25.06.2013 Views

Un droit dans la guerre? Volume I : présentation du droit ... - ICRC

Un droit dans la guerre? Volume I : présentation du droit ... - ICRC

Un droit dans la guerre? Volume I : présentation du droit ... - ICRC

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

84 La mise en œuvre <strong>du</strong> <strong>droit</strong> international humanitaire<br />

partie au Statut peut déc<strong>la</strong>rer que, pour une période de sept ans à partir de<br />

l’entrée en vigueur de ce texte, il n’accepte pas <strong>la</strong> compétence de <strong>la</strong> Cour en<br />

ce qui concerne des crimes de <strong>guerre</strong> lorsqu’il est allégué que ceux-ci ont<br />

été commis sur son territoire ou par ses ressortissants102 . Ainsi, les crimes<br />

internationaux les mieux établis <strong>dans</strong> le <strong>droit</strong> conventionnel actuel peuvent<br />

échapper, pendant sept ans, à <strong>la</strong> compétence de <strong>la</strong> CPI.<br />

Seul le procureur, qui est élu par les États parties, peut saisir <strong>la</strong> Cour d’une<br />

affaire précise. Il peut, quant à lui, être saisi par tout État partie et par le<br />

Conseil de sécurité, mais il peut également ouvrir des enquêtes de sa propre<br />

initiative103 . Dans ce dernier cas, le procureur doit toutefois présenter à <strong>la</strong><br />

Chambre préliminaire une demande d’autorisation en ce sens. Si celle-ci décide<br />

d’autoriser l’ouverture de l’enquête, ou si un État a saisi le procureur et que ce<br />

dernier entend mener l’enquête, il doit le notifier à tous les États parties ainsi<br />

qu’aux autres États concernés. Si l’un de ces États informe le procureur qu’une<br />

procé<strong>du</strong>re concernant l’affaire en question est déjà en cours sur le p<strong>la</strong>n national,<br />

le procureur doit p<strong>la</strong>cer les poursuites sous l’autorité de l’État concerné, à<br />

moins que <strong>la</strong> Chambre préliminaire de <strong>la</strong> CPI ne l’autorise à continuer lui-même<br />

l’enquête. On peut avoir de sérieux doutes sur <strong>la</strong> question de savoir si cette<br />

procé<strong>du</strong>re contribue d’une part à l’efficacité des poursuites et si elle permet,<br />

d’autre part, de respecter le <strong>droit</strong> de l’accusé à ce que sa cause soit enten<strong>du</strong>e<br />

<strong>dans</strong> un dé<strong>la</strong>i raisonnable. Elle reflète toutefois les craintes des États devant<br />

toute juridiction qui pourrait juger indépendamment de leur volonté les<br />

comportements de leurs agents.<br />

L’un des mérites <strong>du</strong> Statut de <strong>la</strong> CPI est qu’il codifie, pour <strong>la</strong> première fois<br />

<strong>dans</strong> un traité à vocation universelle, <strong>la</strong> partie générale <strong>du</strong> <strong>droit</strong> international<br />

pénal104 . Il s’agit d’une intégration réussie des principes généraux <strong>du</strong> <strong>droit</strong> pénal<br />

connus <strong>dans</strong> les différents systèmes juridiques <strong>du</strong> monde et de ceux décou<strong>la</strong>nt<br />

des instruments <strong>du</strong> <strong>droit</strong> international des <strong>droit</strong>s humains.<br />

Dans <strong>la</strong> conception traditionnelle <strong>du</strong> <strong>droit</strong> international, même lorsque certains<br />

actes indivi<strong>du</strong>els étaient érigés en crimes internationaux, l’obligation ou le<br />

<strong>droit</strong> de les poursuivre restait <strong>la</strong> prérogative d’un, voire de plusieurs ou de<br />

tous les États. L’État était donc l’intermédiaire nécessaire entre <strong>la</strong> règle de <strong>droit</strong><br />

international et l’indivi<strong>du</strong> qui l’avait violée. Ce n’est qu’avec l’établissement de<br />

tribunaux pénaux internationaux que ce voile corporatif est tombé et que <strong>la</strong><br />

responsabilité de l’indivi<strong>du</strong> devant le <strong>droit</strong> international et <strong>la</strong> communauté<br />

internationale est devenue visible. Ces tribunaux sont donc les manifestations<br />

les plus évidentes de cette nouvelle strate <strong>du</strong> <strong>droit</strong> international, à savoir le <strong>droit</strong><br />

interne de <strong>la</strong> communauté internationale, composée de plus de six milliards<br />

d’êtres humains, qui se superpose au <strong>droit</strong> international traditionnel régissant<br />

<strong>la</strong> coexistence et <strong>la</strong> coopération entre les États, sans pour autant le remp<strong>la</strong>cer.<br />

Comparés à <strong>la</strong> réaction typique de <strong>la</strong> strate traditionnelle face à des vio<strong>la</strong>tions<br />

102 Ibid., Partie A., art. 124.<br />

103 Ibid., Partie A., art. 13-15.<br />

104 Ibid., Partie A., art. 22-23.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!