mouvements<br />

d’inertie du corps vitré pendant <strong>le</strong>s phases d’accélération et de décélération et ruptures des vaisseaux<br />

rétiniens secondairement.<br />

Les hémorragies du vitré s’observent 2 à 7 jours après une hémorragie rétinienne d’où l’importance<br />

d’examens réguliers. Les hémorragies rétiniennes disparaissent en quelques jours en cas de lésions<br />

modérées, quelques semaines ou mois en cas de lésions plus importantes, <strong>le</strong>s hémorragies<br />

maculaires sont <strong>le</strong>s plus <strong>le</strong>ntes à disparaître. Il faut savoir que des hémorragies rétiniennes peuvent<br />

s’observer après tout accouchement par voie basse, el<strong>le</strong>s doivent avoir disparu dans <strong>le</strong>s 3 semaines<br />

qui suivent la naissance.<br />

3) Examens radiologiques : Le Scanner cérébral et/ou l’IRM permettent de visualiser des lésions<br />

caractéristiques à type d’œdème cérébral, et d’hématome sous dural. Il existe parfois des lésions<br />

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parenchymateuses associées. Ces examens permettent souvent de mettre en évidence des<br />

saignements d’âge différents évoquant alors plusieurs épisodes de secousses, des lésions<br />

parenchymateuses, des lésions de la jonction bulbomédullaire<br />

Un examen du sque<strong>le</strong>tte sera systématique à la recherche de fractures associées (fracture du crâne,<br />

fractures multip<strong>le</strong>s d’âges différents, des côtes, des membres )<br />

Le devenir de ces enfants est particulièrement sévère ; il a été montré par plusieurs auteurs que <strong>le</strong><br />

pronostic développemental est beaucoup plus mauvais en cas de traumatisme non accidentel<br />

(maltraitance) que lors de traumatisme accidentel.<br />

4) Pronostic : Des décès précoces peuvent survenir, une encéphalopathie sévère post traumatique est<br />

fréquemment observée avec amblyopie, épi<strong>le</strong>psie symptomatique grave. Des formes chroniques avec<br />

hydrocéphalie, des troub<strong>le</strong>s des apprentissages d’apparition plus tardive sont possib<strong>le</strong>s nécessitant<br />

un long suivi de ces enfants.<br />

I d) Ecchymoses<br />

Le site, l’existence d’une forme suggestive (trace de ceinture, de liens, de doigt…..) <strong>le</strong> type, la cou<strong>le</strong>ur,<br />

l’âge des lésions doivent toujours être notés. Des photos en cou<strong>le</strong>ur seront réalisées.<br />

Un bilan de coagulation sera systématiquement réalisé pour éliminer une maladie de la coagulation,<br />

un purpura rhumatoïde sera éga<strong>le</strong>ment éliminé. Une élévation des transaminases témoignant d’un<br />

traumatisme hépatique associée sera toujours recherchée de même que des fractures sur <strong>le</strong>s<br />

radiographies du sque<strong>le</strong>tte.<br />

I e) Autres abus physiques<br />

Les lésions viscéra<strong>le</strong>s représentent la deuxième cause de mortalité chez <strong>le</strong>s enfants maltraités. Il peut<br />

s’agir :<br />

- de contusions thoraciques avec pneumo ou hémothorax.<br />

- de lésions abdomina<strong>le</strong>s à type de rupture de rate, de foie, de déchirures mésentériques.<br />

- un syndrome occlusif peut révé<strong>le</strong>r des hématomes intramuraux de la paroi duodéna<strong>le</strong>.<br />

- de lésions tympaniques ou dentaires.<br />

Dans tous <strong>le</strong>s cas, quel que soit <strong>le</strong> signe principal, l’examen clinique doit être comp<strong>le</strong>t.<br />

II) ABUS SEXUELS<br />

On considère comme abus sexuel, toute activité sexuel<strong>le</strong> inappropriée pour l’âge et <strong>le</strong> développement<br />

à laquel<strong>le</strong> un enfant est incité à participer avec ou contre son gré par une personne en situation<br />

d’autorité ou par toute autre personne usant de manipulation physique, affective ou matériel<strong>le</strong>.<br />

Le motif de l’examen peut être une allégation d’abus extra familial ou intra familial.<br />

Sinon un abus sexuel peut être suspecté devant certains signes physiques : prurit, pertes vagina<strong>le</strong>s,<br />

saignements, dou<strong>le</strong>ur génita<strong>le</strong> ou ana<strong>le</strong>, saignement anal, brûlures urinaires.<br />

Un certain nombre d’indices peuvent orienter <strong>le</strong> diagnostic :<br />

- comportementaux : craintes inexpliquées, troub<strong>le</strong>s du sommeil, désinhibition ou pudeur excessive,<br />

allusion à des activités sexuel<strong>le</strong>s, jeux sexuels persistants, comportements sexuels agressifs,<br />

masturbation, séduction ou méfiance envers <strong>le</strong>s adultes, comportement régressif, difficultés scolaires,<br />

dépression, tentatives de suicide chez <strong>le</strong>s ado<strong>le</strong>scents<br />

- socio-familiaux : rô<strong>le</strong> inversé de l’enfant, famil<strong>le</strong> isolée, famil<strong>le</strong> recomposée, fugues, vio<strong>le</strong>nce<br />

physique, antécédents d’abus sexuels chez <strong>le</strong>s parents, alcoolisme, toxicomanie…..<br />

L’examen doit être <strong>le</strong> moins traumatisant possib<strong>le</strong>. Il ne faut jamais faire un examen de force, parfois<br />

<strong>le</strong> recours à l’anesthésie généra<strong>le</strong> est nécessaire (en cas de viol …). Cet examen doit être réalisé au<br />

mieux par un médecin expérimenté. La description des lésions observées doit être précise. Des<br />

prélèvements seront systématiquement réalisés en cas de pénétration.<br />

Le plus souvent, l’examen ne montre aucun signe spécifique, <strong>le</strong> diagnostic d‘abus sexuel repose alors<br />

essentiel<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong>s paro<strong>le</strong>s de l’enfant.<br />

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III) NEGLIGENCES LOURDES et VIOLENCES PSYCHOLOGIQUES<br />

Par <strong>le</strong> terme de négligence on sous-entend toute perturbation bio psychosocia<strong>le</strong> qui résulte d’un<br />

manque de la part de responsab<strong>le</strong>s à comb<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s besoins de base de l’enfant que ce soit du point de<br />

vue physique, émotif, psychologique ou social.<br />

Par vio<strong>le</strong>nce psychologique ou cruauté menta<strong>le</strong>, on sous-entend une exposition répétée d’un<br />

enfant à des situations dont l’impact émotionnel dépasse ses capacités d’intégration psychologique.<br />

Le diagnostic et la prise en charge en sont particulièrement diffici<strong>le</strong>s.<br />

Des carences sont notées au niveau de l’alimentation et des soins de base, éga<strong>le</strong>ment au niveau des<br />

soins médicaux qui sont souvent erratiques, avec de nombreux changements de médecins, <strong>le</strong>s<br />

vaccinations ne sont pas à jour. Il existe des hospitalisations multip<strong>le</strong>s ou a contrario tardives. La<br />

<strong>le</strong>cture du carnet de santé est fondamenta<strong>le</strong> dans ce cadre, mais très souvent oublié ou mal rempli.<br />

L’examen permet d’évaluer la courbe staturo-pondéra<strong>le</strong>, retrouve des signes de malnutrition, de<br />

rachitisme, un état d’hygiène précaire, parfois des signes d’abus physiques et/ou sexuels.<br />

L’enquête psychosocia<strong>le</strong> est ici fondamenta<strong>le</strong>. L’observation et l’évaluation globa<strong>le</strong> de l’enfant dans un<br />

milieu neutre comme l’hôpital est d’une grande aide. Ce temps d’hospitalisation est ainsi<br />

particulièrement précieux pour porter <strong>le</strong> diagnostic de carences (nutritionnel<strong>le</strong>s, affectives, de<br />

stimulation ..) ayant un retentissement sur <strong>le</strong> développement staturopondéral, psychomoteur et<br />

comportemental de l’enfant. En effet dans ce cadre de négligences lourdes sont décrits de réels<br />

tab<strong>le</strong>aux d’hypotrophie, et de retard psychomoteur (cf QS ).<br />

IV) SYNDROME DE MUNCHAUSEN PAR PROCURATION<br />

Ce tab<strong>le</strong>au particulier s’intègre dans <strong>le</strong> cadre de sévices à enfants.<br />

Il s’agit d’un diagnostic particulièrement diffici<strong>le</strong>. Les symptômes sont extrêmement variés, inventés ou<br />

procurés par <strong>le</strong>s parents. Le médecin tient un rô<strong>le</strong> particulier dans ce syndrome, car cherchant à<br />

comprendre <strong>le</strong>s signes présentés par l’enfant, il va demander des explorations complémentaires,<br />

proposer des solutions thérapeutiques créant ainsi un certain degré de morbidité.<br />

Les critères diagnostiques retenus sont <strong>le</strong>s suivant :<br />

- maladie de l’enfant produite ou simulée par un parent.<br />

- examen fréquent à la demande du parent.<br />

- <strong>le</strong> parent nie connaître la cause des symptômes.<br />

- régression des symptômes lorsque l’enfant est séparé du parent responsab<strong>le</strong>.<br />

Il existe des critères de gravité : âge de l’enfant (< 2 ans), existence de signes vitaux (apnées,<br />

malaises évoquant une suffocation intentionnel<strong>le</strong> ou une intoxication), des antécédents familiaux de<br />

mort subite inexpliquée du nourrisson qui sont <strong>le</strong> plus souvent des cas antérieurs de syndrome de<br />

Munchausen non diagnostiqué, <strong>le</strong> contexte sociofamilial : la mère est <strong>le</strong> plus souvent en cause dans la<br />

genèse de ce syndrome, avec une profession médica<strong>le</strong> ou paramédica<strong>le</strong> et un terrain psychologique<br />

particulier.<br />

Ce syndrome est très grave, il existe un risque de décès, de séquel<strong>le</strong>s d’anoxie, de troub<strong>le</strong>s<br />

psychiatriques chez l’enfant<br />

V) DEMARCHE DIAGNOSTIQUE<br />

Le diagnostic de maltraitance est souvent faci<strong>le</strong>ment évoqué devant l’un des tab<strong>le</strong>aux décrits plus<br />

haut, d’autant plus qu’il existe une discordance <strong>le</strong> plus souvent flagrante entre <strong>le</strong>s données cliniques<br />

et <strong>le</strong>s explications fournies par <strong>le</strong>s parents sur l’origine des signes présentés par l’enfant. Ce<br />

diagnostic doit être étayé par une évaluation précise qui sera réalisée au mieux par une équipe<br />

hospitalière. De plus en plus d’hôpitaux d’enfants possèdent une cellu<strong>le</strong> spécialisée autour de cette<br />

thématique. L‘hospitalisation de l’enfant permet ainsi sa protection immédiate dans un lieu neutre, et<br />

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un bilan médical approfondi ayant pour objet d’éliminer toute autre pathologie. Il faut donc savoir<br />

proposer cette hospitalisation (que l ‘enfant soit vu dans <strong>le</strong> cadre des services d’urgence ou en<br />

consultation) qui est <strong>le</strong> plus souvent acceptée par <strong>le</strong>s parents. En cas de refus, il faudra faire un<br />

signa<strong>le</strong>ment en urgence au procureur de la république pour obtenir l’hospitalisation nécessaire.<br />

L’évaluation psychosocia<strong>le</strong> de l’enfant et de son environnement est indispensab<strong>le</strong>. En effet, face à une<br />

situation suspecte, certains éléments constituent autant de facteurs de risques dont la présence sera<br />

particulièrement uti<strong>le</strong> pour étayer <strong>le</strong> diagnostic.<br />

Ainsi chez l’enfant on peut retrouver une notion de prématurité, de maladie chronique, d’handicap,<br />

d’hospitalisations prolongées, de troub<strong>le</strong>s du comportement ….<br />

Dans la fratrie, on peut retrouver des placements, des mesures judiciaires, une mort subite<br />

inexpliquée.<br />

Chez <strong>le</strong>s parents, on peut retrouver des difficultés sociofamilia<strong>le</strong>s : chômage, famil<strong>le</strong>s<br />

monoparenta<strong>le</strong>s, iso<strong>le</strong>ment socioculturel, familial, toxicomanie, alcoolisme, maladie psychiatrique…<br />

Cependant il faut souligner que souvent, aucun de ces éléments n’est retrouvé. Leur absence ne doit,<br />

dans aucun cas, faire rejeter <strong>le</strong> diagnostic de maltraitance devant des signes cliniques objectifs.<br />

2 - Conduite à tenir médico-léga<strong>le</strong><br />

Pour un médecin, reconnaître une situation d’Enfant en Danger implique une bonne connaissance de<br />

la loi.<br />

D’après <strong>le</strong> code pénal : “ <strong>le</strong> fait pour quiconque ayant eu connaissance de mauvais traitement ou<br />

privations infligées à un mineur de quinze ans ou à une personne qui n’est pas en mesure de se<br />

protéger en raison de son âge, d’une maladie, d’une infirmité, d’une déficience physique ou psychique<br />

ou d’un état de grossesse, de ne pas en informer <strong>le</strong>s autorités judiciaires ou administratives est puni<br />

de trois ans d’emprisonnement et de 300 000 francs d’amende ”<br />

D’après <strong>le</strong> code de déontologie médica<strong>le</strong> : art.45: “ lorsqu’un médecin discerne qu’un mineur auprès<br />

duquel il est appelé, est victime de sévices ou de privation, il doit mettre en œuvre <strong>le</strong>s moyens <strong>le</strong>s plus<br />

adéquats pour <strong>le</strong> protéger en faisant preuve de prudence et circonspection mais en n’hésitant pas, si<br />

cela est nécessaire à a<strong>le</strong>rter <strong>le</strong>s autorités compétentes s’il s’agit d’un mineur de moins de quinze ans<br />

”.<br />

Toujours d’après la loi, ce cadre constitue une situation très particulière de <strong>le</strong>vée du secret médical :<br />

“l’artic<strong>le</strong> 226-13 (qui régit <strong>le</strong> secret professionnel) n’est pas applicab<strong>le</strong> à celui qui informe <strong>le</strong>s autorités<br />

judiciaires, médica<strong>le</strong>s ou administratives de sévices ou de punitions dont il a eu connaissance et qui<br />

ont été infligés à un mineur de moins de quinze ans” .<br />

Le signa<strong>le</strong>ment d’un enfant en danger est donc défini par la loi, et peut se faire :<br />

- soit au niveau administratif auprès des services du président du Conseil Général,<br />

- soit au niveau judiciaire auprès d’un juge d’enfants ou du procureur.<br />

En effet en France, face à l’ENFANCE EN DANGER, il existe un doub<strong>le</strong> système de protection :<br />

- la protection administrative constituée par l’ensemb<strong>le</strong> des interventions individuel<strong>le</strong>s et col<strong>le</strong>ctives de<br />

nature essentiel<strong>le</strong>ment préventive, et essentiel<strong>le</strong>ment applicab<strong>le</strong> en cas de notion de risque, de<br />

danger en matière de santé, de moralité, et de sécurité. La mise en place de ce système de protection<br />

nécessite l’accord des personnes, en l’occurrence la famil<strong>le</strong>.<br />

- la protection judiciaire correspondant à une intervention individualisée à partir d’une décision d’un<br />

juge des enfants. L’ordonnance est appliquée en cas de notion de danger et de gravité ou des<br />

conditions d’éducation gravement compromises. Ceci aboutit à la mise en place d’une assistance<br />

éducative en milieu ouvert : AEMO, réalisée au sein de la famil<strong>le</strong>, ou d’un placement. Il existe un ordre<br />

de placement provisoire renouvelab<strong>le</strong> tous <strong>le</strong>s 6 mois, l’enfant est alors confié aux services de l’Aide<br />

Socia<strong>le</strong> à l’Enfance (ASE) qui dépend du Conseil général.<br />

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En pratique :<br />

- En cas de situation d’enfants à risque, <strong>le</strong> signa<strong>le</strong>ment se fait au niveau administratif. Les<br />

équipes dépendant du Conseil général (Protection Maternel<strong>le</strong> et Infanti<strong>le</strong>, Aide socia<strong>le</strong> à l’enfance)<br />

évaluent à <strong>le</strong>ur tour la situation, prennent des décisions et parfois font el<strong>le</strong>s mêmes un signa<strong>le</strong>ment<br />

judiciaire.<br />

- En cas de suspicion d’enfants maltraités, il vaut mieux hospitaliser l’enfant. Il est très rare que <strong>le</strong>s<br />

parents refusent cette hospitalisation. Le temps de l’hospitalisation permet <strong>le</strong> plus souvent de faire <strong>le</strong><br />

diagnostic qui n’est pas toujours évident d’emblée, de faire une évaluation psychosocia<strong>le</strong> de la<br />

situation.<br />

Le signa<strong>le</strong>ment est rédigé par un docteur en médecine comme un certificat médical daté et signé. La<br />

rédaction doit en être claire, précise (cf annexe 1). Ce signa<strong>le</strong>ment est adressé au procureur de la<br />

république du tribunal de grande instance dont dépend <strong>le</strong> domici<strong>le</strong> de la famil<strong>le</strong>.<br />

Le procureur peut en fonction de la gravité de la situation demander un ordre de placement provisoire<br />

de huit jours pendant <strong>le</strong>squels il peut saisir un juge d’enfants, un juge d’instruction, s’aider d’une<br />

enquête de police.<br />

Au terme de ces huit jours, une décision doit être prise par <strong>le</strong> juge d’enfants: non lieu, AEMO, ordre de<br />

placement à l’ASE renouvelab<strong>le</strong> tous <strong>le</strong>s 6 mois en fonction de la situation.<br />

3 - Devenir des enfants<br />

Conséquences à court terme : <strong>le</strong> pronostic immédiat est lié à l’importance des lésions observées, et à<br />

<strong>le</strong>ur prise en charge. Il existe un risque de décès secondaires aux vio<strong>le</strong>nces physiques ou aux<br />

négligences graves mais dont <strong>le</strong> chiffre exact n’est pas connu en l’absence de registre<br />

épidémiologique précis. On peut cependant noter qu’une maltraitance serait à l’origine de 3 à 6 % des<br />

cas de “ mort subite inexpliquée ”, diagnostiquée lors d’autopsies systématiques dans <strong>le</strong>s centres de<br />

référence de morts subites inexpliqués.<br />

Conséquences à moyen terme : en l’absence de mise en place des mesures de protection de l’enfant,<br />

<strong>le</strong> risque principal est la récidive des vio<strong>le</strong>nces, estimée entre 50 et 60 % des cas. En fonction des<br />

lésions initia<strong>le</strong>s, il peut exister des séquel<strong>le</strong>s physiques (traumatisme crânien, brûlures, fractures …),<br />

des séquel<strong>le</strong>s psychologiques. Les séquel<strong>le</strong>s d’abus sexuels sont possib<strong>le</strong>s tant au niveau physique<br />

qu’au niveau psychique. Une baisse des performances scolaires est souvent observée. Chez<br />

l’ado<strong>le</strong>scent on retrouve des conduites déviantes, des tentatives de suicide…<br />

Conséquences à long terme : se pose <strong>le</strong> problème de la répétition transgénérationel<strong>le</strong>, il faut<br />

cependant noter que la notion d’abus dans la petite enfance n’est retrouvé que chez 40 % des<br />

parents.<br />

Des études de suivi chez l’adulte retrouvent souvent une mauvaise estime de soi, des difficultés<br />

d’insertion socia<strong>le</strong>, une tendance à avoir des principes éducatifs rigides, une intolérance à la<br />

frustration.<br />

Références<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Pr . B. CHABROL (Hôpital d’Enfants, CHU Timone - Marseil<strong>le</strong>) MAJ : 13/12/2005<br />

II- Protection maternel<strong>le</strong> et infanti<strong>le</strong><br />

L’ordonnance de création de la PMI (Protection maternel<strong>le</strong> et infanti<strong>le</strong>) en 1945 avait pour objectif<br />

principal la réduction de la mortalité infanti<strong>le</strong> (de l’ordre de 110/1000 en 1945 à 4,8 pour 1000 en<br />

1997). La loi du 18 décembre 1989 relative à la protection et à la promotion de la santé de la famil<strong>le</strong> et<br />

de l’enfance prévoit que l’Etat, <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités territoria<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s organismes de sécurité socia<strong>le</strong><br />

participent à la protection et à la promotion de la santé maternel<strong>le</strong> et infanti<strong>le</strong>. Les services<br />

départementaux de PMI constituent ainsi un vaste réseau reposant sur des centres répartis sur<br />

l’ensemb<strong>le</strong> du territoire national et regroupant prés de 10 000 intervenants. Ils doivent jouer un rô<strong>le</strong><br />

préventif d’éducation, de protection, d’aide et de conseil dans la politique de protection et de<br />

promotion de la santé maternel<strong>le</strong> et infanti<strong>le</strong>.<br />

Le service de PMI représente ainsi :<br />

- un service clé d’une politique socia<strong>le</strong> départementa<strong>le</strong>,<br />

- un maillon d’une politique de santé publique,<br />

- un maillon d’une politique familia<strong>le</strong>,<br />

- un maillon d’une politique de prévention en matière d’action socia<strong>le</strong>.<br />

1- Organisation<br />

Le service de PMI assure :<br />

- des mesures de préventions médica<strong>le</strong>s, psychologiques, socia<strong>le</strong>s et d’éducation à la santé des futurs<br />

parents et des enfants<br />

- des actions de prévention, de dépistage et de prise en charge des handicaps de l’enfant de moins de<br />

6 ans ainsi que des conseils aux famil<strong>le</strong>s pour la prise en charge de ces handicaps<br />

- la surveillance et <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> des établissements et services d’accueil des enfants de moins de 6 ans<br />

ainsi que des assistantes maternel<strong>le</strong>s.<br />

Ces compétences sont exercées sous l’autorité du président du conseil général par <strong>le</strong> service<br />

départemental de PMI.<br />

2- Les personnels du service de PMI<br />

Le service de PMI est placé sous la responsabilité d’un médecin titulaire et comprend une équipe<br />

pluridisciplinaire composée de personnels qualifiés, notamment dans <strong>le</strong>s domaines médical,<br />

paramédical, social et psychologique.<br />

Au niveau médical, il s’agit de personnel titulaire ou vacataire : pédiatre, gynécologue,<br />

pédopsychiatre, médecin de santé publique, médecins généralistes.<br />

L’équipe médico-socia<strong>le</strong> est composée de sage-femmes, puéricultrices, assistantes socia<strong>le</strong>s,<br />

éducateurs, psychologues, masseurs kinésithérapeutes..<br />

Toute personne appelée à collaborer au service de PMI est tenue au secret professionnel. Cela vise<br />

<strong>le</strong>s personnes qui y travail<strong>le</strong>nt habituel<strong>le</strong>ment, mais éga<strong>le</strong>ment toutes cel<strong>le</strong>s qui participent de façon<br />

temporaire à son action.<br />

3- Missions<br />

A) Pour <strong>le</strong>s Enfants de moins de 6 ans :<br />

Le rô<strong>le</strong> de la PMI s’inscrit dans <strong>le</strong> cadre de mesures généra<strong>le</strong>s relatives à la protection de la santé des<br />

enfants. Ainsi durant l’année 2000, plus de 520.000 enfants de moins de 6 ans ont été vus par <strong>le</strong>s<br />

services de PMI.<br />

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Auteur : Pr . B. CHABROL (Hôpital d’Enfants, CHU Timone - Marseil<strong>le</strong>) MAJ : 13/12/2005<br />

20 examens médicaux à visée préventive sont à effectuer avant l’âge de 6 ans : 9 examens au cours<br />

de la première année, 3 examens au cours de la deuxième année, 2 examens par an pour <strong>le</strong>s quatre<br />

années suivantes. Ces examens ont pour objet la surveillance de la croissance staturo-pondéra<strong>le</strong>, et<br />

du développement physique, psychomoteur et affectif de l’enfant ainsi que <strong>le</strong> dépistage précoce des<br />

anomalies ou déficiences et la pratique des vaccinations. Donnent lieu à l’établissement d’un certificat<br />

de santé obligatoire, <strong>le</strong>s examens subis dans <strong>le</strong>s 8 jours qui suivent la naissance, au cours du<br />

neuvième et du vingt quatrième mois (item 33).<br />

Ils sont fait soit par un médecin d’une consultation de PMI (où ils sont gratuits) soit par un médecin<br />

choisi par <strong>le</strong>s parents (ces examens sont alors remboursés à 100% par la sécurité socia<strong>le</strong>).<br />

La mission de la PMI étant essentiel<strong>le</strong>ment axée sur la prévention, <strong>le</strong>s médecins qu’el<strong>le</strong> emploie ne<br />

peuvent pas faire de prescription. En fait d’après la circulaire du 08/01/88, <strong>le</strong>s médecins des structures<br />

de prévention peuvent prescrire quand ils ont l’intime conviction que l’intéressé ne se soignera pas si<br />

la prescription n’est pas immédiatement faite.<br />

Le carnet de santé est délivré gratuitement (item 33)<br />

Le service de PMI assure éga<strong>le</strong>ment :<br />

- la surveillance médica<strong>le</strong> préventive des enfants à l’éco<strong>le</strong> maternel<strong>le</strong>. Une liaison entre <strong>le</strong> service<br />

de PMI et <strong>le</strong> service de promotion de la santé en faveur des élèves est faite en fin de grande section<br />

de maternel<strong>le</strong> avant l’entrée au cours préparatoire.<br />

- des actions médico-socia<strong>le</strong>s préventives à domici<strong>le</strong>, des liaisons avec <strong>le</strong>s médecins hospitaliers,<br />

<strong>le</strong>s médecins traitants<br />

- un rô<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> dépistage du handicap et l’orientation des enfants et <strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong> vers des structures<br />

type CAMSP (Centre d’Action Médico Socia<strong>le</strong> Précoce) en vue de prévenir ou de réduire l’aggravation<br />

du handicap.<br />

- un rô<strong>le</strong> fondamental dans <strong>le</strong>s actions de prévention des mauvais traitements et de prise en<br />

charge de la maltraitance. (cf. ci-dessus)<br />

B) En faveur des futurs parents :<br />

Le service de PMI doit organiser des consultations prénuptia<strong>le</strong>s, prénata<strong>le</strong>s et post nata<strong>le</strong>s et des<br />

actions de prévention médico-socia<strong>le</strong>, des actions préventives à domici<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s femmes enceintes<br />

requérant une surveillance particulière<br />

1) Examen médical prénuptial : il est obligatoire et doit donner lieu à un certificat médical obligatoire<br />

datant de moins de 2 mois. Il a pour but <strong>le</strong> dépistage et l’éducation à la santé. Pour <strong>le</strong>s femmes âgées<br />

de moins de 50 ans, des examens sérologiques de la rubéo<strong>le</strong> et de la toxoplasmose sont obligatoires.<br />

Les résultats du groupage sanguin sont systématiquement demandés. Le dépistage du VIH est non<br />

obligatoire, il peut être proposé aux futurs époux. La réalisation systématique de la sérologie de la<br />

syphilis a été supprimée<br />

2) Examen prénatal : la surveillance minima<strong>le</strong> obligatoire comporte 7 examens prénatals. Le premier<br />

a lieu avant la fin du troisième mois de grossesse, aboutissant à la réalisation d’un certificat de<br />

déclaration de grossesse à la caisse d’allocations familia<strong>le</strong>s. Il est suivi d’un examen mensuel.<br />

Chaque examen comporte un examen clinique, une recherche de l’albuminurie, et de la glycosurie. La<br />

détermination du groupe sanguin et de dépistage de la rubéo<strong>le</strong> et de la toxoplasmose sont<br />

systématiques lors du premier examen. Au 6ème mois de grossesse, un dépistage de l’hépatite B et<br />

une numération globulaire sont systématiques.<br />

D’autre part, des actions de surveillance et de prévention à domici<strong>le</strong> peuvent avoir lieu à la demande<br />

des femmes enceintes en liaison avec <strong>le</strong> médecin traitant ou <strong>le</strong> service hospitalier assurant <strong>le</strong>ur suivi.<br />

3) Un examen clinique postnatal est obligatoire dans <strong>le</strong>s 8 semaines qui suivent l’accouchement<br />

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Auteur : Pr . B. CHABROL (Hôpital d’Enfants, CHU Timone - Marseil<strong>le</strong>) MAJ : 13/12/2005<br />

C) Centres de planification ou d’éducation familia<strong>le</strong><br />

Ils assurent :<br />

- des consultations médica<strong>le</strong>s relatives à la maîtrise de la fécondité (contraception),<br />

- une diffusion d’informations et des actions de prévention portant sur la sexualité, et l’éducation<br />

familia<strong>le</strong>,<br />

- <strong>le</strong> dépistage et <strong>le</strong> traitement de certaine maladies sexuel<strong>le</strong>ment transmissib<strong>le</strong>s : dépistage de<br />

l’infection VIH, dépistage et traitement de MST (chlamydia, gonococcie, vaginites aiguës).<br />

D) Recueil d’informations<br />

Le service de PMI a un rô<strong>le</strong> majeur en épidémiologie et santé publique assurant <strong>le</strong> recueil<br />

d’informations et <strong>le</strong>ur traitement à partir des certificats de santé.<br />

E) Edition et diffusion de certains documents<br />

Le service de PMI est chargé de l’édition et de la diffusion du certificat médical prénuptial, du carnet<br />

de grossesse, du carnet de santé et des certificats de santé obligatoire.<br />

Il est éga<strong>le</strong>ment chargé d’établir des états statistiques concernant <strong>le</strong>s activités de son service et la<br />

situation sanitaire du secteur.<br />

F) Actions en faveur des assistantes maternel<strong>le</strong>s<br />

L’agrément des assistantes maternel<strong>le</strong>s ainsi que <strong>le</strong>ur formation relèvent du service de PMI.<br />

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Objectifs :<br />

Méningites<br />

¤ Diagnostiquer une méningite ou une méningoencéphalite.<br />

¤ Identifier <strong>le</strong>s situations d’urgence et planifier <strong>le</strong>ur prise en charge.<br />

¤ Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier <strong>le</strong> suivi du patient.<br />

Sommaire<br />

MENINGITES BACTERIENNES DE L'ENFANT<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Enumérer <strong>le</strong>s bactéries <strong>le</strong>s plus fréquemment en cause selon l’âge<br />

Faq 2 - Décrire <strong>le</strong>s signes et symptômes d’une méningite en fonction de l’âge<br />

Faq 3 - Décrire <strong>le</strong>s signes de gravité immédiate et exposer <strong>le</strong>s mesures à prendre d’urgence<br />

Faq 4 - Exposer et argumenter l’indication d’une ponction lombaire. Interpréter l’analyse du<br />

LCR<br />

Faq 5 - Pronostic<br />

Faq 6 - Citer <strong>le</strong>s principes du traitement curatif selon <strong>le</strong>s situations (âge, germe)<br />

Faq 7 - Enumérer <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s complications, préciser <strong>le</strong>s facteurs favorisants et la<br />

surveillance<br />

Faq 8 - Exposer <strong>le</strong>s mesures préventives et <strong>le</strong>urs indications, et <strong>le</strong>s expliquer aux famil<strong>le</strong>s<br />

Conclusion<br />

MENINGITES A LIQUIDE CLAIR (ET MENINGOE CEPHALITES) D'ORIGINE INFECTIEUSE CHEZ<br />

LE NOURRISON ET L'ENFANT<br />

Introduction<br />

Faq 9 - Diagnostic des méningites à liquide clair<br />

Faq 10 - Situation d’urgence ou signes de gravité<br />

Faq 11 - Argumentation de l’attitude thérapeutique<br />

Faq 12 - Planification du suivi<br />

I. MENINGITES BACTERIENNES DE L’ENFANT<br />

Introduction<br />

Les méningites bactériennes sont liées à l’envahissement du liquide céphalo-rachidien (LCR) par une<br />

bactérie qui s’y développe.<br />

Le nombre de cas de ces méningites bactériennes est estimé à plus d’un million par an dans <strong>le</strong><br />

monde. El<strong>le</strong>s sont à l’origine d’une mortalité é<strong>le</strong>vée dans <strong>le</strong>s pays en voie de développement. El<strong>le</strong>s<br />

sont aussi redoutab<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s pays industrialisés, et ce malgré <strong>le</strong>s progrès des politiques vaccina<strong>le</strong>s<br />

et <strong>le</strong> développement de nouvel<strong>le</strong>s stratégies antibiotiques.<br />

Les méningites bactériennes de l’enfant sont dans tous <strong>le</strong>s cas, une urgence thérapeutique,<br />

impliquant la suspicion précoce d’un diagnostic qui doit être confirmé par l’examen du LCR.


Faq 1 - Enumérer <strong>le</strong>s bactéries <strong>le</strong>s plus fréquemment en cause selon l’âge<br />

Les trois germes responsab<strong>le</strong>s de la majorité des méningites bactériennes de l’enfant (nourrisson et<br />

grand enfant) sont des germes de portage du rhinopharynx : Streptococcus pneumoniae<br />

(pneumocoque) et Neisseria meningitidis (méningocoque), et exceptionnel<strong>le</strong>ment depuis la<br />

généralisation des campagnes de vaccination contre ce germe, Haemophilus influenzae b.<br />

La pénétration des germes dans <strong>le</strong> LCR se fait essentiel<strong>le</strong>ment par voie hématogène (septicémie ou<br />

bactériémie) avec franchissement secondaire de la barrière hématoméningée notamment au niveau<br />

des p<strong>le</strong>xus choroïdes.<br />

Physiopathologie<br />

DIAGNOSTIC<br />

Le diagnostic d’une méningite bactérienne est urgent et repose exclusivement sur l’examen du LCR<br />

obtenu après ponction lombaire. Il faut donc savoir réunir <strong>le</strong>s signes qui doivent conduire <strong>le</strong> plus<br />

rapidement possib<strong>le</strong> à cet examen.<br />

Faq 2 - Décrire <strong>le</strong>s signes et symptômes d’une méningite en fonction de l’âge<br />

Chez <strong>le</strong> grand enfant, <strong>le</strong> diagnostic est en règ<strong>le</strong> « faci<strong>le</strong> » devant :<br />

- Des signes infectieux, avec une fièvre à début <strong>le</strong> plus souvent<br />

brutal survenant parfois au décours d’un épisode infectieux des voies<br />

aériennes supérieures (rhinopharyngite ou otite)<br />

- Des signes évocateurs d’une atteinte méningée : céphalées,<br />

vomissements et/ou refus alimentaire, photophobie.<br />

L’examen recherche <strong>le</strong>s deux maîtres signes de la contracture d’origine méningée :<br />

- la raideur de la nuque (f<strong>le</strong>xion de la nuque douloureuse et limitée<br />

alors que <strong>le</strong>s mouvements de latéralité restent possib<strong>le</strong>s),<br />

- <strong>le</strong> signe de Kernig (f<strong>le</strong>xion sur <strong>le</strong> tronc des membres inférieurs<br />

maintenus en extension, entraînant une f<strong>le</strong>xion invincib<strong>le</strong> des jambes<br />

sur <strong>le</strong>s cuisses).<br />

Chez <strong>le</strong> nourrisson, <strong>le</strong> diagnostic est beaucoup plus diffici<strong>le</strong>. Il est évoqué devant :<br />

- un enfant grognon, geignard, ayant des cris à la mobilisation<br />

(hyperesthésie cutanée) ou des modifications du comportement<br />

habituel ;<br />

- une somno<strong>le</strong>nce inhabituel<strong>le</strong> entrecoupée de périodes d’agitation<br />

insolite, non calmées dans <strong>le</strong>s bras de la mère ;<br />

- un refus répété du biberon ;<br />

- des convulsions fébri<strong>le</strong>s même brèves et apparemment isolées.<br />

A l’examen, il convient d’apprécier en premier lieu l’existence :<br />

- d’une tension de la fontanel<strong>le</strong>, au mieux identifiée en position assise<br />

et en dehors des cris ;<br />

- d’une hypotonie de la nuque ou une raideur anorma<strong>le</strong> à la<br />

mobilisation du rachis avec rejet de la tête en arrière ;<br />

- des signes neurologiques de localisation.


Il faut aussi évaluer la coexistence de signes d’infections associées des voies aériennes respiratoires<br />

hautes (otite moyenne aiguë) ou basses (foyer pulmonaire).<br />

Faq 3 - Décrire <strong>le</strong>s signes de gravité immédiate et exposer <strong>le</strong>s mesures à<br />

prendre d’urgence<br />

Les signes de gravité sont :<br />

® hémodynamiques (état de choc septique) : augmentation de la<br />

fréquence cardiaque, du temps de recoloration, extrémités froides,<br />

absence de diurèse, voire collapsus.<br />

® cutanés : purpura rapidement extensif ou nécrotique associé à des<br />

troub<strong>le</strong>s hémodynamiques laissant craindre une méningococcémie<br />

sévère ou un purpura fulminans<br />

® neurologiques : troub<strong>le</strong>s de la conscience avec parfois coma ou<br />

convulsions susceptib<strong>le</strong>s de témoigner d’une hypertension<br />

intracrânienne ou d’une col<strong>le</strong>ction puru<strong>le</strong>nte cérébroméningée (abcès<br />

ou empyème sous-dural).<br />

La moindre suspicion de méningite infectieuse doit conduire à l’hospitalisation.<br />

Faq 4 - Exposer et argumenter l’indication d’une ponction lombaire. Interpréter<br />

l’analyse du LCR<br />

La confirmation du diagnostic repose exclusivement sur l’examen du LCR qui est urgent.<br />

Le diagnostic peut être suspecté dès l’examen macroscopique du liquide, si celui-ci est hypertendu ou<br />

s’il a perdu sa limpidité habituel<strong>le</strong>.<br />

Le nombre de cellu<strong>le</strong>s est anormal s’il est supérieur à 10/mm3 ; la formu<strong>le</strong> met typiquement en<br />

évidence une prédominance de polynucléaires altérés. Une réaction panachée (lymphocytaire) peut<br />

cependant précéder l’apparition des polynucléaires. Une tel<strong>le</strong> réaction peut être aussi liée à la<br />

précocité de l’examen ou à une antibiothérapie préalab<strong>le</strong> inadéquate ou insuffisante (méningite<br />

décapitée).<br />

L’examen biochimique du LCR met en évidence, en cas de méningite bactérienne, une protéinorachie<br />

anorma<strong>le</strong> (> 0,45 g/l) et un rapport du glucose LCR/sang < 0,40. Cette hypoglycorachie est, pour<br />

certains, l’indice d’un mauvais pronostic.<br />

L’examen direct (coloration de Gram sur culot de centrifugation) permet souvent <strong>le</strong> diagnostic<br />

probabiliste du germe responsab<strong>le</strong> avant même <strong>le</strong>s résultats de la culture :<br />

• Avant tout :<br />

- cocci gram-positif : pneumocoque<br />

- diplocoque gram-négatif : méningocoque<br />

• Exceptionnel<strong>le</strong>ment, actuel<strong>le</strong>ment :<br />

- bacil<strong>le</strong> gram-négatif polymorphe évoquant un haemophilus<br />

influenzae (b)<br />

La culture doit être systématique. El<strong>le</strong> permet la confirmation de l’identification du germe et<br />

l’évaluation de la concentration minima<strong>le</strong> inhibitrice (CMI) de la pénicilline G et des céphalosporines<br />

de 3ème génération.<br />

La recherche des antigènes solub<strong>le</strong>s (sang et urines) permet souvent, avec une faib<strong>le</strong> sensibilité, un<br />

diagnostic rapide (antigènes bactériens) des principaux germes (méningocoques, pneumocoques et<br />

Haemophilus influenzae b, chez <strong>le</strong>s enfants de plus de trois mois).


Les autres examens biologiques ont un intérêt :<br />

Faq 5 - Pronostic<br />

- d’orientation vers une infection bactérienne :<br />

• hyper<strong>le</strong>ucocytose à polynucléaires ;<br />

• élévation dans <strong>le</strong> sang de la<br />

protéine réactive C<br />

• <strong>le</strong> dosage de la procalcitonine<br />

apparaît actuel<strong>le</strong>ment comme <strong>le</strong><br />

meil<strong>le</strong>ure paramètre susceptib<strong>le</strong> de<br />

distinguer une méningite vira<strong>le</strong> d’une<br />

méningite bactérienne (sensibilité et<br />

spécificité proche de 100%)<br />

- de confirmation du germe bactérien responsab<strong>le</strong> : si identification à<br />

l’hémoculture (systématique), positive dans près de 3/4 cas.<br />

- de recherche d’une complication :<br />

• sécrétion inappropriée d’hormone<br />

antidiurétique (ionogramme sanguin)<br />

chez un enfant ayant eu une prise<br />

récente anorma<strong>le</strong> de poids ;<br />

• voire d’une complication abcédée<br />

précoce (échographie<br />

transfontanellaire chez <strong>le</strong> jeune<br />

nourrisson à fontanel<strong>le</strong> perméab<strong>le</strong> ;<br />

scanner ou imagerie par résonance<br />

magnétique cérébra<strong>le</strong> chez <strong>le</strong>s<br />

enfants plus âgés).<br />

A ce stade initial, <strong>le</strong>s éléments de mauvais pronostic sont avant tout :<br />

® <strong>le</strong> retard à la mise en route d’un traitement bactéricide, mais aussi :<br />

® <strong>le</strong> jeune âge (nourrisson)<br />

® <strong>le</strong> germe (pneumocoque)<br />

® la gravité du tab<strong>le</strong>au neurologique initial (notamment dans <strong>le</strong>s<br />

formes comateuses)<br />

® l’existence d’un collapsus associé ou de signes d’hypertension<br />

intracrânienne, traités tardivement ou de façon inadaptée.<br />

Faq 6 - Citer <strong>le</strong>s principes du traitement curatif selon <strong>le</strong>s situations (âge,<br />

germe)<br />

Dans tous <strong>le</strong>s cas, <strong>le</strong> traitement doit répondre à deux objectifs :<br />

- permettre une bactéricidie rapide dans <strong>le</strong> LCR,<br />

- lutter contre l’inflammation méningée et l’oedème cérébral.<br />

— Epidémiologie : germes et résistances<br />

Les principaux germes des méningites de l’enfant sont :<br />

- à tout âge, <strong>le</strong> méningocoque prédominant cependant chez l’enfant<br />

de plus de 1 ans (60%) (B dans deux tiers des cas ; A et surtout C<br />

dans un tiers des cas) ;


- chez <strong>le</strong> nourrisson, <strong>le</strong>s méningites bactériennes à pneumocoque<br />

représentent 60 % des méningites puru<strong>le</strong>ntes avant l’âge de 1 an.<br />

- Les méningites bactériennes à H.influenzae b ont, en France, à peu<br />

près tota<strong>le</strong>ment disparu depuis la généralisation du vaccin contre ce<br />

germe. Quelques cas de méningites à H.influenzae non b sont<br />

actuel<strong>le</strong>ment décrits. H.influenzae b reste cependant l’un des<br />

premiers germes responsab<strong>le</strong>s de méningites puru<strong>le</strong>ntes dans <strong>le</strong>s<br />

pays en voie de développement.<br />

Les niveaux de résistance actuels de ces germes sont en France :<br />

- N .meningitidis : 28 % Ampi R en 1998<br />

- S. pneumoniae : 12 % Péni R en 1992 ; 36 % Péni R en 1994 ; 53<br />

% Péni R en 1997<br />

- H. influenzae b : 40 % Ampi R<br />

L’incidence des autres bactéries est plus rare et sur terrain particulier :<br />

- salmonel<strong>le</strong>s : nourrisson malnutri ou enfant drépanocytaire<br />

- staphylocoque coagulase négatif ou bacil<strong>le</strong>s Gram négatif<br />

(infections nosocomia<strong>le</strong>s)<br />

- germes opportunistes : enfants immunodéprimés<br />

— Antibiothérapie<br />

Nourrissons et enfants âgés de moins de 5 ans<br />

En cas de germe identifié à l’examen direct ou suspecté sur la positivité des résultats des antigènes<br />

solub<strong>le</strong>s, l’antibiothérapie peut être immédiatement adaptée :<br />

- méningocoque : céfotaxime 200 mg/kg/j en 4 perfusions ou<br />

ceftriaxone 100 mg/kg/j en 1 ou 2 injections intraveineuse <strong>le</strong>nte<br />

- H.influenzae b (enfant non vacciné) : céfotaxime 200 mg/kg/j en 4<br />

perfusions ou ceftriaxone 100 mg/kg/j en 2 injections intraveineuse<br />

<strong>le</strong>nte<br />

- S.pneumoniae (pneumocoque) : (identification dans 75 % des cas<br />

environ dès l’examen direct) : il convient dans la crainte d’un<br />

pneumocoque résistant d’obtenir une bactéricidie rapide dans <strong>le</strong> LCR.<br />

Afin d’assurer cet objectif, l’association céfotaxime 200 à 300 mg/kg/j<br />

en quatre perfusions ou ceftriaxone 100 mg/kg/24 heures en 1 à 2<br />

injections intraveineuse <strong>le</strong>nte + Vancomycine (60 mg/kg/j en quatre<br />

injections <strong>le</strong>nte d’une heure) est généra<strong>le</strong>ment proposée.<br />

Chez <strong>le</strong> jeune nourrisson, avant même identification du germe à l’examen direct ou à la culture, la<br />

crainte de l’étiologie probabiliste pneumococcique de la méningite puru<strong>le</strong>nte conduit <strong>le</strong> plus souvent à<br />

une tel<strong>le</strong> association (céfotaxime + Vancomycine).<br />

Dans cette éventualité, si <strong>le</strong> germe est ultérieurement reconnu (E test) de sensibilité norma<strong>le</strong> au<br />

céfotaxime (CMI céfotaxime < 0,5 mg/l), l’antibiothérapie se réduit à une monothérapie par céfotaxime<br />

à dose habituel<strong>le</strong> (200 mg/kg/j) ou par ceftriaxone (75-100 mg/kg/j).<br />

Enfants âgés de plus de 5 ans<br />

L’accroissement actuel, en France, de la résistance du méningocoque à la pénicilline (plus de 25 % en<br />

1998) conduit à la prescription initia<strong>le</strong> d’une céphalosporine de 3ème génération par voie<br />

intraveineuse : céfotaxime (200 mg/kg/j) ou ceftriaxone à la dose de 100 mg/kg/j). Cette<br />

antibiothérapie est éga<strong>le</strong>ment adaptée pour <strong>le</strong> traitement des méningites bactériennes à H.influenzae<br />

b (enfants non vaccinés).<br />

Un contexte évocateur de méningite à pneumocoque (antécédents de traumatisme crânien ou de


méningite puru<strong>le</strong>nte, enfant drépanocytaire, otite moyenne aiguë ou pneumopathie associée, signes<br />

neurologiques sévères, convulsions) conduit à la même antibiothérapie que cel<strong>le</strong> décrite chez <strong>le</strong><br />

nourrisson (céfotaxime + Vancomycine).<br />

— Traitements adjuvants<br />

- Le recours aux corticoïdes (dexaméthasone) reste controversé.<br />

L’utilité d’une corticothérapie n’apparaît clairement démontrée comme<br />

susceptib<strong>le</strong> de réduire <strong>le</strong>s complications immédiates et tardives<br />

(séquel<strong>le</strong>s auditives) que dans <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s méningites à H.influenzae<br />

b. La prescription de dexaméthasone est alors justifiée pour certains<br />

sous condition d’être précoce (1ère injection avant la première dose<br />

d’antibiotiques), à doses adaptées (0,15 mg/kg/6 h) pendant une<br />

durée brève (48 h).<br />

- La restriction hydrique n’est réservée qu’au syndrome<br />

d’hypersécrétion d’ADH prouvé biologiquement. Les apports<br />

hydriques seront alors limités à 40 ml/kg/j. Dans tous <strong>le</strong>s autres cas,<br />

<strong>le</strong>s apports hydriques seront maintenus de 80 à 100 ml/kg/j.<br />

- Le diazépam (Valium) n’est prescrit qu’en cas de convulsions et<br />

administré à la dose de 0,5 à 1 mg/kg par voie intrarecta<strong>le</strong> ou<br />

intraveineuse.<br />

- Les traitements du collapsus (macromolécu<strong>le</strong>s et éventuel<strong>le</strong>ment<br />

drogues inotropes) et celui de l’hypertension intracrânienne sont<br />

adaptés à chaque cas particulier. Ils sont <strong>le</strong> plus souvent réalisés<br />

sous surveillance étroite en service de réanimation pédiatrique.<br />

Faq 7 - Enumérer <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s complications, préciser <strong>le</strong>s facteurs<br />

favorisants et la surveillance<br />

— Planification du suivi immédiate<br />

Le suivi est relié dès <strong>le</strong>s premiers jours du traitement à la surveillance de la fièvre et des signes<br />

neurologiques :<br />

® L’examen de contrô<strong>le</strong> du LCR est inuti<strong>le</strong> si <strong>le</strong>s signes cliniques (disparition de la fièvre et régression<br />

des signes neurologiques) sont normalisés 48 heures après <strong>le</strong> début du traitement antibiotique avec,<br />

habituel<strong>le</strong>ment de façon contemporaine, une nette régression voire disparition du syndrome<br />

inflammatoire (si méningite à méningocoque et haemophilus).<br />

Il est, à l’inverse, nécessaire de contrô<strong>le</strong>r la stérilisation du LCR :<br />

- systématiquement en cas de méningite à pneumocoque,<br />

- ou si persistance (au delà de 48 h) ou aggravation de signes<br />

anormaux : fièvre, anomalies neurologiques, syndrome inflammatoire.<br />

Dans un tel contexte, <strong>le</strong> renouvel<strong>le</strong>ment de la pratique des marqueurs infectieux (NFS, CRP,<br />

procalcitonine) et la pratique d’un scanner ou mieux une IRM cérébra<strong>le</strong> à la recherche d’un abcès ou<br />

d’un empyème sont souvent nécessaires et susceptib<strong>le</strong>s de conduire à une modification urgente de<br />

l’antibiothérapie (par exemp<strong>le</strong>, quinolone si méningocoque)<br />

- En dehors de toute complication immédiate, la durée habituel<strong>le</strong> d’un<br />

traitement antibiotique est :<br />

• Méningocoque : 5 à 7 jours<br />

• Haemophilus : 7 jours<br />

• Pneumocoque : jamais inférieure à 10 jours (10 à<br />

15 jours)


— Planification à distance<br />

- L’éventuel<strong>le</strong> poursuite d’un traitement anticonvulsivant ne se<br />

justifie que chez <strong>le</strong>s enfants ayant eu des crises convulsives répétées<br />

ou conservant des anomalies neuroradiologiques ou<br />

é<strong>le</strong>ctroencéphalographiques laissant craindre une épi<strong>le</strong>psie<br />

séquellaire.<br />

La planification ultérieure du suivi conduit à contrô<strong>le</strong>r avant tout :<br />

• l’audition : surdité dans 10 % des cas si méningite à Pneumocoque<br />

(première cause de surdité acquise chez l’enfant) (analyse<br />

séquentiel<strong>le</strong> des PEA (potentiels évoqués auditifs))<br />

• développement psychomoteur : retard de développement possib<strong>le</strong><br />

dans 15 à 20 % des cas, qui sont <strong>le</strong>s séquel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus à craindre<br />

quel que soit <strong>le</strong> germe au cours des méningites puru<strong>le</strong>ntes du<br />

nourrisson, mais aussi :<br />

• séquel<strong>le</strong>s motrices<br />

• voire séquel<strong>le</strong>s visuel<strong>le</strong>s, secondaires à une atteinte cortica<strong>le</strong><br />

• comitialité.<br />

Faq 8 - Exposer <strong>le</strong>s mesures préventives et <strong>le</strong>urs indications, et <strong>le</strong>s expliquer<br />

aux famil<strong>le</strong>s<br />

1. Méningocoque<br />

— Iso<strong>le</strong>ment<br />

Il convient d’iso<strong>le</strong>r l’enfant au cours du premier jour du traitement bien qu’il devienne rapidement non<br />

contagieux (24 à 48 heures environ) après <strong>le</strong> début d’une antibiothérapie adaptée. Il est naturel<strong>le</strong>ment<br />

écarté du milieu scolaire jusqu’à la disparition durab<strong>le</strong> de tous signes infectieux (terme obligatoire de<br />

l’antibiothérapie)<br />

— Antibioprophylaxie<br />

Le traitement du portage est institué chez l’enfant malade lui-même au terme du traitement curatif. Il<br />

est identique à celui des sujets contacts.<br />

Les sujets contacts devant bénéficier de l’antibioprophylaxie antiméningococcique en milieu scolaire,<br />

sont précisés par <strong>le</strong>s directives de la circulaire de la DGS du 8 novembre 2001. [cf schéma]<br />

Définition des sujets contacts :<br />

L’antibioprophylaxie doit être réalisée dans <strong>le</strong>s plus brefs délais (24 à 48 heures après <strong>le</strong> diagnostic).<br />

El<strong>le</strong> n’a plus aucune utilité au delà de 10 jours après <strong>le</strong> dernier contact (incubation des infections à<br />

méningocoques : 2 à 10 jours).<br />

L’antibiotique utilisé est la rifampicine qui réduit <strong>le</strong> portage de 75 à 98 % une semaine après <strong>le</strong><br />

traitement. El<strong>le</strong> est administrée par voie ora<strong>le</strong> pendant 2 jours, à la dose de :<br />

- nouveau-né de moins de un mois : 5 mg/kg 2 x/jour<br />

- nourrisson et enfant (1 moisà 15 ans) : 10 mg/kg 2x/jour,<br />

- adulte 600 mg 2 x/jour<br />

Il est important de prévenir toute jeune fil<strong>le</strong> ou femme en âge de procréer de la diminution de<br />

l’efficacité des contraceptifs oraux en cas de prise de ce médicament et de la nécessité d’utiliser alors


une contraception de type mécanique. Il convient aussi de prévenir que la rifampicine peut entraîner<br />

une coloration rouge des secrétions et colorer de façon permanente des <strong>le</strong>ntil<strong>le</strong>s de contact soup<strong>le</strong>s.<br />

— Vaccination<br />

Seu<strong>le</strong> la vaccination contre <strong>le</strong>s méningocoques du groupe A, C, Y ou W 135 est possib<strong>le</strong>. Il n’existe<br />

actuel<strong>le</strong>ment pas de vaccination efficace contre <strong>le</strong> méningocoque du groupe B largement prédominant<br />

en France (2/3 des cas environ). La circulaire de la direction généra<strong>le</strong> de la santé du 08.11.2001<br />

précise <strong>le</strong>s modalités prophylactiques chez <strong>le</strong> sujet atteint et <strong>le</strong> sujet contact. Dès lors que <strong>le</strong><br />

sérogroupe d’un méningocoque du groupe A, C, Y ou W 135 est isolé chez un malade, la vaccination<br />

est recommandée <strong>le</strong> plus rapidement possib<strong>le</strong>, après la connaissance du sérogroupe et dans un<br />

délai maximum de 10 jours après <strong>le</strong> début de l’hospitalisation du malade.<br />

— Déclaration<br />

Toute souche de méningocoque isolée doit être systématiquement adressée au centre national de<br />

référence (Institut Pasteur).<br />

La déclaration d’une méningite à méningocoque est obligatoire. El<strong>le</strong> est effectuée par téléphone au<br />

médecin de la Direction Des Affaires Sanitaires Socia<strong>le</strong>s dès l’iso<strong>le</strong>ment du méningocoque puis el<strong>le</strong><br />

est confirmée par écrit.<br />

2. H.influenzae b<br />

L’ iso<strong>le</strong>ment doit être assuré tant que <strong>le</strong>s signes cliniques persistent.<br />

L’ antibioprophylaxie est prescrite chez l’enfant malade en relais du traitement curatif (rifampicine :<br />

20 mg/kg/j en une seu<strong>le</strong> prise pendant 4 jours).<br />

L’antibioprophylaxie est inuti<strong>le</strong> chez <strong>le</strong>s enfants de l’environnement immédiat s’ils ont été correctement<br />

vaccinés. El<strong>le</strong> est nécessaire en cas de vaccination incorrecte.<br />

La déclaration n’est pas obligatoire.<br />

3. Pneumocoque<br />

Les méningites à pneumocoque ne sont pas épidémiques. La vaccination et l’antibioprophylaxie<br />

col<strong>le</strong>ctives sont inuti<strong>le</strong>s et la prévention individuel<strong>le</strong> ne s’adresse qu’aux enfants à risque (enfants<br />

drépanocytaires homozygotes et enfants splénectomisés).<br />

Une prévention efficace des méningites à pneumocoques pourra reposer, à court terme, chez <strong>le</strong>s<br />

enfants de moins de 2 ans, sur la pratique d’un vaccin polysaccharidique conjugué concernant <strong>le</strong>s<br />

sérotypes de pneumocoque <strong>le</strong>s plus fréquents.<br />

La déclaration des méningites puru<strong>le</strong>ntes à pneumocoque n’est pas obligatoire.<br />

Conclusion<br />

Les méningites bactériennes de l’enfant sont une urgence diagnostique et thérapeutique. Une bonne<br />

évaluation sémiologique, notamment chez <strong>le</strong> nourrisson permet un diagnostic habituel<strong>le</strong>ment faci<strong>le</strong> et<br />

une antibiothérapie immédiatement adaptée au germe présumé responsab<strong>le</strong> dont la précocité est un<br />

des meil<strong>le</strong>urs garants du pronostic.


II. MENINGITES A LIQUIDE CLAIR (ET MENINGOENCEPHALITES) D’ORIGINE INFECTIEUSE<br />

CHEZ LE NOURRISSON ET L’ENFANT<br />

Introduction<br />

Les méningites à liquide clair se définissent habituel<strong>le</strong>ment par l’identification d’un liquide céphalorachidien<br />

translucide (ou parfois opa<strong>le</strong>scent) ayant une réaction cellulaire modérée (< 1500<br />

éléments/mm3), de formu<strong>le</strong> panachée (5 à 100% de cellu<strong>le</strong>s mononuclées) et qui, en l’absence de<br />

toute antibiothérapie, restera stéri<strong>le</strong> à la culture.<br />

Les méningoencéphalites infectieuses répondent à un processus inflammatoire atteignant à la fois<br />

parenchyme cérébral et <strong>le</strong>s méninges. El<strong>le</strong>s partagent habituel<strong>le</strong>ment, avec <strong>le</strong>s méningites à liquide<br />

clair, des étiologies vira<strong>le</strong>s communes.<br />

Faq 9 - Diagnostic des méningites à liquide clair<br />

Il ne peut être porté que sur l’examen du LCR.<br />

Les signes d’orientation qui conduisent à la pratique de cet examen sont identiques à ceux des<br />

méningites puru<strong>le</strong>ntes de l’enfant :<br />

- coexistence<br />

Confirmation du diagnostic :<br />

• d’un syndrome infectieux net (fièvre à 39°C-40°C),<br />

souvent bien toléré, survenu parfois au décours d’un<br />

épisode infectieux des voies aériennes supérieures<br />

ou digestif,<br />

• de signes méningés francs : céphalées,<br />

vomissements, photophobie<br />

• d’une raideur de la nuque ; signe de Kernig.<br />

- signes souvent plus atténués notamment chez <strong>le</strong> nourrisson :<br />

• tension de la fontanel<strong>le</strong> dans un contexte d’une<br />

fièvre isolée voire d’une gastro-entérite<br />

- ils s’inscrivent parfois dans un contexte d’urgence et de sévérité<br />

chez <strong>le</strong> nourrisson de moins de 3 mois :<br />

• tab<strong>le</strong>au de type septique avec éruptions et parfois<br />

troub<strong>le</strong>s digestifs<br />

• tab<strong>le</strong>au évoquant une méningoencéphalite si :<br />

- crises convulsives,<br />

- troub<strong>le</strong>s du comportement<br />

- signes de focalisation déficitaires<br />

• El<strong>le</strong> ne peut reposer que sur l’examen du liquide céphalo-rachidien.<br />

• Le nombre d’éléments se situe en moyenne entre 50 et 500/mm3,<br />

avec une formu<strong>le</strong> initia<strong>le</strong> parfois trompeuse à prédominance de<br />

polynucléaires neutrophi<strong>le</strong>s<br />

• La protéinorachie <strong>le</strong> plus souvent norma<strong>le</strong> ou à peine augmentée<br />

(0,40 g à 0,60 g/l dans la plupart des études)<br />

• La glycorachie est norma<strong>le</strong>.


• L’examen direct et la mise en culture dont <strong>le</strong>s résultats seront<br />

négatifs (interprétés en dehors de toute antibiothérapie préalab<strong>le</strong>)<br />

sont systématiques.<br />

• Il en est de même pour l’hémoculture qui restera négative.<br />

Les autres examens biologiques ont un intérêt complémentaire d’orientation vers une étiologie vira<strong>le</strong> :<br />

- NFS : <strong>le</strong>ucocytose sanguine norma<strong>le</strong>, ou peu ou pas augmentée,<br />

avec ou sans élévation des polynucléaires neutrophi<strong>le</strong>s<br />

- CRP : habituel<strong>le</strong>ment moins é<strong>le</strong>vée que dans <strong>le</strong>s méningites<br />

puru<strong>le</strong>ntes<br />

- Surtout plus récemment procalcitonine (non é<strong>le</strong>vée)<br />

L’analyse des marqueurs de l’inflammation dont l’élévation peut être retardée dans <strong>le</strong>s infections<br />

bactériennes doit alors être renouvelée.<br />

L’é<strong>le</strong>ctroencéphalogramme n’est uti<strong>le</strong> qu’en cas d’identification de signes cliniques évoquant<br />

l’éventualité d’une méningoencéphalite.<br />

L’étiologie vira<strong>le</strong> enfin sera éventuel<strong>le</strong>ment précisée non tant par l’examen sérologique ou l’iso<strong>le</strong>ment<br />

du virus sur culture cellulaire (entérovirus) que surtout par la PCR effectuée sur <strong>le</strong> LCR (entérovirus).<br />

La sensibilité de cet examen est forte entre 86 et 100%. Il devrait permettre lorsqu’il sera plus<br />

habituel<strong>le</strong>ment utilisé un diagnostic rapide (entérovirus) susceptib<strong>le</strong> de réduire <strong>le</strong> nombre ou la durée<br />

des hospitalisations.<br />

Faq 10 - Situation d’urgence ou signes de gravité<br />

Les signes de gravité sont en règ<strong>le</strong> absents au cours des méningites à liquide clair. Ils sont liés :<br />

- à une mauvaise tolérance hémodynamique parfois observée dans<br />

certaines méningites lymphocytaires vira<strong>le</strong>s du jeune nourrisson<br />

(notamment de moins de 3 mois),<br />

- à l’association de signes neurologiques (troub<strong>le</strong>s de la conscience,<br />

crise convulsive, déficit neurologique focaux) s’intégrant dans <strong>le</strong><br />

cadre d’une méningo-encéphalite.<br />

Faq 11 - Argumentation de l’attitude thérapeutique<br />

– Dans un contexte immédiatement évocateur de méningite vira<strong>le</strong> :<br />

• notion épidémiologique : épidémie printemps/été ou été/automne ; contagion ;<br />

nombreux cas scolaires<br />

• associations cliniques : éruptions, diarrhée, algies diffuses<br />

– <strong>le</strong> traitement, moyennant surveillance clinique étroite, restera purement symptomatique,<br />

antipyrétiques, antalgiques, +/- anti-émétiques ; repos.<br />

Les situations d’urgence avec signes de sévérité, ou un doute initial sur <strong>le</strong> diagnostic étiologique,<br />

peuvent conduire :<br />

• dans la crainte d’une méningite bactérienne, à un traitement antibiotique probabiliste<br />

orienté selon l’âge (cf faq 6/antiobithérapie)<br />

• dans la crainte d’une méningoencéphalite herpétique à un traitement antiviral<br />

associé (Zovirax)


Faq 12 - Planification du suivi<br />

Il est éga<strong>le</strong>ment infectieux et neurologique.<br />

- l’apyrexie est obtenue en moins d‘une semaine ; très souvent moins<br />

de 48 heures pour <strong>le</strong>s méningites à entérovirus.<br />

- L’examen clinique neurologique se normalise rapidement et <strong>le</strong><br />

contrô<strong>le</strong> du LCR est <strong>le</strong> plus souvent inuti<strong>le</strong>.<br />

- La survenue différée de signes évocateurs de méningoencéphalite<br />

(crises convulsives, troub<strong>le</strong>s de la conscience ; déficits neurologiques<br />

focaux) conduira à renouve<strong>le</strong>r l’examen du LCR avec dosage de<br />

l’Interféron alpha (indice de réplication vira<strong>le</strong> in situ).<br />

Dans ce contexte, l’apport de l’é<strong>le</strong>ctroencéphalogramme (activité amp<strong>le</strong> et <strong>le</strong>nte : delta polymorphe)<br />

peut ne pas avoir de grande spécificité étiologique.<br />

L’imagerie par résonance magnétique sera habituel<strong>le</strong>ment uti<strong>le</strong> si un tab<strong>le</strong>au d’encéphalite<br />

prédominante est évoqué. El<strong>le</strong> peut mettre en évidence un œdème cérébral ou une majoration foca<strong>le</strong><br />

des anomalies (notamment frontotempora<strong>le</strong>s) (encéphalite herpétique).<br />

Les étiologies infectieuses des méningites à liquide clair :


C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : B. Jouret, M. Tauber (CHU Toulouse) MAJ : 05/01/2006<br />

Objectifs :<br />

Obésité de l’enfant [et de l’adulte : partie non traitée]<br />

Item 267<br />

Objectifs pédagogiques nationaux de l’ECN<br />

- Diagnostiquer une obésité de l’enfant [et de l’adulte : partie non traitée]<br />

- Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier <strong>le</strong> suivi du patient<br />

Objectifs pédagogiques intermédiaires du Collège national des professeurs d’université de<br />

pédiatrie<br />

- Calcu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s paramètres d’évaluation de la surcharge (index de masse corporel<strong>le</strong>) et <strong>le</strong>s interpréter à<br />

partir des courbes de référence.<br />

- Citer <strong>le</strong>s données anamnestiques familia<strong>le</strong>s et personnel<strong>le</strong>s à rechercher, commenter l’intrication des<br />

facteurs pathogéniques en jeu (génétique, psychologique, social..)<br />

- Décrire <strong>le</strong>s signes à rechercher lors de l’examen clinique évocateurs d’une dysfonction<br />

endocrinienne, énumérer et justifier <strong>le</strong>s investigations biologiques alors nécessaires pour en faire <strong>le</strong><br />

diagnostic.<br />

- Enumérer <strong>le</strong>s principaux syndromes génétiques s’accompagnant d’une obésité.<br />

- Enumérer <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s complications à long terme de l’obésité et exposer la justification et <strong>le</strong>s<br />

modalités de la prévention dès l’enfance.<br />

- Décrire un projet de prise en charge incluant une équipe multidisciplinaire.<br />

Sommaire<br />

I - DIAGNOSTIC DE L’OBESITE<br />

A - DONNEES CLINIQUES<br />

1 - Définition<br />

2 - Interrogatoire<br />

3 - Examen physique<br />

B - HYPOTHESES DIAGNOSTIQUES<br />

1 - Les obésités d’origine endocrinienne<br />

2 - Les obésités d’origine génétique<br />

C - DEMARCHE DIAGNOSTIQUE, STRATEGIE D’INVESTIGATION<br />

D - MECANISMES PHYSIOPATHOLOGIQUES<br />

E - DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE<br />

F - CONSEQUENCES ET COMPLICATIONS DE L’OBESITE INFANTILE<br />

1 - Persistance de l’obésité à l’âge adulte<br />

2 - Conséquences à court terme sur la santé de l’enfant et de<br />

l’ado<strong>le</strong>scent<br />

3 - Risques à long terme chez l’adulte<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : B. Jouret, M. Tauber (CHU Toulouse) MAJ : 05/01/2006<br />

II - ATTITUDE THERAPEUTIQUE ET SUIVI DU PATIENT<br />

A - HISTOIRE NATURELLE ET ORIGINE<br />

1 - Bilan énergétique<br />

2 - Histoire naturel<strong>le</strong> de l’obésité<br />

B - STRATEGIE THERAPEUTIQUE EN FONCTION DES OBJECTIFS POURSUIVIS<br />

C - SUIVI<br />

1 - Objectifs thérapeutiques<br />

2 - Stratégies thérapeutiques<br />

3 - Outils thérapeutiques<br />

D - EPIDEMIOLOGIE ET PREVENTION DE L’OBESITE DE L’ENFANT<br />

Points essentiels<br />

1 - Préva<strong>le</strong>nce<br />

2 - Prévention<br />

I – DIAGNOSTIC DE L’OBESITE<br />

A – DONNEES CLINIQUES<br />

1 – Définitions de l’obésité et du surpoids :<br />

L’obésité se définit par une augmentation de la masse grasse.<br />

Pour mettre en évidence cette augmentation trop importante, il est nécessaire de se rapporter à la<br />

courbe d’IMC (Indice de masse corporel<strong>le</strong>) ou BMI (Body Mass Index) ou encore indice de Quéte<strong>le</strong>t.<br />

Il correspond au rapport du poids exprimé en kilo sur <strong>le</strong> carré de la tail<strong>le</strong> exprimé en mètre,<br />

c’est-à-dire au poids/tail<strong>le</strong>2 (en kg/m2).<br />

A la différence de l’adulte, nous ne disposons pas chez l’enfant d’une définition épidémiologique en<br />

fonction du risque de morbidité, mais d’une définition statistique. L’IMC est interprété en fonction<br />

des courbes de référence françaises établies par M.F ROLLAND-CACHERA en 1991 (1).<br />

Ces courbes de référence sont sexuées et réparties des 3ème, 10ème, 25ème, 50ème, 75ème,<br />

90ème et 97ème percenti<strong>le</strong>s de la distribution. L’IMC est ainsi exprimé en percenti<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong>s courbes :<br />

par exemp<strong>le</strong>, 90 % des enfants se situent au dessous de la courbe correspondant au 90ème centi<strong>le</strong>.<br />

Chez l’enfant, <strong>le</strong>s seuils définissant l’obésité sont généra<strong>le</strong>ment établis à partir de distributions<br />

calculées sur des populations de référence. En France, on par<strong>le</strong>ra :<br />

- d’obésité pour un IMC > ou = 97ème percenti<strong>le</strong>,<br />

- et de surpoids pour un IMC compris entre <strong>le</strong> 90ème et <strong>le</strong> 97ème percenti<strong>le</strong>.<br />

Pour <strong>le</strong>s enfants obèses et donc au dessus du 97ème percenti<strong>le</strong> on obtient une meil<strong>le</strong>ure précision en<br />

utilisant <strong>le</strong> Z-score, qui est la différence entre une va<strong>le</strong>ur individuel<strong>le</strong> et la médiane d’une population<br />

de référence, divisée par l’écart type de la population de référence. L’obésité se définit par un IMC<br />

en Z-score > ou = 2. Ces courbes de 0 à 22 ans ont été insérées dans <strong>le</strong>s carnets de santé des<br />

enfants français à partir de 1995.<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : B. Jouret, M. Tauber (CHU Toulouse) MAJ : 05/01/2006<br />

Les va<strong>le</strong>urs du 97ème percenti<strong>le</strong> de la distribution des enfants français correspondent<br />

approximativement aux va<strong>le</strong>urs du 85ème percenti<strong>le</strong> des enfants nord-américains. La comparaison de<br />

ces deux distributions montre que, bien que basées sur des populations et des rangs de centi<strong>le</strong>s<br />

différents, ce sont <strong>le</strong>s mêmes va<strong>le</strong>urs de l’IMC qui définissent l’obésité dans <strong>le</strong>s deux pays.<br />

L’IMC présente de nombreux avantages :<br />

• il est établi à partir de mesures simp<strong>le</strong>s (poids, tail<strong>le</strong>), recueillies en pratique courante.<br />

Contrairement aux courbes poids/âge, poids/tail<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s courbes de l’IMC prennent<br />

simultanément en compte <strong>le</strong>s trois variab<strong>le</strong>s (poids, tail<strong>le</strong>, âge), constituant de ce fait une<br />

méthode plus précise.<br />

• <strong>le</strong> rebond d’adiposité, déterminé à partir des courbes d’IMC selon l’âge, est un paramètre<br />

qui permet d’estimer <strong>le</strong> risque de survenue de l’obésité. Au cours de la première année de la<br />

vie, l’IMC augmente, puis diminue jusqu’à l’âge de 6 ans. A cet âge, la courbe augmente à<br />

nouveau. Cette remontée de la courbe est appelée rebond d’adiposité. L’âge du rebond<br />

d’adiposité prédit l’obésité à l’âge adulte : plus il est précoce, plus <strong>le</strong> risque de devenir obèse<br />

est é<strong>le</strong>vé.<br />

• la similarité des courbes d’IMC avec <strong>le</strong>s courbes des plis cutanés indique que l’évolution de<br />

l’IMC reflète l’évolution de la masse grasse.<br />

L’IMC présente cependant des limites :<br />

• il n’est pas représentatif de la composition corporel<strong>le</strong>, puisqu’il ne fait pas la part de la masse<br />

grasse et de la masse maigre.<br />

• il est surestimé chez <strong>le</strong>s garçons très musclés.<br />

Une nouvel<strong>le</strong> définition internationa<strong>le</strong> de l’obésité chez l’enfant a été élaborée par l’International<br />

Obesity Task Force (IOTF) Childhood Obesity Working Group (2). El<strong>le</strong> s’appuie sur des courbes de<br />

centi<strong>le</strong>s de l’IMC réalisées à partir de données de six pays. Les seuils sont constitués par <strong>le</strong>s courbes<br />

de percenti<strong>le</strong>s passant par <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs de l’IMC éga<strong>le</strong>s à 25 et 30 kg/m2 à 18 ans, correspondant aux<br />

degrés 1 (surpoids) et degré 2 (obésité) chez l’adulte. Cette méthode a l’avantage de présenter une<br />

continuité entre <strong>le</strong>s définitions de l’obésité de l’enfant et de l’adulte : el<strong>le</strong> utilise <strong>le</strong> même indice (IMC)<br />

et se réfère aux mêmes seuils. De plus, <strong>le</strong> choix de seuils établis à partir des données statistiques<br />

reliant l’IMC aux taux de mortalité, et non à partir d’une distribution établie dans une population, résout<br />

<strong>le</strong> problème du choix des populations de référence ayant des distributions variab<strong>le</strong>s d’un pays à l’autre<br />

et dans <strong>le</strong> temps.<br />

Ces nouvel<strong>le</strong>s références internationa<strong>le</strong>s sont destinées à évaluer et comparer <strong>le</strong>s préva<strong>le</strong>nces de<br />

l’obésité dans différents pays. Néanmoins el<strong>le</strong>s sous évaluent la préva<strong>le</strong>nce de l’obésité et il est<br />

important de continuer à utiliser nos courbes.<br />

Les courbes diffusées par <strong>le</strong> Ministère de la Santé en 2002 incluent <strong>le</strong>s courbes de Rolland-Cachera<br />

qui restent la référence en France et ajoutent en pointillé <strong>le</strong> grade 2 de la courbe IOTF ce qui permet<br />

de chiffrer la gravité de l’obésité ; <strong>le</strong> grade 1 correspond pratiquement au 90ème percenti<strong>le</strong> de la<br />

courbe IOTF (Figure 1. Cf. courbes).<br />

Ainsi :<br />

• L’IMC précise la sévérité de l’obésité.<br />

• La courbe d’IMC évalue la précocité de l’apparition de l’obésité, son évolution et<br />

l’impact éventuel des prises en charge antérieures.<br />

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2 – Interrogatoire<br />

a – Courbes de poids et tail<strong>le</strong> :<br />

Ces courbes doivent être éga<strong>le</strong>ment impérativement tracées car el<strong>le</strong>s permettent de suggérer une<br />

possib<strong>le</strong> cause hormona<strong>le</strong> à l’obésité : cassure de la vitesse de croissance avec prise de poids. Un<br />

enfant avec une obésité commune doit avoir une vitesse de croissance régulière. Une cassure est <strong>le</strong><br />

témoin d’un dysfonctionnement hormonal.<br />

Une cassure statura<strong>le</strong> précoce <strong>le</strong>s deux premières années de vie avec éventuel<strong>le</strong>ment une<br />

hypotrophie précoce précédant l’installation de l’obésité peut évoquer une obésité syndromique.<br />

b – Les antécédents familiaux :<br />

Il doit être noté :<br />

• <strong>le</strong> poids et l’IMC des parents : de nombreuses études ont montré que <strong>le</strong>s enfants dont <strong>le</strong>s<br />

parents sont obèses ont un risque plus important de devenir obèses et de rester obèses à<br />

l’âge adulte.<br />

• <strong>le</strong>s antécédents de diabète non insulinodépendant (DNID) : un antécédent au 1er degré<br />

augmente <strong>le</strong> risque considérab<strong>le</strong>ment.<br />

• l’origine ethnique est importante à noter car certaines populations sont plus exposées (<strong>le</strong>s<br />

populations noires sont 3 fois plus atteintes que <strong>le</strong>s caucasiens) et certaines minorités<br />

ethniques sont fortement représentées (indiens natifs, hispaniques, originaires des caraïbes,<br />

du Pacifique Sud, aborigènes d’Australie). L’augmentation de l’incidence atteint aussi <strong>le</strong>s<br />

caucasiens et <strong>le</strong>s asiatiques.<br />

• <strong>le</strong>s antécédents de maladies cardio-vasculaires (infarctus, accident vasculaire cérébral,<br />

d’autant qu’ils surviennent chez des sujets jeunes de moins de 50 ans, HTA, artérite,<br />

hypercho<strong>le</strong>stérolémie familia<strong>le</strong>).<br />

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c – <strong>le</strong>s antécédents personnels :<br />

On note <strong>le</strong> poids de naissance, la tail<strong>le</strong> de naissance par rapport à l’âge gestationnel.<br />

• Le poids de naissance : Il est positivement associé à l’IMC à l’âge adulte, par contre un poids<br />

de naissance faib<strong>le</strong> est associé à une augmentation du risque de mortalité cardio-vasculaire.<br />

• Les pathologies associées : maladies chroniques (maladies de système, rhumatologique,<br />

hématologique ….) nécessitant un traitement particulier (corticothérapie, chimiothérapie, etc<br />

…)<br />

• La comorbidité qui correspond aux pathologies associées à l’obésité.<br />

On recherche des antécédents d’hypotonie néonata<strong>le</strong>, un retard psychomoteur, des troub<strong>le</strong>s<br />

d’apprentissage, l’existence de pathologie particulière (épi<strong>le</strong>psie), de troub<strong>le</strong>s neurosensoriels<br />

(visuels, auditifs), de troub<strong>le</strong>s d’apprentissage et du langage, de troub<strong>le</strong>s du comportement pouvant<br />

évoquer une obésité syndromique.<br />

d – <strong>le</strong>s facteurs d’environnement :<br />

• niveau socio-économique : niveau social et niveau d’étude des parents. Dans de nombreuses<br />

études chez l’adulte, on retrouve une relation inverse entre <strong>le</strong> pourcentage d’obèses et <strong>le</strong>s<br />

catégories socio-économiques. Cette relation semb<strong>le</strong> moins claire chez l’enfant.<br />

• environnement géographique. On précise si l’enfant vit à la campagne ou en vil<strong>le</strong><br />

essentiel<strong>le</strong>ment pour préciser l’éloignement par rapport à l’éco<strong>le</strong>, à des activités de loisir et<br />

des activités sportives.<br />

• pays d’origine : il est à préciser d’une part parce qu’il existe une différence de préva<strong>le</strong>nce et<br />

d’autre part pour connaître <strong>le</strong>s cultures familia<strong>le</strong>s spécifiques.<br />

• <strong>le</strong> statut familial : il est important de connaître si <strong>le</strong>s parents vivent en coup<strong>le</strong>, si la mère est<br />

une mère célibataire ou s’ils sont divorcés ; si l’entente entre <strong>le</strong>s parents divorcés est bonne,<br />

qui s’occupe de l’enfant hors de l’éco<strong>le</strong>.<br />

• l’environnement scolaire : la scolarité est-el<strong>le</strong> norma<strong>le</strong> ? l’enfant a-t-il redoublé ? est-il dans<br />

une classe aménagée ? A-t-il une prise en charge aménagée ? A-t-il une prise en charge<br />

particulière : orthophonie, psychomotricité ?<br />

e – L’activité physique :<br />

• hygiène de vie et sédentarité :<br />

Utilise-t-il un moyen de transport pour al<strong>le</strong>r à l’éco<strong>le</strong> ou y va-t-il à pied, en vélo<br />

(préciser temps en minutes)<br />

Quel est <strong>le</strong> nombre d’heures passées devant la TV, l’ordinateur ?<br />

Quel<strong>le</strong> est son hygiène de vie : prend-il plutôt <strong>le</strong>s escaliers ou l’ascenseur, est-ce un<br />

enfant actif ou très sédentaire ?<br />

• l’activité physique structurée<br />

Pratique-t-il une activité physique régulière et laquel<strong>le</strong> : préciser nombre<br />

d’heures/semaine<br />

Le pratique-t-il dans <strong>le</strong> cadre d’un club ou avec l’UNSS à l’éco<strong>le</strong> ?<br />

Est-ce de la compétition ?<br />

• L’activité physique en famil<strong>le</strong><br />

Les parents ont-ils l’habitude tous <strong>le</strong>s week-end ou pendant <strong>le</strong>s vacances de pratiquer<br />

en famil<strong>le</strong> une activité physique structurée ?<br />

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f – L’alimentation :<br />

Il faut évaluer l’alimentation d’une part en recherchant <strong>le</strong>s grosses erreurs, et d’autre part analyser de<br />

façon simp<strong>le</strong> l’apport qualitatif et quantitatif. Une enquête diététique poussée n’est pas généra<strong>le</strong>ment<br />

uti<strong>le</strong>.<br />

<strong>le</strong>s grosses erreurs :<br />

• petit déjeuner absent ou insuffisant<br />

• goûter excessif en quantité ou en nombre<br />

• grignotage entre <strong>le</strong>s repas<br />

• consommation régulière de boissons sucrées<br />

• se ressert-il à tab<strong>le</strong> fréquemment ?<br />

On repère des troub<strong>le</strong>s du comportement alimentaire : boulimie ? tendance compulsive ?<br />

<strong>le</strong>s erreurs qualitatives :<br />

• Consomme-t-il des fruits et légumes ?<br />

• Est-il plutôt attiré par <strong>le</strong> salé ou <strong>le</strong> sucré ?<br />

• Consomme-t-il des aliments à forte densité calorique de manière régulière ?<br />

L’alimentation des enfants obèses est assez stéréotypée. Leur alimentation est hyperprotidique,<br />

hyperlipidique, normo ou hypoglucidique pour <strong>le</strong>s glucides comp<strong>le</strong>xes mais hyperglucidique pour <strong>le</strong>s<br />

glucides simp<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> est pauvre en fibres (très faib<strong>le</strong> consommation de fruits et légumes)<br />

g – L’enfant lui-même :<br />

Il faut rechercher s’il existe :<br />

• une motivation<br />

• quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s raisons de sa motivation<br />

• comment se présente l’enfant sur <strong>le</strong> plan psychologique<br />

Le stress joue aussi un rô<strong>le</strong> considérab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> développement de l’obésité même si <strong>le</strong>s études qui<br />

lui sont consacrées sont peu nombreuses.<br />

3 – Examen physique<br />

On note l’âge chronologique (exprimé en années et mois) par rapport à la date de l’examen.<br />

On reporte <strong>le</strong> poids, la tail<strong>le</strong>, l’IMC du jour de l’examen sur <strong>le</strong>s courbes de référence.<br />

On examine l’enfant :<br />

L’aspect général<br />

Est-il plutôt musclé et charpenté, ou plutôt gras et peu musclé ?<br />

Sur <strong>le</strong> plan orthopédique, présente-t-il un genu-valgum, une hyperlordose ?<br />

A-t-il des mains et des pieds de petite tail<strong>le</strong> (acromicrie) ou des anomalies osseuses<br />

(brachymétatarsie/brachymétacarpie), ces signes orientant vers une obésité syndromique.<br />

Sur <strong>le</strong> plan cutané : on recherche des ecchymoses fréquentes, un acanthosis nigricans (qui est un<br />

facteur de risque d’insulino-résistance), des mycoses, d’autres lésions au niveau des plis (s’il s’agit<br />

d’une obésité sévère), la présence de vergetures qui témoignent d’une fragilité de la peau ou qui<br />

peuvent éventuel<strong>le</strong>ment orienter vers l’existence d’un hypercorticisme.<br />

Chez la fil<strong>le</strong>, l’existence d’un hirsutisme peut orienter vers un syndrome des ovaires polykystiques.<br />

L’analyse de la peau et des phanères à la recherche d’une hypomélanodermie et/ou de lésions de<br />

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grattage peuvent être en faveur d’une obésité syndromique.<br />

L’existence de taches cutanées café au lait peut orienter vers une pathologie particulière.<br />

Le stade pubertaire est évalué selon <strong>le</strong>s stades de Tanner (de 1 à 4).<br />

On demande au moins une fois l’âge osseux chez l’enfant âgé de plus de 7 ans car c’est un marqueur<br />

de maturation osseuse et cel<strong>le</strong>-ci est souvent en avance chez l’enfant obèse.<br />

Une hypoplasie des organes génitaux externes chez <strong>le</strong> garçon peut orienter vers une obésité<br />

syndromique.<br />

Le tour de tail<strong>le</strong> (exprimé en cm) doit être mesuré à mi-hauteur entre <strong>le</strong> bord inférieur du rebord costal<br />

et <strong>le</strong> bord supérieur de la crête iliaque. Un tour de tail<strong>le</strong> augmenté est associé généra<strong>le</strong>ment à une<br />

augmentation de la masse grasse viscéra<strong>le</strong> qui est un facteur de risque cardiovasculaire.<br />

Le rapport tail<strong>le</strong>/hanche peut être calculé en mesurant <strong>le</strong> tour de hanche au niveau des grands<br />

trochanters.<br />

Les plis cutanés. La mesure des plis cutanés en différents sites (sous scapulaire, tricipital, bicipital,<br />

supra-iliaque) permet <strong>le</strong> calcul de la masse grasse mais est peu reproductib<strong>le</strong> si el<strong>le</strong> n’est pas faite par<br />

<strong>le</strong> même opérateur.<br />

La tension artériel<strong>le</strong> avec un brassard adapté (2/3 du bras) et si possib<strong>le</strong> avec une méthode<br />

automatisée (dynamap) doit être mesurée systématiquement.<br />

B – HYPOTHESES DIAGNOSTIQUES<br />

L’obésité commune est un diagnostic d’élimination.<br />

On doit pouvoir éliminer faci<strong>le</strong>ment une obésité d’origine endocrinienne et une obésité d’origine<br />

génétique.<br />

1 – Les obésités d’origine endocrinienne<br />

1.1 une cassure de la vitesse de croissance avec prise de poids doit faire suspecter :<br />

• Une hypothyroïdie<br />

Il s’agit <strong>le</strong> plus souvent d’une thyroïdite. Il faut rechercher :<br />

• <strong>le</strong>s signes cliniques l’évoquant : frilosité, perte de cheveux, ong<strong>le</strong>s cassants, asthénie et prise<br />

de poids inexpliquée, et si c’est une ado<strong>le</strong>scente, troub<strong>le</strong> des règ<strong>le</strong>s<br />

• la palpation de la thyroïde peut retrouver une glande hétérogène, augmentée de volume<br />

• <strong>le</strong> diagnostic sera porté par un bilan biologique avec :<br />

dosage de la T4 libre, de la TSH ± TRH dans <strong>le</strong> cas d’une hypothyroïdie partiel<strong>le</strong>ment<br />

compensée. La TSH sera é<strong>le</strong>vée et la T4 libre abaissée.<br />

dosage des anticorps (AC) antithyroïdiens (AC anti TPO, anti thyroglobuline) et<br />

échographie thyroïdienne qui retrouve <strong>le</strong> plus souvent une glande hétérogène.<br />

• Un syndrome de Cushing<br />

Les signes cliniques sont une prise de poids inexpliquée, un faciès lunaire avec<br />

répartition faciotronculaire des graisses, des vergetures pourpres. Le diagnostic positif<br />

est basé sur <strong>le</strong> cortisol libre urinaire augmenté et une absence de freination au test au<br />

dectancyl.<br />

Le diagnostic étiologique est orienté par <strong>le</strong> test fort de freination au dectancyl qui<br />

évoque une origine hypophysaire ou surrénalienne, et guide <strong>le</strong>s examens<br />

radiologiques (scanner ou IRM surrénalien, IRM hypophysaire).<br />

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• Un déficit en GH<br />

L’enfant a une tendance à la prise pondéra<strong>le</strong> surtout au niveau abdominal avec<br />

insuffisance statura<strong>le</strong>. Le diagnostic positif sera établi par deux tests de stimulation de<br />

l’hormone de croissance déficitaire (< 20 mU/L et une IGF-I abaissée). Une IRM<br />

hypothalamohypophysaire sera réalisée afin de visualiser la morphologie de<br />

l’hypophyse et son volume et éga<strong>le</strong>ment d’éliminer une tumeur cérébra<strong>le</strong>.<br />

une prise de poids très importante et inexpliquée sans accélération de la vitesse de<br />

croissance avec absence de satiété et troub<strong>le</strong> du comportement doit faire évoquer un<br />

syndrome hypothalamique et faire rechercher une tumeur hypothalamique. Une IRM<br />

cérébra<strong>le</strong> et hypophysaire sera alors réalisée.<br />

1.2 Une accélération de la vitesse de croissance avec des signes de puberté et un âge osseux en<br />

avance fait évoquer une puberté avancée. Un test au LHRH avec échographie pelvienne permet de<br />

décider de la nécessité de mise en route d’un traitement de freination pubertaire<br />

1.3 Chez la jeune fil<strong>le</strong> un hirsutisme avec acné et troub<strong>le</strong> des règ<strong>le</strong>s fait évoquer un syndrome<br />

des ovaires polykystiques. Un test au synacthène met en évidence une DHA et une testostérone<br />

é<strong>le</strong>vée et l’échographie pelvienne confirme l’existence de gros ovaires polykystiques.<br />

2 – Les obésités d’origine génétique<br />

On distingue <strong>le</strong>s obésités syndromiques (tab<strong>le</strong>au 1) et <strong>le</strong>s obésités monogéniques.<br />

TABLEAU 1 : Obésités syndromiques<br />

Syndrome Anomalies associées Transmission Gène ou localisation<br />

chromosomique<br />

Prader-Willi Hypotonie néonata<strong>le</strong> Le plus souvent 15q11-q13<br />

Petite tail<strong>le</strong><br />

sporadique<br />

SNRPN<br />

Difficulté d’apprentissage (empreinte génomique) Necdine<br />

Troub<strong>le</strong>s du<br />

Microdélétion ou<br />

comportement<br />

disomie maternel<strong>le</strong> ou<br />

Hypogonadisme<br />

mutation d’empreinte<br />

Ostéodystrophie d’Albright Anomalies facia<strong>le</strong>s Autosomique<br />

Gène GNAS1<br />

(ODA) ou<br />

Brachymétacarpie et dominante<br />

20q13<br />

pseudohypoparathyroïdie métatarsie<br />

(empreinte génomique) Certaines formes<br />

(PHPT) type IA<br />

Retard psychomoteur<br />

chromosome 2<br />

WAGR Tumeur de Wilms Autosomique<br />

11p13<br />

Aniridie<br />

Anomalies Génita<strong>le</strong>s<br />

Retard mental<br />

dominante<br />

microdélétion<br />

MOMO Macrocéphalie<br />

Macrosomie<br />

Colobome rétinien<br />

Sporadique Non déterminé<br />

Bardet-Biedl Retard mental<br />

Autosomique<br />

6 loci<br />

Retinite pigmentaire<br />

Polydactylie<br />

Hypogonadisme<br />

Récessive<br />

Cohen Hypotonie musculaire Autosomique<br />

8q22-q23<br />

Retard mental<br />

Anomalies facia<strong>le</strong>s<br />

Récessive<br />

Alström Rétinite pigmentaire Autosomique<br />

2p14-p13<br />

Surdité<br />

Diabète<br />

récessive<br />

Borjeson-Forssman- Retard mental sévère De type récessif lié à l’X Xq26-q27<br />

Lehmann<br />

Hypotonie<br />

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Microcéphalie<br />

Dysmorphie facia<strong>le</strong><br />

Hypogénitalisme<br />

X fragi<strong>le</strong> Retard mental<br />

Grande tail<strong>le</strong><br />

Macrogénitosomie<br />

De type récessif lié à l’X Biologie moléculaire à la<br />

Sporadique<br />

recherche d ‘X fragi<strong>le</strong><br />

Rem : <strong>le</strong>s syndromes en b<strong>le</strong>u ne sont pas à mémoriser dans <strong>le</strong> cadre du deuxième cyc<strong>le</strong><br />

