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Un droit dans la guerre? Volume I : présentation du droit ... - ICRC

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Partie I – Chapitre 5 13<br />

En tant que civils, les membres <strong>du</strong> personnel des EMSP ne peuvent pas participer<br />

directement aux hostilités. Ces entreprises et les principaux États contractants<br />

insistent souvent sur le fait que les EMSP n’ont que des fonctions défensives.<br />

L’exécution de ces fonctions peut toutefois constituer une participation directe<br />

aux hostilités. Ceci est incontestable si elles défendent des combattants ou<br />

des objectifs militaires contre <strong>la</strong> partie adverse. En revanche, il est tout aussi<br />

incontestable que <strong>la</strong> défense d’objectifs militaires contre des criminels de <strong>droit</strong><br />

commun ou <strong>la</strong> défense de personnes civiles ou de biens à caractère civil contre<br />

des attaques illicites ne constitue pas une participation directe aux hostilités.<br />

La situation <strong>la</strong> plus cruciale, difficile et fréquente est celle où le personnel d’une<br />

EMSP garde des biens, des moyens de transports ou des personnes. Si ces<br />

personnes ou ces biens ne sont pas protégés contre les attaques en vertu <strong>du</strong> DIH<br />

(combattants, civils participant directement aux hostilités), le fait de les garder<br />

ou de les défendre contre des attaques constitue une participation directe aux<br />

hostilités et non une défense d’autrui au titre <strong>du</strong> <strong>droit</strong> pénal. Tel est toujours<br />

le cas, à notre avis, lorsque l’attaquant est une personne qui appartient à une<br />

partie au conflit, même s’il ne bénéficie pas ou plus <strong>du</strong> statut de combattant<br />

– le statut illégal de l’attaquant ne permet pas d’invoquer l’autodéfense. Si <strong>la</strong><br />

personne attaquée est civile – voire, selon <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion nationale de certains<br />

pays, si le bien attaqué est civil – l’autodéfense selon le <strong>droit</strong> pénal peut justifier<br />

le recours à <strong>la</strong> force, même contre des combattants. L’analyse est compliquée<br />

par l’absence de toute norme de <strong>droit</strong> international concernant l’autodéfense et<br />

<strong>la</strong> défense d’autrui et par des doutes quant à <strong>la</strong> question de savoir si l’argument<br />

de l’autodéfense en <strong>droit</strong> pénal, qui permet d’éviter <strong>la</strong> condamnation,<br />

peut être utilisée ex ante en tant que base juridique pour toute une activité<br />

commerciale. Il convient en outre de souligner que l’autodéfense ne peut<br />

s’exercer que contre des attaques, et non contre des arrestations ou <strong>la</strong> saisie<br />

de biens. En effet, les critères permettant de décider quand un civil peut être<br />

arrêté ou quand des biens peuvent être réquisitionnés sont trop compliqués,<br />

en DIH, pour qu’un employé d’EMSP puisse déterminer quand ils sont remplis.<br />

Il faut, à notre avis, interpréter de façon très restrictive l’autodéfense en tant<br />

qu’exception à <strong>la</strong> qualification de certaines con<strong>du</strong>ites comme constituant une<br />

participation directe aux hostilités. De plus, il arrive souvent que le personnel<br />

des EMSP assurant <strong>la</strong> sécurité d’un bien ne puisse pas savoir si ce bien constitue<br />

un objectif militaire (ce qui exclut l’autodéfense, car l’attaque ne serait alors pas<br />

illicite) et si les attaquants n’appartiennent pas à une partie au conflit (ce qui ne<br />

qualifierait pas <strong>la</strong> résistance contre ces attaquants de participation directe aux<br />

hostilités, même si le bien attaqué est un objectif militaire). En même temps,<br />

il est difficile pour l’ennemi de distinguer entre les combattants, le personnel<br />

d’EMSP qui participe directement aux hostilités (qu’ils peuvent attaquer et qui<br />

peut les attaquer) et le personnel d’EMSP qui ne participe pas directement aux<br />

hostilités, ne peut pas être attaqué et n’attaquera pas l’ennemi. Pour maintenir<br />

une distinction c<strong>la</strong>ire entre les civils et les combattants et pour éviter que les<br />

membres <strong>du</strong> personnel des EMSP ne perdent leur protection en tant que civils,<br />

il ne faut pas que ce personnel soit mis <strong>dans</strong> des situations ambiguës.

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