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Un droit dans la guerre? Volume I : présentation du droit ... - ICRC

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6 Le <strong>droit</strong> international humanitaire, branche <strong>du</strong> <strong>droit</strong> international public<br />

les indivi<strong>du</strong>s. (…) On a découvert peu à peu – et l’on est surpris qu’il ait fallu<br />

si longtemps – que l’État, longtemps sujet exclusif et sacro-saint <strong>du</strong> <strong>droit</strong><br />

international, n’est en fin de compte et heureusement, qu’une communauté…<br />

d’hommes et que <strong>la</strong> société internationale n’est qu’une communauté… de peuples.<br />

Découverte qui restitue au <strong>droit</strong> international sa finalité essentielle, qui est le<br />

service de l’homme. L’État n’est pas seul à concourir à cette fin : <strong>la</strong> communauté<br />

internationale y œuvre aussi, car l’homme est par excellence le patrimoine<br />

commun de l’humanité. (…)<br />

Comme je l’ai déjà <strong>la</strong>issé entrevoir auparavant, <strong>la</strong> démocratisation de l’ordre<br />

juridique international, qui constituait – et qui constitue encore – un objectif en<br />

elle-même, serait vaine si elle ne permettait pas de mettre cet ordre au service de<br />

finalités propres à satisfaire les besoins de l’humanité. Il s’agit là d’une question où<br />

l’appréciation des priorités que doit se donner <strong>la</strong> communauté internationale est<br />

en cause.<br />

Il est indéniable que nombre de finalités propres à un ordre juridique de<br />

coordination et recherchées pour certains depuis des siècles, ne seront pas<br />

abandonnées. Il en va ainsi de <strong>la</strong> mise hors <strong>la</strong> loi de <strong>la</strong> <strong>guerre</strong> ou, lorsque cette<br />

dernière n’a pu être prévenue, de <strong>la</strong> garantie d’un minimum d’humanité <strong>dans</strong> <strong>la</strong><br />

con<strong>du</strong>ite des hostilités. Le <strong>droit</strong> humanitaire des conflits armés est précisément<br />

l’un de ces domaines où l’on peut identifier des valeurs communes à l’humanité<br />

entière. La préservation de ces valeurs, en tant que telle, ne saurait être remise en<br />

cause sous prétexte d’avoir été promue depuis les temps les plus anciens. Chaque<br />

civilisation peut d’ailleurs, à un titre ou à un autre, témoigner <strong>du</strong> respect qu’elle<br />

voue à ces valeurs. Par contre, il est c<strong>la</strong>ir qu’entre autres l’évolution des techniques<br />

militaires, le phénomène de décolonisation ou <strong>la</strong> question des conflits internes,<br />

peuvent contribuer à mettre en lumière l’inadaptation ou l’insuffisance de certains<br />

des moyens mis jusqu’à ce jour au service de cette finalité. Comme le prouvent<br />

les discussions longues et serrées qui se sont développées à propos de <strong>la</strong> portée<br />

des deux Protocoles additionnels de 1977 aux Conventions de Genève de 1949, le<br />

conflit entre les anciens et les modernes est susceptible de resurgir, là même où<br />

tous disent partager des valeurs universelles. (…)<br />

[Source : BEDJAOUI Mohammed, Droit international. Bi<strong>la</strong>n et perspectives, Tome 1, Paris, Pedone, 1991, pp. 1-15,<br />

les notes de bas de page ne sont pas repro<strong>du</strong>ites.]<br />

Citation 2 Devant ce phénomène sinistre de <strong>la</strong> « force » qui prend des<br />

proportions gigantesques, le « <strong>droit</strong> » a tenté de répondre. Les « lois » ont cherché<br />

à réfréner l’« épée ». Non seulement on a institué une Organisation mondiale,<br />

l’ONU, destinée, <strong>dans</strong> l’intention des fondateurs, à éviter que ne se répètent les<br />

deux « Grands Faits Nouveaux » (pour reprendre une expression que Churchill<br />

employa pour <strong>la</strong> bombe atomique), mais on a aussi créé des normes qui visaient<br />

justement à mettre un frein en quelque sorte à <strong>la</strong> nouvelle violence. Cependant,<br />

comme le « <strong>droit</strong> », en tant que tel, a <strong>du</strong> mal à restreindre le pouvoir énorme des<br />

États, peu à peu, de « réaliste » qu’il était (car il sanctionnait fidèlement les rapports<br />

de pouvoir entre les sujets de <strong>la</strong> communauté mondiale), il s’est transformé en<br />

« idéaliste » c’est-à-dire en un ensemble de règles et d’institutions qui reflètent en<br />

grande partie les exigences de transformation des rapports réels existants, et qui<br />

proc<strong>la</strong>ment ce qui devrait être plutôt qu’elles ne consacrent ce qui est. (…)<br />

Ce serait une erreur que de refuser d’explorer les rapports existant (…) entre<br />

les deux pôles auxquels j’ai fait allusion ci-dessus, en se basant sur le fait que les

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