Voir D2-176-2005-fra.pdf - Publications du gouvernement du Canada
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48<br />
CHAPITRE 3<br />
PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR :<br />
Au cours de la guerre froide, les chefs militaires canadiens n’avaient pas<br />
besoin dans l’ensemble de remettre en question les dogmes stratégiques,<br />
opérationnels et même tactiques. Les unités canadiennes—terrestres,<br />
maritimes ou aériennes—représentaient de petits éléments qui devaient<br />
combattre au sein de grandes coalitions sous l’égide de l’Organisation <strong>du</strong><br />
Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ou <strong>du</strong> Commandement de la<br />
défense aérienne de l’Amérique <strong>du</strong> Nord (NORAD). Ces coalitions<br />
avaient le plus souvent à leur tête des non-Canadiens. Pendant<br />
plusieurs décennies jusqu’au début des années 1990, la formation, la<br />
dotation et la préparation des leaders militaires et des soldats canadiens<br />
visaient un éventail limité de missions. Bref, les militaires n’étaient pas<br />
appelés à réfléchir pour trouver des solutions nouvelles. D’ailleurs, la<br />
vision innovatrice était une denrée rare dans l’ensemble <strong>du</strong> ministère de<br />
la Défense nationale 1 .<br />
Dans le cas des leaders militaires canadiens, cette léthargie au plan<br />
stratégique était renforcée par les habitudes qui se développent chez des<br />
militaires qui ne sont pas partie à une guerre et ne faisant face à aucune<br />
perspective réelle de guerre. Le leadership a fini par adopter un<br />
caractère bureaucratique. Le principal exercice intellectuel consistait à<br />
attribuer les ressources, normalement à partir d’un bassin en diminution<br />
constante, et la plus grande difficulté pour les leaders était de préserver<br />
la conformité. Ces deux activités, c’est-à-dire la répartition des<br />
ressources et la préservation de la conformité, ont toujours paru<br />
essentielles à la survie même de l’appareil militaire au cours d’une<br />
longue période de paix, surtout dans les pays démocratiques. Du début<br />
des années 1950 jusqu’à la fin de la guerre froide, les chefs militaires<br />
canadiens n’ont pas fait exception à la règle; heureusement, ce<br />
conformisme a été quelque peu tempéré par la présence en temps de<br />
paix de plusieurs leaders qui avaient exercé un leadership remarquable<br />
<strong>du</strong>rant la guerre, dont Jacques Dextraze qui en offre un bel exemple.<br />
La paix favorise les bureaucrates et non les guerriers, la conformité<br />
plutôt que l’esprit d’innovation, l’aversion pour le risque plutôt que la<br />
prise de risque, le raisonnement « en cloisonné » plutôt qu’un point de<br />
vue global. En temps de paix, la plus grande difficulté à laquelle se<br />
heurtent les forces armées d’une société démocratique, surtout si cette<br />
force est constituée uniquement de volontaires, consiste à trouver les<br />
guerriers et les commandants éventuels, les preneurs de risque dont on<br />
Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership<br />
militaire au <strong>Canada</strong>