Un second groupe d’obésité génétique comporte <strong>le</strong>s cas pour <strong>le</strong>squels la nature des gènes impliqués<br />

a été déterminée sur la base d’anomalies endocriniennes associées (4) (tab<strong>le</strong>au 2)<br />

TABLEAU 2 : Obésités monogéniques<br />

Gène Rô<strong>le</strong> du produit du gène Symptômes associés à<br />

l’obésité<br />

LEP (<strong>le</strong>ptine)<br />

Défaut de signalisation au cerveau Hypogonadisme<br />

de la masse adipeuse<br />

LEPR (Récepteur de la <strong>le</strong>ptine) Défaut de signalisation au cerveau<br />

de la masse adipeuse<br />

POMC (Pro-opiomelanocortine) Absence de précurseurs de<br />

l’ACTH, de l’aMSH et la<br />

PCSK1 (Proteine convertase<br />

subtilisin/kexin type 1)<br />

bendorphine<br />

Hypogonadisme<br />

Insuffisance corticotrope<br />

Cheveux roux<br />

Défaut de maturation de POMC Hyperproinsulinémie<br />

Hypocortisolisme<br />

Hypogonadisme<br />

Ces obésités sont sévères et débutent dans l’enfance. El<strong>le</strong>s sont exceptionnel<strong>le</strong>s et toutes récessives.<br />

Une des caractéristiques des gènes mutés dans ces obésités est <strong>le</strong>ur implication dans <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong><br />

pondéral par la <strong>le</strong>ptine. La découverte de ces mutations a donc aussi permis de démontrer<br />

l’importance de cette hormone et de ces neuromédiateurs dans la régulation de l’homéostasie<br />

énergétique chez l’homme.<br />

Enfin, plus récemment, des mutations dans <strong>le</strong> récepteur de type 4 de la mélanocortine (MC4-R) ont<br />

été identifiées comme causant une obésité commune débutant dans l’enfance. Ces mutations sont<br />

retrouvées dans 2 à 5 % des enfants obèses et constitueraient la cause génétique la plus fréquente<br />

d’obésité commune.<br />

C – LES STRATEGIES D’INVESTIGATION<br />

Les stratégies d’investigation sont différentes en fonction du contexte s’il existe :<br />

• un contexte endocrinien : il faut faire un bilan hormonal orienté (cf. paragraphe B)<br />

• un contexte avec risque de diabète : s’il existe des signes d’insulino-résistance<br />

(acanthosis nigricans à l’examen clinique) ou des antécédents de DNID dans la famil<strong>le</strong>, un<br />

RCIU ou des signes d’hyperandrogénie, il faut réaliser selon <strong>le</strong>s recommandations de la<br />

société américaine de diabétologie (ADA-2000) une hyperglycémie provoquée (HGPO) ou au<br />

moins un dosage de glycémie et insulinémie à jeun. Seu<strong>le</strong> l’HGPO permet de définir<br />

l’intolérance au glucose, la glycémie à jeun permet de définir l’hyperglycémie modérée (> 1,1<br />

g/l) ou <strong>le</strong> diabète (> 1,26 g /l).On recommande éga<strong>le</strong>ment un dosage du fractionnement des<br />

lipoprotéines.<br />

• un contexte avec augmentation du risque vasculaire : il existe des antécédents familiaux<br />

cardio-vasculaires, l’enfant présente une adiposité abdomina<strong>le</strong>, des antécédents de retard de<br />

croissance intra-utérin (RCIU c’est-à-dire tail<strong>le</strong> et/ou poids de naissance inférieur à – 2 DS) .<br />

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Une glycémie et insulinémie à jeun ainsi qu’un bilan lipidique comp<strong>le</strong>t avec fractionnement<br />

des lipoprotéines doivent être faits.<br />

• un contexte avec complications : rares chez l’enfant et retrouvées surtout dans <strong>le</strong>s formes<br />

sévères<br />

On recherche :<br />

- un syndrome d’apnée du sommeil (SAS) en effectuant une polysomnographie nocturne<br />

- des perturbations du bilan hépatique (TGO, TGP é<strong>le</strong>vés) avec stéatose<br />

- des signes fonctionnels respiratoires avec dyspnée : il faut réaliser une spirométrie et un test<br />

d’aptitude à l’effort avec mesure indirecte de la VO2 maximum afin de proposer et mettre en<br />

place un réentraînement progressif et adapté à l’effort.<br />

• un contexte de troub<strong>le</strong>s psychologiques sévères : une consultation avec un pédopsychiatre ou<br />

psychologue doit être réalisée d’emblée pour juger de la nécessité d’un suivi<br />

psychothérapique.<br />

• un contexte de résistance à l’amaigrissement : malgré plusieurs prises en charge adaptées,<br />

l’enfant perd peu de poids. Une calorimétrie indirecte évalue la dépense énergétique de<br />

repos.<br />

En pratique, un enfant présentant une obésité commune doit avoir un bilan à minima comprenant :<br />

- Un âge osseux si l’enfant est âgé de plus de 7 ans<br />

- Une glycémie à jeun ± insulinémie ou HGPO<br />

- Un bilan lipidique de base (cho<strong>le</strong>stérol, triglycéride)<br />

- Une TSH, T4 libre<br />

D – MECANISMES PHYSIOPATHOLOGIQUES<br />

La <strong>le</strong>ptine est <strong>le</strong> chef d’orchestre responsab<strong>le</strong> de la régulation de la satiété, et agirait<br />

schématiquement par 4 voies principa<strong>le</strong>s favorisant <strong>le</strong>s voies anorexigènes au détriment des voies<br />

orexigènes et aboutissant aux effecteurs de la prise alimentaire :<br />

E – DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE<br />

L’obésité commune représente 95 % des obésités, <strong>le</strong>s obésités hormona<strong>le</strong>s environ 3 % et <strong>le</strong>s<br />

obésités syndromiques ou monogéniques environ 2 %.<br />

L’obésité commune est une affection multifactoriel<strong>le</strong> résultant de l’expression d’une susceptibilité<br />

génétique sous l’influence de facteurs environnementaux. La préva<strong>le</strong>nce de l’obésité chez l’enfant<br />

augmente fortement dans de nombreux pays industrialisés et même ceux en voie d’industrialisation.<br />

F – CONSEQUENCES ET COMPLICATIONS DE L’OBESITE INFANTILE<br />

Les conséquences de l’obésité infanti<strong>le</strong> sont de trois ordres : d’une part <strong>le</strong> risque de persistance de<br />

l’obésité à l’âge adulte, puis <strong>le</strong>s conséquences à court terme sur la santé de l’enfant ou de<br />

l’ado<strong>le</strong>scent, et enfin <strong>le</strong>s risques à long terme chez l’adulte.<br />

1 – Persistance de l’obésité à l’âge adulte<br />

Les différentes études publiées montrent qu’un enfant obèse a 2 à 6 fois plus de chance qu’un enfant<br />

normal d’être obèse à l’âge adulte. Selon ces études, la probabilité qu’un enfant obèse <strong>le</strong> reste à l’âge<br />

adulte varie de 40 à 65 %.<br />

Ce risque est d’autant plus grand que l’obésité est majeure et d’apparition précoce (ou que l’on<br />

observe un rebond d’adiposité précoce sur <strong>le</strong>s courbes de BMI).<br />

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L’hérédité intervient éga<strong>le</strong>ment, puisque, non seu<strong>le</strong>ment des parents obèses ont plus de risques que<br />

des parents minces d’avoir un enfant obèse, mais l’obésité parenta<strong>le</strong> accroît aussi fortement <strong>le</strong> risque<br />

de persistance de l’obésité à l’âge adulte.<br />

L ’âge, enfin, joue un rô<strong>le</strong> : plus l’obésité persiste tard dans l’enfance, en particulier jusqu’à<br />

l’ado<strong>le</strong>scence, plus <strong>le</strong> risque d’obésité à l’âge adulte augmente. Ainsi, 20 à 50 % des enfants obèses<br />

avant la puberté, contre 50 à 70 % des enfants obèses après la puberté, <strong>le</strong> restent à l’âge adulte.<br />

On peut ajouter que chez <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s, mais pas chez <strong>le</strong>s garçons, la classe socia<strong>le</strong> basse des parents<br />

augmente <strong>le</strong> risque d’obésité adulte et donc, probab<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> risque de persistance d’une obésité<br />

constituée dans l’enfance.<br />

2 – Conséquences à court terme sur la santé de l’enfant ou de l’ado<strong>le</strong>scent<br />

a. Les complications graves (cardiomyopathies, pancréatites, troub<strong>le</strong>s respiratoires sévères) de<br />

l’obésité dans l’enfance ou dans l’ado<strong>le</strong>scence sont rares et en général sont liées à des obésités<br />

majeures. Toutefois on a pu retrouver des lésions artériel<strong>le</strong>s précoces et si<strong>le</strong>ncieuses chez l’enfant<br />

obèse qui pourraient expliquer <strong>le</strong>s complications cardio-vasculaires à long terme.<br />

b. L’obésité infanti<strong>le</strong> prédispose aux facteurs de risques cardiovasculaires dès l’enfance, et ce<br />

d’autant plus qu’il existe des antécédents familiaux.<br />

- L’HTA est trois fois plus fréquente chez <strong>le</strong>s enfants obèses et ceci est majoré en cas d’antécédents<br />

familiaux.<br />

- Comme chez l’adulte, il est possib<strong>le</strong> que certaines anomalies métaboliques soient corrélées plus<br />

fortement à l’adiposité viscéra<strong>le</strong>. Cette prédisposition aux pathologies cardiovasculaires comprend<br />

outre l’obésité abdomina<strong>le</strong>, l’HTA, la perturbation du bilan lipidique, c’est-à-dire augmentation du LDL<br />

cho<strong>le</strong>stérol, diminution du HDL cho<strong>le</strong>stérol, hypertriglycéridémie et l’insulinorésistance réalisant <strong>le</strong><br />

syndrome X.<br />

- L’insulinorésistance : on peut rencontrer un hyperinsulinisme chez l’enfant obèse, d’autant plus<br />

qu’il existe des antécédents familiaux. En effet, la surcharge pondéra<strong>le</strong>, en particulier abdomina<strong>le</strong>,<br />

associée à une inactivité, entraînent une résistance à l’insuline et un hyperinsulinisme. Ceci constitue<br />

un facteur de risque de diabète de type 2, qui peut apparaître dès l’ado<strong>le</strong>scence, comme cela a été<br />

décrit dans une population américaine. Cette étude a montré que l’augmentation de l’incidence de<br />

l’obésité s’accompagne d’une augmentation de l’incidence du diabète de type 2 chez l’ado<strong>le</strong>scent (el<strong>le</strong><br />

a été multipliée par 10 entre 1982 et 1994). Le risque d’apparition précoce de ce type de diabète est<br />

d’autant plus grand qu’il existe des antécédents familiaux.<br />

c. On peut éga<strong>le</strong>ment observer des stéatoses hépatiques et des lithiases biliaires.<br />

d. Chez l’ado<strong>le</strong>scente obèse, des anomalies endocriniennes, sont plus fréquemment retrouvées tels<br />

un syndrome des ovaires polykystiques.<br />

e. Certaines obésités importantes sont associées à des complications orthopédiques (genu valgum,<br />

épiphysiolyse de la tête fémora<strong>le</strong>, scolioses, entorses à répétition).<br />

f. Les conséquences immédiates de l’obésité chez l’enfant et l’ado<strong>le</strong>scent sont souvent d’ordre<br />

psychosocial, avec en particulier une mauvaise estime de soi, une diminution des performances<br />

scolaires et un rejet social dès <strong>le</strong> plus jeune âge et avec une amplification à l’ado<strong>le</strong>scence.<br />

3 – Risques à long terme chez l’adulte<br />

Les conséquences à l’âge adulte de l’existence d’une obésité apparue dans l’enfance ou<br />

l’ado<strong>le</strong>scence concernent la mortalité, la morbidité, et <strong>le</strong> devenir social.<br />

a. Six grandes études sont concordantes pour conclure que l’obésité dans l’enfance est associée à<br />

une augmentation du risque de mortalité à l’âge adulte de 50 à 80 %, et ce malgré différentes<br />

méthodologies. Trois études sur quatre montrent que <strong>le</strong> risque est plus important chez <strong>le</strong> garçon que<br />

chez la fil<strong>le</strong>.<br />

Peu d’études par<strong>le</strong>nt des risques pour <strong>le</strong>s enfants obèses de développer en excès certaines<br />

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pathologies à l’âge adulte du fait de la nécessité d’un suivi de cohorte prolongé sur plusieurs années<br />

et une étude retrouve que <strong>le</strong> risque de cancer colique est augmenté chez <strong>le</strong>s hommes âgés qui<br />

étaient en surpoids à l’ado<strong>le</strong>scence.<br />

b. Dans <strong>le</strong>s deux sexes, une morbidité accrue par pathologie cardiovasculaire est retrouvée. Une<br />

étude portant sur la préva<strong>le</strong>nce du syndrome métabolique chez l’adulte a suggéré qu’une obésité<br />

remontant à l’enfance était plus délétère qu’une obésité constituée à l’âge adulte.<br />

c. Paradoxa<strong>le</strong>ment, il apparaît, à la lumière de plusieurs études épidémiologiques, que l’obésité de<br />

l’enfant constitue un facteur de risque indépendant de maladies cardiovasculaires ultérieures. En<br />

d’autres termes, l’obésité de l’enfant constitue à el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong>, même après amaigrissement un facteur de<br />

risque de morbidité cardiovasculaire à l’âge adulte.<br />

d. Deux autres études se sont intéressées aux pathologies spécifiquement féminines : <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s des<br />

règ<strong>le</strong>s et l’hypertension gestationnel<strong>le</strong> étaient plus fréquents chez <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s qui avaient été obèses<br />

dans l’enfance que chez <strong>le</strong>s autres. A l’inverse, une obésité à l’ado<strong>le</strong>scence était associée<br />

négativement avec <strong>le</strong> risque du cancer du sein avant la ménopause.<br />

II – ATTITUDE THERAPEUTIQUE ET SUIVI DU PATIENT<br />

A – HISTOIRE NATURELLE ET ORIGINE<br />

L’obésité résulte d’un déséquilibre entre <strong>le</strong>s apports et <strong>le</strong>s dépenses d’énergie, aboutissant à une<br />

inflation des réserves adipeuses (4).<br />

1 – Le bilan énergétique<br />

Les réserves énergétiques, qui sont représentées pour l’essentiel par <strong>le</strong>s réserves adipeuses,<br />

c’est-à-dire par la masse grasse sont l’objet d’une régulation :<br />

- maintenant <strong>le</strong> niveau des réserves autour d’une va<strong>le</strong>ur de référence<br />

- impliquant des mécanismes comp<strong>le</strong>xes (cellulaires, neuro-hormonaux, métaboliques)<br />

- résultant de l’ajustement des apports et des dépenses énergétiques et d’une relative stabilité des<br />

capacités de stockage (nombre et tail<strong>le</strong> des cellu<strong>le</strong>s adipeuses).<br />

La dépense énergétique tota<strong>le</strong> (DET) :<br />

- est de l’ordre de 25 à 30 cal/kg/j chez la femme et de 30 à 35 cal/kg/j chez l’homme sédentaire<br />

- a trois composantes : la dépense énergétique de repos (DER : environ 60 % de la DET),<br />

la thermogénèse induite par l’alimentation (environ 10 %)<br />

l’activité physique (environ 30 %, plus en cas d’activité importante)<br />

- est caractérisée par des variations inter individuel<strong>le</strong>s, génétiques et acquises (fonction de l’activité<br />

physique, de l’âge, de la situation hormona<strong>le</strong>).<br />

- dépend essentiel<strong>le</strong>ment de la masse maigre : plus la corpu<strong>le</strong>nce est é<strong>le</strong>vée, plus la masse maigre<br />

est éga<strong>le</strong>ment é<strong>le</strong>vée, plus la dépense énergétique augmente. Contrairement à une idée reçue qui<br />

voudrait que <strong>le</strong>s sujets obèses aient une masse maigre diminuée, cel<strong>le</strong>-ci augmente en fonction de la<br />

corpu<strong>le</strong>nce : un sujet obèse dépense donc plus d’énergie qu’un sujet non obèse, de même tail<strong>le</strong>.<br />

Le système régulant <strong>le</strong>s réserves d’énergie est beaucoup mieux adapté à la correction des déficits<br />

qu’à cel<strong>le</strong> des excès d’apports énergétiques. Cette capacité d’accumu<strong>le</strong>r des réserves est sans doute<br />

un avantage pour la survie en période de disette mais devient un inconvénient en période<br />

d’abondance (C’est cette hypothèse dite génotype d’épargne « thrifty genotype » qui rend compte des<br />

risques d’obésité ultérieure chez <strong>le</strong>s enfants nés avec un RCIU).<br />

- l’homme se « défend » mal contre <strong>le</strong>s conséquences d’un excès d’apport<br />

- <strong>le</strong>s capacités limitées d’adaptation à la suralimentation ne permettent pas de compenser un excès<br />

d’apport durab<strong>le</strong><br />

- la sédentarité aggrave ce phénomène. On comprend dès lors que <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> des apports<br />

alimentaires soit un élément central de la prévention et du traitement de l’excès de masse grasse.<br />

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2 – Histoire naturel<strong>le</strong> de l’obésité<br />

El<strong>le</strong> passe successivement par :<br />

- une phase dynamique, au cours de laquel<strong>le</strong> l’obésité se constitue, ce qui traduit un bilan énergétique<br />

positif (4).<br />

- une phase dite statique où <strong>le</strong> sujet, devenu obèse, maintient son poids en plateau tant qu’il ne réduit<br />

pas ses apports énergétiques. Lors de cette phase où <strong>le</strong> poids se stabilise à un niveau excessif, <strong>le</strong><br />

bilan d’énergie est de nouveau équilibré. Ultérieurement, en l’absence de traitement, la tendance<br />

spontanée est à l’aggravation progressive sur des années.<br />

B – STRATEGIE THERAPEUTIQUE EN FONCTION DES OBJECTIFS<br />

POURSUIVIS<br />

Il n’y a pas encore de consensus ou de recommandations de pratiques en ce qui concerne<br />

spécifiquement l’obésité de l’enfant. Néanmoins certains points sont globa<strong>le</strong>ment acceptés par la<br />

majorité des médecins impliqués.<br />

1 – Objectifs thérapeutiques<br />

La prise en charge de l’enfant obèse est différente en fonction :<br />

• de l’âge de l’enfant et de son potentiel de croissance<br />

• de la sévérité de l’obésité<br />

• de l’environnement<br />

Les objectifs « globaux » sont au nombre de quatre :<br />

1. stabilisation de l’IMC<br />

2. modification de l’alimentation et de l’hygiène de vie<br />

3. augmentation de l’activité physique<br />

4. connaissance de la physiopathologie de l’obésité<br />

De façon schématique, trois situations peuvent être individualisées :<br />

1 - l’enfant est prépubère (âgé de plus de 4 ans)<br />

- obésité de grade 1 : on lui demande de stabiliser son poids, ce qui nécessite une participation active<br />

car la tendance spontanée est à l’augmentation. Avec l’évolution de sa croissance il entrera<br />

progressivement dans un couloir d’IMC normal.<br />

- obésité de grade 2, il doit perdre du poids pour atteindre progressivement un IMC normal.<br />

2 – c’est un ado<strong>le</strong>scent<br />

- obésité de grade 1 : il doit perdre du poids avec une cinétique plus <strong>le</strong>nte que l’ado<strong>le</strong>scent ayant<br />

une obésité de grade 2, mais il est important qu’il se situe assez rapidement dans un IMC normal<br />

- obésité de grade 2 : on peut <strong>le</strong> considérer comme un adulte et une perte de 10 à 15 % de son poids<br />

initial peut suffire à entraîner des bénéfices significatifs pour sa santé. Il ne faut donc pas vouloir<br />

l’amener d’emblée à un IMC normal. Il vaut mieux arriver à ce qu’il maintienne un poids, stab<strong>le</strong> de 10<br />

à 15 % inférieur à son poids initial et on jugera en cours d’évolution des possibilités.<br />

3 – c’est un enfant très jeune de moins de 4 ans<br />

- ses parents ne sont pas obèses : il faut rechercher <strong>le</strong>s erreurs alimentaires, ne pas stigmatiser<br />

l’enfant mais <strong>le</strong> surveil<strong>le</strong>r régulièrement en consultation ambulatoire (1 fois/3 mois)<br />

- l’un au moins des parents est obèse : <strong>le</strong> risque que cette obésité se pérennise et s’aggrave est<br />

important. Il faut s’en occuper activement avec comme objectif de normaliser l’IMC dans <strong>le</strong>s 2 ans.<br />

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2 – Stratégies thérapeutiques<br />

La prise en charge doit être multidisciplinaire globa<strong>le</strong> et concertée, et dans la mesure du possib<strong>le</strong><br />

de proximité et rapprochée prenant en compte l’enfant et sa famil<strong>le</strong>. Le suivi doit être suffisamment<br />

long sur plusieurs années pour consolider l’amaigrissement. On s’appuie sur l’éducation thérapeutique<br />

spécifique sous différentes formes :<br />

Les acteurs de cette prise en charge sont variés et peuvent être différents en fonction de chaque<br />

enfant et de sa famil<strong>le</strong> :<br />

- <strong>le</strong> médecin traitant qui a un rô<strong>le</strong> essentiel, centralise et synthétise toutes <strong>le</strong>s informations mais est<br />

aussi <strong>le</strong> coordonnateur ; c’est lui qui adresse l’enfant aux autres acteurs de la prise en charge :<br />

- un médecin du sport si l’enfant présente une obésité morbide et a besoin d’un réentrainement<br />

progressif à l’effort avec plus ou moins l’aide d’un kinésithérapeute ou d’un éducateur sportif.<br />

- une diététicienne si <strong>le</strong>s conseil diététiques doivent être affinés ou individualisés.<br />

- une infirmière qui peut aider dans la prise en charge à domici<strong>le</strong><br />

- une psychiatre ou une psychologue si un suivi psychologique s’avère nécessaire.<br />

- une assistante socia<strong>le</strong> si <strong>le</strong> milieu social est défavorisé plus ou moins une travail<strong>le</strong>use socia<strong>le</strong> si un<br />

soutien de ce type s’avère nécessaire.<br />

Le médecin traitant peut travail<strong>le</strong>r avec un deuxième médecin plus spécialisé (pédiatre,<br />

endocrinologue, médecin hospitalier) s’il lui semb<strong>le</strong> qu’un suivi alterné peut apporter à l’enfant une<br />

prise en charge plus complète mais peut aussi aider <strong>le</strong> médecin traitant à ne pas s’essouff<strong>le</strong>r sur la<br />

durée du suivi.<br />

La stratégie thérapeutique du suivi du patient est d’expliquer à l’enfant au début de la prise en charge<br />

après au moins deux consultations d’échange entre <strong>le</strong> patient, la famil<strong>le</strong> et <strong>le</strong> médecin, <strong>le</strong>s facteurs<br />

impliqués dans la genèse de l’obésité. Ces deux consultations permettent de situer l’enfant et son<br />

obésité dans son contexte actuel. Le plus souvent la prise en charge est ambulatoire. Il peut être<br />

nécessaire, si l’obésité est morbide et/ou <strong>le</strong> milieu social très défavorisé et/ou <strong>le</strong> cadre familial néfaste<br />

à l’enfant de demander une prise en charge d’emblée en hospitalisation prolongée dans une maison à<br />

caractère sanitaire et social à orientation diététique (MECS). L’enfant est coupé du milieu familial,<br />

reçoit une éducation nutritionnel<strong>le</strong>, est pris en charge sur <strong>le</strong> plan sportif et psychologique et suit sa<br />

scolarité norma<strong>le</strong>ment. Le changement de niveau de prise en charge peut se faire au cours du suivi.<br />

Dans de rares cas, <strong>le</strong> médecin peut être amené à faire un signa<strong>le</strong>ment au juge des enfants si la<br />

famil<strong>le</strong> nuit à la santé de l’enfant (problème psychiatrique, etc …)<br />

3 – Outils thérapeutiques<br />

a – Prescription d’un schéma alimentaire équilibré :<br />

On ne par<strong>le</strong> pas de régime mais d’une alimentation équilibrée et fractionnée :<br />

• Fractionnement : petit déjeuner ± collation : 25 % ; déjeuner : 35 % ; goûter : 10 % ; repas du<br />

soir : 30 % des apports quotidiens<br />

• macronutriments : . glucides : 55 % avec 5 à 10 % de glucides simp<strong>le</strong>s<br />

. lipides : 30 %.<br />

. protéines : 15 %<br />

• équilibre alimentaire : <strong>le</strong>s fécu<strong>le</strong>nts à chaque repas sont indispensab<strong>le</strong>s.<br />

En pratique on veil<strong>le</strong> à :<br />

• procéder à des recommandations positives plutôt qu’édicter des interdits (moralisants)<br />

• apprendre aux enfants à consommer des quantités raisonnab<strong>le</strong>s des aliments à forte<br />

densité calorique et à savoir gérer <strong>le</strong>s excès. Ils doivent être « autorisés » à consommer ce type<br />

d’aliment ouvertement et sans culpabilité<br />

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• favoriser la prise régulière d’un petit déjeuner satisfaisant, d’un goûter correct<br />

• éviter <strong>le</strong> grignotage<br />

• ne pas se resservir<br />

• faire connaître à l’enfant <strong>le</strong>s différentes catégories d’aliments, <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s de<br />

l’équilibre alimentaire pour aider au développement d’un esprit critique vis à vis des différents conseils<br />

diététiques ultérieurs qui pourront lui être proposés.<br />

b – Prescription de l’activité physique<br />

Le rô<strong>le</strong> du médecin est trip<strong>le</strong>. Il doit :<br />

- encourager la diminution de la sédentarité ; encourager la pratique d’une activité physique<br />

structurée et modifier <strong>le</strong>s comportements familiaux vis à vis de l’activité physique.<br />

- aider à trouver des solutions pour que l’enfant pratique une activité physique régulière sur la<br />

semaine et <strong>le</strong> week-end, suffisante et progressive selon <strong>le</strong>s capacités de l’enfant.<br />

- expliquer <strong>le</strong> bénéfice d’une tel<strong>le</strong> pratique sur la santé de l’enfant : l’activité physique modifie la<br />

composition corporel<strong>le</strong> de l’enfant, diminue la perte de la masse maigre en période d’amaigrissement,<br />

et permet de maintenir <strong>le</strong> poids sur <strong>le</strong> long terme. El<strong>le</strong> diminue la masse grasse et en particulier la<br />

masse grasse abdomina<strong>le</strong>, diminue ainsi <strong>le</strong>s facteurs de risque métabolique avec en plus une<br />

augmentation de l’utilisation musculaire du glucose, une augmentation de la sensibilité à l’insuline,<br />

une augmentation du HDL cho<strong>le</strong>stérol. El<strong>le</strong> diminue l’insuffisance veineuse et augmente la<br />

minéralisation osseuse. De plus, el<strong>le</strong> a un effet très positif sur l’image corporel<strong>le</strong> et la capacité à<br />

perdre du poids. El<strong>le</strong> sert de dérivatifs et d’anti stress permettant ainsi d’éviter <strong>le</strong> grignotage.<br />

• transformer un enfant sédentaire en un enfant actif<br />

• diminuer « la consommation » de TV<br />

• pratiquer une activité physique régulièr<br />

c – Prise en charge psychologique<br />

L’obèse est <strong>le</strong> plus souvent stigmatisé. Les difficultés psychologiques relationnel<strong>le</strong>s doivent être<br />

évaluées afin d’appréhender la nécessité de mettre en place une psychothérapie (soit familia<strong>le</strong>, soit<br />

comportementa<strong>le</strong>). Les thérapies brèves sont préférab<strong>le</strong>s aux prises en charge longues.<br />

d – Prise en charge dans <strong>le</strong> cadre d’éducation thérapeutique structurée<br />

Si malgré une prise en charge individualisée et personnalisée, l’enfant a du mal à perdre du poids, on<br />

peut proposer une prise en charge différente, tel<strong>le</strong>s cel<strong>le</strong>s développées dans certains centres basées<br />

sur des journées d’éducation nutritionnel<strong>le</strong>.<br />

C – SUIVI<br />

Il doit être rapproché surtout au début de la prise en charge et se répartir entre <strong>le</strong>s différents<br />

partenaires impliqués. Les modifications de prise en charge sont proposées en multidisciplinarité si <strong>le</strong>s<br />

objectifs globaux ne sont pas atteints. Par exemp<strong>le</strong>, passer d’un suivi ambulatoire simp<strong>le</strong> à un suivi<br />

médico-éducatif (journées d’éducation) ou à un séjour en centre diététique.<br />

D- EPIDEMIOLOGIE ET PREVENTION DE L’OBESITE DE L’ENFANT<br />

1 – Préva<strong>le</strong>nce de l’obésité<br />

El<strong>le</strong> a été rapportée en France dans plusieurs études ayant utilisé comme définition de l’obésité<br />

infanti<strong>le</strong> un IMC supérieur au 97ème percenti<strong>le</strong>. En 1996 dans la région Centre-Ouest (étude de<br />

Tours) la préva<strong>le</strong>nce de l’obésité chez des enfants de 10 ans était de 12,5 %. En 1993 dans <strong>le</strong> Nord<br />

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(F<strong>le</strong>urbaix-Laventie) el<strong>le</strong> était de 10,1 % chez <strong>le</strong>s enfants de 5 à 12 ans. Deux études parisiennes<br />

menées l’une en 1992 chez des enfants de 8 ans et l’autre en 1996 chez des enfants de 9-12 ans ont<br />

montré une préva<strong>le</strong>nce respectivement de 10 % et de 13,6 %. (3). En Midi-Pyrénées, une étude<br />

menée en 1991 chez plus de 2000 enfants de 6 ans scolarisés retrouve 12 % d’enfants obèses (20 %<br />

d’enfants en surpoids) alors qu’en 1997, une deuxième étude portant sur 1268 enfants scolarisés<br />

âgés de 7 à 12 ans rapportait une préva<strong>le</strong>nce de l’obésité de 11,1 %.<br />

Il existe donc depuis ces dernières années une augmentation constante de la préva<strong>le</strong>nce de l’obésité<br />

infanti<strong>le</strong>. Les autres pays européens sont éga<strong>le</strong>ment concernés par cette augmentation de la<br />

préva<strong>le</strong>nce de l’obésité infanti<strong>le</strong>. On retrouve ce même phénomène aux Etats-Unis, où la préva<strong>le</strong>nce<br />

de l’obésité infanti<strong>le</strong> (BMI > 85ème percenti<strong>le</strong>) a été multipliée par 2 entre 1973 et 1994.<br />

Cette inquiétante augmentation de la préva<strong>le</strong>nce de l’obésité infanti<strong>le</strong> justifie :<br />

- un dépistage précoce pour une prise en charge précoce<br />

- une recherche axée sur la prévention car l’obésité infanti<strong>le</strong> représente un facteur de risque à part<br />

entière, responsab<strong>le</strong> d’une morbidité importante à plus ou moins long terme, même si l’obésité ne<br />

persiste pas.<br />

2 - Prévention<br />

a - Prévention primaire<br />

La prévention primaire est faite au niveau de la population généra<strong>le</strong>.<br />

Pour prévenir l’obésité chez <strong>le</strong>s enfants, il est nécessaire d’informer l’individu sur <strong>le</strong>s facteurs qui sont<br />

impliqués dans la genèse de l’obésité et de l’informer sur l’hygiène de vie.<br />

. Information de l’individu<br />

- sur <strong>le</strong>s aliments<br />

• rendre l’étiquetage nutritionnel compréhensib<strong>le</strong> et lisib<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s consommateurs ; décrire <strong>le</strong><br />

contenu des portions consommées<br />

• renforcer la lutte contre la publicité trompeuse<br />

• établir et instituer un code de bonnes pratiques de communication nutritionnel<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>s<br />

industriels de l’agro-alimentaire, la grande distribution et <strong>le</strong>s médias, en particulier <strong>le</strong>s<br />

messages adressés aux enfants et ado<strong>le</strong>scents.<br />

- sur l’activité physique et la sédentarité, sur <strong>le</strong> stress<br />

-<br />

. Information de tous <strong>le</strong>s acteurs autour de l’enfant<br />

- l’éco<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s centres de loisirs : <strong>le</strong>s enfants passent une grande partie de <strong>le</strong>ur temps à l’éco<strong>le</strong>,<br />

où ils reçoivent un enseignement, mangent souvent à midi, pratiquent des activités sportives, et l’éco<strong>le</strong><br />

semb<strong>le</strong> donc être un milieu favorab<strong>le</strong> pour intervenir auprès des enfants obèses et surtout pour agir au<br />

niveau de la prévention de l’obésité.<br />

Les centres de loisirs devraient être un lieu où alimentation équilibrée et pratique de diverses<br />

activités physiques soient regroupées.<br />

- <strong>le</strong> médecin de protection maternel<strong>le</strong> et infanti<strong>le</strong> (PMI) doit être partie prenante des actions de<br />

prévention et d’éducation mises en place loca<strong>le</strong>ment, régiona<strong>le</strong>ment ou au niveau national par un<br />

travail en réseau.<br />

- <strong>le</strong>s centres sportifs de proximité en collaboration avec <strong>le</strong>s structures Jeunesse et Sports,<br />

devraient permettre à tous <strong>le</strong>s enfants de pratiquer une activité physique régulière sans avoir <strong>le</strong>s<br />

inconvénients de l’éloignement qui participent à l’augmentation de la sédentarité.<br />

b - Il faut identifier <strong>le</strong>s enfants à risque de développer une obésité (prévention secondaire)<br />

Pour cela il est indispensab<strong>le</strong> de peser et mesurer tous <strong>le</strong>s ans <strong>le</strong>s enfants et tracer la courbe d’IMC<br />

pour suivre l’évolution de la corpu<strong>le</strong>nce. Ceci peut être fait : soit par <strong>le</strong> pédiatre, soit par <strong>le</strong> médecin<br />

généraliste, soit par <strong>le</strong> médecin de PMI (avant 6 ans) ou par <strong>le</strong> médecin de l’éducation nationa<strong>le</strong>.<br />

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Auteur : B. Jouret, M. Tauber (CHU Toulouse) MAJ : 05/01/2006<br />

Sur cette courbe, il faut repérer <strong>le</strong>s facteurs de gravité :<br />

- absence de rebond d’adiposité ou rebond précoce<br />

- croisement des différents couloirs de BMI<br />

- s’il existe une obésité familia<strong>le</strong> et ce d’autant plus que l’enfant est jeune, il faut rester très vigilant et<br />

tracer très précocement dès <strong>le</strong>s premiers mois de vie, la courbe d’IMC.<br />

Points essentiels<br />

¤ L’obésité de l’enfant constitue un problème majeur de santé publique du fait de sa préva<strong>le</strong>nce<br />

en constante progression. L’obésité est une maladie à part entière avec des conséquences<br />

morbides à plus ou moins long terme.<br />

¤ Chez l’enfant, <strong>le</strong> diagnostic se fait en calculant l’IMC (Poids/tail<strong>le</strong>²). La va<strong>le</strong>ur de l’IMC donne <strong>le</strong><br />

degré de sévérité. La courbe d’IMC doit être tracée et comparée aux courbes de référence car el<strong>le</strong><br />

seu<strong>le</strong> permet de préciser la précocité et l’évolutivité de l’obésité. El<strong>le</strong> permet aussi de repérer <strong>le</strong>s<br />

enfants à risque d’obésité et de faire un diagnostic précoce.<br />

¤ Son origine est multifactoriel<strong>le</strong> liée à des facteurs génétiques et environnementaux avec au<br />

premier rang de mauvaises habitudes alimentaires et un mode de vie sédentaire. Les aspects<br />

génétiques font partie du domaine de la recherche. Les interventions sur <strong>le</strong>s facteurs<br />

environnementaux tels que l’alimentation, l’activité physique et <strong>le</strong> versant psychologique, sont<br />

aujourd’hui <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s possibilités de prise en charge de l’obésité infanti<strong>le</strong>.<br />

¤ La prise en charge doit être pluridisciplinaire globa<strong>le</strong> et concertée conjuguant <strong>le</strong>s compétences<br />

de chacun incluant une éducation thérapeutique spécifique, prenant en compte l’enfant et sa<br />

famil<strong>le</strong>.<br />

¤ La prévention de l’obésité de l’enfant est un enjeu pour tous <strong>le</strong>s acteurs présents autour de<br />

l’enfant au cours de son développement.<br />

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Auteur : Pr H. Martelli (CHU Kremlin-Bicêtre) MAJ : 13/12/2004<br />

Objectifs :<br />

Syndrome occlusif de l’enfant – Item 217<br />

¤ Diagnostiquer un syndrome occlusif.<br />

¤ Identifier <strong>le</strong>s situations d’urgence et planifier <strong>le</strong>ur prise en charge.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Diagnostic positif d’une occlusion intestina<strong>le</strong> chez l’enfant<br />

Faq 2 - Etiologies des occlusions néo-nata<strong>le</strong>s<br />

Faq 3 - Etiologies des occlusions du nourrisson et de l’enfant de moins de 3 ans<br />

Faq 4 - Etiologies des occlusions de l’enfant de plus de 3 ans<br />

Points essentiels<br />

Introduction<br />

Le syndrome occlusif de l’enfant comporte, comme chez l’adulte, une triade clinique associant<br />

dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s, vomissements et arrêt des matières et des gaz. Les causes sont variab<strong>le</strong>s en<br />

fonction de l’âge de l’enfant, avec une place tout à fait à part pour l’occlusion du nouveau-né.<br />

Un interrogatoire précis et un examen clinique rigoureux non seu<strong>le</strong>ment de l’abdomen mais général de<br />

l’enfant orientent <strong>le</strong>s examens complémentaires qui doivent être limités. Au terme de ces<br />

investigations, la cause de l’occlusion est établie et permet un traitement médical ou chirurgical<br />

adapté. L’occlusion doit être <strong>le</strong>vée en urgence avant que n’apparaissent <strong>le</strong>s complications redoutab<strong>le</strong>s<br />

de la nécrose intestina<strong>le</strong> tel<strong>le</strong>s <strong>le</strong> choc toxique ou septique.<br />

Faq 1 - Diagnostic positif d’une occlusion intestina<strong>le</strong> chez l’enfant<br />

1 - Les signes cliniques, qui traduisent l’arrêt du transit<br />

a) LES SIGNES FONCTIONNELS<br />

La dou<strong>le</strong>ur<br />

- El<strong>le</strong> est d’autant plus intense que la participation mécanique est importante.<br />

- Le jeune enfant est incapab<strong>le</strong> de localiser la dou<strong>le</strong>ur et montre habituel<strong>le</strong>ment l’ombilic.<br />

- El<strong>le</strong> peut s’accompagner d’une agitation intense avec cris ou au contraire et en particulier chez <strong>le</strong><br />

nourrisson, d’une hypotonie ou d’une véritab<strong>le</strong> prostration orientant à tort vers une affection<br />

neurologique.<br />

Les vomissements<br />

- Parfois remplacés initia<strong>le</strong>ment par un refus du biberon chez <strong>le</strong> nourrisson, <strong>le</strong>s vomissements sont<br />

d’abord alimentaires puis bilieux voire fécaloïdes.<br />

L’arrêt des matières et des gaz<br />

- il est plus diffici<strong>le</strong> à faire préciser chez l’enfant que chez l’adulte


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b) LES SIGNES GENERAUX<br />

- apprécier l’atteinte de l’état général, la pâ<strong>le</strong>ur, l’état d’hydratation.<br />

- rechercher des signes de gravité : hypotension, oligurie, état de choc<br />

c) LES SIGNES PHYSIQUES<br />

Le ballonnement abdominal est :<br />

- absent dans <strong>le</strong>s occlusions hautes, dites à ventre plat<br />

- <strong>le</strong> plus souvent diffus<br />

- accompagné d’ondulations péristaltiques chez <strong>le</strong> nourrisson<br />

Il oriente vers la cause de l’occlusion :<br />

- cicatrice abdomina<strong>le</strong> : occlusion sur brides ou adhérences<br />

- palpation des orifices herniaires : hernie inguina<strong>le</strong> étranglée, la hernie ombilica<strong>le</strong> se compliquant<br />

exceptionnel<strong>le</strong>ment d’étrang<strong>le</strong>ment.<br />

- palpation d’une masse abdomina<strong>le</strong> ;<br />

- dans un contexte fébri<strong>le</strong> : abcès ou plastron appendiculaire<br />

- sans fièvre : tumeur bénigne ou maligne<br />

2 - Les examens complémentaires<br />

a) Clichés d’abdomen sans préparation (ASP)<br />

- de face couché , pour certains aussi informatifs que <strong>le</strong>s classiques clichés debout, de profil à<br />

rayon horizontal parfois.<br />

- apprécient la localisation et l’importance de la distension intestina<strong>le</strong> en sachant qu’il est souvent<br />

diffici<strong>le</strong>, chez <strong>le</strong> petit nourrisson de faire la part entre <strong>le</strong> grê<strong>le</strong> et <strong>le</strong> colon.<br />

- Recherche des niveaux hydro-aériques, des calcifications (stercolithe appendiculaire).<br />

b) Echographie<br />

- souvent peu informative, gênée par l’interposition des gazs digestifs<br />

- recherche une image en cocarde affirmant <strong>le</strong> diagnostic d’invagination intestina<strong>le</strong> aiguë<br />

(IIA), une masse solide ou liquidienne (tumeur, abcès), des calcifications (stercolithe appendiculaire,<br />

calcifications d’une tumeur)<br />

c) Lavement opaque ou à l’air<br />

- surtout uti<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s occlusions néonata<strong>le</strong>s (voir plus loin)<br />

- ne doit pas être pratiqué en cas d’ IIA vue tardivement ou suffisamment serrée pour avoir entraîné un<br />

syndrome occlusif du grê<strong>le</strong>.<br />

3 – Le cas particulier des occlusions néo-nata<strong>le</strong>s<br />

a) Diagnostic prénatal<br />

Une occlusion peut être évoquée à l’échographie fœta<strong>le</strong> du 2ème ou 3ème trimestre devant :<br />

- un excès de liquide amniotique<br />

- la dilatation d’une ou plusieurs anses digestives


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- une hyperéchogénicité du grê<strong>le</strong><br />

- une ascite foeta<strong>le</strong><br />

Ceci fait pratiquer :<br />

- un caryotype fœtal<br />

- la recherche des mutations de la mucoviscidose<br />

El<strong>le</strong> permet une prise en charge post-nata<strong>le</strong> précoce et adaptée<br />

b) Diagnostic post natal<br />

Il repose sur la triade :<br />

- vomissements bilieux<br />

- ballonnement abdominal (plus il est important, plus <strong>le</strong> niveau de l’occlusion est bas)<br />

- retard de l’élimination méconia<strong>le</strong> : de cou<strong>le</strong>ur vert foncé, presque noir, <strong>le</strong> méconium, première sel<strong>le</strong><br />

du nouveau-né, est éliminé dans <strong>le</strong>s 24 premières heures de vie ; l’élimination dure habituel<strong>le</strong>ment 48<br />

heures, puis <strong>le</strong> méconium est remplacé progressivement par des sel<strong>le</strong>s de lait ; toute élimination<br />

anorma<strong>le</strong> du méconium doit être signalée et considérée comme suspecte d’occlusion néo-nata<strong>le</strong> :<br />

émission retardée, élimination d’un méconium blanc-grisâtre, ou élimination anorma<strong>le</strong>ment prolongée,<br />

au-delà du 4 e -5 e jour.<br />

L’examen clinique<br />

- recherche des signes d’infection néonata<strong>le</strong>, cause ou conséquence du syndrome occlusif<br />

(ballonnement abdominal, troub<strong>le</strong>s respiratoires, hypothermie, hypotonie, éruption – hépatomégalie,<br />

splénomégalie, ictère, hypotension, convulsions…)<br />

- palpe <strong>le</strong>s orifices herniaires, recherche des ondulations péristaltiques, une inflammation pariéta<strong>le</strong>,<br />

examine l’anus, <strong>le</strong> toucher rectal étant souvent remplacé par la montée d’une petite sonde.<br />

Les clichés d’abdomen sans préparation<br />

- de face couché et en orthostatisme, éventuel<strong>le</strong>ment de profil à rayon horizontal prenant <strong>le</strong> pelvis,<br />

- étudient :<br />

- la répartition des anses intestina<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>ur degré de distension, <strong>le</strong>ur contenu<br />

- l’existence de niveaux hydro-aériques<br />

- l’existence d’un pneumopéritoine, de calcifications (péritonite méconia<strong>le</strong>).<br />

- A noter qu’il est très diffici<strong>le</strong> chez <strong>le</strong> nouveau-né de faire la part entre grê<strong>le</strong> et colon sur <strong>le</strong>s simp<strong>le</strong>s<br />

clichés d’ASP, d’une part, et que ces clichés doivent être faits avant toute manœuvre endorecta<strong>le</strong><br />

(montée de sonde notamment) qui pourrait modifier radica<strong>le</strong>ment la séméiologie radiologique et donc<br />

<strong>le</strong> diagnostic.<br />

Les opacifications digestives hautes ou basses et l’échographie ne sont pas systématiques et<br />

sont réalisées en fonction du tab<strong>le</strong>au clinique d’occlusion haute ou basse.<br />

Faq 2 - Etiologies des occlusions néo-nata<strong>le</strong>s (malformations ano-recta<strong>le</strong>s<br />

exclues)<br />

1 - Occlusion haute « à ventre plat »<br />

a) Atrésie duodéna<strong>le</strong><br />

- Dilatation gastroduodéna<strong>le</strong> à l’échographie antenata<strong>le</strong> avec hydramnios, imposant <strong>le</strong> caryotype fœtal<br />

(Trisomie 21) et la recherche de malformations associées (cœur).<br />

- Vomissements bilieux <strong>le</strong> plus souvent (obstac<strong>le</strong> sous-vatérien), abdomen plat sauf dans la région<br />

épigastrique.<br />

- Doub<strong>le</strong> bul<strong>le</strong> gastroduodéna<strong>le</strong> à l’ASP , sans aération du grê<strong>le</strong> si l’obstac<strong>le</strong> est comp<strong>le</strong>t.


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- TOGD avec disparité de calibre d’un diaphragme incomp<strong>le</strong>t<br />

- Intervention chirurgica<strong>le</strong> : duodéno-duodénostomie latéro-latéra<strong>le</strong><br />

- Pronostic excel<strong>le</strong>nt en l’absence de malformations associées<br />

b) Pathologie du mésentère commun<br />

- Consiste en une rotation incomplète de l’anse intestina<strong>le</strong> primitive aboutissant au :<br />

- Mésentère commun comp<strong>le</strong>t ou 90° : pas de conséquence<br />

- Mésentère commun 180° avec un risque de volvulus total du grê<strong>le</strong> et du colon droit.<br />

- Pas de diagnostic prénatal<br />

- Vomissements bilieux après un interval<strong>le</strong> libre de quelques heures à quelques jours<br />

- Abdomen plat et dépressib<strong>le</strong> initia<strong>le</strong>ment, puis ballonné avec réaction péritonéa<strong>le</strong> en cas de<br />

souffrance digestive<br />

- Diagnostic par échographie (visualisant <strong>le</strong> tour de spire des vaisseaux mésentériques) complétée par<br />

une opacification duodéna<strong>le</strong>.<br />

- Urgence chirurgica<strong>le</strong> +++ : détorsion et mise en mésentère commun 90° avec appendicectomie<br />

- Redoutab<strong>le</strong> pronostic si vu tardivement avec nécrose digestive<br />

2 - Occlusions « basses » avec ballonnement abdominal<br />

a) occlusions organiques : atrésies et sténoses du grê<strong>le</strong><br />

- pathologie probab<strong>le</strong>ment ischémique du grê<strong>le</strong> au 3ème trimestre de la grossesse, unique ou<br />

multip<strong>le</strong>s, du jéjunum à l’iléon.<br />

- diagnostic prénatal possib<strong>le</strong>, éliminer la mucoviscidose.<br />

- ASP : distension d’une ou plusieurs anses grê<strong>le</strong>s avec niveaux hydroaériques, pas d’air dans <strong>le</strong><br />

colon.


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- Si l’obstac<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> situé sur <strong>le</strong>s dernières anses grê<strong>le</strong>s, faire une opacification par voie basse pour<br />

éliminer l’iléus méconial d’une mucoviscidose<br />

- Intervention chirurgica<strong>le</strong> en urgence<br />

- Le pronostic fonctionnel dépend de la longueur du grê<strong>le</strong> restant<br />

b) Occlusions fonctionnel<strong>le</strong>s<br />

Par anomalie du contenu (iléus méconial de la mucoviscidose) ou du péristaltisme intestinal<br />

(syndrome du petit colon gauche et maladie de Hirschsprung)<br />

1) Iléus méconial de la mucoviscidose<br />

- Diagnostic prénatal (cf plus haut)<br />

- Le nouveau-né est ballonné dès la naissance, avec vomissements clairs puis bilieux, absence de<br />

méconium<br />

- ASP : distension du grê<strong>le</strong> avec niveaux hydroaériques en ellipse, granité de la fosse iliaque<br />

droite (méconium anorma<strong>le</strong>ment épais impacté dans l’iléon).<br />

- L’opacification par voie basse , avec un produit hydrosolub<strong>le</strong>, fait <strong>le</strong> diagnostic en<br />

montrant <strong>le</strong>s bil<strong>le</strong>s méconia<strong>le</strong>s de l’iléon et un microcolon non fonctionnel et constitue <strong>le</strong> premier<br />

temps thérapeutique, au besoin répété plusieurs fois.<br />

- Si l’obstac<strong>le</strong> n’est pas <strong>le</strong>vé par <strong>le</strong> lavement opaque, nécessité d’une intervention (souffrance d’une<br />

anse, atrésie ou volvulus an amont de l’iléus méconial)<br />

- Confirmer <strong>le</strong> diagnostic de mucoviscidose par la génétique et <strong>le</strong> test de la sueur<br />

2) Syndrome du petit colon gauche (ou plug syndrome ou bouchon méconial)<br />

- Pas de diagnostic prénatal<br />

- C’est l’obstruction du colon et rectum en aval de l’ang<strong>le</strong> gauche par un bouchon méconial , à<br />

évoquer chez <strong>le</strong>s nouveau-nés de mère diabétique ou traitée par des neuro<strong>le</strong>ptiques ou toxicomane<br />

- ASP : occlusion basse<br />

- Le lavement opaque fait <strong>le</strong> diagnostic et <strong>le</strong> traitement, montrant un petit colon gauche<br />

moulé par un « serpent méconial » . Le transverse est dilaté.<br />

- Le transit se rétablit alors rapidement<br />

- Eliminer une maladie de Hirschsprung (biopsie à la pince de Nob<strong>le</strong>tt – cf plus loin) et une<br />

mucoviscidose<br />

3) Maladie de Hirschsprung (ou mégacolon congénital)<br />

- Due à une absence de cellu<strong>le</strong>s ganglionnaires dans <strong>le</strong>s p<strong>le</strong>xus nerveux de la paroi intestina<strong>le</strong><br />

- 80 % de garçons<br />

- il existe des formes familia<strong>le</strong>s, plusieurs gênes peuvent être en cause<br />

- Le plus souvent atteint <strong>le</strong> rectum et la jonction rectosigmoïdienne (80% des cas), mais peut remonter<br />

plus haut sur <strong>le</strong> colon voire sur <strong>le</strong> grê<strong>le</strong> (forme longue, forme colique tota<strong>le</strong>)<br />

- Pas de diagnostic prénatal<br />

- Le plus souvent, occlusion néonata<strong>le</strong> avec retard à l’élimination méconia<strong>le</strong> au-delà de la 24 ème<br />

heure de vie, ballonnement abdominal puis vomissements bilieux. Parfois, la maladie de Hirschsprung<br />

est compliquée d’emblée par une perforation ou un entérocolite. El<strong>le</strong> peut aussi se révé<strong>le</strong>r plus<br />

tardivement, au sevrage ou dans la petite enfance.<br />

- ASP : distension des anses avec niveaux hydroaériques, absence d’aération du petit bassin


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- Après l’ASP, la montée de sonde recta<strong>le</strong> prudente, entraînant une débâc<strong>le</strong> de méconium et de gaz<br />

est très évocatrice du diagnostic et permet <strong>le</strong> déballonnement de l’enfant.<br />

- Le diagnostic est histologique, réalisé en premier lieu par une biopsie à la pince de Nob<strong>le</strong>tt.<br />

- La manométrie anorecta<strong>le</strong>, si el<strong>le</strong> montre l’absence de réf<strong>le</strong>xe recto-anal inhibiteur, est très en faveur<br />

du diagnostic<br />

- Le lavement opaque permet d’apprécier la longueur de la zone aganglionnaire (de<br />

calibre normal en dessous d’un colon dilaté) ;<br />

- Le traitement est chirurgical et consiste en une résection de la zone aganglionnaire dans <strong>le</strong>s<br />

premières semaines de vie. Le nursing (montée de sondes ± petits lavements) permet d’attendre <strong>le</strong><br />

traitement définitif; s’il est inefficace (forme longue), l’enfant devra être mis en colostomie.<br />

Faq 3 - Etiologies des occlusions du nourrisson et de l’enfant de moins de 3<br />

ans<br />

1 - L’invagination intestina<strong>le</strong> aiguë dans sa forme occlusive<br />

- el<strong>le</strong> réalise un tab<strong>le</strong>au d’occlusion du grê<strong>le</strong><br />

- au début, crises douloureuses abdomina<strong>le</strong>s paroxystiques avec pâ<strong>le</strong>ur, arrêt du transit,<br />

éventuel<strong>le</strong>ment rectorragies puis ballonnement abdominal et vomissements bilieux.<br />

- évoluant <strong>le</strong> plus souvent depuis plusieurs jours.<br />

- l’intervention s’impose après réanimation et rééquilibration hydroé<strong>le</strong>ctrolytique, sans tenter de réduire<br />

l’IIA au préalab<strong>le</strong> par un lavement.<br />

2 - La hernie inguina<strong>le</strong> étranglée<br />

- souvent de petit volume, dure, irréductib<strong>le</strong><br />

dans <strong>le</strong>s 1ères heures, il suffit de calmer l’enfant (bain chaud, sédation…) pour obtenir, par taxis, la<br />

réduction de la hernie. Il s’agissait d’un engouement herniaire. Cel<strong>le</strong>-ci doit être opérée à bref délai.<br />

Si l’étrang<strong>le</strong>ment date de 12 à 24 heures, la réduction peut être impossib<strong>le</strong> et nécessiter une<br />

intervention en urgence.<br />

3 - L’appendicite aiguë<br />

- rare avant 3 ans, c’est <strong>le</strong> plus souvent un tab<strong>le</strong>au d’occlusion fébri<strong>le</strong> avec altération de l’état général.<br />

4 – Autres étiologies, plus rares<br />

Devant un syndrome occlusif non fébri<strong>le</strong> on évoque une occlusion mécanique : plus l’obstac<strong>le</strong> est bas<br />

situé, plus l’abdomen est ballonné.<br />

- <strong>le</strong> volvulus sur mésentère commun (anomalie de la rotation intestina<strong>le</strong>), qui, bien que plus<br />

fréquent en période néonata<strong>le</strong>, doit être évoqué chez l’enfant, devant une occlusion à ventre plat. Il<br />

réalise un obstac<strong>le</strong> duodénal avec dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s et vomissements bilieux précoces. Le<br />

diagnostic repose sur l’échographie abdomina<strong>le</strong> et au moindre doute sur <strong>le</strong> transit<br />

oesogastroduodénal.(voir Occlusion néonata<strong>le</strong>). L’intervention est très urgente avant que n’apparaisse<br />

la souffrance digestive.


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- la hernie inguina<strong>le</strong> étranglée<br />

- l’occluison sur bride en cas de cicatrice abdomina<strong>le</strong><br />

- d’autres pathologies plus rares :<br />

- Diverticu<strong>le</strong> de Meckel, fixé par une bride sous l’ombilic ou sur <strong>le</strong> mésentère<br />

- Duplication digestive<br />

- Hernie interne<br />

- Pathologie tumora<strong>le</strong><br />

- Bénigne : lymphangiome kystique du mésentère,<br />

- Maligne : lymphome<br />

- Les examens complémentaires (ASP, échographie, éventuel<strong>le</strong>ment scanner) précisent la cause de<br />

l’occlusion mais ne doivent pas retarder la mise en route du traitement (sonde d’aspiration digestive et<br />

rééquilibration hydro-é<strong>le</strong>ctrolytique). L’intervention est réalisée en urgence si <strong>le</strong>s signes occlusifs ne<br />

s’améliorent pas en quelques heures.<br />

Faq 4 - Etiologies des occlusions après l’âge de 3 ans<br />

1 - Devant un syndrome occlusif fébri<strong>le</strong> on évoque avant tout une origine appendiculaire :<br />

- appendicite méso-coeliaque et péritonite appendiculaire<br />

- l’arrêt du transit peut être remplacé par une diarrhée d’irritation péritonéa<strong>le</strong><br />

- l’ ASP recherche un stercolithe appendiculaire<br />

- l’échographie peut être en défaut dans la mise en évidence de liquide puru<strong>le</strong>nt entre <strong>le</strong>s anses<br />

- abcès appendiculaire<br />

- il existe une défense voire une masse de la fosse iliaque droite<br />

- l’échographie retrouve une col<strong>le</strong>ction , un stercolithe<br />

- Dans <strong>le</strong>s 2 cas l’intervention s’impose en urgence. Parfois l’appendice n’est pas en cause, mais il<br />

s’agit d’une diverticulite de Meckel.<br />

2 – Devant une occlusion non fébri<strong>le</strong>, il faut évoquer :<br />

a) Toutes <strong>le</strong>s causes précédemment citées chez l’enfant de moins de 3 ans<br />

b) Présence d’ une cicatrice abdomina<strong>le</strong> ou antécédents d’ intervention chirurgica<strong>le</strong> abdomina<strong>le</strong> : on<br />

évoque une occlusion par brides ou adhérences post-opératoires :<br />

- si l’abdomen est peu ballonné (syndrome occlusif haut situé avec peu d’anses dilatées à l’ASP), si<br />

<strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s n’évoluent que depuis quelques heures et en l’absence de signes toxiques faisant<br />

craindre un volvulus, on tente un traitement médical comportant la mise en aspiration digestive et la<br />

rééquilibration hydroé<strong>le</strong>ctrolytique avec surveillance clinique et radiologique durant quelques heures.<br />

En cas d’échec du traitement médical, l’intervention est nécessaire.<br />

- en présence de signes toxiques avec pâ<strong>le</strong>ur, tachycardie, oligurie, dou<strong>le</strong>ur abdomina<strong>le</strong> localisée ±<br />

masse, on évoque un volvulus du grê<strong>le</strong> qui nécessite une intervention en urgence après courte<br />

rééquilibration hydroé<strong>le</strong>ctrolytique. Le volvulus primitif du grê<strong>le</strong> survient en l’absence de tout<br />

antécédent chirurgical et en dehors de toute malrotation . Il impose l’intervention en urgence.<br />

c) Concernant l’invagination intestina<strong>le</strong> aiguë, el<strong>le</strong> est souvent secondaire à une pathologie organique<br />

(diverticu<strong>le</strong> de Meckel, duplication digestive, lymphome, polype…), ou el<strong>le</strong> survient au cours d’une<br />

affection médica<strong>le</strong> (purpura rhumatoïde, mucoviscidose, …)<br />

Embryologie – Organogenèse :


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Points essentiels<br />

¤ Les signes cliniques sont moins stéréotypés que chez l’adulte. Les vomissements bilieux ou<br />

l’intolérance alimentaire représentent <strong>le</strong>s symptomes majeurs de l’occlusion du nouveau-né et du<br />

nourrisson. Plus l’enfant grandit, plus on se rapproche d’une symptomatologie de type adulte.<br />

¤ La présence de dou<strong>le</strong>urs importantes, souvent intermittentes, survenant par crises, doit faire<br />

craindre une étiologie mécanique, avec risque de nécrose : il y a urgence.<br />

¤ Le cliché d’ASP reste prédominant dans l’orientation diagnostique initia<strong>le</strong>. L’échographie prend une<br />

place de plus en plus importante.<br />

¤ Il faut connaître <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s étiologies des occlusions néo-nata<strong>le</strong>s, en fonction de <strong>le</strong>ur localisation<br />

sur <strong>le</strong> tube digestif.<br />

¤ Chez <strong>le</strong> nourrisson, la hernie étranglée et l’invagination intestina<strong>le</strong> aiguë sont <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s causes<br />

d’occlusion intestina<strong>le</strong>.<br />

¤ Au-delà de l’âge de 3 ans, l’appendicite aiguë est l’étiologie la plus fréquente, en l’absence de<br />

cicatrice abdomina<strong>le</strong>.<br />

¤ Toute dou<strong>le</strong>ur abdomina<strong>le</strong> chez un enfant ayant une cicatrice correspond, jusqu’à preuve du<br />

contraire, à une occlusion sur bride.


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Objectifs :<br />

Objectifs terminaux de l’ECN :<br />

- Diagnostiquer <strong>le</strong>s oreillons.<br />

Oreillons<br />

Item 97<br />

Objectifs pédagogiques du Collège des professeurs de pédiatrie :<br />

Terminaux :<br />

L’étudiant est capab<strong>le</strong> de :<br />

- Diagnostiquer <strong>le</strong>s oreillons typiques et atypiques.<br />

- Reconnaître <strong>le</strong>s complications.<br />

- Prescrire un traitement et une surveillance adaptée.<br />

- Argumenter l’intérêt d’une prévention vaccina<strong>le</strong>.<br />

Intermédiaires<br />

L’étudiant est capab<strong>le</strong> de :<br />

- Décrire <strong>le</strong>s éléments cliniques évocateurs du diagnostic d’oreillons devant une parotidite.<br />

- Justifier l’intérêt des examens complémentaires.<br />

- Décrire <strong>le</strong>s signes cliniques évocateurs d’une complication.<br />

- Exposer <strong>le</strong>s situations requérant une hospitalisation.<br />

- Prescrire <strong>le</strong> traitement et <strong>le</strong>s mesures préventives appropriées devant un cas.<br />

- Décrire <strong>le</strong> vaccin, ses indications et ses contre-indications et son ca<strong>le</strong>ndrier d’administration optimal.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

1 - Préciser <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s modalités épidémiologiques des oreillons<br />

2 - Décrire <strong>le</strong>s éléments cliniques évocateurs du diagnostic d’oreillons devant une parotidite<br />

3 - Décrire <strong>le</strong>s signes cliniques évocateurs d’une complication<br />

4 - Justifier l’intérêt des examens complémentaires<br />

5 - Prescrire un traitement et une surveillance adaptée<br />

6 - Argumenter l’intérêt d’une prévention vaccina<strong>le</strong><br />

Introduction<br />

Maladie infectieuse, contagieuse et épidémique, due à un paramyxovirus à tropisme glandulaire et<br />

neuroméningé.<br />

1 - Préciser <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s modalités épidémiologiques des oreillons<br />

- Infection vira<strong>le</strong> aigue, très contagieuse, conférant une immunité durab<strong>le</strong>.<br />

- La transmission du virus ourlien est interhumaine, directe par voie aérienne, par <strong>le</strong>s goutte<strong>le</strong>ttes de<br />

salive provenant de sujets infectés.<br />

- Les limites de contagiosité sont de 3 à 7 jours avant et de 6 à 9 jours après <strong>le</strong>s premiers symptômes.<br />

- Le réservoir de virus est strictement humain.<br />

- La vaccination ourlienne a tota<strong>le</strong>ment modifié l’épidémiologie de cette maladie vira<strong>le</strong>.<br />

- Cette virose est devenue rare et atteint surtout l’enfant prépubère (85%) et l’adulte jeune. El<strong>le</strong> reste<br />

exceptionnel<strong>le</strong> chez <strong>le</strong> nourrisson en raison de la persistance pendant 9 à 12 mois des anticorps<br />

maternels transmis passivement.<br />

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- L’incidence annuel<strong>le</strong> est passée de 500 000 cas en 1987 (avant <strong>le</strong>s campagnes de vaccination) à 40<br />

000 cas en 1997 et à 17 000 cas en 2000 (réseau sentinel<strong>le</strong>s).<br />

- La couverture vaccina<strong>le</strong> nationa<strong>le</strong> reste encore trop insuffisante (de l’ordre de 85 %) pour espérer<br />

une élimination proche comme el<strong>le</strong> a pu se faire dans certains pays nordiques (Finlande et Suède).<br />

2 - Décrire <strong>le</strong>s éléments cliniques évocateurs du diagnostic d’oreillons devant<br />

une parotidite<br />

La maladie est en règ<strong>le</strong> bénigne.<br />

L’infection est inapparente dans environ 30 % des cas.<br />

2.a. L’incubation varie de 18 à 21 jours.<br />

2.b. La phase invasive brève, de 24 à 48 heures, est marquée par une fièvre modérée, une otalgie,<br />

une gène à la mastication.<br />

2.c. La phase d’état :<br />

On sépare classiquement :<br />

- <strong>le</strong>s atteintes glandulaires salivaires considérées comme des localisations,<br />

- des atteintes glandulaires extrasalivaires et neuroméningées plutôt considérées comme des<br />

complications des oreillons.<br />

- La parotidite ourlienne et <strong>le</strong>s autres atteintes glandulaires salivaires :<br />

C’est la plus fréquente des localisations.<br />

Il s’agit d’une tuméfaction douloureuse, d’abord unilatéra<strong>le</strong>, secondairement bilatéra<strong>le</strong>, qui refou<strong>le</strong> <strong>le</strong><br />

lobu<strong>le</strong> de l’oreil<strong>le</strong> en haut et en dehors, qui comb<strong>le</strong> <strong>le</strong> sillon rétromaxillaire et peut entraîner une<br />

déformation du visage en forme de poire.<br />

La peau en regard n’est pas inflammatoire.<br />

La palpation prudente, car très douloureuse des glandes parotides, perçoit une consistance ferme et<br />

élastique, et dans <strong>le</strong>s formes débutantes, recherche la dou<strong>le</strong>ur provoquée des régions sous-angulomaxillaires,<br />

temporomandibulaires et mastoïdiennes.<br />

La turgescence de l’orifice du canal de Sténon est un excel<strong>le</strong>nt signe d’orientation.<br />

Peuvent être associés :<br />

- une pharyngite érythémateuse,<br />

- des adénopathies prétragiennes et sous-angulo-maxillaires,<br />

- une atteinte des glandes sous-maxillaires (sous-maxillite ourlienne) et sublingua<strong>le</strong>s.<br />

- <strong>le</strong>s signes généraux sont peu marqués chez l’enfant (fièvre modérée, céphalées fréquentes), plus<br />

intenses chez l’ado<strong>le</strong>scent et l’adulte jeune.<br />

2.d. L’évolution est favorab<strong>le</strong> en 8 à 10 jours sans séquel<strong>le</strong>s ni suppuration.<br />

2.e. Les principaux diagnostics différentiels devant une parotidite sont :<br />

- une adénopathie ou adénite jugulo-carotidienne ou sous-angulo-maxillaire,<br />

- une parotidite bactérienne : unilatéra<strong>le</strong>, souvent très fébri<strong>le</strong> et inflammatoire,<br />

- une lithiase salivaire : douloureuse, récidivante,<br />

- une tumeur de la parotide.<br />

3 - Décrire <strong>le</strong>s signes cliniques évocateurs d’une complication<br />

3.a. Les atteintes glandulaires extrasalivaires :<br />

El<strong>le</strong>s surviennent avant, pendant ou après l’atteinte salivaire, parfois en son absence.<br />

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L’orchite ne se voit que chez <strong>le</strong> sujet pubère. El<strong>le</strong> succède habituel<strong>le</strong>ment à la parotidite et est<br />

annoncée par une reprise fébri<strong>le</strong>, des dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s.<br />

El<strong>le</strong> se traduit par une tuméfaction scrota<strong>le</strong> douloureuse, oedématiée, au sein de laquel<strong>le</strong> est perçu un<br />

gros testicu<strong>le</strong> parfois prolongé par une funiculite (inflammation du cordon)<br />

L’orchite généra<strong>le</strong>ment unilatéra<strong>le</strong>, peut se bilatéraliser (25%).<br />

Son évolution est favorab<strong>le</strong> en 8 à 10 jours ; el<strong>le</strong> est rarement la cause d’une atrophie testiculaire (5<br />

pour 1000 orchites), encore plus rarement d’une azoospermie. La fonction endocrine est toujours<br />

respectée.<br />

La pancréatite aiguë (0,4°/°°) s’exprime par des dou<strong>le</strong>urs intenses de type solaire, vomissements,<br />

reprise thermique et une hyper-amylasémie (non spécifique), une hyper-lipasémie (spécifique de<br />

l’atteinte pancréatique) et une glycosurie transitoire. L’évolution est en règ<strong>le</strong> bénigne en quelques<br />

jours.<br />

Le diabète post-ourlien très controversé ne semb<strong>le</strong> plus admis actuel<strong>le</strong>ment.<br />

Ovarite, mastite et thyroïdite sont rarissimes.<br />

3.b. Les atteintes neuroméningées :<br />

La méningite lymphocytaire aigue est fréquente et <strong>le</strong> plus souvent infraclinique. Parfois, au contraire,<br />

el<strong>le</strong> résume la maladie : fièvre, céphalées sans troub<strong>le</strong>s de la conscience, vomissements et raideur<br />

méningée.<br />

L’étude du LCR montre un liquide clair avec une pléiocytose, à prédominance de lymphocytes (parfois<br />

panachée ou à prédominance de polynucléaires neutrophi<strong>le</strong>s non altérés au début de la virose).<br />

L’évolution spontanée est rapidement favorab<strong>le</strong> sans séquel<strong>le</strong>s.<br />

L’encéphalite est beaucoup plus rare. El<strong>le</strong> peut survenir pendant l’atteinte salivaire ou 2 à 3 semaines<br />

plus tard ; ses caractères sont ceux d’une encéphalite vira<strong>le</strong> de nature immunologique.<br />

L’évolution est généra<strong>le</strong>ment bénigne chez l’enfant.<br />

L’atteinte des nerfs crâniens, exceptionnel<strong>le</strong>, se traduit par :<br />

- une surdité uni ou bilatéra<strong>le</strong>, <strong>le</strong> plus souvent transitoire,<br />

- encore plus rarement une cécité par névrite optique ou une paralysie facia<strong>le</strong>.<br />

Exceptionnel<strong>le</strong>ment ont été décrites une myélite ou une polyradiculonévrite.<br />

3.c. -Autres localisations exceptionnel<strong>le</strong>s :<br />

La myocardite ourlienne, rarissime, touche surtout <strong>le</strong>s jeunes enfants et <strong>le</strong>s nourrissons.<br />

Arthrite et atteinte réna<strong>le</strong> ont été rapportées.<br />

Le rô<strong>le</strong> tératogène du virus ourlien n’est pas démontré.<br />

3.d. - Pancréatite, orchite, encéphalite, atteinte des nerfs crâniens, myocardite requièrent en<br />

général une hospitalisation.<br />

4 - Justifier l’intérêt des examens complémentaires<br />

Le diagnostic est essentiel<strong>le</strong>ment clinique.<br />

Le recours à la biologie ne se conçoit que devant une forme atypique ou une localisation extrasalivaire<br />

cliniquement isolée :<br />

Iso<strong>le</strong>ment du virus ourlien dans la salive, <strong>le</strong> LCR et éventuel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s urines (après <strong>le</strong> 8ème jour)<br />

ou par biologie moléculaire : PCR positive dans <strong>le</strong> sang ou <strong>le</strong> LCR.<br />

Sérodiagnostic par fixation du complément ou inhibition de l’hémagglutination , sur deux prélèvements<br />

à 10 jours d’interval<strong>le</strong> avec recherche d’IgM par méthode Elisa.<br />

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5 - Prescrire un traitement et une surveillance adaptée<br />

Le traitement est uniquement symptomatique :<br />

Parotidite : soins de bouche, antipyrétiques et antalgiques en évitant <strong>le</strong>s anti-inflammatoires non<br />

stéroïdiens (AINS) chez <strong>le</strong> jeune enfant.<br />

Orchite : repos au lit, port de suspensoir, corticothérapie courte.<br />

Pancréatite : antalgiques, antithermiques et antisécrétoires ; parfois, nécessité d’une aspiration<br />

digestive douce et réhydratation.<br />

Méningite : repos, antalgiques et antipyrétiques.<br />

Iso<strong>le</strong>ment et éviction scolaire jusqu’à guérison clinique<br />

Les immunoglobulines spécifiques ne sont plus recommandées du fait de l’absence d’étude prouvant<br />

clairement <strong>le</strong>ur utilité.<br />

6 – Argumenter l’intérêt d’une prévention vaccina<strong>le</strong><br />

L’existence de fréquentes méningites ourliennes et l’intégration de la va<strong>le</strong>nce oreillons dans <strong>le</strong> vaccin<br />

combiné rougeo<strong>le</strong>-rubéo<strong>le</strong>, justifient la vaccination systématique mise en œuvre dans l’ensemb<strong>le</strong> des<br />

pays industrialisés.<br />

La vaccination rougeo<strong>le</strong>-oreillons-rubéo<strong>le</strong> (ROR) n’est pas obligatoire mais fortement recommandée.<br />

Il s’agit d’un vaccin vivant atténué, par voie sous-cutanée, couplé aux vaccins contre la rougeo<strong>le</strong> et<br />

contre la rubéo<strong>le</strong> (R.O.R.VAXÒ ou PRIORIXÒ). Il doit être conservé à une température comprise<br />

entre + 2 °C et + 8 °C et ne doit pas être congelé.<br />

Il est préparé à partir de la souche Jeryl Lynn de virus atténué par passage sur œufs embryonnés puis<br />

sur cultures cellulaire de fibroblastes d’embryon de pou<strong>le</strong>t.<br />

Ce vaccin, d’une excel<strong>le</strong>nte tolérance, confère une immunité prolongée, proche de cel<strong>le</strong> conférée par<br />

la maladie.<br />

Contre-indications identiques à cel<strong>le</strong>s de tous <strong>le</strong>s vaccins vivants : déficits immunitaires, grossesse,<br />

administration d’immunoglobulines.<br />

Indications à titre col<strong>le</strong>ctif :<br />

pour éviter <strong>le</strong> développement d’une épidémie au sein d’une col<strong>le</strong>ctivité<br />

de manière systématique chez <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s comme <strong>le</strong>s garçons pour réduire <strong>le</strong> risque de méningite et de<br />

surdité.<br />

Indication à titre individuel :<br />

immédiatement après contage chez <strong>le</strong>s sujets monorchides ou ma<strong>le</strong>ntendants<br />

Pour <strong>le</strong>s nourrissons, la première dose de vaccin triva<strong>le</strong>nt ROR est recommandée à 12 mois.<br />

En raison d’une séroconversion ourlienne quelquefois absente après une première injection (environ<br />

5% des cas), une deuxième dose, entre 13 et 24 mois, est systématiquement recommandée (un<br />

interval<strong>le</strong> d’au moins un mois entre <strong>le</strong>s deux injections doit être impérativement respecté).<br />

Pour <strong>le</strong>s enfants de 2 à 13 ans non vaccinés : deux doses de vaccin ROR triva<strong>le</strong>nt sont<br />

recommandées.<br />

Pour <strong>le</strong>s sujets de 14 à 25 ans non vaccinés : une dose de vaccin ROR triva<strong>le</strong>nt est recommandée.<br />

En conclusion : maladie bénigne, à localisations parfois bruyantes mais à complications<br />

exceptionnel<strong>le</strong>s.<br />

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Objectifs :<br />

Pathologie Génito-scrota<strong>le</strong><br />

¤ Diagnostiquer un phimosis, une torsion de cordon spermatique, une hydrocè<strong>le</strong>, une<br />

cryptorchidie.<br />

¤ Identifier <strong>le</strong>s situations d’urgence et planifier <strong>le</strong>ur prise en charge.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Malformations des organes génitaux externes masculins<br />

Faq 2 - Pathologie testiculaire<br />

Points essentiels<br />

Introduction<br />

La pathologie génito-scrota<strong>le</strong> du garçon est un motif fréquent de consultation en médecine généra<strong>le</strong>,<br />

en pédiatrie et bien sur en chirurgie pédiatrique.<br />

Sur un plan théorique cette pathologie peut être divisée en deux chapitres : <strong>le</strong>s malformations des<br />

organes génitaux externes d’une part, la pathologie testiculaire d’autre part.<br />

En pratique <strong>le</strong> médecin peut être confronté à ces pathologies<br />

-soit dans <strong>le</strong> cadre d’une consultation programmée ce qui est <strong>le</strong> cas habituel<strong>le</strong>ment des malformations<br />

congénita<strong>le</strong>s : hypospadias, testicu<strong>le</strong> non descendu, phimosis<br />

- soit dans <strong>le</strong> cadre de l’urgence : scrotum aigu devant <strong>le</strong>quel il ne faut surtout pas méconnaître <strong>le</strong>s<br />

diagnostic de hernie étranglée chez <strong>le</strong> nourrisson ,<br />

de torsion du testicu<strong>le</strong> chez l’ado<strong>le</strong>scent.<br />

Faq 1 - Malformations des organes génitaux externes masculins<br />

1.1 HYPOSPADIAS<br />

1.1.1 Introduction<br />

C’est une malformation correspondant à une implantation anorma<strong>le</strong> du méat urétral en un point<br />

quelconque de la face ventra<strong>le</strong> du pénis ou parfois même en amont de celui ci. C’est une<br />

malformation congénita<strong>le</strong>, habituel<strong>le</strong>ment dépistée dès la naissance dont <strong>le</strong> traitement chirurgical aura<br />

pour objectif de permettre des mictions norma<strong>le</strong>s par <strong>le</strong> sommet du gland ainsi qu’une activité sexuel<strong>le</strong><br />

norma<strong>le</strong>.<br />

1.1.2 Fréquence<br />

La fréquence de l’hypospadias est actuel<strong>le</strong>ment estimée à 1/300 naissances masculines et el<strong>le</strong> a<br />

augmenté ces 15 dernières années dans la majorité des pays occidentaux, peut être en raison d’une<br />

modification de certains facteurs environnementaux .Lorsqu’il existe des antécédents familiaux cette<br />

fréquence s’élève à 1/100.


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1.1.3 Aspects anatomiques.<br />

Si l’anomalie d’implantation du méat urétral est l’élément définissant théoriquement l’hypospadias il<br />

faut en fait plutôt considérer l’hypospadias comme une hypoplasie des tissus constituant la face<br />

ventra<strong>le</strong> du pénis dans laquel<strong>le</strong> bien sur il existe une malformation de l’urètre mais aussi :<br />

- pratiquement toujours une malformation du prépuce qui n’est développé que sur la face dorsa<strong>le</strong> du<br />

pénis laissant à nu la face ventra<strong>le</strong> du gland<br />

- souvent une courbure, surtout évidente en érection, habituel<strong>le</strong>ment en rapport avec une hypoplasie<br />

cutanée ventra<strong>le</strong> lorsqu’el<strong>le</strong> est modérée, parfois en rapport avec une hypoplasie de la partie ventra<strong>le</strong><br />

des formations érecti<strong>le</strong>s lorsqu’el<strong>le</strong> est plus importante.<br />

1.1.4 Conduite à tenir<br />

Le diagnostic est habituel<strong>le</strong>ment fait lors de l’examen clinique du nouveau-né en maternité. Dans 70 à<br />

80% des cas il s’agit d’un hypospadias antérieur, <strong>le</strong> méat étant en situation balanique ou juxtabalanique,<br />

la courbure étant modérée.<br />

Dans <strong>le</strong>s autres cas on par<strong>le</strong>ra d’hypospadias postérieur , <strong>le</strong> méat étant plus proximal,<br />

périnéal dans <strong>le</strong>s formes majeures avec une courbure associée.<br />

Il est extrêmement important de ne pas méconnaître une ambiguïté sexuel<strong>le</strong> devant un hypospadias<br />

vulviforme associé à une cryptorchidie même unilatéra<strong>le</strong> : demander alors l’avis d’un endocrinologue<br />

pédiatre.<br />

Aucun examen complémentaire ne doit être réalisé à titre systématique.<br />

C’est ensuite au chirurgien pédiatre qu’il appartient de faire <strong>le</strong> bilan anatomique précis de la<br />

malformation, rapidement après la sortie de maternité ceci afin de pouvoir délivrer toutes <strong>le</strong>s<br />

informations nécessaires à la famil<strong>le</strong> et programmer <strong>le</strong> traitement chirurgical.<br />

La correction chirurgica<strong>le</strong> de la malformation doit intervenir entre l’âge de 9 et 18 mois. Cette<br />

correction précoce est importante pour minimiser <strong>le</strong> retentissement psychologique de la malformation<br />

et de l’acte chirurgical. Dans certains cas particuliers de micro pénis, il peut être nécessaire<br />

d’administrer un traitement hormonal à base de testostérone pour augmenter <strong>le</strong>s dimensions du pénis<br />

mais ce sera au chirurgien d’en poser l’indication.<br />

Les objectifs de la chirurgie sont :<br />

-la reconstruction d’un urètre dont <strong>le</strong> méat s’implante au sommet du gland, de calibre suffisant pour<br />

permettre une miction sans dysurie.<br />

-un pénis droit en érection.<br />

- une esthétique satisfaisante.<br />

C’est une intervention toujours délicate qui doit être réalisée par un chirurgien pédiatre habitué à cette<br />

chirurgie. La reconstruction de l’urètre en est <strong>le</strong> temps <strong>le</strong> plus délicat se faisant habituel<strong>le</strong>ment avec<br />

<strong>le</strong>s tissus locaux se trouvant sur <strong>le</strong> pénis. Les complications sont fréquentes, ce dont <strong>le</strong>s parents<br />

doivent être informés, et de traitement toujours diffici<strong>le</strong>.


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L’hypospadias :<br />

1.2 ANOMALIES DU PREPUCE<br />

1.2.1 Evolution norma<strong>le</strong> du prépuce<br />

Le terme de prépuce désigne la partie du fourreau cutané du pénis qui recouvre <strong>le</strong> gland.<br />

Chez l’adulte <strong>le</strong> prépuce doit être faci<strong>le</strong>ment rétractab<strong>le</strong> pour permettre <strong>le</strong>s rapports sexuels. Cette<br />

rétractabilité du prépuce est une propriété qui s’acquiert au fil des années durant l’enfance car il est<br />

pratiquement toujours non rétractab<strong>le</strong> chez <strong>le</strong> nouveau-né.<br />

Deux facteurs sont à l’origine de cette non rétractabilité:<br />

-<strong>le</strong>s adhérences entre la face interne du prépuce et la muqueuse du gland, appelées adhérences<br />

balano-préputia<strong>le</strong>s,<br />

-l’étroitesse de l’orifice préputial qui ne permet pas <strong>le</strong> passage du gland, appelé phimosis.<br />

Ces deux facteurs peuvent être associés ou bien il peuvent exister chacun de façon isolée.<br />

C’est spontanément au cours de la croissance de l’enfant que <strong>le</strong> prépuce va se rétracter plus<br />

faci<strong>le</strong>ment et c’est ainsi qu’à l’âge de 3 ans seu<strong>le</strong>ment 10% des garçons ont encore un phimosis.<br />

Cette maturation du prépuce porte à la fois sur <strong>le</strong> diamètre de l’orifice préputial qui va s’élargir , et sur<br />

<strong>le</strong>s adhérences balanopréputia<strong>le</strong>s qui se libèrent progressivement mais il faut être patient car parfois<br />

cette libération ne s’achève qu’en période pubertaire.<br />

Cette maturation est un processus physiologique qu’il faut respecter : <strong>le</strong>s décalottages forcés doivent<br />

être proscrits car d’une part ils sont très douloureux et d’autre part ils peuvent fissurer <strong>le</strong> prépuce<br />

entraînant secondairement un phimosis par sclérose.<br />

1.2.2 Pathologie du prépuce<br />

¤ Phimosis congénital<br />

Etant donné l’évolution naturel<strong>le</strong> du prépuce il n’y a en fait que très peu de phimosis congénitaux qui<br />

persistent au long cours et devront être traités.<br />

Le traitement du phimosis peut être envisagé à partir de l’âge de 7 à 8 ans.<br />

Le traitement de première intention est médical : il consiste à appliquer sur l’anneau de rétrécissement<br />

du prépuce un dermocorticoïde. Cette application doit être biquotidienne pendant trois à six semaines.<br />

Ce traitement permet une régression du phimosis dans au moins 80% des cas.<br />

La chirurgie n’est indiquée qu’en cas d’échec de cette corticothérapie loca<strong>le</strong> ; ses indications sont<br />

donc rares. L’intervention chirurgica<strong>le</strong> est soit une circoncision (exérèse du prépuce), soit une plastie<br />

d’élargissement conservant <strong>le</strong> prépuce.


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¤ Phimosis acquis<br />

Ce terme s’applique au phimosis survenant chez un garçon qui était auparavant faci<strong>le</strong>ment<br />

décalottab<strong>le</strong>. Dans la majorité des cas c’est un lichen scléro-atrophique du prépuce qui est à l’origine<br />

de ce type phimosis : <strong>le</strong> prépuce muqueux devient scléreux, perd sa soup<strong>le</strong>sse. Le diagnostic est fait<br />

devant la constatation d’un anneau blanchâtre au niveau de l’orifice préputial.<br />

Le traitement en est la circoncision car la corticothérapie loca<strong>le</strong> est inefficace. Le diagnostic de lichen<br />

scléro-atrophique peut être confirmé sur la pièce d’exérèse.<br />

¤ Balanite<br />

C’est une infection survenant dans l’espace sous préputial, s’observant surtout chez des garçons<br />

ayant un phimosis ou des adhérences balano-préputia<strong>le</strong>s.<br />

Le diagnostic est clinique : l’enfant a subitement des dou<strong>le</strong>urs lors de la miction, l’extrémité du pénis<br />

est œdémateuse, rouge. Parfois cette inflammation s’étend jusqu’à la base de la verge et il n’est pas<br />

rare d’observer un écou<strong>le</strong>ment puru<strong>le</strong>nt par l’orifice préputial.<br />

Le traitement en est simp<strong>le</strong> : il repose sur des bains avec des antiseptiques dilués durant quelques<br />

jours.<br />

¤ Para-phimosis<br />

C’est un accident compliquant souvent une tentative de décalottage forcée à la suite de laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong><br />

prépuce n’a pas été remis en place. L’anneau de rétrécissement préputial comprime de façon<br />

circulaire <strong>le</strong> pénis juste en amont du gland. Très rapidement apparaît un œdème du prépuce muqueux<br />

qui ne fait que s’accentuer. Le diagnostic repose sur la constatation d’un prépuce rétracté,<br />

œdémateux qui ne peut être faci<strong>le</strong>ment remis en place sur <strong>le</strong> gland.<br />

Le traitement doit être entrepris en urgence : la compression douce et prolongée sur <strong>le</strong> prépuce<br />

œdémateux en permet <strong>le</strong> plus souvent la réduction. En cas d’échec la réduction doit être envisagée<br />

sous anesthésie.<br />

Le phimosis :<br />

Faq 2 - Pathologie testiculaire<br />

2.1 TESTICULES NON DESCENDUS<br />

2.1.1 Introduction


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Le testicu<strong>le</strong> non descendu se définit comme l’absence de testicu<strong>le</strong> dans la bourse. Il s’agit d’une<br />

malformation relativement fréquente dont l’incidence est évaluée à environ 0 ,8% chez <strong>le</strong>s garçons à<br />

l’âge de 1 an et qui ne doit certainement pas être considérée comme un problème bénin étant donné<br />

en particulier <strong>le</strong> retentissement sur la fertilité ultérieure des sujets atteints surtout lorsque l’anomalie<br />

est bilatéra<strong>le</strong>.<br />

2.1.2 Embryologie<br />

Pour bien comprendre l’origine et <strong>le</strong>s différents aspects de cette pathologie, il est nécessaire de<br />

rappe<strong>le</strong>r brièvement <strong>le</strong> mécanisme de la migration testiculaire.<br />

L’ébauche testiculaire se constitue à partir de la cinquième semaine de la vie embryonnaire dans la<br />

région rétro péritonéa<strong>le</strong> au pô<strong>le</strong> inférieur du mésonéphros. Le corps de Wolff régresse et laissera,<br />

entre autres, une formation ligamentaire reliant <strong>le</strong> pô<strong>le</strong> inférieur du testicu<strong>le</strong> au fond de la bourse :<br />

c’est <strong>le</strong> gubernaculum testis, véritab<strong>le</strong> rail de guidage de la migration du testicu<strong>le</strong> vers la bourse.<br />

En raison de la croissance cranio-cauda<strong>le</strong> de l’embryon <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong> va progressivement se situer plus<br />

bas : il atteint l’orifice interne du canal au quatrième mois et rencontre l’épididyme. Puis il traverse <strong>le</strong><br />

canal inguinal durant <strong>le</strong> 7ème mois en glissant <strong>le</strong> long du canal péritonéo-vaginal et parvient ensuite<br />

dans <strong>le</strong> scrotum.<br />

Cette migration, qui s’étend tout au long de la vie fœta<strong>le</strong>, explique que l’incidence des testicu<strong>le</strong>s non<br />

descendus soit plus é<strong>le</strong>vée chez <strong>le</strong>s prématurés, où el<strong>le</strong> peut atteindre 20 à 30% des cas, que chez<br />

<strong>le</strong>s enfants nés à terme où el<strong>le</strong> est évaluée entre 3 et 5%. Après la naissance il existe encore une<br />

possibilité de migration spontanée mais au delà de l’âge de 6 mois un testicu<strong>le</strong> non descendu ne<br />

pourra plus migrer spontanément.<br />

2.1.3 Aspects anatomiques<br />

Dans <strong>le</strong> cadre des testicu<strong>le</strong>s non descendus il est habituel de distinguer deux aspects anatomiques :<br />

- <strong>le</strong>s testicu<strong>le</strong>s cryptorchides, en arrêt sur <strong>le</strong>ur trajet de migration, qui peuvent selon <strong>le</strong> niveau de cet<br />

arrêt être abdominaux , intracanalaires, ou se situer en aval de l’orifice inguinal superficiel.<br />

- <strong>le</strong>s testicu<strong>le</strong>s ectopiques, plus rares, qui se définissent par la présence du testicu<strong>le</strong> en dehors de son<br />

trajet normal de migration. La forme la plus fréquente est <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong> pré aponévrotique, <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong><br />

étant dans une logette en avant du canal inguinal. Plus rares sont <strong>le</strong>s ectopies périnéa<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s ectopies<br />

croisées.<br />

L’anomalie peut être bilatéra<strong>le</strong>.<br />

2.1.4 Diagnostic<br />

2.1.4.1 Examen clinique<br />

Le diagnostic de testicu<strong>le</strong> non descendu repose uniquement sur l’examen clinique.<br />

C’est habituel<strong>le</strong>ment à la naissance lors de l’examen systématique du nouveau-né que l’anomalie est<br />

découverte mais cela peut être plus tardif, l’examen du contenu du scrotum faisant partie de l’examen<br />

clinique systématique routinier de tout <strong>le</strong>s nourrissons.<br />

L’examen clinique doit se faire sur un enfant calme et détendu. Il faut préciser <strong>le</strong> caractère uni ou<br />

bilatéral de l’anomalie, la situation du testicu<strong>le</strong>, son volume. Le canal péritonéo-vaginal est très<br />

souvent encore perméab<strong>le</strong> ce qui peut être à l’origine d’une hernie inguina<strong>le</strong> ou d’une hydrocè<strong>le</strong>.<br />

L’examen du pénis doit être systématique à la recherche d’un hypospadias : la coexistence d’un<br />

hypospadias et d’une cryptorchidie doit faire évoquer systématiquement une anomalie de la<br />

différentiation sexuel<strong>le</strong> et demander un avis spécialisé.<br />

Les examens complémentaires, essentiel<strong>le</strong>ment l’échographie, sont inuti<strong>le</strong>s, n’apportant rien de plus<br />

que l’examen clinique.


