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Un droit dans la guerre? Volume I : présentation du droit ... - ICRC

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Partie I – Chapitre 12 31<br />

internationaux – le statut de sujets de DIH, sans quoi leur effort légis<strong>la</strong>tif n’aurait<br />

pas eu l’effet désiré, l’effet utile. En même temps, les États ont explicitement<br />

exclu que l’application <strong>du</strong> DIH par les rebelles et son applicabilité à ces derniers<br />

ne leur confèrent un statut juridique d’après les règles <strong>du</strong> <strong>droit</strong> international<br />

autres que celles <strong>du</strong> DIH14 .<br />

Selon une autre construction juridique, le DIH des conflits armés non<br />

internationaux lie les groupes armés sur le fondement que toute personne qui<br />

se trouve sur le territoire d’un État, y compris un groupe armé, se trouve sous<br />

sa juridiction. Dès lors, les obligations conventionnelles qu’a contractées l’État<br />

ont une force contraignante pour les groupes armés via <strong>la</strong> mise en œuvre ou <strong>la</strong><br />

transformation des règles internationales en <strong>droit</strong> interne, ou par l’applicabilité<br />

directe de normes internationales auto-exécutoires (self-executing). Selon ce<br />

raisonnement, le DIH lierait donc indirectement les rebelles : ces derniers ne<br />

seraient directement liés par ces règles internationales que <strong>dans</strong> le cas où ils<br />

parviennent à obtenir le gouvernement effectif de l’État.<br />

L’effet obligatoire <strong>du</strong> DIH pour les groupes armés rebelles peut aussi s’expliquer<br />

autrement. <strong>Un</strong>e troisième explication possible est que les groupes armés<br />

peuvent être liés en vertu des règles générales concernant le caractère<br />

obligatoire des traités pour des tiers – ceci présupposant néanmoins que ces<br />

règles soient les mêmes pour les États et les acteurs non étatiques et, surtout,<br />

que les groupes armés en cause aient expressément déc<strong>la</strong>ré leur accord à être<br />

liés. <strong>Un</strong>e quatrième explication est que, en vertu <strong>du</strong> principe d’effectivité, toute<br />

entité exerçant une autorité effective sur le territoire d’un État est liée par les<br />

obligations de cet État. Enfin, il peut s’expliquer par le fait que l’objectif des<br />

groupes armés est souvent de devenir le gouvernement de l’État, lequel est lié<br />

par les obligations internationales de l’État en question.<br />

L’éten<strong>du</strong>e précise <strong>du</strong> cercle des destinataires <strong>du</strong> DIH des conflits armés non<br />

internationaux a été analysée <strong>dans</strong> <strong>la</strong> jurisprudence des deux tribunaux<br />

pénaux internationaux ad hoc15 . Le DIH ne lie évidemment pas uniquement<br />

les membres des forces ou des groupes armés, mais aussi d’autres personnes<br />

mandatées pour soutenir l’effort de <strong>guerre</strong> d’une partie au conflit. Au-delà,<br />

tous ceux qui agissent pour le compte d’une partie au conflit, y compris tous<br />

les fonctionnaires de <strong>la</strong> partie gouvernementale, doivent respecter le DIH<br />

<strong>dans</strong> l’exercice de leur fonction. Sinon, les garanties judiciaires, qui intéressent<br />

particulièrement les juges, les règles sur le traitement médical, qui s’adressent<br />

à l’ensemble <strong>du</strong> personnel médical et les règles sur le traitement des personnes<br />

détenues, visant principalement l’ensemble <strong>du</strong> personnel pénitencier, ne<br />

pourraient pas avoir l’effet désiré, car ces destinataires ne peuvent pas être<br />

considérés comme « soutenant l’effort de <strong>guerre</strong> ». Par ailleurs, les actes et<br />

les crimes qui ne sont pas liés au conflit armé ne sont pas couverts par le DIH,<br />

même s’ils sont commis pendant un conflit armé. Le cas le plus délicat est celui<br />

14 Voir CG I-IV, art. 3(4) commun (Voir infra IX. Les conséquences de l’existence d’un conflit armé non international sur le statut<br />

juridique des parties).<br />

15 Voir en particulier Cas n° 242, TPIR, Le Procureur c. Jean-Paul Akayesu [Partie B., par. 432-445].

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