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Un droit dans la guerre? Volume I : présentation du droit ... - ICRC

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Partie I – Chapitre 2 11<br />

(…) ou bien l’on raisonne en fait et l’on doit constater que le raisonnement qui<br />

va<strong>la</strong>it antérieurement est toujours va<strong>la</strong>ble. (…)<br />

Plus généralement, il apparaît que si <strong>la</strong> société internationale pratique<br />

re<strong>la</strong>tivement peu <strong>la</strong> « sanction-répression », comme toute société elle connaît<br />

<strong>la</strong> sanction, diffuse <strong>dans</strong> le corps social, qui consiste <strong>dans</strong> <strong>la</strong> réprobation, <strong>la</strong><br />

condamnation par les pairs ou par l’opinion publique, dont l’efficacité est loin<br />

d’être négligeable.<br />

Mais il y a plus. On peut en effet s’interroger sur <strong>la</strong> pertinence <strong>du</strong> problème de <strong>la</strong><br />

sanction pour trancher celui de l’existence <strong>du</strong> <strong>droit</strong> international.<br />

L’application de <strong>la</strong> sanction est <strong>la</strong> condition de l’efficacité <strong>du</strong> <strong>droit</strong> et non de son<br />

existence. Certaines branches <strong>du</strong> <strong>droit</strong> interne, et d’abord le <strong>droit</strong> constitutionnel,<br />

sont, le plus souvent, dépourvues de sanctions alors même que nul n’en conteste<br />

le caractère véritablement juridique. Il en va de même pour le <strong>droit</strong> des gens. C’est<br />

que, contrairement à ce qui est parfois soutenu, ce n’est pas <strong>la</strong> sanction-répression<br />

qui est <strong>la</strong> marque <strong>du</strong> <strong>droit</strong> mais le sentiment de l’obligation, qu’ont les destinataires<br />

des règles, indépendamment de tout jugement de valeur sur le bien-fondé.<br />

Cette analyse est souvent récusée – notamment par Kelsen qui estime qu’il n’y a<br />

pas de <strong>droit</strong> sans contrainte organisée. Partant de ce postu<strong>la</strong>t mais évidemment<br />

désireux d’établir l’existence <strong>du</strong> <strong>droit</strong> international, le chef de l’École de Vienne est<br />

con<strong>du</strong>it à multiplier les abstractions pour arriver à ses fins : le monde des normes<br />

étant le monde de ce qui « doit être » ([Sollen]) (par opposition à ce qui « est »,<br />

Sein), il suffit que <strong>la</strong> règle de <strong>droit</strong> prescrive que sa vio<strong>la</strong>tion doit être sanctionnée<br />

pour qu’elle soit « juridique ».<br />

[Source : NGUYEN QUOC Dinh, DAILLIER Patrick, FORTEAU Mathias et PELLET A<strong>la</strong>in, Droit international public,<br />

Paris, LGDJ, 8 e édition, 2009, pp. 97, 100-104]<br />

Citation 5 On peut mettre en évidence une troisième notion de <strong>la</strong> règle ou<br />

de <strong>la</strong> norme : celle d’un énoncé impératif qui exerce, à des degrés divers, une<br />

« pression » psychologique sur les responsables nationaux pour qu’ils respectent<br />

son contenu positif. Ainsi, les normes re<strong>la</strong>tives à <strong>la</strong> « liberté des mers » exercent<br />

probablement une pression efficace sur tous les fonctionnaires des États-nations,<br />

afin de les dissuader d’exproprier l’océan At<strong>la</strong>ntique à leur usage exclusif, et<br />

d’interférer avec les nombreuses activités de transport ou de pêche en haute mer<br />

menées par d’autres pays. On peut illustrer cette notion de <strong>la</strong> règle de <strong>droit</strong> en tant<br />

qu’indicateur de pression psychologique sur <strong>la</strong> personne à qui elle est adressée<br />

par un exemple théorique utilisant l’une des règles les plus simples que l’on puisse<br />

imaginer : celle d’un signe « stop » dressé au bord d’une rue ou d’une grande<br />

route. Imaginez l’un de ces panneaux de signalisation <strong>dans</strong> une communauté<br />

dont les con<strong>du</strong>cteurs ont pour coutume, non pas d’immobiliser entièrement leur<br />

véhicule à l’emp<strong>la</strong>cement <strong>du</strong> signe « stop », mais simplement de rétrograder ou<br />

de ralentir à l’approche <strong>du</strong> panneau, avant de le franchir. La règle de <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion<br />

symbolisée par le signal a-t-elle été violée ? Du point de vue technique comme <strong>du</strong><br />

point de vue juridique, <strong>la</strong> réponse est « oui ». <strong>Un</strong> policier pourrait, si tel était son<br />

désir, arrêter le con<strong>du</strong>cteur, ou tous les con<strong>du</strong>cteurs de cette communauté, pour<br />

infraction au signe « stop ». Or, <strong>la</strong> vio<strong>la</strong>tion de <strong>la</strong> prescription signifie-t-elle pour<br />

autant que le panneau n’a aucune valeur <strong>dans</strong> cette communauté ? La réponse,<br />

ici, est négative, car le signe fonctionne comme une « pression » exercée sur les<br />

con<strong>du</strong>cteurs pour les amener à ralentir. Si l’objet <strong>du</strong> panneau était de contribuer

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