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2.1.4.2 Testicu<strong>le</strong> non palpab<strong>le</strong><br />

C’est une situation que l’on rencontre dans environ 10% des cas de testicu<strong>le</strong> non descendu.<br />

-En cas de testicu<strong>le</strong> non palpab<strong>le</strong> bilatéral il faut évaluer la présence ou l’absence de parenchyme<br />

testiculaire en dosant <strong>le</strong> taux sanguin de testostérone avant et après stimulation par hormones<br />

gonadotrophines chorioniques. L’absence d’élévation de ce taux permet de conclure à une anorchidie<br />

bilatéra<strong>le</strong>, anomalie tout à fait exceptionnel<strong>le</strong>.<br />

-En présence d’un testicu<strong>le</strong> non palpab<strong>le</strong> unilatéral il faut répondre à la question suivante : s’agit-il<br />

d’un testicu<strong>le</strong> non palpab<strong>le</strong> car haut situé( inguinal haut ou abdominal) ou d’un testicu<strong>le</strong> atrophique ?<br />

Aucun examen complémentaire en particulier d’imagerie ne permet de répondre à cette question et<br />

seu<strong>le</strong> l’exploration chirurgica<strong>le</strong> assistée par une laparoscopie fera <strong>le</strong> diagnostic anatomique précis de<br />

la malformation.<br />

2.1.4.3 Diagnostic différentiel<br />

Dans <strong>le</strong> cadre des testicu<strong>le</strong>s non descendus la principa<strong>le</strong> difficulté est représentée par <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong><br />

oscillant . C’est un phénomène physiologique souvent observé en pédiatrie :<strong>le</strong> testicu<strong>le</strong> remonte dans<br />

la région inguina<strong>le</strong> sous l’effet de la contraction du crémaster et redescend faci<strong>le</strong>ment dans la bourse.<br />

Ce phénomène n’existe jamais à la naissance et apparaît après quelques mois. C’est l’examen<br />

clinique sur un enfant bien détendu qui en permettra <strong>le</strong> diagnostic, <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong> doit être dans la bourse<br />

lorsque l’enfant est examiné dans la position dite du tail<strong>le</strong>ur c’est à dire <strong>le</strong>s membres inférieurs en<br />

abduction, cuisses fléchies.<br />

Il est toujours possib<strong>le</strong> de répéter l’examen clinique quelques semaines plus tard en cas de doute<br />

entre cryptorchidie et testicu<strong>le</strong> oscillant. Ce diagnostic est important car <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong> oscillant ne<br />

nécessite aucun traitement particulier, la stabilisation testiculaire dans la bourse intervenant au plus<br />

tard en période pubertaire sous l’effet de la secrétion hormona<strong>le</strong> de l’axe hypoyhalamo-hypophysaire.<br />

2.1.4.4 Traitement<br />

Il peut être entrepris dès que l’on a acquis la certitude que <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong> ne migrera plus spontanément,<br />

c’est à dire après 6 mois.<br />

Ce traitement est chirurgical , il peut être réalisé dès l’âge de 9 mois- 1 an. Le principe en est de<br />

libérer <strong>le</strong>s éléments du cordon spermatique (canal déférent et pédicu<strong>le</strong> vasculaire spermatique) des<br />

structures, en particulier <strong>le</strong> canal péritonéo-vaginal, qui maintiennent <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong> en position haute. Il<br />

s’agît d’une intervention délicate, d’autant plus diffici<strong>le</strong> que <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong> est plus haut situé et qui en cas<br />

de testicu<strong>le</strong> intra-abdominal peut bénéficier de la laparoscopie.<br />

Le traitement hormonal par injections de gonadotrophines-chorioniques est réservé aux cas de doute<br />

diagnostic entre testicu<strong>le</strong> oscillant et cryptorchidie, <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong> oscillant se stabilisant en situation<br />

scrota<strong>le</strong> après ce traitement hormonal.<br />

2.1.4.5 Devenir<br />

L’ abaissement chirurgical du testicu<strong>le</strong> permet<br />

- de restaurer une morphologie norma<strong>le</strong> des organes génitaux externes<br />

- d’améliorer la qualité de la spermatogenèse en diminuant la température du testicu<strong>le</strong> par rapport à la<br />

température centra<strong>le</strong> du corps.<br />

Cependant deux risques liés à cette malformation persistent :<br />

- <strong>le</strong> risque de cancer :<br />

Il est 4 à 6 fois plus é<strong>le</strong>vé au niveau d’un testicu<strong>le</strong> cryptorchide qu’au niveau d’un testicu<strong>le</strong> qui était en<br />

place à la naissance. L’abaissement du testicu<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> scrotum ne diminue pas ce risque mais au


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moins il permettra de faire <strong>le</strong> diagnostic de cancer à un stade relativement précoce, ce qui ne serait<br />

pas <strong>le</strong> cas sur un testicu<strong>le</strong> demeuré en situation inguina<strong>le</strong> haute ou abdomina<strong>le</strong>.<br />

- la stérilité :<br />

C’est certainement la conséquence la plus importante des anomalies de la migration testiculaire.<br />

Après abaissement chirurgical, lorsque l’anomalie est unilatéra<strong>le</strong> <strong>le</strong> risque d’infertilité est faib<strong>le</strong>,<br />

concernant environ 5% des sujets. Lorsque l’anomalie est bilatéra<strong>le</strong> ce risque est beaucoup plus é<strong>le</strong>vé<br />

atteignant 50%. L’altération de la fertilité est secondaire aux altérations histologiques touchant <strong>le</strong>s<br />

éléments de la lignée germina<strong>le</strong> et éga<strong>le</strong>ment aux malformations de la voie excrétrice du testicu<strong>le</strong> (<br />

canal déférent, épididyme) que l’on observe souvent lorsqu’il s’agit d’une cryptorchidie haute.<br />

Le pronostic concernant la fonction endocrine est habituel<strong>le</strong>ment bon avec une sécrétion de<br />

testostérone norma<strong>le</strong> ce qui permet un développement pubertaire normal.<br />

2.2 DOULEURS SCROTALES AIGUES<br />

2.2.1 Introduction<br />

La survenue bruta<strong>le</strong> d’une dou<strong>le</strong>ur scrota<strong>le</strong> doit systématiquement faire évoquer une urgence<br />

chirurgica<strong>le</strong> : hernie étranglée chez <strong>le</strong> nourrisson, torsion testiculaire chez l’enfant plus grand.<br />

Méconnaître un de ces diagnostic fait courir <strong>le</strong> risque de séquel<strong>le</strong> testiculaire irréversib<strong>le</strong> à type<br />

d’atrophie par ischémie.<br />

La démarche diagnostique sera donc différente selon l’âge.<br />

Il existe par ail<strong>le</strong>urs d’autres pathologies aiguës qui el<strong>le</strong>s ne menacent pas ou peu aussi rapidement la<br />

vitalité du testicu<strong>le</strong> : <strong>le</strong>s torsions d’annexe testiculaire, <strong>le</strong>s orchi-épididymites.<br />

2.2.2 Chez <strong>le</strong> nourrisson : la hernie inguina<strong>le</strong> étranglée, l’orchiépidymite.<br />

2.2.1.1 La hernie inguina<strong>le</strong> étranglée<br />

C’est un accident survenant souvent dans <strong>le</strong> cadre des hernies inguina<strong>le</strong>s du nourrisson et qui peut<br />

être révélateur de la hernie ou compliquer une hernie déjà connue. Il faut rappe<strong>le</strong>r que la hernie<br />

inguina<strong>le</strong> du nourrisson est une hernie indirecte oblique externe par persistance du canal péritonéovaginal.<br />

Le tab<strong>le</strong>au clinique est tout à fait caractéristique :<br />

Chez un nourrisson devenu subitement geignard, douloureux, refusant de boire, on constate<br />

l’existence dans la région inguino-scrota<strong>le</strong> d’une masse ferme, douloureuse à la palpation, non<br />

réductib<strong>le</strong> dans la cavité abdomina<strong>le</strong>. La non réductibilité signe l’étrang<strong>le</strong>ment de la hernie<br />

.La réduction doit être entreprise en urgence car sinon :<br />

-<strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au clinique va se compléter rapidement par des vomissements témoignant d’un syndrome<br />

occlusif.<br />

-<strong>le</strong> testicu<strong>le</strong> risque d’évoluer ultérieurement vers une atrophie car <strong>le</strong> cordon spermatique est<br />

véritab<strong>le</strong>ment clampé par la compression des viscères herniés .<br />

Technique de réduction : el<strong>le</strong> se fait essentiel<strong>le</strong>ment par une compression externe douce et prolongée<br />

sur <strong>le</strong> contenu de la hernie, manœuvre dénommée « taxis ». El<strong>le</strong> ne doit pas être faite lorsque <strong>le</strong><br />

diagnostic est tardif et el<strong>le</strong> nécessite souvent l’aide d’une sédation : bain chaud, hypnotique administré<br />

par voie intra-recta<strong>le</strong> en milieu hospitalier. L’échec de cette réduction doit conduire immédiatement à<br />

un traitement chirurgical.<br />

2.2.1.2 Les orchi-épididymites<br />

El<strong>le</strong>s sont rares à l’âge pédiatrique, survenant <strong>le</strong> plus souvent chez <strong>le</strong> nourrisson.


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Sur <strong>le</strong> plan clinique on constate :<br />

-une inflammation du scrotum, un testicu<strong>le</strong> augmenté de volume, douloureux à la palpation.<br />

-souvent une fièvre<br />

Il est important de faire un ECBU avant tout traitement antibiotique car dans un certain nombre de cas<br />

l’orchi-épididymite est associée à une infection urinaire. Si l’ECBU est positif il faudra rechercher une<br />

malformation de l’appareil urinaire par échographie et cystographie.<br />

Le traitement repose sur l’antibiothérapie, initia<strong>le</strong>ment par voie intraveineuse en milieu hospitalier,<br />

adaptée secondairement aux données de l’antibiogramme.<br />

2.2.3 Chez <strong>le</strong> grand enfant et l’ado<strong>le</strong>scent : la torsion du testicu<strong>le</strong><br />

El<strong>le</strong> représente la cause la plus fréquente des bourses aiguës du grand enfant et de l’ado<strong>le</strong>scent.<br />

C’est <strong>le</strong> diagnostic qu’il faut systématiquement évoquer devant toute dou<strong>le</strong>ur testiculaire car seu<strong>le</strong> une<br />

intervention chirurgica<strong>le</strong> en urgence absolue, dans <strong>le</strong>s toutes premières heures suivant <strong>le</strong> début des<br />

dou<strong>le</strong>urs, permettra d’éviter l’évolution vers la nécrose ischémique irréversib<strong>le</strong> du testicu<strong>le</strong>.<br />

Le signe fonctionnel essentiel est la dou<strong>le</strong>ur, de survenue bruta<strong>le</strong>, scrota<strong>le</strong>, irradiant parfois dans la<br />

fosse iliaque du même côté, permanente. Il est important de préciser son heure de début pour pouvoir<br />

évaluer la durée de l’évolution de l’ischémie testiculaire.<br />

A l’examen clinique <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong> est volontiers ascensionné à la racine de la bourse, il est très<br />

douloureux à la palpation. Le réf<strong>le</strong>xe crémastérien est souvent aboli. L’existence de signes<br />

inflammatoires ( œdème et/ou rougeur du scrotum) témoigne d’une torsion déjà ancienne.<br />

Les examens complémentaires sont inuti<strong>le</strong>s et ils risquent de retarder la prise en charge chirurgica<strong>le</strong>.<br />

Le traitement chirurgical est réalisé <strong>le</strong> plus rapidement possib<strong>le</strong> car seu<strong>le</strong> une détorsion réalisée dans<br />

<strong>le</strong>s 6 heures suivant l’apparition des dou<strong>le</strong>urs permet se préserver <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong>. Outre la détorsion<br />

, l’intervention comportera systématiquement une fixation du testicu<strong>le</strong> tordu mais aussi<br />

du testicu<strong>le</strong> controlatéral car il n’est pas rare que <strong>le</strong>s facteurs anatomiques prédisposant à la torsion<br />

du testicu<strong>le</strong> existent sur <strong>le</strong>s deux testicu<strong>le</strong>s. En cas de nécrose, <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong> sera en<strong>le</strong>vé (castration),<br />

<strong>le</strong>s parents ayant été prévenus en pré-opératoire de cette éventualité.<br />

2.2.4 Entre 5 et 10 ans : la torsion hydatide testiculaire<br />

L’hydatide testiculaire ou hydatide de Morgagni est un reliquat embryonnaire appendu au pô<strong>le</strong><br />

supérieur du testicu<strong>le</strong>. Sa torsion représente la cause la plus fréquente des dou<strong>le</strong>urs scrota<strong>le</strong>s aiguës<br />

du garçon entre 5 et 10 ans.<br />

La symptomatologie est dominée par une dou<strong>le</strong>ur scrota<strong>le</strong> de survenue bruta<strong>le</strong>.<br />

A l’examen clinique, l’inspection peut découvrir une tuméfaction b<strong>le</strong>utée à la partie haute de la bourse.<br />

La palpation du pô<strong>le</strong> supérieur du testicu<strong>le</strong> est exquisément douloureuse avec parfois perception d’un<br />

petit nodu<strong>le</strong>. Ces éléments cliniques sont suffisants pour affirmer <strong>le</strong> diagnostic de torsion d’hydatide<br />

Le traitement peut alors être limité à un simp<strong>le</strong> traitement anti-inflammatoire non stéroïdien qui permet<br />

habituel<strong>le</strong>ment en quelques jours la sédation des phénomènes douloureux.<br />

Parfois la torsion d’hydatide entraîne des phénomènes inflammatoires diffus sur <strong>le</strong> scrotum rendant <strong>le</strong><br />

diagnostic diffici<strong>le</strong> ce qui peut justifier une exploration chirurgica<strong>le</strong> pour ne pas méconnaître une<br />

torsion testiculaire. L’ hydatide nécrosée est alors en<strong>le</strong>vée.


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2.2.5 Conclusion<br />

Cette présentation des bourses aiguës de l’enfant en fonction de l’âge est schématique. Il faut savoir<br />

qu’une une torsion testiculaire peut aussi s’observer chez des jeunes enfants ou des nourrissons ou<br />

qu’une infection peut survenir chez un ado<strong>le</strong>scent. C ‘est pourquoi en présence d’une bourse aiguë<br />

chez un enfant il faut avoir très rapidement l’avis d’un chirurgien ce qui permettra de ne pas prendre <strong>le</strong><br />

risque de laisser évoluer une hernie étranglée ou une torsion testiculaire dont <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au clinique peut<br />

être atypique.<br />

Points essentiels<br />

C’est un motif fréquent de consultation, il est important de savoir dépister <strong>le</strong>s malformations<br />

congénita<strong>le</strong>s et de reconnaître <strong>le</strong>s urgences chirurgica<strong>le</strong>s.<br />

- L’hypospadias : c’est une malformation du pénis définie par une implantation anorma<strong>le</strong> du méat<br />

urétral, souvent associé à d’autres anomalies du pénis. Le traitement chirurgical intervient entre 9 et<br />

18 mois. Ses objectifs sont de permettre une miction par <strong>le</strong> sommet de la verge et ultérieurement une<br />

sexualité norma<strong>le</strong>.<br />

- Le phimosis :c’est un phénomène physiologique chez <strong>le</strong>s petits garçons qui dans la très grande<br />

majorité des cas évoluera spontanément favorab<strong>le</strong>ment. Ce ne sera que sa persistance au-delà de<br />

l’âge de 7 à 8 ans qui conduira à envisager un traitement qui sera essentiel<strong>le</strong>ment médical par<br />

application de dermo-corticoïdes, la chirurgie étant réservée aux échecs de ce traitement.<br />

Les adhérences balano-préputia<strong>le</strong>s doivent être respectées, <strong>le</strong>ur libération interviendra spontanément,<br />

au plus tard en période pubertaire.<br />

- Le testicu<strong>le</strong> non descendu : il doit être identifié précocement. Un testicu<strong>le</strong> non descendu à l’âge de<br />

6 mois ne descendra plus spontanément et devra faire l’objet d’un traitement chirurgical.<br />

En cas de testicu<strong>le</strong> non palpab<strong>le</strong> aucun examen d’imagerie ne permet de localiser <strong>le</strong> testicu<strong>le</strong> et seu<strong>le</strong><br />

la laparoscopie permettra de faire la différence entre une cryptorchidie haute et une atrophie<br />

testiculaire. Des explorations biologiques ne seront réalisées que dans <strong>le</strong>s formes bilatéra<strong>le</strong>s de<br />

testicu<strong>le</strong> non palpab<strong>le</strong>s affin d’évaluer la présence d’une sécrétion de testostérone.<br />

Le testicu<strong>le</strong> oscillant ne nécessite aucun traitement car il migrera spontanément dans la bourse.<br />

Le risque de stérilité est très faib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s formes unilatéra<strong>le</strong>s mais il atteint 50% dans <strong>le</strong>s formes<br />

bilatéra<strong>le</strong>s<br />

- Dou<strong>le</strong>urs scrota<strong>le</strong>s aiguës<br />

- la démarche diagnostique est fonction de l’âge<br />

-chez <strong>le</strong> nourrisson <strong>le</strong> premier diagnostic à évoquer est la hernie inguina<strong>le</strong> étranglée qui nécessite une<br />

réduction en urgence<br />

-chez l’ado<strong>le</strong>scent il faut toujours craindre une torsion du testicu<strong>le</strong> devant une dou<strong>le</strong>ur testiculaire<br />

d’apparition soudaine avec un testicu<strong>le</strong> douloureux à la palpation. Seu<strong>le</strong> une détorsion chirurgica<strong>le</strong> de<br />

toute urgence dans <strong>le</strong>s 6 premières heures permet de préserver la vitalité du testicu<strong>le</strong>. Aucun examen<br />

complémentaire ne doit venir retarder la prise en charge chirurgica<strong>le</strong>.


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Objectifs :<br />

Péritonite aiguë - Item 275<br />

- Diagnostiquer une péritonite aiguë.<br />

- - Identifier <strong>le</strong>s situations d’urgence et planifier <strong>le</strong>ur prise en charge.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Les différents types de péritonite chez l’enfant<br />

Faq 2 - Diagnostic positif de la péritonite de l’enfant et du nourrisson<br />

Faq 3 - Causes <strong>le</strong>s plus fréquentes des péritonites secondaires chez l’enfant<br />

Faq 4 - Traitement des péritonites aiguës<br />

Points essentiels<br />

Introduction<br />

La péritonite aiguë se définit comme un état inflammatoire aigu de la séreuse péritonéa<strong>le</strong> avec<br />

œdème, hyperhémie et hypersécrétion suite à l’irruption d’un agent plus ou moins agressif dans la<br />

cavité péritonéa<strong>le</strong> provoquant une agression infectieuse ou chimique. Cet agent peut être :<br />

- Bactérien (perforation du tube digestif ou plaie pénétrante de l’abdomen) ;<br />

- Chimique (acide chlorhydrique, amylase, bi<strong>le</strong>) ;<br />

- La présence de sang dans la grande cavité péritonéa<strong>le</strong> induit des signes d’irritation péritonéa<strong>le</strong>.<br />

Le tab<strong>le</strong>au de péritonite n’est pas limité aux manifestations abdomina<strong>le</strong>s, et c’est l’ensemb<strong>le</strong> des<br />

phénomènes généraux, hémodynamiques, respiratoires, infectieux, rénaux et hépatiques qui en font<br />

la gravité.<br />

Faq 1 - Les différents types de péritonite chez l'enfant<br />

Comme chez l’adulte, on distingue :<br />

- Les péritonites communautaires <strong>le</strong>s plus fréquentes, <strong>le</strong> plus souvent secondaires à la perforation<br />

d’un organe creux, principa<strong>le</strong>ment l’appendice iléo-caecal chez l’enfant. Parmi <strong>le</strong>s péritonites<br />

communautaires, il est classique de distinguer :<br />

¤ <strong>le</strong>s péritonites primitives dites sine materia (sans cause), rares,<br />

¤ <strong>le</strong>s péritonites secondaires, liées à une pathologie digestive ou à une plaie de l’abdomen.<br />

- Les péritonites nosocomia<strong>le</strong>s de survenue hospitalière, soit post-opératoires, soit secondaires à<br />

l’installation d’un dispositif intra-abdominal (cathéter de dialyse péritonéa<strong>le</strong>).<br />

1 - LA PERITONITE PRIMITIVE<br />

La péritonite primitive (PP), encore appelée idiopathique ou spontanée, est définie comme un<br />

processus infectieux touchant la cavité péritonéa<strong>le</strong> et ne provenant ni d’une perforation viscéra<strong>le</strong>, ni<br />

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d’un processus inflammatoire survenant dans la cavité abdomina<strong>le</strong> ou à son voisinnage, ni d’une plaie<br />

pénétrante.<br />

Chez l’enfant, la grande majorité des PP surviennent sur des terrains particuliers, qu’il faut s’attacher à<br />

toujours rechercher :<br />

- <strong>le</strong> syndrome néphrotique, car 15 à 20% des enfants atteints font une PP;<br />

- <strong>le</strong>s pathologies hépatiques graves compliquées de cirrhose ;<br />

- ou plus rarement l’insuffisance réna<strong>le</strong> chronique et certaines maladies nécessitant une<br />

corticothérapie au long cours (lupus érythémateux, dermatomyosite)<br />

L’agent bactérien <strong>le</strong> plus fréquemment en cause est <strong>le</strong> streptocoque pneumoniae ou pneumocoque ;<br />

parfois il peut s’agir de germes Gram négatif, comme E.Coli ou k<strong>le</strong>bsiella pneumoniae, notamment en<br />

présence d’une ascite et d’une cirrhose.<br />

Le tab<strong>le</strong>au clinique est peu différent de celui des péritonites secondaires, en dehors d’une évolution<br />

parfois plus rapide, et d’une dou<strong>le</strong>ur, spontanée et provoquée par la palpation, plutôt diffuse, sans<br />

localisation pouvant orienter vers un organe ou un autre.<br />

L’intérêt particulier de ces PP provient du fait que <strong>le</strong>ur traitement est uniquement médical, d’où<br />

l’importance extrème d’un interrogatoire bien conduit, à la recherche des pathologies précédemment<br />

citées. Une ponction du liquide péritonéal est effectuée pour examen bactériologique et <strong>le</strong> traitement<br />

antibiotique est mis en route. Malheureusement, il arrive que la certitude clinique soit insuffisante, et,<br />

pour éviter <strong>le</strong> risque gravissime de méconnaitre une appendicite perforée, on est parfois dans<br />

l’obligation de poser l’indication opératoire.<br />

2 - LES PERITONITES SECONDAIRES<br />

Les appendicites aiguës représentent la cause principa<strong>le</strong> des péritonites chez l’enfant. Les autres<br />

étiologies sont nombreuses, mais rares pour chacune d’entre el<strong>le</strong>s.<br />

Il faut citer à part <strong>le</strong>s péritonites secondaires du nouveau-né, dûes <strong>le</strong> plus souvent à une entérocolite<br />

ulcéro-nécrosante, ou à une péritonite méconia<strong>le</strong> d’origine antenata<strong>le</strong>.<br />

3 – LES PERITONITES NOSOCOMIALES<br />

Les péritonites post-opératoires sont <strong>le</strong>s plus fréquentes et peuvent être liées soit à un lâchage de<br />

suture d’un organe creux, soit à une fistu<strong>le</strong> anastomotique, soit à un lâchage de moignon<br />

appendiculaire. El<strong>le</strong>s sont plus rares chez l’enfant grâce à la bonne qualité des vaisseaux sanguins et<br />

à l’absence de terrains polypathologiques.<br />

Quant aux péritonites sur cathéter de dialyse péritonéa<strong>le</strong>, <strong>le</strong> diagnostic se fait sur un liquide de dialyse<br />

troub<strong>le</strong>, comportant un nombre de cellu<strong>le</strong>s supérieur à 100/µl avec au moins 50% de polynucléaires<br />

neutrophi<strong>le</strong>s. Les staphylocoques et <strong>le</strong> pseudomonas aeruginosa sont <strong>le</strong>s germes habituel<strong>le</strong>ment en<br />

cause. Le risque de péritonite est d’autant plus é<strong>le</strong>vé que <strong>le</strong> cathéter reste longtemps en place. Le<br />

traitement antibiotique permet la guérison, mais environ 10% des cathéters doivent être retirés.<br />

Faq 2 - Diagnostic positif de la péritonite de l’enfant et du nourrisson<br />

1° – Dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s<br />

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- Volontiers de survenue bruta<strong>le</strong>, toujours intenses, survenant parfois « en coup de poignard ».<br />

- La dou<strong>le</strong>ur est initia<strong>le</strong>ment localisée et <strong>le</strong> siège de cette dou<strong>le</strong>ur permet une orientation du diagnostic<br />

notamment chez <strong>le</strong> grand enfant qui sera à même d’évoquer précisément l’histoire de la maladie. Mais<br />

l’anamnèse est souvent très diffici<strong>le</strong> à décrire avec précision chez un petit enfant.<br />

- Les dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s extrêmement vives se généralisent rapidement à tout l’abdomen avec des<br />

paroxysmes provoqués par <strong>le</strong> moindre mouvement ou la palpation.<br />

2° – Vomissements<br />

- Souvent précédés par un simp<strong>le</strong> refus de l’alimentation accompagné de nausées,<br />

- Puis vomissements alimentaires et enfin bilieux et répétés.<br />

3° – Troub<strong>le</strong>s du transit<br />

- Un météorisme abdominal accompagne un arrêt des gaz et des matières.<br />

- Des diarrhées paradoxa<strong>le</strong>s peuvent survenir souvent incoercib<strong>le</strong>s et pouvant laisser croire à une<br />

forme sévère de gastro-entérite. El<strong>le</strong>s sont volontiers l’apanage des péritonites à point de départ<br />

appendiculaire méso cœliaque, ou des abcès du cul de sac de Douglas ou des péritonites localisées<br />

initia<strong>le</strong>ment dans la région pelvienne.<br />

4° – Fièvre<br />

- El<strong>le</strong> est habituel<strong>le</strong>ment é<strong>le</strong>vée aux a<strong>le</strong>ntours de 39° - 40°.<br />

- El<strong>le</strong> peut être retardée en cas de perforation, d’ulcère gastro-duodénal par exemp<strong>le</strong> ou de péritonite<br />

biliaire.<br />

5° – Etat général<br />

- Il est conservé au début s’accompagne d’un état d’anxiété, voire stuporeux dans <strong>le</strong>s péritonites<br />

asthéniques, notamment chez <strong>le</strong>s petits enfants.<br />

- Le pouls est rapide, faib<strong>le</strong>.<br />

- L’état général s’altère rapidement, <strong>le</strong>s traits du visage sont tirés. On note des cernes sous <strong>le</strong>s yeux.<br />

La langue est sèche et <strong>le</strong>s premiers signes de déshydratation peuvent apparaître. On peut noter<br />

l’existence de frissons qui accompagne <strong>le</strong>s états septicémiques, puis à un stade plus évolué, un état<br />

de choc septicémique.<br />

6° - L’examen clinique<br />

L’examen de l’abdomen permet <strong>le</strong> plus souvent d’affirmer <strong>le</strong> diagnostic de péritonite devant l’existence<br />

d’une contracture : défense douloureuse qui ne cède pas à la pression douce, mains réchauffées,<br />

enfant rassuré.<br />

Le ventre n’est ni franchement ballonné, ni plat, il est douloureux dans son ensemb<strong>le</strong> et l’on note une<br />

contracture, signe de l’irritation péritonéa<strong>le</strong>.<br />

Néanmoins, cette contracture n’est pas toujours évidente. C’est la raison pour laquel<strong>le</strong> il faut savoir<br />

rechercher <strong>le</strong>s signes pathognomoniques d’irritation péritonéa<strong>le</strong> :<br />

- soit au niveau de l’ombilic chez <strong>le</strong> jeune enfant, qui donne accès au cône péritonéal qui monte à<br />

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l’orifice ombilical. La palpation de l’ombilic provoque souvent une réaction douloureuse de l’enfant.<br />

- soit par <strong>le</strong> toucher rectal qui est diffici<strong>le</strong> d’interprétation chez l’enfant mais il est toujours très<br />

douloureux. Il donne en effet accès au cul de sac péritonéal de Douglas.<br />

- certains territoires de l’abdomen peuvent être <strong>le</strong> siège de points douloureux plus important qui<br />

peuvent indiquer <strong>le</strong> siège des lésions causa<strong>le</strong>s.<br />

Une dou<strong>le</strong>ur à l’ébran<strong>le</strong>ment de l’abdomen peut être retrouvée.<br />

7° - Le diagnostic biologique<br />

- L’hyper<strong>le</strong>ucocytose est toujours franche, mais ce signe peut manquer dans une péritonite<br />

d’installation très récente (quelques heures).<br />

- La CRP est é<strong>le</strong>vée, mais l’inertie de ce signe biologique est d’environ dix heures. Il n’est pas<br />

exceptionnel de rencontrer des péritonites notamment d’origine appendiculaire secondaires à la<br />

perforation d’un appendice gangrené, pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s il n’y a ni hyper<strong>le</strong>ucocytose, ni élévation de la<br />

CRP, <strong>le</strong> syndrome péritonéal remontant seu<strong>le</strong>ment à quelques heures.<br />

- Le ionogramme sanguin est indispensab<strong>le</strong> pour évaluer <strong>le</strong>s désordres hydro-é<strong>le</strong>ctrolytiques.<br />

- Des hémocultures doivent être réalisées en cas de fièvre avec syndrome septicémique.<br />

8° - Le diagnostic radiologique<br />

a) La radiographie de l’abdomen sans préparation.<br />

- Grisail<strong>le</strong> diffuse secondaire à un épanchement liquidien ;<br />

- Mauvaise aération digestive ou anomalie de la répartition de l’aération digestive ;<br />

- Niveaux hydro-aériques témoignant d’un syndrome occlusif installé ;<br />

- Recherche d’un pneumopéritoine secondaire à la perforation d’un organe creux : croissant gazeux<br />

inter hépato-diaphragmatique sur <strong>le</strong> cliché d’abdomen sans préparation, debout de face prenant <strong>le</strong>s<br />

coupo<strong>le</strong>s. Croissant gazeux sous la paroi abdomina<strong>le</strong> antérieure sur <strong>le</strong> cliché de l’abdomen sans<br />

préparation couché, de profil. En réalité <strong>le</strong> pneumopéritoine est rarement observé sur la radiographie<br />

de l’abdomen sans préparation.<br />

- La radiographie de l’abdomen sans préparation peut orienter vers une étiologie appendiculaire si une<br />

image lithiasique est visib<strong>le</strong> en FID (stercolithe appendiculaire ou coprolithe ou fécalithe) ;<br />

- En cas d’entérocolite nécrosante, une dissection de la paroi intestina<strong>le</strong> par une gangrène gazeuse<br />

est possib<strong>le</strong> et prend <strong>le</strong> nom de pneumatose.<br />

b) La radiographie du thorax de face :<br />

- Est surtout intéressante dans <strong>le</strong> cadre du diagnostic différentiel.<br />

- Mais cet examen permet aussi de faire <strong>le</strong> diagnostic d’une pneumopathie accompagnant une<br />

péritonite sine materia.<br />

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- L’association pneumopathie, gangrène appendiculaire compliquée de péritonite n’est pas rare non<br />

plus.<br />

c) L’échographie abdomino-pelvienne.<br />

- L’épanchement péritonéal peut être confirmé. Mais bien des péritonites ne s’accompagnent que d’un<br />

épanchement minime en début de péritonite et tous <strong>le</strong>s épanchements liquidiens intra-péritonéaux ne<br />

sont pas synonymes de péritonite.<br />

- Surtout l’échographie abdomina<strong>le</strong> peut orienter <strong>le</strong> diagnostic étiologique de la péritonite (gros<br />

appendice, stercolithe appendiculaire, épaississement des tissus de voisinnage) et cet examen prend<br />

une place de plus en plus importante actuel<strong>le</strong>ment.<br />

d) Le scanner abdominal avec injection.<br />

Il est rarement indiqué.<br />

- Le scanner abdominal permet d’étudier l’épaisseur des parois digestives.<br />

- Il oriente sur <strong>le</strong> diagnostic étiologique (voie biliaire, pancréas…).<br />

- il s’agit parfois du seul examen qui puisse mettre en évidence un pneumopéritoine minime : petites<br />

bul<strong>le</strong>s présentes à proximité de l’organe perforé.<br />

9° - Les facteurs de gravité des péritonites :<br />

- L’âge de survenue de la péritonite (<strong>le</strong>s péritonites néonata<strong>le</strong>s sont toujours très grave),<br />

- De la cause de la péritonite,<br />

- Du délai entre <strong>le</strong> début de la maladie et l’intervention qui seu<strong>le</strong> permettra l’éradication du foyer<br />

causal,<br />

- Des conditions opératoires<br />

-· Des caractéristiques bactériologiques de la péritonite et de la stratégie antibiothérapique qui en<br />

décou<strong>le</strong>ra.<br />

Faq 3 - Causes <strong>le</strong>s plus fréquentes des péritonites secondaires chez l’enfant<br />

L’orientation étiologique dépendra essentiel<strong>le</strong>ment de l’âge de l’enfant :<br />

1° - Le nouveau-né<br />

a) L’entérocolite ulcéro-nécrosante :<br />

- est à l’origine de près de la moitié des perforations intestina<strong>le</strong>s chez l’enfant. El<strong>le</strong>s sont la<br />

conséquence d’une nécrose de la muqueuse digestive étendue aux autres couches de la paroi<br />

intestina<strong>le</strong>.<br />

- el<strong>le</strong> touche essentiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> prématuré.<br />

- vomissements bilieux, altération de l’état général, ballonnement abdominal, paroi abdomina<strong>le</strong> et<br />

ombilic inflammatoires et pneumopéritoine représentent <strong>le</strong>s maitres-symptomes de cette complication.<br />

- <strong>le</strong> canal péritonéo-vaginal étant perméab<strong>le</strong> chez <strong>le</strong> prématuré, des signes inflammatoires peuvent<br />

être associés au niveau des bourses, donnant un argument supplémentaire en faveur d’une péritonite.<br />

Chez la petite fil<strong>le</strong>, c’est plutôt un œdème de la région pubienne qui traduit la persistance du canal de<br />

Nück.<br />

b) Les perforations isolées gastriques, jéjuno-iléa<strong>le</strong>s ou coliques donnent <strong>le</strong> même type de tab<strong>le</strong>au<br />

clinique.<br />

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c) La péritonite méconia<strong>le</strong> correspond à la présence de méconium dans la cavité péritonéa<strong>le</strong> :<br />

- secondaire à une perforation antenata<strong>le</strong> du tube digestif,<br />

- très souvent contemporaine de phénomènes vasculaires, eux-même responsab<strong>le</strong>s d’atrésies<br />

intestina<strong>le</strong>s, d’où une association fréquente entre ces deux pathologies. Mais la perforation peut<br />

s’obstruer spontanément, sans sténose, et sans aucune séquel<strong>le</strong> fonctionnel<strong>le</strong>,<br />

- responsab<strong>le</strong> d’une réaction péritonéa<strong>le</strong> inflammatoire aseptique , à l’origine de calcifications.<br />

Le diagnostic peut se faire dans différentes situations :<br />

- calcifications péritonéa<strong>le</strong>s à l’échographie antenata<strong>le</strong>,<br />

- atrésie du grê<strong>le</strong> avec calcifications sur l’ASP,<br />

- masse dure, latéro- ou sus-testiculaire, à la palpation des bourses, si <strong>le</strong> méconium a migré au travers<br />

du canal péritonéo-vaginal,<br />

- découverte fortuite de calcifications sur un ASP, ou au cours d’une intervention de type hernie<br />

inguina<strong>le</strong> (méconium dur dans <strong>le</strong> canal péritonéo-vaginal)<br />

- plus rarement lors du tab<strong>le</strong>au occlusif néo-natal grave que représente la péritonite méconia<strong>le</strong><br />

encapsulante de traitement très diffici<strong>le</strong>.<br />

2° - Le nourrisson<br />

a) La péritonite appendiculaire<br />

C’est la péritonite la plus fréquente chez <strong>le</strong> nourrisson. L’appendicite perforée représente environ 1/3<br />

des cas entre 6 et 12 ans, et 4/5 des enfants en dessous de 4 ans, aboutissant à une péritonite<br />

localisée (abcès) ou généralisée chez plus de 50% des nourrissons.<br />

En effet, la diarrhée et la bande<strong>le</strong>tte urinaire perturbée (<strong>le</strong>ucocytes, sang, protéines) sont très<br />

fréquents au cours d’une appendicite du nourrisson, et trompeurs, faisant évoquer à tort une gastroentérite<br />

aiguë ou une infection urinaire. Un traitement médical est alors prescrit, pouvant améliorer<br />

transitoirement l’enfant. Pire, si un traitement antibiotique est mis en route, il va refroidir partiel<strong>le</strong>ment<br />

l’inflammation appendiculaire, sans empêcher une évolution à bas bruit vers l’abcès. Si une tel<strong>le</strong><br />

prescription est effectuée, malgré tout, il faut impérativement surveil<strong>le</strong>r ces nourrissons par un examen<br />

clinique quotidien, et en l’absence d’amélioration franche avec persistance d’une vive dou<strong>le</strong>ur de la<br />

fosse iliaque droite, un avis chirurgical est obligatoire.<br />

Les arguments en faveur d’une péritonite chez <strong>le</strong> nourrisson sont <strong>le</strong>s suivants :<br />

- enfant grognon, plaintif, refusant <strong>le</strong> biberon ou ayant peu d’appétit<br />

- ou au contraire, nourrisson prostré, adynamique - fièvre persistante malgré <strong>le</strong> traitement<br />

- dou<strong>le</strong>ur é<strong>le</strong>ctive en fosse iliaque droite, avec défense et/ou masse palpab<strong>le</strong><br />

- image calcifiée évoquant un stercolithe sur l’ASP, ou refou<strong>le</strong>ment des anses digestives vers la ligne<br />

médiane (témoin d’un abcès déjà constitué) - et aspect échographique en faveur d’une appendicite.<br />

Le principal diagnostic à éliminer est donc celui de gastro-entérite aiguë (GEA), beaucoup plus<br />

fréquente à cet âge que l’appendicite :<br />

- Ceci est d’autant plus diffici<strong>le</strong> qu’on est en période épidémique et qu’il est faci<strong>le</strong> de « passer à côté »<br />

d’une appendicite peu typique. Il faut toujours penser qu’une appendicite est possib<strong>le</strong> chez <strong>le</strong><br />

nourrisson, même si el<strong>le</strong> n’est pas très fréquente.<br />

- Il faut ensuite être particulièrement vigilant lors de l’examen de l’abdomen : en présence d’une GEA,<br />

l’abdomen peut être sensib<strong>le</strong> dans son ensemb<strong>le</strong>, mais il reste soup<strong>le</strong> et il n’y a en général pas de<br />

dou<strong>le</strong>ur é<strong>le</strong>ctive en un point précis. Dès que ces éléments diffèrent, il faut certainement se poser la<br />

question d’une appendicite.<br />

- L’ASP peut alors apporter des arguments importants : de petits niveaux hydro-aériques diffus sur <strong>le</strong><br />

grê<strong>le</strong> et sur <strong>le</strong> colon seront plutôt en faveur d’une GEA, alors qu’on retrouvera <strong>le</strong>s signes décrits cidessus<br />

s’il s’agit d’une appendicte.<br />

- L’échographie pourra apporter des arguments décisifs d’orientation, mais cela n’est pas<br />

systématique.<br />

- Si on ne peut pas conclure définitivement, un traitement symptomatique doit être mis en route et on<br />

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évitera toute prescription antibiotique inopinée.<br />

- L’enfant sera examiné une ou deux fois par jour pour apprécier l’évolution et c’est bien souvent la<br />

répétition de l’examen clinique qui finit par emporter la décision dans un sens ou dans un autre.<br />

L’hospitalisation de l’enfant au moindre doute permet cette surveillance plus faci<strong>le</strong>ment.<br />

b) Le diverticu<strong>le</strong> de Meckel<br />

Les péritonites par rupture d’un diverticu<strong>le</strong> de Meckel, sur hétérotopie de muqueuse gastrique, ou <strong>le</strong>s<br />

péritonites sur Meckelite ne diffèrent pas dans <strong>le</strong>ur prise en charge globa<strong>le</strong> des péritonites<br />

appendiculaires. Il s’agit <strong>le</strong> plus souvent d’une découverte opératoire.<br />

c) Autres étiologies (rares) :<br />

- perforation spontanée des voies biliaires<br />

- perforation d’une duplication digestive<br />

- rupture d’un kyste infecté de l’ouraque<br />

- perforation traumatique intestina<strong>le</strong>, biliaire…<br />

3° Grand enfant<br />

a) L’appendicite représente aussi la cause la plus fréquente de péritonite aiguë, et de loin.<br />

b) Le diverticu<strong>le</strong> de Meckel peut éga<strong>le</strong>ment être à l’origine d’une péritonite, mais plus rarement que<br />

chez <strong>le</strong> nourrisson.<br />

c) Les perforations traumatiques sont plus habituel<strong>le</strong>s chez <strong>le</strong> grand enfant et sont dûes à une<br />

contusion abdomina<strong>le</strong>, plutôt qu’à une plaie de l’abdomen, rare dans notre pays. Il existe une lésion<br />

assez fréquente, portant <strong>le</strong> nom de syndrome de Chance, associant une perforation de l’intestin grê<strong>le</strong><br />

et une fracture du rachis : el<strong>le</strong> est secondaire à une f<strong>le</strong>xion forcée du tronc sur <strong>le</strong>s deux membres<br />

inférieurs chez un enfant située sur <strong>le</strong> siège arrière d’une voiture et maintenu par une ceinture de<br />

sécurité uniquement ventra<strong>le</strong>.<br />

d) Au fur et à mesure que l’enfant grandit, <strong>le</strong>s étiologies des péritonites se rapprochent de cel<strong>le</strong>s<br />

rencontrées chez l’adulte, mais restent rares. Ainsi on peut exceptionnel<strong>le</strong>ment opérer un ulcère<br />

gastro-duodénal perforé , ou une péritonite d’origine biliaire ou encore d’origine génita<strong>le</strong>, ou<br />

autre...La péritonite tubercu<strong>le</strong>use est devenue exceptionnel<strong>le</strong>.<br />

Faq 4 - Traitement des péritonites aiguës<br />

La péritonite aiguë est une urgence médico-chirurgica<strong>le</strong><br />

1. La réanimation est souvent <strong>le</strong> premier temps essentiel du traitement. El<strong>le</strong> comprend :<br />

- la mise en place d’une sonde naso-gastrique et d’une voie veineuse périphérique, ou centra<strong>le</strong> en cas<br />

de déshydratation sévère, ainsi que d’une sonde urinaire.<br />

- La rééquilibration hydro-é<strong>le</strong>ctrolytique, adaptée en fonction du ionogramme sanguin.<br />

- Et l’antibiothérapie précoce, à large spectre aéro- et anaérobie. En présence d’une péritonite<br />

primitive, el<strong>le</strong> constituera <strong>le</strong> seul traitement dans la plupart des cas, sauf s’il existe un doute avec une<br />

péritonite secondaire.<br />

- La durée de cette réanimation sera fonction de l’état général de l’enfant ; dans la grande majorité<br />

des cas, il s’agit d’une péritonite secondaire, sans état de choc septicémique et l’intervention peut<br />

s’envisager dans <strong>le</strong>s 2-3 heures qui suivent.<br />

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2. Le traitement chirurgical s’effectue :<br />

- par laparotomie ou laparoscopie ;<br />

- avec des prélèvements bactériologiques systématiques, pour adapter l’antibiothérapie ultérieure ;<br />

- pour traiter la cause : appendicectomie, suture d’une perforation digestive, résection – anastomose,<br />

abouchement à la peau d’une perforation si <strong>le</strong>s conditions loca<strong>le</strong>s et/ou généra<strong>le</strong>s ne permettent pas<br />

un rétablissement immédiat de la continuité (gastrostomie, jéjunostomie, iléostomie, colostomie) ;<br />

- pour lavage abondant de la cavité péritonéa<strong>le</strong>, et éventuel<strong>le</strong>ment entérolyse (libération de tout<br />

l’intestin) s’il existe des adhérences inflammatoires, afin d’éviter de laisser la moindre poche de pus<br />

entre <strong>le</strong>s anses intestina<strong>le</strong>s ;<br />

- avec ou sans drainage, selon l’état du péritoine en fin d’intervention et selon l’opérateur.<br />

3. Les soins post-opératoires comportent :<br />

- la poursuite de la réanimation ;<br />

- <strong>le</strong> traitement de la dou<strong>le</strong>ur avec des antalgiques de niveau III<br />

- la surveillance de la reprise du transit intestinal qui peut demander 2 à 5 jours et qui conditionnera<br />

l’ablation de la sonde naso-gastrique et <strong>le</strong> début de l’alimentation ;<br />

- la surveillance clinique de l’abdomen, de l’état général de l’enfant (t°, diurèse…), et de la plaie<br />

opératoire ;<br />

- et la surveillance biologique (NGFS, CRP, ionogramme sanguin…)<br />

4. Les complications à redouter sont :<br />

- la persistance ou la reprise des phénomènes infectieux, pouvant amener à modifier l’antibiothérapie<br />

ou à envisager une réintervention (lâchage de moignon, fistu<strong>le</strong> anastomotique…). L’évolution d’une<br />

péritonite généralisée à foyers multip<strong>le</strong>s peut être fata<strong>le</strong> malgré <strong>le</strong> traitement médical et parfois<br />

plusieurs interventions ;<br />

- <strong>le</strong> mauvais fonctionnement d’une stomie, sa désunion ;<br />

- <strong>le</strong>s abcès de paroi ;<br />

- <strong>le</strong>s éventrations ou éviscérations.<br />

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Points essentiels<br />

1. La bonne connaissance de l’anatomie et de la physiologie du péritoine doit permettre une bonne<br />

compréhension de la physiopathologie des péritonites. De même, <strong>le</strong>s signes cliniques « à distance »<br />

du ventre peuvent s’expliquer par la persistance du canal péritonéo-vaginal chez <strong>le</strong> garçon et du canal<br />

de Nück chez la fil<strong>le</strong>.<br />

2. Chez <strong>le</strong> nouveau-né, <strong>le</strong>s 2 étiologies principa<strong>le</strong>s sont l’entérocolite ulcéro-nécrosante, prise en<br />

charge par des équipes spécialisées travaillant en réanimation néo-nata<strong>le</strong>, et la péritonite<br />

méconia<strong>le</strong>, que tout médecin peut rencontrer à l’occasion d’un ASP.<br />

3. Les péritonites primitives sont rares, mais à connaître, car <strong>le</strong>ur traitement est médical.<br />

4. Chez l’enfant, tout médecin doit savoir évoquer une appendicite aiguë compliquée (ou non), même<br />

chez <strong>le</strong> nourrisson, en sachant que la diarrhée est fréquemment associée et qu’il faut prêter attention<br />

à toute sensibilité « anorma<strong>le</strong> » de la FID. Il faut bien connaître <strong>le</strong>s arguments en faveur d’une<br />

péritonite et d’une GEA.<br />

5. Le diagnostic étiologique d’une péritonite secondaire est surtout fonction de l’âge de l’enfant.<br />

6. Attention au traitement antibiotique inopinée qui refroidit sans guérir une appendicite et qui aboutit à<br />

la péritonite.<br />

7. Les indications thérapeutiques dépendent du type de péritonite et des signes de gravité. La<br />

réanimation pré-opératoire de quelques heures est la règ<strong>le</strong> dans la plupart des cas.<br />

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Item 201<br />

Evaluation de la gravité et recherche des complications précoces chez l’enfant<br />

(adulte non traité dans cette question) :<br />

. chez un brûlé<br />

. chez un polytraumatisé<br />

. chez un traumatisé abdominal<br />

. chez un traumatisé crânio-facial<br />

. chez un traumatisé des membres<br />

. chez un traumatisé thoracique<br />

. devant une plaie des parties mol<strong>le</strong>s.<br />

- Identifier <strong>le</strong>s situations d'urgence et planifier <strong>le</strong>ur prise en charge.<br />

Pré-requis<br />

- Les traumatismes crâniens graves de l’enfant se caractérisent par la fréquence des<br />

lésions diffuses.<br />

- Ce sont ces lésions primaires qui sont <strong>le</strong>s plus susceptib<strong>le</strong>s de s’aggraver, et<br />

d’aboutir à des lésions secondaires par œdème cérébral et hypertension<br />

intracrânienne.<br />

- La profondeur d’un coma se mesure sur l’échel<strong>le</strong> de Glasgow.<br />

- Les déterminants principaux du débit sanguin cérébral sont la PaCO2, Les<br />

déterminants du débit cardiaque, et singulièrement la pression artériel<strong>le</strong> moyenne, à<br />

un moindre degré, la PaO2 et la viscosité sanguine.<br />

- Le volume sanguin total d’un enfant est d’environ 70 à 80 ml/kg.<br />

- En réaction à une hypovolémie aiguë, la compensation sympathique,<br />

vasoconstriction périphérique surtout, et tachycardie est très efficace mais épuisab<strong>le</strong>.<br />

La décompensation est tardive et bruta<strong>le</strong> en l’absence de diagnostic précoce.<br />

Objectifs<br />

- Evaluer la gravité et rechercher <strong>le</strong>s complications précoces dans <strong>le</strong>s différentes<br />

situations<br />

- Déterminer <strong>le</strong>s priorités diagnostiques en fonction des mécanismes lésionnels<br />

- Savoir définir <strong>le</strong>s priorités thérapeutiques en présence de lésions multip<strong>le</strong>s<br />

Sommaire<br />

1 – Evaluation de la gravité<br />

2 – Traumatismes de l’enfant<br />

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A- Evaluation de la gravité et recherche de complications précoces chez un<br />

brûlé<br />

Les brûlures sont des accidents fréquents chez l’enfant (1000 à 1500 brûlés admis en<br />

réanimation par an et plusieurs milliers de brûlures superficiel<strong>le</strong>s par an). Il s’agit de brûlures<br />

thermiques ou é<strong>le</strong>ctriques. Les brûlures thermiques se produisent dans la cuisine (plaque<br />

chauffante, porte de four, cassero<strong>le</strong> – bol ou tasse de liquide chaud renversé), dans la sal<strong>le</strong><br />

de bain (baignoire et mélangeur mal réglé), dans <strong>le</strong> jardin (barbecue). Plus rarement il s’agit<br />

d’une victime d’un incendie. Les brûlures é<strong>le</strong>ctriques (fil é<strong>le</strong>ctrique dénudé, doigts dans une<br />

prise) posent <strong>le</strong> problème des éventuel<strong>le</strong>s lésions tissulaires (tendineuses, musculaires)<br />

produites par <strong>le</strong> courant é<strong>le</strong>ctrique entre son point d’entrée et son point de sortie.<br />

Exceptionnel<strong>le</strong>ment il s’agit de brûlures par contact avec un caustique.<br />

1. La gravité immédiate des brûlures dépend de <strong>le</strong>ur étendue, de <strong>le</strong>ur localisation et<br />

de <strong>le</strong>ur profondeur<br />

1.1. L’étendue de la brûlure est donnée par <strong>le</strong> pourcentage de surface corporel<strong>le</strong> atteint.<br />

La règ<strong>le</strong> « de neuf »:<br />

Le corps d’un adulte est divisé en régions anatomiques dont la surface correspond à<br />

9% de la surface corporel<strong>le</strong>.<br />

Cette règ<strong>le</strong> est moins exacte pour l’enfant qui a, proportionnel<strong>le</strong>ment, une plus<br />

grande tête et de plus petites jambes. Une version pédiatrique a été développée.<br />

Les calculs à partir de la règ<strong>le</strong> « de neuf » surestiment l’étendue de la brûlure aux<br />

extrémités et sous estiment l’extrémité céphalique.<br />

La règ<strong>le</strong> « des mains »<br />

Peut être utilisée pour l’estimation des brûlures ne dépassant pas 10% de surface<br />

brûlée.<br />

L’aire entre <strong>le</strong> pli du poignet et <strong>le</strong> pli palmo-digital (la paume de la main) de l’enfant<br />

représente 1% de sa surface corporel<strong>le</strong>. Par exemp<strong>le</strong>, si la superficie de l’aire brûlée<br />

correspond à cinq paumes de l’enfant, la superficie de la brûlure est 5% de la surface<br />

corporel<strong>le</strong>.<br />

1.2. La localisation<br />

Ont une gravité particulière, <strong>le</strong>s brûlures :<br />

- des orifices naturels au niveau de la face et du périnée, en raison :<br />

- du handicap fonctionnel associé : respiratoire si la brûlure est nasa<strong>le</strong>, alimentaire si<br />

péribucca<strong>le</strong>, visuel si orbitaire, digestive ou urinaire si périnéa<strong>le</strong>,<br />

- et du risque de surinfection propre à ces localisations<br />

- des espaces interdigitaux: et des plis de manière généra<strong>le</strong>, des muqueuses en raison du<br />

risque de cicatrisation avec des synéchies souvent synonymes de séquel<strong>le</strong>s fonctionnel<strong>le</strong>s.<br />

1.3. La profondeur<br />

L’appréciation de la profondeur d’une brûlure est clinique. On distingue classiquement des<br />

brûlures du premier, du second (superficiel ou profond) et du troisième degré. L’évaluation<br />

définitive n’est souvent possib<strong>le</strong> qu’après quelques jours.<br />

- Premier degré ou brûlure superficiel<strong>le</strong>. L’exemp<strong>le</strong> en est <strong>le</strong> coup de so<strong>le</strong>il. La lésion est<br />

érythémateuse, sèche, sans cloque, et douloureuse. L’œdème est minime ou absent.<br />

El<strong>le</strong> guérit sans séquel<strong>le</strong> en 2 à 5 jours.<br />

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- Second degré superficiel : lésions rouge vif, humides, suintantes, avec des cloques, très<br />

douloureuses respectant la couche basa<strong>le</strong> du derme qui guérissent en 10 à 15 jours.<br />

- Second degré profond : <strong>le</strong>s lésions ne respectent que quelques îlots épidermiques. El<strong>le</strong>s<br />

sont blanches avec un piqueté hémorragique. El<strong>le</strong>s sont peu suintantes. El<strong>le</strong>s guérissent<br />

en 3 à 6 semaines et comportent un risque de surinfection.<br />

- Troisième degré. Tous <strong>le</strong>s éléments de l’épiderme ont été détruits. La lésion est blanche<br />

ou brune foncée, cartonnée, insensib<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> ne saigne pas. Sa cicatrisation ne peut se<br />

faire qu’à partir des berges par bourgeonnement si el<strong>le</strong> est peu étendue. Dans <strong>le</strong> cas<br />

contraire il faut recourir aux greffes de peau.<br />

2. Recherche de complications précoces<br />

Ce sont la déperdition hydro-é<strong>le</strong>ctrolytique et <strong>le</strong> choc hypovolémique.<br />

La fuite hydro-é<strong>le</strong>ctrolytique et protéique est massive dès que <strong>le</strong>s surfaces brûlées<br />

dépassent 5% de la surface corporel<strong>le</strong>. Il faut immédiatement perfuser l’enfant brûlé et<br />

restaurer puis maintenir son hémodynamique. Les apports doivent couvrir <strong>le</strong>s besoins<br />

journaliers et compenser <strong>le</strong>s pertes à raison de 4ml/kg par pourcentage de surface brûlée.<br />

Le soluté est du Ringer Lactate. L’objectif est d’avoir une diurèse d’au moins 1ml/kg/h.<br />

La dou<strong>le</strong>ur est toujours présente. Le recours aux antalgiques doit être systématique :<br />

antalgique de palier 2 pour <strong>le</strong>s brûlures du second degré, morphiniques pour <strong>le</strong> troisième<br />

degré. Les antalgiques sont prescrits de sorte qu’une prise précède <strong>le</strong> changement des<br />

pansements<br />

3. Conduite à tenir pratique<br />

- Retirer <strong>le</strong>s vêtements et <strong>le</strong>s bijoux sans chercher à décol<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s tissus qui adhèrent aux<br />

zones brûlées<br />

- Refroidir sous l’eau froide pendant 10 minutes <strong>le</strong>s surfaces brûlées<br />

- Evaluer l’étendue et la profondeur des lésions<br />

- Dépister <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s hémodynamiques et <strong>le</strong>s corriger<br />

- Traiter la dou<strong>le</strong>ur<br />

- Laver <strong>le</strong>s lésions avec un antiseptique type chlorhexidine<br />

- Panser <strong>le</strong>s lésions avec un corps gras (type biafine, flamazine), recouvrir avec des<br />

compresses stéri<strong>le</strong>s maintenues par une bande fine et de l’élastoplaste pour éviter que <strong>le</strong><br />

pansement ne glisse.<br />

B- Traumatismes de l’enfant<br />

Les accidents représentent la première cause de mortalité de l’enfant âgé de plus d’un an dans<br />

tous <strong>le</strong>s pays. Il s’agit presque exclusivement de traumatismes fermés.<br />

Chez <strong>le</strong>s enfants <strong>le</strong>s plus jeunes, <strong>le</strong>s principaux pourvoyeurs de traumatisme sévère sont :<br />

<strong>le</strong>s accidents de circulation (enfant piéton, enfant passager),<br />

<strong>le</strong>s chutes d’une grande hauteur,<br />

<strong>le</strong>s accidents de trotteur.<br />

Chez <strong>le</strong>s enfants d'âge préscolaire et en milieu urbain, <strong>le</strong>s chutes et défenestrations<br />

représentent 30% des traumatismes graves.<br />

Chez <strong>le</strong>s enfants entre 6 et 12 ans, <strong>le</strong>s chocs entre piétons et véhicu<strong>le</strong>s légers (VL)<br />

prédominent. Observés aux horaires de sorties des éco<strong>le</strong>s, ils constituent toujours un impact à<br />

haute énergie et on retrouve dans ce groupe la plus grande proportion de TC graves et de<br />

polytraumatisés. Les traumatismes graves chez <strong>le</strong>s enfants passagers de VL s'observent en cas<br />

d'utilisation de dispositifs de retenue (DRE) non adaptés à la morphologie de l'enfant et chez <strong>le</strong>s<br />

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enfants non ceinturés et éjectés d'un véhicu<strong>le</strong>. Les enfants de moins de 3 ans sont <strong>le</strong>s plus<br />

exposés. Outre un TC grave et une atteinte thoracique quasi-constants, une lésion rachidienne<br />

cervica<strong>le</strong> doit être recherchée de manière systématique chez <strong>le</strong>s enfants victimes de ce type<br />

d'accident. Chez <strong>le</strong>s enfants plus âgés, l’hyperf<strong>le</strong>xion du tronc peut engendrer des fractureséclatements<br />

des corps vertébraux dorsaux s'accompagnant de désinsertions viscéra<strong>le</strong>s<br />

abdomina<strong>le</strong>s et de lésions médullaires sévères. Les cyclistes, en dehors de ceux renversés par<br />

des VL qui ne diffèrent pas des piétons renversés, sont <strong>le</strong> plus souvent des traumatisés<br />

crâniens isolés. Il faut souligner <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> préventif majeur des casques.<br />

Le pronostic est d’autant plus sévère que l’enfant est plus jeune. Les deux tiers de ces<br />

traumatismes sévères ont un traumatisme crânien associé qui explique 75% des décès. Leur<br />

prise en charge doit être médico-chirurgica<strong>le</strong> dans un centre spécialisé.<br />

1. Identifier <strong>le</strong>s situations d’urgence et planifier <strong>le</strong>ur prise en charge<br />

La prise en charge des enfants victimes de traumatisme repose sur une séquence<br />

Airway (voies aériennes)<br />

Breathing (ventilation)<br />

Circulation<br />

Disability (état de conscience et pupil<strong>le</strong>s)<br />

Exposition/Environnement.<br />

Les trois spécificités de la prise en charge des traumatismes sont :<br />

- la protection du rachis cervical,<br />

- la recherche d’un pneumothorax<br />

- <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> des hémorragies.<br />

1.1 Airway – Voies aériennes<br />

L'obstruction des voies aériennes supérieures (VAS) est favorisée par un larynx haut<br />

situé, une langue volumineuse et un pô<strong>le</strong> occipital très développé, diminuant la stabilité du<br />

positionnement de la tête en décubitus dorsal.<br />

Le traumatisme est évident et la protection du rachis cervical conditionne l’ouverture<br />

des voies aériennes. La tête est maintenue manuel<strong>le</strong>ment en position neutre, dans l’axe du<br />

rachis, sans traction. L’ouverture des voies aériennes est faite par une subluxation antérieure<br />

de la mandibu<strong>le</strong> à l’aide des doigts posés sur <strong>le</strong>s ang<strong>le</strong>s de la mâchoire. Après aspiration<br />

des débris, vomissements, corps étranger intra-buccal et inspection des arcades dentaires,<br />

<strong>le</strong> rachis est immobilisé par un collier cervical rigide. De part et d’autre de la tête sont placés<br />

des sacs de sab<strong>le</strong> pour éviter <strong>le</strong>s mouvements de rotation.<br />

Les lésions du rachis cervical chez l’enfant résultent de particularités anatomiques :<br />

pièces osseuses non matures, richesse des structures ligamentaires, poids de l’extrémité<br />

céphalique proportionnel<strong>le</strong>ment au reste du corps plus important que chez l’adulte, masses<br />

musculaires peu développées. Les enfants peuvent avoir des lésions médullaires ou des<br />

racines sans lésions des vertèbres («spinal cord injury without radiographic abnormality»<br />

SCIWORA).<br />

Tout traumatisé sévère doit être oxygéné au masque.<br />

1.2 Breathing – Ventilation<br />

Fréquence respiratoire, signes de lutte, expansion thoracique (volume, symétrie,<br />

recherche d’un vo<strong>le</strong>t costal), examen de la paroi thoracique (contusions, lacérations, hématome,<br />

œdème, points douloureux), murmure vésiculaire, matité ou tympanisme, coloration, position<br />

médiane de la trachée, saturation sont notés dans la fiche d’intervention.<br />

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Auteurs : Gérard CHERON, Philippe MEYER, Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris 26/05/08<br />

Les lésions thoraciques de l’enfant diffèrent de cel<strong>le</strong>s de l’adulte en raison de la plus<br />

grande élasticité et compliance de ses côtes, de la faib<strong>le</strong> épaisseur de la paroi thoracique qui<br />

transmet aux organes intra thoraciques la cinétique de l’impact (fréquence des contusions<br />

pulmonaires). Les lésions thoraciques <strong>le</strong>s plus fréquentes de l’enfant sont <strong>le</strong>s<br />

contusions/lacérations pulmonaires, <strong>le</strong> pneumothorax / hémothorax, <strong>le</strong>s fractures du sternum ou<br />

des côtes. Les lésions cardiaques, du diaphragme, de l’arbre trachéo-bronchique ou des gros<br />

vaisseaux sont très rares.<br />

Tout enfant traumatisé dont la ventilation n’est pas parfaite doit avoir une<br />

oxygénothérapie de sorte que sa saturation soit au moins éga<strong>le</strong> à 95%. Les contusions<br />

pulmonaires sont la première source de détresse respiratoire persistante malgré une libération<br />

efficace des VAS et une décompression gastrique.<br />

Les épanchements p<strong>le</strong>uraux sont rapidement compressifs et doivent être évacués avant<br />

de passer à l’évaluation de l’hémodynamique, c’est à dire en urgence, s’ils ont un<br />

retentissement ventilatoire malgré l’oxygénothérapie: ponction exsufflatrice d’un pneumothorax<br />

sous tension et pose secondaire d’un drain, drainage d’un hémothorax.<br />

Une dilatation gastrique aiguë, favorisée par <strong>le</strong>s cris ou la ventilation au masque, et<br />

gênant la course diaphragmatique doit toujours être prévenue ou traitée par la mise en place<br />

d’une sonde gastrique.<br />

Une hémorragie intra-abdomina<strong>le</strong> importante peut gêner la course diaphragmatique.<br />

Enfin, il ne faut pas oublier la possibilité d'une lésion médullaire haute à l’origine d'une détresse<br />

respiratoire sans signe de lutte<br />

1.3 Circulation et contrô<strong>le</strong> des hémorragies<br />

Les constantes hémodynamiques doivent être interprétées en fonction de l’âge. Le<br />

pouls central est palpé en regard de la brachia<strong>le</strong> ou de la fémora<strong>le</strong> avant un an, sur la<br />

carotide chez l’enfant plus grand. La fréquence cardiaque (FC) peut être accélérée par la<br />

dou<strong>le</strong>ur, <strong>le</strong> froid, la peur comme par une hypovolémie par spoliation sanguine. Avant un an,<br />

la FC norma<strong>le</strong> est de 120-140/min, à deux ans de 110-130/min, à 5 ans de 80-100/min. La<br />

pression artériel<strong>le</strong> (PA) minima<strong>le</strong> acceptab<strong>le</strong> est de 70 mm Hg à deux ans puis el<strong>le</strong> doit être<br />

au moins éga<strong>le</strong> à 70 + (2 x âge en années) mm Hg.<br />

L’hypotension est chez l’enfant un signe tardif de choc en raison d’une<br />

vasoconstriction initia<strong>le</strong> prolongée efficace (phase de choc compensé). L’appréciation des<br />

pertes sanguines repose sur des éléments cliniques (Tab<strong>le</strong>au 1). Les signes de choc<br />

apparaissent pour des pertes de plus de 25% de la masse sanguine et la diminution de la PA<br />

pour des pertes de plus de 40% de la masse sanguine.<br />

Les zones hémorragiques doivent être directement comprimées. Deux voies d’abord<br />

(cathéters courts, de bon calibre) doivent être posées en périphérie ou une voie centra<strong>le</strong> ou<br />

une voie intra osseuse. Le soluté de remplissage <strong>le</strong> plus souvent préconisé est un<br />

cristalloïde (sérum salé isotonique ou Ringer Lactate) et <strong>le</strong> premier bolus est de 20 ml/kg en<br />

10 minutes. La non amélioration ou la non normalisation de l’hémodynamique après un<br />

second bolus doit faire rechercher une hémorragie persistante ou majeure (intra abdomina<strong>le</strong>,<br />

intra thoracique, fracture du bassin) et transfuser l’enfant en culot globulaire O négatif (10 à<br />

15 ml/kg) réchauffés, avec du sérum physiologique, ou en sang total.<br />

Un état de choc réfractaire s’il n’est pas <strong>le</strong> fait d’une hémorragie persistante, peut être de<br />

nature neurogénique (choc spinal). Le traumatisme est rachidien (atteinte du tronc cérébral,<br />

section médullaire) avec un déficit neurologique sous jacent, des pouls longtemps perçus, un<br />

temps de recoloration conservé malgré une hypotension. Il est tout aussi rarement d’origine<br />

cardiogénique (tamponnade). La turgescence jugulaire, l’assourdissement des bruits du<br />

cœur, l’élargissement de la silhouette cardiaque font suspecter <strong>le</strong> diagnostic.<br />

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Tab<strong>le</strong>au 1. Evaluation clinique des pertes sanguines.<br />

Pertes sanguines Signes cliniques<br />

(% de masse)<br />

< 20% - tachycardie, PA norma<strong>le</strong>, pouls bondissants<br />

- recoloration cutanée (TRC) 2-3 sec.<br />

- diurèse < 1ml/kg/h<br />

- agitation modérée<br />

25%-40% - tachycardie, PA conservée, pouls périphériques mal perçus<br />

- extrémités froides, cyanose périphérique, TRC > 3 sec.<br />

- diurèse < 0,5ml/kg/h<br />

- confusion, somno<strong>le</strong>nce<br />

> 40% - PA diminuée, différentiel<strong>le</strong> pincée, tachy- ou bradycardie<br />

- pâ<strong>le</strong>ur extrême ou teint gris, marbrures<br />

- anurie<br />

- coma<br />

1.4 Disability – Etat de conscience – Pupil<strong>le</strong>s<br />

La conscience est évaluée selon que l’enfant communique spontanément, réagit à la<br />

voix, à la dou<strong>le</strong>ur ou est inconscient. La tail<strong>le</strong>, la symétrie et la réactivité des pupil<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> score<br />

de Glasgow complètent l’examen.<br />

1.5 Environnement. Exposition<br />

Tout en étant soucieux de l’équilibre thermique de l’enfant, il est nécessaire de <strong>le</strong><br />

déshabil<strong>le</strong>r et de réaliser un examen comp<strong>le</strong>t, de la tête aux pieds, de face et de dos, en<br />

maintenant à chaque instant l’axe du rachis. Les plaies sont pansées, <strong>le</strong>s fractures immobilisées<br />

par des attel<strong>le</strong>s, toutes <strong>le</strong>s lésions identifiées sont notées sur la fiche d’intervention, <strong>le</strong> traitement<br />

antalgique débuté. L’interrogatoire de la famil<strong>le</strong> permet de préciser <strong>le</strong>s antécédents de l’enfant,<br />

ses traitements médicamenteux au long cours, <strong>le</strong>s al<strong>le</strong>rgies, l’heure du dernier repas, <strong>le</strong>s<br />

circonstances de l’accident.<br />

Au terme de cette première approche, <strong>le</strong>s fonctions vita<strong>le</strong>s (voies aériennes, ventilation,<br />

circulation) ont été maintenues ou restaurées et el<strong>le</strong>s sont monitorées en continu. Une sonde<br />

gastrique au sac prévient une distension gastrique. La sonde urinaire permet de suivre la<br />

diurèse. Les indications de l’intubation sont des voies aériennes dont la liberté ne peut être<br />

acquise de façon fiab<strong>le</strong> (traumatisme facial, perte du réf<strong>le</strong>xe de toux, enfant inconscient), une<br />

ventilation au masque et au ballon diffici<strong>le</strong> ou insuffisamment efficace, un vo<strong>le</strong>t thoracique, la<br />

nécessité d’une ventilation prolongée, la persistance d’un état de choc, un score de Glasgow <<br />

8, une hypertension intra-crânienne, la nécessité de transférer l’enfant vers un centre spécialisé.<br />

2. Bilan lésionnel<br />

Par définition, un polytraumatisme associe au moins deux lésions engageant chacune <strong>le</strong><br />

pronostic vital.<br />

Dans la majorité des cas, <strong>le</strong> polytraumatisé est menacé par 3 types de détresses vita<strong>le</strong>s<br />

dont <strong>le</strong>s effets délétères s’additionnent :<br />

o respiratoire<br />

o circulatoire<br />

o neurologique<br />

Le pronostic est conditionné très étroitement par la prise en charge des premières heures<br />

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A un mécanisme accidentel particulier, s’associe des lésions potentiel<strong>le</strong>s spécifiques qui<br />

doivent être systématiquement recherchées par un examen clinique comp<strong>le</strong>t et des explorations<br />

complémentaires adaptées qui peuvent comporter :<br />

- Radiographie du thorax de face (position des prothèses, fractures, épanchement, contusion<br />

pulmonaire),<br />

- Rachis cervical de profil descendant jusqu’à C7-D1 et de face centré sur <strong>le</strong>s premières<br />

vertèbres cervica<strong>le</strong>s,<br />

- Rachis dorso-lombaire et bassin,<br />

- Echographie abdomina<strong>le</strong> (épanchement péritonéal ? exploration du foie, de la rate, des reins,<br />

du pancréas) et dopp<strong>le</strong>r rénal<br />

Et pour tout traumatisme sévère : l’acquisition en un temps d’un Scanner thoraco-abdominal<br />

avec des clichés d’UIV précoces et d’un Scanner cérébral (hématome extra-parenchymateux,<br />

œdème cérébral) .<br />

Les examens sont complétés par des clichés des segments de membres potentiel<strong>le</strong>ment<br />

fracturés.<br />

Hématocrite, numération, ionogramme sanguin, glycémie, osmolalité plasmatique, groupe<br />

sanguin et recherche d’agglutinines irrégulières, transaminases, amylasémie font partie du<br />

premier bilan.<br />

L’immobilisation du rachis cervical est maintenue jusqu’à ce que son intégrité ait été démontrée.<br />

2.1 Traumatismes crâniens (TC) et crânio-faciaux.<br />

L’évaluation d’un traumatisme crânien a pour but de reconnaître la présence d’une lésion<br />

intra-crânienne. La nature précise de la lésion est donnée par la tomodensitométrie dont <strong>le</strong>s<br />

résultats confrontés aux données cliniques permettent de porter <strong>le</strong>s indications thérapeutiques.<br />

Il faut rechercher la sémiologie d’une hypertension intra-crânienne (céphalées qui augmentent<br />

progressivement, vomissements, léthargie, confusion, altération de conscience, coma,<br />

modifications des pupil<strong>le</strong>s, ra<strong>le</strong>ntissement ou irrégularités du pouls, irrégularités respiratoires,<br />

modification du tonus, convulsions), un déficit neurologique, une altération précoce de<br />

conscience, changement d’humeur, irritabilité, léthargie, confusion, mots ou phrases répétitives,<br />

et répéter régulièrement la mesure du Score de Glasgow.<br />

Lésions neurologiques parenchymateuses primaires. Les TC graves sont responsab<strong>le</strong>s<br />

de lésions primaires, <strong>le</strong> plus souvent diffuses. Ce sont ces lésions axona<strong>le</strong>s diffuses (lésions de<br />

cisail<strong>le</strong>ment de la substance blanche à distance de l’impact direct) qui sont <strong>le</strong> plus souvent<br />

responsab<strong>le</strong>s du coma d’emblée. El<strong>le</strong>s correspondent à des zones de contusion microscopiques<br />

qui vont rapidement s’entourer d’une zone d’œdème menaçant <strong>le</strong>s zones adjacentes. Ces<br />

lésions, souvent multip<strong>le</strong>s, sont localisées à distance de l’impact, à la jonction entre la<br />

substance blanche et la substance grise, entre la substance blanche et <strong>le</strong>s noyaux gris, au<br />

niveau du mésencépha<strong>le</strong> et du corps cal<strong>le</strong>ux. El<strong>le</strong>s expliquent <strong>le</strong> coma initial des TC graves.<br />

Les hématomes intracrâniens, extra ou sous-duraux, qui entraînent une souffrance<br />

cérébra<strong>le</strong> par compression, sont trouvés seu<strong>le</strong>ment chez 5% des enfants traumatisés comateux.<br />

La tomodensitométrie cérébra<strong>le</strong> est systématique<br />

- L’hématome extra dural (HED) est une accumulation rapide de sang entre la dure-mère et<br />

l’os. Dans 85% des cas il existe une fracture du crâne notamment en regard de l’artère<br />

méningée moyenne.<br />

Chez l’adulte, l’HED résulte de lésions artériel<strong>le</strong>s (souvent de l’artère méningée moyenne).<br />

Chez l’enfant, l’HED peut aussi occasionnel<strong>le</strong>ment résulter d’un saignement veineux, avec alors<br />

une présentation cliniques moins bruta<strong>le</strong>, voire subaiguë sur plusieurs jours.<br />

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Dans la plupart des cas, il y a une perte de connaissance, suivie d’une période d’éveil normal,<br />

associée à des céphalées sévères. En l’absence de traitement, l’aggravation est rapide et la<br />

dégradation neurologique survient en quelques dizaines de minutes ou heures. Habituel<strong>le</strong>ment<br />

l’évacuation chirurgica<strong>le</strong> est nécessaire.<br />

Le signe <strong>le</strong> plus évocateur est la mydriase fixée du côté de l’impact.<br />

- L’hématome sous-dural résulte de la déchirure d'une veine allant du cortex à la dure mère :<br />

l’hématome est entre la dure-mère et l’arachnoïde. Il peut être aigu ou chronique. Le nouveauné<br />

ou <strong>le</strong> nourrisson ont souvent des convulsions focalisées, une altération de conscience, une<br />

fontanel<strong>le</strong> bombante, un cri faib<strong>le</strong>, une pâ<strong>le</strong>ur et des vomissements. Les hémorragies<br />

rétiniennes, qui peuvent être la conséquence des lésions primaires, sont fréquentes.<br />

- l’hématome sous arachnoïdien est habituel<strong>le</strong>ment confiné dans l’espace cérébro-spinal, <strong>le</strong> long<br />

de la surface du parenchyme cérébral.<br />

- l’hématome intra-cérébral est situé au sein du tissu cérébral. Souvent petites, <strong>le</strong>s hémorragies<br />

intracérébra<strong>le</strong>s profondes sont associées à d’autres lésions cérébra<strong>le</strong>s.<br />

Le déficit neurologique dépend des lésions associées et de <strong>le</strong>ur localisation, de l’importance de<br />

l’hémorragie et de la persistance du saignement.<br />

Les hématomes volumineux, intra-cérébraux, correspondant à des contusions étendues, sont<br />

rares.<br />

Lésions neurologiques parenchymateuses secondaires.<br />

Aux lésions primaires, vont s'associer des lésions cérébra<strong>le</strong>s secondaires entraînant une<br />

hypertension intracrânienne (HTIC) de développement rapide du fait d’une compliance<br />

cérébra<strong>le</strong> faib<strong>le</strong>. L'existence d'autres lésions dans <strong>le</strong> cadre d'un polytraumatisme accélère<br />

considérab<strong>le</strong>ment ce processus en l'absence de stabilisation rapide. Une hypotension multiplie<br />

par trois l’incidence des décès, et une hypotension associée à une hypoxie la multiplie par<br />

quatre. Un gonf<strong>le</strong>ment cérébral diffus ou "brain swelling", est constaté chez 50 % des enfants<br />

comateux. Deux types de mécanismes physiopathologiques sont responsab<strong>le</strong>s de ces lésions :<br />

• Des phénomènes de souffrance neurona<strong>le</strong> aboutissant à une ischémie cellulaire qui<br />

s’étend de proche en proche.<br />

• Des agressions cérébra<strong>le</strong>s secondaires d’origine systémique (ACSOS) que sont<br />

l’hypotension artériel<strong>le</strong>, l’hypoxie et l’hypercapnie essentiel<strong>le</strong>ment.<br />

L’expression scannographique de cet œdème est l’apparition de zones d’hypodensité<br />

parenchymateuse avec perte de la différenciation substance entre substance blanche et<br />

substance grise, une compression des ventricu<strong>le</strong>s latéraux et du 3 ième ventricu<strong>le</strong> et la disparition<br />

des citernes péri mésencéphaliques.<br />

Si <strong>le</strong>s lésions cellulaires sont inaccessib<strong>le</strong>s à une thérapeutique spécifique, <strong>le</strong>s agressions<br />

cérébra<strong>le</strong>s secondaires d’origine systémiques doivent être prévenues par la réanimation. C’est<br />

donc ce traitement visant à prévenir l’hypotension artériel<strong>le</strong>, l’hypoxie et l’hypercapnie qu’il faut<br />

mettre en œuvre <strong>le</strong> plus vite possib<strong>le</strong>.<br />

La boite crânienne étant un espace clos, aux structures incompressib<strong>le</strong>s, toute augmentation du<br />

volume extra cellulaire (brain swelling) s’accompagne d’une augmentation de la pression intra<br />

crânienne (PIC). La pression de perfusion cérébra<strong>le</strong> (PPC), définie comme la différence entre la<br />

pression artériel<strong>le</strong> moyenne et la PIC, diminue lorsque la PIC augmente. Le rô<strong>le</strong> de la PPC est<br />

très important dans la mesure où el<strong>le</strong> intervient dans <strong>le</strong> maintien de l’autorégulation du débit<br />

sanguin cérébral. Lors des TC graves, la perte de l’autorégulation cérébra<strong>le</strong> rend <strong>le</strong> débit<br />

sanguin cérébral directement dépendant des variations de la PPC. Le maintien d’une PPC<br />

optima<strong>le</strong> est donc essentiel pour préserver <strong>le</strong> débit sanguin cérébral et éviter l’ischémie<br />

cérébra<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> est surveillée en continue grâce à un capteur de pression intra-crânienne posé<br />

en zone fronta<strong>le</strong>.<br />

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Autres lésions de l’extrémité céphalique.<br />

- Les plaies du scalp doivent être suturées soigneusement. Il faut aussi rappe<strong>le</strong>r qu’une simp<strong>le</strong><br />

plaie du scalp dont l'hémostase n'est pas assurée peut entraîner une déglobulisation sévère.<br />

- Les fractures du crâne sont <strong>le</strong> plus souvent linéaires. La présence d’un volumineux hématome<br />

du cuir chevelu notamment dans <strong>le</strong>s régions tempora<strong>le</strong> ou pariéta<strong>le</strong> sont souvent révélateurs<br />

d’une fracture. El<strong>le</strong>s nécessitent rarement une intervention et <strong>le</strong> pronostic est <strong>le</strong> plus souvent<br />

bon ; ces fractures linéaires non compliquées guérissent spontanément en 6 mois sans<br />

traitement chirurgical.<br />

L’embarrure. Du fait d’une fracture, une pièce osseuse est poussée vers l’intérieur de la boîte<br />

crânienne. El<strong>le</strong> comprime ou parfois déchire <strong>le</strong> tissu cérébral. El<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong> plus souvent de<br />

localisation pariéta<strong>le</strong>. Le risque de saignement intracrânien est plus é<strong>le</strong>vé. Un geste<br />

neurochirurgical peut être nécessaire pour reposer <strong>le</strong> fragment osseux si la dépression est<br />

supérieure à l’épaisseur de l’os ou à 5 mm.<br />

Les fractures de la base du crâne ; L’extension vers la base du crâne des fractures linéaires<br />

peut passer inaperçue sur <strong>le</strong>s radiographies standard et <strong>le</strong> scanner. El<strong>le</strong>s affectent fréquemment<br />

l’os temporal et par conséquent peuvent provoquer un saignement de l’oreil<strong>le</strong> moyenne, mais<br />

peut survenir partout <strong>le</strong> long de la base du crâne. La fracture peut déchirer la dure mère avec<br />

perte de LCR et exposition aux microorganismes des voies aériennes supérieures (risque<br />

potentiel de méningite).<br />

Sont évocateurs :<br />

Ecou<strong>le</strong>ment de sang ou LCR du nez ou de l’oreil<strong>le</strong> (fréquence de 15 à 30%)<br />

Hématomes péri orbitaires bilatéraux (hématome en lunettes)<br />

Ecchymose rétro auriculaire<br />

Hémotympan.<br />

Perte d’audition<br />

La plupart guérissent spontanément en 7 à 10 jours.<br />

2.2 Traumatisme thoracique<br />

Les lésions thoraciques sont assez spécifiques de l’enfant. En effet, l’élasticité des côtes <strong>le</strong>ur<br />

confère une plus grande résistance aux fractures, mais autorise une absorption directe de<br />

l'énergie cinétique liée au traumatisme par <strong>le</strong> parenchyme pulmonaire. Ainsi, <strong>le</strong>s lésions<br />

pariéta<strong>le</strong>s (fractures de côtes, vo<strong>le</strong>t costal, fracture du sternum) sont exceptionnel<strong>le</strong>s, alors que<br />

<strong>le</strong>s contusions pulmonaires sont fréquentes, et doivent être recherchées systématiquement. Le<br />

développement à bas bruit d'un pneumothorax, d’un hémothorax, en l'absence de lésions<br />

pariéta<strong>le</strong>s évidentes peut entraîner rapidement une compression pulmonaire et médiastina<strong>le</strong><br />

dont la <strong>le</strong>vée constitue une urgence absolue. Les lésions du diaphragme, des gros vaisseaux<br />

sont exceptionnel<strong>le</strong>s.<br />

Ces lésions sont soupçonnées lors du bilan initial sur la présence de signes de détresse<br />

respiratoire et l’examen clinique. La radiographie du thorax, si besoin la tomodensitométrie<br />

permettent un bilan anatomique précis.<br />

2.3 Traumatisme abdominal<br />

Les lésions abdomina<strong>le</strong>s sont la troisième cause de décès par traumatisme après <strong>le</strong>s<br />

traumatismes crâniens et thoraciques. Les traumatismes fermés abdominaux de l’enfant font<br />

principa<strong>le</strong>ment suite à des accidents de voiture, de moto, de vélo, des chutes, des activités<br />

sportives, des accidents piéton et la maltraitance. El<strong>le</strong>s sont parfois liées à une décélération<br />

bruta<strong>le</strong> contre la ceinture de sécurité. Une ecchymose de la paroi abdomina<strong>le</strong> barre parfois<br />

l’abdomen sur <strong>le</strong> trajet de la ceinture.<br />

Les lésions abdomina<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus fréquentes sont des contusions spléniques ou hépatiques,<br />

moins souvent réna<strong>le</strong>s ou pancréatiques. El<strong>le</strong>s peuvent être responsab<strong>le</strong> d’un choc<br />

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hypovolémique nécessitant un remplissage vasculaire important. Les indications<br />

chirurgica<strong>le</strong>s d’hémostase en urgence sont rares et <strong>le</strong> traitement conservateur est <strong>le</strong> plus<br />

souvent la règ<strong>le</strong>.<br />

A coté de ces lésions spléniques et hépatiques, <strong>le</strong>s ruptures d’organes creux sont plus rares.<br />

El<strong>le</strong>s résultent de phénomènes d’accélération - décélération importants. El<strong>le</strong>s sont souvent<br />

diffici<strong>le</strong>s à détecter précocement.<br />

2.4 Traumatisme des membres<br />

Les lésions orthopédiques doivent être soigneusement recherchées. El<strong>le</strong>s passent souvent<br />

inaperçues lorsque des lésions vita<strong>le</strong>s sont au premier plan et mobilisent toutes <strong>le</strong>s énergies.<br />

Les radiographies du sque<strong>le</strong>tte centrées sur toutes <strong>le</strong>s régions suspectes (déformations,<br />

hématomes, tuméfactions, mobilité douloureuse chez l’enfant conscient) permettent de <strong>le</strong>s<br />

identifier.<br />

Sur <strong>le</strong> terrain, el<strong>le</strong>s doivent être immobilisées dans une attel<strong>le</strong> en position anatomique. Les<br />

fractures de la diaphyse fémora<strong>le</strong> peuvent être responsab<strong>le</strong>s d’un saignement important et d’un<br />

choc hémorragique.<br />

La présence d’une lésion cutanée en regard transforme la fracture en fracture ouverte. Cel<strong>le</strong> ci a<br />

un risque d’infection et justifie une antibioprophylaxie.<br />

El<strong>le</strong>s sont très fréquentes et n'engagent pas à el<strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong> pronostic vital en dehors des<br />

exceptionnels écrasements de membres ou du bassin. Leur retentissement fonctionnel est<br />

important chez un enfant en période de croissance, et l'association de lésions des membres<br />

inférieurs complique considérab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> nursing des enfants comateux lorsqu'un traitement<br />

orthopédique provisoire tel<strong>le</strong> qu'une mise en traction simp<strong>le</strong> est choisie.<br />

2.5 Plaie des parties mol<strong>le</strong>s<br />

El<strong>le</strong>s doivent être désinfectées, parfois explorées à la recherche de corps étranger (morceaux<br />

de pare brise, fragments de verre, débris végétal), parées, suturées, pansées.<br />

2.6 Scores de gravité chez l'enfant<br />

Les scores de gravité permettent de déterminer, souvent dès la phase initia<strong>le</strong>, <strong>le</strong> pronostic des<br />

malades et de comparer d'une série à l'autre <strong>le</strong>ur gravité et l'homogénéité des groupes étudiés.<br />

Chez l'enfant, 2 scores sont largement utilisés: <strong>le</strong> Glasgow Coma Sca<strong>le</strong> (GCS) et <strong>le</strong> Pediatric<br />

Trauma Score (PTS). Le GCS est universel<strong>le</strong>ment employé pour apprécier la profondeur du<br />

coma, et une adaptation simp<strong>le</strong> permet son utilisation chez l'enfant de moins de 2 ans. A<br />

l'évidence, la sédation lourde largement employée chez ces enfants doit être prise en compte<br />

dans l'interprétation de ce score et la détermination du GCS avant tout traitement de<br />

réanimation prend une va<strong>le</strong>ur particulière. Le PTS est un score de triage largement utilisé.<br />

Le Pediatric Trauma Score adapté.<br />

Un score ≤ 8 indique un traumatisme potentiel<strong>le</strong>ment grave.<br />

Items + 2 + 1 - 1<br />

Poids (kg) > 20 10-20 < 10<br />

Liberté des voies aériennes Norma<strong>le</strong> Avec assistance Intubation nécessaire<br />

PA systolique (mmHg) > 90 50-90 < 50<br />

Score de Glasgow 15-12 11-9 ≤ 8<br />

Plaie 0 Minime Majeure<br />

Fracture 0 Fermée Ouverte/multip<strong>le</strong><br />

Le score de Glasgow et son adaptation pédiatrique.<br />

Un score de Glasgow ≤ 8 définit <strong>le</strong> coma.<br />

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Echel<strong>le</strong> adulte Echel<strong>le</strong> pédiatrique<br />

Ouverture des yeux :<br />

- spontanée 4<br />

- à la demande 3 - comme chez l’adulte<br />

- à la dou<strong>le</strong>ur 2<br />

- aucune 1<br />

Meil<strong>le</strong>ure réponse verba<strong>le</strong> :<br />

- orientée 5<br />

- confuse 4<br />

- inappropriée 3<br />

-incompréhensib<strong>le</strong> 2<br />

- aucune 1<br />

Meil<strong>le</strong>ure réponse motrice :<br />

- obéit aux ordres 6<br />

- localise la dou<strong>le</strong>ur 5<br />

- inadaptée 4<br />

- f<strong>le</strong>xion à la dou<strong>le</strong>ur 3<br />

- extension à la dou<strong>le</strong>ur 2<br />

- aucune 1<br />

-comportement social 5<br />

- p<strong>le</strong>urs consolab<strong>le</strong>s 4<br />

- cris incessants 3<br />

- agitation, gémissements 2<br />

- aucune 1<br />

- comme chez l’adulte<br />

Ces scores, bien que critiquab<strong>le</strong>s, sont très employés et permettent une approche fiab<strong>le</strong> du<br />

pronostic vital et fonctionnel. Des seuils de 7 pour <strong>le</strong> GCS, et de 4 pour <strong>le</strong> PTS apparaissent<br />

très prédictifs de mortalité.<br />

2.7 Hiérarchisation des lésions<br />

Les enfants <strong>le</strong>s plus gravement traumatisés sont pris en charge dans un centre<br />

multidisciplinaire ce qui permet l'exploration et <strong>le</strong> traitement si possib<strong>le</strong> en un temps de<br />

l'ensemb<strong>le</strong> des lésions principa<strong>le</strong>s. Si environ 75% des enfants doivent subir une intervention<br />

chirurgica<strong>le</strong> au cours de <strong>le</strong>ur hospitalisation, moins de 30% d'entre eux la subissent dans <strong>le</strong>s 6<br />

premières heures. La fréquence des traumatismes "fermés" ne nécessitant pas d'hémostase<br />

immédiate, la prédominance des lésions encéphaliques non chirurgica<strong>le</strong>s et <strong>le</strong> traitement<br />

conservateur des traumatismes abdominaux expliquent la rareté des indications chirurgica<strong>le</strong>s<br />

d'emblée. En dehors des hématomes extra-duraux présentant des signes d'engagement, des<br />

plaies crâniocérébra<strong>le</strong>s, des lésions d'écrasement de membres s'accompagnant d'une<br />

hémorragie massive, ou de lésions intra-abdomina<strong>le</strong>s ne se stabilisant pas sous traitement<br />

conservateur, <strong>le</strong>s gestes des premières heures sont des gestes mineurs:<br />

- parage de plaies superficiel<strong>le</strong>s,<br />

- mise en place de traction orthopédique, immobilisation plâtrée simp<strong>le</strong>,<br />

- mise en place de capteur de pression intracrânienne (PIC) ou de drains thoraciques.<br />

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La décision de pratiquer une intervention chirurgica<strong>le</strong> plus comp<strong>le</strong>xe, en particulier<br />

orthopédique, doit tenir compte de la hiérarchie des lésions, du retentissement éventuel du<br />

geste chirurgical et des pertes hémorragiques sur <strong>le</strong>s autres lésions, et du bénéfice attendu. En<br />

ce qui concerne <strong>le</strong>s lésions hépato-spléniques, seu<strong>le</strong> la persistance d'une instabilité<br />

hémodynamique malgré une thérapeutique bien conduite doit pousser à la laparotomie.<br />

Dans la grande majorité des cas, un TC grave ne nécessite pas lui-même d'intervention<br />

chirurgica<strong>le</strong>, en revanche, une surveillance continue de la PIC est nécessaire au cours de toute<br />

intervention longue et/ou hémorragique et <strong>le</strong> retentissement du geste chirurgical sur la PIC doit<br />

être pris en compte pour poser l'indication. En dehors des fractures ouvertes dont <strong>le</strong> traitement<br />

chirurgical minimaliste ne se discute pas, <strong>le</strong>s difficultés de nursing rencontrées chez <strong>le</strong>s enfants<br />

comateux présentant des fractures des membres inférieurs traitées orthopédiquement font<br />

souvent poser l'indication d'une stabilisation chirurgica<strong>le</strong> (enclouage f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong> centro-médullaire<br />

pour <strong>le</strong> fémur par exemp<strong>le</strong>, ou fixateurs externes si fracture ouverte).<br />

Après la prise en charge des lésions principa<strong>le</strong>s lors des premières heures, il convient de<br />

dresser un inventaire scrupu<strong>le</strong>ux des autres problèmes : maxillo-faciaux, ophtalmologiques,<br />

ORL en faisant appel aux consultants nécessaires.<br />

3. Conclusion<br />

Les traumatismes sévères de l’enfant tiennent souvent à des accidents accessib<strong>le</strong>s à des<br />

mesures de prévention individuel<strong>le</strong>s. Leur prise en charge méthodique selon la séquence A,<br />

