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Un droit dans la guerre? Volume I : présentation du droit ... - ICRC

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8 Notion, objectif et problématique <strong>du</strong> <strong>droit</strong> international humanitaire<br />

sociétés asiatiques le <strong>droit</strong> reste sujet à contestation, <strong>la</strong> recherche de l’ordre et de<br />

l’harmonie primant.<br />

Toutefois, nul ne peut nier que le respect de <strong>la</strong> dignité humaine est une donnée<br />

éminemment universelle. Ainsi les fondements <strong>du</strong> DIH, au moins leurs équivalents,<br />

sont présents <strong>dans</strong> les grands systèmes culturels de notre p<strong>la</strong>nète, à savoir : le<br />

<strong>droit</strong> à <strong>la</strong> vie, le <strong>droit</strong> à l’intégrité physique, l’interdiction de <strong>la</strong> servitude et le<br />

<strong>droit</strong> à une justice équitable. Cependant, problème de taille, leur application n’est<br />

pas universelle ; ainsi <strong>dans</strong> le monde animiste, le traitement <strong>du</strong> prisonnier est en<br />

général fonction de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre groupes et c<strong>la</strong>ns ennemis.<br />

Ce<strong>la</strong> étant, ce constat ne disqualifie pas d’emblée <strong>la</strong> nature universelle des<br />

fondements <strong>du</strong> DIH. Les cultures non occidentales n’échappent pas au rouleau<br />

compresseur de <strong>la</strong> modernité. Par conséquent, le processus d’hybridation des<br />

sociétés humaines est fort réel ; <strong>dans</strong> plusieurs pays africains trois systèmes<br />

juridiques se côtoient : les systèmes moderne, is<strong>la</strong>mique et coutumier.<br />

Par ailleurs, le respect des autres systèmes culturels, grand héritage des travaux<br />

des anthropologues, ne doit pas nous mener à enterrer le plus grand acquis de <strong>la</strong><br />

modernité qu’est l’esprit critique. Ainsi, devrions-nous dénicher un groupe humain<br />

pratiquant <strong>la</strong> torture systématique des prisonniers au nom de <strong>la</strong> tradition ou d’une<br />

religion que ce<strong>la</strong> ne <strong>la</strong> rendrait pas pour autant acceptable. En fait, notamment<br />

en Occident, règne une méprise depuis <strong>la</strong> fin <strong>du</strong> colonialisme, <strong>la</strong> découverte de<br />

<strong>la</strong> richesse de toutes ces cultures antérieurement opprimées au nom <strong>du</strong> progrès<br />

ne les absout point <strong>du</strong> jugement des hommes. L’universalisme ne requiert point<br />

l’unanimité.<br />

Certains tenants <strong>du</strong> re<strong>la</strong>tivisme radical semblent avoir oublié qu’il ne peut y avoir<br />

d’humanité, de culture sans interdits. Dans toute société, on apprend très tôt<br />

aux indivi<strong>du</strong>s à maîtriser leurs pulsions agressives et sexuelles : nécessaire rite<br />

de passage de <strong>la</strong> nature à <strong>la</strong> culture. En fait, les interdits permettent justement<br />

de fabriquer des humains. Et le DIH symbolise justement ces barrières que le<br />

combattant ne doit pas franchir au risque de perdre son humanité, au risque <strong>du</strong><br />

retour à l’état de nature.<br />

L’ensemble <strong>du</strong> DIH est-il universel ? Les fondements <strong>du</strong> DIH le sont certainement<br />

et ceci au nom <strong>du</strong> <strong>droit</strong> naturel. L’existence de règles juridiques fondamentales<br />

repose sur une puissante intuition, voire d’une exigence de notre condition<br />

humaine, à savoir que le meurtre, <strong>la</strong> torture, l’esc<strong>la</strong>vage, un jugement inéquitable<br />

déclenchent autant auprès de <strong>la</strong> grande majorité des penseurs que chez les<br />

simples citoyens une réaction de répulsion. Que se soit au nom de <strong>la</strong> raison, de<br />

l’harmonie universelle ou de l’origine divine de l’Homme, découlent de solides<br />

assertions sur <strong>la</strong> nature de l’Homme. C’est donc en tant que symbole porteur de<br />

valeurs communes à l’humanité que le DIH accède à l’universalité.<br />

[Contribution rédigée par Louis Lafrance, titu<strong>la</strong>ire de diplômes de maîtrise en psychologie de l’<strong>Un</strong>iversité de<br />

Montréal et en <strong>droit</strong> international de l’<strong>Un</strong>iversité <strong>du</strong> Québec à Montréal. L’auteur a séjourné <strong>dans</strong> de nombreux<br />

pays en conflit, d’abord comme journaliste, puis en tant que spécialiste des <strong>droit</strong>s humains pour le compte des<br />

Nations <strong>Un</strong>ies. Ce texte est fondé sur son mémoire de maîtrise portant sur l’analyse de l’universalité <strong>du</strong> <strong>droit</strong><br />

international humanitaire <strong>dans</strong> les conflits déstructurés, publié en 2003.]<br />

Cas n° 138, Israël, Cheikh Obeid et Mustafa Dirani c. Ministère de <strong>la</strong> sécurité<br />

[Opinion Juge Eng<strong>la</strong>rd.]<br />

Cas n° 184, Arabie Saoudite, Emploi de l’emblème de <strong>la</strong> croix rouge par les<br />

forces des États-unis

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