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Un droit dans la guerre? Volume I : présentation du droit ... - ICRC

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Partie I – Chapitre 13 55<br />

à ceux qui pensent en termes de <strong>droit</strong> national que le DIH est bel et bien<br />

<strong>du</strong> <strong>droit</strong>. Elle aurait également un effet stigmatisant, et indivi<strong>du</strong>aliserait<br />

<strong>la</strong> responsabilité et <strong>la</strong> répression, évitant ainsi le cercle vicieux de <strong>la</strong><br />

responsabilité collective, des atrocités et de leurs représailles contre des<br />

personnes innocentes. Elle p<strong>la</strong>ce <strong>la</strong> responsabilité et <strong>la</strong> sanction au niveau de<br />

l’indivi<strong>du</strong>. Elle montre enfin que les crimes abominables <strong>du</strong> XXe siècle n’ont<br />

pas été commis par des peuples, mais par des indivi<strong>du</strong>s. Aussi longtemps<br />

que <strong>la</strong> responsabilité restait, en revanche, celle des États et des peuples,<br />

chaque vio<strong>la</strong>tion comportait le germe de <strong>la</strong> prochaine <strong>guerre</strong>. C’est en ceci<br />

que consiste <strong>la</strong> mission civilisatrice et pacificatrice <strong>du</strong> <strong>droit</strong> international pénal<br />

pour <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>du</strong> DIH.<br />

L’essor spectacu<strong>la</strong>ire <strong>du</strong> <strong>droit</strong> international pénal ces dernières années,<br />

matérialisé en particulier par <strong>la</strong> création de tribunaux pénaux internationaux,<br />

constitue une contribution inestimable à <strong>la</strong> crédibilité <strong>du</strong> DIH et à <strong>la</strong> mise<br />

en œuvre effective de cette branche. Notons toutefois qu’il serait faux et<br />

dangereux de voir le DIH <strong>dans</strong> une perspective pénale uniquement. Il doit<br />

avant tout être appliqué pendant les conflits, par les belligérants, les États<br />

tiers et les acteurs humanitaires pour protéger les victimes. La poursuite<br />

pénale des vio<strong>la</strong>tions a posteriori est, comme pour le <strong>droit</strong> interne, un maillon<br />

important de <strong>la</strong> mise en œuvre, mais est également synonyme d’échec. Elle<br />

ne devrait pas décourager les efforts essentiels visant à prévenir les vio<strong>la</strong>tions<br />

et protéger les victimes par des moyens autres que pénaux. Comme pour le<br />

<strong>droit</strong> interne, <strong>la</strong> réponse pénale ne peut être qu’une des formes de défense de<br />

l’ordre social et de l’intérêt commun. L’attention de plus en plus grande que<br />

porte l’opinion publique à <strong>la</strong> poursuite pénale des vio<strong>la</strong>tions <strong>du</strong> DIH peut aussi<br />

avoir accru <strong>la</strong> réticence des États et de leurs armées à utiliser les mécanismes<br />

d’établissement des faits existants, tels que <strong>la</strong> Commission internationale<br />

humanitaire d’établissement des faits. Bien que le CICR ne manque pas de<br />

rappeler qu’il ne fournira pas d’informations aux fins de <strong>la</strong> poursuite des<br />

auteurs de vio<strong>la</strong>tions et qu’il ait obtenu les immunités correspondantes, il se<br />

peut aussi que les États et les groupes armés soient devenus plus réticents à<br />

lui donner accès aux victimes de vio<strong>la</strong>tions – tant <strong>dans</strong> les lieux de détention<br />

que <strong>dans</strong> les zones de conflit. Certaines propositions visant à instituer de<br />

nouveaux mécanismes pour <strong>la</strong> mise en œuvre <strong>du</strong> DIH ou à préciser des<br />

concepts <strong>du</strong> DIH restés vagues peuvent parfois également rencontrer une<br />

résistance <strong>dans</strong> les milieux militaires parce qu’elles pourraient faciliter <strong>la</strong><br />

poursuite pénale, même si ce n’est pas leur but.<br />

Le fait de se concentrer exclusivement sur <strong>la</strong> poursuite pénale peut aussi<br />

donner l’impression que, <strong>dans</strong> les conflits armés, tout comportement est soit<br />

un crime de <strong>guerre</strong>, soit un acte licite. Cette impression accroît frustration et<br />

cynisme au sujet <strong>du</strong> DIH et de son efficacité, ce qui encourage les vio<strong>la</strong>tions.<br />

Mais, surtout, cette impression est tout bonnement fausse. De fait, une<br />

attaque dirigée contre un objectif militaire légitime dont on ne peut pas<br />

attendre qu’elle cause incidemment des dommages excessifs aux personnes<br />

civiles ne constitue pas un crime de <strong>guerre</strong>, même si elle fait de nombreuses

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