B, C, D, E vise à identifier et prendre en charge <strong>le</strong>s lésions responsab<strong>le</strong>s des décès très<br />

précoces et à prévenir <strong>le</strong> développement de lésions neurologiques secondaires sources de<br />

séquel<strong>le</strong>s.<br />

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Limites de la question :<br />

Protéinurie et syndrome néphrotique chez l’enfant – Item 328<br />

Le document ci-dessous ne concerne que <strong>le</strong>s aspects pédiatriques de la protéinurie et du syndrome<br />

néphrotique<br />

Objectifs :<br />

Objectifs pédagogiques terminaux<br />

1. Devant la découverte d’une protéinurie, argumenter <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s hypothèses diagnostiques et<br />

justifier <strong>le</strong>s examens complémentaires pertinents<br />

2. Devant un syndrome néphrotique chez l’enfant ou chez l’adulte, argumenter <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s<br />

hypothèses diagnostiques et justifier <strong>le</strong>s examens complémentaires pertinents<br />

Sommaire<br />

PROTEINURIE<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Définition et détection de la protéinurie<br />

Faq 2 - Protéinuries « physiologiques »<br />

Faq 3 - Protéinuries pathologiques<br />

Faq 4 - Evaluation d’une protéinurie<br />

SYNDROME NEPHROTIQUE<br />

Faq 5 - Définitions<br />

Faq 6 - La néphrose idiopathique<br />

Faq 7 - Autres formes de syndrome néphrotique primitif<br />

PROTEINURIE<br />

INTRODUCTION<br />

La protéinurie est souvent découverte fortuitement chez l’enfant. Son dépistage n’est pas obligatoire,<br />

mais recommandé par la médecine scolaire lors de l’entrée au cours préparatoire (6 ans) et au<br />

moment de l’entrée en sixième (11 ans).<br />

Toute protéinurie permanente doit être inventoriée.<br />

Faq 1 - Définition et détection de la protéinurie<br />

Il existe une élimination urinaire physiologique de protéines ; <strong>le</strong> terme de protéinurie désigne donc une<br />

élimination anorma<strong>le</strong>. La limite supérieure de la protéinurie est influencée par la position, l’activité<br />

physique, l’alimentation, mais dépend peu de l’âge ou du gabarit.<br />

On considère qu’une protéinurie est anorma<strong>le</strong> lorsqu’el<strong>le</strong> excède 150 mg/24h. La moitié de ces<br />

protéines provient du plasma, et l’albumine en constitue l’essentiel, de sorte que la limite supérieure<br />

de l’albuminurie physiologique est de 30 mg/24h. L’autre moitié est principa<strong>le</strong>ment représentée par la<br />

protéine de Tamm-Horsfall, dont la fonction n’est pas connue et qui est fabriquée au niveau du tube<br />

distal.<br />

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La protéinurie est habituel<strong>le</strong>ment détectée par la bande<strong>le</strong>tte réactive, qui permet une appréciation<br />

semi-quantitative. La réaction chimique impliquée repère avant tout l’albumine et est moins sensib<strong>le</strong><br />

pour <strong>le</strong>s autres protéines (protéines de faib<strong>le</strong> masse moléculaire, immunoglobulines). Une réaction<br />

peut être faussement négative lorsque l’urine est diluée.<br />

Une réaction faussement positive peut être <strong>le</strong> fait :<br />

- d’urines concentrées<br />

- d’une hématurie macroscopique,<br />

- d’urines contenant de la chlorhexidine ou un ammonium quaternaire,<br />

- si <strong>le</strong> pH est > 8.<br />

L’évaluation rigoureuse d’une protéinurie ne peut donc se limiter à l’examen par bande<strong>le</strong>tte réactive et<br />

un dosage sur 24 h est nécessaire, faisant appel à plusieurs type de réactions colorimétriques (la<br />

méthode la plus répandue utilise <strong>le</strong> B<strong>le</strong>u de Coomassie). Par ail<strong>le</strong>urs, il est possib<strong>le</strong> d’utiliser <strong>le</strong> rapport<br />

protéine/créatinine sur échantillon.<br />

Globa<strong>le</strong>ment, il existe deux catégories de protéinurie : <strong>le</strong>s protéinuries « physiologiques » et <strong>le</strong>s<br />

protéinuries pathologiques (Tab<strong>le</strong>au I).<br />

Tab<strong>le</strong>au I - Classification et causes des protéinuries<br />

Protéinuries «<br />

physiologiques »<br />

Protéinurie orthostatique<br />

Protéinurie accompagnant<br />

la fièvre<br />

Protéinurie induite par<br />

l’effort<br />

Protéinuries pathologiques<br />

Glomérulaires Tubulaires<br />

Syndrome néphrotique<br />

- Idiopathique (néphrose)<br />

- Congénital<br />

- Secondaire<br />

Glomérulonéphrite<br />

- primitive<br />

- maladie systémique<br />

- autres (médicaments)<br />

Hypertension artériel<strong>le</strong><br />

Diabète insulino-dépendant<br />

Hyperfiltration secondaire à la réduction<br />

néphronique<br />

Faq 2 - Protéinuries « physiologiques »<br />

Héréditaires<br />

- cystinose<br />

- maladie de Wilson<br />

- syndrome de Lowe- etc.<br />

Acquises<br />

- médicamenteuse<br />

- néphrite interstitiel<strong>le</strong><br />

- nécrose tubulaire aiguë<br />

- toxicité métaux lourds<br />

La protéinurie n’excède généra<strong>le</strong>ment pas 1 g/24h et n’entraîne pas d’œdèmes. Le mécanisme<br />

impliqué reflète vraisemblab<strong>le</strong>ment une tolérance individuel<strong>le</strong> aux variations de l’hémodynamique<br />

intra-réna<strong>le</strong>.<br />

1. Protéinurie orthostatique<br />

Dans ce cas, <strong>le</strong> débit urinaire de protéines en orthostatisme peut atteindre 10 fois celui du sujet en<br />

clinostatisme. La découverte d’une tel<strong>le</strong> protéinurie est généra<strong>le</strong>ment fortuite. Il n’y a jamais<br />

d’hématurie, la fonction réna<strong>le</strong> est norma<strong>le</strong> et <strong>le</strong> complément n’est pas activé. La biopsie réna<strong>le</strong> n’est<br />

pas justifiée et ne montrerait aucune altération.<br />

Une étude de la distribution orthostatique est indispensab<strong>le</strong>. Une à deux heures après <strong>le</strong> coucher,<br />

l’enfant urine sans se <strong>le</strong>ver et ces urines, potentiel<strong>le</strong>ment contaminées par cel<strong>le</strong>s produites en<br />

orthostatisme, sont jetées. Le recueil d’urines en clinostatisme peut alors commencer, éventuel<strong>le</strong>ment<br />

facilité par l’absorption d’un verre d’eau. Au réveil, l’enfant urine soit en position couché, soit<br />

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immédiatement après être passé en position debout. En cas de protéinurie orthostatique, <strong>le</strong>s urines<br />

obtenues ne doivent pas contenir de protéines (< 0,05 g/L) et <strong>le</strong>s urines recueillies ensuite en<br />

contiennent des quantités variab<strong>le</strong>s (< 1 g/L). Il est souhaitab<strong>le</strong> de renouve<strong>le</strong>r l’examen avant<br />

d’affirmer <strong>le</strong> diagnostic.<br />

En fait, toute protéinurie permanente est accrue par l’orthostatisme, et l’on peut toujours craindre<br />

l’unique traduction d’une glomérulopathie débutante. Un suivi prolongé est donc nécessaire jusqu’à<br />

disparition de la protéinurie.<br />

2. Protéinurie associée à la fièvre<br />

Une protéinurie transitoire est possib<strong>le</strong> en cas d’hyperthermie supérieure à 38,3°C. Cette protéinurie<br />

n’excède pas 2+ sur la bande<strong>le</strong>tte réactive et doit être considérée comme bénigne lorsqu’el<strong>le</strong> disparaît<br />

avec la fièvre.<br />

3. Protéinurie d’effort<br />

Une protéinurie peut apparaître après un effort intense, n’excédant pas 2+. Sa bénignité est affirmée<br />

par sa disparition en moins de 48 h.<br />

Faq 3 - Protéinuries pathologiques<br />

1. Protéinuries tubulaires<br />

Norma<strong>le</strong>ment, l’ultrafiltrat glomérulaire contient de nombreuses protéines de masse moléculaire<br />

inférieure à cel<strong>le</strong> de l’albumine (lysozyme, chaînes légères d’immunoglobulines, b2-microglobuline),<br />

qui sont physiologiquement réabsorbées par <strong>le</strong> tube proximal. Si ce segment est lésé, la réabsorption<br />

des « petites » protéines sera altérée et cel<strong>le</strong>s-ci seront retrouvées dans l’urine.<br />

Cette protéinurie n’excède pas 1 g/24h et ne provoque jamais d’œdèmes. Cette situation est <strong>le</strong> fait de<br />

tubulopathies congénita<strong>le</strong>s ou acquises (Tab<strong>le</strong>au I) et il convient de rechercher d’autres signes<br />

d’atteinte tubulaire proxima<strong>le</strong> (glycosurie, phosphaturie, acidose, amino-acidurie). Il est exceptionnel<br />

que la protéinurie révè<strong>le</strong> la tubulopathie ; el<strong>le</strong> est plutôt détectée dans <strong>le</strong> cadre du suivi d’une affection<br />

déjà identifiée.<br />

Les protéinuries tubulaires sont rares et <strong>le</strong>ur recherche n’est justifiée que lorsqu’il ne s’agit pas d’une<br />

protéinurie glomérulaire. Le recours à l’é<strong>le</strong>ctrophorèse des protéines urinaires est donc limité.<br />

2. Protéinuries glomérulaires<br />

La principa<strong>le</strong> cause de protéinurie permanente est <strong>le</strong> fait d’une altération de la perméabilité de la<br />

membrane basa<strong>le</strong> glomérulaire.<br />

Il s’agit habituel<strong>le</strong>ment d’une protéinurie importante, pouvant dépasser 30 g/24h. Cette protéinurie est<br />

sé<strong>le</strong>ctive lorsqu’el<strong>le</strong> ne comporte que des protéines plasmatiques de masse moléculaire inférieure ou<br />

éga<strong>le</strong> à celui de l’albumine ; el<strong>le</strong> est non-sé<strong>le</strong>ctive si la masse moléculaire des protéines est<br />

supérieure à cel<strong>le</strong> de l’albumine (immunoglobulines G), traduisant des lésions plus sévères du filtre<br />

glomérulaire. La plupart des glomérulopathies s’accompagne d’une protéinurie non sé<strong>le</strong>ctive et cel<strong>le</strong>-ci<br />

n’est guère sé<strong>le</strong>ctive que dans la néphrose à lésions minimes (cf. infra). Cependant, là encore, l’étude<br />

de la sé<strong>le</strong>ctivité par é<strong>le</strong>ctrophorèse n’est pas indispensab<strong>le</strong>.<br />

La protéinurie est un marqueur essentiel dans <strong>le</strong>s glomérulopathies. Non seu<strong>le</strong>ment el<strong>le</strong> est un outil<br />

diagnostique, mais el<strong>le</strong> reflète aussi l’importance d’une éventuel<strong>le</strong> prolifération cellulaire et a donc une<br />

va<strong>le</strong>ur pronostique. De plus, lorsque el<strong>le</strong> persiste, el<strong>le</strong> joue un rô<strong>le</strong> dans la progression de l’atteinte<br />

réna<strong>le</strong> (fibrose interstitiel<strong>le</strong>). Il se peut que l’utilisation précoce de certains médicaments (inhibiteurs de<br />

l’enzyme de conversion, antagonistes de l’angiotensine 2) ra<strong>le</strong>ntisse la progression de l’insuffisance<br />

réna<strong>le</strong>.<br />

Plusieurs études ont montré l’intérêt du dosage de la microalbuminurie, plus sensib<strong>le</strong> que celui de la<br />

protéinurie, comme marqueur précoce de l’atteinte glomérulaire. A l’instar de la néphropathie<br />

diabétique, l’intervention pharmacologique se situe donc probab<strong>le</strong>ment à ce stade, mais il n’y a pas<br />

encore de recommandations validées.<br />

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Faq 4 - Evaluation d’une protéinurie<br />

La protéinurie, suggérée par l’examen des urines par bande<strong>le</strong>tte réactive, doit être complétée par :<br />

- étude du sédiment urinaire (hématurie, <strong>le</strong>ucocyturie, biochimie)<br />

- dosage de la protéinurie de 24h<br />

- étude de la distribution nycthéméra<strong>le</strong> de la protéinurie si el<strong>le</strong> est isolée<br />

- évaluation de la filtration glomérulaire<br />

- dosage du complément (C3)<br />

- parfois, sérothèque<br />

Une biopsie réna<strong>le</strong> est recommandée lorsqu’il existe :<br />

- protéinurie < 1 g/24h avec<br />

¤ hématurie<br />

¤ diminution de la filtration glomérulaire<br />

¤ abaissement persistant du C3<br />

¤ hypertension artériel<strong>le</strong><br />

¤ signes systémiques<br />

- protéinurie > 1g/24h<br />

- syndrome néphrotique (protéinurie = 50 mg/kg par 24 h) – cf infra<br />

¤ âge compris entre 1 et 10 ans : corticothérapie sans biopsie<br />

¤ âge < 1-2 an ou > 10-12 ans : biopsie<br />

SYNDROME NEPHROTIQUE<br />

Faq 5 - Définitions<br />

Le syndrome néphrotique (SN) correspond à l’ensemb<strong>le</strong> des manifestations cliniques et biologiques<br />

que provoque une protéinurie = 50 mg/kg par 24h (ou protéinurie/créatininurie > 3 g/g ou 0,33<br />

g/mmol).<br />

Lorsque ce tab<strong>le</strong>au est isolé, on par<strong>le</strong> de SN pur.<br />

On par<strong>le</strong> de SN impur s’il existe :<br />

- une hématurie<br />

- et/ou une hypertension artériel<strong>le</strong> (HTA)<br />

- et/ou une insuffisance réna<strong>le</strong> (IR).<br />

Faq 6 - La néphrose idiopathique<br />

La néphrose associe un SN idiopathique à des lésions glomérulaires minimes (LGM) ou, plus<br />

rarement, à une hyalinose segmentaire et foca<strong>le</strong> (HSF).<br />

Son incidence annuel<strong>le</strong> en France est de 2 à 3 / 100 000 enfants, avec un maximum entre 2 et 6 ans,<br />

deux fois plus fréquent chez <strong>le</strong> garçon.<br />

On retrouve volontiers un facteur déc<strong>le</strong>nchant (infection, terrain al<strong>le</strong>rgique, vaccination) sans que l’on<br />

puisse établir de lien de causalité.<br />

La néphrose idiopathique est une maladie systémique dont <strong>le</strong> rein est la cib<strong>le</strong>. En effet, une activation<br />

du système lymphocytaire T de type Th2 génère un facteur circulant qui altère <strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xe podocytes<br />

- membrane basa<strong>le</strong> glomérulaire. Il s’ensuit une protéinurie qui entraîne une hypoprotéinémie,<br />

responsab<strong>le</strong> d’une baisse de la pression oncotique à l’origine du syndrome oedémateux. Ces<br />

oedèmes traduisent une accumulation de sodium dans <strong>le</strong> volume extracellulaire et une expansion<br />

compensatrice aux dépens du compartiment interstitiel ; cette rétention réna<strong>le</strong> de sodium peut<br />

répondre à deux hypothèses : phénomène secondaire à un hyperaldostéronisme ou rétention primaire<br />

du sodium.<br />

1. Présentation<br />

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L’installation est souvent rapide, mais <strong>le</strong> diagnostic est parfois différé car <strong>le</strong>s œdèmes ont été<br />

négligés.<br />

Ces œdèmes sont francs, déclives, indolores, et prédominent au visage au réveil et aux chevil<strong>le</strong>s en<br />

fin de journée ; il existe parfois un épanchement p<strong>le</strong>ural ou une ascite.<br />

Des dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s sont volontiers présentes au début et peuvent être liées à l'ascite ou à<br />

l’hypovolémie.<br />

Le diagnostic est rarement porté par un examen systématique des urines par bande<strong>le</strong>tte réactive.<br />

Lorsque <strong>le</strong> syndrome œdémateux est important, l’inflation du secteur interstitiel se fait aux dépens du<br />

compartiment intra-vasculaire, ce qui peut entraîner une baisse de la pression artériel<strong>le</strong> (PA) et une IR<br />

fonctionnel<strong>le</strong>.<br />

Parfois, une complication révè<strong>le</strong> la néphrose (cf infra).<br />

2. Désordres biologiques<br />

Le dosage de la protéinurie de 24h est uti<strong>le</strong> au début et parfois en cours d’évolution.<br />

Une hématurie microscopique est présente une fois sur cinq, souvent transitoire. L’hématurie<br />

macroscopique, exceptionnel<strong>le</strong>, doit faire évoquer une thrombose des veines réna<strong>le</strong>s.<br />

La protéinurie entraîne une hypoprotéinémie (< 60 g/L) qui porte essentiel<strong>le</strong>ment sur l’albumine (< 30<br />

g/L). Cel<strong>le</strong>-ci étant synthétisée par <strong>le</strong> foie, on observe, en réponse à l’hypoalbuminémie, un<br />

embal<strong>le</strong>ment des synthèses hépatiques (facteurs de coagulation, cho<strong>le</strong>stérol, triglycérides, alpha 2globulines).<br />

Selon la part de l’hyperaldostéronisme, de l’IR fonctionnel<strong>le</strong>, et de la répartition hydrosodée entre<br />

secteur interstitiel et secteur vasculaire, la natrémie peut être norma<strong>le</strong> ou basse et la natriurèse est<br />

effondrée. La kaliémie peut augmenter s’il existe une IR fonctionnel<strong>le</strong>. La calcémie est d’autant plus<br />

basse que la protéinémie diminue, conséquence de la diminution du calcium lié ; <strong>le</strong> calcium libre est<br />

généra<strong>le</strong>ment normal.<br />

Plusieurs phénomènes sont à l’origine de l’hypercoagulabilité : thrombocytose et hyperagrégabilité<br />

plaquettaire, augmentation des facteurs procoagulants (fibrinogène, facteurs V, VII, VIII), fuite urinaire<br />

des inhibiteurs de la coagulation (antithrombine III, protéine S). Le risque de thrombose est<br />

proportionnel au degré d’hypoalbuminémie, d’autant que s’ajoutent hypovolémie, hémoconcentration<br />

et alitement.<br />

En pratique, <strong>le</strong>s examens indispensab<strong>le</strong>s sont :<br />

Au moment du diagnostic poids,<br />

PA<br />

ionogramme plasmatique<br />

créatininémie<br />

protéinémie ± albuminémie<br />

protéinurie / 24h<br />

hémogramme<br />

éventuel<strong>le</strong>ment 10 mL de sérum congelés<br />

En cours d'évolution poids,<br />

PA<br />

bande<strong>le</strong>tte réactive<br />

autres examens selon la clinique<br />

3. Anatomie pathologique<br />

Indications de la ponction-biopsie réna<strong>le</strong> :<br />

- Age = 1-2 an ou = 10-12 ans<br />

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- SN impur persistant<br />

- Corticorésistance, pouvant traduire des lésions inhabituel<strong>le</strong>s.<br />

Corrélations anatomo-cliniques :<br />

- Néphrose corticosensib<strong>le</strong> = 90% LGM + 10% HSF,<br />

- Néphrose corticorésistante = 60% LGM + 40% HSF.<br />

4. Complications<br />

Le risque de choc hypovolémique est lié à l’importance du syndrome œdémateux et à la rapidité de<br />

son installation ; il est accru si <strong>le</strong>s diurétiques sont manipulés de manière intempestive.<br />

Les infections bactériennes (5 à 10% des SN) sont habituel<strong>le</strong>ment dues à des germes capsulés<br />

(Streptococcus pneumoniae) et ont des localisations spécifiques : péritonite, pneumopathie,<br />

méningite, septicémie. Les infections vira<strong>le</strong>s sont surtout iatrogènes.<br />

Le risque de thrombose est lié aux anomalies de l’hémostase mais surtout à l’hypovolémie et à<br />

l’hémoconcentration. Ce risque est donc majoré lorsqu’un traitement diurétique est utilisé en l’absence<br />

de remplissage préalab<strong>le</strong>. D’autres facteurs concourent à augmenter <strong>le</strong> risque de thrombose, tel<strong>le</strong><br />

l’immobilisation ou la présence de cathéters. Il s’agit de thrombose veineuse profonde, d’embolie<br />

pulmonaire, de thrombose des sinus crâniens. Cette complication (2 à 5% des SN) est une cause<br />

préoccupante de mortalité et de morbidité ; il convient donc de savoir l’évoquer et de se donner <strong>le</strong>s<br />

moyens de confirmer <strong>le</strong> diagnostic par l’imagerie.<br />

Protéinurie massive et prolongée. Cela ne concerne en Europe que <strong>le</strong>s formes résistant à tout<br />

traitement, mais c’est une cause fréquente de mortalité dans <strong>le</strong>s pays en développement. La<br />

protéinurie chronique entraîne en effet une fuite d’immunoglobulines, de complément, d’hormones et<br />

de transferrine, mais aussi une dénutrition et une ostéoporose.<br />

Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> SN modifie la pharmacocinétique de nombreux médicaments.<br />

5. Evolution<br />

Globa<strong>le</strong>ment<br />

poussée unique ou rare 1/5<br />

Corticosensibilité 85% récidives multip<strong>le</strong>s/corticodépendance 4/5<br />

Corticorésistance 15% la moitié évolue vers l’IR<br />

Le principal élément pronostique est représenté par la réponse à la corticothérapie<br />

Néphrose corticosensib<strong>le</strong>. Corticosensibilité est généra<strong>le</strong>ment synonyme de bon pronostic rénal. Dans<br />

<strong>le</strong>s formes multirécidivantes ou corticodépendantes, se pose <strong>le</strong> problème de l’observance et, si <strong>le</strong><br />

traitement est bien suivi, celui de la pathologie iatrogène. La durée d’évolution de la maladie est<br />

imprévisib<strong>le</strong> et peut se prolonger jusqu’à l’âge adulte.<br />

Néphrose corticorésistante. Bien que la rémission spontanée soit possib<strong>le</strong>, une évolution péjorative<br />

est à craindre (SN chronique, HTA, IR).<br />

6. Traitement<br />

Traitement symptomatique<br />

Le repos au lit est inuti<strong>le</strong> voire dangereux, car il augmente <strong>le</strong> risque de thrombose.<br />

Diététique : la restriction sodée est recommandée lors des poussées et pendant la corticothérapie à<br />

fortes dose (> 30 mg/m²/j), l’apport protéique est normal, <strong>le</strong>s sucres rapides sont réduits au prorata de<br />

la posologie de prednisone, <strong>le</strong>s apports en eau sont adaptés en fonction du syndrome oedémateux et<br />

de la diurèse.<br />

L’usage des diurétiques doit être prudent car, en majorant l’hypovolémie, ils favorisent <strong>le</strong> risque<br />

thromboembolique. S’il existe des arguments pour une hypovolémie (PA basse ou pincée,<br />

hémoconcentration, tachycardie, microcardie), un remplissage préalab<strong>le</strong> est nécessaire (albumine<br />

humaine à 20%, 1 g/kg à perfuser en 6 h) en milieu hospitalier. Les produits recommandés sont la<br />

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spironolactone (Aldactone®, 5 mg/kg/j) d’autant plus que la natriurèse est effondrée et <strong>le</strong> furosémide<br />

(Lasilix®,1 à 2 mg/kg/j), parfois associé à l’amiloride (Modamide®), à interrompre dès que la<br />

protéinurie diminue.<br />

La prévention des thromboses est fondamenta<strong>le</strong>, en évitant tout ce qui favorise ou aggrave<br />

l’hypovolémie. Si <strong>le</strong> risque est patent (SN cliniquement sévère, albuminémie = 20 g/L, fibrinogène > 6<br />

g/L, antithrombine III < 70%, D-dimères > 1000 mg/mL), un traitement anti-coagulant (anti-vitamine K,<br />

héparine de bas poids moléculaire) doit être proposé. En cas de thrombose avérée, <strong>le</strong> traitement<br />

repose sur l’héparinothérapie et l’antithrombine III (Aclotine®).<br />

En présence d’une infection présumée bactérienne, une antibiothérapie probabiliste par ceftriaxone ±<br />

aminoside doit être entreprise après avoir réalisé <strong>le</strong>s prélèvements adéquats.<br />

Les vaccinations doivent être évitées en poussée ou si l’immunosuppression est importante ; il<br />

convient de <strong>le</strong>s envisager en phase de rémission.<br />

Traitement de fond<br />

Corticothérapie. C’est <strong>le</strong> traitement majeur de la néphrose et il est inuti<strong>le</strong> de <strong>le</strong> différer.<br />

Corticothérapie lors d'une première poussée<br />

Prednisone (Cortancyl®)<br />

60 mg/m²/j (sans dépasser 60 mg/j) pendant 4 semaines<br />

Evaluation après 4 semaines :<br />

- corticorésistance : biopsie réna<strong>le</strong> +<br />

modification thérapeutique<br />

- corticosensibilité : passage à une<br />

corticothérapie alternée :<br />

60 mg/m²/2j pendant 2 mois<br />

puis 45 mg/m²/2j pendant 15 jours<br />

puis 30 mg/m²/2j pendant 15 jours<br />

puis 15 mg/m²/2j pendant 15 jours<br />

puis arrêt, soit une durée tota<strong>le</strong> de 4,5 mois.<br />

Traitement des rechutes. Il est fréquent d’observer une protéinurie transitoire lors d’infections bana<strong>le</strong>s;<br />

la corticothérapie ne sera appliquée qu’aux rechutes avec protéinurie persistante et œdèmes.<br />

Dans <strong>le</strong>s formes multirécidivantes et corticodépendantes, il convient de reconnaître une intoxication<br />

stéroïdienne (ra<strong>le</strong>ntissement statural, obésité avec vergetures, cataracte) et de proposer une<br />

alternative à la corticothérapie. Les immunosuppresseurs proposés visent à diminuer <strong>le</strong> besoin en<br />

prednisone, à espacer <strong>le</strong>s rechutes et parfois à restaurer un certain degré de corticosensibilité.<br />

Néphroses corticorésistantes. La ciclosporine associée à de faib<strong>le</strong>s doses de prednisone est<br />

susceptib<strong>le</strong> d’induire une rémission prolongée. L’IR termina<strong>le</strong> est malgré tout fréquente et expose au<br />

risque de récidive après greffe.<br />

Faq 7 - Autres formes de syndrome néphrotique primitif<br />

Ces formes sont rares et la biopsie réna<strong>le</strong> est nécessaire.<br />

Avant l’âge d’un an, on peut observer une authentique néphrose idiopathique, mais il s’agit plus<br />

souvent de SN particuliers (SN finlandais, sclérose mésangia<strong>le</strong> diffuse).<br />

A tout âge, on peut observer des SN familiaux ou syndromiques, en rapport avec des anomalies<br />

génétiques du podocyte, insensib<strong>le</strong>s à la corticothérapie et aux immunosuppresseurs.<br />

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Objectifs :<br />

Objectifs institutionnels<br />

Puberté norma<strong>le</strong> et pathologique<br />

Item 38<br />

• Expliquer <strong>le</strong>s étapes du développement pubertaire normal physique et psychologique.<br />

• Dépister une avance ou un retard pubertaire.<br />

Objectif du référentiel du Collège des enseignants de pédiatrie<br />

• Décrire <strong>le</strong>s étapes du développement pubertaire normal chez la fil<strong>le</strong> et <strong>le</strong> garçon, et recueillir<br />

par l’anamnèse familia<strong>le</strong> et personnel<strong>le</strong> ainsi que par l’examen clinique, <strong>le</strong>s éléments<br />

nécessaires pour une évaluation de la puberté et de ces troub<strong>le</strong>s.<br />

• Identifier <strong>le</strong> caractère physiologique ou pathologique du développement d’un caractère sexuel.<br />

• Enumérer <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s étiologies des avances pubertaires.<br />

• Distinguer un retard pubertaire d’une variante de la norma<strong>le</strong>.<br />

• Enoncer <strong>le</strong>s grandes variétés de retard pubertaire.<br />

• Justifier la démarche diagnostique et la stratégie d’investigations en expliquant la contribution<br />

attendue des examens complémentaires.<br />

• Reconnaître <strong>le</strong>s situations re<strong>le</strong>vant d’une consultation spécialisée.<br />

Sommaire<br />

1 - Puberté norma<strong>le</strong><br />

2 - Avances pubertaires<br />

3 - Retards pubertaires<br />

4 - Aménorrhée primaire<br />

Points essentiels<br />

1- Puberté norma<strong>le</strong><br />

1.1- Définition<br />

L’ado<strong>le</strong>scence représente une transition de l’enfance à l’âge adulte. La puberté initie cette période qui<br />

se caractérise par des modifications endocriniennes, morphologiques, physiologiques et<br />

psychologiques.Une puberté pathologique, retardée, précoce, ou anorma<strong>le</strong> dans son tempo,<br />

entraînera un retentissement chez <strong>le</strong> sujet et son entourage.<br />

La puberté est définie par la maturation sexuel<strong>le</strong> manifestée par :<br />

- la croissance des gonades,<br />

- <strong>le</strong> développement des caractères sexuels secondaires,<br />

- une accélération de la vitesse de croissance statura<strong>le</strong>.<br />

Ces manifestations sont <strong>le</strong> fait de la mise en route de l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique, à<br />

point de départ hypothalamique avec pour effets la sécrétion des hormones sexuel<strong>le</strong>s stéroïdiennes<br />

et l’aptitude à la procréation.<br />

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De nombreux facteurs affectent l’âge de début de la puberté : génétiques, ethniques, nutritionnels et<br />

psychiques. Une tendance séculaire à l’avancement de l’âge de la puberté est observée.<br />

1.2- Etapes de l’activation pubertaire<br />

Le phénomène initiateur est mal compris. Un ou deux ans avant <strong>le</strong>s premières manifestations<br />

cliniques de la puberté apparaît une sécrétion pulsati<strong>le</strong> de LH pendant <strong>le</strong> sommeil, secondaire à une<br />

décharge pulsati<strong>le</strong> de facteur de libération de LH (LH RH). La fréquence et l’importance de ce<br />

phénomène vont s’accroître progressivement, induisant des stimulations successives de l’ante<br />

hypophyse, des gonades puis des tissus cib<strong>le</strong>s périphériques. Des phénomènes de rétrocontrô<strong>le</strong><br />

existent à chaque étape. Ainsi la réponse des gonadotrophines (FSH, LH) au test à la GnRH (test LH<br />

RH) se modifie avec une prédominance de LH par rapport à la FSH. Le rapport pic LH sur pic FSH est<br />

un bon indicateur du niveau d’activation hypothalamo-hypophysaire (0,66 chez la fil<strong>le</strong> et 2 à 3 chez <strong>le</strong><br />

garçon indiquent une puberté en cours). L’augmentation de FSH entraîne chez <strong>le</strong> garçon un<br />

développement des tubes séminifères, chez la fil<strong>le</strong> un développement de la granulosa et du stroma.<br />

L’augmentation de LH entraîne chez <strong>le</strong> garçon une stimulation des cellu<strong>le</strong>s de Leydig et une<br />

augmentation de la testostérone, chez la fil<strong>le</strong> une stimulation de la granulosa et une augmentation des<br />

oestrogènes. Ce processus est appelé gonadarche. La gonadarche est précédée de 2 ans par<br />

l’adrénarche, correspondant à la sécrétion d’androgène (déhydroépiandrostérone DHA) par la<br />

surréna<strong>le</strong>, probab<strong>le</strong>ment contrôlé par un facteur central différent de LH, FSH et ACTH. La poussée de<br />

croissance statura<strong>le</strong> observée avant <strong>le</strong>s manifestations de la puberté, la pilosité pubienne et axillaire<br />

pour une part sont imputées à l’adrénarche.<br />

1.3- Développement pubertaire normal<br />

Le développement des caractères sexuels secondaires est côté de 1 à 5 selon la classification de<br />

Tanner (<strong>le</strong> stade I correspond à l’aspect prépubère et <strong>le</strong> stade 5 au développement comp<strong>le</strong>t adulte).<br />

1.3.1- Chez la fil<strong>le</strong> (tab<strong>le</strong>au 1)<br />

Tab<strong>le</strong>au 1 - Stades du développement pubertaire chez la fil<strong>le</strong><br />

Les stades sont côtés S pour <strong>le</strong>s seins (B, breast en anglais) et P pour la pilosité pubienne<br />

Stade Développement des seins Age moyen Développement de la Age moyen<br />

(ans) pilosité pubienne<br />

(ans)<br />

1 Pas de glande palpab<strong>le</strong> absence<br />

2 Bouton mammaire et<br />

11 Quelques poils sur <strong>le</strong>s 11,5<br />

élargissement de l’aréo<strong>le</strong><br />

grandes lèvres<br />

3 Tissu mammaire plus large que 12 Extension des poils vers <strong>le</strong> 12,5<br />

l’aréo<strong>le</strong><br />

pubis<br />

4 Aréo<strong>le</strong> suré<strong>le</strong>vée par rapport au 13 Pilosité non encore 13<br />

tissu mammaire<br />

complètement développée<br />

5 Développement mammaire<br />

comp<strong>le</strong>t<br />

15 Pilosité adulte 14,5<br />

Le premier signe de démarrage pubertaire vers 11 ans (8 à 13 ans, moyenne 11,5 ans) est <strong>le</strong><br />

développement du bouton mammaire (souvent unilatéral au début), accompagné ou suivi de<br />

l’apparition d’une pilosité pubienne. La pilosité axillaire apparaît 1 à 1 an ½ après.<br />

L’interval<strong>le</strong> entre <strong>le</strong> stade B2 et <strong>le</strong>s premières règ<strong>le</strong>s est en moyenne de 2 ans. Les règ<strong>le</strong>s ne<br />

deviennent cycliques qu’après 1 à 2 ans, <strong>le</strong>s premiers cyc<strong>le</strong>s étant anovulatoires.<br />

Les données échographiques complètent <strong>le</strong>s données cliniques pour analyser l’évolution de la<br />

puberté.<br />

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- Un utérus supérieur à 35 mm dans sa longueur, un rapport corps/col supérieur à 1 avec aspect<br />

piriforme de l’utérus et l’apparition d’une ligne de vacuité sont considérés comme des signes<br />

d’imprégnation hormona<strong>le</strong>.<br />

- Les ovaires, à partir de 6 ans, ont une longueur de 20 à 25 mm, et souvent un aspect microfolliculaire<br />

(inférieur à 5 mm) qui est physiologique. Un axe ovarien supérieur à 30 mm et/ou un<br />

volume supérieur à 3 cm3 avec présence de follicu<strong>le</strong>s signe <strong>le</strong> démarrage pubertaire.<br />

- La concentration plasmatique en éthinyl-oestradiol (EE2) est d’interprétation délicate tandis que<br />

l’élévation des taux de FSH et LH plasmatiques à la stimulation par LH RH est un élément<br />

d’analyse indispensab<strong>le</strong>.<br />

1.3.2- Chez <strong>le</strong> garçon (tab<strong>le</strong>au 2)<br />

Le signe indiquant <strong>le</strong> démarrage pubertaire est l’augmentation du volume des testicu<strong>le</strong>s, témoignant<br />

du développement des tubes séminifères. Des dimensions supérieures à 25x15mm (volume supérieur<br />

à 3 ml) indiquent une activation de l’axe hypothalamo-hypophyso testiculaire. Une intumescence<br />

mammaire, appelée gynécomastie est fréquemment (30 à 50%) observée dans <strong>le</strong>s 2 années suivant<br />

<strong>le</strong> début pubertaire : el<strong>le</strong> est <strong>le</strong> plus souvent transitoire.<br />

Tab<strong>le</strong>au 2 - Stades du développement pubertaire chez <strong>le</strong> garçon<br />

Stade Développement des organes Age moyen Développement de la Age moyen<br />

génitaux<br />

(ans) pilosité pubienne<br />

(ans)<br />

1 Testicu<strong>le</strong>s et verge prépubères Absence<br />

2 Début d’augmentation des<br />

12 Quelques poils sur <strong>le</strong> 13<br />

dimensions des testicu<strong>le</strong>s,<br />

25x15mm Pigmentation du<br />

scrotum<br />

scrotum<br />

3 Début d’augmentation des<br />

13 Extension des poils sur <strong>le</strong> 14<br />

dimensions de la verge 3,5--6cm<br />

pubis<br />

4 Poursuite de l’augmentation des<br />

dimensions de la verge et des<br />

testicu<strong>le</strong>s<br />

14 Pilosité presque adulte 14.5<br />

5 Développement adulte (longueur<br />

testicu<strong>le</strong>s : 4,5 cm)<br />

15 Pilosité adulte 15<br />

Les taux plasmatiques de FSH et LH augmentent de même que <strong>le</strong>s stéroïdes sexuels. La testostérone<br />

plasmatique s’élève au dessus de 0.25 ng/ml (prélèvement à 8h <strong>le</strong> matin).<br />

1.3.3- Croissance pubertaire<br />

Dans <strong>le</strong>s deux sexes, la vitesse de croissance statura<strong>le</strong> s’accélère à la puberté : <strong>le</strong> gain statural<br />

annuel passe de 5 cm avant la puberté, à 7-9 cm durant <strong>le</strong> pic de croissance pubertaire (âge de ce pic<br />

chez la fil<strong>le</strong> 12 ans, chez <strong>le</strong> garçon 14 ans). Le gain statural pubertaire est ainsi de 25 cm pour la fil<strong>le</strong>,<br />

28 cm pour <strong>le</strong> garçon en moyenne.<br />

1.3.4- Repères chronologiques (Tab<strong>le</strong>au 3)<br />

Tab<strong>le</strong>au 3 - Repères chronologiques (en années)<br />

Fil<strong>le</strong> Garçon<br />

Puberté norma<strong>le</strong> 10-13 11-14<br />

Puberté précoce < 8 < 10<br />

Puberté avancée 8-10 10-11<br />

Puberté retardée > 13 > 14<br />

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2- Avances pubertaires<br />

2.1- Définition<br />

Le développement pubertaire précoce de l’enfant est défini par l’apparition des premiers caractères<br />

sexuels secondaires<br />

• avant 8 ans chez la fil<strong>le</strong> : seins et/ou pilosité pubienne<br />

• avant 10 ans chez <strong>le</strong> garçon (situation 20 fois plus rare) : augmentation de tail<strong>le</strong> des<br />

testicu<strong>le</strong>s (supérieure à 25x15 mm) et /ou pilosité pubienne.<br />

Il convient de distinguer ( figure 1, 2, 3) :<br />

a) la puberté précoce isosexuel<strong>le</strong> vraie, caractérisée par la mise en jeu prématurée de l’axe neuroendocrinien<br />

hypothalamo-hypophysogonadique<br />

b) la puberté précoce périphérique indépendante des gonadotrophines, qui correspond à la production<br />

autonome de stéroïdes sexuels d’origine ovarienne (syndrome de Mac Cune Albright) : ce syndrome<br />

associe puberté précoce ovarienne, dysplasie fibreuse, pigmentation cutanée et correspond à l’hyper<br />

fonctionnement ovarien lié à une mutation activatrice de la sous unité alpha de la protéine G, ou<br />

d’origine testiculaire (testo-toxicose liée à une mutation activatrice du gène des récepteurs<br />

testiculaires à la LH)<br />

c) la pseudopuberté précoce correspondant à une virilisation ou féminisation<br />

soit par tumeur sécrétante<br />

soit par anomalie de la stéroïdogénèse (hyperplasie des surréna<strong>le</strong>s)<br />

d) <strong>le</strong> développement prématuré isolé<br />

des seins (thélarche précoce) (figure 3)<br />

de la pilosité pubienne (pubarche précoce ou adrénarche précoce).<br />

2.2- puberté précoce isosexuel<strong>le</strong> (« vraie ») (figure 1, 2)<br />

2.2.1- Signes cliniques<br />

Apparition précoce et rapide (tempo accéléré) de signes pubertaires :<br />

- avance statura<strong>le</strong>,<br />

- tail<strong>le</strong> des testicu<strong>le</strong>s augmentée (mensuration supérieure à 25x15 mm) chez <strong>le</strong> garçon,<br />

- apparition d’un développement mammaire chez la fil<strong>le</strong>.<br />

Les problèmes psychologiques posés chez l’enfant, comme chez <strong>le</strong>s parents par l’apparition précoce<br />

de caractères sexuels doivent être évoqués.<br />

2.2.2- Paraclinique<br />

L’âge osseux est constamment avancé.<br />

Les gonadotrophines plasmatiques sont norma<strong>le</strong>s ou é<strong>le</strong>vées (secrétion pulsati<strong>le</strong>)<br />

Le test au GnRH montre une réponse supérieure de LH par rapport à FSH dans <strong>le</strong>s 2 sexes (rapport<br />

LH/FSH supérieur à 0,66)<br />

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Chez <strong>le</strong> garçon la testostérone plasmatique est é<strong>le</strong>vée.<br />

Chez la fil<strong>le</strong> l’échographie permet <strong>le</strong>s mensurations utérines (hauteur utérine supérieure à 35mm) et<br />

ovarienne (supérieure à 30 mm avec présence de follicu<strong>le</strong>s ovariens). L’oestradiol est un paramètre<br />

d’interprétation diffici<strong>le</strong>.<br />

2.2.3- Evolution<br />

Sans traitement la tail<strong>le</strong> adulte est <strong>le</strong> plus souvent réduite du fait de l’accélération de l’âge osseux , la<br />

fertilité potentiel<strong>le</strong> est rapidement présente.<br />

2.2.4 Etiologie (tab<strong>le</strong>au 4)<br />

Les éléments suivants doivent être ainsi documentés pour orienter <strong>le</strong> diagnostic étiologique :<br />

• l’anamnèse personnel<strong>le</strong> et familia<strong>le</strong><br />

• l’examen visuel, champ visuel, examen cutané (recherche de taches café au lait)<br />

• explorations de l’axe hypothalamo-hypophysaire<br />

• imagerie de la région hypothalamo-hypophysaire (IRM).<br />

Tab<strong>le</strong>au 4 - Etiologie des pubertés précoces isosexuel<strong>le</strong>s vraies<br />

Tumeurs intracrâniennes<br />

• Dysgerminome<br />

• Hamartome<br />

• Gliome<br />

• Astrocytome<br />

• Pinéalome<br />

Malformations congénita<strong>le</strong>s<br />

• Sténose de l’aqueduc de Sylvius<br />

• Hydrocéphalie<br />

• Microcéphalie<br />

Causes traumatiques<br />

• Accidents périnataux<br />

• Traumatismes crâniocérébraux<br />

• radiothérapie<br />

2.2.5- Traitement<br />

Autres<br />

• Neurofibromatose<br />

• Sclérose tubéreuse de<br />

Bournevil<strong>le</strong><br />

• Syndrome de Silver Russel<br />

Causes post-infectieuses<br />

• Méningite<br />

• Encéphalite<br />

Formes idiopathiques<br />

(plus fréquentes chez la fil<strong>le</strong>)<br />

Les analogues agonistes de GnRH sous forme de préparation retard (50 µg/kg) administrés par voie<br />

intra musculaire toutes <strong>le</strong>s 4 semaines provoquent une régression des signes cliniques et hormonaux<br />

par <strong>le</strong>ur action de désensibilisation des récepteurs hypophysaires de GnRH, et ra<strong>le</strong>ntissent la<br />

croissance et l’avancement de l’âge osseux, permettant ainsi d’améliorer la tail<strong>le</strong> adulte définitive<br />

compromise. Le traitement étiologique complète <strong>le</strong> traitement freinateur.<br />

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2.3- Pseudo-puberté précoce (P-PP) (figure 1, 2)<br />

El<strong>le</strong> correspond à une production hormona<strong>le</strong> féminisante ou virilisante du fait soit d’un processus<br />

tumoral (ovarien, testiculaire ou surrénal) soit d’une anomalie de la stéroïdogénèse (hyperplasie des<br />

surréna<strong>le</strong>s). Dans ce dernier cas, <strong>le</strong> défaut enzymatique entraîne une baisse de la production de<br />

certains composants hormonaux avec, du fait de la mise en œuvre du feed back induisant<br />

l’hyperplasie, une hyperproduction des autres composants. Ainsi, pour <strong>le</strong> bloc de 21hydroxylase, il<br />

existe un défaut de production du cortisol et de l’aldostérone et une hypersécrétion d’androgène<br />

surrénalien. Le dosage du métabolite intermédiaire (17 hydroxyprogestérone pour l’hyperplasie des<br />

surréna<strong>le</strong>s par bloc en 21 OH) permet <strong>le</strong> diagnostic.<br />

2.3.1- signes cliniques<br />

- Chez la fil<strong>le</strong>, recherche d’une tumeur ovarienne.<br />

- Chez <strong>le</strong> garçon l’absence d’augmentation de volume des testicu<strong>le</strong>s suggère fortement une<br />

anomalie de la stéroïdogénèse.<br />

2.3.2- Paraclinique<br />

Age osseux, échographie abdomina<strong>le</strong>, dosage des stéroïdes sexuels plasmatiques sont<br />

systématiques.<br />

Lors du test au LH-RH, la réponse des gonadotrophines plasmatiques est basse.<br />

2.3.3- Etiologie (Tab<strong>le</strong>au 5)<br />

Tab<strong>le</strong>au 5 - Etiologie des pseudopubertés précoces (P-PP)<br />

Chez la fil<strong>le</strong> Chez <strong>le</strong> garçon<br />

® PPP isosexuel<strong>le</strong> : féminisation<br />

® PPP isosexuel<strong>le</strong> : virilisation<br />

• tumeur ovarienne<br />

• kyste fonctionnel ovarien<br />

• tumeur cortico surréna<strong>le</strong><br />

® PPP hétérosexuel<strong>le</strong> : virilisation<br />

• hyperplasie congénita<strong>le</strong> des surréna<strong>le</strong>s<br />

• tumeur corticosurréna<strong>le</strong><br />

• administration d’androgène<br />

2.4- Puberté précoce partiel<strong>le</strong> (dissociée)<br />

• hyperplasie congénita<strong>le</strong> des surréna<strong>le</strong>s<br />

• tumeur des surréna<strong>le</strong>s<br />

• tumeur des cellu<strong>le</strong>s de Leydig<br />

- tératome<br />

• administration d’androgène<br />

® PPP hétérosexuel<strong>le</strong> : féminisation<br />

• tumeur cortico-surréna<strong>le</strong><br />

• administration d’oestrogène<br />

2.4.1- La thélarche précoce (figure 3) est définie par l’apparition isolée d’un ou deux boutons<br />

mammaires non douloureux chez une fil<strong>le</strong> avant l’âge de 7 ans, <strong>le</strong> plus souvent entre 1 et 3 ans. Les<br />

signes autres de féminisation manquent ainsi que l’accélération de la vélocité statura<strong>le</strong> et de l’âge<br />

osseux. Une avance osseuse est possib<strong>le</strong> mais cel<strong>le</strong>-ci ne dépasse pas de plus d’une année l’âge<br />

civil. Le développement est transitoire pouvant évoluer pendant 6 à 18 mois. La FSH plasmatique est<br />

souvent é<strong>le</strong>vée. L’échographie pelvienne montre des mensurations prépubères de l’utérus et des<br />

ovaires. La fil<strong>le</strong>tte de plus de 5 ans sera suivie avec une particulière attention dans la mesure où cette<br />

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prémature thélarche peut évoluer vers une vraie puberté précoce. Une pigmentation excessive des<br />

mamelons doit faire rechercher la possibilité d’administration ora<strong>le</strong> ou per cutanée d’œstrogènes. La<br />

figure 3 expose la démarche à adopter devant un développement mammaire précoce.<br />

2.4.2 L’adrénarche précoce est définie par <strong>le</strong> développement précoce et isolé de la pilosité pubienne<br />

et axillaire avant l’âge de 8 ans chez la fil<strong>le</strong> et avant l’âge de 10 ans chez <strong>le</strong> garçon, probab<strong>le</strong>ment par<br />

une maturation précoce de la glande cortico-surréna<strong>le</strong> et/ou une augmentation précoce de la<br />

sensibilité aux androgènes des organes pi<strong>le</strong>ux récepteurs. Il s’y associe une discrète accélération de<br />

la croissance et de l’âge osseux. Les androgènes plasmatiques d’origine surréna<strong>le</strong> (S-DHA) sont<br />

supérieurs à la norma<strong>le</strong> pour l’âge. L’exploration hormona<strong>le</strong> permet d’éliminer :<br />

• l’hyperplasie des surréna<strong>le</strong>s par anomalie de la stéroïdogénèse<br />

• une tumeur surréna<strong>le</strong> : la pilosité pubienne est rarement isolée mais associée à des signes de<br />

virilisation et une accélération de la vélocité statura<strong>le</strong> et de l’âge osseux.<br />

L’adrénarche précoce peut s’observer chez l’enfant présentant une encéphalopathie chronique<br />

parfois convulsivante.<br />

La figure 1 expose la démarche à adopter devant une puberté précoce chez <strong>le</strong> garçon.<br />

3 - Retards pubertaires (figure 4, 5 )<br />

3.1- Définition<br />

Le retard pubertaire est défini :<br />

- chez la fil<strong>le</strong> par l’absence de développement mammaire après l’âge de 13 ans<br />

- chez <strong>le</strong> garçon par l’absence d’augmentation de volume testiculaire (< 4 ml ou < 25x15mm) après<br />

l’âge de 14 ans.<br />

3.2- Orientation clinique<br />

- anamnèse familia<strong>le</strong> : retard pubertaire (âge des premières règ<strong>le</strong>s chez la mère, âge de la puberté<br />

chez <strong>le</strong> père), anosmie, cryptorchidie, stérilité<br />

- anamnèse personnel<strong>le</strong> : courbe statura<strong>le</strong> et pondéra<strong>le</strong>, vélocité, étude de l’index corporel (troub<strong>le</strong>s<br />

des conduites alimentaires), recherche d’anosmie, cryptorchidie<br />

- examen clinique comp<strong>le</strong>t :<br />

chez <strong>le</strong> garçon : recherche d’une cryptorchidie, mensuration de la verge et des testicu<strong>le</strong>s, évaluation<br />

de la pilosité pubienne<br />

chez la fil<strong>le</strong> : recherche des signes de la série turnérienne.<br />

3.3- Orientation paraclinique<br />

• évaluation de l’âge osseux<br />

• mensurations utérines à l’échographie<br />

• stéroïdes sexuels plasmatiques : testostérone, oestradiol, sulfate de DHA<br />

• test au GnRH<br />

• chromatine sexuel<strong>le</strong> – caryotype<br />

• prolactine TSH IgF1 hormone anti-mullérienne<br />

• imagerie de la région hypothalamo-hypophysaire par IRM<br />

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3.4- Etiologies (tab<strong>le</strong>au 6)<br />

Il convient de distinguer 3 catégories de retard pubertaire<br />

- hypogonadisme hypogonadotrophique (taux de FSH et LH bas non stimulab<strong>le</strong>s par GnRH)<br />

- hypogonadisme hypergonadotrophique (taux de FSH et LH é<strong>le</strong>vés par lésion primaire gonadique)<br />

- retard pubertaire simp<strong>le</strong> : <strong>le</strong> développement pubertaire spontané comp<strong>le</strong>t survient sur un mode<br />

différé<br />

Tab<strong>le</strong>au 6 - Classification étiologique des hypogonadismes<br />

I - FSH-LH basses non stimulab<strong>le</strong>s par LH RH : Hypogonadisme hypogonadotrope<br />

- Données d’imagerie centra<strong>le</strong> (IRM)<br />

Absence d’anomalie<br />

- déficit gonadotrope isolé avec ou sans anosmie (syndrome de Kallmann)<br />

- panhypopituitarisme<br />

- syndrome malformatif : syndrome de Willi-Prader…<br />

- maladie chronique<br />

- anorexie menta<strong>le</strong><br />

Anomalie<br />

- tumeur : craniopharyngiome<br />

- adénome à prolactine<br />

- séquel<strong>le</strong> de traumatisme, méningite, irradiation<br />

- malformation<br />

II - FSH-LH é<strong>le</strong>vée : hypogonadisme hypergonadotrope<br />

- chez la fil<strong>le</strong><br />

- syndrome de Turner<br />

- autres dysgénésies gonadiques<br />

- mutations inactivatrices des gènes des récepteurs de la LH et de la FSH<br />

- séquel<strong>le</strong>s des irradiations pour cancer<br />

- chez <strong>le</strong> garçon<br />

- syndrome de Klinefelter (manifesté par arrêt du développement pubertaire avec petits testicu<strong>le</strong>s,<br />

gynécomastie et grande tail<strong>le</strong>)<br />

- dysgénésie gonadique<br />

- anomalie de la biosynthèse de la testostérone<br />

- anorchidie (intérêt dosage hormone antimullérienne)<br />

- séquel<strong>le</strong>s des irradiations pour cancer<br />

- dans <strong>le</strong>s 2 sexes<br />

- insuffisance gonadique acquise<br />

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- vira<strong>le</strong><br />

- toxique<br />

- auto-immune (polyendocrinopathie)<br />

- traumatique<br />

- pseudohypoparathyroïdie<br />

3.5- Traitement<br />

Il est envisagé après investigation complète et qualification de l’étiologie du retard pubertaire. La<br />

durée d’observation doit être suffisante pour écarter l’hypothèse du retard pubertaire simp<strong>le</strong>. Le<br />

traitement est celui de la cause associée à une hormonothérapie substitutive.<br />

3.5.1- cel<strong>le</strong> ci consiste en la substitution par <strong>le</strong>s hormones gonadiques<br />

a) chez <strong>le</strong> garçon : administration de testostérone à doses progressivement croissantes (50 à 250 mgr<br />

par mois)<br />

b) chez la fil<strong>le</strong>, administration par voie transcutanée (patch) d’œstrogènes naturels à des doses<br />

progressivement croissantes jusqu’à un traitement substitutif comp<strong>le</strong>t qui associera œstrogènes<br />

naturels et progestatifs en deuxième partie de cyc<strong>le</strong>.Un bilan lipidique, la recherche d’antécédents<br />

familiaux de cancer et de thrombophlébite sont systématiques.<br />

3.5.2- Ultérieurement dans <strong>le</strong>s deux sexes possibilité de traitement plus comp<strong>le</strong>xe dans <strong>le</strong>s situations<br />

de déficit gonadotrope par association de gonadotrophines (HCG+ HmG) ou par LHRH sur un mode<br />

pulsati<strong>le</strong> pour induction d’une ovulation ou d’une spermatogenèse.<br />

Les figures 3 et 4 exposent la démarche à adopter devant un retard pubertaire chez <strong>le</strong> garçon et chez<br />

la fil<strong>le</strong>.<br />

4 - Aménorrhée primaire<br />

Absence de toute menstruation au delà de 16 ans (<strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s surviennent en moyenne 2 ans après <strong>le</strong><br />

début de la puberté).<br />

Pour en savoir plus sur la classification des étiologies d'aménorrhée primaire :<br />

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Points essentiels<br />

¤ Un développement mammaire prématuré doit faire rechercher une puberté précoce centra<strong>le</strong>.<br />

¤ Une pilosité pubienne prématurée doit faire rechercher une tumeur surrénalienne ou une<br />

hyperplasie des surréna<strong>le</strong>s.<br />

¤ Une avance statura<strong>le</strong> avec avance de l’âge osseux doit faire rechercher des signes pubertaires.<br />

Chez <strong>le</strong> garçon des signes de virilisation avec petits testicu<strong>le</strong>s doit faire rechercher un bloc surrénalien<br />

(hyperplasie des surréna<strong>le</strong>s) ou une tumeur surrénalienne. Les examens indispensab<strong>le</strong>s sont<br />

échographie surréna<strong>le</strong> et dosage de la 17-Hydroxyprogestérone.<br />

¤ Plus fréquent chez <strong>le</strong> garçon <strong>le</strong> retard pubertaire est <strong>le</strong> plus souvent simp<strong>le</strong> (puberté différée).<br />

¤ Chez la fil<strong>le</strong> <strong>le</strong> retard pubertaire correspond dans la moitié des cas à des anomalies primitives des<br />

gonades. Le syndrome de Turner doit systématiquement être évoqué.<br />

¤ Chez <strong>le</strong> garçon <strong>le</strong> syndrome de Klinefelter doit être évoqué devant un arrêt du développement<br />

pubertaire avec petits testicu<strong>le</strong>s, gynécomastie et grande tail<strong>le</strong>.<br />

¤ Un déficit gonadotrope impose la recherche a) des antécédents d’un tel déficit chez <strong>le</strong>s ascendants<br />

et collatéraux b) d’une lésion tumora<strong>le</strong> par imagerie.<br />

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Objectifs :<br />

Orientation diagnostique devant un purpura chez l'enfant<br />

(et chez l’adulte : non traité)<br />

Item 330<br />

OBJECTIFS TERMINAUX DE L’ECN<br />

¤ Devant un purpura chez l’enfant (et chez l’adulte : point non traité), argumenter <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s<br />

hypothèses diagnostiques et justifier <strong>le</strong>s examens complémentaires pertinents.<br />

OBJECTIFS INTERMEDIAIRES<br />

¤ Enumérer <strong>le</strong>s causes des purpuras thrombopéniques.<br />

¤ Indiquer <strong>le</strong>s examens uti<strong>le</strong>s et nécessaires à la distinction du mécanisme central ou périphérique<br />

d’une thrombopénie.<br />

¤ Conduite à tenir devant un purpura thrombopénique idiopathique aigu.<br />

¤ Décrire <strong>le</strong>s éléments cliniques et biologiques du diagnostic, de la surveillance, et des complications<br />

du purpura rhumatoïde.<br />

¤ Eléments du diagnostic d’un syndrome hémolytique et urémique.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

1 - Diagnostic initial<br />

2 - Carrefour diagnostique<br />

3 - Purpura thrombopénique<br />

4 - Purpuras non thrombopéniques<br />

5 - Conduite à tenir devant un purpura thrombopénique aigu<br />

6 - Purpura rhumatoide<br />

7 - Syndrome hémolytique et urémique<br />

Introduction<br />

Le purpura répond à une définition unique : l’extravasation de sang dans <strong>le</strong> tissu sous cutané, qui a<br />

comme caractéristique de ce fait de ne pas s’effacer à la vitropression (ou à la compression ou à un<br />

étirement doux de la peau), ce qui <strong>le</strong> différencie des exanthèmes.<br />

Si la présentation clinique d’un purpura est relativement univoque, ses causes sont multip<strong>le</strong>s et très<br />

différentes dans <strong>le</strong>ur physiopathologie, ce qui demande une réf<strong>le</strong>xion diagnostique structurée clinique<br />

et biologique.<br />

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1 - Diagnostic initial<br />

Il importe de préciser<br />

• l’aspect du purpura qui peut être :<br />

o pétéchial (petites tâches de 1 à 4 mm de diamètre),<br />

Purpura pétéchial localisé sous orbitaire après vomissements<br />

o ecchymotique (nappes hémorragiques aux contours mal limités, ou se présentant<br />

comme stries linéaires au plis de f<strong>le</strong>xion (vibices) évoquant avant tout une pathologie<br />

plaquettaire<br />

Purpura ecchymotique et pétéchial en rapport avec un purpura<br />

thrombopénique idiopathique<br />

o parfois papu<strong>le</strong>ux et orientant déjà vers une vascularite<br />

• la topographie cutanée :<br />

o parfois localisé notamment au visage, favorisé par des efforts de vomissements<br />

Purpura pétéchial localisé sous orbitaire après vomissements<br />

o <strong>le</strong> plus souvent disséminée, plutôt déclive<br />

• l’association à des atteintes muqueuses faci<strong>le</strong>ment visib<strong>le</strong>s :<br />

o au niveau de la bouche (face interne des joues, voi<strong>le</strong> du palais), avec parfois<br />

présence de bul<strong>le</strong>s hémorragiques (signe de gravité)<br />

o gingivorragies (spontanées ou au brossage des dents),<br />

o épistaxis,<br />

o hémorragie digestive, génita<strong>le</strong> ou hématurie, plus rarement<br />

• <strong>le</strong>s signes associés qui sont parfois au premier plan :<br />

o fièvre, orientant vers une infection sévère (septicémie, méningite) ou une insuffisance<br />

médullaire (aplasie, <strong>le</strong>ucémie)<br />

o syndrome méningé (méningite, hémorragie méningée)<br />

o syndrome tumoral (adénopathies, hépato-splénomégalie)<br />

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Le purpura est un symptôme grave<br />

• par lui-même car il peut être à l’origine de saignement plus importants extériorisés (épistaxis)<br />

ou non (hémorragie cérébro-méningée)<br />

• par l’indice de gravité qu’il donne à une affection (méningite)<br />

2 - Carrefour diagnostique<br />

La numération des plaquettes, demandée avec un hémogramme comp<strong>le</strong>t, est un examen simp<strong>le</strong>,<br />

rapide et essentiel car classant ce purpura comme thrombopénique (plaquettes < 50 000/mm3) ou<br />

non thrombopénique. El<strong>le</strong> est associée à une étude de l’hémostase en fonction du contexte.<br />

3 - Purpura thrombopénique<br />

Trois cas de figure se présentent principa<strong>le</strong>ment chez l’enfant<br />

1. Il existe d’autres anomalies de l’hémogramme.<br />

• une anémie régénérative (taux de réticulocytes é<strong>le</strong>vé) dont l’aspect des globu<strong>le</strong>s rouges sur<br />

<strong>le</strong> frottis permet de préciser l’origine de l’hémolyse :<br />

o présence de schizocytes accompagnant <strong>le</strong> syndrome hémolytique et urémique (microangiopathie<br />

thrombotique) dont <strong>le</strong> test de Coombs négatif apporte la confirmation de<br />

l’origine extracorpusculaire<br />

o présence de sphérocytes et test de Coombs positif : syndrome d’Evans<br />

(thrombopénie et anémie hémolytique immunes)<br />

o présence de drépanocytes à une drépanocytose, mais l’anémie hémolytique est au<br />

premier plan même lors d’une séquestration splénique<br />

• une anémie arégénérative, avec souvent <strong>le</strong>ucopénie (pancytopénie), pour laquel<strong>le</strong> une<br />

ponction de moel<strong>le</strong> est alors indispensab<strong>le</strong> pouvant révé<strong>le</strong>r<br />

o une moel<strong>le</strong> « riche », mais avec a-mégacaryocytose, et envahie par un syndrome<br />

lympho-prolifératif, en tout premier lieu chez l’enfant une <strong>le</strong>ucémie aiguë, mais aussi<br />

un lymphome hodgkinien ou non hodgkinien<br />

o une moel<strong>le</strong> pauvre d’une aplasie médullaire idiopathique ou parfois prémices d’un<br />

syndrome myéloprolifératif<br />

o beaucoup plus rarement une moel<strong>le</strong> dysplasique (carence vitaminique folates, B12)<br />

2. Il existe d’autres anomalies de l’hémostase : la thrombopénie est secondaire à une<br />

• « consommation » de facteurs de coagulation (fibrinogène, présence de D dimères,<br />

abaissement du facteur V et du taux de prothrombine) dans un tab<strong>le</strong>au de coagulation intravasculaire<br />

disséminé dont <strong>le</strong> purpura est rarement l’élément révélateur mais vient apporter sa<br />

gravité pronostique (sepsis grave, <strong>le</strong>ucémie aigue hyper<strong>le</strong>ucocytaire)<br />

• dans <strong>le</strong> cadre d’une hépatopathie avec hypertension porta<strong>le</strong> (splénomégalie)<br />

3. La thrombopénie est isolée<br />

• <strong>le</strong> purpura résume à lui seul <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au clinique, car il n’y a pas de fièvre, pas de<br />

viscéromégalie, pas d’adénopathie et il correspond <strong>le</strong> plus souvent chez l’enfant au purpura<br />

thombopénique idiopathique, avec une destruction périphérique exagérée des plaquettes<br />

dans un conflit immunologique acquis de type post infectieux (post viral, généra<strong>le</strong>ment<br />

rougeo<strong>le</strong>, rubéo<strong>le</strong>, CMV, hépatites, toxoplasmose, parvovirus) sans oublier en fonction du<br />

contexte <strong>le</strong> VIH dont <strong>le</strong> mécanisme d’action et <strong>le</strong> pronostic ne sont pas du même ordre.<br />

• L’origine périphérique ou centra<strong>le</strong> de la thrombopénie n’est pas possib<strong>le</strong> d’être affirmée de<br />

manière certaine cliniquement et <strong>le</strong> recours au myélogramme peut s’avérer nécessaire car<br />

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des pathologies acquises (<strong>le</strong>ucémie) ou constitutionnel<strong>le</strong>s peuvent se révé<strong>le</strong>r ainsi (aplasie<br />

congénita<strong>le</strong> de Fanconi)<br />

• Parfois, mais rarement chez l’enfant, une origine médicamenteuse peut être invoquée, mais<br />

compte tenu de la nature des médicaments <strong>le</strong> contexte est habituel<strong>le</strong>ment connu :<br />

o quinine (se méfier des boissons qui en contiennent), quinidine<br />

o héparine, indométhacine, aspirine<br />

o acide valproïque, carbamazépine<br />

o sulfamides<br />

o cimétidine<br />

Chez <strong>le</strong> fœtus ou <strong>le</strong> nouveau-né une thrombopénie peut être la conséquence<br />

• d’un conflit immunologique materno-fœtal (allo-immunisation) avec des anticorps maternels<br />

dirigés contre <strong>le</strong>s antigènes plaquettaires du fœtus, traversant la barrière placentaire dès la<br />

14ème semaine de gestation.<br />

o La thrombopénie peut apparaître dès la 20ème semaine de gestation<br />

o Le risque hémorragique est modéré chez <strong>le</strong> foetus mais important en cas<br />

d’accouchement par voie basse, ou de nécessité de manoeuvres obstétrica<strong>le</strong>s.<br />

o Le diagnostic repose sur un taux de plaquettes maternel normal, mais avec la<br />

présence d’anticorps sériques contre <strong>le</strong>s antigènes plaquettaires fœtaux et d’une<br />

thrombopénie fœta<strong>le</strong> (ponction de sang fœtal au cordon)<br />

o La prévention des risques hémorragiques à la naissance, fonction du contexte et du<br />

taux de plaquettes fœta<strong>le</strong>s, peut conduire à la proposition d’un accouchement par<br />

césarienne et l’administration au nouveau-né d’immunoglobulines<br />

• d’une thrombopénie maternel<strong>le</strong> auto-immune, dont <strong>le</strong> chiffre seul ne peut présumer du risque<br />

fœtal, ce qui conduira à une numération par ponction du sang fœtal au cordon, et la mise en<br />

place des mêmes mesures préventives ou thérapeutiques.<br />

4 - Purpuras non thrombopéniques<br />

L’aspect du purpura est souvent déjà un élément d’orientation dans la mesure où son aspect<br />

papu<strong>le</strong>ux, sa localisation au niveau des faces d’extension des articulations (zone de stress cutané) ou<br />

un aspect concentrique (en cocarde) sont en faveur d’une origine vasculaire. Cependant cela n’est<br />

pas absolu et il peut être uti<strong>le</strong> de s’aider de la réalisation d’un temps de saignement (Ivy) qui est<br />

allongé dans <strong>le</strong>s purpuras plaquettaires non thrombopéniques témoignant d’une thrombopathie alors<br />

qu’il reste normal dans <strong>le</strong>s purpuras vasculaires.<br />

Le purpura (vasculaire) s’inscrit alors dans <strong>le</strong> cadre d’une maladie fébri<strong>le</strong> et son origine peut être :<br />

• infectieuse, au cours<br />

o d’un sepsis grave (méningite, septicémies à pneumocoque, méningocoque : purpura<br />

fulminans streptocoque, staphylocoque, candida) et toujours indicateur de la sévérité<br />

du processus infectieux<br />

méningocoque<br />

Purpura infectieux extensif, au cours d’une méningite à<br />

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fulminans<br />

Nécroses cutanées et sous cutanées profondes d’un purpura<br />

o de certaines maladies éruptives (rougeo<strong>le</strong>) dont l’exanthème généra<strong>le</strong>ment<br />

érythémateux peut être purpurique, imposant la vérification de la normalité de la<br />

numération plaquettaire<br />

Exanthème purpurique de rougeo<strong>le</strong><br />

• immmuno-al<strong>le</strong>rgique comme au cours de l’œdème aigu hémorragique du nourrisson qui<br />

touche l’enfant entre 6 et 24 mois avec survenue<br />

o au décours d’un épisode infectieux viral (voies aériennes supérieures) d’une prise de<br />

médicament ou d’une vaccination<br />

o d’un purpura papu<strong>le</strong>ux d’extension centrifuge, parfois en cocarde, avec lésions<br />

pétéchia<strong>le</strong>s pouvant devenir nécrotiques<br />

o et d’œdèmes douloureux inflammatoires (dos des mains, pieds, oreil<strong>le</strong>s, visage)<br />

o dans un contexte fébri<strong>le</strong> mais avec un état général conservé<br />

o d’évolution simp<strong>le</strong> sur une dizaine de jours et sans séquel<strong>le</strong>s<br />

• inflammatoire<br />

o mais d’origine encore méconnue jusqu’à ce jour comme <strong>le</strong> syndrome de Kawasaki,<br />

chez <strong>le</strong> nourrisson de moins de deux ans où l’exanthème est plutôt érythémateux,<br />

morbilliforme et associé à des oedèmes des extrémités, des adénopathies, un<br />

énanthème caractéristique (stomatite, chéilite, hyperhémie conjonctiva<strong>le</strong>)<br />

o ou révélateur d’une maladie généra<strong>le</strong> tel<strong>le</strong> un lupus érythémateux aigu disséminé, à<br />

évoquer chez l’enfant plus grand, et notamment la fil<strong>le</strong> en période pubertaire<br />

Le purpura survient en l’absence de tout contexte infectieux :<br />

• dans un contexte clinique associant des dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s, parfois pseudo-chirurgica<strong>le</strong>s,<br />

des arthralgies avec souvent œdème périarticulaire et une possib<strong>le</strong> atteinte réna<strong>le</strong> : c’est <strong>le</strong><br />

purpura rhumatoïde qui, est faci<strong>le</strong>ment évoqué en l’absence habituel<strong>le</strong> de contexte<br />

infectieux ou fébri<strong>le</strong><br />

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Eruption caractéristique d’un purpura rhumatoïde<br />

• associé à une prise médicamenteuse (anti-inflammatoire non stéroïdiens)<br />

• isolé devant faire rechercher une anomalie congénita<strong>le</strong>, nécessitant des explorations<br />

spécialisées pour <strong>le</strong> diagnostic de ces thrombopathies génétiques, comme<br />

o <strong>le</strong> syndrome de Bernard Soulier<br />

o <strong>le</strong> pseudo von Wil<strong>le</strong>brand plaquettaire<br />

o la thrombasthénie de Glanzmann<br />

5 - Conduite à tenir devant un purpura thrombopénique aigu<br />

Le diagnostic nécessite l’exclusion des autres causes de thrombopénies (non idiopathiques), soit :<br />

• la normalité de l’examen clinique en dehors des manifestations hémorragiques :<br />

o absence de syndrome infectieux (fièvre, syndrome méningé, choc septique)<br />

o absence de syndrome tumoral (hépato-splénomégalie, adénopathie)<br />

o absence de syndrome malformatif<br />

• l’absence d’anamnèse :<br />

o familia<strong>le</strong> pouvant évoquer une origine constitutionnel<strong>le</strong><br />

o personnel<strong>le</strong> en recherchant<br />

la date du début des signes et <strong>le</strong>ur relation éventuel<strong>le</strong> avec<br />

une vaccination (vaccin vivant)<br />

une prise médicamenteuse (héparine, quinine (boissons à la quinine),<br />

quinidine, sulfamides)<br />

un facteur de risque de transmission d’une infection à VIH (transmission<br />

materno-fœta<strong>le</strong> avant tout),<br />

un traumatisme<br />

• la NFS qui confirme la thrombopénie (< 80 000 plaquettes/mm3 et souvent < 20 000) est en<br />

pratique <strong>le</strong> premier et <strong>le</strong> seul examen à demander<br />

La gravité du syndrome hémorragique guide la prise en charge thérapeutique sans ignorer <strong>le</strong>s limites<br />

que sont l’absence de corrélation entre <strong>le</strong> taux de plaquettes et <strong>le</strong> risque hémorragique, et d’un<br />

traitement spécifique.<br />

L’appréciation du risque se fait sur :<br />

• la clinique et la présence de signes d’hémorragie viscéra<strong>le</strong>, extériorisés ou non, ou<br />

d’hémorragies au fond d’œil, impose un traitement quel que soit <strong>le</strong> chiffre de plaquettes<br />

• <strong>le</strong> risque d’hémorragie intracrânienne n’est réel que pour un chiffre de plaquettes<br />

30.000 < 30.000 Quel que soit <strong>le</strong> chiffre<br />

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Signes hémorragiques sévères<br />

• purpura extensif<br />

• plus de deux bul<strong>le</strong>s hémorragiques intrabucca<strong>le</strong>s (ou bul<strong>le</strong>s extensives)<br />

• epistaxis avec déglobulisation<br />

• hématurie macroscopique<br />

• hémorragies au fond d’œil<br />

• hémorragie digestive ou génita<strong>le</strong><br />

Le pronostic habituel du PTI est bon puisque la guérison survient spontanément dans 60% des cas 1<br />

mois après <strong>le</strong> diagnostic et entre 80 et 90% dans <strong>le</strong>s 6 mois.<br />

Le traitement du PTI peut comporter plusieurs modalités :<br />

• la transfusion plaquettaire, mais ces plaquettes vont être détruites comme cel<strong>le</strong>s du receveur,<br />

• la perfusion intraveineuse à forte dose (0,8 à 1 g/kg/ j x 2 jours) d’immunoglobulines<br />

humaines, dont <strong>le</strong> but est de « <strong>le</strong>urrer » <strong>le</strong> système réticulo-endothélial en limitant la<br />

reconnaissance, et la destruction, des plaquettes marquées par <strong>le</strong>s propres immunoglobulines<br />

du sujet,<br />

• la corticothérapie dont la posologie recommandée n’est pas uniforme (de l’ordre de 2 mg/kg/j<br />

pendant une dizaine de jours avant décroissance)<br />

• l’administration d’immunoglobulines anti D (25 mg/kg/j x 2 jours) qui provoquant une hémolyse<br />

minime (chez <strong>le</strong>s sujets Rh +) sature <strong>le</strong> système réticulo-endothélial au bénéfice des<br />

plaquettes circulantes.<br />

Les indications thérapeutiques dépendent des groupes à risques :<br />

• Groupe A : simp<strong>le</strong> surveillance clinique et biologique<br />

• Groupe B : immunoglobulines IV ou corticothérapie<br />

• Groupe C : transfusion de plaquettes et corticothérapie et immunoglobulines IV<br />

6 - Purpura rhumatoide<br />

Le purpura rhumatoïde est la plus fréquente des vascularites de l’enfant touchant préférentiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong><br />

garçon entre 2 et 8 ans.<br />

Le purpura, souvent papu<strong>le</strong>ux (en relief) siège dans <strong>le</strong>s zones déclives, (fesses, membres inférieurs)<br />

et <strong>le</strong>s faces d’extension des articulations. Il peut s’y associer :<br />

• des oedèmes (mains, pieds, visage, articulations)<br />

• mais surtout des arthralgies correspondant parfois à de véritab<strong>le</strong>s arthrites inflammatoires<br />

touchant <strong>le</strong>s grosses articulations (genoux, coudes, chevil<strong>le</strong>s, poignets)<br />

• des dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s souvent très intenses avec un retentissement sur l’alimentation de<br />

l’enfant avec possibilité<br />

o d’invagination intestina<strong>le</strong> aiguë (plus souvent iléo-iléa<strong>le</strong>s qu’iléocoliques et diffici<strong>le</strong>s à<br />

diagnostiquer en échographie<br />

o d’hémorragie digestives fréquentes, souvent occultes, en rapport avec un œdème<br />

hémorragique des muqueuses, plus rarement un hématome pariétal ou une<br />

perforation digestive<br />

• une atteinte testiculaire (orchite)<br />

• une possib<strong>le</strong> atteinte réna<strong>le</strong><br />

o se résumant <strong>le</strong> plus souvent à une protéinurie-hématurie (dépistage systématique par<br />

bande<strong>le</strong>ttes urinaires)<br />

o plus rarement une néphropathie glomérulaire aiguë (hématurie macroscopique,<br />

Hypertension artériel<strong>le</strong>, syndrome néphrotique, insuffisance réna<strong>le</strong>) qui peut conduire<br />

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à la pratique d’une ponction biopsique réna<strong>le</strong> afin d’en juger de la sévérité<br />

pronostique et d’en discuter <strong>le</strong>s modalités thérapeutiques (bolus de corticoïdes,<br />

traitement immunosuppresseur, plasmaphérèse).<br />

En dehors de l’atteinte réna<strong>le</strong> <strong>le</strong> traitement est symptomatique<br />

• repos et antalgiques, parfois majeurs et en administration continue<br />

• nutrition entéra<strong>le</strong> continue<br />

• traitement antiulcéreux<br />

• corticothérapie à visée antalgique en cas d’atteinte testiculaire ou digestive sévère.<br />

La possibilité d’une atteinte réna<strong>le</strong> retardée, dissociée du purpura impose <strong>le</strong> maintien d’une<br />

surveillance par bande<strong>le</strong>ttes urinaires dans l’année qui suit.<br />

7 - Syndrome hémolytique et urémique<br />

Le purpura survient à la suite d’une phase prodromique d’allure infectieuse, et notamment digestive à<br />

type de gastro-entérite aiguë dont la gravité n’est pas toujours marquée, et qui a pu être initia<strong>le</strong>ment<br />

stabilisée par un traitement symptomatique.<br />

C’est souvent de manière concomitante que surviennent<br />

• une anémie hémolytique aiguë avec présence de schizocytes (test de Coombs négatif)<br />

• une thrombopénie se révélant par un purpura parfois hémorragique (diarrhée sanglante,<br />

hématurie)<br />

• une insuffisance réna<strong>le</strong> aiguë avec oligo-anurie et hypertension artériel<strong>le</strong> souvent sévère<br />

pouvant être révélatrice par sa mauvaise tolérance neurologique (convulsions, troub<strong>le</strong>s de la<br />

conscience)<br />

La gravité de la situation métabolique justifie une prise en charge en milieu spécialisé pour pallier à<br />

l’insuffisance réna<strong>le</strong> (dialyse péritonéa<strong>le</strong>), corriger <strong>le</strong>s perturbations métaboliques induites<br />

(hyperkaliémie, acidose) et l’anémie provoquée par une coagulation intra-vasculaire localisée au rein.<br />

C’est un processus de coagulation intravasculaire localisé (micro-angiopathie thrombotique) qui est à<br />

l’origine de ce syndrome dont la thrombopénie se corrigera avec sa guérison (risque d’insuffisance<br />

réna<strong>le</strong> chronique).<br />

Principa<strong>le</strong>s étiologies des purpuras de l’enfant :<br />

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Auteur : Marc Bellaiche (Hôpital Robert Debré, Paris) MAJ : 06/01/2006<br />

Objectifs :<br />

Objectifs de l'ECN<br />

Reflux Gastro-Oesophagien (RGO) chez <strong>le</strong> nourrisson et chez l'enfant<br />

(adulte non traité). Hernie hiata<strong>le</strong><br />

Item 280<br />

¤ Diagnostiquer un reflux gastro-oesophagien et une hernie hiata<strong>le</strong> aux différents âges.<br />

¤ Argumenter l’attitude thérapeutique (P) et planifier <strong>le</strong> suivi du patient.<br />

Objectifs du collège des professeurs de pédiatrie<br />

¤ Définir <strong>le</strong> RGO et citer <strong>le</strong>s mécanismes physiopathologiques mis en jeu dans l’enfance.<br />

¤ Enumérer <strong>le</strong>s signes qui doivent conduire à évoquer un RGO chez <strong>le</strong> nourrisson et l’enfant.<br />

¤ Citer <strong>le</strong>s complications du RGO (distinguer un RGO simp<strong>le</strong> d’un RGO compliqué).<br />

¤ Argumenter l’intérêt et <strong>le</strong>s indications des investigations paracliniques selon l’âge et la situation<br />

clinique.<br />

¤ Enumérer <strong>le</strong>s possibilités thérapeutiques et argumenter <strong>le</strong>urs indications selon l’âge et la situation<br />

clinique.<br />

¤ Citer <strong>le</strong>s situations nécessitant <strong>le</strong> recours à un avis spécialisé.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

1- Physiopathologiee<br />

2- Clinique<br />

3- Examens paracliniques<br />

4- Traitement<br />

5- Pronostic<br />

Références médica<strong>le</strong>s opposab<strong>le</strong>s (RMO)<br />

10 commandements<br />

Introduction<br />

En un clin d’œil …<br />

Le RGO représente la première cause de vomissements chez <strong>le</strong> nourrisson. Toutefois c’est un<br />

diagnostic d’élimination, et il est indispensab<strong>le</strong> de s’assurer qu’il n’existe pas d’autres étiologies<br />

(chirurgica<strong>le</strong>s ou médica<strong>le</strong>s) aux vomissements. Il convient ensuite de distinguer un RGO simp<strong>le</strong> d’un<br />

RGO compliqué. Le RGO simp<strong>le</strong> ne requière pas d’exploration et justifie une prise en charge hygiènodiététique.<br />

Le RGO compliqué nécessite souvent des explorations complémentaires et impose un<br />

traitement médicamenteux. L’évolution du RGO est favorab<strong>le</strong> dans la majorité des cas, en dehors d’un<br />

terrain débilité.<br />

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1- Physiopathologie<br />

Le RGO est d’origine multifactoriel<strong>le</strong> :<br />

- Fonctionnel<strong>le</strong><br />

• Inadéquation entre <strong>le</strong> volume oesogastrique et la quantité de lait ingérée<br />

o La contenance de la « poche » oesogastrique est faib<strong>le</strong>. Le volume oesophagien est<br />

de 4 à 6 ml chez <strong>le</strong> nourrisson (180 ml chez l’adulte). Or, la quantité ingérée par jour<br />

chez <strong>le</strong> nourrisson est de 120 ml/kg/j environ, soit l’équiva<strong>le</strong>nt de 8,4 kg/j pour un<br />

adulte de 70 kg ! Cette disproportion entre <strong>le</strong> réservoir et <strong>le</strong>s aliments ingérés est une<br />

des principa<strong>le</strong>s causes de reflux rétrograde de l’estomac rempli vers l’œsophage puis<br />

la bouche<br />

• Défaut de vidange gastrique<br />

o Un retard à l’évacuation des aliments de l’estomac vers <strong>le</strong> duodénum est source de<br />

RGO<br />

• Modification du sphincter inférieur de l'oesophage (SIO)<br />

o Dans un tiers des cas, il existe des relaxations inappropriées du SIO. La contraction<br />

oesophagienne n’étant pas synchrone de la déglutition, <strong>le</strong> SIO se ferme et s’ouvre au<br />

mauvais moment. Au fil du temps ces troub<strong>le</strong>s moteurs signes d’une immaturité du<br />

SIO vont s’amender<br />

o Parfois <strong>le</strong> SIO est hypotonique et/ou de courte longueur et/ou mal positionné. Le<br />

liquide remonte alors dans l’œsophage sans difficulté.<br />

• Inversion du gradient de pression thoraco-abdomina<strong>le</strong><br />

o En cas de pathologie pulmonaire avec distension thoracique, la pression externe<br />

exercée sur <strong>le</strong> SIO s’estompe, ce qui va favoriser <strong>le</strong>s reflux<br />

- Anatomique<br />

• Les anomalies anatomiques du tractus digestif supérieur jouent un rô<strong>le</strong> mineur dans la<br />

physiopathologie du RGO en terme de fréquence. Toutefois quand ils sont présents, <strong>le</strong>ur<br />

influence néfaste est incontestab<strong>le</strong>. Il faut craindre une évolution moins spontanément<br />

favorab<strong>le</strong>. Ce sont essentiel<strong>le</strong>ment<br />

o L’ouverture de l'ang<strong>le</strong> de His<br />

o Les ligaments cardio phréniques lâches<br />

o L’existence d’une hernie hiata<strong>le</strong> : el<strong>le</strong> est retrouvée dans moins de 10% des RGO<br />

2- Clinique<br />

a) Formes digestives<br />

- Rejets ou vomissements<br />

• Le RGO n’est jamais responsab<strong>le</strong> de rejets ou de vomissements bilieux. Tout vomissement<br />

bilieux signe une occlusion en aval de l’ampou<strong>le</strong> de Vater jusqu’à preuve du contraire.<br />

• Dans <strong>le</strong> RGO, <strong>le</strong>s rejets ou vomissements ont des caractéristiques évocatrices du diagnostic,<br />

mais cel<strong>le</strong>s ci ne sont pas constantes :<br />

o Post-prandiaux volontiers tardifs<br />

o Déc<strong>le</strong>nchés souvent par <strong>le</strong>s changements de position<br />

o Favorisés par l'alimentation liquide<br />

o Survenant surtout chez <strong>le</strong> jeune nourrisson qui ne tient pas assis<br />

- Formes digestives compliquées :<br />

Symptomatologie d'œsophagite (30% des cas)<br />

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• Chez <strong>le</strong> nourrisson<br />

o Vomissements douloureux, parfois sanglants<br />

o P<strong>le</strong>urs, tortil<strong>le</strong>ments per prandiaux avec difficulté de finir <strong>le</strong> biberon.<br />

Attention des p<strong>le</strong>urs et tortil<strong>le</strong>ments accompagnés d'érythrose facia<strong>le</strong> chez un<br />

nourrisson vorace, eutrophe, sujet aux gaz et ballonnements abdominaux évoquent<br />

avant tout <strong>le</strong> diagnostic de coliques du nourrisson et non d'oesophagite<br />

• Chez <strong>le</strong> grand enfant :<br />

o Brûlures rétro-sterna<strong>le</strong>s, pyrosis, dysphagie<br />

hémorragie digestive<br />

• Œsophagite = 1ère cause d'hémorragie digestive chez <strong>le</strong> nourrisson<br />

• Saignement occulte, révélé par une anémie hypochrome<br />

Sténose peptique : exceptionnel<strong>le</strong><br />

Retard staturo-spondéral<br />

En général croissance norma<strong>le</strong><br />

Impose la recherche d'une malabsorption associée (forme émétisante de maladie cœliaque en<br />

particulier).<br />

b) Formes extra digestives<br />

- Manifestations pulmonaires<br />

• Toux à prédominance nocturne<br />

• Bronchites ou pneumopathies à répétition sur <strong>le</strong> même territoire (en particulier du lobe<br />

moyen), sans prédominance saisonnière<br />

• Asthme (RGO : cause et/ou conséquence ?)<br />

- Manifestations O.R.L.<br />

• Laryngites à répétition avec érythème de la margel<strong>le</strong> postérieure, très évocatrices de RGO<br />

• Sinusites, otites, rhinopharyngites : lien d'imputabilité discuté<br />

- Malaises du nourrisson<br />

• Perte de contact, pâ<strong>le</strong>ur, cyanose, hypotonie, apnée, bradycardie<br />

• Un malaise impose une enquête étiologique systématique (cf item malaise)<br />

c) Formes pronostiques<br />

RGO simp<strong>le</strong><br />

RGO compliqué<br />

Tous <strong>le</strong>s critères suivants<br />

Un ou plusieurs critères<br />

Rejets non sanglants Oesophagite<br />

Rejets non bilieux Malaise<br />

Croissance norma<strong>le</strong> Retard staturo-pondéral<br />

Orexie conservée Manifestation O.R.L. et/ou pulmonaire<br />

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3- Examens paracliniques<br />

a) Examens biologiques<br />

• Ils ne sont jamais indiqués dans <strong>le</strong> RGO.<br />

• Ils sont parfois prescrits dans <strong>le</strong> cadre d’un diagnostic différentiel avec une sténose du pylore<br />

(ionogramme sanguin) ou dans l’hypothèse d'un saignement occulte (NFS)<br />

b) Explorations fonctionnel<strong>le</strong>s digestives<br />

• La pH-métrie<br />

o C’est l’examen de référence du RGO. Sa sensibilité, spécificité et reproductibilité sont<br />

bonnes. Pour être interprétab<strong>le</strong>, l’enregistrement doit durer au moins 18 heures, au<br />

mieux 24 heures<br />

o El<strong>le</strong> n'a aucune indication en cas de vomissements extériorisés (cf RMO)<br />

o La pH-métrie est l’examen de choix pour <strong>le</strong> diagnostic des formes extra digestives<br />

• La fibroscopie œsogastrique<br />

o Indiquée en cas de suspicion d'oesophagite ou d'hématémèse<br />

o L'œsophagite signe la présence d'un RGO<br />

o L'absence d'œsophagite ne permet pas de conclure<br />

• Le transit œso-gastro-duodénal (TOGD)<br />

o Sensibilité et spécificité insuffisantes pour <strong>le</strong> diagnostic de RGO<br />

o Meil<strong>le</strong>ur examen pour visualiser une anomalie morphologique du tractus digestif<br />

supérieur, imposant parfois une prise en charge particulière<br />

Position anorma<strong>le</strong> de l'ang<strong>le</strong> de Treitz (malrotation intestina<strong>le</strong>)<br />

Hernie hiata<strong>le</strong> par glissement.<br />

Présence d’arcs vasculaires anormaux<br />

• La manométrie œsophagienne<br />

o Etudie <strong>le</strong>s pressions du sphincter inférieur et supérieur de l'œsophage, la motricité du<br />

corps œsophagien et <strong>le</strong>s relaxations inappropriées<br />

o Indiquée dans <strong>le</strong>s recherche d'achalasie (mégaoesophage idiopathique), de<br />

sclérodermie (exceptionnel<strong>le</strong>) ou pour un bilan pré-opératoire<br />

• La scintigraphie œsophagienne, l’impédancemétrie oesophagienne et l'échographie<br />

œsophagienne n'ont pas d'indication en pratique.<br />

4- Traitement<br />

Le reflux gastro-œsophagien s'amende spontanément dans 80 % des cas au cours de la première<br />

année de vie. Le traitement permet d'éviter <strong>le</strong>s complications et, soulage <strong>le</strong>s « mamans » de<br />

vomissements itératifs invalidants au quotidien.<br />

a) Prise en charge psychologique : rassurer <strong>le</strong>s parents<br />

• Diminuer l'angoisse parenta<strong>le</strong> en modérant la surestimation du phénomène par l'entourage<br />

b) Traitement hygiéno- diététique<br />

• Vérifier la bonne reconstitution des biberons<br />

• Epaississement de l'alimentation<br />

• Lutte contre <strong>le</strong> tabagisme passif<br />

• Mise en proclive si échec des mesures précédentes et du traitement médicamenteux<br />

o avec une bonne contention<br />

o dorsal à 30°<br />

o ventral à 30° en cas de syndrome de Pierre Robin ou de fente labio-palatine<br />

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c) Traitements médicamenteux<br />

• Anti-acides (pansements œsophagiens) après <strong>le</strong>s repas : mesure adjuvante<br />

o Polysilane gel® : 1 noisette après <strong>le</strong>s repas<br />

• Prokinétiques avant <strong>le</strong>s repas : peu ou pas efficaces<br />

o Métoclopramide (Motilium®) 1 ml/kg/j (1 dose kg x 3 / jour)<br />

• En cas d'oesophagite grade II : inhibiteurs de la pompe à proton<br />

o Oméprazo<strong>le</strong> (Mopral®) 1 mg/kg/j (gélu<strong>le</strong>s à 10 mg) en 1 à 2 prises<br />

d) Traitement chirurgical<br />

• Technique : Fundoplicature de Nissen<br />

• Indications exceptionnel<strong>le</strong>s<br />

o Complications du RGO invalidantes et rebel<strong>le</strong>s au traitement médical<br />

o RGO non contrôlé sur un terrain débilité: encéphalopathies, atrésie de l'oesophage,<br />

bronchopathies chroniques<br />

5- Pronostic<br />

L’évolution est en général spontanément favorab<strong>le</strong> lors de la diversification alimentaire, et au-delà lors<br />

de l’acquisition de la marche.<br />

Le RGO persiste toutefois dans 10 à 30 % des cas.<br />

Diagnostics differentiels<br />

RGO simp<strong>le</strong> Sténose du pylore Al<strong>le</strong>rgie au lait de vache<br />

