25.06.2013 Views

Un droit dans la guerre? Volume I : présentation du droit ... - ICRC

Un droit dans la guerre? Volume I : présentation du droit ... - ICRC

Un droit dans la guerre? Volume I : présentation du droit ... - ICRC

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Partie I – Chapitre 13 73<br />

n’exonère pas ses supérieurs si ces derniers savaient ou avaient des raisons de<br />

savoir que le subordonné commettait ou al<strong>la</strong>it commettre un crime et qu’ils<br />

n’ont pas essayé de l’en empêcher. Cette règle n’était pas prévue par le Statut<br />

de Nuremberg ; cependant, elle a été retenue subséquemment <strong>dans</strong> diverses<br />

décisions de l’après-<strong>guerre</strong>74 . Notons également qu’un commandant n’encourt<br />

de responsabilité pour omission que <strong>dans</strong> le cas où il existe effectivement<br />

une obligation juridique d’agir. Le devoir des commandants à l’égard de leurs<br />

subordonnés est prévu à l’article 87 <strong>du</strong> Protocole I, tandis que l’article 86 prévoit<br />

<strong>la</strong> responsabilité pénale des commandants qui ont failli à leur obligation75 .<br />

Le sort réservé à <strong>la</strong> défense d’ordres supérieurs paraît quant à lui moins<br />

c<strong>la</strong>ir. Cette défense est fondée sur le fait que l’accusé obéissait en fait<br />

aux ordres d’un gouvernement ou d’un supérieur. Au cours de l’histoire,<br />

certains l’ont considérée comme un fait justificatif, d’autres comme une<br />

circonstance atténuante, ou encore les deux. Le Statut de Nuremberg<br />

l’excluait expressément en tant que fait justificatif mais permettait qu’elle<br />

soit invoquée à titre de diminution de <strong>la</strong> peine76 . Le Tribunal de Nuremberg<br />

refusa cependant d’appliquer cette règle et de considérer l’ordre supérieur<br />

lors de <strong>la</strong> détermination de <strong>la</strong> peine. Plus récemment, les décisions Eichmann77 et Barbie78 confirmèrent cette règle. Jusqu’à tout récemment, l’ordre d’un<br />

supérieur hiérarchique a donc été systématiquement exclu en tant que fait<br />

justificatif. La Loi <strong>du</strong> Conseil de contrôle n° 10 (art. II. 4(b)), le Statut <strong>du</strong> Tribunal<br />

militaire international de Tokyo (art. 6), <strong>la</strong> Convention des Nations <strong>Un</strong>ies contre<br />

<strong>la</strong> torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants (art.<br />

2(3)), les différentes versions <strong>du</strong> Projet de code des crimes contre <strong>la</strong> paix et <strong>la</strong><br />

sécurité de l’humanité (art. 5) et plus récemment, les Statuts des Tribunaux pénaux<br />

internationaux pour le Rwanda (TPIR, art. 6.3) et l’ex-Yougos<strong>la</strong>vie (TPIY, art.<br />

7.4) en témoignent. L’adoption <strong>du</strong> Statut de <strong>la</strong> Cour pénale internationale (CPI)<br />

a peut-être changé <strong>la</strong> donne. En effet, ce dernier permet dorénavant à un<br />

accusé d’invoquer <strong>la</strong> défense d’ordres supérieurs à <strong>la</strong> triple condition que : le<br />

subordonné soit légalement tenu d’obéir à l’ordre, que ce dernier ne sache pas<br />

que l’ordre est illégal et que l’ordre ne soit pas manifestement illégal79 . A priori,<br />

cette limitation nous <strong>la</strong>isse croire que pareil motif ne pourra pas facilement<br />

passer le test de <strong>la</strong> recevabilité. Qui plus est, le Statut de <strong>la</strong> CPI limite encore<br />

plus <strong>la</strong> <strong>présentation</strong> de <strong>la</strong> défense puisque l’ordre de commettre un génocide<br />

ou un crime contre l’humanité est manifestement illégal80 .<br />

Le Statut de <strong>la</strong> CPI prévoit plusieurs autres motifs d’exonération de <strong>la</strong><br />

responsabilité pénale : <strong>la</strong> déficience mentale, <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die81 ou l’état d’intoxication<br />

74 Voir en particulier le Cas n° 106, États-<strong>Un</strong>is d’Amérique, Affaire Yamashita ; Document n° 100, Tribunal militaire des États-<strong>Un</strong>is<br />

à Nuremberg, Les États-<strong>Un</strong>is c. Wilhelm List ; Document n° 102, Le procès de Tokyo pour crimes de <strong>guerre</strong>.<br />

75 Voir aussi Statut <strong>du</strong> TPIY, art. 7 ; Statut <strong>du</strong> TPIR, art. 6 ; et Statut de <strong>la</strong> CPI, art. 28, op. cit. note 397.<br />

76 Voir Statut <strong>du</strong> Tribunal de Nuremberg, art. 8, disponible sur http://www.icrc.org/dih.<br />

77 A.G. Israël c. Eichmann, in ILR, vol. 36, 1968, p. 18.<br />

78 Barbie, 8 juillet 1983, Journal <strong>du</strong> Droit International, 1983 ; Cette décision fut confirmée par <strong>la</strong> Cour de Cassation : Barbie,<br />

6 octobre 1983, in RGDIP, 1984, p. 507.<br />

79 Voir art. 33(1), Cas n° 23, La Cour pénale internationale [Partie A.].<br />

80 Voir Cas n° 23, La Cour pénale internationale [Partie A., art. 33(2)].<br />

81 Ibid. art. 31(1)(a).

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!