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Un droit dans la guerre? Volume I : présentation du droit ... - ICRC

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Partie I – Chapitre 1 7<br />

« Le monde contemporain a p<strong>la</strong>cé son espoir <strong>dans</strong> l’internationalisme<br />

et c’est bien sans doute <strong>dans</strong> cette voie que réside son avenir. Or, <strong>dans</strong><br />

<strong>la</strong> sphère internationale, on ne peut viser qu’à l’universel, à des notions<br />

propres à rallier les hommes de toutes les ethnies (…). L’universalité ne<br />

peut se fonder que sur <strong>la</strong> ressemb<strong>la</strong>nce et, si les hommes diffèrent, <strong>la</strong> nature<br />

humaine est partout semb<strong>la</strong>ble.<br />

Le <strong>droit</strong> international humanitaire possède tout spécialement cette<br />

vocation universelle, puisqu’il est fait pour tous les hommes et tous les<br />

pays. En travail<strong>la</strong>nt à l’é<strong>la</strong>boration et au perfectionnement de ce <strong>droit</strong>,<br />

dont il a suscité <strong>la</strong> naissance et dont il favorise <strong>la</strong> promotion et <strong>la</strong> diffusion,<br />

le Comité international de <strong>la</strong> Croix-Rouge a précisément recherché ce<br />

commun dénominateur et il a proposé des règles acceptables pour tous,<br />

parce que pleinement conformes à <strong>la</strong> nature humaine. C’est d’ailleurs ce qui<br />

a fait <strong>la</strong> force et <strong>la</strong> pérennité de ces règles.<br />

Mais si l’on reconnaît aujourd’hui l’unité <strong>du</strong> psychisme humain et<br />

l’universalité des normes appelées à régir le comportement des peuples, on<br />

ne croit plus qu’il y ait une seule civilisation va<strong>la</strong>ble. On admet, au contraire,<br />

le pluralisme des cultures et <strong>la</strong> nécessité de s’en approcher, de les étudier<br />

en profondeur.<br />

On s’aperçoit alors que les principes humanitaires appartiennent à toutes<br />

les communautés humaines et qu’ils plongent leurs racines <strong>dans</strong> tous les<br />

terrains. Lorsque l’on réunit et que l’on compare les diverses coutumes,<br />

les morales, les doctrines, qu’on les fond <strong>dans</strong> un même moule et que<br />

l’on élimine ce qu’elles ont de particulier, pour ne conserver que ce qui est<br />

général, il reste au fond <strong>du</strong> creuset un métal pur, qui est le patrimoine de<br />

toute l’humanité12 . »<br />

Contribution Le rapport à l’universel demeure sans doute un des plus<br />

grands défis auquel l’humanité doit faire face. Et le <strong>droit</strong> ne peut s’y dérober.<br />

Malheureusement <strong>la</strong> question de l’universalité <strong>du</strong> DIH a suscité peu de réflexions<br />

au contraire <strong>du</strong> corpus des <strong>droit</strong>s de l’Homme dont le caractère universel a été<br />

fortement remis en cause, entre autres par les anthropologues et notamment<br />

depuis les années quatre-vingt.<br />

En fait le débat semble à première vue confiné <strong>dans</strong> un cul-de-sac, à un match nul.<br />

Les partisans de l’universalisme et ceux <strong>du</strong> re<strong>la</strong>tivisme sont parvenus à relever les<br />

limites des positions <strong>du</strong> camp adverse. Certes le caractère occidental des grands<br />

textes juridiques <strong>du</strong> DIH et des <strong>droit</strong>s de l’Homme est réel tout comme le danger<br />

d’une régression de <strong>la</strong> protection des victimes au nom <strong>du</strong> respect de toute forme<br />

de tradition. De toute évidence, se pose également un problème de <strong>la</strong>ngage entre<br />

juristes positivistes et spécialistes des sciences humaines.<br />

Il n’empêche que, au moins sur le p<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> légitimité, les grandes traditions<br />

juridiques non occidentales posent des obstacles, à première vue infranchissables<br />

tant au DIH qu’aux <strong>droit</strong>s de l’Homme. À titre d’exemple, on mentionnera que<br />

le caractère procé<strong>du</strong>ral, plutôt que normatif, <strong>du</strong> <strong>droit</strong> <strong>dans</strong> le monde animiste,<br />

l’origine divine <strong>du</strong> <strong>droit</strong> en terre d’Is<strong>la</strong>m, et sans compter que <strong>dans</strong> plusieurs<br />

12 PICTET Jean, « Les idées humanitaires à travers les divers courants de <strong>la</strong> pensée et des traditions culturelles », in Les dimensions<br />

internationales <strong>du</strong> <strong>droit</strong> humanitaire, Genève, Institut Henry-Dunant/UNESCO, 1986, pp. 19-20.

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