Physiopathologie Troub<strong>le</strong> fonctionnel Obstac<strong>le</strong><br />

anatomique<br />

Pathologie immunologique<br />

Terrain Aucun Garçons,<br />

prématurés<br />

Atopique<br />

Date d'apparition 1er jours ou différés Interval<strong>le</strong>s libres de Lors du sevrage<br />

dans <strong>le</strong>s 3 mois 3 à 6 semaines<br />

Type Post prandiaux, Post prandiaux, Après ingestion lactée parfois<br />

favorisés par <strong>le</strong>s abondants, en jet, contemporain de diarrhées<br />

changements de<br />

position<br />

jamais bilieux<br />

Troub<strong>le</strong> du transit Aucun Constipé Souvent diarrhée<br />

Examen abdominal Normal Olive pylorique Normal<br />

Cassure pondéra<strong>le</strong> Non Oui Souvent<br />

Signes associés Vomissements Voracité<br />

Eczéma rectorragies<br />

fréquents<br />

isolés<br />

+/-Ictère prolongé Rash cutané<br />

Diagnostic Clinique : Echographie : Clinique : Exclusion –réintroduction<br />

Diagnostic Hypertrophie du des PLV<br />

d'élimination musc<strong>le</strong><br />

pylorique > 4 mm<br />

Explorations Aucune Echographie,<br />

ionogramme<br />

Peu uti<strong>le</strong><br />

Evolution Guérison dans 80 Déshydratation si Guérison vers 15 mois (al<strong>le</strong>rgies<br />

% des cas à 15<br />

mois<br />

retard au traitement associées fréquentes)<br />

Traitement Médical Chirurgical Diététique<br />

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Références médica<strong>le</strong>s opposab<strong>le</strong>s (RMO) concernant <strong>le</strong> RGO<br />

Indications des explorations dans <strong>le</strong> diagnostic et <strong>le</strong> suivi du reflux gastro-œsophagien<br />

(R.G.O.) du nourrisson et de l’enfant.<br />

Ces références s’appliquent aux R.G.O. primaires (*).<br />

1. Il n’y a pas lieu de pratiquer d’investigation préalab<strong>le</strong>ment à la mise en route du traitement en<br />

cas de R.G.O. non compliqué (histoire typique, développement staturo-pondéral normal).<br />

2. Il n’y a pas lieu de pratiquer – en dehors de l’exploration du malaise du nourrisson –<br />

d’enregistrement du pH œsophagien en cas de R.G.O. cliniquement évident, même<br />

compliqué, lorsque <strong>le</strong>s complications peuvent lui être attribuées.<br />

3. Il n’y a pas lieu de contrô<strong>le</strong>r par une pH métrie œsophagienne un R.G.O. qui répond au<br />

traitement médical ou qui a guéri spontanément après l’âge de la marche.<br />

commentaires :<br />

Le reflux gastro-œsophagien non compliqué de l’enfant se manifeste par des régurgitations et des<br />

vomissements qui débutent avant 3 mois. Ces troub<strong>le</strong>s surviennent sans effort et peuvent se répéter<br />

plusieurs fois par jour. L’enfant a un développement staturo-pondéral normal et ne présente aucun<br />

autre symptôme. L’évolution est spontanément favorab<strong>le</strong> après 3 mois et ne nécessite aucune<br />

exploration.<br />

Une fibroscopie est par contre justifiée lorsqu’on suspecte une œsophagite associée. (Hématémèse,<br />

p<strong>le</strong>urs persistants au cours des biberons, cassure de la courbe staturo-pondéra<strong>le</strong>.)<br />

Des symptômes extra-digestifs peuvent faire évoquer un R.G.O. même en l’absence de<br />

régurgitations : apnée ou malaise grave, laryngites, pneumopathies à répétition…<br />

La pH métrie trouve alors une indication de choix.<br />

(*) A l’exclusion des R.G.O. secondaires, se manifestant par des vomissements récurrents au cours<br />

d’affections très diverses (infections chroniques, insuffisances cardiaques, maladies métaboliques et<br />

neuro-musculaires, al<strong>le</strong>rgies alimentaires, erreurs diététiques, affections chirurgica<strong>le</strong>s tel<strong>le</strong> que la<br />

sténose du pylore…)<br />

10 commandements<br />

1. Il n’y a pas lieu de pratiquer d’investigation préalab<strong>le</strong>ment à la mise en route du traitement, en<br />

cas de RGO non compliqué (histoire typique, développement staturo-pondéral normal).<br />

2. La pH-métrie n’a d’intérêt que dans une symptomatologie extra digestive<br />

3. Il n’y a pas lieu de contrô<strong>le</strong>r par une pH-métrie œsophagienne un RGO qui répond au<br />

traitement médical ou qui a guéri spontanément après l’âge de la marche.<br />

4. Le seul intérêt du TOGD est de visualiser <strong>le</strong>s anomalies morphologiques du tractus digestif<br />

supérieur (en particulier, arcs vasculaires anormaux, malposition de l’ang<strong>le</strong> de Treitz, hernie<br />

hiata<strong>le</strong>)<br />

5. Devant un RGO avec une mauvaise croissance, endoscopie avec biopsie tu prescriras<br />

6. LeRGO est un diagnostic d’exclusion, une fois éliminées toutes <strong>le</strong>s causes de vomissements<br />

7. Le RGO non compliqué est traité par des mesures hygièno-diététiques après avoir rassuré <strong>le</strong>s<br />

parents<br />

8. Des prokinétiques tu n’attendras aucune efficacité !<br />

9. Le RGO compliqué est <strong>le</strong> plus souvent traité par antisecrétoires (Inhibiteurs pompe à protons)<br />

10. Aux situations exceptionnel<strong>le</strong>s sur un terrain souvent à risque, tu réserveras <strong>le</strong> traitement<br />

chirurgical<br />

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Objectifs :<br />

Objectifs terminaux de l’ECN :<br />

Orientation diagnostique devant un :<br />

Souff<strong>le</strong> cardiaque chez l’enfant<br />

Item 331<br />

Devant un souff<strong>le</strong> cardiaque chez l’enfant, argumenter <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s hypothèses<br />

diagnostiques et justifier <strong>le</strong>s examens complémentaires pertinents<br />

Objectifs du Collège National des Professeurs de Pédiatrie :<br />

Terminaux :<br />

• Reconnaître <strong>le</strong> caractère pathologique d’un souff<strong>le</strong> cardiaque chez l’enfant<br />

• Apprécier l’opportunité d’investigations complémentaires<br />

• Indiquer <strong>le</strong>s indications d’un avis spécialisé<br />

Intermédiaires :<br />

• Décrire <strong>le</strong>s caractéristiques d’un souff<strong>le</strong> anorganique et d’un souff<strong>le</strong> organique<br />

• Connaître <strong>le</strong>s terrains de survenue des cardiopathies congénita<strong>le</strong>s<br />

• Reconnaître <strong>le</strong>s tab<strong>le</strong>aux cliniques de décompensation cardiaque (insuffisance cardiaque,<br />

cyanose).<br />

• Identifier <strong>le</strong>s indications d’un avis spécialisé<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

1- Rô<strong>le</strong> de l’âge de l’enfant<br />

2- Rô<strong>le</strong> du contexte clinique et familial<br />

3- Rô<strong>le</strong> de l’existence de signes d’insuffisance cardiaque et/ou d’une cyanose<br />

4- Rô<strong>le</strong> des données de l’examen cardiaque<br />

5- Souff<strong>le</strong>s organiques <strong>le</strong>s plus fréquemment perçus et Cardiopathies congénita<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus<br />

fréquentes chez l’enfant<br />

6- Souff<strong>le</strong>s anorganiques<br />

Introduction<br />

Situation fréquente, nécessitant constamment une évaluation spécialisée, dont <strong>le</strong> degré d’urgence est<br />

fonction de l’âge et du contexte de survenue.<br />

Les performances de l’échocardiographie pédiatrique permettent une évaluation fiab<strong>le</strong> et non invasive.<br />

Le caractère organique du souff<strong>le</strong> est d’autant plus probab<strong>le</strong> que sa constatation est plus précoce,<br />

puisque la presque totalité des malformations cardiaques causa<strong>le</strong>s sont diagnostiquées avant l’äge de<br />

3 mois.<br />

L’orientation diagnostique est influencée par :<br />

1. l’âge de l’enfant lors de la découverte du souff<strong>le</strong>,<br />

2. <strong>le</strong> contexte clinique et familial,<br />

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3. l’existence de signes d’insuffisance cardiaque et/ou d’une cyanose,<br />

4. <strong>le</strong>s données de l’examen cardiaque<br />

1- L’âge de survenue<br />

• la période néo-nata<strong>le</strong><br />

Pendant cette période, tout symptôme ou signe cardio-vasculaire (dont <strong>le</strong> souff<strong>le</strong>) doit faire<br />

réaliser en urgence une évaluation cardiaque.<br />

Cependant :<br />

-une cardiopathie même sévère peut ne pas être soufflante (exemp<strong>le</strong> : transposition des gros<br />

vaisseaux) ;<br />

-une cardiopathie peut ne souff<strong>le</strong>r que de façon différée : ainsi la communication inter-ventriculaire<br />

(CIV), la plus fréquente des cardiopathies congénita<strong>le</strong>s, ne souff<strong>le</strong> qu’après quelques jours, lorsque<br />

<strong>le</strong>s pressions dans <strong>le</strong>s cavités droites ont baissé (baisse des résistances pulmonaires) ;<br />

-<strong>le</strong> passage de la circulation fœta<strong>le</strong> à la circulation post-nata<strong>le</strong> (circulation transitionnel<strong>le</strong>) peut<br />

s’accompagner d’une sémiologie auscultatoire (canal artériel persistant quelques heures, insuffisance<br />

tricuspide).<br />

• au delà de la période néo-nata<strong>le</strong><br />

L’environnement médical des premières semaines de vie rend très rare <strong>le</strong> diagnostic initial d’une<br />

cardiopathie congénita<strong>le</strong> sévère au delà de 3 mois de vie.<br />

Trois situations :<br />

1- souff<strong>le</strong> cardiaque sous-tendu par une cardiopathie :<br />

. l’intensité du souff<strong>le</strong> n’est pas <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t de la gravité de la cardiopathie : <strong>le</strong>s souff<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus<br />

intenses ne correspondent pas obligatoirement à des cardiopathies sévères ; ainsi, une CIV petite<br />

s’exprime par un souff<strong>le</strong> plus intense qu’un large défect ;<br />

. certaines cardiopathies sont peu ou pas soufflantes, et <strong>le</strong>ur diagnostic peut être tardif, chez <strong>le</strong><br />

grand enfant, voir chez l’adulte (communication inter-auriculaire, coarctation de l’aorte).<br />

2- souff<strong>le</strong> cardiaque liée à une pathologie valvulaire acquise : rhumatisme articulaire aigu,<br />

endocardite bactérienne ; <strong>le</strong> contexte clinique est évocateur ;<br />

3- souff<strong>le</strong> cardiaque sans anoma<strong>le</strong> sous-jacente : souff<strong>le</strong> anorganique.<br />

Le diagnostic de souff<strong>le</strong> anorganique est un diagnostic d’élimination<br />

2- Le contexte clinique personnel et familial<br />

Il est important dans la démarche diagnostic d’un souff<strong>le</strong>.<br />

2.1- Une cardiopathie peut être familia<strong>le</strong><br />

- c’est rarement <strong>le</strong> cas hors contexte syndromique ;<br />

l’incidence de malformation cardiaque dans la population généra<strong>le</strong> est de 0,8%. Le risque de<br />

récurrence dans la fratrie ou dans la descendance de porteurs de cardiopathie isolée est d’environ<br />

2%.<br />

L’interrogatoire des parents doit donc rechercher d’autres cas de cardiopathies dans la famil<strong>le</strong>.<br />

- la cardiopathie peut être un élément d’un syndrome malformatif familial ; exemp<strong>le</strong>s :<br />

• Micro-délétion 22q11 : pathologie fréquente, à transmission autosomique dominante,<br />

associant :<br />

o une dysmorphie facia<strong>le</strong> : racine du nez large, dépression des régions malaires…<br />

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o une insuffisance vélaire avec voix nasonnée,<br />

o diverses anomalies neuro-sensoriel<strong>le</strong>s (retard mental), endocriniennes<br />

(hypoparathyroïdie), immunologiques (déficit T-lymphocytaire).<br />

o la cardiopathie est soit une CIV, soit une malformation plus sévère (atrésie<br />

pulmonaire avec CIV).<br />

• Syndrome de Noonan : transmission autosomique dominante, phénotype Turnérien à<br />

caryotype normal, survenant chez <strong>le</strong> garçon et la fil<strong>le</strong>. La cardiopathie est habituel<strong>le</strong>ment une<br />

sténose pulmonaire.<br />

• Syndrome de Marfan, avec possibilité d’anévrysme de l’aorte ascendante et prolapsus mitral<br />

dès l’âge pédiatrique.<br />

2.2- Une cardiopathie peut être génétique, sans transmission familia<strong>le</strong> ; exemp<strong>le</strong>s :<br />

• Trisomie 21 : la cardiopathie est présente dans un cas sur deux, et c’est <strong>le</strong> plus souvent un<br />

canal atrio-ventriculaire.<br />

• Syndrome de Turner XO : la cardiopathie est habituel<strong>le</strong>ment une coarctation aortique.<br />

2.3- Une cardiopathie peut être d’origine environnementa<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s tératogènes <strong>le</strong>s plus courants<br />

étant :<br />

• l’alcool : la cardiopathie n’est qu’un des éléments d’une embryo-foetopathie très sévère, avec<br />

dysmorphie et retard mental ;<br />

• <strong>le</strong> diabète sucré maternel, augmentant l‘incidence de cardiopathies congénita<strong>le</strong>s ; de plus, en<br />

cas de diabète maternel mal équilibré, possibilité de myocardiopathie hypertrophique néonata<strong>le</strong><br />

;<br />

• <strong>le</strong> lupus maternel peut entraîner un bloc-auriculo-ventriculaire congénital ;<br />

• <strong>le</strong>s médicaments : anticonvulsivants ;<br />

• <strong>le</strong>s radiations ionisantes ;<br />

• <strong>le</strong>s agents infectieux : la rubéo<strong>le</strong>.<br />

L’aspect du patient peut orienter d’emblée vers un diagnostic de syndrome.<br />

L’interrogatoire maternel :<br />

- analyse <strong>le</strong>s conditions de naissance<br />

- recherche une pathologie de la mère: diabète, lupus, infection pendant la grossesse<br />

- recherche des antécédents familiaux<br />

cardiopathie dans un cadre syndromique = consultation de génétique<br />

3- Recherche de signes associés de décompensation cardiaque<br />

Les 2 modalités de décompensation d’une cardiopathie sont l’insuffisance cardiaque et la cyanose, <strong>le</strong>s<br />

deux étant parfois associés.<br />

3.1- l’insuffisance cardiaque<br />

3.1.1- Signes d’appel :<br />

-difficultés d’alimentation: <strong>le</strong>nteur et dyspnée à la prise des biberons, vomissements;<br />

-infléchissement de la courbe de croissance, prédominant sur <strong>le</strong> poids.<br />

3.1.2- Signes d’amont :<br />

-hépatomégalie ± splénomégalie;<br />

-turgescence jugulaire persistant en position assise;<br />

-oedèmes exceptionnels chez <strong>le</strong> nourrisson.<br />

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3.1.3- Signes respiratoires :<br />

-polypnée,<br />

-auscultation: ronchus, sibillants;<br />

-infections bronchiques à répétition.<br />

3.1.4- Signes d’aval :<br />

-pouls périphériques et tension artériel<strong>le</strong>: <strong>le</strong>ur analyse est fondamenta<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> diagnostic étiologique:<br />

.absence de pouls fémoraux ou asymétrie entre pouls radiaux et fémoraux;<br />

.asymétrie tensionnel<strong>le</strong> entre membres supérieurs et inférieurs;<br />

.hyperpulsatilité globa<strong>le</strong>.<br />

-hypersudation;<br />

-cyanose périphérique discrète, en l’absence de cardiopathie cyanogène.<br />

3.1.5- Examen physique du coeur: l’élément constant est la tachycardie ; <strong>le</strong> galop est fréquent.<br />

3.2- la cyanose<br />

C’est la coloration b<strong>le</strong>utée des téguments et des muqueuses qui apparaît lorsque <strong>le</strong> taux<br />

d’hémoglobine réduite dans <strong>le</strong> sang excède 4g/100ml.<br />

-l’intensité peut être :<br />

.discrète, labio-unguéa<strong>le</strong><br />

.ou intense, généralisée ;<br />

-l’évolutivité peut être :<br />

.permanente<br />

.ou par crises paroxystiques (crise anoxique de la tétralogie de Fallot).<br />

La désaturation causa<strong>le</strong> peut être mesurée par saturométrie trans-cutanée (une cyanose clinique<br />

correspond à une Sa tcO2 de 80% ou moins<br />

Lors de l’évaluation pour un souff<strong>le</strong> cardiaque, <strong>le</strong>s signes de décompensation cardiaque doivent<br />

être systématiquement recherchés, et particulièrement :<br />

-pouls aux 4 membres<br />

-fréquence cardiaque<br />

-fréquence respiratoire<br />

-TA et temps de recoloration cutanée<br />

4- Les données de l’Examen cardiaque<br />

4.1- l’Inspection recherche une déformation de la cage thoracique :<br />

-thorax globa<strong>le</strong>ment distendu : en faveur d’une hypertension artériel<strong>le</strong> pulmonaire ;<br />

-thorax creux (pectus excavatum) pouvant se voir dans <strong>le</strong> syndrome de Marfan, ou être isolé ; dans<br />

ce cas, la compression de la chambre de chasse du ventricu<strong>le</strong> droit peut générer un souff<strong>le</strong> sur la voie<br />

pulmonaire ;<br />

-espace inter-mamelonnaire augmenté avec angulation sterna<strong>le</strong> marquée orientant vers un syndrome<br />

de Turner ou de Noonan.<br />

4.2- la Palpation<br />

-analyse du choc de pointe ; s’il est étalé, il témoigne d’une cardiomégalie, donc d’une probab<strong>le</strong><br />

cardiopathie.<br />

-recherche d’un frémissement, précordial ou sus-sternal, témoin d’un flux sanguin accéléré au travers<br />

d’un orifice restrictif (valve, communication inter-ventriculaire).<br />

-la palpation des pouls périphériques et la prise tensionnel<strong>le</strong> sont fondamenta<strong>le</strong>s.<br />

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C@mpus National de pédiatrie et chirurgie pédiatrique TICEM – UMVF<br />

Auteur : Pr. M.Voisin (CHU Montpellier) MAJ : 04/01/2006<br />

4.3- l’Auscultation<br />

4.3.1- El<strong>le</strong> précise <strong>le</strong>s caractéristiques sthétacoustiques du souff<strong>le</strong> :<br />

-gradation de 1 à 6 ;<br />

-topographie et irradiation, souvent diffici<strong>le</strong> à préciser chez <strong>le</strong> prématuré et <strong>le</strong> nouveau-né, même avec<br />

un sthétoscope au pavillon adapté ;<br />

-situation dans <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> cardiaque :<br />

.systolique, diastolique, ou continu ;<br />

.couvrant une partie (proto- ou télé-) ou la totalité (holo-) de la systo<strong>le</strong> ou de la diasto<strong>le</strong> ;<br />

.couvrant toute la systo<strong>le</strong> ou diasto<strong>le</strong> (régurgitation) ou à majoration mésosystolique (sténose).<br />

4.3.2- El<strong>le</strong> précise <strong>le</strong>s éléments séméiologiques surajoutés :<br />

-caractéristiques du B1 et du B2<br />

-association d’un rou<strong>le</strong>ment ou d’un galop diastolique.<br />

5- Souff<strong>le</strong>s organiques <strong>le</strong>s plus fréquemment perçus et Cardiopathies<br />

congénita<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus fréquentes chez l’enfant<br />

-CIV<br />

souff<strong>le</strong> holosystolique, mésocardiaque, irradié en rayons de roue ;<br />

.<strong>le</strong>s très petites CIV génèrent un souff<strong>le</strong> localisé, proto-mésosystolique ;<br />

.<strong>le</strong>s petites CIV génèrent un souff<strong>le</strong> holosystolique intense (4 à 5/6)<br />

.<strong>le</strong>s larges CIV génèrent un souff<strong>le</strong> de moindre intensité (2 à 4/6) avec B2 pulmonaire intense<br />

d’hypertension artériel<strong>le</strong> pulmonaire, rou<strong>le</strong>ment diastolique apexien d’hyperdébit pulmonaire.<br />

-CIA<br />

souff<strong>le</strong> systolique peu intense (1 à 2/6) au foyer pulmonaire ;<br />

.dédoub<strong>le</strong>ment du B2 pulmonaire d’hyperdébit ;<br />

.rou<strong>le</strong>ment diastolique tricuspidien en cas de débit très é<strong>le</strong>vé.<br />

-Canal artériel<br />

souff<strong>le</strong> continu sous-claviculaire gauche<br />

-Sténose pulmonaire<br />

souff<strong>le</strong> éjectionnel latéro-sternal gauche, d’intensité proportionnel<strong>le</strong> au degré de sténose, irradié à la<br />

périphérie du poumon .<br />

Attention !<br />

un souff<strong>le</strong> de sténose pulmonaire peut être <strong>le</strong> témoin d’une cardiopathie plus comp<strong>le</strong>xe ;<br />

exemp<strong>le</strong> : tétralogie de Fallot (voir cardiopathies cyanogènes)<br />

-Coarctation aortique<br />

souff<strong>le</strong> systolique de faib<strong>le</strong> intensité, parfois avec discret prolongement diastolique, sous-claviculaire<br />

et omo-vertébral gauche.<br />

6- Souff<strong>le</strong>s anorganiques<br />

L’analyse séméiologique fine était d’actualité avant l’ère de l’échocardiographie ; el<strong>le</strong> présente<br />

actuel<strong>le</strong>ment beaucoup moins d’intérêt (cf Tab<strong>le</strong>au I)<br />

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Auteur : Pr. M.Voisin (CHU Montpellier) MAJ : 04/01/2006<br />

Arguments en faveur de l’anorganicité d’un souff<strong>le</strong> cardiaque :<br />

Pas de symptomatologie fonctionnel<strong>le</strong><br />

Souff<strong>le</strong> systolique, non holosystolique<br />

Faib<strong>le</strong> intensité<br />

• Variation de l’intensité en fonction de la position et du cyc<strong>le</strong> respiratoire<br />

• B1 et B2 normaux, diasto<strong>le</strong> libre<br />

• Inspection et palpation norma<strong>le</strong>s<br />

Le message important est que…<br />

Tout souff<strong>le</strong> cardiaque à l’âge pédiatrique doit faire l’objet d’une expertise<br />

échocardiographique<br />

- urgente avant 3 mois de vie ou lorsqu’il apparaît en cours d’évolution d’une pathologie aiguë<br />

- non urgente dans <strong>le</strong>s autres cas.<br />

-l’affirmation du caractère anorganique permet de <strong>le</strong>ver l’anxiété que génère chez <strong>le</strong>s parents une<br />

sémiologie cardiaque ;<br />

-la confirmation du diagnostic de cardiopathie permet d’en apprécier <strong>le</strong> retentissement<br />

hémodynamique, et de préciser <strong>le</strong> programme de surveillance et/ou de traitement.<br />

Tab<strong>le</strong>au I : Caractéristiques des souff<strong>le</strong>s anorganiques<br />

Type de souff<strong>le</strong> Vibratoire Ejectionnel<br />

pulmonaire<br />

veineux<br />

Topographie 3ème- 4ème espace 2ème espace inter- Cervical<br />

inter-costaI gauche costal gauche Irradié 2ème espace<br />

parasternal<br />

parasternal intercostal gauche et<br />

irradiation<br />

-sous-claviculaire<br />

gauche<br />

-apex<br />

-xyphoïde<br />

droit<br />

Temps Protosystolique Protosystolique Continu à majoration<br />

diastolique<br />

Intensité < 3/6 < 3/6 3-4/6<br />

Tonalité Musica<strong>le</strong><br />

aiguë Rude<br />

Variations<br />

(violon, diapason)<br />

Basse fréquence<br />

-effort, fièvre<br />

-décubitus<br />

-respiration<br />

+<br />

+<br />

+<br />

+ -<br />

-rotation de la tête, variab<strong>le</strong><br />

compression<br />

jugulaire<br />

+<br />

-<br />

Age 2-7ans Nourrisson<br />

Petit enfant<br />

enfant<br />

mécanisme Péricarde ? Flux pulmonaire Rapidité du flux<br />

flux pulmonaire ?<br />

veineux<br />

6


Objectifs :<br />

Suivi d'un nourrisson.<br />

Dépistage des anomalies orthopédiques de l’enfant et de l’ado<strong>le</strong>scent.<br />

Auteurs : J.P. Cahuzac ,J. Sa<strong>le</strong>s de Gauzy (Toulouse)<br />

¤ Connaître la croissance norma<strong>le</strong> des membres et du rachis.<br />

¤ Dépister <strong>le</strong>s inégalités de longueur et <strong>le</strong>s déformations de la colonne vertébra<strong>le</strong>.<br />

¤ Proposer une conduite à tenir devant une inégalité de longueur ou une déviation vertébra<strong>le</strong>.<br />

¤ Savoir rapporter une rachialgie ou des dou<strong>le</strong>urs des membres à <strong>le</strong>ur cause.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Croissance des membres et de la colonne vertébra<strong>le</strong><br />

Faq 2 - Les inégalités de longueur<br />

Faq 3 - Les scolioses<br />

Faq 4 - Les déformations sagitta<strong>le</strong>s<br />

Faq 5 - Lyse isthmique et spondylolisthèsis<br />

Faq 6 - Les déformations thoraciques<br />

Faq 7 - Les kystes poplites<br />

Points essentiels<br />

Introduction<br />

Les inégalités de longueur des membres et <strong>le</strong>s déviations de la colonne vertébra<strong>le</strong> représentent une<br />

des causes <strong>le</strong>s plus fréquentes des consultations d’orthopédie pédiatrique, comme <strong>le</strong> laisse prévoir<br />

l’incidence de la scoliose qui est de 5 % de la population. Pour bien comprendre <strong>le</strong> risque évolutif de<br />

ces affections ainsi que <strong>le</strong>ur traitement, il est essentiel de connaître la croissance segmentaire de<br />

l’homme.<br />

Faq 1 - Quel<strong>le</strong> est la croissance norma<strong>le</strong> des membres et de la colonne<br />

vertébra<strong>le</strong> ?<br />

La croissance est à la base de tout raisonnement en orthopédie pédiatrique. Il faut toujours répondre<br />

à ces deux questions :<br />

Quel est <strong>le</strong> rythme de croissance de l’enfant ?<br />

Quel<strong>le</strong> est la « croissance restante » de l’enfant ?<br />

• La vitesse de croissance<br />

El<strong>le</strong> est irrégulière et différente selon <strong>le</strong>s segments : céphalique, rachidien, inférieur ou supérieur.<br />

- De la naissance à 5 ans : la croissance est RAPIDE<br />

La croissance est équilibrée entre <strong>le</strong> tronc et <strong>le</strong>s membres inférieurs.<br />

La tail<strong>le</strong> doub<strong>le</strong> entre la naissance et 5 ans (50cm - 107cm). Cette augmentation est de 27 cm sur la<br />

tail<strong>le</strong> assise (croissance rachis ++) et de 26 cm sur <strong>le</strong> segment inférieur.<br />

La tail<strong>le</strong> moyenne d’un enfant de 5 ans représente 62 % de la tail<strong>le</strong> fina<strong>le</strong>.


- De 5 ans à 10 ans la croissance est DOUCE<br />

La vitesse de croissance de 5 à 6 cm par an<br />

La croissance se fait pour 2/3 sur <strong>le</strong> segment inférieur et 1/3 sur <strong>le</strong> tronc.<br />

- Après 10 ans la PUBERTE accélère la croissance<br />

La puberté commence à 11 ans d’âge osseux pour la fil<strong>le</strong> et 13 ans d’âge osseux pour <strong>le</strong> garçon.<br />

A l’âge de 10 ans, <strong>le</strong>s 2/3 de la croissance restante se feront sur la tail<strong>le</strong> assise car il reste :<br />

- 30 cm de croissance chez <strong>le</strong> garçon dont 10 cm sur <strong>le</strong>s membres inférieurs et 20 cm<br />

sur la tail<strong>le</strong> assise.<br />

- 24 cm de croissance chez la fil<strong>le</strong> dont 9 cm sur <strong>le</strong>s membres inférieurs et 15 cm sur<br />

la tail<strong>le</strong> assise.<br />

Quelques repères cliniques :<br />

- Après <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s, il reste 5 cm de croissance sur la tail<strong>le</strong> assise.<br />

- A partir de 13 ans d’âge osseux chez la fil<strong>le</strong> et de 15 ans chez <strong>le</strong> garçon, la<br />

croissance des membres inférieurs qui jusque là était de 4 cm par an, s’effondre.<br />

• L’ âge osseux est diffèrent de l’âge chronologique :<br />

- l’age osseux est calculé sur une radiographie de face de la main gauche et des<br />

radiographies du coude face et profil.<br />

- la <strong>le</strong>cture de l’âge osseux se fait par comparaison avec un atlas.<br />

- <strong>le</strong> sésamoïde du pouce (radiographie de la main gauche) apparaît à 11 ans chez la<br />

fil<strong>le</strong> et 13 ans chez <strong>le</strong> garçon. C’est <strong>le</strong> début de la puberté<br />

- l’ossification secondaire de la crête iliaque (test de Risser) commence à 13 ans<br />

d’âge osseux chez la fil<strong>le</strong> et de 15 ans chez <strong>le</strong> garçon (Risser 1). C’est <strong>le</strong> début de<br />

l’ado<strong>le</strong>scence.<br />

• Le potentiel de croissance des cartilages de croissance<br />

Les cartilages de croissance ont un potentiel de croissance différent.<br />

Cartilage<br />

sup.<br />

Cartilage<br />

inf.<br />

Fémur 30 % 70 %<br />

Tibia 55 % 45 %<br />

Humérus 80 % 20 %<br />

Radius 20 % 80 %<br />

Croissance<br />

Genou<br />

Coude<br />

On peut dire que la croissance des membres s’effectue « près du genou et loin du coude » puisque <strong>le</strong><br />

genou détient 65% de la croissance en longueur du membre inférieur et que <strong>le</strong> coude participe pour<br />

20 % à la croissance du membre supérieur.<br />

Les tab<strong>le</strong>s de Green et Anderson, <strong>le</strong>s diagrammes de Mose<strong>le</strong>y, Hechard, Carlioz ou Dimeglio<br />

permettent de rapporter la croissance des os longs et de prévoir une inégalité de longueur des<br />

membres inférieurs ou supérieurs.<br />

[ Dimeglio A. 2ème édition. La croissance en Orthopédie.1991. Sauramps medical.<br />

Dimeglio A, Caton J, Hérisson C, Simon L. Les inégalités de longueur des membres. 1994. Masson.]


Faq 2 – Diagnostic et traitement des inégalités de longueur des membres<br />

inférieurs (ILMI).<br />

Les inégalités de longueur des membres inférieurs sont fréquentes.<br />

Leur recherche doit se faire lors de tout examen orthopédique.<br />

• Comment fait-on <strong>le</strong> diagnostic d’une inégalité de longueur ?<br />

- Position d’examen : déshabillé, debout et de dos, membres inférieurs en extension (genoux tendus)<br />

et pieds à plat.<br />

- Examen :<br />

- Inspection : Asymétrie des épau<strong>le</strong>s (chute épau<strong>le</strong> côté <strong>le</strong> plus court), fermeture de<br />

l’ang<strong>le</strong> ilio-lombaire du côté <strong>le</strong> plus court, obliquité du pli fessier, saillie de la crête<br />

iliaque du côté <strong>le</strong> plus haut.<br />

- Palpation : en plaçant <strong>le</strong>s mains de chaque côté du bassin (index sur la crête iliaque<br />

et pouce sur la fossette sacrée), on note la différence de hauteur des crêtes iliaques<br />

ou des fossettes sacrées.<br />

- Mesure clinique : En plaçant sous <strong>le</strong> côté <strong>le</strong> plus court des planchettes de hauteur variab<strong>le</strong> jusqu’à ce<br />

que l’on obtienne la rééquilibration du bassin. Ceci est préférab<strong>le</strong> a la mesure au cm entre EIAS et<br />

malléo<strong>le</strong> externe.<br />

- Mesure radiographique (radiographie des membres inférieurs en entier de face et debout) :<br />

- On mesure chaque segment en prenant des repères précis et toujours <strong>le</strong>s mêmes : pô<strong>le</strong> supérieur<br />

de la tête fémora<strong>le</strong>, pô<strong>le</strong> inférieur du condy<strong>le</strong> fémoral externe, sommet du massif des épines tibia<strong>le</strong>s,<br />

plafond tibial de l’articulation tibio-talienne.<br />

• Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s causes des ILMI ?<br />

Il existe cinq causes dominantes :<br />

- Causes traumatiques :<br />

Allongement segmentaire après fracture diaphysaire<br />

Raccourcissement segmentaire par stérilisation du cartilage de croissance (épiphysiodèse).<br />

- Causes infectieuses :<br />

Allongement après atteinte infectieuse diaphysaire ou métaphysaire (ostéomyélite)<br />

Raccourcissement par destruction complète du cartilage de croissance (épiphysiodèse).<br />

- Causes neurologiques :<br />

Toute affection neurologique (poliomyélite, hémiplégie cérébra<strong>le</strong> infanti<strong>le</strong>...) survenant chez l’enfant et<br />

s’accompagnant d’une paralysie musculaire peut entraîner un raccourcissement de membre.<br />

- Causes congénita<strong>le</strong>s :<br />

Les agénésies plus ou moins sévères (de l’agénésie à l’ hypoplasie partiel<strong>le</strong>) des membres inférieurs<br />

(fémur, tibia, péroné..) s’accompagnent d’ILMI souvent très importantes (supérieures à 4 cm).<br />

Hémihypertrophies.


Les malformations vasculaires (fistu<strong>le</strong>s artério-veineuses) s’accompagnent d’un hyper-allongement.<br />

- Les inégalités de longueur dites « essentiel<strong>le</strong>s » sont <strong>le</strong>s plus fréquentes et sont <strong>le</strong> plus souvent<br />

modérées (inégalité inférieur ou éga<strong>le</strong> à 2 cm).<br />

• Comment prévoir l’inégalité fina<strong>le</strong> ?<br />

El<strong>le</strong> est fonction de l’étiologie :<br />

- Inégalité congénita<strong>le</strong> (malformations osseuses) : la prévision est possib<strong>le</strong> car <strong>le</strong><br />

pourcentage de l’inégalité est constant avec l’âge.<br />

- Inégalité par épiphysiodèse : la prévision est possib<strong>le</strong> car l’inégalité est fonction du<br />

potentiel de croissance du cartilage.<br />

- Les autres : la prévision est impossib<strong>le</strong> et justifie de comparer <strong>le</strong>s données<br />

radiographiques à plusieurs mois d’interval<strong>le</strong>.<br />

• Quel est <strong>le</strong> traitement des ILMI ?<br />

Fonction de l’inégalité:<br />

- Inégalité = à 2 cm :<br />

Avant la puberté : semel<strong>le</strong> de compensation.<br />

A la puberté :<br />

- Inégalité < à 4 cm : traitement chirurgical par blocage de la<br />

croissance du membre sain (épiphysiodèse du côté <strong>le</strong> plus long) si la<br />

croissance restante <strong>le</strong> permet.<br />

- Inégalité > à 4 cm : allongement de membre.<br />

[ Clément JL, Daoud A, Griffet J. Les inégalités de longueur des membres inférieurs.1998. Sauramps<br />

médical. ]<br />

Faq 3 - Diagnostic et traitement des scolioses<br />

La scoliose est une déformation tridimensionnel<strong>le</strong> de la colonne vertébra<strong>le</strong>.<br />

El<strong>le</strong> associe : dans <strong>le</strong> plan frontal une inf<strong>le</strong>xion, dans <strong>le</strong> plan sagittal une diminution, voire une<br />

inversion des courbures physiologiques (cyphoses et lordose) et dans <strong>le</strong> plan horizontal une rotation<br />

vertébra<strong>le</strong>.<br />

75% sont idiopathiques et 25% secondaires.<br />

La scoliose idiopathique est une pathologie fréquente (incidence estimée à 5%).<br />

Son dépistage doit être réalisé une fois par an.<br />

L’examen comporte des étapes stéréotypées.<br />

• Eliminer ce qui n’est pas une scoliose<br />

- Attitude scoliotique :<br />

C’est une déformation fronta<strong>le</strong> (plan sagittal et horizontal normaux) de la colonne vertébra<strong>le</strong>.<br />

El<strong>le</strong> peut être due à une inégalité de longueur (fréquent) ou à une tumeur (rare).


- Attitude scoliotique liée à une inégalité de longueur :<br />

- Position d’examen : debout, déshabillé et en position du « garde à vous ».<br />

- Examen :<br />

Le bassin est déséquilibré.<br />

Il existe une déviation latéra<strong>le</strong> du rachis (permettant à l’enfant de se rééquilibrer).<br />

Si on compense l’inégalité ( ca<strong>le</strong> sous <strong>le</strong> coté <strong>le</strong> plus court), l’attitude scoliotique disparaît. Il n'y a pas<br />

de gibbosité lors de l'antef<strong>le</strong>xion du tronc.<br />

- Attitude scoliotique due à une tumeur :<br />

Le rachis est douloureux (nocturne ?, calmée par l’aspirine ?) et raide (impossibilité de se pencher en<br />

avant en gardant <strong>le</strong>s jambes tendues).<br />

Raideur et dou<strong>le</strong>ur doivent faire suspecter une tumeur osseuse ou médullaire. Le bilan<br />

complémentaire devra comporter une scintigraphie osseuse et une IRM.<br />

• Affirmer <strong>le</strong> diagnostic de scoliose :<br />

C’est rechercher une gibbosité : l’enfant est debout, au garde à vous, <strong>le</strong> bassin rééquilibré par<br />

une ca<strong>le</strong> si besoin. Il se penche en avant (genoux en extension).<br />

On note une asymétrie thoracique ou lombaire. Un côté est saillant (gibbosité), l’autre est en<br />

dépression. On doit mesurer sa hauteur et préciser son siège.<br />

Toute gibbosité confirme <strong>le</strong> caractère tridimensionnel de la scoliose et permet d’affirmer <strong>le</strong> diagnostic<br />

de scoliose.<br />

• Evaluer <strong>le</strong> retentissement de la scoliose sur l’équilibre du rachis<br />

Cet examen est réalisé avec un fil à plomb positionné à partir de l’épineuse de C7.<br />

- De face, <strong>le</strong> fil à plomb se projette au niveau du pli inter-fessier.<br />

Sinon, il existe un déséquilibre frontal qui peut être mesuré.<br />

- De profil <strong>le</strong> rachis présente des flèches de cyphose et de lordose variab<strong>le</strong>s en<br />

fonction de chaque individu. La scoliose entraîne une diminution des va<strong>le</strong>urs<br />

(tendance au dos plat), voire une inversion avec lordose dorsa<strong>le</strong> (dos creux) et<br />

cyphose lombaire.<br />

• Rechercher une étiologie :<br />

El<strong>le</strong> doit être systématique et <strong>le</strong>s examens neurologiques, cutanés et ostéo-articulaires sont<br />

primordiaux.


- La scoliose idiopathique.<br />

C’est la plus fréquente (75%)<br />

Aucune cause n’est retrouvée.<br />

El<strong>le</strong> est plus fréquente chez la fil<strong>le</strong> (80%) et présente un caractère familial (risque accru dans la<br />

parenté).<br />

- Les scolioses secondaires :<br />

- Neuromusculaire :<br />

Dans certain cas <strong>le</strong> diagnostic est évident : Myopathies, Infirme moteur cérébral, etc.<br />

Dans d’autres cas la scoliose est <strong>le</strong> premier symptôme : Syringomyélie (absence de réf<strong>le</strong>xes cutanées<br />

abdominaux), etc.<br />

D’ou l’importance de l’examen neurologique systématique.<br />

- Congénita<strong>le</strong> (malformative) :<br />

Il peut s’agir d’un défaut de formation ( hémivertèbre, etc.) ou d’un defaut de segmentation (barre,<br />

etc.).<br />

Ces deux anomalies peuvent être associées.<br />

Ce diagnostic est évoqué :<br />

S’il existe une anomalie cutanée en regard du rachis (pertuis lombaire, touffe de poil).<br />

S’il existe une autre malformation : rein, coeur, main, atrésie de l’oesophage, imperforation ana<strong>le</strong>, etc.<br />

- Maladie de système :<br />

Maladie de Marfan (hyperélasticité, arachnodactylies, etc.)<br />

Maladie d’Eh<strong>le</strong>r-Danlos<br />

Neurofibromatose de type 1 (5 taches café au lait, etc.)<br />

• Mesurer une scoliose<br />

L’analyse est faite à partir de radiographies de la totalité du rachis face et profil en position debout.<br />

- Radiographie du rachis debout de face :<br />

Norma<strong>le</strong>ment il n’y a pas de courbure fronta<strong>le</strong>.<br />

S’il existe une courbure, il faut :<br />

- Définir <strong>le</strong>s vertèbres limites : vertèbres <strong>le</strong>s plus inclinées par rapport à<br />

l’horizonta<strong>le</strong>. L’ang<strong>le</strong> de la scoliose correspond à l’ang<strong>le</strong> formé par la tangente au<br />

plateau vertébral supérieur de la vertèbre limite supérieure et au plateau vertébral<br />

inférieur de la vertèbre limite inférieure (ang<strong>le</strong> de Cobb). La convexité définit <strong>le</strong> côté<br />

de la scoliose droit ou gauche.<br />

- Définir la vertèbre sommet : vertèbre la plus excentrée par rapport à la ligne<br />

médiane.<br />

- Apprécier la rotation vertébra<strong>le</strong> au niveau de la vertèbre sommet par la position<br />

du processus épineux qui norma<strong>le</strong>ment se projette au centre du corps vertébral ou<br />

par l’asymétrie de projection des pédicu<strong>le</strong>s.<br />

Le bilan radiographique permet éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> diagnostic d’une éventuel<strong>le</strong><br />

malformation (hémivertèbre...)<br />

- Radiographie du rachis de profil :


Mesure des courbures rachidiennes dorsa<strong>le</strong> et lombaire.<br />

Recherche d’un spondylolisthésis (glissement d’une vertèbre par rapport à la vertèbre sous jacente).<br />

• Quel est <strong>le</strong> pronostic de la scoliose ?<br />

Toute scoliose présente un génie évolutif propre et différent en fonction de l’étiologie.<br />

Certaines sont stab<strong>le</strong>s, d’autres évolutives.<br />

D’une façon généra<strong>le</strong> il faut retenir que :<br />

- Toute scoliose présente un risque d’aggravation pendant la croissance.<br />

- L’aggravation est d’autant plus importante que la vitesse de croissance est rapide<br />

(risque majeur pendant la puberté.<br />

Une courbure thoracique de 20° à Risser 4 ou 5 n'a plus de risque évolutif et ne<br />

nécessite donc aucun traitement. La même courbure chez un enfant en tout début de<br />

puberté va nécessiter une surveillance rapprochée et la mise en place éventuel<strong>le</strong> d'un<br />

corset si on a la preuve de son évolutivité à 2 examens différents. Il est primordial<br />

d’évaluer <strong>le</strong> potentiel de croissance restant du rachis. La courbe de Duval Beaupére<br />

montre que la scoliose risque de s'aggraver fortement pendant la croissance.<br />

Il n’existe pas de critère formel mais l’évaluation est basée sur une analyse<br />

multifactoriel<strong>le</strong> :<br />

- Critères cliniques :<br />

o Age civil<br />

o Tail<strong>le</strong> (debout et assise) mesurée à interval<strong>le</strong><br />

réguliers<br />

o Caractères sexuels secondaires (classification de<br />

Tanner)<br />

o Règ<strong>le</strong>s<br />

- Critères radiographiques<br />

o Ossification de la crête iliaque (test de Risser)<br />

o Fermeture du cartilage en Y, des cartilages de<br />

croissance du coude et du grand trochanter.<br />

On peut retenir que : dès l’apparition des règ<strong>le</strong>s et de l’ossification de la crête iliaque, <strong>le</strong> risque<br />

d’aggravation diminue.<br />

- Buts<br />

• Quels sont <strong>le</strong>s principes de traitement ?<br />

Eviter l’aggravation de la scoliose et si possib<strong>le</strong> diminuer son angulation. L'idéal est d'arriver en fin de<br />

croissance avec une courbure modérée (40° à 45°) qui permettra d'éviter une arthrodèse chirurgica<strong>le</strong>.<br />

Le corset va diminuer l'angulation scoliotique pendant la durée du port mais en fin de croissance,<br />

lorsqu'il sera abandonné, la scoliose retrouvera sa courbure initia<strong>le</strong>.


Il est donc important de dépister ces scolioses tôt et de <strong>le</strong>s traiter (si nécessaire), car un corset a pour<br />

but de contenir l'aggravation d'une courbure en cours de croissance mais ne fait pas disparaître la<br />

scoliose.<br />

- Moyens<br />

° Rééducation :<br />

El<strong>le</strong> a pour but d’entretenir la musculation du rachis. Utilisée isolément el<strong>le</strong> ne permet pas d’enrayer<br />

l’aggravation d’une scoliose.<br />

o Orthopédiques :<br />

C’est l’utilisation d’appareils plâtrés ou de corset qui sont portés à temps comp<strong>le</strong>t ou à temps partiel<br />

en fonction de l’importance de la scoliose.<br />

Ce traitement agit comme un tuteur du rachis et permet une croissance harmonieuse de la colonne<br />

vertébra<strong>le</strong>. Cependant à l’arrêt du traitement la scoliose à tendance à revenir à l’angulation de début<br />

de traitement.<br />

o Chirurgicaux :<br />

C’est une arthrodèse vertébra<strong>le</strong> (greffe osseuse) associée à une ostéosynthèse.<br />

Ce traitement comporte un risque neurologique (paraplégie)<br />

- Indications:<br />

o Scoliose non évolutive : pas de traitement mais surveillance jusqu’à la fin de la croissance.<br />

o Scoliose évolutive : traitement orthopédique pour la majorité des scolioses.<br />

Le traitement chirurgical est proposé pour <strong>le</strong>s scolioses très importantes qui présentent un risque<br />

évolutif à l’âge adulte, ou pour <strong>le</strong>s scolioses qui ne sont pas maintenues par un traitement<br />

orthopédique.<br />

Pour <strong>le</strong>s scolioses secondaires, <strong>le</strong>s indications sont spécifiques à chaque étiologie. L’indication<br />

chirurgica<strong>le</strong> est plus fréquente.<br />

[ Bérard J et Koh<strong>le</strong>r R. La scoliose idiopathique. 1997. Sauramps médical. ]<br />

Faq 4 - Diagnostic et traitement d'une cyphose<br />

Une cyphose est une courbure rachidienne à concavité antérieure.<br />

• Quel<strong>le</strong> est la posture sagitta<strong>le</strong> norma<strong>le</strong> ?<br />

A partir de l’âge de 7 ou 8 ans la morphologie sagitta<strong>le</strong> du rachis est acquise et présente une<br />

alternance de lordose cervica<strong>le</strong>, cyphose dorsa<strong>le</strong> et lordose lombaire.<br />

- Mesure clinique :<br />

- Debout, avec un fil à plomb tangent à la cyphose dorsa<strong>le</strong> on mesure <strong>le</strong>s flèches<br />

allant du fil à plomb à C7 et L3.<br />

- Flèche en C7 : > 20 mm et < 90 mm<br />

- Flèche en L3 : > à 25 mm et < à 70 mm.<br />

Cette grande variation montre la grande variabilité du morphotype sagittal.<br />

- Mesure radiographique :<br />

Sur une radiographie du rachis debout de profil en totalité, mains reposant sur un support, on mesure:<br />

- Cyphose dorsa<strong>le</strong> norma<strong>le</strong> (T4-T12) : > à 20° et < à 50°<br />

- Lordose lombaire (L1-L5) : > à 25° et < à 60°


• Qu’est ce qu’une cyphose « pathologique » ou hypercyphose ?<br />

On par<strong>le</strong> de cyphose pathologique lorsque la cyphose dorsa<strong>le</strong> est supérieure à 50° ou que la lordose<br />

lombaire est inférieure à 20°. Ces cyphoses sont raides et non réductib<strong>le</strong>s.<br />

- Etiologies des hypercyphoses :<br />

- Affection neurologique type Infirmité Motrice Cérébra<strong>le</strong> qui s’accompagne d’un<br />

effondrement du tronc en cas d’hypotonie axia<strong>le</strong>.<br />

- Malformations congénita<strong>le</strong>s par défaut de segmentation antérieure.<br />

- Maladie de Scheuermann ou Dystrophie Rachidienne de Croissance (DRC).<br />

Cette maladie, liée à un troub<strong>le</strong> de croissance des corps vertébraux se traduit par :<br />

- Clinique : une cyphose raide et parfois douloureuse.<br />

- Radiographie : cunéïformisation antérieure de plus de 5° siégeant<br />

sur au moins 3 vertèbres adjacentes.<br />

Traitement : Il ne peut être entrepris que chez un enfant chez qui il reste une croissance vertébra<strong>le</strong>. La<br />

correction de la cyphose est obtenue par plâtre ou par corset de tel<strong>le</strong> façon que la croissance<br />

vertébra<strong>le</strong> puisse reprendre norma<strong>le</strong>ment.<br />

[ Dimeglio A, Hérisson C, Simon L. Les cyphoses : de l’enfant à l’adulte. 1995. Masson. ]<br />

Faq 5 - Les rachialgies<br />

Les dou<strong>le</strong>urs du rachis sont assez fréquentes chez l’enfant. El<strong>le</strong>s doivent toujours être prises en<br />

considération et faire l’objet d’une recherche étiologique.<br />

• Quels sont <strong>le</strong>s signes en faveur d’une origine organique ?<br />

- Dou<strong>le</strong>urs du rachis chez un enfant jeune (< 4 ans)<br />

- Dou<strong>le</strong>urs persistantes (> 1 mois), qui augmentent en intensité avec <strong>le</strong> temps.<br />

- Dou<strong>le</strong>urs nocturnes perturbant <strong>le</strong> sommeil.<br />

- Dou<strong>le</strong>urs qui apparaissent lors des activités sportives ou qui sont secondaires à un<br />

traumatisme.<br />

- L’existence de signes généraux : fièvre, sueurs, amaigrissement.<br />

- Une raideur du rachis (épreuve doigt-sol limitée).<br />

- Une brièveté des ischio-jambiers (sur un enfant couché, la cuisse fléchie à 90°,<br />

l’impossibilité d’amener <strong>le</strong> genou en extension complète traduit la rétraction des<br />

ischio-jambiers).<br />

• Quel<strong>le</strong>s affections faut-il rechercher ?<br />

- La spondylolyse et <strong>le</strong> spondylolisthésis :


La spondylolyse est un défect osseux de la pars inter-articulaire de l’arc vertébral postérieur. La partie<br />

antérieure de la vertèbre étant libéré des attaches postérieures peut glisser en avant par rapport à la<br />

vertèbre sous-jacente réalisant un spondylolisthésis. El<strong>le</strong> siège <strong>le</strong> plus souvent sur L5.<br />

Signe d’appel : lombalgies persistantes.<br />

Examen :<br />

- Epreuve doigt-sol limitée par brièveté des ischio-jambiers<br />

- Hyperlordose<br />

- Absence de signes neurologiques<br />

Radiographie du rachis lombaire face et profil et de ¾ :<br />

Défect isthmique uni ou bilatéral pouvant être associé à un glissement de L5 par rapport à S1.<br />

Si <strong>le</strong>s radiographies sont norma<strong>le</strong>s, on peut demander une scintigraphie osseuse et un scanner centré<br />

sur L5 qui permettent d’authentifier une spondylolyse sur l’hyperfixation isthmique et <strong>le</strong> trait de fracture<br />

isthmique.<br />

Traitement : En l'absence de dou<strong>le</strong>ur, on peut proposer une simp<strong>le</strong> surveillance et un repos sportif.<br />

Immobilisation par plâtre ou corset de la région lombaire pendant 3 mois. Si <strong>le</strong>s dou<strong>le</strong>urs persistent,<br />

une arthrodèse postérieure L5-S1 peut être réalisée.<br />

- Une spondylo-discite :<br />

Fréquente avant l’âge de 5 ans.<br />

Signes d’appel :<br />

Examen :<br />

- Refus brutal de marcher<br />

- Dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s<br />

- Rachialgies dorsa<strong>le</strong>s ou lombaires persistantes<br />

- Signes infectieux (fièvre, sueurs, etc.)<br />

- Raideur rachidienne localisée<br />

Confirmation diagnostique sur :


- Elévation CRP et vitesse de sédimentation<br />

- Radiographie du rachis face et profil : diminution de la hauteur disca<strong>le</strong> associée à<br />

des lésions vertébra<strong>le</strong>s lytiques.<br />

- Au début, si <strong>le</strong>s radiographies sont norma<strong>le</strong>s, on peut demander une scintigraphie<br />

osseuse et une IRM qui permettent d’authentifier une spondylodiscite sur<br />

l’hyperfixation vertébra<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s lésions ostéo-disca<strong>le</strong>s.<br />

Traitement : Antibiothérapie et immobilisation platrée.<br />

- Une tumeur du rachis intra ou extra canalaire.<br />

Toute rachialgie doit faire redouter une tumeur chez l’enfant.<br />

Signes d’appel :<br />

- Rachialgies persistantes, parfois nocturnes pouvant s’accompagner d’une irradiation<br />

dans <strong>le</strong>s membres inférieurs<br />

- Raideur segmentaire du rachis et parfois des membres inférieurs<br />

- Parfois signes de compression médullaire (réf<strong>le</strong>xes vifs, problèmes urinaires, etc.)<br />

- Examens complémentaires <strong>le</strong>s plus contributifs : scintigraphie osseuse et IRM<br />

Etiologie :<br />

- Granulome éosinophi<strong>le</strong><br />

- Ostéome Ostéoïde ou Ostéoblastome<br />

- Tumeurs de la moel<strong>le</strong> épinière<br />

Traitement : <strong>le</strong> plus souvent exérèse chirurgica<strong>le</strong>.<br />

- Une hernie disca<strong>le</strong>.<br />

El<strong>le</strong>s sont très rares chez l'enfant.<br />

Signes d’appel :<br />

Examen :<br />

Rachialgies persistantes avec irradiation dans <strong>le</strong>s deux membres inférieurs.<br />

Raideur segmentaire du rachis<br />

Epreuve doigt-sol limitée<br />

Diagnostic par l’IRM qui montre la hernie postérieure et souvent médiane.<br />

Traitement : presque toujours chirurgical.<br />

- Une maladie de Scheuermann (cf paragrphe Cyphose )<br />

[ Bonnard C., Bracq H. Du symptome au diagnostic ou l’orthopédie pédiatrique au quotidien. 2000.<br />

Sauramps médical.]


Faq 6 - Les déformations thoraciques<br />

Il existe deux types de déformations thoraciques :<br />

- Le thorax en carène :<br />

La carène est liée à la projection antérieure du sternum. C’est l’aplatissement costal bilatéral qui<br />

entraîne la protrusion sterna<strong>le</strong>. Cette carène n’est pas symétrique.<br />

- Le thorax en entonnoir :<br />

Le thorax en entonnoir est lié à un enfoncement du sternum car <strong>le</strong>s arcs costaux antérieurs se<br />

déforment en accent circonf<strong>le</strong>xe avec une arête antérieure. La déformation costa<strong>le</strong> est bilatéra<strong>le</strong> mais<br />

asymétrique.<br />

Ces déformations thoraciques se caractérisent par :<br />

- Des conséquences esthétiques surtout marquées à l’ado<strong>le</strong>scence<br />

- L’absence de conséquence cardio-respiratoire sauf dans <strong>le</strong>s thorax en entonnoir de la maladie de<br />

Marfan.<br />

Traitement :<br />

- Orthopédique par corset dans <strong>le</strong>s thorax en carène en fin de croissance.<br />

- Chirurgical dans <strong>le</strong>s grandes déformations en fin de croissance lorsque la<br />

déformation n’est pas acceptée sur <strong>le</strong> plan esthétique.<br />

Faq 7 - Les kystes synoviaux poplites<br />

Le kyste synovial est la première cause de tumeur du genou.<br />

- Signes d’appel :<br />

- Examen :<br />

- Tuméfaction du creux poplité de découverte fortuite.<br />

- Dou<strong>le</strong>urs chroniques de type mécanique.<br />

- Voussure visib<strong>le</strong> genou en extension de siège interne <strong>le</strong> plus souvent.<br />

- Tuméfaction rénitente non ou peu douloureuse.<br />

- Absence de signe articulaire (épanchements, blocages, etc.)<br />

- Le diagnostic peut être confirmé par une échographie.<br />

- Traitement : ne rien faire car il disparaît spontanément dans 50 % des cas, mais la persistance d’un<br />

kyste douloureux peut justifier de son exérèse chirurgica<strong>le</strong>.<br />

- Attention il faut pratiquer une IRM du genou si :<br />

- il existe des signes articulaires (il faut penser à la synovite villo-nodulaire, la<br />

chondromatose synovia<strong>le</strong> ou un hémangiome synovial)<br />

- la masse du creux poplité est dure il faut penser à un synovialosarcome, une tumeur<br />

desmoïde ou nerveuse.<br />

[ Mal<strong>le</strong>t JF., Lechevallier J. : Chirurgie et orthopédie du genou de l’enfant. 1993. Sauramps médical. ]


Points essentiels :<br />

La croissance est à la base de tout raisonnement en orthopédie pédiatrique. La vitesse de croissance<br />

est irrégulière et différente selon <strong>le</strong>s segments. La croissance des membres s’effectue « près du genou<br />

et loin du coude » puisque <strong>le</strong> genou détient 65% de la croissance en longueur du membre inférieur et<br />

que <strong>le</strong> coude participe pour 20 % à la croissance du membre supérieur .<br />

Il faut savoir rechercher une inégalité de longueur des membres inférieurs. Il existe cinq causes<br />

principa<strong>le</strong>s : traumatiques, infectieuses, neurologiques, congénita<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s hémihypertrophies.<br />

L’inégalité fina<strong>le</strong> dépend de l’étiologie. Le traitement varie selon l’importance de l’inégalité.<br />

La scoliose est une déformation tridimensionnel<strong>le</strong> de la colonne vertébra<strong>le</strong>.. Son dépistage est<br />

essentiel. Affirmer <strong>le</strong> diagnostic de scoliose, c’est rechercher une gibbosité qui distingue différencier<br />

scoliose et attitude scoliotique. L’examen clinique est essentiel complété par la radiographie . Il faut<br />

évaluer <strong>le</strong> retentissement de la scoliose sur l’équilibre du rachis. La scoliose entraîne une modification<br />

des courbures sagitta<strong>le</strong>s (tendance au dos plat), voire une inversion avec lordose dorsa<strong>le</strong> (dos creux)<br />

et cyphose lombaire.<br />

La recherche d’une étiologie est systématique et <strong>le</strong>s examens neurologiques, cutanés et ostéoarticulaires<br />

sont primordiaux. 75% sont idiopathiques et 25% secondaires (neuromusculaire,<br />

congénita<strong>le</strong> (malformative), maladie de système, etc.).<br />

La mesure radiologique de la scoliose est faite à partir de radiographies de la totalité du rachis face et<br />

profil en position debout. Sur la courbure de face, il faut définir <strong>le</strong>s vertèbres limites (ang<strong>le</strong> de Cobb), la<br />

vertèbre sommet et apprécier la rotation vertébra<strong>le</strong>. Sur <strong>le</strong> profil, il faut mesurer <strong>le</strong>s courbures<br />

rachidiennes dorsa<strong>le</strong> et lombaire et rechercher un spondylolisthésis. Le bilan radiographique permet<br />

éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> diagnostic d’une éventuel<strong>le</strong> malformation (hémivertèbre, etc.)<br />

Toute scoliose présente un génie évolutif propre et différent en fonction de l’étiologie. Certaines sont<br />

stab<strong>le</strong>s, d’autres évolutives. Toute scoliose présente un risque d’aggravation pendant la croissance.<br />

L’aggravation est d’autant plus importante que la vitesse de croissance est rapide (risque majeur au<br />

début et pendant la puberté). Il n’existe pas de critère formel pour l’aggravation, mais l’évaluation est<br />

basée sur une analyse multifactoriel<strong>le</strong> clinique et radiologique.<br />

Le but du traitement est d’éviter l’aggravation de la scoliose et si possib<strong>le</strong> diminuer son angulation.<br />

L'idéal est d'arriver en fin de croissance avec une courbure modérée (40° à 45°) qui permettra d'éviter<br />

une arthrodèse chirurgica<strong>le</strong>. Les moyens de traitement utilisent la rééducation, <strong>le</strong>s plâtres, <strong>le</strong>s corsets<br />

et la chirurgie. Si la scoliose est non évolutive, on ne propose pas de traitement mais une surveillance<br />

jusqu’à la fin de la croissance. Si la scoliose est évolutive, <strong>le</strong> traitement est orthopédique pour la<br />

majorité des scolioses. Le traitement chirurgical est proposé pour <strong>le</strong>s scolioses très importantes qui<br />

présentent un risque évolutif à l’âge adulte, ou pour <strong>le</strong>s scolioses qui ne sont pas maintenues par un<br />

traitement orthopédique.<br />

Une cyphose est une courbure rachidienne à concavité antérieure. El<strong>le</strong> se mesure debout, avec un fil<br />

à plomb tangent à la cyphose dorsa<strong>le</strong> et radiologiquement. On par<strong>le</strong> de cyphose pathologique (hyper<br />

cyphose)lorsque la cyphose dorsa<strong>le</strong> est supérieure à 50° ou que la lordose lombaire est inférieure à<br />

20°. Ces cyphoses sont raides et non réductib<strong>le</strong>s. Il faut rechercher une étiologie neurologique,<br />

congénita<strong>le</strong>s ou une dystrophie rachidienne de croissance.<br />

La dystrophie rachidienne de croissance est liée à un troub<strong>le</strong> de croissance des corps vertébraux qui<br />

se traduit par une cyphose raide et parfois douloureuse. Sur la radiographie, on note une<br />

cunéïformisation antérieure de plus de 5° siégeant sur au moins 3 vertèbres adjacentes. Le traitement<br />

ne peut être entrepris que chez un enfant chez qui il reste une croissance vertébra<strong>le</strong>. La correction de<br />

la cyphose est obtenue par plâtre ou par corset de tel<strong>le</strong> façon que la croissance vertébra<strong>le</strong> puisse<br />

reprendre norma<strong>le</strong>ment.<br />

Les dou<strong>le</strong>urs du rachis sont assez fréquentes chez l’enfant. El<strong>le</strong>s doivent toujours être prises en<br />

considération et faire l’objet d’une recherche étiologique. Il faut connaître <strong>le</strong>s signes en faveur d’une<br />

origine organique Les étiologies principa<strong>le</strong>s sont : la spondylolyse isthmique et <strong>le</strong> spondylolisthésis la


spondylodiscite, une tumeur du rachis intra ou extra canalaire, une hernie disca<strong>le</strong> et la DRC.<br />

Il existe deux types de déformations thoraciques, <strong>le</strong> thorax en carène et <strong>le</strong> thorax en entonnoir. Ces<br />

déformations thoraciques se caractérisent par des conséquences esthétiques surtout marquées à<br />

l’ado<strong>le</strong>scence et par l’absence de conséquence cardio-respiratoire sauf dans <strong>le</strong>s thorax en entonnoir de<br />

la maladie de Marfan. Le traitement est orthopédique par corset dans <strong>le</strong>s thorax en carène en fin de<br />

croissance et chirurgical dans <strong>le</strong>s grandes déformations en fin de croissance lorsque la déformation<br />

n’est pas acceptée sur <strong>le</strong> plan esthétique.<br />

Le kyste synovial du creux poplité est de découverte fortuite ou par des dou<strong>le</strong>urs chroniques de type<br />

mécanique. La voussure est visib<strong>le</strong> genou en extension ,de siège interne <strong>le</strong> plus souvent. Le diagnostic<br />

peut être confirmé par une échographie. Il faut <strong>le</strong> plus souvent ne rien faire car il disparaît<br />

spontanément dans 50 % des cas, mais la persistance d’un kyste douloureux peut justifier de son<br />

exérèse. Il faut pratiquer une IRM du genou si il existe des signes articulaires (penser à la synovite<br />

villo-nodulaire, la chondromatose synovia<strong>le</strong> ou un hémangiome synovial) ou si la masse du creux<br />

poplité est dure (penser à un synovialosarcome, une tumeur desmoïde ou nerveuse).


Objectifs :<br />

Objectifs terminaux<br />

Suivi d’un nourrisson, d’un enfant et d’un ado<strong>le</strong>scent normal :<br />

Dépistage des troub<strong>le</strong>s visuels et auditifs<br />

Auteurs : Odi<strong>le</strong> Kremp (Lil<strong>le</strong>), Michel Roussey, Pasca<strong>le</strong> Gronnier<br />

Assurer <strong>le</strong> suivi d’un nourrisson, d’un enfant et d’un ado<strong>le</strong>scent normaux.<br />

Argumenter <strong>le</strong>s modalités de dépistage et de prévention des troub<strong>le</strong>s de la vue et de l’ouie.<br />

Objectifs pédagogiques intermédiaires<br />

Réaliser un examen clinique systématique orienté en fonction de l’âge.<br />

Interpréter <strong>le</strong>s données morphométriques.<br />

Décrire <strong>le</strong>s modalités du dépistage des troub<strong>le</strong>s de la vue et de l’ouie.<br />

Renseigner et utiliser <strong>le</strong> carnet de santé.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

Première partie : examen de l’enfant orienté en fonction de son âge<br />

Faq 1 - L'enfant de la naissance à 24 mois<br />

Faq 2 - L'enfant de 2 à 5 ans : médecine scolaire<br />

Faq 3 - L'enfant d'âge scolaire<br />

Faq 4 - L'ado<strong>le</strong>scent<br />

Deuxième partie : Le dépistage des troub<strong>le</strong>s de la vue<br />

Introduction<br />

Faq 5 - Examen de la vision au cours de la première année de vie<br />

Faq 6 - Mesure de l'acuité visuel<strong>le</strong><br />

Faq 7 - Examen de la vision des cou<strong>le</strong>urs<br />

Faq 8 - Dépistage du strabisme<br />

Troisième partie : Le dépistage des troub<strong>le</strong>s de l’audition<br />

Introduction<br />

Faq 9 - Rappel anatomopathologique<br />

Faq 10 - Etiologie<br />

Faq 11 - Examen de l'audition à la naissance<br />

Faq 12 - Après la naissance<br />

Conclusion


Introduction<br />

Attention : La question 33 comporte éga<strong>le</strong>ment une partie « Dépistage des anomalies orthopédiques »<br />

(traitée éga<strong>le</strong>ment dans ce campus et répondant à l’objectif terminal suivant : Argumenter <strong>le</strong>s<br />

modalités de dépistage et de prévention des principa<strong>le</strong>s anomalies orthopédiques).<br />

Le suivi d’un nourrisson et d’un enfant normal comporte différents éléments, qui doivent être recueillis<br />

au cours d’examens réguliers et systématiques (tab<strong>le</strong>au 1) ; ceux-ci peuvent être réalisés par <strong>le</strong><br />

service de Protection Maternel<strong>le</strong> et Infanti<strong>le</strong> (PMI), en Médecine Scolaire, ou en médecine de vil<strong>le</strong> par<br />

<strong>le</strong>s médecins généralistes ou <strong>le</strong>s pédiatres qui sont amenés à voir <strong>le</strong>s enfants. Certains sont<br />

obligatoires, et trois donnent lieu à la rédaction d’un certificat de santé. Un des éléments clé de la<br />

surveillance de ce suivi est <strong>le</strong> carnet de santé, sur <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s différents intervenants se doivent de<br />

consigner <strong>le</strong>urs observations.<br />

Première partie : examen de l’enfant orienté en fonction de son âge<br />

Faq 1 - L'enfant de la naissance à 24 mois<br />

Les examens systématiques doivent comporter, une évaluation de la croissance staturo-pondéra<strong>le</strong><br />

afin de dépister <strong>le</strong> plus tôt possib<strong>le</strong> un ra<strong>le</strong>ntissement, un examen soigneux du nourrisson déshabillé<br />

dans de bonnes conditions, appareil par appareil, prenant en compte l’évolution des paramètres<br />

physiologiques en fonction de l'âge, et une discussion avec <strong>le</strong>s parents autour des principa<strong>le</strong>s<br />

mesures d’éducation à la santé.<br />

En moyenne <strong>le</strong>s nourrissons grossissent de 20 à 30 grammes par jour <strong>le</strong>s premiers mois. Ils doub<strong>le</strong>nt<br />

<strong>le</strong>ur poids de naissance à 5 mois, <strong>le</strong> trip<strong>le</strong>nt à un an. La croissance du périmètre crânien est en<br />

moyenne de 3 cm <strong>le</strong> premier mois, 2 cm <strong>le</strong> deuxième mois, 1 cm <strong>le</strong> troisième mois, 3 cm <strong>le</strong> deuxième<br />

trimestre, et 3 cm <strong>le</strong> deuxième semestre. El<strong>le</strong> est fondamenta<strong>le</strong> car el<strong>le</strong> reflète la croissance du<br />

cerveau. La tail<strong>le</strong> moyenne est de 76 cm à un an, de 100 cm à quatre ans. L’évaluation de la<br />

croissance prend en compte dans <strong>le</strong>s premiers mois <strong>le</strong> terme et <strong>le</strong> poids de naissance, et plus tard la<br />

tail<strong>le</strong> des parents et de la fratrie.<br />

C'est pendant cette période où <strong>le</strong>s acquisitions psychomotrices sont rapides que doivent être<br />

dépistées <strong>le</strong>s anomalies motrices et sensoriel<strong>le</strong>s. Des conseils diététiques et hygiéniques seront<br />

donnés et la prescription systématique de vitamine D pour la prévention du rachitisme (en tenant<br />

compte de l’apport contenu dans <strong>le</strong>s laits 1er et 2ème âge) et de fluor pour prévenir <strong>le</strong>s caries, sera<br />

faite. Les vaccinations obligatoires et recommandées seront pratiquées selon <strong>le</strong> ca<strong>le</strong>ndrier prévu par<br />

<strong>le</strong> Comité Technique des vaccinations. (question 76).<br />

1) Le 1er examen avant <strong>le</strong> 8ème jour de vie<br />

Il est réalisé généra<strong>le</strong>ment avant la sortie de la maternité et est détaillé dans la question 23.<br />

2) Les examens mensuels au cours des quatre premiers mois<br />

Vers 3 à 5 mois, <strong>le</strong>s réf<strong>le</strong>xes archaïques disparaissent. L'hypertonie des membres s'atténue et va<br />

faire place à une hypotonie.<br />

Simultanément, apparaissent :<br />

- <strong>le</strong> maintien de la tête qui doit être tenue ferme à deux mois,<br />

- l'ouverture des mains,<br />

- <strong>le</strong> redressement du tronc : en position assise, on voit la courbure dorsa<strong>le</strong> disparaître d'abord dans la<br />

partie supérieure.<br />

Les examens s'attacheront à suivre <strong>le</strong> développement des fonctions oculomotrices :<br />

- réf<strong>le</strong>xes posturaux avec la disparition de la manœuvre des "yeux de poupée", apparition des<br />

mouvements conjugués des yeux entre eux, puis des yeux et de la tête ;<br />

- réaction sensori-motrice à la vue d'un objet : fixation oculaire puis convergence et poursuite oculaire,<br />

faisant appel progressivement à la rotation synergique des yeux et de la tête.<br />

L'enfant, enfin, entre en contact avec son entourage auquel il répond avec un regard vif, éclairant et,<br />

dès 2-3 mois, l'apparition du sourire à la vue d'un visage humain animé.


Le cinquième examen systématique, celui effectué à quatre mois, est détaillé dans <strong>le</strong> carnet de<br />

santé bien que ne donnant pas lieu à production d'un certificat médical. A cet âge, en effet, <strong>le</strong> maintien<br />

de la tête doit être obtenu ainsi que <strong>le</strong> sourire-réponse ; l’enfant sur <strong>le</strong> ventre s’appuie sur <strong>le</strong>s avantbras.<br />

Le régime alimentaire doit commencer à se diversifier et <strong>le</strong>s premières vaccinations doivent avoir<br />

été entreprises.<br />

3) De quatre à huit mois<br />

L'enfant entre dans une phase d'hypotonie des membres, alors que l'axe corporel offre un<br />

renforcement de son tonus actif. Au contrô<strong>le</strong> statique et dynamique de la tête, succède <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong><br />

statique et dynamique de la station assise. Malgré l'hypotonie de ses membres inférieurs, l'enfant<br />

commence à pouvoir se redresser sur ses pieds de façon brève : c'est <strong>le</strong> stade du "sauteur".<br />

A cet âge va se développer la préhension : la station assise permet à l'enfant de développer sa<br />

perception d'un espace à trois dimensions et la notion de relief. Il aperçoit l'objet et veut <strong>le</strong> saisir. La<br />

main incertaine tombe en planant et l'enfant cherche à saisir l'objet en ratissant. Puis la préhension va<br />

s'améliorer mais demeure grossière, se faisant par <strong>le</strong> bord cubital et la paume.<br />

A 6 mois, l'enfant a une alimentation diversifiée.<br />

Les premières vaccinations sont terminées. Il tient parfaitement la tête et <strong>le</strong> tronc quand il est<br />

maintenu en position assise, il s'oriente en tournant la tête vers la source d'un bruit. En décubitus<br />

ventral, il soulève la tête et <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s. Couché sur <strong>le</strong> ventre, il passe en décubitus dorsal. La<br />

préhension est encore palmaire, il attrape un objet sur une tab<strong>le</strong> et peut <strong>le</strong> passer d'une main à l'autre.<br />

Il différencie <strong>le</strong>s visages familiers et étrangers, sourit devant un miroir, gazouil<strong>le</strong>. C'est à cet âge<br />

éga<strong>le</strong>ment qu'il faut détecter la persistance d'un strabisme.<br />

Entre 7 et 12 mois, la préhension passe du bord cubital au bord radial et de la paume de la main vers<br />

l'extrémité des doigts, avec d'abord une participation du pouce puis la préhension fine entre <strong>le</strong> pouce<br />

et l'index. A 12 mois, l'enfant prend une pastil<strong>le</strong> et la remet dans <strong>le</strong> flacon. Ce test permet d'apprécier<br />

la vision, la préhension et <strong>le</strong> développement intel<strong>le</strong>ctuel.<br />

4) Examen du neuvième mois<br />

Cet examen donne lieu à la rédaction du deuxième certificat obligatoire. Son but est :<br />

- d'apprécier l'évolution de la croissance et <strong>le</strong> développement psychomoteur ;<br />

- de rechercher des malformations ou anomalies méconnues lors des examens antérieurs. (souff<strong>le</strong><br />

systolique)<br />

- de dépister des anomalies neurologiques et en particulier sensoriel<strong>le</strong>s ;<br />

- de vérifier que <strong>le</strong>s vaccinations recommandées ont bien été appliquées (Diphtérie, Tétanos,<br />

Poliomyélite, Coqueluche, Haemophilus influenzae b, Hépatite B, Pneumocoque) (question 76).<br />

La consultation du carnet de santé et l'entretien avec la mère permettent de connaître rapidement<br />

<strong>le</strong>s antécédents de l'enfant et, en particulier, son état lors de l'examen du huitième jour.<br />

* <strong>le</strong>s affections et <strong>le</strong>s hospitalisations survenues depuis cette période et notamment la survenue<br />

possib<strong>le</strong> de convulsions.<br />

* <strong>le</strong>s pratiques alimentaires. A cet âge l'enfant doit être à quatre repas pris à la cuillère, avoir un<br />

régime diversifié, l'apport lacté doit encore être de 500 ml par jour de lait 2ème âge. Il doit recevoir un<br />

apport vitaminique suffisant (jus de fruits ou hydrosols polyvitaminés, vitamine D 800 à 1200 unités<br />

par jour) et du fluorure de sodium (0,25 - 0,50 mg/j).<br />

* <strong>le</strong>s conditions de vie : conditions de l'habitat, mode de garde de l'enfant : soit la mère à la maison,<br />

soit, si el<strong>le</strong> travail<strong>le</strong>, garde à la maison, (par qui ?), placement chez une assistante maternel<strong>le</strong>, en<br />

crèche traditionnel<strong>le</strong> ou familia<strong>le</strong>.<br />

* La durée du sommeil : norma<strong>le</strong>ment, l'enfant doit dormir 11 à 12 heures la nuit, 1H30 <strong>le</strong> matin, 2 à<br />

3 heures l'après-midi. On notera la prise éventuel<strong>le</strong> de médicaments, notamment de sédatifs <strong>le</strong> soir,<br />

devant faire rechercher un troub<strong>le</strong> de la relation de l'enfant et de son entourage.<br />

On commencera d'abord par <strong>le</strong>s épreuves sensoriel<strong>le</strong>s et psychomotrices, sans déshabil<strong>le</strong>r l'enfant,<br />

en <strong>le</strong> laissant assis dans <strong>le</strong>s bras de sa mère.<br />

Le développement somatique est apprécié par la prise de mensurations : poids, tail<strong>le</strong>, périmètre<br />

crânien. Les chiffres trouvés seront reportés sur <strong>le</strong>s courbes de croissance du carnet de santé qui,<br />

régulièrement tenues, permettent immédiatement de porter un jugement sur la vitesse de croissance.<br />

En moyenne, un nourrisson de 9 mois mesure 70 cm, pèse 8,5 kg, a un périmètre crânien de 45 cm.<br />

- Le gain pondéral est important : 5 à 6 kgs depuis la naissance, mais une courbe de poids excessive,<br />

dépassant notamment <strong>le</strong> 97ème percenti<strong>le</strong>, conduit à rechercher une erreur de régime. A l'inverse,


une courbe de poids insuffisante doit faire penser à une carence d'apport ou une maladie digestive<br />

(maladie cœliaque, mucoviscidose).<br />

- La croissance en tail<strong>le</strong> est très rapide : l'enfant, en un an, va grandir de 20 centimètres. Une<br />

insuffisance du développement statural sans déficit pondéral doit faire penser à une hypothyroïdie et<br />

faire pratiquer une mesure de l'âge osseux et un dosage de la TSH et de la T4. Une insuffisance<br />

staturo-pondéra<strong>le</strong> harmonieuse oriente vers une lésion organique (cardiopathie, néphropathie), une<br />

infection chronique ou récidivante (examen des urines) ou un problème psychosocial.<br />

- La mesure du périmètre crânien est importante puisqu'el<strong>le</strong> reflète <strong>le</strong> développement du cerveau. A<br />

cet âge, la fontanel<strong>le</strong> antérieure est fermée mais on constate encore une dépression à son niveau. Un<br />

périmètre crânien excessif doit faire songer à une hydrocéphalie ou à un épanchement sous-dural<br />

après avoir éliminé une macrocéphalie familia<strong>le</strong>. A l'opposé, un périmètre crânien insuffisant traduit<br />

une microcéphalie invitant à rechercher des signes neurologiques anormaux et un retard du<br />

développement psychomoteur.<br />

Beaucoup plus exceptionnel<strong>le</strong>ment, la forme spécia<strong>le</strong> du crâne avec soudure précoce des sutures et<br />

disparition des fontanel<strong>le</strong>s, fera porter <strong>le</strong> diagnostic de craniosténose.<br />

Dès l'inspection, on pourra remarquer une pâ<strong>le</strong>ur cutanéo-muqueuse liée à l'anémie hypochrome si<br />

fréquente à cet âge, que confirmera un taux d'hémoglobine inférieur à 11 grammes pour 100 ml. Cette<br />

anémie est faci<strong>le</strong>ment corrigée par un régime apportant du fer et on sait qu'el<strong>le</strong> peut être prévenue par<br />

un régime correct (apportant céréa<strong>le</strong>s et légumes verts) et l'utilisation des "laits de suite", enrichis en<br />

fer.<br />

On notera l'état de la peau : l'évolution des angiomes plans ou tubéreux signalés précédemment,<br />

l'existence éventuel<strong>le</strong> d'une dermite ou d'un eczéma. Enfin, on recherchera soigneusement comme<br />

précédemment l'existence d'une cyanose discrète pouvant s'exagérer au cri et invitant à rechercher<br />

une cardiopathie.<br />

L'auscultation cardiaque peut révé<strong>le</strong>r un souff<strong>le</strong> passé inaperçu jusque là. [On recherchera des<br />

symptômes d'accompagnement et une radiographie du thorax ainsi qu'un é<strong>le</strong>ctrocardiogramme seront<br />

éventuel<strong>le</strong>ment demandés. Il ne faut pas inquiéter inuti<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s parents mais <strong>le</strong> souff<strong>le</strong> sera suivi<br />

lors des examens ultérieurs. ]<br />

L’audition est testée par la voix chuchotée en donnant <strong>le</strong> prénom de l'enfant, en prenant soin de<br />

mettre la main devant la bouche et en sachant "calibrer" sa voix autour de 20 décibels. On peut utiliser<br />

éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s jouets sonores. L'enfant, à cet âge, tourne la tête vers la source sonore à l'horizonta<strong>le</strong><br />

ou vers <strong>le</strong> bas. Les mois suivants, il regardera vers <strong>le</strong> haut. En cas de non-réponse, on peut utiliser <strong>le</strong>s<br />

bruits familiers : bruit de la cuillère sur la timba<strong>le</strong> ou <strong>le</strong> biberon, par exemp<strong>le</strong>.<br />

L'appareil oculaire sera examiné soigneusement avec une source lumineuse, la meil<strong>le</strong>ure étant cel<strong>le</strong><br />

d'un ophtalmoscope. Les grosses malformations, <strong>le</strong>s mouvements anormaux auront probab<strong>le</strong>ment été<br />

re<strong>le</strong>vés antérieurement et l'examen visera essentiel<strong>le</strong>ment à dépister un strabisme. Le test du ref<strong>le</strong>t<br />

pupillaire de la lampe est imprécis et on aura recours au test de couverture (cover test). En masquant<br />

un oeil, on note si l’œil opposé, prenant la fixation, bouge, ou bien en découvrant l’œil, on note s'il<br />

reste fixe ou au contraire, bouge pour prendre la fixation. Un strabisme persistant à cet âge nécessite<br />

un examen ophtalmologique spécialisé.<br />

Il est diffici<strong>le</strong> de mesurer l'acuité visuel<strong>le</strong> à cet âge et <strong>le</strong> système des bou<strong>le</strong>s calibrées de Sheridan<br />

n'est pas utilisé en France. Par contre, un retard dans l'évolution de la préhension doit faire rechercher<br />

un troub<strong>le</strong> de la vision. De même, une vive réaction lorsqu'on cache un oeil peut déjà faire évoquer<br />

une mauvaise vision de l’œil opposé (test d'échappement).<br />

On terminera cette partie de l'examen par celui de la cavité bucca<strong>le</strong> : <strong>le</strong>s premières incisives<br />

apparaissent en moyenne à 6 mois. En moyenne, à 9 mois, <strong>le</strong>s quatre incisives médianes sont<br />

présentes, l'éruption des incisives latéra<strong>le</strong>s est en cours.<br />

On examinera aussi <strong>le</strong>s tympans, surtout si l'enfant a déjà présenté une ou plusieurs otites.<br />

Une attention particulière sera apportée à l'étude du développement psychomoteur et mental.<br />

C'est un examen qui demande patience et douceur et ne peut être bien fait qu'avec la participation de<br />

l'enfant et de la mère. On utilisera <strong>le</strong> test de Brunet-Lézine ou la version française du test de Denver,<br />

qui permet de mieux apprécier <strong>le</strong>s variations individuel<strong>le</strong>s qui existent norma<strong>le</strong>ment. Ces tests étudient<br />

la motricité globa<strong>le</strong>, la motricité fine, <strong>le</strong> langage et la sociabilité.<br />

A cet âge, l'ang<strong>le</strong> poplité est ouvert à 160°, l'ang<strong>le</strong> des adducteurs à 140° et dans la manœuvre du<br />

foulard, <strong>le</strong> coude dépasse la ligne médiane. L'enfant commence à s'asseoir seul et la station assise


sans appui, <strong>le</strong> dos droit, est généra<strong>le</strong>ment acquise à la fin du 8è mois. Il commence à se déplacer "à<br />

quatre pattes" ou en se propulsant sur son arrière train. La station debout avec appui est acquise avec<br />

proéminence des fesses. L'enfant, couché sur <strong>le</strong> dos, se retourne tout seul à plat ventre.<br />

Pour l'observation de la motricité, du tonus et des réf<strong>le</strong>xes ostéo-tendineux, on recherchera une<br />

asymétrie entre <strong>le</strong>s deux hémicorps, une spasticité. On vérifiera la présence des réponses postura<strong>le</strong>s<br />

norma<strong>le</strong>s à cet âge (signes du parachute, signe du plongeon), dont l'absence ou l'asymétrie peut<br />

traduire un déficit mineur :<br />

- signe du parachute : l'enfant en position assise étend <strong>le</strong> bras pour parer à la chute s'il est poussé<br />

latéra<strong>le</strong>ment par l'observateur<br />

- signe du plongeon : l'enfant, projeté brusquement en avant vers <strong>le</strong> plan d'examen par l'observateur,<br />

répond par un mouvement de défense associant extension des membres supérieurs et ouverture des<br />

mains pour parer à la chute.<br />

La préhension s'affine : prise pouce-index. L'enfant prend un cube dans chaque main, joue à frapper<br />

deux objets, examine une clochette et va la faire tinter, joue à jeter ses jouets, mange seul un biscuit.<br />

Sur <strong>le</strong> plan du langage, <strong>le</strong> babil est remplacé par des onomatopées que l'enfant va répéter : ba, pa,<br />

da, ma ; il réagit à son prénom.<br />

L'enfant sait distinguer <strong>le</strong>s étrangers de son entourage familier. Toute séparation déc<strong>le</strong>nche de vives<br />

réactions d'angoisse et des p<strong>le</strong>urs. C'est la réaction de l'angoisse des huit mois (Spitz).<br />

5) Evolution de 9 à 24 mois<br />

Au cours du dernier trimestre de la première année, <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de la station debout s'affirme et<br />

l'enfant est capab<strong>le</strong> de faire quelques pas tenu par <strong>le</strong>s mains.<br />

De 12 à 18 mois, apparaît la marche indépendante : l'enfant va pouvoir explorer l'espace lointain et<br />

faire certains apprentissages.<br />

Après 18 mois, <strong>le</strong>s progrès de la marche sont rapides : l'enfant va pouvoir monter seul sur <strong>le</strong>s pieds,<br />

un escalier qu'il gravissait depuis quinze mois environ à quatre pattes. Puis il va <strong>le</strong>s descendre. Il va<br />

marcher à reculons, commencer à lancer une bal<strong>le</strong>, à donner un coup de pied dans la bal<strong>le</strong>.<br />

Dans la station debout, il présente une lordose lombaire et un genu valgum avec pieds plats qui<br />

peuvent persister jusqu'à 6 et 7 ans.<br />

Sa motricité fine se développe : il met et retire une pastil<strong>le</strong> d'un flacon, il commence à faire une tour<br />

avec des cubes, il gribouil<strong>le</strong> avec un crayon.<br />

Dans cette période, <strong>le</strong> langage se développe : entre 12 et 18 mois, ce sont <strong>le</strong>s premiers mots,<br />

exclamations ou onomatopées avec attribution d'une va<strong>le</strong>ur significative. On arrive au mot-phrase :<br />

"maman" signifie aussi bien "j'appel<strong>le</strong> maman" que "voilà maman qui arrive" ou "voilà <strong>le</strong> sac de<br />

maman". A 18 mois, apparaissent <strong>le</strong>s premières associations de mots : "papa parti". Entre 24 et 27<br />

mois, <strong>le</strong> vocabulaire s'enrichit mais <strong>le</strong> langage reste encore enfantin. Entre 27 et 30 mois, c'est<br />

l'apparition du "Je" qui implique que l'enfant s'individualise en tant que personne, puis apparaissent<br />

des phrases de 3 ou 4 mots. A 36 mois, la syntaxe est bonne.<br />

Cette évolution du phonème à la syllabe, au mot puis à la phrase, se fait dans un ordre de succession<br />

strict bien que l'apparition des différents stades puisse varier suivant <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités, <strong>le</strong>s niveaux<br />

socio-économiques, <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s et même, au sein d'une même famil<strong>le</strong>, d'un enfant à l'autre. Le<br />

langage, encore plus que <strong>le</strong> développement psychomoteur est fonction de la qualité affective et<br />

culturel<strong>le</strong> du milieu, mais <strong>le</strong> langage ne peut se constituer si la perception auditive est déficiente.<br />

Les réactions socia<strong>le</strong>s de l'enfant sont de plus en plus nombreuses : il demande en montrant du doigt,<br />

il imite <strong>le</strong>s actions simp<strong>le</strong>s, se sert d'une cuillère, enlève un vêtement, demande son pot, demande à<br />

boire, à manger, reconnaît des images, montre <strong>le</strong>s parties du corps...<br />

Ce développement des fonctions cognitives peut être suivi par l'examen clinique et la pratique des<br />

tests (de Gesell ou en France, Brunet-Lézine, Test de Denver,...)<br />

Ces tests aboutissent à donner un âge de développement psychomoteur, soit global, soit par secteur<br />

de développement (QD) mais il s'agit d'une estimation du moment, qui ne permet pas de prévoir<br />

l'évolution et de porter un jugement définitif.<br />

Les conditions de vie sont d'une importance capita<strong>le</strong> pour l'édification optima<strong>le</strong> de la personnalité, car<br />

<strong>le</strong>s capacités d'adaptation du jeune enfant aux variations des conditions de vie sont faib<strong>le</strong>s et la<br />

méconnaissance de sa fragilité risque d'entraîner des destructurations importantes.<br />

Rappelons enfin que c'est au cours de la deuxième année que doivent être pratiqués :<br />

- <strong>le</strong>s injections de rappel des vaccinations Diphtérie-Tétanos-Poliomyélite-Coqueluche-Haemophilus<br />

influenzae b, Hépatite B,<br />

- <strong>le</strong>s vaccinations recommandées : rougeo<strong>le</strong>, oreillons, rubéo<strong>le</strong>, éventuel<strong>le</strong>ment Pneumocoque.


6) Examen du 24ème mois<br />

C'est au terme de cet examen qu'est rédigé <strong>le</strong> troisième certificat médical obligatoire.<br />

Au cours de l'examen, sera effectué un bilan du développement somatique, neurologique et<br />

psychoaffectif de l'enfant. Le terme "bilan" implique qu'on envisage l'évolution de ces différents<br />

paramètres et qu'on étudie <strong>le</strong>s différents facteurs, non seu<strong>le</strong>ment médicaux mais aussi familiaux et<br />

sociaux qui interviennent dans cette évolution.<br />

L'examen peut permettre de déce<strong>le</strong>r une anomalie jusque là passée inaperçue ou nouvel<strong>le</strong>ment<br />

extériorisée, de suivre l'évolution d'une anomalie antérieurement diagnostiquée et traitée.<br />

L'examen sera fait en présence de la mère ou mieux des parents, permettant d'apprécier <strong>le</strong>s relations<br />

des parents et de l'enfant et même des parents entre eux. C'est aussi l'occasion d'établir un dialogue<br />

et donner des conseils aux parents. L'interrogatoire et l'examen du carnet de santé renseignent sur <strong>le</strong>s<br />

affections qu'a pu présenter l'enfant : infections respiratoires, notamment des voies aériennes<br />

supérieures, otites, plus rarement infections urinaires qui ont dû faire penser à une malformation de<br />

l'appareil urinaire et, enfin, convulsions, allant de la convulsion hyper-pyrétique aux différentes formes<br />

de comitialité.<br />

A deux ans, l'enfant est capab<strong>le</strong> de manger seul à la cuillère et doit recevoir une alimentation<br />

diversifiée et équilibrée, comportant un bon apport vitaminique (l'apport systématique de vitamine D<br />

est recommandée jusqu'à l'âge de 18 mois puis l'hiver en fonction de l'enso<strong>le</strong>il<strong>le</strong>ment) et 0,50 à 0,75<br />

mg de fluorure de sodium. On recommandera de ne pas donner<br />

De glucides entre <strong>le</strong>s repas.<br />

Le sommeil nocturne est de 12 heures et après <strong>le</strong> déjeuner, l'enfant dort 1 à 2 heures.<br />

Les mensurations préciseront <strong>le</strong> poids, la tail<strong>le</strong>, <strong>le</strong> périmètre crânien.<br />

Tail<strong>le</strong> (cm) Poids (kg)<br />

Périmètre crânien<br />

(cm)<br />

Garçons 85,6 ± 3 12,8 ± 1,20 49 ± 1,2<br />

Fil<strong>le</strong>s 84,3 ± 3,1 11,6 ± 1,16 47,5 ± 1,5<br />

(d'après Sempé)<br />

Surtout, l'enregistrement de ces mensurations sur <strong>le</strong> carnet de santé et la mise à jour des courbes<br />

permettront de juger la vitesse de croissance. Tout retard de croissance staturo-pondéra<strong>le</strong> devra faire<br />

rechercher la cause.<br />

L'éruption dentaire n'est pas encore terminée mais 16 dents existent déjà sur 20 qui marquent la<br />

dentition de lait.<br />

L'examen général n'a rien de particulier, mis à part l'hypotonie propre à cet âge. On regardera,<br />

comme à 9 mois, l'état de la peau et de la cavité bucca<strong>le</strong>.<br />

L'examen sensoriel est déjà plus faci<strong>le</strong> mais <strong>le</strong>s gros troub<strong>le</strong>s auront été dépistés auparavant. Il se<br />

peut que <strong>le</strong> strabisme n'ait pas encore été diagnostiqué.<br />

L'attention peut être attirée par des petits signes : clignement des yeux ou attitude tête penchée,<br />

enfant indifférent à des jouets, enfant qui bute ou tombe souvent.<br />

La mesure de l'acuité visuel<strong>le</strong> peut se faire par <strong>le</strong>s jouets miniaturisés de Sheridan (peu connus en<br />

France) ou, pour une partie des enfants, par <strong>le</strong>s tests images notamment ceux de l'échel<strong>le</strong> de<br />

Pigassou.<br />

Il y aura intérêt à demander systématiquement l'examen par un ophtalmologiste lorsque existent des<br />

antécédents familiaux. L'étude de la réfraction sur cyclopégie permettra de préciser et de corriger une<br />

myopie, une hypermétropie (norma<strong>le</strong> de 1 à 2 dioptries à cet âge), un astigmatisme. Il faut insister sur<br />

l'anisométropie (différence de réfraction entre <strong>le</strong>s deux yeux) souvent responsab<strong>le</strong> d'amblyopie.<br />

Pour l'audition, un certain nombre de signes peuvent attirer l'attention : l'entourage a noté que l'enfant<br />

ne tourne pas la tête lorsqu'on l'appel<strong>le</strong>, lorsqu'une porte se ferme vio<strong>le</strong>mment, quand on entre dans<br />

la pièce, que l'enfant est apathique avec parfois des colères vio<strong>le</strong>ntes. C'est souvent, nous l'avons vu,<br />

des troub<strong>le</strong>s du langage, qui doivent conduire à rechercher une audition déficiente. L'audition sera<br />

testée comme au 9ème mois.


