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PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR : les responsables. Les relations indirectes sont quant à elles plus mitigées, comme en témoignent les efforts récents des parlementaires visant à dissiper l’écran de fumée que les leaders militaires mettaient devant eux, manifestation d’une loyauté excessive de ces derniers envers les dirigeants politiques. Dans de telles circonstances, il appartient aux organismes de recherche bien informés de corriger le jeu. Ces organismes doivent être disposés à assumer ce rôle, et pouvoir compter sur un appui infléchissant de la part de ceux qui, pour quelque raison que ce soit, ne peuvent pas dire la vérité aux autorités en place. Il est très ironique de constater que des sociétés ouvertes, libérales et démocratiques sont protégées par des militaires prudents qui observent la culture du secret. Les Forces canadiennes ont réussi dans une large mesure à assoupir la soif des citoyens de connaître les activités qu’entreprennent les militaires, et le besoin du gouvernement de recevoir des conseils réalistes, non édulcorés en matière de défense. À cette fin, les groupes de réflexion qui se penchent sur des questions stratégiques continueront à servir d’intermédiaires, à donner des avis sur l’interprétation de la politique de défense. Mais vu la culture particulière qu’on observe au Canada aux plans politique et militaire, ces organismes devront concilier leur dépendance marquée vis-à-vis les leaders militaires qui détiennent un quasi-monopole sur des renseignements essentiels avec la nécessité de servir l’intérêt plus général du public. La présentation continue d’information représente un devoir démocratique, un devoir que doivent aussi remplir les leaders militaires envers ceux qui sont investis de la mission sacrée d’informer la population. Faute de quoi, on perdra la capacité d’approuver s’il y a lieu, ou de désapprouver sans être carrément opposé, les décisions ou mesures prises, entraînant, du coup, la perte d’un élément vital pour assurer des relations harmonieuses entre les civils et les militaires. Bien informer la population est le meilleur cadeau qu’un groupe de réflexion puisse faire au Canada, et représente une des meilleures garanties de la sécurité nationale dans le contexte de l’après 11 septembre 2001. Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership militaire au Canada 75 CHAPITRE 4

76 CHAPITRE 4 NOTES PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR : 1 Rapport au Premier ministre sur le leadership et l’administration des Forces canadiennes, Ottawa, 25 mars 1997. 2 On entend par médias électroniques les stations de télévision et de radio ainsi que les sites de nouvelles sur Internet, qui se multiplient. 3 Voir Lorne Bentley, « Policy, Strategy and Canadian Generalship » dans Contemporary Issues in Officership, Bernd Horn (dir.), Toronto, Institut canadien d’Études stratégiques, 2000, 149 p. Bentley mentionne que le grand théoricien militaire prussien Clausewitz croyait que les objectifs politiques étaient fixés par le chef de l’État et ses conseillers, ajoutant toutefois que « selon lui, cette formule est assez souple pour inclure le régime parlementaire britannique », en ce qui concerne sa conception de la citoyenneté en général et des responsabilités sous ce rapport. 4 Pour obtenir une liste incomplète des groupes de réflexion canadiens et américains, consulter le site : < http://www.hillwatch.com/PPRC/Think_Tanks.aspx >. 5 La formule se lit habituellement comme suit : « Les points de vue exprimés appartiennent à l’auteur et ne reflètent pas nécessairement ceux [de l’organisme parrain ou de l’employeur actuel] ». 6 Parmi les points de vue variés au plan organisationnel, mentionnons ceux de l’Institut de la Conférence des Associations de la Défense (www.cda-cdai.ca) et de l’Institut Polaris (www.polarisinstitute.org). 7 Entre janvier et mars 2003, l’Institut canadien d’Études stratégiques a traité plus de 200 demandes de la part des médias portant sur les préparatifs ainsi que la conduite et les suites de la guerre en Iraq. 8 Entrevue avec un journaliste non identifié de l’agence CanWest News, 24 janvier 2005. 9 Scott Taylor, « ‘Soldier of Fortune’ Lauds Canadian Snipers », Halifax Herald, 15 juillet 2002. Dans son article, Taylor souligne les tentatives du correspondant Rob Krott de Soldier of Fortune pour taire l’identité des militaires canadiens. 10 C’est peut-être moins vrai maintenant puisque les progrès technologiques permettent de plus en plus aux officiers supérieurs (et aux dirigeants politiques avec qui ils communiquent régulièrement) de percevoir l’espace de bataille en « temps réel » et de choisir des objectifs qui pourraient avoir un effet stratégique démesuré compte tenu de leur valeur opérationnelle ou tactique. 11 Douglas Bland, Chiefs of Defence: Government and the Unification of the Canadian Forces, Toronto, Institut canadien d’Études stratégiques, 1995, pp. 161-165. 12 Par exemple, l’Institut canadien d’Études stratégiques a été sollicité à maintes reprises, entre 2003 et 2005, pour fournir des avis sur le bien-fondé et l’utilité du projet de bouclier antimissile américain, et d’indiquer si le Canada devrait y participer. Selon nos propres estimations, les médias ont transmis durant cette période une centaine de demandes en ce sens. 13 À notre insu, alors que nous dirigions la délégation de l’Institut canadien d’Études stratégiques, le bureau du sous-ministre adjoint (Affaires publiques) avait envoyé un Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership militaire au Canada

PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR :<br />

les responsables. Les relations indirectes sont quant à elles plus mitigées,<br />

comme en témoignent les efforts récents des parlementaires visant à<br />

dissiper l’écran de fumée que les leaders militaires mettaient devant eux,<br />

manifestation d’une loyauté excessive de ces derniers envers les<br />

dirigeants politiques. Dans de telles circonstances, il appartient aux<br />

organismes de recherche bien informés de corriger le jeu. Ces<br />

organismes doivent être disposés à assumer ce rôle, et pouvoir compter<br />

sur un appui infléchissant de la part de ceux qui, pour quelque raison<br />

que ce soit, ne peuvent pas dire la vérité aux autorités en place.<br />

Il est très ironique de constater que des sociétés ouvertes, libérales et<br />

démocratiques sont protégées par des militaires prudents qui observent<br />

la culture <strong>du</strong> secret. Les Forces canadiennes ont réussi dans une large<br />

mesure à assoupir la soif des citoyens de connaître les activités<br />

qu’entreprennent les militaires, et le besoin <strong>du</strong> <strong>gouvernement</strong> de<br />

recevoir des conseils réalistes, non é<strong>du</strong>lcorés en matière de défense.<br />

À cette fin, les groupes de réflexion qui se penchent sur des questions<br />

stratégiques continueront à servir d’intermédiaires, à donner des avis<br />

sur l’interprétation de la politique de défense. Mais vu la culture<br />

particulière qu’on observe au <strong>Canada</strong> aux plans politique et militaire,<br />

ces organismes devront concilier leur dépendance marquée vis-à-vis les<br />

leaders militaires qui détiennent un quasi-monopole sur des renseignements<br />

essentiels avec la nécessité de servir l’intérêt plus général <strong>du</strong><br />

public.<br />

La présentation continue d’information représente un devoir<br />

démocratique, un devoir que doivent aussi remplir les leaders militaires<br />

envers ceux qui sont investis de la mission sacrée d’informer la<br />

population. Faute de quoi, on perdra la capacité d’approuver s’il y a lieu,<br />

ou de désapprouver sans être carrément opposé, les décisions ou mesures<br />

prises, entraînant, <strong>du</strong> coup, la perte d’un élément vital pour assurer des<br />

relations harmonieuses entre les civils et les militaires. Bien informer la<br />

population est le meilleur cadeau qu’un groupe de réflexion puisse faire<br />

au <strong>Canada</strong>, et représente une des meilleures garanties de la sécurité<br />

nationale dans le contexte de l’après 11 septembre 2001.<br />

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militaire au <strong>Canada</strong><br />

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