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Un droit dans la guerre? Volume I : présentation du droit ... - ICRC

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2 Le <strong>droit</strong> des conflits armés non internationaux<br />

jusqu’à récemment considérées comme une forme légitime de re<strong>la</strong>tions<br />

internationales et, aujourd’hui encore, l’utilisation de <strong>la</strong> force entre États n’est<br />

pas totalement interdite. En revanche, le monopole de <strong>la</strong> violence légitime à<br />

l’intérieur de ses frontières est inhérent au concept d’État moderne et il exclut<br />

<strong>la</strong> possibilité pour des groupes à l’intérieur de l’État de mener une <strong>guerre</strong> contre<br />

d’autres factions ou contre le gouvernement.<br />

D’une part, <strong>la</strong> protection des victimes de conflits armés internationaux doit<br />

nécessairement être garantie à travers des règles de <strong>droit</strong> international. De<br />

telles règles ont depuis longtemps été consenties par les États, même par ceux<br />

qui ont une conception des plus absolues de leur souveraineté. En effet, les<br />

États ont très tôt accepté que des soldats qui tuent des soldats ennemis sur le<br />

champ de bataille ne puissent pas être accusés de meurtre : en d’autres mots,<br />

ces soldats ont le « <strong>droit</strong> de participer » directement aux hostilités1 .<br />

D’autre part, le <strong>droit</strong> des conflits armés non internationaux est quant à lui plus<br />

récent. Les États ont pendant longtemps considéré de tels conflits comme<br />

participant de leurs affaires internes, régies par le <strong>droit</strong> national. Aucun État<br />

n’est prêt à accepter que ses citoyens puissent mener une <strong>guerre</strong> contre<br />

leur propre gouvernement. En d’autres termes, aucun gouvernement ne<br />

renoncerait d’avance à punir ses propres citoyens pour leur participation à<br />

une rébellion. <strong>Un</strong>e telle renonciation, pourtant, constitue l’essence même <strong>du</strong><br />

statut de combattant prévu <strong>dans</strong> le <strong>droit</strong> des conflits armés internationaux.<br />

Appliquer l’ensemble des règles <strong>du</strong> <strong>droit</strong> international humanitaire (DIH)<br />

contemporain régissant les conflits armés internationaux aux conflits armés<br />

non internationaux serait donc incompatible avec le concept même de<br />

<strong>la</strong> société internationale contemporaine, composée d’États souverains. À<br />

l’inverse, si <strong>la</strong> communauté internationale venait à s’organiser en un État<br />

mondial, tous les conflits armés seraient dès lors « non internationaux » par<br />

nature, et il serait donc inconcevable que des combattants aient le <strong>droit</strong> de<br />

participer aux hostilités indépendamment de <strong>la</strong> cause pour <strong>la</strong>quelle ils se<br />

battent, tel que prévu par le <strong>droit</strong> des conflits armés internationaux.<br />

Toutefois, depuis quelques années, le <strong>droit</strong> des conflits armés non<br />

internationaux se rapproche <strong>du</strong> <strong>droit</strong> des conflits armés internationaux. Ce<br />

rapprochement s’opère de diverses façons : à travers <strong>la</strong> jurisprudence des<br />

tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougos<strong>la</strong>vie et le Rwanda, sur <strong>la</strong><br />

base de leur analyse <strong>du</strong> <strong>droit</strong> international coutumier2 ; <strong>dans</strong> <strong>la</strong> définition des<br />

crimes <strong>du</strong> Statut de <strong>la</strong> Cour pénale internationale3 ; par le fait que les États ont<br />

accepté que les traités récents re<strong>la</strong>tifs aux armes et à <strong>la</strong> protection des biens<br />

culturels soient applicables aux deux catégories de conflits4 ; sous l’influence<br />

croissante <strong>du</strong> <strong>droit</strong> international des <strong>droit</strong>s humains ; et par les conclusions<br />

1 Comme le rappelle le PA I, art. 43(2).<br />

2 Voir en particulier Cas n° 218, TPIY, Le Procureur c. Tadic [Partie A., par. 96-136].<br />

3 Comparer l’art. 8(2)(a) et (b) et l’art. 8(2)(c) et (e), Cas n° 23, La Cour pénale internationale [Partie A.].<br />

4 Voir Document n° 12, Amendement à l’article 1 de <strong>la</strong> Convention sur certaines armes c<strong>la</strong>ssiques de 1980, afin de l’étendre<br />

aux situations de conflits armés non internationaux ; Document n° 17, Convention sur l’interdiction de l’emploi, <strong>du</strong> stockage,<br />

de <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ction et <strong>du</strong> transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction ; et Document n° 10, Conventions pour <strong>la</strong><br />

protection des biens culturels [Partie C., Art. 22].

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