L'examen neuropsychique sera pratiqué minutieusement, notamment avec l’aide du test de Denver.<br />

L’enfant est devenu indépendant, il marche, il peut monter un escalier. Cette indépendance se<br />

manifeste par <strong>le</strong> désir de faire des choses lui-même et d'imiter quelques actions domestiques. Le<br />

langage se développe et va lui permettre d'exprimer ses propres idées et de communiquer avec son<br />

entourage.<br />

L'examen se dérou<strong>le</strong>ra comme <strong>le</strong>s précédents ; pendant l'entretien avec la mère (ou <strong>le</strong> père), l'enfant<br />

étant assis face à une tab<strong>le</strong> sur laquel<strong>le</strong> se trouvent des jouets : tasse, couvert, voiture, chaise,<br />

avion,... L'examinateur utilise un petit matériel (cubes en bois, une pièce de monnaie, une bouteil<strong>le</strong><br />

contenant une pastil<strong>le</strong> colorée, un imagier). Ce matériel, préparé à l'avance, est toujours <strong>le</strong> même<br />

pour que l'examinateur en ait l'habitude et puisse comparer <strong>le</strong>s réactions des enfants.<br />

A cet âge, on s'enquérra de :<br />

- l'âge de la marche : depuis quand marche-t-il ?<br />

- du développement de langage : associe-t-il des mots ? Il est toujours diffici<strong>le</strong> de savoir combien<br />

l'enfant possède de mots. S'il ne par<strong>le</strong> pas, on demande à la mère si l'enfant comprend ce qui lui est<br />

dit ou bien obéit aux ordres qui lui sont donnés ; s'il répond lorsqu'on l'appel<strong>le</strong> d'une pièce voisine.<br />

Norma<strong>le</strong>ment il est capab<strong>le</strong> de faire de courtes phrases.<br />

- de la propreté : est-il propre, <strong>le</strong> jour, la nuit ?<br />

- de l'alimentation : essaye-t-il de manger seul, prend-il la tasse et boit-il à la tasse sans renverser son<br />

contenu ?<br />

- de sa participation à son habillage et à son déshabillage (dépend beaucoup de l'attitude de la mère),<br />

- de la façon dont il joue avec ses jouets.<br />

L'enfant doit être capab<strong>le</strong> d'identifier 4 parties de son corps (mains, nez, yeux, bouche, pieds). Il est<br />

capab<strong>le</strong> de construire une tour de 6 à 7 cubes ou par imitation d'associer des cubes pour faire un<br />

pont, un train. Il peut imiter un trait vertical et peut identifier 2 ou 3 objets usuels. En cas de doute,<br />

revoir l'enfant un ou deux mois plus tard et en cas d'anomalie certaine ou très probab<strong>le</strong>, demander<br />

l'avis d'un spécialiste.<br />

L'enfant, à cet âge, peut présenter des troub<strong>le</strong>s du comportement social. Le fait qu'il réalise son<br />

identité en tant qu'individu semb<strong>le</strong> à l'origine de ce qu'on appel<strong>le</strong> la phase d'opposition ou de<br />

négativisme : l'enfant dit non à tout, ce qui est, pour lui, une manière de s'affirmer. Il ne faut, ni vouloir<br />

briser bruta<strong>le</strong>ment la révolte de l'enfant par des châtiments, ni tomber dans l'excès contraire, inspiré<br />

par <strong>le</strong>s doctrines psychanalytiques d'un laxisme comp<strong>le</strong>t par crainte des frustrations et de "déviations".<br />

Il faut rechercher <strong>le</strong>s causes d'une apathie de l'enfant : tel<strong>le</strong> qu'on la voit dans l'hospitalisme, mais qui<br />

peut re<strong>le</strong>ver d'un insuffisance intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> ou même d'autisme.<br />

Dans <strong>le</strong> domaine affectif, c'est l'âge des passions pour <strong>le</strong> père et la mère ou <strong>le</strong>s aînés ; c'est aussi<br />

l'âge de la jalousie d'un frère ou d'une sœur plus petite. L'intérêt pour <strong>le</strong>s autres enfants est vif mais <strong>le</strong><br />

jeu est <strong>le</strong> plus souvent parallè<strong>le</strong>. Il y a aussi toute une série de rites : crainte de la nuit et de<br />

l'obscurité, besoin d'un compagnon en peluche.<br />

Rappelons enfin qu'à deux ans, toutes <strong>le</strong>s vaccinations et <strong>le</strong>urs rappels ont dû être faits, ce qu'on<br />

contrô<strong>le</strong>ra faci<strong>le</strong>ment en examinant <strong>le</strong>s pages vaccinations du carnet de santé.<br />

Faq 2 – L'enfant de 2 à 5 ans : médecine scolaire<br />

A trois ans, l'enfant quitte son milieu familial pour entrer à l'éco<strong>le</strong> maternel<strong>le</strong>. Durant trois ans, il<br />

bénéficiera de plusieurs examens systématiques dont un à trois ans, lors de son entrée à la<br />

maternel<strong>le</strong>, sous la responsabilité du service de la Protection Maternel<strong>le</strong> et Infanti<strong>le</strong> (PMI) et l'autre à<br />

cinq ans, sous cel<strong>le</strong> du Service de Promotion de la Santé en Faveur des Elèves (ex service de<br />

Médecine Scolaire).<br />

Certains pourraient penser que l'examen à 3 ans, quatorzième examen systématique succédant aux<br />

examens du 9ème et du 24ème mois qui ont donné lieu aux certificats, ne constitue qu'une simp<strong>le</strong><br />

formalité, tous <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s ayant été dépistés et traités auparavant. D'ail<strong>le</strong>urs, parents et médecins<br />

considèrent souvent que l'enfant à cet âge ne pose pas de problème.<br />

Bien au contraire, la quatrième année de vie constitue un âge c<strong>le</strong>f pour <strong>le</strong> dépistage des<br />

infirmités moyennes ou mineures et des inadaptations. En effet, à cet âge, on peut obtenir une<br />

certaine collaboration de l'enfant et <strong>le</strong>s tests deviennent plus précis. Le développement<br />

psychomoteur et intel<strong>le</strong>ctuel est devenu plus comp<strong>le</strong>t et permet une meil<strong>le</strong>ure exploration, même si<br />

avec l'âge, la dispersion des performances réalisées par l'enfant s'accroît. Ainsi en est-il du langage<br />

qui, au cours de la quatrième année de vie, doit être bien établi. Enfin, à cet âge, tous <strong>le</strong>s enfants<br />

français sont en classe maternel<strong>le</strong> ; l'examen bénéficie de cette scolarisation : possibilités d'avoir l'avis<br />

de l'enseignant, de revoir l'enfant au cours de l'année ou des années suivantes en cas de doute.


L'enfant de 3 ans possède une grande variété d'aptitudes physiques. Il se déplace rapidement,<br />

commence à sauter, à enjamber, il attrape et jette une bal<strong>le</strong>. Le langage bien établi lui permet de<br />

communiquer, de raconter des histoires, de donner libre cours à son imagination.<br />

L'examen scolaire devrait être pratiqué qu'après trois mois d'éco<strong>le</strong>, permettant de juger de l'adaptation<br />

de l'enfant à ce nouveau mode de vie.<br />

Le médecin dispose, avant l'examen, d'un certain nombre de documents :<br />

- Le carnet de santé, document confidentiel, propriété de la famil<strong>le</strong> qui naturel<strong>le</strong>ment a tout intérêt à<br />

<strong>le</strong> montrer au médecin examinateur. Très souvent, il est demandé par l'enseignant, ce qui est<br />

contraire au principe de confidentialité ; plusieurs circulaires ministériel<strong>le</strong>s l'ont rappelé : l'enseignant<br />

doit donc demander à la famil<strong>le</strong> de remettre <strong>le</strong> carnet au personnel de santé. Sa présentation et sa<br />

tenue varient selon <strong>le</strong> département mais <strong>le</strong> remplissage par la famil<strong>le</strong> et <strong>le</strong> médecin qui suit<br />

habituel<strong>le</strong>ment l'enfant donne déjà de bons renseignements sur la surveillance dont a bénéficié<br />

l'enfant Il peut servir d'introduction à l'entretien qui doit s'engager avec <strong>le</strong>s parents : on félicite <strong>le</strong>s<br />

parents amenant un carnet bien tenu, à l'opposé, on s'enquérra des raisons pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s pages<br />

sont peu ou pas remplies.<br />

- La fiche remplie par <strong>le</strong>s parents qui, en fait, reproduit <strong>le</strong>s renseignements trouvés dans <strong>le</strong> carnet<br />

de santé.<br />

- La fiche à remplir par l'enseignant est par contre un document fondamental. En effet, <strong>le</strong>s<br />

enseignants des éco<strong>le</strong>s maternel<strong>le</strong>s connaissent parfaitement <strong>le</strong>s possibilités de l'enfant et, après<br />

quelques semaines de présence à l'éco<strong>le</strong>, peuvent très bien déce<strong>le</strong>r certains anomalies dans son<br />

comportement : apathie ou au contraire, trop grande turbu<strong>le</strong>nce, agressivité, troub<strong>le</strong>s de la démarche,<br />

de la préhension, de la vue, de l'audition.<br />

- Les documents de la PMI : tout enfant suivi par <strong>le</strong> service de PMI possède une fiche dont <strong>le</strong> type<br />

est lui aussi très variab<strong>le</strong> suivant <strong>le</strong>s régions. Actuel<strong>le</strong>ment, il est demandé aux médecins de PMI<br />

d'utiliser <strong>le</strong> dossier de médecine scolaire puisque c'est <strong>le</strong> service qui effectuera <strong>le</strong>s examens de 5 ans<br />

et ne contient pas <strong>le</strong> compte-rendu des examens antérieurs. Le carnet de santé constitue donc <strong>le</strong><br />

meil<strong>le</strong>ur moyen de liaison.<br />

1) L'examen<br />

L'entretien avec <strong>le</strong>s parents peut débuter par l'examen du carnet de santé et, pour commencer, par<br />

l'étude des courbes de développement et la situation des vaccinations.<br />

Pendant la conversation avec <strong>le</strong>s parents, on demande à l'enfant, assis devant une tab<strong>le</strong> basse, de<br />

dessiner un bonhomme puis sa famil<strong>le</strong>. Le test du bonhomme de F. Goodenough est un test<br />

universel, faci<strong>le</strong> à pratiquer et à interpréter.<br />

La suite de l'examen peut varier selon l'examinateur. Toutefois, l'ordre suivant paraît satisfaisant.<br />

2) L'examen de la vision<br />

Les grosses lésions sont déjà connues. Mais, <strong>le</strong> strabisme peut avoir été méconnu car discret ou<br />

intermittent ou encore d'apparition récente ; il sera donc recherché par <strong>le</strong> test de couverture L'acuité<br />

visuel<strong>le</strong> sera mesurée par une échel<strong>le</strong> d'optotype.<br />

3) L'examen de l'audition<br />

Il est souvent diffici<strong>le</strong> à réaliser, dans des locaux mal adaptés, et l'enfant est encore trop jeune pour<br />

qu'on utilise l'audi-vérificateur : un petit nombre d'enfants de cet âge seu<strong>le</strong>ment accepte <strong>le</strong> casque et<br />

surtout, répond correctement en indiquant l'oreil<strong>le</strong> qui reçoit <strong>le</strong> son. On utilisera donc <strong>le</strong>s jouets<br />

sonores de Moatti ou plus simp<strong>le</strong>ment la voix chuchotée.<br />

Surtout, il convient de se rappe<strong>le</strong>r qu'à cet âge, <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s de l'audition entraînent un retard de<br />

l'acquisition du langage. Il faudra donc apprécier la force et la modulation des sons émis ainsi que <strong>le</strong><br />

vocabulaire qui doit être étendu et intelligib<strong>le</strong>. Ceci se fait en demandant à l'enfant son prénom et son<br />

nom de famil<strong>le</strong>, de dire son sexe, de voir s'il emploie <strong>le</strong> "je", <strong>le</strong> "moi", <strong>le</strong> "tu", s'il suit trois directions, s'il<br />

comprend :sur, dedans, faim, froid, fatigue,...<br />

En cas de mauvaise réponse et après avoir examiné <strong>le</strong>s oreil<strong>le</strong>s de l'enfant à la recherche d'un<br />

éventuel bouchon de cérumen, on étudiera <strong>le</strong> comportement de l'enfant dont certains traits ont déjà<br />

pu donner l'alarme.


4) L'examen général<br />

A cet âge, il ne comporte rien de particulier. On recherchera l'existence de hernies, surtout inguina<strong>le</strong>s<br />

qui, sauf contre-indication, auront dû être opérées. On examinera <strong>le</strong>s organes génitaux : prépuce,<br />

orifice de l'urètre à la recherche d'un hypospadias, la position des testicu<strong>le</strong>s.<br />

On examinera la cavité bucca<strong>le</strong>. L'enfant doit avoir ses 20 dents de lait. A l'aide d'une sonde et d'un<br />

miroir, on recherchera <strong>le</strong>s caries. Cel<strong>le</strong>s-ci sont fréquentes et on en profitera pour donner des conseils<br />

de prévention : brossage des dents après chaque repas, pas de sucreries entre <strong>le</strong>s repas, prise de<br />

fluorure de sodium (1 mg/j).<br />

5) L'examen de l'appareil locomoteur : il est systématique<br />

Se référer aux questions d’orthopédie infanti<strong>le</strong> 23, 33 et 299<br />

Le pied plat est la règ<strong>le</strong> à cet âge et ne doit surtout pas donner lieu au port de semel<strong>le</strong>s<br />

orthopédiques qui <strong>le</strong> rendraient permanent (question 299).<br />

Le pied dévié en dedans est lié à une antéversion exagérée du col fémoral, qui se corrigera au cours<br />

de la croissance.<br />

Si l'enfant ne pose pas bien son talon par terre, se méfier d'une hémiplégie fruste et pratiquer un<br />

examen neurologique minutieux (question 299).<br />

Au niveau du genou, <strong>le</strong> genou valgum est très fréquent et se constate au maximum à 4 ans : <strong>le</strong>s<br />

genoux se touchent et il existe en même temps un certain degré de récurvation. Il faut surveil<strong>le</strong>r<br />

l'évolution et la correction se fera généra<strong>le</strong>ment spontanément vers 6-7 ans (question 299).<br />

L'inégalité des membres inférieurs entraîne un déséquilibre du bassin et retentit sur la colonne<br />

vertébra<strong>le</strong>. On mesure la longueur des membres cliniquement et radiologiquement (question 33orthopédie).<br />

Au niveau de la colonne vertébra<strong>le</strong>, on note fréquemment, liée à l'hypotonie, une lordose lombaire<br />

due à la proéminence de l'abdomen, compensée par une cyphose dorsa<strong>le</strong>, anomalie sans gravité et<br />

qui se corrige avec <strong>le</strong> développement de la musculature de la paroi abdomina<strong>le</strong>. On peut découvrir<br />

une anomalie congénita<strong>le</strong> non décelée jusque là. L'existence d'une rotation vertébra<strong>le</strong>, traduction<br />

d'une scoliose structura<strong>le</strong>, malformation essentiel<strong>le</strong>, est beaucoup plus grave car évolutive (question<br />

33-orthopédie).<br />

Au niveau de la colonne cervica<strong>le</strong>, l'attitude penchée de la tête, d'un torticolis pouvant entraîner une<br />

asymétrie de la face et du crâne, nécessite une correction précoce (question 23-orthopédie) .<br />

Enfin, à cet âge, on s'attachera plus encore à l'étude du développement psychomoteur et<br />

intel<strong>le</strong>ctuel (question 32). Il ne s'agit pas de faire un examen comp<strong>le</strong>t spécialisé mais, par quelques<br />

items, d'apprécier si <strong>le</strong> développement de l'enfant est normal ou présente des anomalies nécessitant<br />

l'avis d'un spécialiste.<br />

L'examen recherchera :<br />

- des troub<strong>le</strong>s du langage : retard, langage "bébé", troub<strong>le</strong>s articulatoires souvent liés à une<br />

perturbation des relations de l'enfant et de son entourage ou à un troub<strong>le</strong> de l'audition ;<br />

- des troub<strong>le</strong>s du comportement à type d'inhibition, d'instabilité, de non-participation à la classe. Ce<br />

sont des manifestations <strong>le</strong> plus souvent bana<strong>le</strong>s mais qui peuvent marquer <strong>le</strong> début d'une<br />

structuration pathologique caractériel<strong>le</strong>, névrotique ou psychotique, donc à surveil<strong>le</strong>r ;<br />

- des troub<strong>le</strong>s psychosomatiques alimentaires, sphinctériens, du sommeil,...; dou<strong>le</strong>urs<br />

abdomina<strong>le</strong>s, eczéma, asthme,...<br />

- des difficultés de contrô<strong>le</strong> tonique et moteur souvent liées à un malaise relationnel de l'enfant et<br />

de son entourage et aggravées par la mauvaise tolérance de l'entourage. Ils aboutissent à l'instabilité<br />

psychomotrice avec troub<strong>le</strong>s de l'attention.<br />

- des dyspraxies, déficits de l'organisation et de la réalisation de certains gestes souvent liés à une<br />

désorganisation du schéma corporel et de l'organisation spatia<strong>le</strong>.<br />

La latéralité, c'est-à-dire la dominance fonctionnel<strong>le</strong> d'un côté du corps n'est pas encore bien établie<br />

à cet âge et ne peut guère être évaluée définitivement avant 6-7 ans. L'éducation joue un rô<strong>le</strong><br />

considérab<strong>le</strong> dans l'établissement de cette latéralisation. On la recherchera donc au niveau de la main<br />

(distribution des cartes, diadococinésie), de l’œil (visée), du pied (coup de pied dans <strong>le</strong> ballon, saut sur<br />

un pied) et si la dominance gauche semb<strong>le</strong> exister, on évitera certains dressages sociaux par<br />

contrainte ou simp<strong>le</strong>ment par l'exemp<strong>le</strong>.<br />

Pour faciliter cet examen psychomoteur, on peut encore, à cet âge, utiliser <strong>le</strong>s tests de Brunet-Lézine<br />

ou de Denver.


Certains enfants paraissent particulièrement à risque : ce sont ceux vivant dans un milieu familial<br />

perturbé ou dans des conditions socioculturel<strong>le</strong>s et économiques défavorab<strong>le</strong>s : transplantés, ethnies<br />

diverses, logement en cités d'urgence, bilinguisme, placements multip<strong>le</strong>s, non valorisation de l'éco<strong>le</strong>,<br />

parents séparés, parents alcooliques ou en hospitalisation psychiatrique.<br />

Ceci souligne la nécessité d'envisager l'enfant dans sa "globalité" et d'effectuer un travail d'équipe<br />

avec la collaboration des psychologues, des enseignants, des travail<strong>le</strong>urs sociaux.<br />

En terminant l'examen, non seu<strong>le</strong>ment on aura pu déce<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s éventuels, mais on aura dû<br />

évaluer <strong>le</strong>ur répercussion sur l'enfant et son entourage. Ceci conduit souvent à donner des conseils<br />

aux parents, ce qui nécessite une grande disponibilité du médecin.<br />

Faq 3 - L'enfant d'âge scolaire<br />

Alors que chez <strong>le</strong>s jeunes enfants, <strong>le</strong>s examens systématiques sont faits en PMI, par <strong>le</strong> médecin de<br />

famil<strong>le</strong> ou par <strong>le</strong> pédiatre, ils sont, chez l’enfant de plus de six ans réalisés <strong>le</strong> plus souvent dans <strong>le</strong><br />

cadre scolaire. La fréquentation du pédiatre diminue, et <strong>le</strong>s médecins de famil<strong>le</strong> interviennent surtout<br />

dans <strong>le</strong> cadre de pathologies aiguës. Cependant ces consultations peuvent être l’occasion de faire <strong>le</strong><br />

point sur la croissance, <strong>le</strong> statut vaccinal, <strong>le</strong>s problèmes orthopédiques, <strong>le</strong> démarrage de la puberté…<br />

1) Examen de la 6ème année<br />

Seul bilan systématique obligatoire, il doit être réalisé chez tous <strong>le</strong>s enfants en grande section de<br />

maternel<strong>le</strong> ou éventuel<strong>le</strong>ment en cours préparatoire pour <strong>le</strong>s enfants qui n’ont pu norma<strong>le</strong>ment<br />

satisfaire à cette obligation.<br />

L’examen est assez semblab<strong>le</strong> à celui décrit pour l’enfant de 3 ans : il se dérou<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> même<br />

établissement avec la coopération des enseignants qui doivent annoncer aux famil<strong>le</strong>s la visite et en<br />

fixer l’horaire. Le médecin disposera du carnet de santé et des fiches remplies par <strong>le</strong>s parents et<br />

l’enseignant ainsi que des documents transmis par la PMI.<br />

L’examen se dérou<strong>le</strong> comme précédemment.<br />

L’infirmière réalise <strong>le</strong>s examens biométriques et sensoriels plus faci<strong>le</strong>ment pratiqués à cet âge (Stycar<br />

vision test pour la vision, audivérification pour l’audition).<br />

Il en est de même de l’évaluation du développement intel<strong>le</strong>ctuel. Rappelons qu’un bon examen à 3 ou<br />

4 ans aura dû dépister <strong>le</strong>s infirmités et <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s de l’adaptation. Il s’agira donc plus souvent<br />

d’évaluer l’efficacité des mesures prises précédemment que de dépister des troub<strong>le</strong>s d’apparition<br />

récente. A cet âge, la latéralité doit s’affirmer et <strong>le</strong>s tests graphomoteurs et graphoperceptifs<br />

(reproduction d’un carré, d’un losange, d’une ligne spiralée) sont importants car permettent de juger<br />

de l’aptitude de l’enfant à l’écriture. Pour tout élève repéré, <strong>le</strong> bilan des compétences neurosensoriel<strong>le</strong>s<br />

nécessaire à l’apprentissage des langages sera effectué.<br />

Au terme de l’examen, <strong>le</strong> médecin et l’infirmière effectuent une synthèse en tenant compte non<br />

seu<strong>le</strong>ment des facteurs médicaux mais aussi du degré de maturité et des facteurs sociaux. Le<br />

médecin de l’Education Nationa<strong>le</strong> (MDEN) informera la famil<strong>le</strong>, <strong>le</strong> médecin de famil<strong>le</strong> et<br />

recommandera si nécessaire de prendre l’avis d’un spécialiste. Il s’entretiendra de la situation de<br />

l’enfant avec l’institutrice. Son rô<strong>le</strong> ne consiste pas seu<strong>le</strong>ment à soupçonner ou dépister l’anomalie<br />

mais à s’assurer qu’une suite est donnée à ce dépistage.<br />

2) Bilans infirmiers<br />

L’objectif visé est d’assurer <strong>le</strong> suivi des élèves entre <strong>le</strong>s bilans médicaux et faciliter la liaison avec<br />

l’équipe éducative à des moments-c<strong>le</strong>fs de la scolarité.<br />

On insiste particulièrement sur <strong>le</strong> dépistage des troub<strong>le</strong>s sensoriels et des troub<strong>le</strong>s de la statique et<br />

des troub<strong>le</strong>s articulaires. Il ne faut pas oublier que <strong>le</strong>s myopies ont tendance à s’accentuer entre 6 et<br />

12 ans et que <strong>le</strong>s déviations rachidiennes s’accentuent dans la période de forte croissance de la<br />

puberté.<br />

A partir des données recueillies auprès des infirmières chargées du dépistage et du suivi, il peut<br />

s’avérer nécessaire de faire <strong>le</strong> point sur l’état de santé de certains enfants et sur <strong>le</strong>s actions qu’il<br />

faudra promouvoir pour faciliter <strong>le</strong>ur adaptation dans <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> secondaire.<br />

3) Bilan de santé des élèves du cyc<strong>le</strong> 3 en zone d’éducation prioritaire


Un bilan médical de fin de scolarité primaire est progressivement mis en place dans <strong>le</strong>s zones<br />

d’éducation prioritaire notamment pour tous <strong>le</strong>s élèves signalés par <strong>le</strong>s infirmier(ère)s ou par l’équipe<br />

éducative.<br />

4) Examens « à la demande »<br />

La demande peut être exprimée par <strong>le</strong>s parents, l’élève lui-même, <strong>le</strong> médecin, l’infirmière, l’assistante<br />

socia<strong>le</strong> ou tout membre de l’équipe éducative.<br />

Ces examens sont offerts à tous <strong>le</strong>s jeunes enfants ou ado<strong>le</strong>scents et en particulier aux plus<br />

vulnérab<strong>le</strong>s ou défavorisés pour <strong>le</strong>squels il convient d’éviter qu’un déficit sensoriel ou somatique ne<br />

provoque ou n’aggrave l’échec scolaire. Ce sont des moments privilégiés pour proposer aux jeunes<br />

une écoute à <strong>le</strong>urs difficultés, <strong>le</strong>s aider à <strong>le</strong>s maîtriser pour une meil<strong>le</strong>ure intégration dans la vie<br />

scolaire ou socia<strong>le</strong>.<br />

Ces interventions s’inscrivent dans l’interval<strong>le</strong> et en complément des bilans de santé et permettent<br />

d’effectuer un suivi spécifique du jeune en situation scolaire.<br />

C’est éga<strong>le</strong>ment dans ce cadre que se situent :<br />

- <strong>le</strong> suivi des élèves en difficulté ;<br />

- <strong>le</strong> suivi particulier des élèves pour <strong>le</strong>squels une inaptitude à la pratique de l’éducation physique et<br />

sportive, tota<strong>le</strong> ou partiel<strong>le</strong>, supérieure à 3 mois consécutifs ou cumulée pour l’année scolaire en<br />

cours, a été prononcée ;<br />

- l’aide à l’intégration des enfants handicapés ou atteints d’une maladie chronique, avec la mise en<br />

place d’un projet d’accueil individualisé (PAI) réalisé en concertation avec <strong>le</strong>s parents, <strong>le</strong> ou <strong>le</strong>s<br />

médecins traitants de l’enfant, l’équipe éducative et l’équipe médica<strong>le</strong> scolaire ;<br />

- <strong>le</strong>s actions médico-psycho-pédagogiques concourant à l’adaptation et l’orientation des élèves,<br />

notamment par l’élaboration des dossiers traités et la participation aux travaux des commissions<br />

spécialisées ou de <strong>le</strong>urs équipes techniques.<br />

Les famil<strong>le</strong>s et, si el<strong>le</strong>s <strong>le</strong> souhaitent, <strong>le</strong>s médecins traitants doivent être informés de toute affection ou<br />

troub<strong>le</strong> découverts à l’occasion de ces examens. Le MDEN <strong>le</strong>ur donne tous conseils uti<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong>s<br />

orientations thérapeutiques souhaitab<strong>le</strong>s, sur <strong>le</strong>s possibilités offertes au niveau des réseaux d’aide<br />

spécialisés et des structures de soins ou de rééducation. Il donne éga<strong>le</strong>ment aux enseignants <strong>le</strong>s<br />

recommandations appropriées afin que toutes mesures soient prises pour faciliter la bonne adaptation<br />

des élèves.<br />

5) Interventions en situation d’urgence<br />

Pour la protection de l’enfant en danger, victime de mauvais traitements ou en cas de révélation<br />

d’abus sexuel, <strong>le</strong> médecin sera amené à faire une évaluation de la situation vécue par l’enfant et<br />

possib<strong>le</strong>ment un constat des lésions organiques ou des troub<strong>le</strong>s psychologiques induits par la<br />

maltraitance ; s’il constate que la santé ou <strong>le</strong> développement de l’enfant est compromis ou menacé, il<br />

en rend compte sans délai aux services départementaux compétents et/ou au procureur, selon <strong>le</strong>s<br />

modalités définies en liaison avec l’autorité judiciaire et <strong>le</strong>s services de l’Etat dans <strong>le</strong> département.<br />

En cas de maladies transmissib<strong>le</strong>s survenues en milieu scolaire (toxi-infections alimentaires,<br />

méningite à méningocoque, tuberculose…) <strong>le</strong> MDEN, en accord avec <strong>le</strong> médecin de la DDASS,<br />

conseil<strong>le</strong> <strong>le</strong> chef d’établissement dans l’application des mesures prophylactiques de protection<br />

individuel<strong>le</strong> ou col<strong>le</strong>ctive et se tient disponib<strong>le</strong> pour toutes informations uti<strong>le</strong>s auprès des enseignants<br />

et des parents d’élèves.<br />

Le MDEN peut être aussi amené à faire des interventions d’urgence en cas d’événement grave<br />

survenu dans une classe ou un établissement, tel qu’un décès accidentel ou un suicide d’un élève.<br />

Faq 4 - L'ado<strong>le</strong>scent<br />

Remarque : reprend en partie <strong>le</strong> contenu de la question 39<br />

1) Définition<br />

Le mot ado<strong>le</strong>scence vient du latin “ ado<strong>le</strong>scere “, croître, grandir. L’ado<strong>le</strong>scence est l’âge du<br />

changement , des transformations . C’est une période de transition, de passage, avec tout l’inconfort<br />

que cela comporte. Le début est relativement faci<strong>le</strong> à définir, avec l’apparition des signes pubertaires,


la fin est un phénomène plus psycho-social dont <strong>le</strong>s limites sont floues, reculées de nos jours par l’âge<br />

tardif de l’accession à l’autonomie matériel<strong>le</strong>, l’allongement de la durée des études. L’ado<strong>le</strong>scent n’est<br />

ni un enfant, ni un adulte, et un enfant et un adulte. Les transformations pubertaires marquent de<br />

manière visib<strong>le</strong> l’accession à cette période. Le corps d’enfant devient un corps sexué, capab<strong>le</strong> de vivre<br />

sa sexualité. L’ado<strong>le</strong>scent va devoir intégrer cette nouvel<strong>le</strong> image de son corps qui va de pair avec<br />

une modification de son rapport aux autres, la modification de son image va s’accompagner d’un<br />

modification de son être social, affectif, de son monde interne. On comprend que <strong>le</strong> corps à<br />

l’ado<strong>le</strong>scence soit <strong>le</strong> lieu d’expression privilégié des difficultés de tout ordre .<br />

L’ado<strong>le</strong>scence est avant tout une période riche, créative, dynamique, qui se passe bien pour la<br />

majorité des jeunes. Entre comportement réactionnel normal à l’ado<strong>le</strong>scence et situation à risque<br />

d’entraîner des difficultés majeures compromettant gravement <strong>le</strong> développement de la personnalité, il<br />

faut essayer de repérer <strong>le</strong>s ado<strong>le</strong>scents qui ont besoin d’aide. Conduites à risque, passages à l’acte,<br />

font partie des expériences inhérentes au processus de l’ado<strong>le</strong>scence, mais ils sont autant de signes<br />

d’alarme et de risques. Instabilité, vulnérabilité caractérisent cet âge, l’ado<strong>le</strong>scent a besoin<br />

d’interlocuteurs de confiance qui sachent dans la bonne distance l’aider à préserver une bonne estime<br />

de lui-même, et <strong>le</strong> médecin de famil<strong>le</strong>, qui <strong>le</strong> connaît souvent depuis longtemps, peut avoir un rô<strong>le</strong> clé<br />

de repérage et d’orientation.<br />

La majorité des ado<strong>le</strong>scents va bien. L’ado<strong>le</strong>scence n’est pas une maladie, et c’est la période de la vie<br />

où on est <strong>le</strong> moins malade. Mais beaucoup de jeunes ressentent un mal-être, qui <strong>le</strong>s amène à<br />

consulter pour <strong>le</strong>s motifs <strong>le</strong>s plus variés. Les motifs de consultation sont alors souvent d’apparence<br />

bana<strong>le</strong>, il convient que ces professionnels soient conscients de l’importance du “ décodage “ , du<br />

repérage à travers une rencontre de difficultés associées ou sous-jacentes.<br />

2) Particularités de l’examen de l’ado<strong>le</strong>scent<br />

Avec l’ado<strong>le</strong>scence apparaissent certaines particularités :<br />

- fréquence des intrications somatique-psychique, des pathologies dites “fonctionnel<strong>le</strong>s“, encore<br />

appelées “symptômes-flous “, dou<strong>le</strong>urs variées, états de fatigue, malaises..<br />

- fréquence croissante des troub<strong>le</strong>s du comportement témoins d’une souffrance psychique<br />

- fréquence des tentatives de suicide, dépressions, troub<strong>le</strong>s des conduites alimentaires, problèmes<br />

liés à la sexualité, usages de toxiques, vio<strong>le</strong>nces subies, crises médico-socia<strong>le</strong>s comp<strong>le</strong>xes .<br />

- augmentation du nombre d’ado<strong>le</strong>scents atteints de maladies chroniques.<br />

Quelque soit <strong>le</strong> motif de consultation , l’acteur de santé doit donc être conscient que toute rencontre<br />

avec l’ado<strong>le</strong>scent peut être l’occasion d’une approche globa<strong>le</strong> de sa santé et de l’expression de<br />

difficultés que la maladie présente peut lui donner l’occasion de révé<strong>le</strong>r. Il doit s’enquérir de sa santé<br />

en général, d’éventuel<strong>le</strong>s questions concernant son développement et sa vie sexuel<strong>le</strong>, de son bienêtre,<br />

à travers des questions sur son mode de vie, sa scolarité, ses activités, ses relations aux<br />

autres... L’ado<strong>le</strong>scent, autant et plus que tout autre patient, ne doit pas être réduit à un symptôme.<br />

Toute consultation bana<strong>le</strong> en apparence peut être une occasion de recours au soin pour des<br />

difficultés pour <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s l’ado<strong>le</strong>scent a toujours du mal à faire appel. C’est d’autant plus vrai s’il s’agit<br />

de pathologies fonctionnel<strong>le</strong>s, tel<strong>le</strong>s que dou<strong>le</strong>urs ou malaises.<br />

3) Les pathologies fonctionnel<strong>le</strong>s ou psychosomatiques<br />

El<strong>le</strong>s sont particulièrement fréquentes à cet âge (dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s, céphalées, vertiges,<br />

malaises, “ spasmophilie “), surtout chez <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong>s posent souvent de véritab<strong>le</strong>s problèmes<br />

diagnostiques, sous-tendus par la crainte du patient, des parents et du médecin de méconnaître une<br />

pathologie somatique sous-jacente. Dans ces situations, l’investigation médica<strong>le</strong> peut se faire<br />

conjointement à l’évaluation globa<strong>le</strong>, psychologique, sans se mettre dans la situation du tout ou rien.<br />

On ne peut “ dissocier l’âme du corps “, cela peut être expliqué au patient. Une médicalisation et une<br />

instrumentalisation à outrance pourraient s’avérer néfastes, de même qu’une négation de la<br />

souffrance corporel<strong>le</strong>. La dou<strong>le</strong>ur doit être soulagée par tous <strong>le</strong>s moyens disponib<strong>le</strong>s, alliant<br />

médicaments et aide relationnel<strong>le</strong> et psychologique. Il faut refuser <strong>le</strong>s termes de simulation, cinéma, et<br />

autres qualificatifs témoignant d’un manque de respect de l’être humain et d’une non reconnaissance<br />

d’une souffrance réel<strong>le</strong>, qui ne fait que renvoyer <strong>le</strong> sujet à une souffrance encore plus grande dont<br />

sont témoins ses symptômes.


4) L’examen somatique<br />

L’examen anthropométrique et morphologique peut révé<strong>le</strong>r un retard de croissance, souvent liés à<br />

un retard pubertaire banal, ou une puberté précoce. Il faut bien sûr se référer au carnet de santé.<br />

- chez la fil<strong>le</strong> : Les troub<strong>le</strong>s des règ<strong>le</strong>s sont fréquents, <strong>le</strong>s cyc<strong>le</strong>s réguliers ne s’installant que un an ou<br />

deux après la ménarche. On doit s’en inquiéter systématiquement, <strong>le</strong>s saignements abondants à<br />

l’origine d’anémies parfois graves étant souvent méconnus par la jeune fil<strong>le</strong>. La dysménorrhée mérite<br />

une prise en charge efficace. On rencontre éga<strong>le</strong>ment des problèmes de tumeurs ou de volume<br />

mammaire .<br />

- chez <strong>le</strong> garçon : La gynécomastie pubertaire est fréquente ( 30 à 65% ), el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s inquiète, régressant<br />

la plupart du temps spontanément, il faut donc <strong>le</strong>s rassurer. Cryptorchidie, phimosis, tumeurs<br />

testiculaires, varicocè<strong>le</strong>, ne seront diagnostiqués que par un examen systématique bien souvent .<br />

L’examen de la peau met en évidence de l’acné chez 50 à 90% des ado<strong>le</strong>scents . Ses premiers<br />

signes apparaissent en début de puberté. L’acné juvéni<strong>le</strong> polymorphe classique peut revêtir des<br />

formes d’intensité et de gravité très variab<strong>le</strong> . Il importe par l’interrogatoire et un examen clinique<br />

rigoureux de ne pas méconnaître une acné secondaire ( médicaments..), rare. Cette affection d’allure<br />

bana<strong>le</strong> est souvent source de difficulté pour <strong>le</strong> jeune altérant son image alors que <strong>le</strong>s transformations<br />

pubertaires <strong>le</strong> mettent déjà à l’épreuve .<br />

L’examen ORL recherche une hypoacousie, des pathologies inflammatoires chroniques, encore<br />

découvertes à cet âge. On ne peut méconnaître la pathologie liée au bruit. Les sinusites peuvent être<br />

favorisées par <strong>le</strong> tabagisme, l’inhalation de solvants . Sources de déficits altérant la relation, el<strong>le</strong>s<br />

doivent être recherchées par un interrogatoire ciblé , un examen tympanique systématique, et prises<br />

en charge .<br />

L’examen ostéoarticulaire recherche dou<strong>le</strong>urs des membres inférieurs et/ou boiteries, fréquentes<br />

causes de consultation, et dont <strong>le</strong>s caractéristiques sont importantes à préciser, pour ne pas<br />

méconnaître des pathologies tel<strong>le</strong> qu’épiphysiolyse fémora<strong>le</strong> supérieure, propre à cet âge,<br />

ostéochondrite disséquante du genou, ou ostéochondroses. Plus rares mais possib<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s<br />

tumeurs et infections osseuses . On observe aussi des algodystrophies. Leur prise en charge doit tenir<br />

compte de l’ado<strong>le</strong>scence, des facteurs psychologiques, familiaux, scolaires, sociaux , afin que des<br />

traitements souvent lourds n’entravent pas de manière pathologique <strong>le</strong> processus d’ado<strong>le</strong>scence .<br />

Bien souvent <strong>le</strong>s examens cliniques et éventuel<strong>le</strong>ment paracliniques sont négatifs, <strong>le</strong>s dou<strong>le</strong>urs sont<br />

étiquetées fonctionnel<strong>le</strong>s, témoignant de difficultés de tout ordre .<br />

Les scolioses peuvent s’aggraver ou se stabiliser à l’ado<strong>le</strong>scence. El<strong>le</strong> constituent souvent un lourd<br />

handicap à cet âge et el<strong>le</strong>s retentissent sur la santé physique et psychique du jeune, sur la qualité de<br />

sa vie<br />

5) L’émergence de la sexualité<br />

El<strong>le</strong> s’exprime de manière très variab<strong>le</strong> et plus ou moins faci<strong>le</strong> . Découverte du corps, des sensations,<br />

ne vont pas obligatoirement de pair avec des relations sexuel<strong>le</strong>s complètes précoces. A 15 ans, près<br />

d’un ado<strong>le</strong>scent sur dix a déjà eu l’expérience d’au moins un rapport sexuel comp<strong>le</strong>t , 40% entre 15 et<br />

18 ans. L’âge moyen de ces rapports se situant autour de 17 ans. Le plus souvent, on peut par<strong>le</strong>r de<br />

monogamie en série. Une attirance pour <strong>le</strong> même sexe peut se rencontrer, sans qu’el<strong>le</strong> entraîne<br />

automatiquement de pratique.<br />

La contraception :<br />

La prescription d’une contraception doit être l’occasion d’une véritab<strong>le</strong> rencontre autour des besoins<br />

liés à la sexualité , mais el<strong>le</strong> doit aussi pouvoir être faci<strong>le</strong>, gratuite et anonyme ( par exemp<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s<br />

centres de planning familial ) en même temps qu’un suivi médical doit être proposé .<br />

L’accès aux préservatifs est large aujourd’hui, et l’information bien diffusée, mais <strong>le</strong> recours n’y est<br />

pas systématique La contraception ora<strong>le</strong> (pilu<strong>le</strong>s normodosées de préférence) peut être prescrite, <strong>le</strong>s<br />

contre-indications et effets secondaires sont exceptionnels. Le problème est surtout celui de la<br />

compliance liée en partie aux craintes souvent non justifiées notamment de prise de poids. La pilu<strong>le</strong><br />

du <strong>le</strong>ndemain est de grand intérêt à cet âge, et <strong>le</strong>s infirmières scolaires peuvent maintenant la donner<br />

si besoin .<br />

Les maladies sexuel<strong>le</strong>ment transmissib<strong>le</strong>s ( MST) :<br />

Simultanément à la prescription contraceptive et à l’occasion de toute consultation doit être abordée la<br />

question des MST et de <strong>le</strong>ur prévention. L’ado<strong>le</strong>scence est une période à risque accru pour ces<br />

maladies, infections à chlamydia trachomatis, papillomavirus, herpès virus, VIH. Leur caractère<br />

souvent asymptomatique nécessite une recherche systématique. L’extension du SIDA a conduit à<br />

renforcer l’incitation à l’utilisation du préservatif conjointement à la contraception ora<strong>le</strong>.


C’est aussi <strong>le</strong> moment de faire <strong>le</strong> point sur <strong>le</strong>s vaccinations (vaccinations obligatoires, mais aussi<br />

Hépatite B et rubéo<strong>le</strong>).<br />

6) Grossesse et ado<strong>le</strong>scence<br />

La grossesse à l’ado<strong>le</strong>scence est devenue une préoccupation majeure dans <strong>le</strong>s pays occidentaux. En<br />

France 3,3% des fil<strong>le</strong>s de 15 à 18 ans scolarisées et sexuel<strong>le</strong>ment actives disent avoir été enceintes<br />

au moins une fois dans <strong>le</strong>ur vie, plus des deux tiers ayant effectué une IVG. La grossesse,<br />

généra<strong>le</strong>ment non “ programmée “, est souvent de découverte tardive.<br />

Lorsqu’el<strong>le</strong> est poursuivie, el<strong>le</strong> nécessite un accompagnement attentif de la jeune fil<strong>le</strong> et de l’enfant<br />

ensuite. Les difficultés psychosocia<strong>le</strong>s ne sont pas rares. La proportion des IVG est importante,<br />

possib<strong>le</strong> jusqu’au terme de 10 semaines de grossesse en France, el<strong>le</strong> ne peut se faire qu’avec<br />

l’autorisation de l’un des deux parents pour <strong>le</strong>s mineures. Au-delà de la prise en charge médica<strong>le</strong>,<br />

l’IVG nécessite de proposer un suivi global prolongé.<br />

7) Bilan d’orientation en classe de 3ème<br />

Ce bilan effectué <strong>le</strong> plus tôt possib<strong>le</strong> dans l’année scolaire, doit permettre d’offrir à l’élève ado<strong>le</strong>scent<br />

un examen médical et un espace d’écoute et de dialogue notamment autour de ses projets de vie en<br />

répondant à ses préoccupations dans <strong>le</strong> respect de la confidentialité.<br />

L’objectif est de repérer <strong>le</strong>s signes d’appel de mal être (utilisation de produits licites ou illicites,<br />

absentéisme, désinvestissement scolaire, conduites suicidaires), de diagnostiquer <strong>le</strong>s psychopathologies<br />

et de donner tout conseil relatif à la scolarité en amont des procédures d’orientation. Ce<br />

bilan permet éga<strong>le</strong>ment, dans une optique de prévention, d’aider l’élève à construire son projet de vie<br />

en tenant compte des éventuel<strong>le</strong>s inaptitudes liées à des problèmes médicaux. Il permet d’organiser <strong>le</strong><br />

suivi des élèves pendant l’année de 3ème et de donner un avis médical dans <strong>le</strong> cadre de l’orientation<br />

pour ceux qui iront vers l’enseignement professionnel.<br />

Dans <strong>le</strong> cadre de la rég<strong>le</strong>mentation d’hygiène et de sécurité du code du travail, <strong>le</strong> MDEN donne un<br />

avis sur l’aptitude du jeune à travail<strong>le</strong>r sur des machines dangereuses. Cette action préventive<br />

s’effectue au sein des commissions d’hygiène et de sécurité de l’établissement.<br />

Deuxième partie : Le dépistage des troub<strong>le</strong>s de la vue<br />

Introduction<br />

Les déficiences sensoriel<strong>le</strong>s, privant l'enfant de relations norma<strong>le</strong>s avec son environnement, entravent<br />

son développement mental et doivent être corrigées donc dépistées <strong>le</strong> plus tôt possib<strong>le</strong>.<br />

Les anomalies visuel<strong>le</strong>s par <strong>le</strong>ur nombre, par <strong>le</strong>ur retentissement sur <strong>le</strong> développement psychomoteur<br />

et mental, donc sur l'avenir de l'enfant doivent être recherchées par tout médecin prenant en charge la<br />

santé d'un enfant.<br />

Le médecin doit s'habituer à utiliser un ophtalmoscope et inclure dans son examen général un certain<br />

nombre de tests simp<strong>le</strong>s:<br />

- A la naissance, outre <strong>le</strong> dépistage des troub<strong>le</strong>s sérieux dont certains réclament une thérapeutique<br />

rapide (glaucome, cataracte), il pourra, par l'examen oculaire, perfectionner l'examen neurologique du<br />

nouveau-né.<br />

- Dans <strong>le</strong>s jours et <strong>le</strong>s semaines qui suivent la naissance, l'acquisition de nouveaux réf<strong>le</strong>xes<br />

oculaires (fixation, convergence, poursuite oculaire puis oculo-céphalique) renseigne sur <strong>le</strong> bon<br />

développement du cerveau. Dès <strong>le</strong> 4ème mois, un strabisme éventuel sera dépisté.<br />

- au 9ème et 24ème mois, âge des certificats de santé, la convergence et la poursuite oculaire sont<br />

encore recherchées et complétées par <strong>le</strong> test de préhension et <strong>le</strong> test d'échappement de la main.<br />

- A deux ans, <strong>le</strong>s jouets calibrés, à 3 ans <strong>le</strong>s tests images et après 4 ans <strong>le</strong>s tests <strong>le</strong>ttres simplifiées<br />

permettront d'apprécier l'acuité visuel<strong>le</strong>.<br />

Pour <strong>le</strong> dépistage du strabisme : <strong>le</strong> test de la lampe de poche suivi du test de couverture, aisément<br />

pratiqué à la main sur un oeil puis l'autre, et <strong>le</strong> test des lunettes à obturation nasa<strong>le</strong> qui permet<br />

éga<strong>le</strong>ment de dépister une amblyopie.


La difficulté de mesurer l'acuité visuel<strong>le</strong> avant 2 ou 3 ans explique que nous connaissons mal <strong>le</strong><br />

développement de cette fonction qui, de 1/10 au cours des premiers jours de vie, est de 8/10 à 3 ans<br />

pour atteindre 10/10 et vraisemblab<strong>le</strong>ment plus à 5-6 ans. La mesure de l'acuité visuel<strong>le</strong> permet de<br />

dépister des enfants présentant une amétropie (myopie, astigmatisme, hypermétropie) dont la<br />

correction peut rétablir une acuité visuel<strong>le</strong> norma<strong>le</strong>.<br />

Certains signes cliniques doivent attirer l'attention : céphalées fronta<strong>le</strong>s, blépharite en relation avec un<br />

astigmatisme ou une hypermétropie, comportement particulier de l'enfant lors de la marche, du travail<br />

ou du jeu.<br />

Il faut tenir compte éga<strong>le</strong>ment du facteur familial et surveil<strong>le</strong>r de près la vision lorsque <strong>le</strong>s parents<br />

présentent eux-mêmes des troub<strong>le</strong>s.<br />

La loi désigne sous <strong>le</strong> terme de cécité, <strong>le</strong>s acuités visuel<strong>le</strong>s inférieures à 1/ 20 pour <strong>le</strong>s deux yeux. On<br />

appel<strong>le</strong> malvoyants (autrefois amblyopes) <strong>le</strong>s sujets dont la vue du meil<strong>le</strong>ur oeil, après correction se<br />

situe entre 1/20 et 4/10. Certains enfants peuvent avoir une déficience visuel<strong>le</strong> relative entre 4 et 7/10.<br />

Ils devront alors faire l'objet d'un examen par un ophtalmologiste. Les déficiences plus légères uni ou<br />

bilatéra<strong>le</strong>s doivent être surveillées pour dépister une aggravation, fréquente en cas de myopie. Chez<br />

l'enfant de 2 à 4 ans, toute acuité n'atteignant pas 10/10 doit faire l'objet d'un nouvel examen et être<br />

surveillée.<br />

Les déficiences visuel<strong>le</strong>s relèvent d'un troub<strong>le</strong> :<br />

- de la rétine 54 %<br />

- du cristallin 28 %<br />

- de l'iris 10 %<br />

- des voies optiques 6 %<br />

- de la cornée 2 %<br />

Faq 5 - Examen de la vision au cours de la première année de vie<br />

I - Chez <strong>le</strong> nouveau-né<br />

Nous ne reprendrons pas l'examen de la vision à la naissance, mais nous rappel<strong>le</strong>rons cependant que<br />

l'examen est souvent diffici<strong>le</strong> et qu’il existe :<br />

- un réf<strong>le</strong>xe photo-moteur qui doit être vif et rapide,<br />

- un réf<strong>le</strong>xe d'attraction du regard vers la source lumineuse douce.<br />

- un réf<strong>le</strong>xe de fermeture des yeux à l'éblouissement avec rejet de la tête en arrière, qui n'est à<br />

rechercher qu'en cas d'absence de réf<strong>le</strong>xe photo-moteur.<br />

- une instabilité oculaire.<br />

Un oeil larmoyant au cours des premiers mois, sans anomalie de tail<strong>le</strong> des globes oculaires, doit faire<br />

suspecter une obstruction du canal lacrymal, nécessitant <strong>le</strong> passage d'une sonde.<br />

Toute anomalie de tail<strong>le</strong> ou d'aspect doit être précisée par un spécialiste, certaines [cataracte (opacité<br />

du cristallin), glaucome (hypertension intraoculaire)] nécessitant un traitement d'urgence.<br />

II - Au cours du premier trimestre<br />

Le développement de la vision et des nerfs moteurs de l’œil fait disparaître <strong>le</strong> phénomène des yeux de<br />

poupée tandis qu'apparaissent :<br />

- <strong>le</strong> réf<strong>le</strong>xe de fixation : <strong>le</strong>s yeux fixent un objet de préférence rouge, bien éclairé, situé à 80 cm de<br />

l'enfant ;<br />

- <strong>le</strong> réf<strong>le</strong>xe de convergence : <strong>le</strong>s yeux convergent lorsqu'on rapproche l'objet de l'enfant, puis<br />

- <strong>le</strong> réf<strong>le</strong>xe de poursuite : <strong>le</strong>s yeux de l'enfant suivent l'objet qu'on déplace latéra<strong>le</strong>ment et l'ang<strong>le</strong> de<br />

poursuite devient de plus en plus important. Il se complète alors par :<br />

- <strong>le</strong> réf<strong>le</strong>xe conjugué de la tête et des yeux, lors du déplacement latéral de l'objet <strong>le</strong>s yeux et la tête<br />

tournent pour suivre l'objet.<br />

Rappelons qu'en maintenant la tête de l'enfant, il est capab<strong>le</strong> d'ébaucher des gestes de préhension<br />

(motricité libérée de Grenier).<br />

A cet âge, il n'est pas possib<strong>le</strong> d'évaluer cliniquement l'acuité visuel<strong>le</strong> de l'enfant.


Toute déviation bloquée des yeux doit être examinée par un spécialiste.<br />

Toute indifférence à la lumière et à l'entourage est suspecte.<br />

III - Pendant <strong>le</strong> deuxième trimestre<br />

La synergie oculo-céphalique se précise, <strong>le</strong>s mouvements binoculaires sont stabilisés. Toute<br />

déviation des yeux est déjà pathologique à 4 mois. L'enfant réagit mieux à la cou<strong>le</strong>ur rouge vif<br />

qu'aux autres cou<strong>le</strong>urs mais son acuité visuel<strong>le</strong>, diffici<strong>le</strong>ment mesurab<strong>le</strong>, est encore médiocre :<br />

1/30ème à 1/10ème.<br />

IV - Pendant <strong>le</strong>s troisième et quatrième trimestres<br />

La coordination praxique oeil-main se développe. La préhension manuel<strong>le</strong> s'accompagne d'une<br />

convergence. La vision binoculaire se développe. L'acuité visuel<strong>le</strong> est estimée à 2/10ème. Entre 9 et<br />

11 mois, on juge <strong>le</strong> comportement de l'enfant en particulier par <strong>le</strong> test de préhension de la pastil<strong>le</strong> qui<br />

nécessite une participation visuel<strong>le</strong>.<br />

V - Une indifférence complète à la lumière et à l'entourage est <strong>le</strong> signe D'UNE CECITE CENTRALE,<br />

mais la non-survenue de l'évolution précédemment décrite doit faire rechercher un troub<strong>le</strong> oculaire qui<br />

peut s'extérioriser, de plus :<br />

- par une position anorma<strong>le</strong> et des mouvements anormaux, incoordonnés des globes oculaires,<br />

voire un nystagmus,<br />

- par <strong>le</strong> signe digito-oculaire de Franceschetti : l'enfant ayant une acuité visuel<strong>le</strong> très faib<strong>le</strong>,<br />

cherche à provoquer des phosphènes, seu<strong>le</strong>s sensations lumineuses qu'il puisse avoir, en<br />

comprimant son œil avec son poing ou en enfonçant son pouce entre l'œil et <strong>le</strong> rebord orbitaire,<br />

- par <strong>le</strong> signe de l'éventail ou de l'essuie-glace : l'enfant promène sa main régulièrement devant <strong>le</strong>s<br />

yeux, d'un mouvement latéral pour voir ombre et lumière se succéder.<br />

Faq 6 - Mesure de l'acuité visuel<strong>le</strong><br />

La mesure de l'acuité visuel<strong>le</strong> constitue l'examen de base de l'étude de la vision : c'est <strong>le</strong> mètre étalon<br />

de l'efficience visuel<strong>le</strong>. L'acuité visuel<strong>le</strong> subjective est cependant une fonction comp<strong>le</strong>xe comportant la<br />

perception des détails, la reconnaissance des formes, l'interprétation des images. El<strong>le</strong> comporte<br />

plusieurs étapes : la formation de l'image sur la rétine, sa transmission au cortex, son intégration et sa<br />

reconnaissance au niveau de l'encépha<strong>le</strong> et enfin son expression par <strong>le</strong> sujet.<br />

On utilise en clinique l'acuité résolutive basée sur <strong>le</strong> "minimum separabi<strong>le</strong>", c'est-à-dire l'ouverture<br />

angulaire minima<strong>le</strong> capab<strong>le</strong> de donner des images susceptib<strong>le</strong>s d'être séparées par la rétine.<br />

L'acuité visuel<strong>le</strong> se mesure par l'analyse des détails d'une image appelée optotype et consiste à<br />

mesurer l'image rétinienne de cet optotype placé à une certaine distance. On sait en effet que la<br />

dimension de l'image rétinienne dépend de la dimension de l'objet et de la distance entre l'objet et<br />

l’œil. En maintenant une distance fixe (5 mètres), il suffit de faire varier la dimension de l'image pour<br />

mesurer l'acuité visuel<strong>le</strong>.<br />

L'optotype de référence est l'anneau brisé de Landolt dont la hauteur sous-tend un ang<strong>le</strong> de 5<br />

minutes, <strong>le</strong> détail caractéristique un ang<strong>le</strong> de 1 minute, l'épaisseur de l'anneau étant éga<strong>le</strong>ment de 1<br />

minute. Si <strong>le</strong> détail caractéristique (ang<strong>le</strong> de 1 minute) est reconnu à une distance de 5 mètres, l'acuité<br />

visuel<strong>le</strong> est éga<strong>le</strong> à 1 ou 10/10ème.<br />

Si <strong>le</strong> détail est vu :<br />

- sous un ang<strong>le</strong> de 2 minutes, l'A.C = 0,5 (5/10ème),<br />

- sous un ang<strong>le</strong> de 10 minutes, l'A.C = 0,1 (1/10ème).<br />

Le E de SNELLEN présente <strong>le</strong>s mêmes caractéristiques.<br />

Pour faire passer <strong>le</strong> test, on habitue d'abord l'enfant en utilisant la vision binoculaire, puis ensuite, on<br />

teste séparément l’œil droit et l’œil gauche en masquant l’œil du côté opposé par une lunette en verre<br />

opaque ou un objet opaque (cuillère). Il convient éga<strong>le</strong>ment de présenter l'objet à reconnaître avec un<br />

bon contraste sur <strong>le</strong> fond et dans ce sens, un rétro-éclairage est bénéfique.


Il faut éga<strong>le</strong>ment tenir compte de l'éclairage de la pièce (luminance) qui joue sur <strong>le</strong> diamètre pupillaire.<br />

Un éclairage moyen est <strong>le</strong> plus favorab<strong>le</strong>.<br />

I - Chez un enfant d'âge scolaire<br />

On utilise l'échel<strong>le</strong> de Monoyer constituée par des <strong>le</strong>ttres d'imprimerie dont la dimension globa<strong>le</strong> est<br />

5 fois la dimension du détail caractéristique qui sous-tend lui-même, un ang<strong>le</strong> de 1 minute pour l'acuité<br />

unité. L'épaisseur des traits est <strong>le</strong> cinquième de la hauteur de la <strong>le</strong>ttre.<br />

Les <strong>le</strong>ttres sont habituel<strong>le</strong>ment présentées en tab<strong>le</strong>au groupant, outre la ligne correspondant à l'acuité<br />

visuel<strong>le</strong> unité, différentes lignes de caractères plus grands ou plus petits, correspondant aux acuités<br />

visuel<strong>le</strong>s plus basses ou plus grandes, dans une progression arithmétique ou mieux, logarithmique.<br />

II - Chez un enfant plus jeune<br />

Pour tester l'acuité visuel<strong>le</strong> d'un enfant plus jeune qui ne connaît pas encore <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttres d'imprimerie,<br />

différents optotypes ont été proposés. Pour faciliter <strong>le</strong>ur reconnaissance, une présentation isolée des<br />

différents tests est possib<strong>le</strong>, mais il est préférab<strong>le</strong> d’utiliser une présentation groupée en ligne afin<br />

d’évaluer <strong>le</strong> pouvoir séparateur qui est <strong>le</strong> plus souvent atteint en cas d’amblyopie. Par ail<strong>le</strong>urs, la<br />

mesure peut se faire en utilisant la méthode d'appariement : l'enfant désigne l'objet qui lui est présenté<br />

en mettant <strong>le</strong> doigt sur l'image identique qu'il a devant lui. Cette méthode améliore beaucoup la<br />

reconnaissance car el<strong>le</strong> supprime toute expression verba<strong>le</strong>, facteur fréquent d'inhibition à cet âge. Ces<br />

test sont généra<strong>le</strong>ment présentés à 5 mètres. On peut <strong>le</strong>s présenter à 2,50 mètres (car l’attention du<br />

jeune enfant se disperse à 4 ou 5 m) mais il faut alors diminuer de moitié l'acuité visuel<strong>le</strong> déterminée.<br />

On peut éga<strong>le</strong>ment, si on ne dispose pas de locaux suffisants, utiliser la réf<strong>le</strong>xion dans une glace,<br />

mais l'image est alors inversée.<br />

a) Les tests directionnels<br />

Ils présentent un détail mesurab<strong>le</strong> en minute d'arc qui permet l'orientation de l'optotype tout entier. Il y<br />

en a trois principaux : l'anneau brisé de Landolt, <strong>le</strong> E de Snel<strong>le</strong>n dont <strong>le</strong> détail caractéristique est<br />

l'écart entre deux branches, la main de Sjögren que l'on présente dans différentes positions et l'enfant<br />

doit indiquer par la position de sa main l'orientation qu'il voit. La latéralisation imparfaite de l'enfant<br />

jeune est une cause d'erreur dans l'interprétation de ces tests directionnels.<br />

b) Les tests géométriques<br />

Ils ont des critères qui se rapprochent de ceux exigés pour <strong>le</strong>s optotypes <strong>le</strong>ttres et ne sont pas dénués<br />

d'intérêt. Les principaux sont :<br />

- l'échel<strong>le</strong> de Dor avec seu<strong>le</strong>ment deux images (carré et cerc<strong>le</strong>s p<strong>le</strong>ins, de cou<strong>le</strong>ur noire),<br />

- <strong>le</strong>s optotypes géométriques de Casanova avec quatre symbo<strong>le</strong>s de surface équiva<strong>le</strong>nte (cerc<strong>le</strong>,<br />

carré, étoi<strong>le</strong>, croix),<br />

- <strong>le</strong>s images fermées de Ffooks avec trois symbo<strong>le</strong>s (carré, cerc<strong>le</strong>, triang<strong>le</strong>) qui sont <strong>le</strong>s premières<br />

figures géométriques reconnues par <strong>le</strong>s enfants. On a reproché à ces tests de ne pas susciter<br />

suffisamment l'intérêt de l'enfant.<br />

c) Les tests <strong>le</strong>ttres simplifiées<br />

Sheridan et Pugmire ont montré que certaines <strong>le</strong>ttres symétriques pouvaient être utilisées assez<br />

faci<strong>le</strong>ment pour la détermination de l'acuité visuel<strong>le</strong> (O X V T H et A U). Les <strong>le</strong>ttres sont présentées<br />

dans un ordre déterminé correspondant à des acuités visuel<strong>le</strong>s de plus en plus fortes sur des cartons<br />

reliés par une spira<strong>le</strong>. Cinq <strong>le</strong>ttres pour <strong>le</strong>s enfants de 4 ans ; 7 pour <strong>le</strong>s enfants plus âgés. L'enfant a<br />

devant lui un carton et doit indiquer du doigt la <strong>le</strong>ttre qui lui est présentée à 5 mètres (appariement).<br />

Les acuités visuel<strong>le</strong>s vont de 0,1 à 2, ce qui permet une présentation à mi-distance pour <strong>le</strong>s enfants<br />

très jeunes. Le E de Snel<strong>le</strong>n, l'anneau brisé de Landolt et <strong>le</strong> test de Sheridan-INSERM ont pu être<br />

comparés et il a été ainsi démontré que ce dernier était <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur. C'est donc celui qui doit être<br />

employé. Il est très faci<strong>le</strong>ment appliqué aux enfants de 5 ans et même de 4 ans, mais n'est accepté<br />

que par un faib<strong>le</strong> pourcentage d'enfants de 3 ans.


d) Les tests images<br />

En raison des difficultés pour <strong>le</strong>s jeunes enfants de reconnaître <strong>le</strong>s tests précédents, différents auteurs<br />

ont proposé de recourir à des tests images d'objets usuels. Ce sont <strong>le</strong>s images de Rossano-Weiss,<br />

<strong>le</strong>s images de Casanova (inspirées du folklore espagnol), <strong>le</strong>s images de Madame Pigassou réalisées<br />

à partir de dessins d'enfants d'éco<strong>le</strong>s maternel<strong>le</strong>s représentant un enfant courant, une maison, une<br />

voiture, <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il, une f<strong>le</strong>ur, un arbre, un oiseau. Ce test est offert en présentation très variée : tab<strong>le</strong>au<br />

rétro-éclairé, tab<strong>le</strong>au sur plaque d'opaline transportab<strong>le</strong>, petites plaques d'opaline pour l'appariement.<br />

C'est un des tests <strong>le</strong>s plus fiab<strong>le</strong>s. On peut lui reprocher la densité optique différente des images<br />

(maison = carré blanc cerné de noir ; so<strong>le</strong>il = tache noire).<br />

Les images du "test animaux" visent à remédier à ce défaut en présentant des images dont <strong>le</strong> détail<br />

caractéristique est périphérique.<br />

e) D’autres tests peuvent être utilisés chez <strong>le</strong>s enfants plus jeunes, tels que <strong>le</strong>s jouets calibrés et<br />

<strong>le</strong>s bal<strong>le</strong>s calibrées de Sheridan. Mais ces tests sont de réalisation plus diffici<strong>le</strong>, peu réalisés en<br />

pratique courante car n’ayant pas de relation établie avec <strong>le</strong>s optotypes <strong>le</strong>ttres et étudiant<br />

essentiel<strong>le</strong>ment la vision périphérique et non la vision centra<strong>le</strong>.<br />

III - L’acuité visuel<strong>le</strong> subjective de près<br />

El<strong>le</strong> se mesure avec des optotypes de même type placés à 60 centimètres ; cette mesure présente en<br />

général moins d'intérêt que la mesure de l'acuité visuel<strong>le</strong> de loin : <strong>le</strong>s sujets myopes non corrigés ne<br />

sont pas gênés par la vision de près et <strong>le</strong>s jeunes sujets, très souvent hypermétropes, ont<br />

habituel<strong>le</strong>ment une tel<strong>le</strong> faculté d'accommodation qu'ils compensent aisément <strong>le</strong>ur défaut. Cette<br />

mesure est cependant très importante pour <strong>le</strong>s déficients visuels bilatéraux puisqu'el<strong>le</strong> donne une idée<br />

plus précise de ce que <strong>le</strong> sujet voit réel<strong>le</strong>ment et juge l'aptitude de l'organe visuel pour un travail<br />

déterminé. El<strong>le</strong> conditionne <strong>le</strong> choix de la méthode d'éducation. Il est faci<strong>le</strong> de comprendre qu'el<strong>le</strong> peut<br />

alors être réservée à des centres spécialisés.<br />

IV - L'acuité visuel<strong>le</strong> objective<br />

La difficulté d'obtenir une réponse subjective verba<strong>le</strong> ou gestuel<strong>le</strong>, au-dessous de 3 ans, a conduit à<br />

tenter d'utiliser des méthodes objectives de mesure basées sur des réf<strong>le</strong>xes visuels parmi <strong>le</strong>squels,<br />

<strong>le</strong>s réf<strong>le</strong>xes de poursuite d'objets mobi<strong>le</strong>s (nystagmus optocinétique déc<strong>le</strong>nché par une cib<strong>le</strong> en<br />

mouvement – tambour de Barany -) sont <strong>le</strong>s plus commodes à observer. Néanmoins, ils ne peuvent<br />

être appliqués en dépistage chez <strong>le</strong> médecin généraliste ou <strong>le</strong> pédiatre, il est nécessaire pour cela<br />

d’adresser l’enfant à l’ophtalmologiste.<br />

Certaines méthodes d'é<strong>le</strong>ctrophysiologie : é<strong>le</strong>ctrorétinogramme (enregistrement de l’activité<br />

bioé<strong>le</strong>ctrique de la rétine en réponse à une stimulation lumineuse brève) et potentiels évoqués<br />

visuels (sommation des réponses cortica<strong>le</strong>s à un stimulus visuel) permettent une exploration plus<br />

stricte de la fonction visuel<strong>le</strong> mais ils sont réservés aux centres hautement spécialisés pour préciser <strong>le</strong><br />

degré d'atteinte d'une vision reconnue déficiente.<br />

Il en est de même de la cartographie cérébra<strong>le</strong> ou é<strong>le</strong>ctroencéphalographie quantifiée qui s’appuie<br />

sur <strong>le</strong> fait que la réactivité visuel<strong>le</strong> à l’ouverture des yeux est bonne chez un sujet normal et altérée<br />

pour un œil amblyope.<br />

Faq 7 - Examen de la vision des cou<strong>le</strong>urs<br />

C’est à partir de 6 ans qu’il faut penser à vérifier qu’il n’existe pas de troub<strong>le</strong> de la vision des cou<strong>le</strong>urs.<br />

Ils sont fréquents mais heureusement relativement mineurs. Il s'agit <strong>le</strong> plus souvent de maladies à<br />

transmission récessive liée à l'X touchant 8 % des sujets masculins et environ 0,5 % des sujets<br />

féminins. La plus courante est <strong>le</strong> daltonisme. Le dépistage des troub<strong>le</strong>s de la vision des cou<strong>le</strong>urs se<br />

fait par des atlas dans <strong>le</strong>squels <strong>le</strong>s planches sont faites de pastil<strong>le</strong>s de différentes cou<strong>le</strong>urs avec, au<br />

milieu, une ligne sinueuse ou différentes images, que <strong>le</strong> sujet doit reconnaître (tests d'Ishihara, de<br />

Hardy-Hand-Rit<strong>le</strong>r, de Gardiner).<br />

Le Farnsworth est un test différent nécessitant <strong>le</strong> classement dans un ordre déterminé, de 15 pastil<strong>le</strong>s<br />

de cou<strong>le</strong>urs très légèrement différentes qu'il convient de classer à partir d'une pastil<strong>le</strong> de référence, de<br />

cou<strong>le</strong>ur b<strong>le</strong>ue, <strong>le</strong>s suivantes étant de plus en plus violacées et rosées.


Faq 8 - Dépistage du strabisme<br />

Le strabisme mérite une mention spécia<strong>le</strong> par sa fréquence, (3 à 4 % des enfants au cours des 5<br />

premières années de vie sont atteints d'un strabisme) et la nécessité d'un dépistage et d'un traitement<br />

précoces pour prévenir <strong>le</strong>s complications.<br />

Certains strabismes sont évidents, d'autres sont intermittents ou latents et peuvent être mis en<br />

évidence par des tests de comp<strong>le</strong>xité croissante.<br />

Il faut d'abord éliminer <strong>le</strong>s faux strabismes par épicanthus (3ème paupière interne) ou hypertélorisme<br />

(écartement des orbites). Si la plupart des strabismes sont primitifs, il ne faut pas oublier que certains<br />

d’entre eux sont symptomatiques d’une affection organique sous-jacente dont ils peuvent être <strong>le</strong> signe<br />

révélateur. L’examen du fond d’œil permettra d’éliminer ces affections : tumeur de la rétine<br />

(rétinoblastome), choriorétinite toxoplasmique maculaire, malformation congénita<strong>le</strong>, atrophie optique. Il<br />

peut éga<strong>le</strong>ment s’agir d’une paralysie oculomotrice en rapport avec une maladie neurologique ou<br />

entrant dans <strong>le</strong> cadre d’une hypertension intracrânienne.<br />

a) L’étude des ref<strong>le</strong>ts cornéens<br />

L'enfant étant assis sur <strong>le</strong>s genoux de sa mère, on éclaire <strong>le</strong>s yeux de l'enfant avec une lampe de<br />

poche placée à 80 cm. Norma<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t de la lumière se situe très légèrement en dedans du<br />

centre de la cornée (ang<strong>le</strong> Kappa) et est symétrique lorsque l'enfant fixe la lumière. En cas de<br />

strabisme, <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t sur l’œil dévié sera déplacé. C'est <strong>le</strong> test <strong>le</strong> plus simp<strong>le</strong> mais il dépiste trop de<br />

suspects.<br />

b) Le test de Sarniguet-Badoche<br />

Ce test utilise des lunettes dont <strong>le</strong>s verres sont opaques (ou obturés) dans <strong>le</strong> champ nasal. L'enfant<br />

regarde droit devant lui et la limite de l'opacité déborde sur la pupil<strong>le</strong> de chaque côté chez l'enfant<br />

normal. Chez l'enfant atteint de strabisme, l'opacité déborde sur la pupil<strong>le</strong> (strabisme convergent) ou<br />

ne l'atteint pas (strabisme divergent). La dimension des lunettes doit varier avec l'âge de l'enfant et<br />

chez certains enfants, il est diffici<strong>le</strong> de placer <strong>le</strong>s lunettes et de faire fixer un objet.<br />

c) Le test de l'écran ou la manœuvre de l’occlusion alternée<br />

L'enfant est invité à fixer un objet lumineux situé à un mètre. L'opérateur obture un oeil au moyen d'un<br />

écran (carte, cuillère en bois, etc...) ou plus simp<strong>le</strong>ment chez <strong>le</strong>s jeunes enfants, avec <strong>le</strong> pouce de la<br />

main fixée sur <strong>le</strong> crâne. L'écran est successivement placé d'un côté et de l'autre et on note à ce<br />

moment là :<br />

- premièrement l’œil découvert : ou bien cet œil garde sa position et continue à fixer l'objet, il s'agit<br />

d'un enfant normal ; ou bien cet oeil se déplace pour prendre la fixation et il s'agit alors d'un strabisme.<br />

- deuxièmement, l’œil masqué est découvert : s'il ne bouge pas lorsqu'il est découvert, ceci veut dire<br />

qu'il fixait norma<strong>le</strong>ment l'objet, il y a orthophorie (équilibre oculomoteur parfait). S'il se déplace pour<br />

reprendre la fixation il y a hétérophorie. C'est <strong>le</strong> strabisme.<br />

d) Le test de transillumination de Bruckner<br />

Ce test nécessite un ophtalmoscope ; <strong>le</strong> test consiste à observer à un mètre de distance l'aspect de la<br />

lueur pupillaire dont la teinte varie suivant la position du fond d'œil qui reçoit <strong>le</strong> faisceau lumineux.<br />

Norma<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> faisceau lumineux doit tomber sur la macula et donner une lueur gris-rose soutenue.<br />

S'il s'agit de la pupil<strong>le</strong>, la teinte est rose clair et si <strong>le</strong> faisceau tombe sur la rétine, la pupil<strong>le</strong> s'éclaire<br />

d'orange ou de rose. Cette technique nécessite une bonne expérience et en pratique relève de<br />

l'ophtalmologiste ; el<strong>le</strong> permet en outre de mettre en évidence certaines lésions organiques (opacité<br />

du cristallin, hémorragie, décol<strong>le</strong>ment rétinien, tumeur, atrophie optique ou choroïdienne).<br />

Tout strabisme dépisté doit être traité précocement pour éviter <strong>le</strong>s complications. Ces<br />

complications sont :<br />

- d'une part, <strong>le</strong> développement d'une correspondance rétinienne anorma<strong>le</strong> et d'une fixation<br />

excentrique, tentative imparfaite pour établir un certain degré de vision binoculaire. Cette complication,<br />

d'autant plus ancrée que <strong>le</strong> strabisme évolue depuis plus longtemps, constitue une difficulté parfois


insurmontab<strong>le</strong> pour la guérison complète du strabisme ;<br />

- d'autre part, l'amblyopie fonctionnel<strong>le</strong> de l'œil dévié par un non développement ou une régression de<br />

l'acuité visuel<strong>le</strong> centra<strong>le</strong> du côté dévié et la neutralisation cérébra<strong>le</strong> d'une image pour éviter la diplopie.<br />

Deux tests simp<strong>le</strong>s permettent de dépister l'amblyopie fonctionnel<strong>le</strong> strabique :<br />

- <strong>le</strong> test de l'occlusion alternée ou test d'échappement. L'occlusion d'un œil puis de l'autre est bien<br />

acceptée lorsqu'il existe une bonne acuité visuel<strong>le</strong> des deux côtés. S'il existe une amblyopie, l'enfant<br />

réagira vivement à l'occlusion du bon œil alors qu'il n'aura aucune réaction lors de l'occlusion de l'œil<br />

amblyope.<br />

- manœuvre droite-gauche avec <strong>le</strong>s lunettes à écran binasal. La manœuvre consiste à déplacer<br />

alternativement de la droite vers la gauche, puis de la gauche vers la droite, un jouet de fixation<br />

devant <strong>le</strong>s yeux d'un enfant porteur de lunettes à écran nasal.<br />

. si l'enfant a une bonne vision des deux yeux, il changera automatiquement d'œil<br />

fixateur, sans déplacer la tête lorsque l'objet se déplacera d'un côté et de l'autre ;<br />

. s'il existe une amblyopie relative d'un œil, l'enfant gardera plus ou moins longtemps<br />

la fixation avec son bon œil, en effectuant une rotation de la tête et l'importance de<br />

cette rotation est en relation directe avec l'importance de l'amblyopie,<br />

. si l'amblyopie est profonde, l'enfant maintiendra constamment la fixation avec <strong>le</strong> bon<br />

œil, effectuant une rotation non seu<strong>le</strong>ment de la tête, mais aussi du corps pour suivre<br />

l'objet, réalisant ainsi <strong>le</strong> "signe de la toupie".<br />

Ces deux procédés permettent l'appréciation de la présence et du degré de l'amblyopie avant l'âge où<br />

il est possib<strong>le</strong> de déterminer l'acuité visuel<strong>le</strong> qui, comme ceci vient d'être exposé, ne se situe guère<br />

avant deux ans.<br />

Il faudra aussi étudier la réfraction par skiascopie afin de rechercher une amétropie, c’est-à-dire un<br />

troub<strong>le</strong> de la réfraction. En effet, <strong>le</strong> premier geste thérapeutique, et sans doute <strong>le</strong> plus important, sera<br />

de donner une correction optique la plus exacte possib<strong>le</strong> de l’astigmatisme, de l’hypermétropie ou de<br />

la myopie de l’enfant strabique. Chacun de ces troub<strong>le</strong>s peut aggraver l’ang<strong>le</strong> de déviation du<br />

strabisme (hypermétropie strabisme convergent, myopie strabisme divergent). Cette étude sera<br />

réalisée par la skiascopie sous atropine qui bloque toute accommodation pouvant fausser <strong>le</strong>s mesures<br />

ou par la réfractométrie (l’appareil calcu<strong>le</strong> de façon automatique en quelques secondes l’amétropie<br />

d’un œil). Bien évidemment ces examens sont réalisés par l’ophtalmologiste.<br />

C'est donc entre 6 et 9 mois qu'un strabisme reconnu doit être traité. Il faut se garder de dire<br />

que <strong>le</strong> troub<strong>le</strong> oculaire s'arrangera avec l'âge.<br />

Le traitement de strabisme :<br />

Troisième partie : Le dépistage des troub<strong>le</strong>s de l’audition<br />

Introduction<br />

De l'audition dépend directement l'acquisition du langage qui débute dès <strong>le</strong>s premiers mois de la vie. Il<br />

faut donc dépister <strong>le</strong>s surdités <strong>le</strong> plus tôt possib<strong>le</strong> pour y remédier si possib<strong>le</strong> et rétablir ainsi cette<br />

relation de l'enfant et de son environnement.<br />

Faq 9 - Rappel anatomopathologique<br />

Les surdités peuvent être classées en :<br />

- surdités de transmission, dites encore d'oreil<strong>le</strong> externe et moyenne, curab<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>ur grande


majorité (sauf anomalie anatomique majeure),<br />

- surdités de perception, dites d'oreil<strong>le</strong> interne, qui relèvent de mesure de compensation.<br />

Il est essentiel de distinguer :<br />

- d’une part <strong>le</strong>s surdités légères (perte auditive de 15 à 40 dB), et moyennes (perte de 41 à 70 dB), où<br />

des éléments plus ou moins nombreux de la paro<strong>le</strong> sont perçus ;<br />

- d’autre part, <strong>le</strong>s surdités sévères (perte de 71 à 90 dB) où rien n’est perçu sauf à voix forte et, <strong>le</strong>s<br />

surdités profondes (perte supérieure à 90 dB) où rien n’est perçu même à voix forte.<br />

Faq 10 - Etiologie<br />

A la naissance, il peut s'agir :<br />

a) de surdités congénita<strong>le</strong>s génétiques, à transmission dominante ou récessive, d'où la va<strong>le</strong>ur d'un<br />

interrogatoire soigneux, à la recherche d'antécédents familiaux de surdité. El<strong>le</strong>s peuvent être isolées,<br />

otologiques pures ou associées, constituant un élément d'un syndrome dysmorphique.<br />

b) de surdités congénita<strong>le</strong>s liées à une atteinte pendant la vie intra-utérine, soit vira<strong>le</strong> (rubéo<strong>le</strong>),<br />

soit toxique (streptomycine), mais d'autres agents sont éga<strong>le</strong>ment invoqués avec moins de preuves.<br />

c) de surdités périnata<strong>le</strong>s, liées à l'anoxie cérébra<strong>le</strong>, et, à l'hyperbilirubinémie.<br />

Chez l'enfant plus grand, outre <strong>le</strong>s causes précédentes, qui ont pu passer inaperçues, on trouve :<br />

d) des surdités de transmission : bouchon de cérumen, catarrhe tubaire, otites diverses,<br />

e) des surdités de perception : infectieuses, toxiques, tumora<strong>le</strong>s, traumatiques.<br />

Les surdités de transmission donnent une atteinte de moyenne importance et sont souvent plus<br />

diffici<strong>le</strong>s à dépister ; cependant <strong>le</strong>ur importance est grande car l'enfant ma<strong>le</strong>ntendant peut faci<strong>le</strong>ment<br />

être considéré comme étourdi, voire débi<strong>le</strong>.<br />

f) Dans 50% des cas, l'étiologie est encore inconnue.<br />

Faq 11 - Examen de l'audition à la naissance<br />

Remarque : Paragraphe se référant plutôt à la question 23 mais conservé ici pour conserver une<br />

l’aspect chronologique du dépistage des troub<strong>le</strong>s de l’audition.<br />

L'exploration de l'audition chez <strong>le</strong> nouveau-né bénéficie, à cette période de la vie, des réactions<br />

réf<strong>le</strong>xes qui vont disparaître avec la maturation nerveuse et l'accoutumance au bruit.<br />

L'examen doit se faire dans de bonnes conditions (cf. question 23), l'enfant étant découvert, <strong>le</strong>s<br />

membres libres, bien à plat sur <strong>le</strong> dos, <strong>le</strong>s deux oreil<strong>le</strong>s dégagées. Plusieurs appareils (Veit-Bizaguet,<br />

Zénith) permettent d'émettre à 5 cm de l'oreil<strong>le</strong> de l'enfant un bruit blanc calibré en fréquence et en<br />

intensité. Le bruit déc<strong>le</strong>nche chez l'enfant des réactions motrices globa<strong>le</strong>s : sursaut, Moro, réf<strong>le</strong>xe<br />

tonique des membres, réactions motrices localisées : clignement de paupière (réf<strong>le</strong>xe cochléopalpébral),<br />

réf<strong>le</strong>xe oculo-céphalogyre, arrêt de mouvement, déc<strong>le</strong>nchement de la succion. Parfois, il<br />

faut se contenter d'une modification du rythme respiratoire plus diffici<strong>le</strong> à apprécier ou une<br />

modification du rythme cardiaque. La réaction peut être retardée (10-20 secondes) et l'excitation ne<br />

peut être répétée immédiatement (accoutumance). C'est donc un examen diffici<strong>le</strong> et pas toujours<br />

fiab<strong>le</strong>. En général, <strong>le</strong> nouveau-né répond à une stimulation de 60 dB. S'il ne répond pas, on augmente<br />

l'intensité et tout enfant ne répondant pas à 90 dB doit être considéré comme suspect. Si la suspicion<br />

se confirme à un nouvel examen, il sera adressé à un spécialiste.<br />

La technique des otoémissions acoustiques provoquées (OEAP) est plus récente ; el<strong>le</strong> peut être<br />

appliquée dès la période néonata<strong>le</strong>. Les OEAP sont des otoémissions apparaissant après la<br />

stimulation de l'oreil<strong>le</strong> par un son bref. Par un mécanisme comp<strong>le</strong>xe, <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s ciliées externes vont<br />

générer une énergie importante, émise vers l'extérieur sous forme d'un son comp<strong>le</strong>xe : l'otoémission<br />

provoquée. Cel<strong>le</strong>-ci sera enregistrée dans <strong>le</strong> conduit auditif externe 7 à 8 millisecondes après la<br />

stimulation, temps nécessaire à l'onde sonore pour al<strong>le</strong>r jusqu'aux cellu<strong>le</strong>s de l'organe de Corti et au


signal émis pour revenir au conduit auditif externe. La présence d’OEAP confirme l’existence d’une<br />

fonction cochléaire, donc <strong>le</strong> seuil est entre 0 et 30dB.<br />

Cette technique possède de nombreux avantages : el<strong>le</strong> est simp<strong>le</strong>, rapide, peu invasive et objective.<br />

La présence d'otoémissions doit rassurer ; <strong>le</strong>ur absence doit a<strong>le</strong>rter et conduire à poursuivre <strong>le</strong>s<br />

investigations. Dans ce sens, c'est un excel<strong>le</strong>nt test de dépistage large de la surdité permettant de<br />

faire un tri entre <strong>le</strong>s enfants ma<strong>le</strong>ntendants et <strong>le</strong>s enfants suspects de surdité. La présence de<br />

nombreux facteurs responsab<strong>le</strong>s de faux positifs et de résultats douteux nécessite des professionnels<br />

ayant une expérience suffisante ; la sensibilité et la spécificité du test devient alors acceptab<strong>le</strong>.<br />

Néanmoins, relativement onéreux, malgré tout consommateur de temps et oublié de la nomenclature,<br />

l’examen, malgré son efficacité, a du mal à se généraliser, alors qu’il est inscrit au carnet de santé<br />

depuis 1995.<br />

Des enquêtes faites, il ressort qu'un enfant sur 2.000 nouveau-nés est suspect de surdité, mais ce<br />

chiffre s'élève à 7 % lorsqu'on examine des enfants prématurés ou réanimés à la naissance. Il faut<br />

dans ce cas tenir compte de la diminution de la réactivité de l'enfant après 15 jours ou trois semaines<br />

et du séjour dans <strong>le</strong>s incubateurs bruyants. Il est cependant logique de recommander un dépistage<br />

systématique chez ces enfants ainsi que chez <strong>le</strong>s enfants ayant des antécédents familiaux de surdité<br />

ou une malformation crânio-facia<strong>le</strong> apparente. Dans ces derniers cas on a recours à des méthodes<br />

é<strong>le</strong>ctrophysiologiques objectives, tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s potentiels évoqués auditifs (PEA) du tronc cérébral,<br />

qui ne demandent pas la participation de l’enfant mais nécessitent qu’il soit endormi.<br />

La connaissance précoce d'une surdité profonde permet de préparer la famil<strong>le</strong> à une éducation qui<br />

sera longue et permet d'envisager un appareillage précoce dès <strong>le</strong> deuxième semestre de vie.<br />

Faq 12 - Après la naissance<br />

Nous ne pouvons plus compter sur <strong>le</strong>s réactions primaires qui existent durant <strong>le</strong>s premier jours. Dès<br />

15 jours, l'enfant peut contrô<strong>le</strong>r ses réf<strong>le</strong>xes auditifs. Un enfant de famil<strong>le</strong> nombreuse vivant dans un<br />

logement bruyant reste indifférent aux agressions sonores. Il faut de fortes intensités à l'audiométrie<br />

de dépistage pour obtenir une réaction et très tôt, l'enfant devient indifférent à ce stimulus non<br />

signifiant. Plus l'enfant avance en âge, plus <strong>le</strong> stimulus doit être singulier, intéresser l'enfant, lui<br />

rappe<strong>le</strong>r un bruit agréab<strong>le</strong>, familier ou au contraire susciter son intérêt par sa nouveauté. Il faut<br />

attendre 30 et même 36 mois pour commencer à obtenir une collaboration de l'enfant et employer des<br />

méthodes audiométriques utilisant des sons variab<strong>le</strong>s. Ce n'est qu'à partir de 4 ans et même 5 ans<br />

que l'on peut avoir recours à une audiométrie rappelant cel<strong>le</strong> utilisée chez <strong>le</strong> grand enfant et l'adulte.<br />

Entre la naissance et 3 ans, <strong>le</strong> dépistage sera donc particulièrement diffici<strong>le</strong>. Au cours de la première<br />

année, on cherchera à dépister <strong>le</strong>s surdités profondes qui n'ont pu être diagnostiquées jusque là, ou<br />

se sont révélées ou créées pendant <strong>le</strong>s premiers mois de la vie. Au cours des années suivantes, il<br />

s'agira surtout de dépister des surdités moyennes (40 à 70 dB) et légères (20 à 40 dB). On estime que<br />

5% des enfants de moins de 6 ans ont des troub<strong>le</strong>s de l'audition mais ces troub<strong>le</strong>s sont souvent<br />

curab<strong>le</strong>s. Ceci souligne l'intérêt de <strong>le</strong>s dépister <strong>le</strong> plus tôt possib<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s corriger si possib<strong>le</strong> afin de<br />

ménager l'avenir de l'enfant. Cette infirmité n'est pas toujours évidente : l'enfant ma<strong>le</strong>ntendant s'iso<strong>le</strong>,<br />

paraît étourdi et faci<strong>le</strong>ment peut être classé à tort parmi <strong>le</strong>s déficients mentaux. Simultanément, une<br />

déficience de l'audition peut entraîner des troub<strong>le</strong>s de langage. On comprend donc l'intérêt d'étudier <strong>le</strong><br />

comportement et <strong>le</strong> langage de l'enfant au cours des trois premières années de vie pour dépister chez<br />

lui des troub<strong>le</strong>s de l'audition.<br />

a) Gesell et Amatruda ont très minutieusement décrit, dès 1947, un certain nombre de symptômes<br />

conduisant à suspecter une atteinte de l'audition chez l'enfant en <strong>le</strong>s classant sous cinq rubriques<br />

:<br />

1° Audition et compréhension du langage : indifférence généra<strong>le</strong> aux sons ; absence de réponse aux<br />

mots ; réponse au bruit mais pas à la voix.<br />

2° Vocalisation et production des sons : caractère monotone de la voix ; vocalisation peu distincte ;<br />

rareté du rire ; pauvreté des essais vocaux ; vocalisation à la recherche d'une sensation vibratoire ;<br />

mouvements répétés de heurts de tête et de piétinements à la recherche de cette même sensation ;<br />

hur<strong>le</strong>ments et cris perçants pour exprimer aussi bien <strong>le</strong> plaisir que la contrariété ou un besoin.


