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PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR : où les médias s’intéressaient beaucoup à la participation éventuelle du Canada au projet américain de défense contre les missiles balistiques. Ce dossier présentait de toute évidence un casse-tête politique au gouvernement libéral du premier ministre Jean Chrétien, qui évitait soigneusement de prendre une décision. Au milieu du battage médiatique et faute de débat orchestré par le gouvernement sur le sujet, l’Institut canadien d’Études stratégiques a vu là une bonne occasion de mieux renseigner la population sur les objectifs actuels du NORAD et les modifications qui pourraient être apportées à son mandat par rapport au projet de bouclier spatial. Ses responsables ont alors communiqué directement avec le commandant en chef adjoint du NORAD et présenté une proposition du programme de la visite, en précisant que le groupe d’étude comprendrait plusieurs journalistes. L’Institut canadien d’Études stratégiques était pleinement conscient du caractère délicat, sur le plan politique, de toute visite des installations du NORAD, surtout lorsque des représentants des médias nationaux ou des gens en contact avec les médias en font partie. C’est seulement au cours de la visite qu’on a appris que la demande de l’institut avait été approuvée par les hauts gradés et les hauts-dirigeants civils du ministère de la Défense nationale 13 . La visite ayant lieu à peine une semaine après une visite semblable effectuée par des représentants de l’OTAN, les membres de l’institut ont conclu que le Ministère voulait permettre, dans une mesure raisonnable, aux représentants des médias de s’entretenir avec les responsables du NORAD afin d’informer la population sur l’avenir éventuel du commandement interarmées. 4 Les dirigeants du NORAD sont allés encore plus loin que les participants ne l’auraient espéré, en organisant pour le groupe de visiteurs une rencontre avec un porte-parole du Secrétariat d’État américain. Ce dernier a entre autres mentionné la question très épineuse de l’ordre éventuel de destruction de plusieurs missiles qui se dirigeraient en même temps vers le territoire nord-américain. Cette discussion inattendue témoigne elle aussi du fait que les autorités militaires reconnaissent le rôle central que notre groupe de réflexion (et ses travaux) joue quand il s’agit d’informer la population et d’élaborerCHAPITRE Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership militaire au Canada 69

70 CHAPITRE 4 PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR : des politiques. Il est clair que l’acceptation de cette visite comporte pour les autorités un certain risque politique, à un moment crucial pour les relations entre le Canada et les États-Unis dans le domaine de la défense. Autre exemple : l’incendie survenu en octobre 2004 à bord du Navire canadien de Sa Majesté Chicoutimi et causant de graves dommages au sous-marin, a soulevé une tempête politique à Ottawa. Les analystes de l’institut ont alors été submergés d’appels pour obtenir des explications à propos de l’acquisition des quatre sous-marins usagés britanniques, les circonstances ayant entouré leur rétablissement et les mesures que l’équipage du sous-marin a prises pour combattre l’incendie. Pendant ce temps, les leaders militaires canadiens s’efforçaient d’endiguer les critiques à l’effet qu’ils avaient mal jugé la complexité des problèmes associés à la remise en service des bâtiments 14 , et qu’ils avaient induit la population en erreur en ce qui concerne la gravité des blessures subies par plusieurs membres de l’équipage. Même si les appels au démantèlement des ressources sous-marines étaient relativement rares, le souvenir de la guillotine imposée de façon prompte et peu délicate à d’autres éléments militaires « essentiels » avait provoqué une agitation palpable aux plus hauts échelons de la hiérarchie 15 . En commentant nous-même le bien-fondé des sous-marins, nous cherchions à synthétiser les opinions pour et contre leur maintien en service à une période où d’autres ressources cruciales se détérioraient à un rythme alarmant. Nos remarques témoignaient d’une ambivalence saine face à la conservation par le Canada d’une flotte de sous-marins dans le contexte de sécurité postérieur aux attentats du 11 septembre 2001. Ayant été largement diffusés 16 , nos propos pouvaient à peine échapper à l’attention des hauts responsables de la force navale. Nous avons donc été étonné que notre scepticisme ait été récompensé par le ministère de la Défense nationale, qui a acquiescé à la demande de l’Institut canadien d’Études stratégiques d’obtenir des renseignements de haut-niveau au sujet du programme de sous-marins et de visiter un des bâtiments alors en bon état. Le personnel des affaires publiques des Forces maritimes du Pacifique ont fait en sorte que la séance d’information soit plus complète grâce à la participation d’autres analystes de la Défense établis sur la côte Ouest. Par conséquent, malgré le caractère extrêmement sensible du problème, la Marine était disposée à Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership militaire au Canada

PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR :<br />

où les médias s’intéressaient beaucoup à la participation éventuelle <strong>du</strong><br />

<strong>Canada</strong> au projet américain de défense contre les missiles balistiques.<br />

Ce dossier présentait de toute évidence un casse-tête politique au<br />

<strong>gouvernement</strong> libéral <strong>du</strong> premier ministre Jean Chrétien, qui évitait<br />

soigneusement de prendre une décision.<br />

Au milieu <strong>du</strong> battage médiatique et faute de débat orchestré par le<br />

<strong>gouvernement</strong> sur le sujet, l’Institut canadien d’Études stratégiques a<br />

vu là une bonne occasion de mieux renseigner la population sur les<br />

objectifs actuels <strong>du</strong> NORAD et les modifications qui pourraient être<br />

apportées à son mandat par rapport au projet de bouclier spatial. Ses<br />

responsables ont alors communiqué directement avec le commandant<br />

en chef adjoint <strong>du</strong> NORAD et présenté une proposition <strong>du</strong> programme<br />

de la visite, en précisant que le groupe d’étude comprendrait plusieurs<br />

journalistes.<br />

L’Institut canadien d’Études stratégiques était pleinement conscient<br />

<strong>du</strong> caractère délicat, sur le plan politique, de toute visite des installations<br />

<strong>du</strong> NORAD, surtout lorsque des représentants des médias<br />

nationaux ou des gens en contact avec les médias en font partie.<br />

C’est seulement au cours de la visite qu’on a appris que la demande de<br />

l’institut avait été approuvée par les hauts gradés et les hauts-dirigeants<br />

civils <strong>du</strong> ministère de la Défense nationale 13 . La visite ayant lieu à peine<br />

une semaine après une visite semblable effectuée par des représentants<br />

de l’OTAN, les membres de l’institut ont conclu que le Ministère<br />

voulait permettre, dans une mesure raisonnable, aux représentants<br />

des médias de s’entretenir avec les responsables <strong>du</strong> NORAD afin<br />

d’informer la population sur l’avenir éventuel <strong>du</strong> commandement<br />

interarmées.<br />

4<br />

Les dirigeants <strong>du</strong> NORAD sont allés encore plus loin que les<br />

participants ne l’auraient espéré, en organisant pour le groupe de<br />

visiteurs une rencontre avec un porte-parole <strong>du</strong> Secrétariat d’État<br />

américain. Ce dernier a entre autres mentionné la question très<br />

épineuse de l’ordre éventuel de destruction de plusieurs missiles qui<br />

se dirigeraient en même temps vers le territoire nord-américain. Cette<br />

discussion inatten<strong>du</strong>e témoigne elle aussi <strong>du</strong> fait que les autorités<br />

militaires reconnaissent le rôle central que notre groupe de réflexion (et<br />

ses travaux) joue quand il s’agit d’informer la population et d’élaborerCHAPITRE Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership<br />

militaire au <strong>Canada</strong><br />

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