3° Attention visuel<strong>le</strong> et compréhension réciproque : attention et vigilance visuel<strong>le</strong> accrues ; tendance<br />

marquée à l'imitation lors du jeu ; attention particulière pour <strong>le</strong>s gestes et <strong>le</strong>s déplacements de<br />

l'entourage ; vivacité inhabituel<strong>le</strong> des gestes.<br />

4° Relation socia<strong>le</strong> et adaptation : relation subnorma<strong>le</strong> lors des jeux vocaux avec d'autres nourrissons<br />

dans la même chambre ; intérêt plus marqué pour <strong>le</strong>s choses que pour <strong>le</strong>s personnes ; expression du<br />

visage investigatrice, parfois de surprise ou de dépit ; alternance de méfiance et de coopération ;<br />

réaction marquée aux louanges et marques d'affection.<br />

5° Comportement affectif : crises de colère pour manifester un besoin ou attirer l'attention sur soi ;<br />

tension, résistance et colère provoquées par l'absence de compréhension ; tendance à l'obstination et<br />

à la taquinerie ; irritabilité provoquée par la difficulté de se faire comprendre ; explosions de mauvaise<br />

humeur provoquées par <strong>le</strong>s contrariétés ; initiatives impulsives et intempestives.<br />

Ce sont <strong>le</strong>s symptômes que <strong>le</strong>s parents ont pu re<strong>le</strong>ver et que <strong>le</strong> médecin peut noter au cours de son<br />

examen.<br />

b) Des renseignements importants peuvent éga<strong>le</strong>ment être tirés de l'étude de l'acquisition du<br />

langage.<br />

Au cours du premier mois existent seu<strong>le</strong>ment des cris et des grognements. A deux ou trois mois<br />

apparaissent des vocalisations : roucou<strong>le</strong>ments, rire, gloussement, avec différencia-tion progressive<br />

selon l'état biologique ou affectif exprimé. Entre quatre et six mois apparaît <strong>le</strong> babil ou <strong>le</strong> gazouillis, à<br />

la fois jeu, cri, appel et stock de formes sonores ultérieures. Ce sont <strong>le</strong>s voyel<strong>le</strong>s qui apparaissent en<br />

premier et d'abord <strong>le</strong>s voyel<strong>le</strong>s antérieures "a", "e", puis <strong>le</strong>s consonnes labia<strong>le</strong>s (m, p) et denta<strong>le</strong>s (d,<br />

t). A six ou sept mois, ce sont <strong>le</strong>s premières dissyllabes répétitives (ma, da), dont une évolution<br />

comp<strong>le</strong>xe fera ultérieurement des mots, la non apparition du phonème et de sa répétition est un signe<br />

d'alarme. Entre 12 et 18 mois, ce sont <strong>le</strong>s premiers mots, exclamations ou onomatopées avec<br />

attribution d'une va<strong>le</strong>ur significative. On arrive au mot-phrase : un mot à forte signification, expression<br />

globa<strong>le</strong> de désirs et de sentiments divers. Par exemp<strong>le</strong>, "maman" signifie aussi bien "j'appel<strong>le</strong> maman"<br />

que "voilà maman qui arrive" ou "voilà <strong>le</strong> sac de maman". A 18 mois, apparaissent <strong>le</strong>s premières<br />

associations de mots : "papa pati". Entre 24 et 27, <strong>le</strong> vocabulaire s'enrichit : 100 mots à 20 mois, 300<br />

mots à 24 mois, 1000 mots à trois ans. C'est <strong>le</strong> langage enfantin avec l'apparition de "je" qui implique<br />

que l'enfant s'individualise en tant que personne. De 30 à 36 mois, outre l'accroissement du<br />

vocabulaire, des phrases de trois ou quatre mots sont courantes. A 36-40 mois, <strong>le</strong>s phrases sont bien<br />

formées et <strong>le</strong>s fautes grammatica<strong>le</strong>s deviennent rares. On comprend l'enfant à 90%. Après 3 ans,<br />

l'enfant commence à utiliser des mots abstraits. Il prend plaisir à répéter. A 5 ans, <strong>le</strong> langage devient<br />

un instrument de la pensée, on peut, pour illustrer, voir l'évolution d'une demande dans <strong>le</strong> temps : «<br />

bonbon, bonbon pour Pierre, Pierre veut un bonbon. Je veux un bonbon. J'ai été sage, je veux un<br />

bonbon, s'il vous plaît. » Il s'agit là d'un développement moyen et l'âge d'apparition des différents<br />

stades varie suivant <strong>le</strong>s col<strong>le</strong>ctivités, <strong>le</strong>s niveaux sociaux et économiques, <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s et même au<br />

sein d'une famil<strong>le</strong>, d'un enfant à l'autre. Toutefois, l'évolution du phonème, c'est-à-dire de l'unité de<br />

paro<strong>le</strong> du début, à la syllabe, au mot et à la phrase se fait dans un ordre de succession strict et<br />

universel<strong>le</strong>ment valab<strong>le</strong>. Le langage, beaucoup plus que <strong>le</strong> développement moteur, est fonction de la<br />

qualité affective et culturel<strong>le</strong> du milieu, mais <strong>le</strong> langage ne peut se constituer si la perception auditive<br />

est déficiente : c'est dire que tout troub<strong>le</strong> du développement du langage doit faire suspecter une<br />

atteinte de l'audition.<br />

c) En dehors de l'étude du comportement et de l'acquisition du langage chez l'enfant, différents tests<br />

de dépistage ont été proposés, en audiométrie voca<strong>le</strong> (tests utilisant la voix) ou tona<strong>le</strong> (tests<br />

utilisant des instruments sonores). Ils peuvent être utilisés en champ libre (<strong>le</strong>s deux oreil<strong>le</strong>s sont<br />

testées simultanément) ou au casque par voie aérienne (ce qui permet de tester séparément chaque<br />

oreil<strong>le</strong>)<br />

1 - Au cours des 6 premiers mois, on recherchera essentiel<strong>le</strong>ment la rotation conjuguée de la tête et<br />

des yeux vers <strong>le</strong> stimulus sonore. Cette rotation apparaît entre 16 et 38 semaines selon <strong>le</strong>s auteurs.<br />

2 - Après 6 mois, <strong>le</strong>s auteurs anglais, à la suite des travaux de Shéridan, utilisent différentes<br />

techniques d'examen dont <strong>le</strong> principal mérite est la facilité de réalisation, ce qui n'exclut pas,<br />

néanmoins, une grande rigueur.


Ils utilisent des stimuli vocaux en tenant compte de la réceptivité de l'enfant, c'est-à-dire en utilisant<br />

des sons que l'enfant connaît et auxquels il est habitué : voyel<strong>le</strong>s "ou-ou-ou" ou sons à base de<br />

linguodenta<strong>le</strong> "th" ou de combinaisons linguodenta<strong>le</strong>s sifflantes "psh", plus communes dans la langue<br />

anglaise que dans la langue française. D'autres stimuli familiers à l'enfant sont éga<strong>le</strong>ment utilisés :<br />

hochet, bruit de la cuillère heurtant doucement la timba<strong>le</strong>, clochette, froissement de papier.<br />

Tous <strong>le</strong>s stimuli sont calibrés et ne dépassent pas 40 dB grâce au respect d'une technique bien au<br />

point. Ainsi <strong>le</strong> bruit par froissement de papier est obtenu en refermant la main sur une bou<strong>le</strong> de papier<br />

de cellophane. Pour la voix chuchotée, une main masque <strong>le</strong>s lèvres de l'examinateur pour éviter<br />

l'excitation directe du pavillon de l'oreil<strong>le</strong>. Tous <strong>le</strong>s stimuli sont émis à 50 cm, 'l'enfant étant sur <strong>le</strong>s<br />

genoux de sa mère et son attention fixée par un jouet mis à sa disposition sur la tab<strong>le</strong>. Dans ces<br />

conditions, l'enfant normal tourne la tête vers <strong>le</strong> bruit, à l'horizonta<strong>le</strong> à 6 mois, en bas à 9 mois, en<br />

haut à 12 mois.<br />

Les jeunes enfants répondent plus volontiers à ces stimuli concrets, mais <strong>le</strong>s plus âgés préfèrent des<br />

stimuli nouveaux. Le prénom de l'enfant est alors un bon stimulus.<br />

3 - Les jouets de Moatti<br />

Dans cette voie, Moatti a mis au point un matériel simp<strong>le</strong> : il s'agit de quatre petits jouets imitant <strong>le</strong>s<br />

cris d'animaux (vache, mouton, chat, oiseau), sons comp<strong>le</strong>xes dont <strong>le</strong>s fréquences sont, pour la vache<br />

de 100 à 4500 Hz, <strong>le</strong> mouton de 500 à 5000 Hz <strong>le</strong> chat de 1000 à 8000 Hz et l'oiseau de 2000 à 9000<br />

Hz. Le son, lié à la chute d'un poids dans un cylindre, est produit en retournant <strong>le</strong>ntement l'objet et non<br />

en <strong>le</strong> secouant. L'intensité est ainsi calculée pour atteindre 60 décibels à un mètre, 55 à deux mètres,<br />

50 à trois mètres, 45 à quatre mètres, pour chacun des jouets. L'enfant étant sur <strong>le</strong>s genoux de sa<br />

mère, on commence par <strong>le</strong> jouet donnant <strong>le</strong> son <strong>le</strong> plus aigu (oiseau) en se plaçant à quatre mètres de<br />

l'enfant, hors de sa vue, et en se rapprochant progressivement en cas de non réponse. La réaction<br />

d'orientation-investigation peut être remplacée par des modifications au niveau de la face, des<br />

modifications de la respiration, des phénomènes moteurs. Les réponses négatives ne permettent pas<br />

d'affirmer l'absence de perception et l'examen doit être pratiqué à nouveau, soit <strong>le</strong> jour même soit<br />

quelques jours plus tard. Si <strong>le</strong> doute persiste, l'enfant doit être dirigé vers un centre spécialisé. Bien<br />

qu'il ne s'agisse pas d'une véritab<strong>le</strong> mesure audiométrique, <strong>le</strong>s réactions obtenues suivant <strong>le</strong> jouet<br />

utilisé permettent d'apprécier grossièrement <strong>le</strong> champ auditif de l'enfant. Il faut se méfier des fausses<br />

réponses positives, parfois induites par une réaction de la mère, et des fausses réponses négatives<br />

qui, el<strong>le</strong>s, conduisent à répéter l'examen. Enfin, la méthode risque de méconnaître <strong>le</strong>s hypoacousies<br />

inférieures à 50 dB.<br />

Les grelots du "Boel-test" répondent au même principe des tests d'orientation.<br />

4 - A 2 ans, et surtout à 2 ans et demi, on peut avoir recours au test du nom : placé derrière l'enfant<br />

occupé à jouer, on émet son nom à voix nue ou par haut-par<strong>le</strong>ur : l'enfant se retourne s'il entend, vers<br />

la source sonore.<br />

5 - On peut éga<strong>le</strong>ment avoir recours au test de phrases : dans <strong>le</strong>s mêmes conditions que pour <strong>le</strong> test<br />

du nom, on demande à l'enfant de répéter des phrases ou d'exécuter des ordres.<br />

6 - Un peu plus tard, on utilise <strong>le</strong> test des mots avec indication d'images : l'enfant montre du doigt<br />

l'image correspondant à la forme phonétique entendue. En fonction de mots bien choisis, il est<br />

possib<strong>le</strong> de préciser <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s de prononciation. Dans <strong>le</strong> test d'Olivaux, on dispose de 25 images<br />

que l'enfant a appris à reconnaître. Les images étant placées devant lui, l'observateur placé à 1 mètre<br />

en face de l'enfant nomme <strong>le</strong>s images à voix chuchotée et note sur la liste <strong>le</strong>s bonnes réponses. Si <strong>le</strong><br />

pourcentage de bonnes réponses est inférieur à 25, il faut recommencer en invitant l'enfant à regarder<br />

l'observateur chaque fois qu'il nomme une image. Si <strong>le</strong> pourcentage de bonnes réponses est meil<strong>le</strong>ur,<br />

on peut avoir des doutes sur la va<strong>le</strong>ur de l'audition. Il faut tenir compte de la fatigabilité de l'enfant et<br />

ne pas hésiter à recommencer l'épreuve un autre jour.<br />

7 - C'est à partir de 4 ans, mais mieux, à 5 ans, que, grâce à un appareil audiométrique simp<strong>le</strong>, dont<br />

peuvent disposer maintenant tous <strong>le</strong>s médecins scolaires, on peut réaliser rapidement <strong>le</strong> "test de<br />

balayage de fréquences". L'enfant coiffé d'un casque à deux écouteurs reçoit un son, soit d'un côté,<br />

soit de l'autre. On peut, grâce à l'appareil, faire varier l'intensité émise de 20 à 40 dB et la fréquence


de 250 (sons graves) à 4000 Hz (sons aigus). En notant <strong>le</strong>s réponses de l'enfant, on peut classer<br />

l'audition en norma<strong>le</strong>, suspecte ou mauvaise. L'examen par une personne entraînée demande 3<br />

minutes.<br />

8 - Tout enfant suspect doit être adressé à un centre disposant d'une installation spécia<strong>le</strong> permettant<br />

de réaliser : <strong>le</strong> réf<strong>le</strong>xe d'orientation conditionnée (ROC) ou <strong>le</strong> "Peep Show". Ces deux techniques<br />

nécessitent une participation active de l'enfant. Celui-ci est d'abord conditionné à répondre aux stimuli<br />

sonores par un geste qui fait apparaître sur un écran une image de préférence mobi<strong>le</strong> et attrayante :<br />

train, automobi<strong>le</strong>, bateau. Cet apprentissage l'incite ensuite à découvrir <strong>le</strong> son qui l'autorise à faire <strong>le</strong><br />

geste. En faisant varier <strong>le</strong> son produit par haut-par<strong>le</strong>ur puis au casque, on peut tester séparément<br />

chaque oreil<strong>le</strong>. La méthode peut être éga<strong>le</strong>ment utilisée pour juger de la récupération chez l'enfant<br />

appareillé.<br />

Un examen est important et devrait être systématique pour confirmer et évaluer <strong>le</strong> déficit auditif :<br />

l'impédancemétrie qui permet d'établir la courbe tympanométrique et d'étudier <strong>le</strong> réf<strong>le</strong>xe stapédien<br />

(contraction du musc<strong>le</strong> à une excitation donnée). Cet examen renseigne sur l'état de la caisse du<br />

tympan (épanchement éventuel) et la mobilité de la chaîne des osse<strong>le</strong>ts. Il détecte <strong>le</strong>s surdités de<br />

transmission, notamment en cas d'otite séreuse. Cel<strong>le</strong>-ci est très fréquente chez l'enfant et entraîne<br />

un déficit auditif prédominant sur <strong>le</strong>s fréquences graves de 5 à 40 dB.<br />

9 - A côté de ces tests, on peut pratiquer une audiométrie objective par deux techniques<br />

neurophysiologiques :<br />

- <strong>le</strong>s potentiels évoqués auditifs : des sons d'intensité et de fréquence connues entraînent des<br />

modifications de l'E.E.G. Ces modifications, non visib<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> tracé ordinaire sont décelées et<br />

cumulées par un moyenneur (ordinateur) qui en trace la courbe.<br />

- l'é<strong>le</strong>ctrocochléogramme consiste à placer une é<strong>le</strong>ctrode transtympanique sur <strong>le</strong> promontoire et à<br />

exciter directement l'oreil<strong>le</strong> interne.<br />

Conclusion<br />

En résumé, <strong>le</strong>s moyens disponib<strong>le</strong>s pour un dépistage global de première intention sont<br />

1. Les jouets sonores calibrés en fréquences<br />

2. Test à la voix : voix chuchotée, voix norma<strong>le</strong> sans et avec <strong>le</strong>cture labia<strong>le</strong>, on utilise la désignation<br />

d’images ou la répétition des mots.<br />

3. Les audiomètres portab<strong>le</strong>s : pour une approche du seuil d’audition mais cela suppose la<br />

coopération de l’enfant.<br />

4. Le tympanomètre : si l’on veut objectiver une atteinte tel<strong>le</strong> que l’obstruction tubaire ou l’otite<br />

séreuse. Mais il faut se rappe<strong>le</strong>r qu’un tympanogramme normal n’élimine pas une surdité de<br />

perception.<br />

Tous ces moyens donnent une orientation diagnostique, en aucun cas, un diagnostic de certitude.<br />

Seul l’audiogramme (méthode subjective qui suppose la participation de l’enfant) donnera un<br />

diagnostic précis, quantitatif, topographique, qualitatif. Ce n’est que dans <strong>le</strong> cas où cet audiogramme<br />

est irréalisab<strong>le</strong> dans un premier temps (âge, troub<strong>le</strong>s majeurs du comportement, pathologies graves<br />

associées) qu’on aura recours à des méthodes objectives tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s PEA.<br />

La surveillance de l'audition doit être renforcée chez <strong>le</strong>s enfants ayant des facteurs de risque<br />

de surdité (Joint Comitee on Infant Hearning, 1991) :<br />

- antécédents familiaux de surdité<br />

- infection fœta<strong>le</strong> (rubéo<strong>le</strong>, toxoplasmose, herpès, CMV, syphilis)<br />

- malformations cervicofacia<strong>le</strong>s et syndromes polymalformatifs pouvant s’associer à une surdité<br />

- Apgar à 3 à 5 mn - prématuré de moins de 32 semaines, poids de naissance de moins de 1500 g,<br />

- ventilation ou besoin en oxygène plus de 10 jours dans la période néonata<strong>le</strong>,<br />

- troub<strong>le</strong>s neurologiques d’origine centra<strong>le</strong><br />

- hyperbilirubinémie ayant nécessité une exsanguino-transfusion ou une photothérapie intensive<br />

- méningite bactérienne


- traitements par aminosides en fin de grossesse ou pendant la période néonata<strong>le</strong> pendant plus de 5<br />

jours<br />

Tout diagnostic de déficit auditif doit conduire à une prise en charge :<br />

- <strong>le</strong>s surdités de perception impose une prise en charge très spécifique.<br />

- <strong>le</strong>s surdités de transmission doivent éga<strong>le</strong>ment être prises en compte. Les rhinopharyngites à<br />

répétition avec obstruction tubaire et otite séreuse , si fréquentes chez <strong>le</strong> jeune enfant, sont<br />

responsab<strong>le</strong>s d’hypoacousie chronique ; el<strong>le</strong>s doivent être efficacement traitées (une perte auditive<br />

durab<strong>le</strong> de « seu<strong>le</strong>ment » 25 dB retentit sur la compréhension et l’acquisition du langage), si<br />

nécessaire par un geste chirurgical (adénoïdectomie, paracentèse, voire pose d’aérateurs<br />

transtympaniques)


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Auteur : Pr. A. Labbé (CHU C<strong>le</strong>rmont-Ferrand) MAJ : 03/01/2006<br />

Objectifs :<br />

Objectifs nationaux de l’ECN<br />

Orientation diagnostique devant une :<br />

Toux chez l’enfant [et chez l’adulte : non traité]<br />

( avec <strong>le</strong> traitement )<br />

Item 336<br />

- Devant une toux aiguë ou chronique chez l’enfant [ou chez l’adulte], argumenter <strong>le</strong>s<br />

principa<strong>le</strong>s hypothèses diagnostiques et justifier <strong>le</strong>s examens complémentaires pertinents.<br />

- Argumenter l’attitude thérapeutique et planifier <strong>le</strong> suivi du patient.<br />

Objectifs intermédiaires du Collège national des professeurs d’université de pédiatrie<br />

- Énumérer <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s causes de toux chronique chez l’enfant.<br />

- Décrire <strong>le</strong>s éléments d’orientation étiologique à rechercher par l’anamnèse personnel<strong>le</strong> et familia<strong>le</strong>,<br />

ainsi que par des questions portant sur l’environnement.<br />

- Citer <strong>le</strong>s examens complémentaires uti<strong>le</strong>s, situer <strong>le</strong>ur place dans la démarche diagnostique, et <strong>le</strong>s<br />

interpréter.<br />

- Décrire <strong>le</strong>s principes généraux du traitement de chacune des principa<strong>le</strong>s entités pouvant causer une<br />

toux chronique.<br />

- Citer <strong>le</strong>s situations requérant un avis spécialisé.<br />

Sommaire<br />

1 - Physiologie de la toux<br />

2 - Chronologie de la toux<br />

3 - Les différents types de toux chez l’enfant<br />

4 - L’interrogatoire, temps essentiel de l’examen d’un tousseur<br />

5 - Les points importants de l’examen clinique<br />

6 - Les principa<strong>le</strong>s causes de toux chez l’enfant<br />

7 - Les causes de toux en fonction de l'âge<br />

8 - Examens uti<strong>le</strong>s et inuti<strong>le</strong>s devant une toux chronique<br />

9 - Repères cliniques<br />

10- Les traitements de la toux<br />

11- Conclusion<br />

Points essentiels<br />

1- Physiologie de la toux<br />

- Réf<strong>le</strong>xe lié à la stimulation de récepteurs sensib<strong>le</strong>s à l’irritation<br />

- Situation des récepteurs : larynx, trachée, bronches<br />

- Zones réf<strong>le</strong>xogènes : carina et éperons bronchiques<br />

- Mise en jeu des récepteurs : stimulus mécaniques ou chimiques<br />

- Voies afférentes : nerfs vague, glosso-pharyngien, trijumeau<br />

- Centre de la toux = médullaire sous influence cortica<strong>le</strong> ++<br />

- Voies efférentes : nerfs vague, phrénique et nerfs spinaux<br />

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2- Chronologie de la toux<br />

- Inspiration à glotte ouverte<br />

- Contraction des musc<strong>le</strong>s expiratoires<br />

- Élévation de la pression intra-thoracique<br />

- Compression dynamique de l’arbre bronchique<br />

- Accélération du flux expiratoire<br />

- Expulsion des sécrétions<br />

3- Les différents types de toux chez l’enfant<br />

- Durée<br />

• aiguë : contemporaine des infections, quelques jours au maximum<br />

• chronique : plus de trois semaines en continue<br />

- Caractère<br />

• sèche, irritative, non productive<br />

• grasse, productive s’accompagnant de crachats ou vomissements<br />

- Horaire<br />

• prédominance diurne<br />

• prédominance nocturne (début de nuit, milieu, fin de nuit)<br />

- Caractère déc<strong>le</strong>nchant<br />

• après une rhinite , en climat infectieux<br />

• au fou rire, ou à l’effort<br />

• après contact avec un al<strong>le</strong>rgène (animal, pol<strong>le</strong>n …)<br />

• dans certaines circonstances climatiques (froid, humidité, vent)<br />

• en position couchée (sieste, début de nuit)<br />

4- L’interrogatoire, temps essentiel de l’examen d’un tousseur<br />

- Antécédents personnels néonataux, bronchiolite, eczéma, asthme.<br />

- Antécédents familiaux atopie, asthme.<br />

- Environnement tabagisme passif, animaux.<br />

- Mode de début de la toux dans <strong>le</strong>s suites d’une infection ORL ou bronchique de façon inopinée.<br />

- Caractère de la toux (irritatif, productif, fièvre associée).<br />

- Horaire (diurne, nocturne, décubitus).<br />

- Résistance ou efficacité des thérapeutiques antibiotique, bronchodilatateurs, corticoïdes.<br />

5- Les points importants de l’examen clinique<br />

- Retentissement sur l’état général et la croissance (poids, tail<strong>le</strong>)<br />

- Déformation thoracique (distension)<br />

- Auscultation pulmonaire perturbée (sibilants, ronchus)<br />

- Hippocratisme digital<br />

- Distension abdomina<strong>le</strong> (mucoviscidose)<br />

- Faciès adénoïdien (bouche ouverte)<br />

- Obstruction nasa<strong>le</strong><br />

- Hypertrophie amygdalienne<br />

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6- Les principa<strong>le</strong>s causes de toux chez l’enfant<br />

- Toux aiguë<br />

Infection O.R.L (rhinite vira<strong>le</strong>, rhino-pharyngite, rhino-sinusite)<br />

Laryngite, bronchiolite et bronchite<br />

Pneumopathie<br />

- Toux chronique<br />

Adénoïdite et inflammation sinusienne<br />

Reflux gastro-oesophagien<br />

Asthme et al<strong>le</strong>rgies respiratoires<br />

Tabagisme passif<br />

Corps étranger bronchique<br />

Coqueluche.<br />

7- Les causes de toux en fonction de l'âge<br />

- La toux avant l’âge d’un an<br />

• Infections néonata<strong>le</strong>s<br />

• Infection pulmonaire à Chlamydia trachomatis<br />

• Anomalies des arcs aortiques<br />

• Fistu<strong>le</strong>s oeso-trachéa<strong>le</strong>s isolées<br />

• Kyste bronchogénique de la carène<br />

• Troub<strong>le</strong>s de la déglutition<br />

• Mucoviscidose<br />

• Reflux gastro-oesophagien<br />

• Tabagisme passif<br />

- La toux entre 1 et 5 ans<br />

• Infections ORL et/ou bronchiques récidivantes<br />

• Bronchiolites à VRS<br />

• Coqueluche<br />

• Sinusites maxillaires aiguës, subaiguës et chroniques<br />

• Hypertrophies adénoidiennes et adénoidites<br />

• Syndromes immuno-déficitaires<br />

• Malformations bronchopulmonaires<br />

• Séquel<strong>le</strong>s d'atrésie oesophagienne<br />

• Al<strong>le</strong>rgies respiratoires<br />

• Asthme du nourrisson (et équiva<strong>le</strong>nts)<br />

• Reflux gastro-oesophagien<br />

• Corps étrangers respiratoires<br />

• Tabagisme passif<br />

- La toux après 5 ans<br />

• Sinusites maxillaires aiguës, subaiguës ou chroniques<br />

• Infections respiratoires aiguës basses<br />

• Dilatations des bronches<br />

• Tumeurs du médiastin<br />

• Malformations bronchopulmonaires<br />

• Al<strong>le</strong>rgies respiratoires<br />

• Reflux gastro-oesophagien<br />

• Toux "équiva<strong>le</strong>nt d'asthme"<br />

• "Toux nerveuse" et dyskinésie laryngée épisodique<br />

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8- Examens uti<strong>le</strong>s et inuti<strong>le</strong>s devant une toux chronique<br />

- Les examens incontournab<strong>le</strong>s<br />

• Cliché thoracique de face, inspiration (+ expiration si doute sur un trappage unilatéral en<br />

faveur d’un éventuel corps étranger)<br />

• Examen O.R.L (cliché du cavum ou recherche endoscopique d’une hypertrophie<br />

adénoïdienne)<br />

• Hémogramme (éosinophilie, anémie)<br />

- Les examens de deuxième intention (échec du traitement, durée de la toux)<br />

• Tests al<strong>le</strong>rgologiques (biologiques ou cutanés)<br />

• Exploration fonctionnel<strong>le</strong> respiratoire<br />

• Test de la sueur (dosage de chlore pour éliminer la mucoviscidose)<br />

• Recherche d’un reflux gastro-oesophagien (pH métrie, TOGD)<br />

- Examens spécialisés<br />

• Endoscopie bronchique<br />

• Exploration fonctionnel<strong>le</strong> respiratoire du nourrisson<br />

• Scanner des sinus<br />

- Examens inuti<strong>le</strong>s ou peu uti<strong>le</strong>s<br />

• Vitesse de sédimentation<br />

• É<strong>le</strong>ctrophorèse des protéines<br />

• Dosage des immunoglobulines (hors contexte clinique évocateur)<br />

• Cliché des sinus<br />

• Ionogramme<br />

• Dosage de l’alpha 1 antitrypsine<br />

9- Repères cliniques<br />

- La toux post-bronchiolite aiguë<br />

• Toux sèche au début, parfois en quintes, pouvant gêner l’alimentation<br />

• S’associe <strong>le</strong> plus souvent à une dyspnée<br />

• El<strong>le</strong> devient productive en cours d’évolution<br />

• El<strong>le</strong> diminue au repos et augmente à l’effort<br />

- La toux de la coqueluche<br />

• Survient dès la phase d’invasion<br />

• Caractéristique par l’existence de quintes peu productives, avec reprise inspiratoire et bruit<br />

caractéristique (chant du coq) toutefois rarement observés<br />

• Peut être syncopa<strong>le</strong> et entraîner une apnée chez <strong>le</strong> nourrisson<br />

• Devient productive avec émissions de glaires et vomissements<br />

• Prédomine la nuit, s’accompagne de pétéchies sur <strong>le</strong> cou<br />

• Durée prolongée, supérieure à 3 semaines<br />

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- La toux du reflux gastro-oesophagien<br />

• Secondaire à des micro-aspirations du contenu gastrique<br />

• El<strong>le</strong> peut être éga<strong>le</strong>ment déc<strong>le</strong>nchée par la mise en jeu de récepteurs du bas œsophage<br />

• Prédomine la nuit (dès <strong>le</strong> coucher) et en décubitus<br />

- La toux de l’asthmatique<br />

• Peut représenter <strong>le</strong> signe principal de la maladie (toux “ équiva<strong>le</strong>nt asthmatique ”)<br />

• Caractère irritatif, en quintes, prédominance nocturne<br />

• Exacerbée à l’effort, au rire<br />

• Peut s’accompagner de vomissements chez <strong>le</strong> petit enfant<br />

• Calmée par <strong>le</strong>s bronchodilatateurs et <strong>le</strong>s corticoïdes<br />

• S’accompagne ou non de la perception de sibilances<br />

• Lors de la crise dyspnéique el<strong>le</strong> est d’abord sèche en quintes, puis devient grasse en fin<br />

d’accès<br />

- La toux des corps étrangers des voies respiratoires<br />

• Débute de façon bruta<strong>le</strong>, sans facteur infectieux évident<br />

• Variab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> temps, souvent en quintes<br />

• Souvent explosive et invalidante<br />

• S’accompagne souvent d’un “ wheezing unilatéral ” évocateur<br />

- La toux psychogène<br />

• El<strong>le</strong> prédomine <strong>le</strong> jour et disparaît la nuit<br />

• De timbre très particulier (explosif)<br />

• S’exagère en présence des parents ou d’un tiers<br />

• Résiste à tout type de traitement<br />

• Surtout chez <strong>le</strong> grand enfant<br />

10- Les traitements de la toux<br />

Le meil<strong>le</strong>ur traitement de la toux est celui de sa cause.<br />

Il est essentiel de respecter une toux productive, en particulier chez <strong>le</strong> petit enfant, car el<strong>le</strong> permet<br />

l’évacuation des sécrétions.<br />

L’utilisation des médicaments antitussifs est limitée aux toux irritatives, non productives, asthéniantes<br />

ou perturbant <strong>le</strong> sommeil de l’enfant.<br />

Beaucoup d’antitussifs sont contre-indiqués chez l’enfant de moins de trente mois. De nombreux<br />

sirops antitussifs contiennent des dérivés terpéniques (diminution du seuil épi<strong>le</strong>ptogène), de<br />

l’éthanol, de la phénothiazine (risque de mort subite chez l’enfant de moins de 1 an) et des sulfites<br />

(al<strong>le</strong>rgie). Certains sont dépresseurs respiratoires (opiacés). L’indication de ces médications est donc<br />

limitée à des cas particuliers. Le traitement doit être de courte durée.<br />

A. ANTITUSSIFS OPIACES<br />

DEXTROMÉTHORPHANE<br />

peu dépresseur respiratoire<br />

Contre indiqué chez l’enfant de moins de 30 mois Posologie de 0,25 à 1 mg/kg/prise, forme de sirop<br />

Exemp<strong>le</strong>s : Akindex®, Dexir®, Drill toux sèche®, Nodex®<br />

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NOSCAPINE<br />

peu dépresseur respiratoire, risque d’augmentation HIC<br />

Contre indiqué chez l’enfant de moins de 30 mois<br />

Exemp<strong>le</strong> : Tussisédal® sirop<br />

CODEINE<br />

Dépresseur des centres respiratoires<br />

Majoration de la pression intracrânienne<br />

Contre indiqué chez l’enfant de moins de 30 mois<br />

Posologie de 0,5 mg/kg/j au dessus de 30 mois<br />

Posologie de 1 mg/kg/j au dessus de 6 ans<br />

Exemp<strong>le</strong> : Néo-Codion®, Bronchy®, Codatux®, Tussipax®<br />

PHOLCODINE<br />

peu dépresseur respiratoire<br />

Contre indiqué chez l’enfant de moins de 30 mois<br />

Posologie de 0,5 mg/kg/j au dessus de 30 mois<br />

Posologie de 1 mg/kg/j au dessus de 6 ans<br />

Exemp<strong>le</strong> : Biocalyptol®, Bronca<strong>le</strong>ne®, Codotussyl®, Dénoral®, Hexapneumine®, Pholcodyl®,<br />

Respilène®, Trophires®<br />

B. ANTITUSSIFS ANTIHISTAMINIQUES<br />

- ANTICHOLINERGIQUES<br />

Nombreux effets indésirab<strong>le</strong>s (phénotiazine)<br />

ATTENTION chez l’enfant de moins d’un an<br />

Exemp<strong>le</strong>s : Calmixène®, Dimétane®, Fluisédal®, Rectop<strong>le</strong>xil®, Rhinatiol®, Théralène®,<br />

Paxéladine®<br />

- Divers : Pneumorel®<br />

C. ANTITUSSIFS NON OPIACES ET NON ANTIHISTAMINIQUES<br />

- CLOBUTINOL<br />

Contre indication : épi<strong>le</strong>psie<br />

Produit = Silomat®<br />

Posologie : > 2 mois = 1 goutte/kg 2 fois / J, 3 à 10 ans = 5 ml 3 fois / J, > 10 ans = 10 ml 3 fois / J<br />

- OXILADINE, PENTOXYVERINE et autres<br />

Exemp<strong>le</strong>s : Atoucline®, Pectosan®, Hélicidine®<br />

PRODUITS DIVERS UTILISES EN POMMADE DERMIQUE<br />

Type = Bronchodermine®<br />

ATTENTION à l’arachide et aux dérivés terpéniques<br />

Si utilisé sur une trop grande surface = risque convulsif ++<br />

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11- Conclusion<br />

La toux est un symptôme fréquent chez l’enfant. Le meil<strong>le</strong>ur traitement de la toux est celui de sa<br />

cause.<br />

La recherche de la cause d’une toux chronique est centrée sur <strong>le</strong>s maladies <strong>le</strong>s plus courantes dont<br />

l’asthme représente <strong>le</strong> chef de fil. L’interrogatoire et l’examen clinique sont essentiels. Des examens<br />

complémentaires sont indispensab<strong>le</strong>s dès que la toux perdure, quel que soit son retentissement.<br />

L’utilisation des antitussifs doit être parcimonieuse, réfléchie, limitée aux toux irritatives en dehors de<br />

l’asthme. Toute toux productive doit être respectée.<br />

Points essentiels<br />

- Mécanisme physiologique d’épuration des voies aériennes<br />

- Rarement observée chez l’enfant en bonne santé<br />

- Inquiète <strong>le</strong>s parents, surtout la nuit<br />

- Nécessite un bilan quand el<strong>le</strong> dure ou rechute<br />

- Le meil<strong>le</strong>ur traitement est celui de sa cause<br />

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Auteurs : Gérard CHERON, Philippe MEYER, Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris 26/05/08<br />

Item 201<br />

Evaluation de la gravité et recherche des complications précoces chez l’enfant<br />

(adulte non traité dans cette question) :<br />

. chez un brûlé<br />

. chez un polytraumatisé<br />

. chez un traumatisé abdominal<br />

. chez un traumatisé crânio-facial<br />

. chez un traumatisé des membres<br />

. chez un traumatisé thoracique<br />

. devant une plaie des parties mol<strong>le</strong>s.<br />

- Identifier <strong>le</strong>s situations d'urgence et planifier <strong>le</strong>ur prise en charge.<br />

Pré-requis<br />

- Les traumatismes crâniens graves de l’enfant se caractérisent par la fréquence des<br />

lésions diffuses.<br />

- Ce sont ces lésions primaires qui sont <strong>le</strong>s plus susceptib<strong>le</strong>s de s’aggraver, et<br />

d’aboutir à des lésions secondaires par œdème cérébral et hypertension<br />

intracrânienne.<br />

- La profondeur d’un coma se mesure sur l’échel<strong>le</strong> de Glasgow.<br />

- Les déterminants principaux du débit sanguin cérébral sont la PaCO2, Les<br />

déterminants du débit cardiaque, et singulièrement la pression artériel<strong>le</strong> moyenne, à<br />

un moindre degré, la PaO2 et la viscosité sanguine.<br />

- Le volume sanguin total d’un enfant est d’environ 70 à 80 ml/kg.<br />

- En réaction à une hypovolémie aiguë, la compensation sympathique,<br />

vasoconstriction périphérique surtout, et tachycardie est très efficace mais épuisab<strong>le</strong>.<br />

La décompensation est tardive et bruta<strong>le</strong> en l’absence de diagnostic précoce.<br />

Objectifs<br />

- Evaluer la gravité et rechercher <strong>le</strong>s complications précoces dans <strong>le</strong>s différentes<br />

situations<br />

- Déterminer <strong>le</strong>s priorités diagnostiques en fonction des mécanismes lésionnels<br />

- Savoir définir <strong>le</strong>s priorités thérapeutiques en présence de lésions multip<strong>le</strong>s<br />

Sommaire<br />

1 – Evaluation de la gravité<br />

2 – Traumatismes de l’enfant<br />

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Auteurs : Gérard CHERON, Philippe MEYER, Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris 26/05/08<br />

A- Evaluation de la gravité et recherche de complications précoces chez un<br />

brûlé<br />

Les brûlures sont des accidents fréquents chez l’enfant (1000 à 1500 brûlés admis en<br />

réanimation par an et plusieurs milliers de brûlures superficiel<strong>le</strong>s par an). Il s’agit de brûlures<br />

thermiques ou é<strong>le</strong>ctriques. Les brûlures thermiques se produisent dans la cuisine (plaque<br />

chauffante, porte de four, cassero<strong>le</strong> – bol ou tasse de liquide chaud renversé), dans la sal<strong>le</strong><br />

de bain (baignoire et mélangeur mal réglé), dans <strong>le</strong> jardin (barbecue). Plus rarement il s’agit<br />

d’une victime d’un incendie. Les brûlures é<strong>le</strong>ctriques (fil é<strong>le</strong>ctrique dénudé, doigts dans une<br />

prise) posent <strong>le</strong> problème des éventuel<strong>le</strong>s lésions tissulaires (tendineuses, musculaires)<br />

produites par <strong>le</strong> courant é<strong>le</strong>ctrique entre son point d’entrée et son point de sortie.<br />

Exceptionnel<strong>le</strong>ment il s’agit de brûlures par contact avec un caustique.<br />

1. La gravité immédiate des brûlures dépend de <strong>le</strong>ur étendue, de <strong>le</strong>ur localisation et<br />

de <strong>le</strong>ur profondeur<br />

1.1. L’étendue de la brûlure est donnée par <strong>le</strong> pourcentage de surface corporel<strong>le</strong> atteint.<br />

La règ<strong>le</strong> « de neuf »:<br />

Le corps d’un adulte est divisé en régions anatomiques dont la surface correspond à<br />

9% de la surface corporel<strong>le</strong>.<br />

Cette règ<strong>le</strong> est moins exacte pour l’enfant qui a, proportionnel<strong>le</strong>ment, une plus<br />

grande tête et de plus petites jambes. Une version pédiatrique a été développée.<br />

Les calculs à partir de la règ<strong>le</strong> « de neuf » surestiment l’étendue de la brûlure aux<br />

extrémités et sous estiment l’extrémité céphalique.<br />

La règ<strong>le</strong> « des mains »<br />

Peut être utilisée pour l’estimation des brûlures ne dépassant pas 10% de surface<br />

brûlée.<br />

L’aire entre <strong>le</strong> pli du poignet et <strong>le</strong> pli palmo-digital (la paume de la main) de l’enfant<br />

représente 1% de sa surface corporel<strong>le</strong>. Par exemp<strong>le</strong>, si la superficie de l’aire brûlée<br />

correspond à cinq paumes de l’enfant, la superficie de la brûlure est 5% de la surface<br />

corporel<strong>le</strong>.<br />

1.2. La localisation<br />

Ont une gravité particulière, <strong>le</strong>s brûlures :<br />

- des orifices naturels au niveau de la face et du périnée, en raison :<br />

- du handicap fonctionnel associé : respiratoire si la brûlure est nasa<strong>le</strong>, alimentaire si<br />

péribucca<strong>le</strong>, visuel si orbitaire, digestive ou urinaire si périnéa<strong>le</strong>,<br />

- et du risque de surinfection propre à ces localisations<br />

- des espaces interdigitaux: et des plis de manière généra<strong>le</strong>, des muqueuses en raison du<br />

risque de cicatrisation avec des synéchies souvent synonymes de séquel<strong>le</strong>s fonctionnel<strong>le</strong>s.<br />

1.3. La profondeur<br />

L’appréciation de la profondeur d’une brûlure est clinique. On distingue classiquement des<br />

brûlures du premier, du second (superficiel ou profond) et du troisième degré. L’évaluation<br />

définitive n’est souvent possib<strong>le</strong> qu’après quelques jours.<br />

- Premier degré ou brûlure superficiel<strong>le</strong>. L’exemp<strong>le</strong> en est <strong>le</strong> coup de so<strong>le</strong>il. La lésion est<br />

érythémateuse, sèche, sans cloque, et douloureuse. L’œdème est minime ou absent.<br />

El<strong>le</strong> guérit sans séquel<strong>le</strong> en 2 à 5 jours.<br />

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Auteurs : Gérard CHERON, Philippe MEYER, Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris 26/05/08<br />

- Second degré superficiel : lésions rouge vif, humides, suintantes, avec des cloques, très<br />

douloureuses respectant la couche basa<strong>le</strong> du derme qui guérissent en 10 à 15 jours.<br />

- Second degré profond : <strong>le</strong>s lésions ne respectent que quelques îlots épidermiques. El<strong>le</strong>s<br />

sont blanches avec un piqueté hémorragique. El<strong>le</strong>s sont peu suintantes. El<strong>le</strong>s guérissent<br />

en 3 à 6 semaines et comportent un risque de surinfection.<br />

- Troisième degré. Tous <strong>le</strong>s éléments de l’épiderme ont été détruits. La lésion est blanche<br />

ou brune foncée, cartonnée, insensib<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> ne saigne pas. Sa cicatrisation ne peut se<br />

faire qu’à partir des berges par bourgeonnement si el<strong>le</strong> est peu étendue. Dans <strong>le</strong> cas<br />

contraire il faut recourir aux greffes de peau.<br />

2. Recherche de complications précoces<br />

Ce sont la déperdition hydro-é<strong>le</strong>ctrolytique et <strong>le</strong> choc hypovolémique.<br />

La fuite hydro-é<strong>le</strong>ctrolytique et protéique est massive dès que <strong>le</strong>s surfaces brûlées<br />

dépassent 5% de la surface corporel<strong>le</strong>. Il faut immédiatement perfuser l’enfant brûlé et<br />

restaurer puis maintenir son hémodynamique. Les apports doivent couvrir <strong>le</strong>s besoins<br />

journaliers et compenser <strong>le</strong>s pertes à raison de 4ml/kg par pourcentage de surface brûlée.<br />

Le soluté est du Ringer Lactate. L’objectif est d’avoir une diurèse d’au moins 1ml/kg/h.<br />

La dou<strong>le</strong>ur est toujours présente. Le recours aux antalgiques doit être systématique :<br />

antalgique de palier 2 pour <strong>le</strong>s brûlures du second degré, morphiniques pour <strong>le</strong> troisième<br />

degré. Les antalgiques sont prescrits de sorte qu’une prise précède <strong>le</strong> changement des<br />

pansements<br />

3. Conduite à tenir pratique<br />

- Retirer <strong>le</strong>s vêtements et <strong>le</strong>s bijoux sans chercher à décol<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s tissus qui adhèrent aux<br />

zones brûlées<br />

- Refroidir sous l’eau froide pendant 10 minutes <strong>le</strong>s surfaces brûlées<br />

- Evaluer l’étendue et la profondeur des lésions<br />

- Dépister <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s hémodynamiques et <strong>le</strong>s corriger<br />

- Traiter la dou<strong>le</strong>ur<br />

- Laver <strong>le</strong>s lésions avec un antiseptique type chlorhexidine<br />

- Panser <strong>le</strong>s lésions avec un corps gras (type biafine, flamazine), recouvrir avec des<br />

compresses stéri<strong>le</strong>s maintenues par une bande fine et de l’élastoplaste pour éviter que <strong>le</strong><br />

pansement ne glisse.<br />

B- Traumatismes de l’enfant<br />

Les accidents représentent la première cause de mortalité de l’enfant âgé de plus d’un an dans<br />

tous <strong>le</strong>s pays. Il s’agit presque exclusivement de traumatismes fermés.<br />

Chez <strong>le</strong>s enfants <strong>le</strong>s plus jeunes, <strong>le</strong>s principaux pourvoyeurs de traumatisme sévère sont :<br />

<strong>le</strong>s accidents de circulation (enfant piéton, enfant passager),<br />

<strong>le</strong>s chutes d’une grande hauteur,<br />

<strong>le</strong>s accidents de trotteur.<br />

Chez <strong>le</strong>s enfants d'âge préscolaire et en milieu urbain, <strong>le</strong>s chutes et défenestrations<br />

représentent 30% des traumatismes graves.<br />

Chez <strong>le</strong>s enfants entre 6 et 12 ans, <strong>le</strong>s chocs entre piétons et véhicu<strong>le</strong>s légers (VL)<br />

prédominent. Observés aux horaires de sorties des éco<strong>le</strong>s, ils constituent toujours un impact à<br />

haute énergie et on retrouve dans ce groupe la plus grande proportion de TC graves et de<br />

polytraumatisés. Les traumatismes graves chez <strong>le</strong>s enfants passagers de VL s'observent en cas<br />

d'utilisation de dispositifs de retenue (DRE) non adaptés à la morphologie de l'enfant et chez <strong>le</strong>s<br />

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enfants non ceinturés et éjectés d'un véhicu<strong>le</strong>. Les enfants de moins de 3 ans sont <strong>le</strong>s plus<br />

exposés. Outre un TC grave et une atteinte thoracique quasi-constants, une lésion rachidienne<br />

cervica<strong>le</strong> doit être recherchée de manière systématique chez <strong>le</strong>s enfants victimes de ce type<br />

d'accident. Chez <strong>le</strong>s enfants plus âgés, l’hyperf<strong>le</strong>xion du tronc peut engendrer des fractureséclatements<br />

des corps vertébraux dorsaux s'accompagnant de désinsertions viscéra<strong>le</strong>s<br />

abdomina<strong>le</strong>s et de lésions médullaires sévères. Les cyclistes, en dehors de ceux renversés par<br />

des VL qui ne diffèrent pas des piétons renversés, sont <strong>le</strong> plus souvent des traumatisés<br />

crâniens isolés. Il faut souligner <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> préventif majeur des casques.<br />

Le pronostic est d’autant plus sévère que l’enfant est plus jeune. Les deux tiers de ces<br />

traumatismes sévères ont un traumatisme crânien associé qui explique 75% des décès. Leur<br />

prise en charge doit être médico-chirurgica<strong>le</strong> dans un centre spécialisé.<br />

1. Identifier <strong>le</strong>s situations d’urgence et planifier <strong>le</strong>ur prise en charge<br />

La prise en charge des enfants victimes de traumatisme repose sur une séquence<br />

Airway (voies aériennes)<br />

Breathing (ventilation)<br />

Circulation<br />

Disability (état de conscience et pupil<strong>le</strong>s)<br />

Exposition/Environnement.<br />

Les trois spécificités de la prise en charge des traumatismes sont :<br />

- la protection du rachis cervical,<br />

- la recherche d’un pneumothorax<br />

- <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> des hémorragies.<br />

1.1 Airway – Voies aériennes<br />

L'obstruction des voies aériennes supérieures (VAS) est favorisée par un larynx haut<br />

situé, une langue volumineuse et un pô<strong>le</strong> occipital très développé, diminuant la stabilité du<br />

positionnement de la tête en décubitus dorsal.<br />

Le traumatisme est évident et la protection du rachis cervical conditionne l’ouverture<br />

des voies aériennes. La tête est maintenue manuel<strong>le</strong>ment en position neutre, dans l’axe du<br />

rachis, sans traction. L’ouverture des voies aériennes est faite par une subluxation antérieure<br />

de la mandibu<strong>le</strong> à l’aide des doigts posés sur <strong>le</strong>s ang<strong>le</strong>s de la mâchoire. Après aspiration<br />

des débris, vomissements, corps étranger intra-buccal et inspection des arcades dentaires,<br />

<strong>le</strong> rachis est immobilisé par un collier cervical rigide. De part et d’autre de la tête sont placés<br />

des sacs de sab<strong>le</strong> pour éviter <strong>le</strong>s mouvements de rotation.<br />

Les lésions du rachis cervical chez l’enfant résultent de particularités anatomiques :<br />

pièces osseuses non matures, richesse des structures ligamentaires, poids de l’extrémité<br />

céphalique proportionnel<strong>le</strong>ment au reste du corps plus important que chez l’adulte, masses<br />

musculaires peu développées. Les enfants peuvent avoir des lésions médullaires ou des<br />

racines sans lésions des vertèbres («spinal cord injury without radiographic abnormality»<br />

SCIWORA).<br />

Tout traumatisé sévère doit être oxygéné au masque.<br />

1.2 Breathing – Ventilation<br />

Fréquence respiratoire, signes de lutte, expansion thoracique (volume, symétrie,<br />

recherche d’un vo<strong>le</strong>t costal), examen de la paroi thoracique (contusions, lacérations, hématome,<br />

œdème, points douloureux), murmure vésiculaire, matité ou tympanisme, coloration, position<br />

médiane de la trachée, saturation sont notés dans la fiche d’intervention.<br />

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Les lésions thoraciques de l’enfant diffèrent de cel<strong>le</strong>s de l’adulte en raison de la plus<br />

grande élasticité et compliance de ses côtes, de la faib<strong>le</strong> épaisseur de la paroi thoracique qui<br />

transmet aux organes intra thoraciques la cinétique de l’impact (fréquence des contusions<br />

pulmonaires). Les lésions thoraciques <strong>le</strong>s plus fréquentes de l’enfant sont <strong>le</strong>s<br />

contusions/lacérations pulmonaires, <strong>le</strong> pneumothorax / hémothorax, <strong>le</strong>s fractures du sternum ou<br />

des côtes. Les lésions cardiaques, du diaphragme, de l’arbre trachéo-bronchique ou des gros<br />

vaisseaux sont très rares.<br />

Tout enfant traumatisé dont la ventilation n’est pas parfaite doit avoir une<br />

oxygénothérapie de sorte que sa saturation soit au moins éga<strong>le</strong> à 95%. Les contusions<br />

pulmonaires sont la première source de détresse respiratoire persistante malgré une libération<br />

efficace des VAS et une décompression gastrique.<br />

Les épanchements p<strong>le</strong>uraux sont rapidement compressifs et doivent être évacués avant<br />

de passer à l’évaluation de l’hémodynamique, c’est à dire en urgence, s’ils ont un<br />

retentissement ventilatoire malgré l’oxygénothérapie: ponction exsufflatrice d’un pneumothorax<br />

sous tension et pose secondaire d’un drain, drainage d’un hémothorax.<br />

Une dilatation gastrique aiguë, favorisée par <strong>le</strong>s cris ou la ventilation au masque, et<br />

gênant la course diaphragmatique doit toujours être prévenue ou traitée par la mise en place<br />

d’une sonde gastrique.<br />

Une hémorragie intra-abdomina<strong>le</strong> importante peut gêner la course diaphragmatique.<br />

Enfin, il ne faut pas oublier la possibilité d'une lésion médullaire haute à l’origine d'une détresse<br />

respiratoire sans signe de lutte<br />

1.3 Circulation et contrô<strong>le</strong> des hémorragies<br />

Les constantes hémodynamiques doivent être interprétées en fonction de l’âge. Le<br />

pouls central est palpé en regard de la brachia<strong>le</strong> ou de la fémora<strong>le</strong> avant un an, sur la<br />

carotide chez l’enfant plus grand. La fréquence cardiaque (FC) peut être accélérée par la<br />

dou<strong>le</strong>ur, <strong>le</strong> froid, la peur comme par une hypovolémie par spoliation sanguine. Avant un an,<br />

la FC norma<strong>le</strong> est de 120-140/min, à deux ans de 110-130/min, à 5 ans de 80-100/min. La<br />

pression artériel<strong>le</strong> (PA) minima<strong>le</strong> acceptab<strong>le</strong> est de 70 mm Hg à deux ans puis el<strong>le</strong> doit être<br />

au moins éga<strong>le</strong> à 70 + (2 x âge en années) mm Hg.<br />

L’hypotension est chez l’enfant un signe tardif de choc en raison d’une<br />

vasoconstriction initia<strong>le</strong> prolongée efficace (phase de choc compensé). L’appréciation des<br />

pertes sanguines repose sur des éléments cliniques (Tab<strong>le</strong>au 1). Les signes de choc<br />

apparaissent pour des pertes de plus de 25% de la masse sanguine et la diminution de la PA<br />

pour des pertes de plus de 40% de la masse sanguine.<br />

Les zones hémorragiques doivent être directement comprimées. Deux voies d’abord<br />

(cathéters courts, de bon calibre) doivent être posées en périphérie ou une voie centra<strong>le</strong> ou<br />

une voie intra osseuse. Le soluté de remplissage <strong>le</strong> plus souvent préconisé est un<br />

cristalloïde (sérum salé isotonique ou Ringer Lactate) et <strong>le</strong> premier bolus est de 20 ml/kg en<br />

10 minutes. La non amélioration ou la non normalisation de l’hémodynamique après un<br />

second bolus doit faire rechercher une hémorragie persistante ou majeure (intra abdomina<strong>le</strong>,<br />

intra thoracique, fracture du bassin) et transfuser l’enfant en culot globulaire O négatif (10 à<br />

15 ml/kg) réchauffés, avec du sérum physiologique, ou en sang total.<br />

Un état de choc réfractaire s’il n’est pas <strong>le</strong> fait d’une hémorragie persistante, peut être de<br />

nature neurogénique (choc spinal). Le traumatisme est rachidien (atteinte du tronc cérébral,<br />

section médullaire) avec un déficit neurologique sous jacent, des pouls longtemps perçus, un<br />

temps de recoloration conservé malgré une hypotension. Il est tout aussi rarement d’origine<br />

cardiogénique (tamponnade). La turgescence jugulaire, l’assourdissement des bruits du<br />

cœur, l’élargissement de la silhouette cardiaque font suspecter <strong>le</strong> diagnostic.<br />

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Tab<strong>le</strong>au 1. Evaluation clinique des pertes sanguines.<br />

Pertes sanguines Signes cliniques<br />

(% de masse)<br />

< 20% - tachycardie, PA norma<strong>le</strong>, pouls bondissants<br />

- recoloration cutanée (TRC) 2-3 sec.<br />

- diurèse < 1ml/kg/h<br />

- agitation modérée<br />

25%-40% - tachycardie, PA conservée, pouls périphériques mal perçus<br />

- extrémités froides, cyanose périphérique, TRC > 3 sec.<br />

- diurèse < 0,5ml/kg/h<br />

- confusion, somno<strong>le</strong>nce<br />

> 40% - PA diminuée, différentiel<strong>le</strong> pincée, tachy- ou bradycardie<br />

- pâ<strong>le</strong>ur extrême ou teint gris, marbrures<br />

- anurie<br />

- coma<br />

1.4 Disability – Etat de conscience – Pupil<strong>le</strong>s<br />

La conscience est évaluée selon que l’enfant communique spontanément, réagit à la<br />

voix, à la dou<strong>le</strong>ur ou est inconscient. La tail<strong>le</strong>, la symétrie et la réactivité des pupil<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> score<br />

de Glasgow complètent l’examen.<br />

1.5 Environnement. Exposition<br />

Tout en étant soucieux de l’équilibre thermique de l’enfant, il est nécessaire de <strong>le</strong><br />

déshabil<strong>le</strong>r et de réaliser un examen comp<strong>le</strong>t, de la tête aux pieds, de face et de dos, en<br />

maintenant à chaque instant l’axe du rachis. Les plaies sont pansées, <strong>le</strong>s fractures immobilisées<br />

par des attel<strong>le</strong>s, toutes <strong>le</strong>s lésions identifiées sont notées sur la fiche d’intervention, <strong>le</strong> traitement<br />

antalgique débuté. L’interrogatoire de la famil<strong>le</strong> permet de préciser <strong>le</strong>s antécédents de l’enfant,<br />

ses traitements médicamenteux au long cours, <strong>le</strong>s al<strong>le</strong>rgies, l’heure du dernier repas, <strong>le</strong>s<br />

circonstances de l’accident.<br />

Au terme de cette première approche, <strong>le</strong>s fonctions vita<strong>le</strong>s (voies aériennes, ventilation,<br />

circulation) ont été maintenues ou restaurées et el<strong>le</strong>s sont monitorées en continu. Une sonde<br />

gastrique au sac prévient une distension gastrique. La sonde urinaire permet de suivre la<br />

diurèse. Les indications de l’intubation sont des voies aériennes dont la liberté ne peut être<br />

acquise de façon fiab<strong>le</strong> (traumatisme facial, perte du réf<strong>le</strong>xe de toux, enfant inconscient), une<br />

ventilation au masque et au ballon diffici<strong>le</strong> ou insuffisamment efficace, un vo<strong>le</strong>t thoracique, la<br />

nécessité d’une ventilation prolongée, la persistance d’un état de choc, un score de Glasgow <<br />

8, une hypertension intra-crânienne, la nécessité de transférer l’enfant vers un centre spécialisé.<br />

2. Bilan lésionnel<br />

Par définition, un polytraumatisme associe au moins deux lésions engageant chacune <strong>le</strong><br />

pronostic vital.<br />

Dans la majorité des cas, <strong>le</strong> polytraumatisé est menacé par 3 types de détresses vita<strong>le</strong>s<br />

dont <strong>le</strong>s effets délétères s’additionnent :<br />

o respiratoire<br />

o circulatoire<br />

o neurologique<br />

Le pronostic est conditionné très étroitement par la prise en charge des premières heures<br />

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A un mécanisme accidentel particulier, s’associe des lésions potentiel<strong>le</strong>s spécifiques qui<br />

doivent être systématiquement recherchées par un examen clinique comp<strong>le</strong>t et des explorations<br />

complémentaires adaptées qui peuvent comporter :<br />

- Radiographie du thorax de face (position des prothèses, fractures, épanchement, contusion<br />

pulmonaire),<br />

- Rachis cervical de profil descendant jusqu’à C7-D1 et de face centré sur <strong>le</strong>s premières<br />

vertèbres cervica<strong>le</strong>s,<br />

- Rachis dorso-lombaire et bassin,<br />

- Echographie abdomina<strong>le</strong> (épanchement péritonéal ? exploration du foie, de la rate, des reins,<br />

du pancréas) et dopp<strong>le</strong>r rénal<br />

Et pour tout traumatisme sévère : l’acquisition en un temps d’un Scanner thoraco-abdominal<br />

avec des clichés d’UIV précoces et d’un Scanner cérébral (hématome extra-parenchymateux,<br />

œdème cérébral) .<br />

Les examens sont complétés par des clichés des segments de membres potentiel<strong>le</strong>ment<br />

fracturés.<br />

Hématocrite, numération, ionogramme sanguin, glycémie, osmolalité plasmatique, groupe<br />

sanguin et recherche d’agglutinines irrégulières, transaminases, amylasémie font partie du<br />

premier bilan.<br />

L’immobilisation du rachis cervical est maintenue jusqu’à ce que son intégrité ait été démontrée.<br />

2.1 Traumatismes crâniens (TC) et crânio-faciaux.<br />

L’évaluation d’un traumatisme crânien a pour but de reconnaître la présence d’une lésion<br />

intra-crânienne. La nature précise de la lésion est donnée par la tomodensitométrie dont <strong>le</strong>s<br />

résultats confrontés aux données cliniques permettent de porter <strong>le</strong>s indications thérapeutiques.<br />

Il faut rechercher la sémiologie d’une hypertension intra-crânienne (céphalées qui augmentent<br />

progressivement, vomissements, léthargie, confusion, altération de conscience, coma,<br />

modifications des pupil<strong>le</strong>s, ra<strong>le</strong>ntissement ou irrégularités du pouls, irrégularités respiratoires,<br />

modification du tonus, convulsions), un déficit neurologique, une altération précoce de<br />

conscience, changement d’humeur, irritabilité, léthargie, confusion, mots ou phrases répétitives,<br />

et répéter régulièrement la mesure du Score de Glasgow.<br />

Lésions neurologiques parenchymateuses primaires. Les TC graves sont responsab<strong>le</strong>s<br />

de lésions primaires, <strong>le</strong> plus souvent diffuses. Ce sont ces lésions axona<strong>le</strong>s diffuses (lésions de<br />

cisail<strong>le</strong>ment de la substance blanche à distance de l’impact direct) qui sont <strong>le</strong> plus souvent<br />

responsab<strong>le</strong>s du coma d’emblée. El<strong>le</strong>s correspondent à des zones de contusion microscopiques<br />

qui vont rapidement s’entourer d’une zone d’œdème menaçant <strong>le</strong>s zones adjacentes. Ces<br />

lésions, souvent multip<strong>le</strong>s, sont localisées à distance de l’impact, à la jonction entre la<br />

substance blanche et la substance grise, entre la substance blanche et <strong>le</strong>s noyaux gris, au<br />

niveau du mésencépha<strong>le</strong> et du corps cal<strong>le</strong>ux. El<strong>le</strong>s expliquent <strong>le</strong> coma initial des TC graves.<br />

Les hématomes intracrâniens, extra ou sous-duraux, qui entraînent une souffrance<br />

cérébra<strong>le</strong> par compression, sont trouvés seu<strong>le</strong>ment chez 5% des enfants traumatisés comateux.<br />

La tomodensitométrie cérébra<strong>le</strong> est systématique<br />

- L’hématome extra dural (HED) est une accumulation rapide de sang entre la dure-mère et<br />

l’os. Dans 85% des cas il existe une fracture du crâne notamment en regard de l’artère<br />

méningée moyenne.<br />

Chez l’adulte, l’HED résulte de lésions artériel<strong>le</strong>s (souvent de l’artère méningée moyenne).<br />

Chez l’enfant, l’HED peut aussi occasionnel<strong>le</strong>ment résulter d’un saignement veineux, avec alors<br />

une présentation cliniques moins bruta<strong>le</strong>, voire subaiguë sur plusieurs jours.<br />

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Dans la plupart des cas, il y a une perte de connaissance, suivie d’une période d’éveil normal,<br />

associée à des céphalées sévères. En l’absence de traitement, l’aggravation est rapide et la<br />

dégradation neurologique survient en quelques dizaines de minutes ou heures. Habituel<strong>le</strong>ment<br />

l’évacuation chirurgica<strong>le</strong> est nécessaire.<br />

Le signe <strong>le</strong> plus évocateur est la mydriase fixée du côté de l’impact.<br />

- L’hématome sous-dural résulte de la déchirure d'une veine allant du cortex à la dure mère :<br />

l’hématome est entre la dure-mère et l’arachnoïde. Il peut être aigu ou chronique. Le nouveauné<br />

ou <strong>le</strong> nourrisson ont souvent des convulsions focalisées, une altération de conscience, une<br />

fontanel<strong>le</strong> bombante, un cri faib<strong>le</strong>, une pâ<strong>le</strong>ur et des vomissements. Les hémorragies<br />

rétiniennes, qui peuvent être la conséquence des lésions primaires, sont fréquentes.<br />

- l’hématome sous arachnoïdien est habituel<strong>le</strong>ment confiné dans l’espace cérébro-spinal, <strong>le</strong> long<br />

de la surface du parenchyme cérébral.<br />

- l’hématome intra-cérébral est situé au sein du tissu cérébral. Souvent petites, <strong>le</strong>s hémorragies<br />

intracérébra<strong>le</strong>s profondes sont associées à d’autres lésions cérébra<strong>le</strong>s.<br />

Le déficit neurologique dépend des lésions associées et de <strong>le</strong>ur localisation, de l’importance de<br />

l’hémorragie et de la persistance du saignement.<br />

Les hématomes volumineux, intra-cérébraux, correspondant à des contusions étendues, sont<br />

rares.<br />

Lésions neurologiques parenchymateuses secondaires.<br />

Aux lésions primaires, vont s'associer des lésions cérébra<strong>le</strong>s secondaires entraînant une<br />

hypertension intracrânienne (HTIC) de développement rapide du fait d’une compliance<br />

cérébra<strong>le</strong> faib<strong>le</strong>. L'existence d'autres lésions dans <strong>le</strong> cadre d'un polytraumatisme accélère<br />

considérab<strong>le</strong>ment ce processus en l'absence de stabilisation rapide. Une hypotension multiplie<br />

par trois l’incidence des décès, et une hypotension associée à une hypoxie la multiplie par<br />

quatre. Un gonf<strong>le</strong>ment cérébral diffus ou "brain swelling", est constaté chez 50 % des enfants<br />

comateux. Deux types de mécanismes physiopathologiques sont responsab<strong>le</strong>s de ces lésions :<br />

• Des phénomènes de souffrance neurona<strong>le</strong> aboutissant à une ischémie cellulaire qui<br />

s’étend de proche en proche.<br />

• Des agressions cérébra<strong>le</strong>s secondaires d’origine systémique (ACSOS) que sont<br />

l’hypotension artériel<strong>le</strong>, l’hypoxie et l’hypercapnie essentiel<strong>le</strong>ment.<br />

L’expression scannographique de cet œdème est l’apparition de zones d’hypodensité<br />

parenchymateuse avec perte de la différenciation substance entre substance blanche et<br />

substance grise, une compression des ventricu<strong>le</strong>s latéraux et du 3 ième ventricu<strong>le</strong> et la disparition<br />

des citernes péri mésencéphaliques.<br />

Si <strong>le</strong>s lésions cellulaires sont inaccessib<strong>le</strong>s à une thérapeutique spécifique, <strong>le</strong>s agressions<br />

cérébra<strong>le</strong>s secondaires d’origine systémiques doivent être prévenues par la réanimation. C’est<br />

donc ce traitement visant à prévenir l’hypotension artériel<strong>le</strong>, l’hypoxie et l’hypercapnie qu’il faut<br />

mettre en œuvre <strong>le</strong> plus vite possib<strong>le</strong>.<br />

La boite crânienne étant un espace clos, aux structures incompressib<strong>le</strong>s, toute augmentation du<br />

volume extra cellulaire (brain swelling) s’accompagne d’une augmentation de la pression intra<br />

crânienne (PIC). La pression de perfusion cérébra<strong>le</strong> (PPC), définie comme la différence entre la<br />

pression artériel<strong>le</strong> moyenne et la PIC, diminue lorsque la PIC augmente. Le rô<strong>le</strong> de la PPC est<br />

très important dans la mesure où el<strong>le</strong> intervient dans <strong>le</strong> maintien de l’autorégulation du débit<br />

sanguin cérébral. Lors des TC graves, la perte de l’autorégulation cérébra<strong>le</strong> rend <strong>le</strong> débit<br />

sanguin cérébral directement dépendant des variations de la PPC. Le maintien d’une PPC<br />

optima<strong>le</strong> est donc essentiel pour préserver <strong>le</strong> débit sanguin cérébral et éviter l’ischémie<br />

cérébra<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> est surveillée en continue grâce à un capteur de pression intra-crânienne posé<br />

en zone fronta<strong>le</strong>.<br />

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Autres lésions de l’extrémité céphalique.<br />

- Les plaies du scalp doivent être suturées soigneusement. Il faut aussi rappe<strong>le</strong>r qu’une simp<strong>le</strong><br />

plaie du scalp dont l'hémostase n'est pas assurée peut entraîner une déglobulisation sévère.<br />

- Les fractures du crâne sont <strong>le</strong> plus souvent linéaires. La présence d’un volumineux hématome<br />

du cuir chevelu notamment dans <strong>le</strong>s régions tempora<strong>le</strong> ou pariéta<strong>le</strong> sont souvent révélateurs<br />

d’une fracture. El<strong>le</strong>s nécessitent rarement une intervention et <strong>le</strong> pronostic est <strong>le</strong> plus souvent<br />

bon ; ces fractures linéaires non compliquées guérissent spontanément en 6 mois sans<br />

traitement chirurgical.<br />

L’embarrure. Du fait d’une fracture, une pièce osseuse est poussée vers l’intérieur de la boîte<br />

crânienne. El<strong>le</strong> comprime ou parfois déchire <strong>le</strong> tissu cérébral. El<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong> plus souvent de<br />

localisation pariéta<strong>le</strong>. Le risque de saignement intracrânien est plus é<strong>le</strong>vé. Un geste<br />

neurochirurgical peut être nécessaire pour reposer <strong>le</strong> fragment osseux si la dépression est<br />

supérieure à l’épaisseur de l’os ou à 5 mm.<br />

Les fractures de la base du crâne ; L’extension vers la base du crâne des fractures linéaires<br />

peut passer inaperçue sur <strong>le</strong>s radiographies standard et <strong>le</strong> scanner. El<strong>le</strong>s affectent fréquemment<br />

l’os temporal et par conséquent peuvent provoquer un saignement de l’oreil<strong>le</strong> moyenne, mais<br />

peut survenir partout <strong>le</strong> long de la base du crâne. La fracture peut déchirer la dure mère avec<br />

perte de LCR et exposition aux microorganismes des voies aériennes supérieures (risque<br />

potentiel de méningite).<br />

Sont évocateurs :<br />

Ecou<strong>le</strong>ment de sang ou LCR du nez ou de l’oreil<strong>le</strong> (fréquence de 15 à 30%)<br />

Hématomes péri orbitaires bilatéraux (hématome en lunettes)<br />

Ecchymose rétro auriculaire<br />

Hémotympan.<br />

Perte d’audition<br />

La plupart guérissent spontanément en 7 à 10 jours.<br />

2.2 Traumatisme thoracique<br />

Les lésions thoraciques sont assez spécifiques de l’enfant. En effet, l’élasticité des côtes <strong>le</strong>ur<br />

confère une plus grande résistance aux fractures, mais autorise une absorption directe de<br />

l'énergie cinétique liée au traumatisme par <strong>le</strong> parenchyme pulmonaire. Ainsi, <strong>le</strong>s lésions<br />

pariéta<strong>le</strong>s (fractures de côtes, vo<strong>le</strong>t costal, fracture du sternum) sont exceptionnel<strong>le</strong>s, alors que<br />

<strong>le</strong>s contusions pulmonaires sont fréquentes, et doivent être recherchées systématiquement. Le<br />

développement à bas bruit d'un pneumothorax, d’un hémothorax, en l'absence de lésions<br />

pariéta<strong>le</strong>s évidentes peut entraîner rapidement une compression pulmonaire et médiastina<strong>le</strong><br />

dont la <strong>le</strong>vée constitue une urgence absolue. Les lésions du diaphragme, des gros vaisseaux<br />

sont exceptionnel<strong>le</strong>s.<br />

Ces lésions sont soupçonnées lors du bilan initial sur la présence de signes de détresse<br />

respiratoire et l’examen clinique. La radiographie du thorax, si besoin la tomodensitométrie<br />

permettent un bilan anatomique précis.<br />

2.3 Traumatisme abdominal<br />

Les lésions abdomina<strong>le</strong>s sont la troisième cause de décès par traumatisme après <strong>le</strong>s<br />

traumatismes crâniens et thoraciques. Les traumatismes fermés abdominaux de l’enfant font<br />

principa<strong>le</strong>ment suite à des accidents de voiture, de moto, de vélo, des chutes, des activités<br />

sportives, des accidents piéton et la maltraitance. El<strong>le</strong>s sont parfois liées à une décélération<br />

bruta<strong>le</strong> contre la ceinture de sécurité. Une ecchymose de la paroi abdomina<strong>le</strong> barre parfois<br />

l’abdomen sur <strong>le</strong> trajet de la ceinture.<br />

Les lésions abdomina<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus fréquentes sont des contusions spléniques ou hépatiques,<br />

moins souvent réna<strong>le</strong>s ou pancréatiques. El<strong>le</strong>s peuvent être responsab<strong>le</strong> d’un choc<br />

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Auteurs : Gérard CHERON, Philippe MEYER, Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris 26/05/08<br />

hypovolémique nécessitant un remplissage vasculaire important. Les indications<br />

chirurgica<strong>le</strong>s d’hémostase en urgence sont rares et <strong>le</strong> traitement conservateur est <strong>le</strong> plus<br />

souvent la règ<strong>le</strong>.<br />

A coté de ces lésions spléniques et hépatiques, <strong>le</strong>s ruptures d’organes creux sont plus rares.<br />

El<strong>le</strong>s résultent de phénomènes d’accélération - décélération importants. El<strong>le</strong>s sont souvent<br />

diffici<strong>le</strong>s à détecter précocement.<br />

2.4 Traumatisme des membres<br />

Les lésions orthopédiques doivent être soigneusement recherchées. El<strong>le</strong>s passent souvent<br />

inaperçues lorsque des lésions vita<strong>le</strong>s sont au premier plan et mobilisent toutes <strong>le</strong>s énergies.<br />

Les radiographies du sque<strong>le</strong>tte centrées sur toutes <strong>le</strong>s régions suspectes (déformations,<br />

hématomes, tuméfactions, mobilité douloureuse chez l’enfant conscient) permettent de <strong>le</strong>s<br />

identifier.<br />

Sur <strong>le</strong> terrain, el<strong>le</strong>s doivent être immobilisées dans une attel<strong>le</strong> en position anatomique. Les<br />

fractures de la diaphyse fémora<strong>le</strong> peuvent être responsab<strong>le</strong>s d’un saignement important et d’un<br />

choc hémorragique.<br />

La présence d’une lésion cutanée en regard transforme la fracture en fracture ouverte. Cel<strong>le</strong> ci a<br />

un risque d’infection et justifie une antibioprophylaxie.<br />

El<strong>le</strong>s sont très fréquentes et n'engagent pas à el<strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong> pronostic vital en dehors des<br />

exceptionnels écrasements de membres ou du bassin. Leur retentissement fonctionnel est<br />

important chez un enfant en période de croissance, et l'association de lésions des membres<br />

inférieurs complique considérab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> nursing des enfants comateux lorsqu'un traitement<br />

orthopédique provisoire tel<strong>le</strong> qu'une mise en traction simp<strong>le</strong> est choisie.<br />

2.5 Plaie des parties mol<strong>le</strong>s<br />

El<strong>le</strong>s doivent être désinfectées, parfois explorées à la recherche de corps étranger (morceaux<br />

de pare brise, fragments de verre, débris végétal), parées, suturées, pansées.<br />

2.6 Scores de gravité chez l'enfant<br />

Les scores de gravité permettent de déterminer, souvent dès la phase initia<strong>le</strong>, <strong>le</strong> pronostic des<br />

malades et de comparer d'une série à l'autre <strong>le</strong>ur gravité et l'homogénéité des groupes étudiés.<br />

Chez l'enfant, 2 scores sont largement utilisés: <strong>le</strong> Glasgow Coma Sca<strong>le</strong> (GCS) et <strong>le</strong> Pediatric<br />

Trauma Score (PTS). Le GCS est universel<strong>le</strong>ment employé pour apprécier la profondeur du<br />

coma, et une adaptation simp<strong>le</strong> permet son utilisation chez l'enfant de moins de 2 ans. A<br />

l'évidence, la sédation lourde largement employée chez ces enfants doit être prise en compte<br />

dans l'interprétation de ce score et la détermination du GCS avant tout traitement de<br />

réanimation prend une va<strong>le</strong>ur particulière. Le PTS est un score de triage largement utilisé.<br />

Le Pediatric Trauma Score adapté.<br />

Un score ≤ 8 indique un traumatisme potentiel<strong>le</strong>ment grave.<br />

Items + 2 + 1 - 1<br />

Poids (kg) > 20 10-20 < 10<br />

Liberté des voies aériennes Norma<strong>le</strong> Avec assistance Intubation nécessaire<br />

PA systolique (mmHg) > 90 50-90 < 50<br />

Score de Glasgow 15-12 11-9 ≤ 8<br />

Plaie 0 Minime Majeure<br />

Fracture 0 Fermée Ouverte/multip<strong>le</strong><br />

Le score de Glasgow et son adaptation pédiatrique.<br />

Un score de Glasgow ≤ 8 définit <strong>le</strong> coma.<br />

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Echel<strong>le</strong> adulte Echel<strong>le</strong> pédiatrique<br />

Ouverture des yeux :<br />

- spontanée 4<br />

- à la demande 3 - comme chez l’adulte<br />

- à la dou<strong>le</strong>ur 2<br />

- aucune 1<br />

Meil<strong>le</strong>ure réponse verba<strong>le</strong> :<br />

- orientée 5<br />

- confuse 4<br />

- inappropriée 3<br />

-incompréhensib<strong>le</strong> 2<br />

- aucune 1<br />

Meil<strong>le</strong>ure réponse motrice :<br />

- obéit aux ordres 6<br />

- localise la dou<strong>le</strong>ur 5<br />

- inadaptée 4<br />

- f<strong>le</strong>xion à la dou<strong>le</strong>ur 3<br />

- extension à la dou<strong>le</strong>ur 2<br />

- aucune 1<br />

-comportement social 5<br />

- p<strong>le</strong>urs consolab<strong>le</strong>s 4<br />

- cris incessants 3<br />

- agitation, gémissements 2<br />

- aucune 1<br />

- comme chez l’adulte<br />

Ces scores, bien que critiquab<strong>le</strong>s, sont très employés et permettent une approche fiab<strong>le</strong> du<br />

pronostic vital et fonctionnel. Des seuils de 7 pour <strong>le</strong> GCS, et de 4 pour <strong>le</strong> PTS apparaissent<br />

très prédictifs de mortalité.<br />

2.7 Hiérarchisation des lésions<br />

Les enfants <strong>le</strong>s plus gravement traumatisés sont pris en charge dans un centre<br />

multidisciplinaire ce qui permet l'exploration et <strong>le</strong> traitement si possib<strong>le</strong> en un temps de<br />

l'ensemb<strong>le</strong> des lésions principa<strong>le</strong>s. Si environ 75% des enfants doivent subir une intervention<br />

chirurgica<strong>le</strong> au cours de <strong>le</strong>ur hospitalisation, moins de 30% d'entre eux la subissent dans <strong>le</strong>s 6<br />

premières heures. La fréquence des traumatismes "fermés" ne nécessitant pas d'hémostase<br />

immédiate, la prédominance des lésions encéphaliques non chirurgica<strong>le</strong>s et <strong>le</strong> traitement<br />

conservateur des traumatismes abdominaux expliquent la rareté des indications chirurgica<strong>le</strong>s<br />

d'emblée. En dehors des hématomes extra-duraux présentant des signes d'engagement, des<br />

plaies crâniocérébra<strong>le</strong>s, des lésions d'écrasement de membres s'accompagnant d'une<br />

hémorragie massive, ou de lésions intra-abdomina<strong>le</strong>s ne se stabilisant pas sous traitement<br />

conservateur, <strong>le</strong>s gestes des premières heures sont des gestes mineurs:<br />

- parage de plaies superficiel<strong>le</strong>s,<br />

- mise en place de traction orthopédique, immobilisation plâtrée simp<strong>le</strong>,<br />

- mise en place de capteur de pression intracrânienne (PIC) ou de drains thoraciques.<br />

11


La décision de pratiquer une intervention chirurgica<strong>le</strong> plus comp<strong>le</strong>xe, en particulier<br />

orthopédique, doit tenir compte de la hiérarchie des lésions, du retentissement éventuel du<br />

geste chirurgical et des pertes hémorragiques sur <strong>le</strong>s autres lésions, et du bénéfice attendu. En<br />

ce qui concerne <strong>le</strong>s lésions hépato-spléniques, seu<strong>le</strong> la persistance d'une instabilité<br />

hémodynamique malgré une thérapeutique bien conduite doit pousser à la laparotomie.<br />

Dans la grande majorité des cas, un TC grave ne nécessite pas lui-même d'intervention<br />

chirurgica<strong>le</strong>, en revanche, une surveillance continue de la PIC est nécessaire au cours de toute<br />

intervention longue et/ou hémorragique et <strong>le</strong> retentissement du geste chirurgical sur la PIC doit<br />

être pris en compte pour poser l'indication. En dehors des fractures ouvertes dont <strong>le</strong> traitement<br />

chirurgical minimaliste ne se discute pas, <strong>le</strong>s difficultés de nursing rencontrées chez <strong>le</strong>s enfants<br />

comateux présentant des fractures des membres inférieurs traitées orthopédiquement font<br />

souvent poser l'indication d'une stabilisation chirurgica<strong>le</strong> (enclouage f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong> centro-médullaire<br />

pour <strong>le</strong> fémur par exemp<strong>le</strong>, ou fixateurs externes si fracture ouverte).<br />

Après la prise en charge des lésions principa<strong>le</strong>s lors des premières heures, il convient de<br />

dresser un inventaire scrupu<strong>le</strong>ux des autres problèmes : maxillo-faciaux, ophtalmologiques,<br />

ORL en faisant appel aux consultants nécessaires.<br />

3. Conclusion<br />

Les traumatismes sévères de l’enfant tiennent souvent à des accidents accessib<strong>le</strong>s à des<br />

mesures de prévention individuel<strong>le</strong>s. Leur prise en charge méthodique selon la séquence A,<br />

B, C, D, E vise à identifier et prendre en charge <strong>le</strong>s lésions responsab<strong>le</strong>s des décès très<br />

précoces et à prévenir <strong>le</strong> développement de lésions neurologiques secondaires sources de<br />

séquel<strong>le</strong>s.<br />

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Objectifs :<br />

Troub<strong>le</strong>s de la miction – Item 341<br />

¤ Devant un troub<strong>le</strong> de la miction, argumenter <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s hypothèses diagnostiques et<br />

justifier <strong>le</strong>s examens complémentaires pertinents.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Comment devient-on continent ?<br />

Faq 2 - Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s causes d’anomalies de la continence ?<br />

Faq 3 - Comment conduit-on l’examen clinique ?<br />

Faq 4 - Quels examens complémentaires faut-il demander ?<br />

Points essentiels<br />

Introduction<br />

Les troub<strong>le</strong>s de la miction et de la continence chez l’enfant sont très fréquents. Si dans la majorité des<br />

cas, il s’agit d’un problème fonctionnel, il ne faut pas perdre de vue que dans certains cas, <strong>le</strong>ur<br />

étiologie est organique, soit malformative, soit neurologique.<br />

Seu<strong>le</strong> une approche clinique soigneuse permet d’orienter <strong>le</strong> diagnostic et de poser l’indication<br />

d’éventuels examens complémentaires.<br />

Faq 1 - Comment devient-on continent ?<br />

- L’acquisition de la propreté diurne se fait en moyenne entre 18 et 30 mois et cel<strong>le</strong> de la continence<br />

nocturne vers l’âge de 3 ans. On considère cependant comme normal qu’il y ait quelques<br />

imperfections de cette continence jusqu’à l’âge de 5 ans.<br />

- Chez <strong>le</strong> nourrisson, <strong>le</strong> fonctionnement vésico-sphinctérien est automatique. Pour un remplissage<br />

vésical qui est faib<strong>le</strong>, la miction survient par contraction de la vessie et relâchement du système<br />

sphinctérien. C’est <strong>le</strong> stade de vessie infanti<strong>le</strong>.<br />

- Lorsque l’enfant prend conscience du besoin d’uriner et de la nécessité de satisfaire <strong>le</strong> désir de son<br />

entourage de <strong>le</strong> voir propre, il apprend à retarder la miction en inhibant par contraction sphinctérienne<br />

la contraction de la vessie. C’est <strong>le</strong> stade de vessie immature. L’enfant acquiert la continence diurne et<br />

sa capacité vésica<strong>le</strong> augmente.<br />

- Puis se réalisent <strong>le</strong>s connexions avec <strong>le</strong>s centres corticaux. L’enfant est alors capab<strong>le</strong> d’inhiber ou<br />

de déc<strong>le</strong>ncher volontairement la miction. La continence nocturne est alors acquise. C’est <strong>le</strong> stade de<br />

vessie adulte.<br />

- Au cours de la croissance, la capacité vésica<strong>le</strong> s’accroît, passant de 30 ml chez <strong>le</strong> nouveau-né à 300<br />

ml ou plus chez l’adulte


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Faq 2 - Quel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s causes d’anomalies de la continence ?<br />

1/ LES PROBLEMES FONCTIONNELS<br />

Ils représentent <strong>le</strong>s étiologies <strong>le</strong>s plus fréquentes et regroupent des situations variées. Il faut savoir <strong>le</strong>s<br />

différencier des problèmes manifestement liés à une indiscipline. De nombreux enfants actuel<strong>le</strong>ment<br />

présentent des fuites car ils refusent de se plier à la contrainte d’uriner, préférant poursuivre <strong>le</strong>urs<br />

activités ludiques que d’al<strong>le</strong>r aux toi<strong>le</strong>ttes. L’interrogatoire fait faci<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> diagnostic, ces fuites avec<br />

impériosités étant uniquement diurnes et associées à des mictions rares.<br />

A/ L’immaturité vésica<strong>le</strong><br />

C’est la persistance anorma<strong>le</strong> du stade de vessie immature au delà de l’âge de 5 ans. La<br />

symptomatologie est cel<strong>le</strong> d’une instabilité vésica<strong>le</strong> (vessie hyperactive) avec :<br />

- une pollakiurie<br />

- des impériosités, <strong>le</strong> besoin survenant au moment d’une contraction vésica<strong>le</strong>,<br />

- des fuites, l’enfant n’étant pas capab<strong>le</strong> d’opposer à cette contraction vésica<strong>le</strong> une réponse<br />

sphinctérienne suffisante<br />

- une miction explosive, sous fort débit, du fait d’une hypertrophie vésica<strong>le</strong> réactionnel<strong>le</strong><br />

La nuit, il peut arriver que l’enfant se lève pour uriner, mais, <strong>le</strong> plus souvent il existe une énurésie<br />

associée.<br />

Le traitement repose sur l’utilisation des anticholinergiques (Oxybutinine) et de mesures d’éducation.<br />

B/ La dyssynergie vésico-sphinctérienne<br />

C’est une pathologie de la phase mictionnel<strong>le</strong>, caractérisée par l’absence de relâchement sphinctérien<br />

au moment de la miction.<br />

El<strong>le</strong> peut survenir dans l’évolution d’une immaturité vésica<strong>le</strong>, l’enfant contractant tel<strong>le</strong>ment son<br />

système sphinctérien pour éviter <strong>le</strong>s fuites qu’il n’arrive plus à l’ouvrir au moment de la miction.<br />

Mais el<strong>le</strong> peut être aussi isolée, secondaire à de mauvaises habitudes. El<strong>le</strong> survient parfois dans un<br />

contexte psychologique particulier ou dans une situation d’abus sexuels.<br />

C’est une pathologie obstructive qui dans certaines formes sévères (syndrome de Hinman) peut<br />

conduire à une dégradation du haut-appareil, voire à une insuffisance réna<strong>le</strong>.<br />

La symptomatologie comprend une dysurie, des fuites, une infection urinaire chronique du fait du<br />

résidu<br />

Le traitement repose sur des mesures de rééducation. Un traitement anticholinergique est strictement<br />

contre-indiqué car il aggraverait <strong>le</strong> résidu.<br />

C/ L’énurésie<br />

Ce problème concerne près de 20 % des enfants de 5 ans. Il existe une tendance à l’amélioration<br />

spontanée avec l’âge, environ 15 % par an.<br />

On par<strong>le</strong> d’énurésie nocturne isolée ou énurésie monosymptomatique lorsque l’enfant ne présente<br />

aucun troub<strong>le</strong> diurne associé.<br />

2/ LES UROPATHIES MALFORMATIVES<br />

Certaines malformations urinaires se traduisent par des troub<strong>le</strong>s de la continence ou de la miction.<br />

Deux étiologies classiques sont l’implantation ectopique d’uretère chez la fil<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s valves de l’urètre<br />

postérieur chez <strong>le</strong> garçon.


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A/ l’implantation ectopique d’uretère chez la fil<strong>le</strong><br />

L’uretère d’un système simp<strong>le</strong> ou, plus souvent, l’uretère supérieur d’un système doub<strong>le</strong> peut<br />

s’implanter en dehors de la vessie et court-circuiter ainsi <strong>le</strong> système sphinctérien. L’abouchement se<br />

fait soit dans la partie termina<strong>le</strong> de l’urètre, soit à la vulve, soit dans <strong>le</strong> vagin.<br />

Ceci entraîne des fuites d’urines permanentes, mais cel<strong>le</strong>s-ci sont entrecoupées de mictions<br />

norma<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> fonctionnement de la vessie qui reçoit la ou <strong>le</strong>s autres voies urinaires restant correct.<br />

Cette symptomatologie typique permet de faire <strong>le</strong> diagnostic. Les examens complémentaires<br />

préciseront la disposition anatomique.<br />

B/ Valves de l’urètre postérieur chez <strong>le</strong> garçon<br />

Cette obstruction urétra<strong>le</strong>, correspondant anatomiquement à des replis muqueux situés sous <strong>le</strong> veru<br />

montanum.<br />

El<strong>le</strong>s se manifestent rarement par des troub<strong>le</strong>s de la continence, associés à une dysurie et/ou une<br />

infection urinaire. La débitmétrie confirme l’obstruction.<br />

3/ LES PROBLEMES NEUROLOGIQUES<br />

Il faut y penser devant<br />

- une incontinence urinaire sévère,<br />

- une dysurie,<br />

- des troub<strong>le</strong>s de survenue secondaire,<br />

- une incontinence ana<strong>le</strong> associée.<br />

A l’examen, on recherche<br />

- un globe vésical,<br />

- des pieds creux,<br />

- des troub<strong>le</strong>s de la sensibilité périnéa<strong>le</strong> ou des membres inférieurs,<br />

- une anomalie lombo-sacrée clinique ou radiologique.


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Faq 3 - Comment conduit-on l’examen clinique d’un enfant ayant des troub<strong>le</strong>s<br />

de la continence ?<br />

L’étiologie des troub<strong>le</strong>s de la continence et de la miction est parfois manifeste, que l’enfant présente<br />

une malformation urologique du bas-appareil urinaire (exstrophie vésica<strong>le</strong>…) ou un problème<br />

neurologique évident, congénital (myéloméningocè<strong>le</strong>…) ou acquis (myélite, traumatisme<br />

médullaire…). Mais dans la majorité des cas, l’étiologie n’est pas immédiatement évidente. L’approche<br />

clinique est alors fondamenta<strong>le</strong> avec importance de l’interrogatoire et de l’examen clinique.<br />

1/ L’INTERROGATOIRE<br />

L’interrogatoire analyse :<br />

- la période d’acquisition de la continence (âge, conditions, erreurs, comme la mise au pot très<br />

précoce…),<br />

- la symptomatologie actuel<strong>le</strong> mais aussi passée, certains troub<strong>le</strong>s ayant pu disparaître,<br />

- <strong>le</strong> caractère ancien ou récent des troub<strong>le</strong>s.<br />

A/ La symptomatologie urinaire<br />

- l’énurésie se définit comme une miction nocturne, complète, involontaire.<br />

Il faut apprécier ses différents caractères, primaire (l’enfant n’ayant jamais été propre la nuit) ou<br />

secondaire (survenant après une période de continence nocturne norma<strong>le</strong> plus ou moins longue),<br />

permanente ou intermittente, son abondance, <strong>le</strong> moment de survenue de la ou des mictions<br />

nocturnes.<br />

- l’incontinence urinaire relève de mécanismes variés et correspond à des fuites d’urines plus ou<br />

moins abondantes, plus ou moins perçues, survenant <strong>le</strong> jour mais aussi la nuit. L’incontinence<br />

nocturne n’est pas toujours faci<strong>le</strong> à différencier de l’énurésie.<br />

- la pollakiurie est une augmentation de la fréquence des mictions. Un enfant doit norma<strong>le</strong>ment uriner<br />

5 à 6 fois par jour<br />

- l’impériosité mictionnel<strong>le</strong> se caractérise par l’urgence du besoin. Les enfants adoptent des<br />

attitudes caractéristiques pour éviter <strong>le</strong>s fuites : accroupissement (squatting), trémoussements,<br />

croisement des jambes, <strong>le</strong> talon sur la vulve, pincement de la verge…<br />

- la dysurie est parfois diffici<strong>le</strong> à mettre en évidence cliniquement, surtout si el<strong>le</strong> est primaire. Il faut<br />

essayer de préciser l’aspect du jet, la durée de la miction, rechercher l’utilisation de la poussée<br />

abdomina<strong>le</strong>.<br />

- la retention d’urines est rare chez l’enfant. Il faut savoir qu’el<strong>le</strong> peut être en rapport non avec un<br />

problème urinaire mais avec une constipation.<br />

B/ Les troub<strong>le</strong>s associés<br />

Il faut rechercher :<br />

- des antécédents d’infection urinaire, soit à type de pyélonéphrite, faisant redouter un reflux vésicourétéra<br />

associé, soit à type de cystite<br />

- des troub<strong>le</strong>s du fonctionnement ano-rectal, constipation ou encoprésie,<br />

- des troub<strong>le</strong>s de la motricité des membres inférieurs, retard d’acquisition de la marche, chutes<br />

fréquentes, fatigabilité…


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2/ L’EXAMEN CLINIQUE<br />

- l’examen de l’abdomen recherchera un globe vésical, une masse tumora<strong>le</strong> et sera éventuel<strong>le</strong>ment<br />

complété par un toucher rectal.<br />

- <strong>le</strong>s organes génitaux, autant chez <strong>le</strong> garçon que chez la fil<strong>le</strong>, seront soigneusement examinés à la<br />

recherche d’une malformation.<br />

- la région lombo-sacrée sera inspectée à la recherche d’une anomalie cutanée (touffe de poils,<br />

angiome, fossette, appendice…) ou osseuse, pouvant traduire une malformation médullo-rachidienne.<br />

- <strong>le</strong>s membres inférieurs seront examinés, à la recherche notamment de pieds creux.<br />

- l’examen neurologique des membres inférieurs et du périnée étudiera la motricité, la sensibilité et <strong>le</strong>s<br />

réf<strong>le</strong>xes.<br />

Faq 4 - Quels examens complémentaires faut-il demander ?<br />

L’indication d’un bilan complémentaire sera basée sur <strong>le</strong>s résultats de l’approche clinique.<br />

1- Si on s’oriente vers un problème malformatif ou neurologique, ils sont fondamenteaux qu’ils soient à<br />

visée morphologique (échographie, cystographie…) ou à visée fonctionnel<strong>le</strong> (bilan sanguin,<br />

scintigraphie, bilan urodynamique…)<br />

2- En cas de pathologie fonctionnel<strong>le</strong> :<br />

- ils sont inuti<strong>le</strong>s devant une énurésie nocturne isolée ou une symptomatologie typique d’immaturité<br />

vésica<strong>le</strong>.<br />

- ils sont indiqués dans <strong>le</strong>s autres cas, en particulier si la symptomatologie résiste à un traitement<br />

d’épreuve.<br />

On proposera alors en première intention de réaliser :<br />

- une échographie réna<strong>le</strong> et vésica<strong>le</strong> avec étude du résidu post-mictionnel<br />

- une débitmétrie éventuel<strong>le</strong>ment couplée à une EMG du périnée par é<strong>le</strong>ctrodes collées (surtout en<br />

cas de suspicion de dyssynergie vésico-sphinctérienne)<br />

Il faut noter que l’urographie intra-veineuse n’a pratiquement plus d’indication chez l’enfant.<br />

En cas d’infection urinaire associée, surtout si el<strong>le</strong> est fébri<strong>le</strong>, on réalisera une cystographie, en<br />

particulier pour rechercher un reflux, favorisé par <strong>le</strong> troub<strong>le</strong> mictionnel.<br />

Lorsque <strong>le</strong> diagnostic est diffici<strong>le</strong>, on complétera <strong>le</strong>s explorations par un bilan urodynamique<br />

permettant d’avoir une idée précise du fonctionnement vésico-sphinctérien.<br />

Le Bilan urodynamique :<br />

Points essentiels<br />

¤ Les troub<strong>le</strong>s de la continence et de la miction sont fréquents chez l’enfant et peuvent être <strong>le</strong> témoin<br />

de situations très diverses.<br />

¤ La démarche clinique est fondamenta<strong>le</strong>, reposant sur un interrogatoire soigneux et un examen<br />

clinique comp<strong>le</strong>t.<br />

¤ La symptomatologie peut être en relation avec un problème organique (malformation, vessie<br />

neurologique), même si cette situation est rare.<br />

¤ Le plus souvent, il s’agit d’un problème fonctionnel, soit simp<strong>le</strong> problème de comportement, soit<br />

dysfonctionnement vésico-sphinctérien. Il ne faut cependant pas <strong>le</strong> banaliser, celui-ci pouvant malgré<br />

tout être grave et compromettre la fonction réna<strong>le</strong>.<br />

¤ L’approche clinique permettra de décider de l’utilité ou non d’examens complémentaires. Inuti<strong>le</strong>s<br />

dans de nombreux cas, ils apparaissent fondamentaux dans d’autres pour d’une part faire <strong>le</strong><br />

diagnostic exact et d’autre part définir la conduite à tenir thérapeutique.<br />

Bibliographie<br />

« Enurésie et troub<strong>le</strong>s mictionnels de l’enfant » Ouvrage coordonné par Pierre Cochat. Elsevier, 1997.


Objectifs :<br />

Tumeurs osseuses<br />

Auteurs : G. BOLLINI, J.L. JOUVE - ( Hôpital Timone enfants, Marseil<strong>le</strong>)<br />

L’étudiant doit :<br />

Savoir nommer par ordre de fréquence <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s lésions osseuses pseudo-tumora<strong>le</strong>s et<br />

tumora<strong>le</strong>s bénignes de l’enfant et connaître <strong>le</strong>ur site de prédi<strong>le</strong>ction (exostose ostéogénique,<br />

ostéome ostéoïde, fibrome non ossifiant, kyste osseux essentiel).<br />

Connaître <strong>le</strong>s différentes circonstances cliniques de révélation des tumeurs osseuses de l’enfant<br />

(tab<strong>le</strong>au douloureux, fracturaire, infectieux ou tuméfaction)<br />

Connaître <strong>le</strong>s principaux signes radiologiques qui orientent vers une pathologie osseuse tumora<strong>le</strong><br />

bénigne (infection comprise) ou maligne.<br />

Connaître <strong>le</strong>s indications de la biopsie osseuse.<br />

Savoir recourir à un avis spécialisé sans tarder.<br />

Concernant <strong>le</strong> fibrome non ossifiant (cortical defect)<br />

L’étudiant doit connaître :<br />

Leur fréquence et la localisation.<br />

L’aspect radiologique typique.<br />

L’évolution particulière.<br />

La conduite à tenir.<br />

Concernant l’ostéochondrome (exostose)<br />

L’étudiant doit connaître :<br />

Leur fréquence et la localisation.<br />

Le mode de transmission.<br />

Les différentes formes radiographiques.<br />

Les différentes évolutions en fonction de la localisation.<br />

Concernant l’ostéome ostéoïde<br />

L’étudiant doit connaître :<br />

Le tab<strong>le</strong>au clinique et radiographique classique<br />

Globa<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s différentes modalités de traitement.<br />

Concernant <strong>le</strong> kyste osseux essentiel<br />

L’étudiant doit connaître :<br />

Leur aspect radiographique.<br />

La conduite à tenir.<br />

Les principa<strong>le</strong>s évolutions en fonction de la localisation.<br />

Concernant l’ostéosarcome et <strong>le</strong> sarcome d’Ewing<br />

L’étudiant doit connaître :<br />

Les signes cliniques et radiographiques évocateurs d’ostéosarcome ou de sarcome d’Ewing (justifiant<br />

une biopsie en urgence, dans un centre de référence).<br />

Les principes globaux de prise en charge (complémentarité de la chimiothérapie et de la chirurgie, si<br />

possib<strong>le</strong> conservatrice).


Sommaire :<br />

Introduction<br />

Faq 1 - Généralités sur <strong>le</strong>s tumeurs des os<br />

Faq 2 - Fibrome Non Ossifiant (F.N.O.)<br />

Faq 3 - Ostéochondrome<br />

Faq 4 - Ostéome ostéoïde<br />

Faq 5 - Kyste Osseux Essentiel (KOE)<br />

Faq 6 - Ostéosarcome et Tumeurs d’Ewing<br />

Points essentiels<br />

Introduction<br />

Les tumeurs des os chez l’enfant se résument aux tumeurs osseuses primitives (T.O.P.) <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s<br />

tumeurs osseuses secondaires étant représentées par <strong>le</strong>s très rares métastases osseuses des<br />

neuroblastomes.<br />

Les T.O.P. sont communes à l’enfant et à l’adulte mais la fréquence de chaque tumeur, sa<br />

localisation, son mode de révélation et sa prise en charge thérapeutique ont des spécificités propres<br />

selon qu’il s’agit d’enfant ou d’adulte.<br />

Faq 1 - Généralités sur <strong>le</strong>s tumeurs des os<br />

Une tumeur, qu’el<strong>le</strong> soit bénigne ou maligne, se caractérise par la prolifération anorma<strong>le</strong> d’une lignée<br />

cellulaire pathologique. L’os, dans <strong>le</strong>s conditions norma<strong>le</strong>s, renferme différents types de lignée<br />

cellulaire. Chacune de ces lignées cellulaires peut être à l’origine d’un type de tumeur.<br />

On rapproche des tumeurs des lésions qualifiées de « pseudo-tumora<strong>le</strong>s » dont la présentation<br />

clinique et radiologique est très évocatrice d’une tumeur bien qu’aucune de ces pseudo-tumeurs ne<br />

renferme de prolifération anorma<strong>le</strong> de lignée cellulaire pathologique.<br />

TUMEURS OSSEUSES PRIMITIVES<br />

Lignée cellulaire Tumeur bénigne Tumeur maligne<br />

Lignée Ostéoblastique (os)<br />

Lignéechondroblastique(cartilage)<br />

Tissu conjonctif Fibrome<br />

Tissu hématopoïétiquede la moel<strong>le</strong><br />

osseuse<br />

Ostéome ostéoïde<br />

Ostéoblastome<br />

Dysplasie fibreuse<br />

Chondrome<br />

(solitaire et multip<strong>le</strong>)<br />

Exostose<br />

ostéogénique<br />

Chondroblastome<br />

Fibrome chondromyxoïde<br />

Ostéosarcome<br />

Chondrosarcome<br />

Fibrosarcome<br />

Histiocytofibrome<br />

malin<br />

Lymphome<br />

Myélome<br />

Plasmocytome<br />

Notochorde Chordome<br />

Neuro-ectoderme Neurofibrome Tumeur d’Ewing


Origine incertaine<br />

LESIONS PSEUDO TUMORALES<br />

Schwannome Schwannome<br />

malin<br />

Adamantinome<br />

Tumeur à cellu<strong>le</strong>s<br />

géantes<br />

Tumeur à cellu<strong>le</strong>s<br />

géantes<br />

Kyste essentiel<br />

Kyste anévrysmal<br />

Histyocytose Langerhansienne<br />

Fibrome non ossifiant<br />

Ces tab<strong>le</strong>aux ne sont pas exhaustifs mais représentent <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s T.O.P.<br />

Nous avons fait figurer en italique et en gras <strong>le</strong>s lésions plus volontiers rencontrées chez l’enfant.<br />

Clinique :<br />

Exceptées <strong>le</strong>s découvertes fortuites à l’occasion d’un examen d’imagerie <strong>le</strong>s trois circonstances<br />

cliniques de découverte d’une T.O.P. sont :<br />

Dou<strong>le</strong>urs et /ou Tuméfaction et/ou Fracture pathologique<br />

Chez l’enfant la dou<strong>le</strong>ur n’est pas toujours exprimée, el<strong>le</strong> peut, lorsque la lésion siège au membre<br />

inférieur, se traduire par une boiterie.<br />

La dou<strong>le</strong>ur peut aussi chez l’enfant être projetée (dou<strong>le</strong>ur de genou pour une tumeur de la hanche et<br />

inversement).<br />

Le type et l’horaire de la dou<strong>le</strong>ur peuvent être évocateur de certaines lésion. Des dou<strong>le</strong>urs nocturnes,<br />

térébrantes font plutôt penser à un processus malin, exceptées <strong>le</strong>s classiques dou<strong>le</strong>urs de l’ostéome<br />

ostéoïde, dou<strong>le</strong>urs nocturnes calmées par l’aspirine. La découverte par un enfant ou sa famil<strong>le</strong> d’une<br />

tuméfaction palpab<strong>le</strong> du sque<strong>le</strong>tte appendiculaire est <strong>le</strong> mode habituel de révélation des exostoses.<br />

Les fractures pathologiques (fractures survenant sur une lésion préexistante) révè<strong>le</strong>nt souvent <strong>le</strong>s<br />

tumeurs kystiques et en particulier chez l’enfant <strong>le</strong>s kystes essentiels.<br />

Imagerie :<br />

La radiographie face et profil<br />

En faveur de la bénignité :<br />

En faveur de la malignité :<br />

Petite tail<strong>le</strong> de la lésion<br />

Limites nettes<br />

Liseré de condensation périphérique<br />

Intégrité des cortica<strong>le</strong>s<br />

Pas d’envahissement des parties mol<strong>le</strong>s<br />

Tail<strong>le</strong> plus importante<br />

Limites floues


La scintigraphie osseuse :<br />

Pas de liseré de condensation périphérique<br />

Erosion ou rupture des cortica<strong>le</strong>s<br />

Envahissement des parties mol<strong>le</strong>s<br />

Réaction périostée, triang<strong>le</strong> de Codman, feux d’herbes<br />

El<strong>le</strong> recherche deux informations :<br />

Normo ou hyper fixation de la lésion<br />

Existence d’autres foyers d’hyperfixation<br />

Si une hyperfixation peut se rencontrer aussi bien sur une lésion bénigne (kyste anévrysmal par<br />

exemp<strong>le</strong>) que sur une tumeur maligne, la normofixation par contre permet d’écarter l’hypothèse d’une<br />

tumeur maligne.<br />

Autres examens<br />

D’autres examens peuvent être demandés en complément pour se rapprocher du diagnostic mais<br />

aussi pour <strong>le</strong> bilan d’extension local et général. Ainsi une forte suspicion radiologique de tumeur<br />

osseuse maligne du fémur distal fera demander loca<strong>le</strong>ment une imagerie par résonance magnétique<br />

(IRM) pour apprécier <strong>le</strong>s limites de la tumeur et une tomodensitométrie pulmonaire à la recherche de<br />

métastases. Une T.O.P. du rachis ou des ceintures (épau<strong>le</strong>, bassin) bénéficiera d’une<br />

tomodensitométrie loca<strong>le</strong> pour mieux apprécier <strong>le</strong>s contours de la tumeur diffici<strong>le</strong>ment visib<strong>le</strong> dans ces<br />

localisations sur des radiographies standards avant d’envisager d’autres explorations si nécessaire.<br />

Localisation :<br />

La plupart des tumeurs chez l’enfant sont de localisation métaphysaire.<br />

Description de la croissance des os longs courts et plats chez l'enfant<br />

La localisation épiphysaire chez l’enfant fera penser à un chondroblastome (la tumeur à cellu<strong>le</strong>s<br />

géantes de localisation el<strong>le</strong> aussi épiphysaire ne se voie que chez l’adulte).<br />

La localisation diaphysaire fera plutôt penser chez l’enfant à une dysplasie fibreuse ou une<br />

histyocytose Langerhansienne.<br />

Biopsie :<br />

Certaines tumeurs ou dystrophie pseudo-tumora<strong>le</strong>s ne justifient pas d’une biopsie. C’est <strong>le</strong> cas d’une<br />

exostose à fortiori si el<strong>le</strong> rentre dans <strong>le</strong> cadre d’une maladie exostosante, d’une maladie des<br />

chondromes multip<strong>le</strong>s voire d’une forme polyostotique de dysplasie fibreuse ou d’un kyste essentiel<br />

d’aspect radiologique typique.<br />

Dans tous <strong>le</strong>s autres cas, chez l’enfant, une biopsie s’impose.<br />

Cette biopsie doit se faire :<br />

- Dans un centre spécialisé dans <strong>le</strong>s tumeurs osseuses de l’enfant<br />

- Par <strong>le</strong> chirurgien qui prendra ensuite en charge <strong>le</strong> traitement<br />

- Dans un délai rapproché (8 à 10 jours) si on suspecte la malignité<br />

- Ce délai sera mis à profit pour <strong>le</strong>s explorations complémentaires.<br />

Traitement :<br />

T.O.P. bénignes et dystrophie pseudo-tumora<strong>le</strong> :<br />

Les traitements médicamenteux sont symptomatiques, ils visent à lutter contre la dou<strong>le</strong>ur. Les


traitements par <strong>le</strong>s salycylés devront être interrompus 10 à 15 jours avant toute chirurgie pour éviter <strong>le</strong><br />

saignement per-opératoire.<br />

Les traitements chirurgicaux ont comme objectif parfois de n’en<strong>le</strong>ver qu’une lésion gênant la fonction<br />

(exostose) ou douloureuse (ostéome ostéoïde). Si l'os est fragilisé, après exérèse de la lésion, il faut<br />

renforcer la solidité de l’os par une greffe osseuse et ostéosynthèse.<br />

Il existe aussi des possibilités de traiter certaines petites lésions (ostéome ostéoïde) par l’application<br />

loca<strong>le</strong> d’agents physiques thermique amenés par des fibres introduites en per-cutané avec repérage<br />

sous TDM sous anesthésie généra<strong>le</strong>.<br />

T.O.P. malignes<br />

Il existe un consensus pour traiter ces enfants selon des protoco<strong>le</strong>s édictés par la société française<br />

des cancers de l’enfant. Il ne faut donc pas « improviser » de traitement. Ces traitements associent<br />

chimiothérapie et chirurgie d’exérèse carcinologique avec conservation, <strong>le</strong> plus souvent, de membres.<br />

La radiothérapie est réservée aux localisations diffici<strong>le</strong>ment extirpab<strong>le</strong>s ou pour <strong>le</strong>s traitements<br />

palliatifs. Leur prise en charge doit se faire dans des centres spécialisés<br />

Faq 2 - Fibrome Non Ossifiant (F.N.O.)<br />

Encore appelé « cortical defect » cette lésion pseudo-tumora<strong>le</strong> bénigne intéresse 35% des enfants<br />

entre 2 et 12 ans. El<strong>le</strong> est plus fréquente chez <strong>le</strong> garçon que chez la fil<strong>le</strong> (un quart des fil<strong>le</strong>s et 3/4 des<br />

garçons). Il s’agit d’une lésion qui touche la région métaphysaire avec une localisation essentiel<strong>le</strong>ment<br />

aux membres inférieurs (fémur distal : 40%, tibia : 40%). Il est assez fréquent de découvrir chez <strong>le</strong><br />

même enfant plusieurs F.N.O.<br />

Mode de révélation :<br />

Le plus souvent la révélation est fortuite. En effet beaucoup d’enfants se plaignent de dou<strong>le</strong>urs de<br />

genoux ce qui motive la réalisation de radiographies et donc la découverte d’une de ces lésions<br />

métaphysaires. La lésion est en général de petite tail<strong>le</strong> (quelques mm de diamètre).<br />

Deux problèmes se posent alors :<br />

- Convaincre l’enfant et sa famil<strong>le</strong> qu’il s’agit d’une lésion bénigne<br />

- Leur faire comprendre que cette lésion n’est pas la cause des dou<strong>le</strong>urs<br />

La lésion peut se révé<strong>le</strong>r par la survenue d’une fracture. La localisation métaphysaire tibia<strong>le</strong> dista<strong>le</strong><br />

avec des lésions de plus grande tail<strong>le</strong> est pour l’essentiel à l’origine de la survenue de fractures<br />

pathologiques.<br />

Aspect en imagerie :<br />

La radiographie montre une image métaphysaire claire au sein d’une cortica<strong>le</strong>, entourée d’un fin<br />

liseré de condensation. Selon sa position sur la périphérie de la métaphyse la radiographie montre<br />

une image en cocarde ou une petite encoche de la cortica<strong>le</strong> métaphysaire quand la lésion se situe<br />

tangentiel<strong>le</strong>ment au rayon incident.<br />

Evolution :<br />

Ces lésions disparaissent à l’âge adulte par ossification de la zone d’ostéolyse.<br />

Traitement :<br />

Aucun traitement n’est nécessaire dans <strong>le</strong>s formes habituel<strong>le</strong>s. La biopsie se discute parfois dans<br />

certaines formes de grande tail<strong>le</strong> avec un aspect radiologique inhabituel. Les fractures pathologiques,<br />

en général tibia<strong>le</strong> dista<strong>le</strong>, pourront être traitées par ostéosynthèse associée à un curettage / greffe.


Faq 3 - Ostéochondrome<br />

L’ostéochondrome, encore appelé exostose ou exostose ostéogénique, est une tumeur osseuse<br />

bénigne de la lignée chondroblastique. Il se caractérise par une excroissance située dans la région<br />

métaphysaire d’un os long. Cette excroissance est constituée par une partie osseuse se rattachant à<br />

la métaphyse surmontée par une coiffe cartilagineuse faisant grandir l’exostose tout au long de la<br />

croissance de l’enfant qui en est porteur.<br />

L’ostéochondrome peut être solitaire ou multip<strong>le</strong> et on par<strong>le</strong> alors de la maladie des exostoses<br />

multip<strong>le</strong>s ou maladie de Bessel Hagen. Les formes multip<strong>le</strong>s correspondent à des formes familia<strong>le</strong>s à<br />

transmission autosomique dominante par anomalie chromosomique. Si l’un des membres du coup<strong>le</strong><br />

parental est porteur de la maladie, environ un enfant sur deux de la descendance sera atteint, mais<br />

<strong>le</strong>s enfants sains ne transmettront pas la maladie.<br />

Localisation :<br />

Métaphyse des os longs : 50% fémur inférieur + humérus et tibia supérieur<br />

Os plats : omoplate et bassin<br />

Os courts : exceptionnel<strong>le</strong>ment<br />

Mode de révélation :<br />

C’est <strong>le</strong> plus souvent l’enfant ou sa famil<strong>le</strong> qui constate une tuméfaction palpab<strong>le</strong>. Cette découverte<br />

est source d’angoisse car la famil<strong>le</strong> est assez catégorique sur <strong>le</strong> fait que l’enfant ne présentait aucune<br />

tuméfaction préalab<strong>le</strong>. En fait, il s’agit d’une lésion qui grandit avec l’enfant et qui devient donc un jour<br />

palpab<strong>le</strong>. Plus rarement c’est un phénomène d’accrochage tendineux sur l’exostose qui fait porter <strong>le</strong><br />

diagnostic. Les phénomènes de compression nerveuse ou vasculaire sont exceptionnels.<br />

Aspect en imagerie :<br />

Les localisations métaphysaires sont des excroissances osseuses de grand axe perpendiculaire à<br />

l’axe de la diaphyse. La base d’implantation peut être large et on par<strong>le</strong>ra d’exostose sessi<strong>le</strong> ou étroite<br />

et on par<strong>le</strong>ra de forme pédiculée. Quel<strong>le</strong> que soit la largeur de la base d’implantation de l’exostose on<br />

remarquera que <strong>le</strong>s trames osseuses spongieuses de la métaphyse et de l’exostose sont de même<br />

nature et en continuité, sans interposition de cortica<strong>le</strong>. La coiffe cartilagineuse non visib<strong>le</strong> en<br />

radiographie est bien mise en évidence à l’IRM. Cette coiffe est d’autant plus épaisse que l’enfant est<br />

plus jeune (ce qui explique l’apparente différence de tail<strong>le</strong> entre ce que l’on palpe cliniquement et ce<br />

que l’on observe radiologiquement ). En fin de croissance el<strong>le</strong> devient plus fine. Si son épaisseur<br />

dépasse 1 cm chez l’adulte on doit suspecter une transformation maligne en chondrosarcome (jamais<br />

observé chez l’enfant).<br />

Evolution :<br />

Exostose unique ou solitaire : l’augmentation de tail<strong>le</strong> cesse avec la fin de la croissance.<br />

Maladie des exostoses multip<strong>le</strong>s : <strong>le</strong>s exostoses vont interférer avec la croissance du sque<strong>le</strong>tte. Les<br />

cols fémoraux sont souvent courts et élargis. On note fréquemment une déformation des genoux en<br />

genu valgum. Les deux segments de membre à deux os (avant bras et jambe) vont souvent être <strong>le</strong><br />

siége de déformations liées à une croissance asymétrique entre <strong>le</strong>s deux os (apparition progressive<br />

d’une main botte ulnaire, déformation en valgus de la chevil<strong>le</strong>).<br />

Une modification de tail<strong>le</strong> ou l’apparition de dou<strong>le</strong>urs à l’age adulte d’une exostose solitaire ou d’une<br />

des exostoses multip<strong>le</strong>s doit faire évoquer une transformation maligne en chondrosarcome. Cette<br />

probabilité est estimée à moins de 1% dans <strong>le</strong>s formes uniques mais el<strong>le</strong> augmente considérab<strong>le</strong>ment<br />

dans <strong>le</strong>s formes multip<strong>le</strong>s atteignant 10 à 20%. La probabilité est plus é<strong>le</strong>vée pour <strong>le</strong>s exostoses<br />

situées au niveau des ceintures (bassin, omoplate).<br />

Les chondrosarcomes sur exostose sont cependant toujours de bas grade de malignité (grade 1) avec<br />

des taux de guérison avoisinant 90%.


Traitement :<br />

Chez l’enfant toute exostose qui devient gênante sera en<strong>le</strong>vée chirurgica<strong>le</strong>ment en totalité avec sa<br />

coiffe cartilagineuse et <strong>le</strong>s membranes qui entourent sa partie osseuse (périoste) et cartilagineuse<br />

(périchondre). L’indication sera aussi portée dans <strong>le</strong>s localisations volumineuses des ceintures même<br />

en l’absence de gêne fonctionnel<strong>le</strong>.<br />

Des traitements chirurgicaux sont aussi proposés pour corriger <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s d’axe et <strong>le</strong>s inégalités de<br />

longueur dans <strong>le</strong>s maladies des exostoses multip<strong>le</strong>s.<br />

Faq 4 - Ostéome ostéoïde<br />

Il s’agit d’une tumeur bénigne de la lignée ostéoblastique qui se présente habituel<strong>le</strong>ment sous la<br />

forme d’une petite cavité de quelques millimètres de diamètre, appelée <strong>le</strong> nidus, entourée d’une zone<br />

d’ostéocondensation réactionnel<strong>le</strong>. L’ostéome ostéoïde représente 10 à 12% de l’ensemb<strong>le</strong> des<br />

tumeurs bénignes. La majorité des cas se situe dans <strong>le</strong>s 3 premières décades de la vie. Il existe une<br />

préva<strong>le</strong>nce masculine avec un sex ratio de 2.2 garçons pour 1 fil<strong>le</strong>.<br />

Localisation :<br />

Diaphyses et métaphyses des os longs sont <strong>le</strong>s localisations <strong>le</strong>s plus fréquentes suivies par <strong>le</strong>s os<br />

courts de la main et du pied et l’arc postérieur des vertèbres.<br />

Mode de révélation :<br />

Typiquement <strong>le</strong> patient se plaint d’une dou<strong>le</strong>ur à nette prédominance nocturne voire uniquement<br />

nocturne bien calmée par l’aspirine. Dans <strong>le</strong>s localisations rachidiennes s’ajoute à la dou<strong>le</strong>ur une<br />

déformation en scoliose appelée scoliose symptomatique.<br />

Aspect en imagerie :<br />

Le nidus, petite zone d’ostéolyse de quelques millimètres est parfois diffici<strong>le</strong> à mettre en évidence à la<br />

radiographie et c’est <strong>le</strong> plus souvent la zone d’ostéocondensation réactionnel<strong>le</strong> qui est visib<strong>le</strong>.<br />

Quand la symptomatologie est évocatrice et que <strong>le</strong>s radiographies sont peu explicites une<br />

scintigraphie osseuse sera très uti<strong>le</strong>. La scintigraphie montre un spot d’hyper fixation.<br />

La tomodensitométrie centrée sur cette zone d’hyper fixation permettra de voir alors <strong>le</strong> nidus.<br />

Evolution :<br />

Il n’existe aucun risque de transformation maligne. Les récidives loca<strong>le</strong>s s’observent en cas d’exérèse<br />

incomplète. Il est décrit des possibilités de régression spontanée sur plusieurs années.<br />

Traitement :<br />

Des traitements médicaux peuvent être proposés ; soit traitement symptomatique de la dou<strong>le</strong>ur soit<br />

traitements luttant contre l’hyper sécrétion de prostaglandines qui accompagne cette lésion, hyper<br />

sécrétion qui serait à l’origine des dou<strong>le</strong>urs.<br />

Les traitements chirurgicaux visent à en<strong>le</strong>ver ou détruire <strong>le</strong> nidus. Sous anesthésie généra<strong>le</strong> <strong>le</strong> nidus<br />

sera repéré en tomodensitométrie, il pourra alors être en<strong>le</strong>vé à la trèphine ou détruit par é<strong>le</strong>ctro ou<br />

photo coagulation. L’exérèse pourra se faire par chirurgie à ciel ouvert (soit par simp<strong>le</strong> curetage du<br />

nidus mais avec un risque de récidive, soit par mini exérèse en bloc emportant <strong>le</strong> nidus et une petite<br />

zone de condensation périphérique.<br />

Faq 5 - Kyste Osseux Essentiel (KOE)<br />

Encore appelée kyste solitaire des os cette lésion pseudo-tumora<strong>le</strong> est faite d’une cavité osseuse<br />

métaphysaire remplie d’un liquide clair, jaune citrin. Le KOE représente 3% de l’ensemb<strong>le</strong> des T.O.P..<br />

90% des cas sont diagnostiqués durant <strong>le</strong>s 2 premières décades.


Localisation :<br />

Les deux zones de localisations <strong>le</strong>s plus fréquentes sont <strong>le</strong>s métaphyses supérieures de l’humérus et<br />

du fémur.<br />

Mode de révélation :<br />

Le KOE se révè<strong>le</strong> en général par des dou<strong>le</strong>urs qui traduisent l’existence d’une fracture ou d’une<br />

fissure.<br />

Aspect en imagerie :<br />

La radiographie montre une image claire de lyse osseuse de la région métaphysaire venant aff<strong>le</strong>urer<br />

<strong>le</strong> cartilage de conjugaison. Cette image claire occupe <strong>le</strong> plus souvent toute la largeur de la<br />

métaphyse sans déformation de la forme de cette métaphyse (on dira qu’il n’y a pas de troub<strong>le</strong> du<br />

modelage).<br />

La radiographie initia<strong>le</strong> met <strong>le</strong> plus souvent en évidence une fracture ou fissure d’une cortica<strong>le</strong> très<br />

amincie. Si une scintigraphie était demandée el<strong>le</strong> ne montrerait qu’une très discrète augmentation de<br />

la fixation en l’absence d’une fracture intercurrente.<br />

Evolution :<br />

Beaucoup de KOE évoluent vers la régression spontanée en plusieurs années. La croissance<br />

osseuse norma<strong>le</strong> de la métaphyse <strong>le</strong>s éloigne progressivement du cartilage de conjugaison <strong>le</strong>s faisant<br />

« migrer » vers la diaphyse ou ils vont diminuer peu à peu de volume. Le principal risque évolutif est la<br />

fracture.<br />

Traitement :<br />

Devant un aspect typique de KOE une biopsie n’est pas nécessaire. Les fractures pathologiques<br />

peuvent être traitées par traitement orthopédique (plâtre, résine, attel<strong>le</strong>). El<strong>le</strong>s consolident dans des<br />

délais normaux. Des perforations per cutanées ou des injections de corticoides ont été proposés<br />

pour traiter <strong>le</strong>s kystes osseux essentiels.<br />

Deux objectifs peuvent être poursuivis par un traitement chirurgical ;<br />

Eviter la survenue d’une fracture ; une localisation à la métaphyse fémora<strong>le</strong> proxima<strong>le</strong> peut conduire à<br />

mettre en place des clous élastiques centro-médullaires pontant la zone kystique réalisant une «<br />

ostéosynthèse préventive », la guérison du kyste étant confiée à l’évolution spontanée.<br />

Rechercher une guérison du kyste par curetage/greffe, mais avec un risque de récidive non<br />

négligeab<strong>le</strong>.<br />

Faq 6 - Ostéosarcome et Tumeurs d’Ewing<br />

Ce sont parmi <strong>le</strong>s T.O.P. chez l’enfant <strong>le</strong>s 2 tumeurs osseuses primitives malignes. Il s’agit de tumeurs<br />

osseuses malignes rares ; la fréquence de l’ostéosarcome est évaluée à 2 cas par an et par million<br />

d’habitants ce qui représente un peu plus de 100 nouveaux cas par an en France dont 70% touchent<br />

des enfants. La tumeur d’Ewing représente 5 à 15% des tumeurs osseuses primitives malignes. El<strong>le</strong><br />

arrive, en fréquence, en 4éme position pour <strong>le</strong>s tumeurs osseuses primitives malignes dans la<br />

population généra<strong>le</strong> après <strong>le</strong>s myélomes <strong>le</strong>s ostéosarcomes et <strong>le</strong>s chondrosarcomes et en 2éme<br />

position dans la population pédiatrique après <strong>le</strong>s ostéosarcomes. 90% des cas de tumeurs d’Ewing<br />

touche la tranche d’age 5-30 ans avec un pic de fréquence entre 10 et 15 ans.<br />

Localisation :<br />

Les ostéosarcomes et <strong>le</strong>s tumeurs d’Ewing se localisent préférentiel<strong>le</strong>ment aux métaphyses des os<br />

longs qui sont <strong>le</strong> siége des plus grandes potentialités de croissance, ce que traduit l’aphorisme « près<br />

du genou et loin du coude ». Ce sont donc <strong>le</strong>s métaphyses inférieures du fémur et supérieures du tibia<br />

qui sont <strong>le</strong>s plus touchées suivies des métaphyses supérieures de l’humérus. La tumeur d’Ewing se<br />

localise aussi volontiers aux os plats (bassin, omoplate) et aux côtes.<br />

Mode de révélation :<br />

Exceptionnel<strong>le</strong>ment révélés par une fracture ou une tuméfaction <strong>le</strong>s ostéosarcomes et <strong>le</strong>s tumeurs<br />

d’Ewing se manifestent essentiel<strong>le</strong>ment par des dou<strong>le</strong>urs.


Aspect en imagerie :<br />

Ostéolyse dans la tumeur d’Ewing et ostéolyse et/ou ostéocondensation dans l’ostéosarcome sont <strong>le</strong>s<br />

aspects radiologiques habituels auxquels il faut rajouter selon <strong>le</strong> degré d’évolutivité de la tumeur :<br />

rupture d’une cortica<strong>le</strong>, envahissement des parties « mol<strong>le</strong>s » adjacentes à l’os.<br />

De tels aspects justifieront un bilan d’imagerie loco-régional complémentaire qui inclue scintigraphie<br />

osseuse et IRM ainsi que dans certaines localisations (bassin, rachis, omoplate) une TDM . L’IRM est<br />

l’examen clé qui apprécie au mieux l’étendue de la tumeur. En cas de positivité de la biopsie<br />

une TDM pulmonaire recherchera d’éventuel<strong>le</strong>s métastases.<br />

La biopsie :<br />

Si l’aspect clinique et en imagerie est évocateur d’une tumeur osseuse maligne une biopsie s’impose<br />

rapidement. El<strong>le</strong> devra se faire dans un centre spécialisé dans la prise en charge des tumeurs de<br />

l’enfant. La biopsie devra être réalisée par l’équipe chirurgica<strong>le</strong> qui prendra en charge la totalité du<br />

traitement chirurgical. En effet la voie d’abord choisie pour la biopsie doit tenir compte des modalités<br />

de la résection carcinologique ultérieure de la tumeur. Les prélèvements biopsiques devront être<br />

examinés en anatomo-pathologie, en cytogénétique, en biologie moléculaire sans oublier de faire<br />

systématiquement un prélèvement pour recherche bactériologique (certaines ostéomyélites pouvant<br />

faire penser à une tumeur d’Ewing et inversement).<br />

Evolution :<br />

En l’absence de traitement l’évolution se fait vers la survenue de métastases , essentiel<strong>le</strong>ment<br />

pulmonaires, et <strong>le</strong> décès. Traitées, ces 2 tumeurs ont vu <strong>le</strong>ur pronostic s’améliorer considérab<strong>le</strong>ment<br />

dans <strong>le</strong>s deux dernières décades avec 60 à 70% de guérison selon qu’il s’agit d’une tumeur d’Ewing<br />

ou d’un ostéosarcome. Le pronostic est lié d’une part à certaines formes anatomo-pathologiques et<br />

d’autre part à la réponse de la tumeur à la chimiothérapie.<br />

Traitement :<br />

Les traitements pour tumeurs osseuses de l’enfant se font en utilisant des protoco<strong>le</strong>s validés par la<br />

communauté scientifique nationa<strong>le</strong>, à travers la société française des cancers de l’enfant<br />

(ostéosarcome) ou européenne (protoco<strong>le</strong> EuroEwing).<br />

Que ce soit pour un ostéosarcome ou une tumeur d’Ewing <strong>le</strong>s principes thérapeutiques sont <strong>le</strong>s<br />

mêmes. Après la biopsie <strong>le</strong> patient bénéficie d’une première phase de chimiothérapie dite<br />

chimiothérapie néo adjuvante. Cette chimiothérapie première a pour but de traiter rapidement la<br />

maladie métastatique microscopique, de tenter de réduire <strong>le</strong> volume tumoral de la lésion primaire pour<br />

en faciliter la résection chirurgica<strong>le</strong> et d’apprécier l’efficacité de la chimiothérapie utilisée sur la tumeur.<br />

A cette première phase qui dure environ 3 mois fait suite la résection chirurgica<strong>le</strong> de la tumeur. Pour<br />

<strong>le</strong>s localisations aux membres, <strong>le</strong>s progrès dans l’exérèse chirurgica<strong>le</strong> des tumeurs osseuses<br />

malignes et dans la reconstruction de membres font que cette chirurgie est une chirurgie conservatrice<br />

<strong>le</strong>s amputations étant devenues d’indication exceptionnel<strong>le</strong>. Les reconstructions après exérèses ne<br />

sont pas toujours nécessaires (côtes, péroné). Lorsqu’el<strong>le</strong>s <strong>le</strong> sont, el<strong>le</strong>s font appel à différentes<br />

techniques :


emplacement par un segment d’os, os homologue (os de banque), os autologue vascularisé ou non<br />

vascularisé, association des deux, prothèse massive de reconstruction pour <strong>le</strong>s grands enfants et <strong>le</strong>s<br />

ado<strong>le</strong>scents, prothèse de croissance pour <strong>le</strong>s plus jeunes.<br />

Après cette phase chirurgica<strong>le</strong> un deuxième cyc<strong>le</strong> de chimiothérapie sera entrepris. Cette<br />

chimiothérapie, protocolisée, sera décidée en fonction de la réponse de la tumeur à la chimiothérapie<br />

première évaluée sur la pièce de résection osseuse par <strong>le</strong>s anatomo-pathologistes.<br />

Points essentiels<br />

- Les tumeurs osseuses primitives de l’enfant peuvent être bénignes (el<strong>le</strong>s sont alors fréquentes) ou<br />

malignes (beaucoup plus rares, se limitant quasi exclusivement aux ostéosarcomes et aux tumeurs<br />

d’Ewing).<br />

- Sur une radiographie, une tumeur de grande tail<strong>le</strong>, à limites floues, sans liseré de condensation<br />

périphérique, avec une érosion ou une rupture des cortica<strong>le</strong>s, avec un envahissement des parties<br />

mol<strong>le</strong>s, une réaction périostée, un triang<strong>le</strong> de Codman, un feux d’herbes sont des signes en faveur<br />

d'une tumeur maligne.<br />

- Par ordre de fréquence, dou<strong>le</strong>urs, tuméfaction et fractures pathologiques représentent <strong>le</strong>s modes de<br />

découverte cliniques d’une tumeur osseuse.<br />

- De simp<strong>le</strong>s radiographies suffisent au diagnostic de certaines T.O.P. (exostose, kyste osseux<br />

essentiel) ail<strong>le</strong>urs l’imagerie devra être complétée. Si au terme de ce bilan <strong>le</strong> diagnostic n’est pas établi<br />

une biopsie devra être réalisée, aucun traitement ne devant être entrepris sans connaître la nature<br />

d’une T.O.P.<br />

- La prise en charge des tumeurs osseuses malignes de l’enfant doit se faire en centre spécialisé.<br />

- Le fibrome non ossifiant est une lésion unique ou multip<strong>le</strong> métaphysaire. El<strong>le</strong> touche un enfant sur<br />

trois. L’évolution spontanée se fait vers la guérison au prix parfois de fracture pathologique surtout<br />

dans <strong>le</strong>s localisations tibia<strong>le</strong>s dista<strong>le</strong>s. Les formes typiques ne justifient d’aucun examen<br />

complémentaire après avoir été diagnostiquée à la radiographie. Seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s formes atypiques, rares,<br />

justifieront d’examens complémentaires, exceptionnel<strong>le</strong>ment d’une biopsie.<br />

- L’exostose ostéogènique ou ostéochondrome est une tumeur bénigne caractérisée par une<br />

excroissance osseuse en région métaphysaire. Le plus souvent uniques, ces tumeurs peuvent rentrer<br />

dans <strong>le</strong> cadre d’une maladie des exostoses multip<strong>le</strong>s, maladie familia<strong>le</strong> à transmission autosomique<br />

dominante. Dans <strong>le</strong>s formes uniques ces tumeurs peuvent représenter une gène fonctionnel<strong>le</strong> justifiant<br />

<strong>le</strong>ur exérèse. Dans <strong>le</strong>s formes multip<strong>le</strong>s des désaxations, des raccourcissements ou des différences de<br />

longueurs entre radius et ulna ou tibia et fibula peuvent nécessiter des prises en charge plus<br />

comp<strong>le</strong>xes. La dégénérescence maligne rare (moins de 1%) dans <strong>le</strong>s formes uniques est beaucoup<br />

plus fréquente dans <strong>le</strong>s formes multip<strong>le</strong>s (10 à 20%). Les localisations aux ceintures (épau<strong>le</strong>, bassin)<br />

expose davantage à la transformation maligne.<br />

- La symptomatologie clinique de l’ostéome ostéoïde est stéréotypée ; dou<strong>le</strong>ur à prédominance<br />

nocturne calmée par l’aspirine. La tumeur est représentée par une zone lésionnel<strong>le</strong> de quelques<br />

millimètres appelée nidus entourée d’une zone non tumora<strong>le</strong>, réactionnel<strong>le</strong> de densification osseuse.<br />

Les radiographies montrent en général la densification osseuse péri lésionnel<strong>le</strong>. La scintigraphie<br />

osseuse montrera , sous la forme d’un spot d’hyperfixation ,où se situe <strong>le</strong> nidus. La tomodensitométrie,<br />

centrée sur la zone d’hyperfixation mettra en évidence <strong>le</strong> nidus. El<strong>le</strong> servira de repérage pour une<br />

exérèse ou une thermo-coagulation per cutanée sous anesthésie généra<strong>le</strong>.<br />

- Les kystes osseux essentiels sont uniques et se localisent préférentiel<strong>le</strong>ment chez l’enfant au niveau<br />

des métaphyses proxima<strong>le</strong>s du fémur et de l’humérus. Le mode de révélation est en général une<br />

dou<strong>le</strong>ur qui traduit une fissure ou une fracture d’une cortica<strong>le</strong> très amincie. L’aspect radiologique est<br />

celui d’une ostéolyse bien limitée sans modification de forme de la métaphyse et sans rupture de<br />

cortica<strong>le</strong> exceptée l’éventuel<strong>le</strong> zone fracturaire Un tel aspect typique ne justifie pas d’une biopsie pour


confirmer <strong>le</strong> diagnostic. L’histoire naturel<strong>le</strong> se fait vers la guérison émaillée de fractures. Lorsqu’ils se<br />

situent en zone portante (métaphyse fémora<strong>le</strong> supérieure) ces kystes doivent être traités. Le traitement<br />

consistera à mettre en place des broches élastiques pour « armer » la zone fragi<strong>le</strong>, <strong>le</strong> traitement du<br />

kyste étant assuré par des perforations, des injections de corticoides ou des curettages/greffes.<br />

- Si l’aspect clinique et en imagerie est évocateur d’une tumeur osseuse maligne une biopsie s’impose<br />

rapidement. Après la biopsie, <strong>le</strong> patient bénéficie d’une première phase de chimiothérapie. Cette<br />

chimiothérapie première a pour but de traiter rapidement la maladie métastatique microscopique, de<br />

tenter de réduire <strong>le</strong> volume tumoral de la lésion primaire pour en faciliter la résection chirurgica<strong>le</strong> et<br />

d’apprécier l’efficacité de la chimiothérapie utilisée sur la tumeur. A cette première phase qui dure<br />

environ 3 mois fait suite la résection chirurgica<strong>le</strong> de la tumeur. Pour <strong>le</strong>s localisations aux membres, <strong>le</strong>s<br />

progrès dans l’exérèse chirurgica<strong>le</strong> des tumeurs osseuses malignes et dans la reconstruction de<br />

membres font que cette chirurgie est une chirurgie conservatrice <strong>le</strong>s amputations étant devenues<br />

d’indication exceptionnel<strong>le</strong>. Après cette phase chirurgica<strong>le</strong> un deuxième cyc<strong>le</strong> de chimiothérapie sera<br />

entrepris. Cette chimiothérapie, protocolisée, sera décidée en fonction de la réponse de la tumeur à la<br />

chimiothérapie première évaluée sur la pièce de résection osseuse par <strong>le</strong>s anatomo-pathologistes.


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Vaccinations : bases immunologiques, indications, efficacité, complications<br />

Item 76<br />

Objectifs :<br />

Objectifs terminaux de l’ECN<br />

- Appliquer <strong>le</strong> ca<strong>le</strong>ndrier des vaccinations en France.<br />

- Conseil<strong>le</strong>r une vaccination adaptée en fonction du risque individuel et col<strong>le</strong>ctif.<br />

- Argumenter <strong>le</strong>s contre-indications et expliquer <strong>le</strong>s complications des vaccinations.<br />

Objectifs intermédiaires du Collège des professeurs de pédiatrie<br />

- Décrire <strong>le</strong>s différents types de vaccins et l’immunité induite post-vaccina<strong>le</strong><br />

- Décrire <strong>le</strong> ca<strong>le</strong>ndrier vaccinal français<br />

- Citer <strong>le</strong>s effets indésirab<strong>le</strong>s des vaccinations et <strong>le</strong>s moyens de <strong>le</strong>s limiter<br />

- Enumérer <strong>le</strong>s contre-indications pour <strong>le</strong>s principaux types de vaccins obligatoires et conseillés<br />

- Décrire <strong>le</strong>s modalités pratiques des vaccinations chez l’enfant<br />

- Citer <strong>le</strong>s spécificités des vaccinations chez l’enfant voyageur, chez <strong>le</strong>s enfants atteints de<br />

pathologies particulières (cancers, déficits immunitaires, atopie).<br />

Sommaire<br />

1 - Modalités pratiques des vaccinations chez l’enfant<br />

2 - Voies d’administration : el<strong>le</strong>s varient selon <strong>le</strong> type de vaccin<br />

3 - Interval<strong>le</strong>s à respecter<br />

4 - Associations vaccina<strong>le</strong>s<br />

5 - Protection vaccina<strong>le</strong><br />

6 - Réponse immune post-vaccina<strong>le</strong> - Bases immunologiques de la vaccination<br />

7 - Efficacité vaccina<strong>le</strong> : définition et facteurs d'influence chez l'enfant<br />

8 - Le ca<strong>le</strong>ndrier vaccinal<br />

9 - Description schématique du ca<strong>le</strong>ndrier vaccinal<br />

1 - Modalités pratiques des vaccinations chez l’enfant<br />

La vaccination est un acte médical à part entière qui engage la responsabilité du médecin. Cet acte<br />

doit obéir aux règ<strong>le</strong>s suivantes :<br />

- Toute vaccination doit être consignée sur <strong>le</strong> carnet de santé de l'enfant ou de l'adulte. Les pages «<br />

vaccinations » du carnet de santé tiennent lieu de certificat. A défaut, un certificat sera délivré.<br />

- Doivent figurer sur ces documents :<br />

• <strong>le</strong> cachet du médecin, la date,<br />

• la marque du vaccin et <strong>le</strong> numéro du lot de fabrication.<br />

- Les mêmes renseignements doivent rester en possession du médecin (<strong>fichier</strong>) ou du centre de<br />

vaccination (registre).<br />

La vaccination implique éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> patient et doit, comme tout acte médical, être expliquée et<br />

comprise de la personne ou de ses parents ou tuteurs légaux. La consultation médica<strong>le</strong> qui précède la<br />

vaccination doit comporter un entretien qui précisera <strong>le</strong>s bénéfices attendus tant individuels que<br />

col<strong>le</strong>ctifs ainsi que la possibilité de survenue d’effets secondaires et <strong>le</strong>s mesures à prendre pour <strong>le</strong>s<br />

atténuer.<br />

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2 - Voies d’administration : el<strong>le</strong>s varient selon <strong>le</strong> type de vaccin<br />

- Intradermique stricte. Exemp<strong>le</strong> : BCG<br />

- Sous-cutanée profonde (SC) au niveau de la fosse sus épineuse<br />

- Intramusculaire (IM)<br />

• dans <strong>le</strong> deltoïde après 2 ans<br />

• ou à la face antérolatéra<strong>le</strong> de la cuisse avant 2 ans. La vaccination dans la fesse n'est pas<br />

recommandée chez <strong>le</strong> nourrisson (risque d'injection intra graisseuse avec mauvaise efficacité<br />

et d’atteinte du nerf sciatique, même à distance du point d’injection).<br />

Note : Les vaccins atténués (à l’exception du BCG) et <strong>le</strong>s vaccins polysaccharidiques peuvent être fait<br />

en IM et en SC. Les vaccins inactivés et <strong>le</strong>s autres vaccins sous-unités donnent une meil<strong>le</strong>ure<br />

réponse et une meil<strong>le</strong>ure tolérance par voie IM que SC.<br />

3 - Interval<strong>le</strong>s à respecter<br />

Un interval<strong>le</strong> minimum de 4 semaines est recommandé entre deux injections successives de vaccin<br />

lors de la primovaccination avec <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>nces diphtérie, tétanos polio coqueluche et Haemophilus. Un<br />

interval<strong>le</strong> plus court expose à une efficacité réduite. En cas de retard de vaccination, il est<br />

recommandé de compléter <strong>le</strong>s injections manquantes selon <strong>le</strong> schéma du ca<strong>le</strong>ndrier et non de<br />

recommencer une vaccination complète.<br />

Pour certains vaccins, un interval<strong>le</strong> plus long est recommandé entre deux injections. Exemp<strong>le</strong> : 5 à 12<br />

mois entre la seconde et la troisième dose de vaccin hépatite B.<br />

Le BCG peut être associé aux autres vaccins bactériens et viraux. Le délai de 1 mois entre BCG et <strong>le</strong>s<br />

autres vaccinations n'est pas justifié.<br />

4 - Associations vaccina<strong>le</strong>s<br />

- Les vaccins combinés sont mélangés dans une même seringue. Exemp<strong>le</strong> : <strong>le</strong> vaccin triva<strong>le</strong>nt<br />

Rougeo<strong>le</strong>-Oreillons-Rubéo<strong>le</strong>.<br />

- Les vaccins simultanés s'administrent au même moment mais en des sites séparés, parfois par des<br />

voies différentes. Ils ne peuvent pas être mélangés dans la même seringue.<br />

- Tous <strong>le</strong>s vaccins inactivés peuvent être administrés de façon simultanée. Les vaccins atténués<br />

peuvent être administrés de façon simultanée avec <strong>le</strong>s vaccins inactivés.<br />

- Certains vaccins atténués peuvent éga<strong>le</strong>ment être administrés de façon simultanée lors d’une même<br />

séance, exemp<strong>le</strong> BCG et Rougeo<strong>le</strong>-Oreillons-Rubéo<strong>le</strong>. D’autres nécessitent un interval<strong>le</strong> de un mois<br />

entre <strong>le</strong>ur administration (exemp<strong>le</strong> Fièvre Jaune et Rougeo<strong>le</strong>-Oreillons-Rubéo<strong>le</strong>).<br />

5 - Protection vaccina<strong>le</strong><br />

La protection induite par la vaccination peut-être :<br />

- directe et individuel<strong>le</strong> : el<strong>le</strong> repose sur l’immunité post-vaccina<strong>le</strong><br />

- indirecte et col<strong>le</strong>ctive : el<strong>le</strong> repose sur la réduction de la transmission interhumaine au sein d’une<br />

col<strong>le</strong>ctivité par une immunité dite « de troupeau ».<br />

Selon <strong>le</strong>s maladies considérées, l’objectif de la vaccination peut être :<br />

- l’élimination de la maladie (absence de cas dans une région géographique définie pendant une<br />

période suffisamment longue), voire son éradication (disparition de l’agent infectieux au niveau<br />

mondial). Ces objectifs sont envisageab<strong>le</strong>s pour certaines maladies infectieuses vira<strong>le</strong>s comme la<br />

vario<strong>le</strong>, la rougeo<strong>le</strong> et la poliomyélite dont la transmission est strictement inter-humaine et pour<br />

<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s la vaccination avec un taux é<strong>le</strong>vé de couverture permet, sans nécessiter de rappels, l’arrêt<br />

de la circulation de l’agent infectieux.<br />

- <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de l’infection dans une population donnée, particulièrement à risque. C’est <strong>le</strong> cas des<br />

maladies infectieuses bactériennes comme la diphtérie et <strong>le</strong> tétanos qui nécessitent des rappels<br />

itératifs pour maintenir une immunité durab<strong>le</strong>. La protection individuel<strong>le</strong> est ici essentiel<strong>le</strong> pour réduire<br />

<strong>le</strong> nombre de cas. Lorsque la transmission interhumaine de l’agent infectieux est importante, comme<br />

pour la coqueluche, <strong>le</strong>s rappels tardifs chez l’ado<strong>le</strong>scent et l’adulte permettent d’instal<strong>le</strong>r une immunité<br />

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col<strong>le</strong>ctive de troupeau, réduisent la circulation du germe et protégent <strong>le</strong>s jeunes nourrissons <strong>le</strong>s plus<br />

fragi<strong>le</strong>s d’une contamination de <strong>le</strong>ur entourage (stratégie du « cocooning »)<br />

6 - Réponse immune post-vaccina<strong>le</strong> - Bases immunologiques de la vaccination<br />

La réponse immune a pour effet d’éviter ou d’atténuer la maladie naturel<strong>le</strong> ou ses conséquences<br />

délétères après un contact ultérieur avec l’agent infectieux. El<strong>le</strong> ressemb<strong>le</strong> à cel<strong>le</strong> induite par <strong>le</strong>s<br />

agents infectieux et procède ainsi de plusieurs étapes successives mettant en jeu l’immunité cellulaire<br />

et humora<strong>le</strong>.<br />

L’antigène vaccinal est capté par <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s présentatrices d’antigène (macrophages, cellu<strong>le</strong>s<br />

dendritiques) qui <strong>le</strong>s dégradent en peptides qui vont se lier spécifiquement aux antigènes (de classe I<br />

et II) du comp<strong>le</strong>xe majeur d’histocompatibilité (CMH 1 et 2) et activer ensuite <strong>le</strong>s lymphocytes (CD4+<br />

et CD8+).<br />

Antigène vaccinal<br />

bactéries à<br />

développement<br />

extracellulaire<br />

virus et bactéries à<br />

développement<br />

intracellulaire<br />

Comp<strong>le</strong>xe majeur Activation<br />

d’histocompatibilité lymphocytaire<br />

CMH 2<br />

CMH 1<br />

T auxiliaires<br />

CD4+<br />

T cytotoxiques<br />

CD8+<br />

Autres étapes<br />

sécrétion de cytokines (interféron g, IL-<br />

2)différenciation des lymphocytes B en<br />

plasmocytes et commutation isotypique<br />

des anticorps<br />

développement de la mémoire<br />

immunitaire<br />

La réponse humora<strong>le</strong> correspond à la fabrication d’anticorps par <strong>le</strong>s lymphocytes B et <strong>le</strong>s plasmocytes<br />

: immunoglobulines de classe IgG, IgA et IgM. Le rô<strong>le</strong> des anticorps vaccinaux est de reconnaître et<br />

de s’assemb<strong>le</strong>r aux épitopes de l’agent infectieux pour <strong>le</strong> neutraliser au terme d’une lyse cellulaire.<br />

Le premier contact avec l’antigène produit une réponse anticorps dite primaire qui met en jeu la<br />

synthèse rapide des IgM puis, par commutation isotypique, la synthèse plus <strong>le</strong>nte des IgG et IgA et la<br />

production de cellu<strong>le</strong>s B mémoires. Tout contact ultérieur générera, par la mise en jeu des cellu<strong>le</strong>s<br />

mémoires, une réponse dite secondaire, plus rapide, plus intense et spécifique, faite d’emblée d’IgG et<br />

IgA.<br />

La réponse cellulaire fait intervenir <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s T CD4+ et CD8+ dans <strong>le</strong>urs actions spécifiques,<br />

cytotoxicité cellulaire, activation des cytokines, mais éga<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> cadre d’une coopération entre<br />

ces mêmes cellu<strong>le</strong>s (activations réciproques) qui contribue à renforcer la réponse immunitaire.<br />

Pour augmenter l’immunogénicité des vaccins, des substances dites adjuvantes y sont incorporées<br />

(hydroxyde ou phosphate d’aluminium). Les conservateurs (comme <strong>le</strong> thiomersal) sont utilisés pour<br />

maintenir la stabilité des produits mais sont dénués d’effets sur l’immunogénicité.<br />

Pour certains vaccins comme <strong>le</strong>s vaccins viraux atténués, une ou deux injections suffisent pour<br />

conférer une protection optima<strong>le</strong> et durab<strong>le</strong> (exemp<strong>le</strong>s, deux doses pour <strong>le</strong>s vaccins rougeo<strong>le</strong>,<br />

oreillons et rubéo<strong>le</strong> ; une seu<strong>le</strong> vaccination pour <strong>le</strong> BCG). Pour <strong>le</strong>s autres vaccins, inactivés ou sousunités,<br />

plusieurs injections successives et espacées d’au moins un mois sont nécessaires pour<br />

amplifier la réponse immune initia<strong>le</strong> ; c’est la primovaccination. L’immunité vaccina<strong>le</strong> ainsi obtenue<br />

n’est cependant pas définitive et nécessite la pratique régulière d’injections supplémentaires appelées<br />

rappels (exemp<strong>le</strong>s : diphtérie, tétanos, polio). Le maintien de l’immunité vaccina<strong>le</strong> peut éga<strong>le</strong>ment être<br />

garanti par <strong>le</strong>s contacts itératifs avec l’agent infectieux qui continue de circu<strong>le</strong>r, réalisant autant de<br />

rappels dits naturels (exemp<strong>le</strong> de l’Haemophilus influenzae b pour <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s rappels tardifs ne sont<br />

pas nécessaires au-delà du rappel de 16-18 mois). Cependant, en cas de réduction importante de la<br />

circulation de l’agent infectieux, <strong>le</strong>s rappels naturels deviennent aléatoires et l’immunité baisse avec <strong>le</strong><br />

temps rendant nécessaire la pratique de rappels vaccinaux tardifs (exemp<strong>le</strong> de la coqueluche).<br />

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7 - Efficacité vaccina<strong>le</strong> : définition et facteurs d'influence chez l'enfant<br />

L’efficacité vaccina<strong>le</strong> repose sur la réponse immune du sujet, réponse qui varie selon l’âge.<br />

Chez l’enfant de moins de 2 ans, la réponse immune aux antigènes thymo-indépendants comme <strong>le</strong>s<br />

antigènes polysaccharidiques (antigènes capsulaires des pneumocoques, Haemophilus influenzae b<br />

et méningocoques) est immature et donc inefficace. Pour obtenir une réponse immune et donc une<br />

protection, Il est nécessaire de coup<strong>le</strong>r ce type d’antigène avec un antigène protéique thymodépendant<br />

(exemp<strong>le</strong>s : <strong>le</strong> polysaccharide capsulaire PRP d’Haemophilus influenzae b est couplé avec<br />

une anatoxine tétanique). Chez <strong>le</strong> sujet âgé, la réponse immune décroît progressivement et nécessite<br />

d’être renforcée par des rappels (tétanos par exemp<strong>le</strong>).<br />

La réponse immune du nourrisson varie éga<strong>le</strong>ment selon la présence d’anticorps maternels. Lorsque<br />

la maman est immune de façon naturel<strong>le</strong> ou après vaccination vis-à-vis d’une maladie, la transmission<br />

in-utero d’anticorps maternels confère au nourrisson une protection de durée variab<strong>le</strong> selon la maladie<br />

en question. Les anticorps rougeo<strong>le</strong>ux maternels protègent ainsi <strong>le</strong> nourrisson pendant 9 à 12 mois.<br />

Pendant cette période, ces anticorps peuvent rendre inefficace la vaccination par inactivation du virus<br />

vaccinal. Un phénomène identique est observé avec <strong>le</strong>s anticorps transmis par injection IV ou IM de<br />

gammaglobulines.<br />

8 - Le ca<strong>le</strong>ndrier vaccinal<br />

Le ca<strong>le</strong>ndrier vaccinal définit la politique vaccina<strong>le</strong> du pays concerné. Il s’applique aux enfants et aux<br />

adultes. C’est un choix stratégique qui tient compte de divers éléments :<br />

- Epidémiologie de la maladie en question dans <strong>le</strong> pays<br />

- Disponibilité de vaccins et caractéristiques de ceux-ci : efficacité, durée de protection<br />

- Rapports bénéfice-risque et coût-efficacité de la vaccination selon la stratégie envisagée<br />

- Harmonisation avec <strong>le</strong>s recommandations de l’OMS-Europe.<br />

Le ca<strong>le</strong>ndrier est élaboré et révisé chaque année en France par <strong>le</strong> Comité Technique des<br />

Vaccinations (CTV), approuvé et proposé par <strong>le</strong> Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France<br />

(CSHPF) au Ministère de la Santé et publié chaque année au Bul<strong>le</strong>tin Epidémiologique<br />

Hebdomadaire, accessib<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> site www.invs.sante.fr/beh/.<br />

Il précise <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s modifications des stratégies, <strong>le</strong>s recommandations éventuel<strong>le</strong>s concernant de<br />

nouveaux vaccins et est incorporé au carnet de santé et au Vidal.<br />

Certaines vaccinations ont un caractère obligatoire en France, il s’agit des vaccins contre la<br />

tuberculose, la diphtérie, <strong>le</strong> tétanos, la poliomyélite.<br />

D’autres sont recommandées et figurent à cet égard au ca<strong>le</strong>ndrier vaccinal. Seu<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s vaccinations<br />

recommandées et obligatoires justifient d’une prise en charge financière par la Sécurité Socia<strong>le</strong>.<br />

Perspectives. L’intérêt du caractère obligatoire des vaccinations est actuel<strong>le</strong>ment débattu en France,<br />

et on s’oriente vers une suppression de cette obligation au profit d’une meil<strong>le</strong>ure information des<br />

famil<strong>le</strong>s sur l’intérêt de la vaccination et l’obtention du libre consentement de cel<strong>le</strong>s-ci.<br />

La stratégie envisagée peut-être :<br />

- Une vaccination généralisée, destinée à l’ensemb<strong>le</strong> de la population lorsque la maladie que l’on veut<br />

prévenir constitue par sa fréquence ou sa gravité une priorité de santé publique.<br />

- Une vaccination ciblée, restreinte aux sujets identifiés comme à risque comme par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s<br />

sujets de plus de 65 ans pour la vaccination grippa<strong>le</strong> ou <strong>le</strong>s nouveaux-nés de mère porteuse de<br />

l’antigène HBS pour la vaccination hépatite B.<br />

- Quelques professions justifient éga<strong>le</strong>ment de recommandations spécifiques. Certaines de ces<br />

vaccinations peuvent avoir un caractère obligatoire pour des professions particulières (la vaccination<br />

hépatite B est obligatoire par exemp<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s professions de santé).<br />

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9 - Description schématique du ca<strong>le</strong>ndrier vaccinal<br />

I- Recommandations généra<strong>le</strong>s (vaccination généralisée)<br />

BCG : la vaccination par <strong>le</strong> BCG est obligatoire pour l'entrée en col<strong>le</strong>ctivité incluant la garde par une<br />

assistante maternel<strong>le</strong> (au plus tard à 6 ans, âge de la scolarisation obligatoire).<br />

La vaccination BCG précoce (dès <strong>le</strong> 1er mois) est réservée aux enfants vivant dans un milieu à<br />

risques.<br />

L'Intradermo-réaction à la tuberculine à 5 Unités n'a plus lieu d'être pratiquée à titre systématique,<br />

notamment après la vaccination par <strong>le</strong> BCG. El<strong>le</strong> est réservée au diagnostic de la tuberculose et avant<br />

vaccination BCG au-delà de l’âge de 1 mois.<br />

Perspectives. L’intérêt du caractère obligatoire et généralisé de la vaccination BCG est actuel<strong>le</strong>ment<br />

débattu en France. Si l’incidence globa<strong>le</strong> de la tuberculose est actuel<strong>le</strong>ment proche des critères OMS<br />

d’arrêt de la vaccination généralisée, cette incidence reste é<strong>le</strong>vée dans certaines régions (I<strong>le</strong> de<br />

France, PACA) et essentiel<strong>le</strong>ment parmi des populations définies « à risque » comme par exemp<strong>le</strong>,<br />

<strong>le</strong>s migrants. L’arrêt de la vaccination BCG est donc envisagé mais au profit d’une vaccination qui<br />

deviendrait ciblée sur <strong>le</strong>s populations dites à risque et accompagnée de mesures visant à améliorer <strong>le</strong><br />

dépistage et la lutte anti-tubercu<strong>le</strong>use..<br />

Diphtérie, Tétanos, Polio, Haemophilus influenzae b, Coqueluche :<br />

Les vaccinations Diphtérie, Tétanos et Polio sont obligatoires, <strong>le</strong>s autres sont recommandées, selon <strong>le</strong><br />

schéma suivant :<br />

- Primovaccination diphtérie, tétanos, polio, coqueluche*, Haemophilus à partir de 2 mois, avec trois<br />

injections à un mois d’interval<strong>le</strong> suivie d’un rappel à 16-18 mois.<br />

- 6 ans : rappel diphtérie, tétanos, polio.<br />

- 11-13 ans : rappel diphtérie, tétanos, polio, coqueluche<br />

- 16-18 ans : rappel diphtérie**, tétanos, polio<br />

- À partir de 18 ans : rappel tétanos, poliomyélite tous <strong>le</strong>s dix ans.<br />

Notes : * Divers vaccins coquelucheux (à germes entiers ou acellulaires) sont disponib<strong>le</strong>s sous<br />

diverses combinaisons et dosages et recommandés selon l’âge. Se reporter à la question<br />

Coqueluche. Les combinaisons contenant des vaccins coquelucheux à germes entiers sont destinées<br />

à disparaître.<br />

** Une petite dose (d) au lieu d’une forte dose (D) d’anatoxine diphtérique est recommandée chez<br />

l’adulte pour une meil<strong>le</strong>ure tolérance.<br />

Hépatite B : la vaccination contre l'hépatite B est recommandée chez <strong>le</strong> nourrisson et peut être<br />

commencée à partir de l'âge de 2 mois selon <strong>le</strong> schéma suivant : 2 injections à un mois d'interval<strong>le</strong>, la<br />

3e injection devant être proposée entre 5 et 12 mois après la 2e injection.<br />

Un schéma particulier est proposé aux nouveau-nés de mère Ag HBS positive : vaccination dès la<br />

naissance avec injection de gamma-globulines spécifiques anti-HBS.<br />

Rougeo<strong>le</strong>, oreillons, rubéo<strong>le</strong> : la vaccination triva<strong>le</strong>nte est recommandée pour <strong>le</strong>s garçons et <strong>le</strong>s<br />

fil<strong>le</strong>s dès 12 mois et suivie d’une seconde dose avant 2 ans avec au moins un mois entre <strong>le</strong>s deux<br />

doses. Ce schéma vaccinal a pour objectif l’élimination de la rougeo<strong>le</strong> et fait partie des mesures du<br />

plan d’élimination établi en 2005.<br />

Deux doses de vaccin triva<strong>le</strong>nt sont recommandées pour tous <strong>le</strong>s enfants nés en 1992 ou après et<br />

n'en ayant pas bénéficié, quels que soient <strong>le</strong>urs antécédents vis-à-vis des trois maladies. Pour ceux<br />

nés entre 1980 et 1991, une seu<strong>le</strong> dose est recommandée.<br />

La vaccination triva<strong>le</strong>nte peut être pratiquée plus tôt, dès l'âge de 9 mois pour <strong>le</strong>s enfants vivant en<br />

col<strong>le</strong>ctivité, suivie d'une seconde dose entre 12 et 15 mois.<br />

Lorsque la première vaccination a été pratiquée avec <strong>le</strong> vaccin rougeo<strong>le</strong> monova<strong>le</strong>nt, deux doses de<br />

vaccin triva<strong>le</strong>nt seront nécessaires après l’âge de 12 mois.<br />

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En cas de menace d'épidémie de rougeo<strong>le</strong> dans une col<strong>le</strong>ctivité d'enfants, on peut vacciner tous <strong>le</strong>s<br />

sujets supposés réceptifs, à partir de l’âge de 9 mois. La vaccination rougeo<strong>le</strong> immédiate peut être<br />

efficace si el<strong>le</strong> est faite moins de 72 heures après <strong>le</strong> contact avec un cas.<br />

Grippe : la vaccination grippe est recommandée tous <strong>le</strong>s ans à partir de 65 ans.<br />

II- Recommandations particulières (vaccination ciblée) :<br />

Liste non exhaustive, se reporter au ca<strong>le</strong>ndrier en vigueur.<br />

Pneumocoque :<br />

Chez l’adulte, la vaccination anti-pneumococcique avec <strong>le</strong> vaccin polyosidique 23 va<strong>le</strong>nt est<br />

recommandée, tous <strong>le</strong>s cinq ans, pour <strong>le</strong>s sujets splénectomisés, <strong>le</strong>s drépanocytaires homozygotes,<br />

<strong>le</strong>s patients atteints de syndrome néphrotique, <strong>le</strong>s insuffisants respiratoires, <strong>le</strong>s patients alcooliques<br />

avec hépatopathie chronique, <strong>le</strong>s insuffisants cardiaques et <strong>le</strong>s sujets ayant des antécédents<br />

d'infection pulmonaire ou invasive à pneumocoque.<br />

Chez l’enfant de moins de 2 ans, la vaccination par <strong>le</strong> vaccin anti-pneumococcique conjugué<br />

heptava<strong>le</strong>nt est fortement recommandée, à partir de 2 mois, pour <strong>le</strong>s enfants présentant une affection<br />

<strong>le</strong>s exposant à un risque é<strong>le</strong>vé d’infection invasive à pneumocoque ainsi que ceux exposés à un ou<br />

des facteurs de risque lié(s) au mode de vie identifiés dans la littérature : enfants gardés plus de<br />

quatre heures par semaine en compagnie de plus de deux enfants en dehors de la fratrie, enfant<br />

ayant reçu moins de deux mois d’allaitement maternel, enfant appartenant à une fratrie d’au moins<br />

trois enfants (d’âge pré-scolaire).<br />

Enfin, la vaccination par <strong>le</strong> vaccin anti-pneumococcique heptava<strong>le</strong>nt conjugué est recommandée pour<br />

<strong>le</strong>s candidats à l'implantation cochléaire et <strong>le</strong>s porteurs d'implants cochléaires âgés de moins de 2 ans<br />

(grade de recommandation C).<br />

Le schéma vaccinal est identique à celui de la vaccination Haemophilus influenzae b<br />

(primovaccination à 2, 3 et 4 mois et rappel unique à 16-18 mois).<br />

Perspectives. La généralisation de la vaccination pneumococcique à l’ensemb<strong>le</strong> des nourrissons est<br />

envisagée. En attendant, <strong>le</strong>s caisses d’assurance maladie remboursent la vaccination chez <strong>le</strong><br />

nourrisson sans distinction.<br />

Varicel<strong>le</strong> :<br />

La vaccination varicel<strong>le</strong> est recommandée pour <strong>le</strong>s personnes sans antécédents de varicel<strong>le</strong> (ou dont<br />

l’histoire est douteuse) et dont la sérologie est négative, lors des situations suivantes :<br />

- personnes en contact étroit avec des personnes immunodéprimées (<strong>le</strong>s sujets vaccinés doivent être<br />

informés de la nécessité, en cas de rash généralisé, d’éviter <strong>le</strong>s contacts avec <strong>le</strong>s personnes<br />

immunodéprimées pendant 10 jours),<br />

- adultes de plus de 18 ans exposés à la varicel<strong>le</strong> (dans <strong>le</strong>s 3 jours suivant l’exposition à un patient<br />

avec éruption).<br />

Perspectives. L’indication de la vaccination varicel<strong>le</strong> pourrait être élargie dans <strong>le</strong>s années à venir<br />

grâce à la mise sur <strong>le</strong> marché de vaccins quadriva<strong>le</strong>nts rougeo<strong>le</strong>-oreillons-rubéo<strong>le</strong>-varicel<strong>le</strong>. Un<br />

schéma à une ou deux doses serait alors recommandé selon l’objectif recherché : réduction des<br />

infections sévères et de la mortalité ou élimination de la maladie.<br />

Vaccination coqueluche de l’adulte :<br />

Pour protéger <strong>le</strong>s jeunes nourrissons d’une contamination par <strong>le</strong>ur entourage, une vaccination de<br />

rappel est recommandée :<br />

- chez <strong>le</strong>s adultes susceptib<strong>le</strong>s de devenir parents dans <strong>le</strong>s mois ou années à venir<br />

- ainsi qu’à l’occasion d’une grossesse, pour <strong>le</strong>s membres du foyer (enfant qui n’est pas à jour pour<br />

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cette vaccination, adulte qui n’a pas reçu de vaccination contre la coqueluche au cours des dix<br />

dernières années), selon <strong>le</strong>s modalités suivantes :<br />

• père et enfants : durant la grossesse de la mère ;<br />

• mère : <strong>le</strong> plus tôt possib<strong>le</strong> après l’accouchement.<br />

De même, <strong>le</strong> rappel est recommandé pour <strong>le</strong>s professionnels en contact avec des nourrissons trop<br />

jeunes pour avoir reçu trois doses de vaccins coquelucheux : maternités, services de néonatologie et<br />

de pédiatrie prenant en charge des nourrissons âgés de moins de 6 mois, étudiants des filières<br />

médica<strong>le</strong>s ou paramédica<strong>le</strong>s.<br />

En l’absence de vaccin coquelucheux monova<strong>le</strong>nt, <strong>le</strong> vaccin combiné Diphtérie, Tétanos, Coqueluche,<br />

Polio, faib<strong>le</strong>ment dosé en anatoxine diphtérique et en antigènes coquelucheux est recommandé pour<br />

<strong>le</strong> rappel chez l’adulte (vaccin dTcaP).<br />

Vaccinations du voyageur<br />

Les recommandations sanitaires pour <strong>le</strong>s voyageurs sont élaborées par <strong>le</strong> Comité des maladies liées<br />

au voyage et des maladies d’importation (CMVI) et détaillées dans <strong>le</strong> numéro spécifique annuel du<br />

Bul<strong>le</strong>tin Epidémiologique Hebdomadaire accessib<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> site www.invs.sante.fr/beh/.<br />

Le programme de vaccination à réaliser doit être adapté à l’âge et au statut vaccinal du voyageur, à la<br />

situation sanitaire du pays visité, aux conditions et à la durée du séjour.<br />

Il comporte :<br />

- La mise à jour des vaccinations inscrites aux recommandations généra<strong>le</strong>s du ca<strong>le</strong>ndrier vaccinal<br />

(diphtérie, tétanos, coqueluche, poliomyélite Haemophilus influenzae b, pneumocoque, hépatite B,<br />

rougeo<strong>le</strong>, oreillons, rubéo<strong>le</strong>)<br />

- La mise à jour des vaccinations figurant à la rubrique recommandations particulières du ca<strong>le</strong>ndrier<br />

vaccinal :<br />

• fièvre jaune (à partir de l’âge de 6 mois, validité 10 ans, effectuée uniquement en centre agréé<br />

pour la vaccination fièvre jaune dont la liste est consultab<strong>le</strong> sur : http://www.diplomatie.gouv.fr)<br />

• hépatite A (3 doses selon <strong>le</strong> schéma 0-1-6 mois à partir de un an, ou 2 doses 0-6 mois chez<br />

l’ado<strong>le</strong>scent et l’adulte)<br />

• typhoïde (dès 2 ans, validité 5 ans)<br />

- d’autres vaccinations peuvent être indiquées pour certains voyageurs : encéphalite japonaise,<br />

encéphalite à tiques, méningite à méningocoques A, C, Y, W135, rage.<br />

Vaccination des patients atteints d’immunodépression<br />

- Les vaccinations avec vaccins atténués (vivants) sont contre indiquées en cas de déficit immunitaire,<br />

quel que soit son type, congénital ou acquis : chimiothérapie récente (moins de 6 mois), traitements<br />

immunosuppresseurs, corticothérapie généra<strong>le</strong> supérieure à 2mg/kg/j ou 20 mg/j pendant plus de 14<br />

jours.<br />

- Les autres vaccinations doivent être effectuées.<br />

Vaccination des enfants nés de mère séropositive pour <strong>le</strong> VIH<br />

Recommandations valab<strong>le</strong>s hors Programme Elargi de Vaccination de l’OMS<br />

- Application du ca<strong>le</strong>ndrier pour la vaccination diphtérie tétanos coqueluche polio Haemophilus<br />

influenzae b, hépatite B, pneumocoque.<br />

- Pas de BCG sauf en cas de tuberculose dans l'entourage<br />

- Vaccination Rougeo<strong>le</strong>, Oreillons, Rubéo<strong>le</strong> à discuter avec l'équipe soignante<br />

- Rattrapage secondaire comp<strong>le</strong>t si l'enfant s'avère non infecté<br />

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Effets indésirab<strong>le</strong>s des vaccinations. Citer <strong>le</strong>s effets indésirab<strong>le</strong>s des vaccinations et <strong>le</strong>s<br />

moyens de <strong>le</strong>s limiter<br />

Comme tous <strong>le</strong>s médicaments, <strong>le</strong>s vaccins sont susceptib<strong>le</strong>s d’induire des réactions ou effets<br />

indésirab<strong>le</strong>s. Ces effets sont généra<strong>le</strong>ment connus et prévisib<strong>le</strong>s grâce aux études dites de tolérance<br />

effectuées pendant <strong>le</strong> développement du produit. Les réactions <strong>le</strong>s plus communes et bénignes sont :<br />

- Loca<strong>le</strong>s à type de dou<strong>le</strong>ur, rougeur, œdème au point d’injection<br />

- Généra<strong>le</strong>s à type de fièvre, éruption, céphalées, vomissements, etc…<br />

Leur délai de survenue après l’injection est <strong>le</strong> plus souvent prévisib<strong>le</strong> :<br />

- Inflammation loca<strong>le</strong> et fièvre précoces avec <strong>le</strong>s vaccins DTCoqPolio-Hib : 24 à 48 heures après<br />

l’injection<br />

- Eruption et fièvre plus tardives avec <strong>le</strong> vaccin rougeo<strong>le</strong> (entre 5 et 10 jours après l’injection).<br />

La connaissance prévisib<strong>le</strong> de ces effets fréquents et bénins impose d’en avertir <strong>le</strong>s sujets (ou <strong>le</strong>urs<br />

parents) afin de limiter l’inquiétude et la demande d’avis médical inuti<strong>le</strong> et de proposer des mesures<br />

de prévention de <strong>le</strong>urs complications, comme par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> traitement de la fièvre de façon<br />

systématique, à dose efficace et interval<strong>le</strong> correct pendant 24 à 36 h après un vaccin DTCoqPolio-Hib<br />

ou entre J5 et J10 après un vaccin rougeo<strong>le</strong>.<br />

Plus rarement, peuvent survenir des effets secondaires plus sévères comme par exemp<strong>le</strong> des<br />

convulsions fébri<strong>le</strong>s en cas de fièvre é<strong>le</strong>vée sur un terrain sensib<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s rares syndrome des cris<br />

persistants et d’hypotonie-hyporéactivité avec <strong>le</strong>s vaccins coquelucheux ou une bécégite avec <strong>le</strong><br />

vaccin tubercu<strong>le</strong>ux.<br />

Pour chaque vaccin, ces effets secondaires connus, communs ou rares, sont répertoriés et précisés<br />

dans <strong>le</strong> vidal.<br />

Des réactions de type al<strong>le</strong>rgique (œdème de Quincke, choc anaphylactique…) peuvent éga<strong>le</strong>ment<br />

survenir comme avec tout médicament. El<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong> plus souvent en rapport avec certains<br />

constituants des vaccins comme des produits adjuvants, conservateurs, ou antibiotiques.<br />

Enfin, certains effets jusqu’ici inconnus peuvent survenir dont la relation avec la vaccination peut-être<br />

suspectée. Il importe alors de rapporter systématiquement ces réactions inhabituel<strong>le</strong>s aux centres de<br />

pharmacovigilance. Leur liste est consultab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> site<br />

www.clinibase.net/annuaires/pharmacovigilance/view<br />

Contre-indications vaccina<strong>le</strong>s<br />

Les contre indications à la vaccination ont été récemment remises à jour par la circulaire n°97-267 du<br />

8 avril 1997.<br />

Pour chaque vaccin, <strong>le</strong>s contre indications figurent au texte d’autorisation de mise sur <strong>le</strong> marché<br />

(AMM) consultab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> dictionnaire Vidal.<br />

Il n’y a pas de contre indication généra<strong>le</strong> à la vaccination. Il n’y a que des contre indications<br />

spécifiques liées au terrain.<br />

Les vaccins sont contre indiqués devant toute maladie infectieuse aiguë en évolution et en cas<br />

d’al<strong>le</strong>rgie documentée à l’un de ses composants.<br />

Les néphropathies, l'insuffisance cardiaque ou respiratoire, <strong>le</strong>s maladies dermatologiques y compris<br />

l'eczéma ne sont pas des contre indications à la condition que l'on se trouve en dehors d'une période<br />

de poussée de la maladie<br />

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Contre indications spécifiques des vaccins atténués<br />

Polio oral<br />

(buccal)<br />

Rubéo<strong>le</strong> et<br />

Rougeo<strong>le</strong><br />

Oreillons<br />

Varicel<strong>le</strong><br />

Fièvre jaune<br />

- Déficit immunitaire congénital ou acquis chez <strong>le</strong> sujet ou dans son<br />

entourage<br />

- Grossesse<br />

- Déficit immunitaire congénital ou acquis<br />

- Injection récente d'immunoglobulines (


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Orientation diagnostique devant des vomissements du nourrisson et de l’enfant<br />

(avec <strong>le</strong> traitement) (et de l’adulte : partie non traitée dans ce référentiel pédiatrique)<br />

Item 345<br />

Objectifs :<br />

OBJECTIFS TERMINAUX DE L’ECN<br />

¤ Devant des vomissements du nourrisson, de l’enfant (ou de l’adulte), argumenter <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s<br />

hypothèses diagnostiques et justifier <strong>le</strong>s examens complémentaires pertinents.<br />

¤ Argumenter l’attitude thérapeutique (P) et planifier <strong>le</strong> suivi de l’évolution.<br />

OBJECTIFS DU COLLEGE DES PROFESSEURS DE PEDIATRIE<br />

Terminaux<br />

L’étudiant est capab<strong>le</strong> de :<br />

¤ reconnaître <strong>le</strong>s vomissements et savoir <strong>le</strong>s différencier du reflux gastro-oesophagien.<br />

¤ élaborer une démarche cohérente en vue de produire des hypothèses diagnostiques.<br />

¤ établir un plan d’exploration et de traitement (P, avec posologie).<br />

Intermédiaires<br />

L’étudiant est capab<strong>le</strong> de :<br />

¤ définir un vomissement et une régurgitation.<br />

¤ décrire et commenter <strong>le</strong>s éléments de l’anamnèse et de l’examen clinique à rechercher dans un but<br />

d’orientation étiologique et d’évaluation de la gravité et de l’urgence de la situation.<br />

¤ exposer <strong>le</strong> raisonnement diagnostique devant un vomissement chez l’enfant à l’aide d’un arbre<br />

décisionnel tenant compte de l’âge, des données anamnestiques et cliniques.<br />

¤ énumérer <strong>le</strong>s examens paracliniques pertinents aux différentes étapes du raisonnement clinique .<br />

¤ énumérer <strong>le</strong>s complications directes des vomissements (oesophagiennes, métaboliques).<br />

¤ prescrire de façon appropriée un traitement symptomatique, citer <strong>le</strong>s situations requérant un avis<br />

spécialisé.<br />

Sommaire<br />

Introduction<br />

1- Démarche diagnostique généra<strong>le</strong><br />

2- Diagnostic étiologique<br />

3- Traitement<br />

Introduction<br />

Les vomissements se définissent comme des rejets actifs de tout ou partie du contenu gastrique ou<br />

intestinal par la bouche. Ils associent une contraction du diaphragme et des musc<strong>le</strong>s de la paroi<br />

abdomina<strong>le</strong>. Ils sont souvent précédés de nausées, de pâ<strong>le</strong>ur, d’hypersalivation et de sueurs diffuses.<br />

Ils doivent être distingués :<br />

- des régurgitations qui correspondent à une remontée passive du contenu gastrique, sans effort,<br />

fréquentes chez <strong>le</strong> nourrisson après la tétée,<br />

- et du rare mérycisme, équiva<strong>le</strong>nt d’une rumination volontairement régurgitée, remâchée puis à<br />

nouveau déglutie, qui nécessite parfois une prise en charge spécifique, d’ordre psychiatrique.<br />

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1- Démarche diagnostique généra<strong>le</strong><br />

1-1 L’interrogatoire précise :<br />

1-1-1 <strong>le</strong>s caractéristiques des vomissements :<br />

- date d’apparition (récents ou plus anciens),<br />

- évolution (depuis la naissance ou après un interval<strong>le</strong> libre),<br />

- fréquence, horaires préférentiels (notamment par rapport aux repas),<br />

- abondance,<br />

- aspect (alimentaire, bilieux, sanglant)<br />

1-1-2 <strong>le</strong> contexte de survenue :<br />

- âge de l’enfant,<br />

- antécédents néonatals,<br />

- régime alimentaire (allaitement maternel ou artificiel, mode de préparation des repas),<br />

- existence de signes associés digestifs (soif, anorexie, dou<strong>le</strong>urs abdomina<strong>le</strong>s, diarrhée ou<br />

constipation, rectorragies) ou extra-digestifs (contexte infectieux),<br />

- traitements en cours ou prise de toxiques.<br />

1-2 L’examen clinique :<br />

1-2-1 apprécie <strong>le</strong> retentissement des vomissements : signes de déshydratation, état<br />

nutritionnel (courbe de poids et de tail<strong>le</strong> ++).<br />

1-2-2 recherche :<br />

- des signes abdominaux (ventre plat ou météorisme, ondes péristaltiques, défense, boudin<br />

d’invagination, olive pylorique, hépatomégalie, orifices herniaires, toucher rectal en fonction du<br />

contexte),<br />

- des signes neurologiques (signes d’hypertension intra-crânienne ou de méningite),<br />

- des signes généraux (fièvre, infection ORL).<br />

1-3 Les examens complémentaires sont exclusivement orientés par <strong>le</strong> contexte clinique.<br />

1-3-1 explorations radiologiques digestives (échographie abdomina<strong>le</strong>, abdomen sans<br />

préparation, TOGD) uti<strong>le</strong>s lorsqu’une cause mécanique est suspectée.<br />

1-3-2 examens bactériologiques en fonction du contexte (coproculture, examen cytobactériologique<br />

des urines, ponction lombaire)<br />

1-3-3 NFS, protéine C réactive pour confirmer un tab<strong>le</strong>au infectieux et enzymes hépatiques.<br />

1-3-4 ionogramme sanguin + gazométrie capillaire pour évaluer la gravité d’une déshydratation<br />

ou rechercher l’alcalose hypochlorémique d’une sténose du pylore.<br />

1-3-5 imagerie neuro-radiologique en fonction du contexte.<br />

1-3-6 fibroscopie oeso-gastrique en cas de vomissements sanglants ou de signes évocateurs<br />

d’œsophagite.<br />

1-3-7 la pHmétrie n’a aucune d’indication dans <strong>le</strong> contexte de vomissements chez <strong>le</strong><br />

nourrisson.<br />

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2- Diagnostic étiologique<br />

On doit distinguer <strong>le</strong>s vomissements aigus ou occasionnels des vomissements chroniques ou<br />

récidivants<br />

2-1 Vomissements aigus<br />

2-1-1 Syndrome infectieux évident :<br />

- gastro-entérite vira<strong>le</strong> ou bactérienne (<strong>le</strong>s vomissements peuvent précéder la diarrhée de plusieurs<br />

heures),<br />

- infection ORL (otite, rhinopharyngite, angine, stomatite),<br />

- infection urinaire (à dépister par une bande<strong>le</strong>tte multiréactive et confirmer par l’uroculture),<br />

- méningite (symptômes souvent peu spécifiques chez <strong>le</strong> nourrisson),<br />

- infection respiratoire (coqueluche émétisante ++),<br />

- hépatite.<br />

2-1-2 En l’absence de contexte infectieux patent on évoque :<br />

2-1-2-1 Chez <strong>le</strong> nouveau-né :<br />

- une cause mécanique (atrésie ou sténose duodéna<strong>le</strong>, iléus méconial, volvulus par malrotation du<br />

mésentère, maladie de Hirschsprung)<br />

- ou une entérocolite ulcéro-nécrosante, en particulier chez <strong>le</strong> prématuré.<br />

2-1-2-2 Chez <strong>le</strong> nourrisson :<br />

- une cause chirurgica<strong>le</strong> (hernie étranglée, volvulus, invagination intestina<strong>le</strong> aiguë, appendicite aiguë,<br />

torsion testicu<strong>le</strong>/ovaire),<br />

- une cause neurologique (hypertension intra-crânienne liée à un hématome sous- ou extra-dural ou à<br />

une tumeur cérébra<strong>le</strong>),<br />

- une cause toxique (hypervitaminose A et D)<br />

- ou une al<strong>le</strong>rgie alimentaire (al<strong>le</strong>rgie aux protéines du lait de vache).<br />

2-2 Vomissements chroniques<br />

2-2-1 Erreurs diététiques : A éliminer en premier lieu par l’interrogatoire : quantités excessives,<br />

«forcing» alimentaire<br />

2-2-2 Affections du tube digestif :<br />

2-2-2-1 RGO : Début généra<strong>le</strong>ment précoce dès <strong>le</strong>s premiers jours de vie. Vomissements postprandiaux<br />

plus ou moins tardifs, souvent associés à des régurgitations, favorisés par <strong>le</strong>s changements<br />

de position et <strong>le</strong> décubitus, sans retentissement majeur sur la courbe de poids.<br />

2-2-2-2 Sténose du pylore : Souvent chez un garçon, premier né, survenant après un interval<strong>le</strong> libre<br />

de 2 à 8 semaines, avec une aggravation progressive. Les vomissements (classiquement lait « caillé »<br />

sont explosifs, en jet, abondants et surviennent classiquement à distance du repas (30 minutes – 1<br />

heure). L’appétit conservé contraste avec la cassure de la courbe de poids. La dénutrition<br />

s’accompagne d’une déshydratation variab<strong>le</strong> avec alcalose hypochlorémique. L’examen recherche<br />

l’olive pylorique et des ondulations péristaltiques, et <strong>le</strong> diagnostic est confirmé par l’échographie<br />

abdomina<strong>le</strong>. Le traitement est toujours chirurgical.<br />

2-2-2-3 Al<strong>le</strong>rgies et intolérances alimentaires : L’al<strong>le</strong>rgie aux protéines du lait de vache est suspectée<br />

sur la notion d'apparition des vomissements au sevrage, d'antécédents al<strong>le</strong>rgiques familiaux et de<br />

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symptômes associés (diarrhée, rashs cutanés). El<strong>le</strong> est confortée par <strong>le</strong>s tests cutanés et <strong>le</strong> dosage<br />

des IgE tota<strong>le</strong>s et spécifiques du lait. El<strong>le</strong> est confirmée par un test d’éviction-réintroduction. La<br />

maladie coeliaque (intolérance au gluten) s’accompagne plus rarement de vomissements.<br />

2-2-3 Affections extra-digestives :<br />

2-2-3-1 Beaucoup d’affections chroniques extra-digestives peuvent s’accompagner de vomissements.<br />

Il faut savoir <strong>le</strong>s évoquer (insuffisance cardiaque, tubulopathies, affections hépatiques, hypertension<br />

intracrânienne)<br />

2-2-3-2 Maladies métaboliques : il faut toujours y penser devant des vomissements chroniques du<br />

nourrisson :<br />

- hyperplasie congénita<strong>le</strong> des surréna<strong>le</strong>s (syndrome de perte sodée urinaire),<br />

- galactosémie et fructosémie (hépatomégalie avec altérations du bilan hépatique),<br />

- anomalies du cyc<strong>le</strong> de l’urée (hyperammoniémie).<br />

2-2-3-3 Vomissements d’origine psychogène : généra<strong>le</strong>ment isolés, ils expriment souvent un troub<strong>le</strong><br />

de la relation mère-enfant.<br />

3- Traitement<br />

Pour <strong>le</strong> traitement symptomatique des vomissements du nourrisson, on se reportera à la question 280.<br />

L’important en fait est de faire <strong>le</strong> diagnostic étiologique et de traiter la cause des vomissements.<br />

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