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PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR : BBC1, BBC2, BBC International, BBC Pays de Galles, BBC Écosse, BBC Irlande du Nord, etc. Toutefois, le temps que vous y consacrerez vaut bien la couverture obtenue, à condition que vous ayez un message à transmettre absolument. Bref, ne méprisez pas la radio. C’est un média qui plaît à un grand nombre de personnes, et s’il est vrai que les reporters radiophoniques n’ont pas autant de temps que leurs homologues de la presse écrite pour approfondir un sujet, ils en ont beaucoup plus que leurs collègues de la télévision. Tenter d’utiliser la télévision à ses propres fins, c’est emprunter une voie qui pourrait être semée d’embûches, mais le risque en vaut la peine. On répète trop souvent qu’« une image vaut mille mots » mais, dans ce casci, c’est sous-estimer énormément le pouvoir qu’exerce de nos jours une image convaincante. Le Canada a été le premier pays à organiser une mission – mal définie et condamnée d’avance à l’échec – dans la région des Grands Lacs d’Afrique, et ce, seulement parce que le premier ministre, de son propre aveu, a été poussé à agir par les images qu’il a vues sur son écran de télévision, par un dimanche après-midi tranquille. Ce n’est pas exactement la meilleure façon d’élaborer la politique étrangère, mais c’est bien la réalité et cela ne fait que confirmer le pouvoir immense de ce média, tant pour le bien que pour le mal. Avant l’avènement des communications numériques par satellite de télévision et des réseaux d’information continue, les journalistes de la télévision travaillaient comme leurs collègues de la presse écrite mais plutôt à la hâte. Ils avaient le temps de placer les faits à peu près dans leur contexte; quand le siège social recevait leur reportage, les responsables de la recherche et de la production, qui n’étaient pas sur le terrain pour vivre l’émotion du moment, peaufinaient et complétaient le texte. C Ce qui était transmis aux informations de fin de soirée s’avérait la plupart du temps un reportage pondéré et informatif. Martin Bell de la BBC a couvert onze guerres avant de succomber au leurre du parlement britannique en se faisant élire député indépendant en 1997. En 1992, il m’a expliqué qu’il avait fait des reportages sur les dix premières guerres en procédant de la façon décrite plus haut. Puis d’ajouter : « Compare cela, mon ami, avec ce que je fais ici à Sarajevo – il faut « encourager la bête » et donc j’expédie des reportages qui portent sur un millième d’un pour cent de ce qui se passe dans le reste de la Bosnie, et cela a des répercussions sur les décisions qui sont prises dans les coulisses du pouvoir APPENDICE Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership militaire au Canada 277
278 APPENDICE C PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR : autour du monde ». La possibilité d’abus par les belligérants est considérable, et l’on en est bien conscient dans les firmes de relations publiques basées aux États-Unis que toute faction rebelle ou terroriste se respectant recrute avant même de franchir la ligne de départ. Avant l’ère du sensationnalisme, qui dit nouvelles dit nouvelles. Aujourd’hui, pour demeurer compétitif, il faut présenter les nouvelles sous forme de divertissement. Cela veut dire offrir des opinions radicales et éviter les zones grises où l’on trouve la plupart du temps matière à reportage. Cela veut dire que les propos que vous tenez dans une entrevue seront probablement contredits par un critique avoué des forces armées ou de la politique étrangère de notre pays. Malheureusement, votre « adversaire » est fréquemment un officier supérieur à la retraite qui a pour seule compétence d’être connu pour critiquer la profession qui l’a nourri, lui et sa famille, pendant une trentaine d’années. Malgré tout, cette personne est populaire auprès des réalisateurs de télévision car elle ajoute du piquant et réveille l’auditoire. L’émission ne contient pas nécessairement de nouvelles ou d’information, mais elle divertit. Si l’on évite de telles émissions, on laisse simplement la tribune aux pontes partisans de l’antimilitarisme, ce qui est une erreur. Si l’on ne peut les remettre à leur place en offrant des preuves concrètes, c’est probablement parce qu’il y a là un réel problème et qu’il faut y remédier. À la télévision, vous disposez de très peu de temps pour élaborer sur votre cause. Les explications interminables ne passeront pas. Je suis fréquemment invité à des studios de télévision pour une « entrevue approfondie sur le sujet X ». Lorsque je demande « Combien de temps avons-nous? », la réponse est habituellement « Oh, deux à trois minutes! » les gens de la télévision aiment donc l’interviewé qui est capable d’organiser sa réponse en segments brefs et précis. Si vous vous faites brûler les doigts par un reporter ou un réseau en particulier, il se peut que vous ayez à vous limiter aux interviews en direct seulement. Pour les émissions en direct différé, ce que vous avez dit peut être – et sera sûrement – révisé au cours du montage, à la discrétion du réalisateur. À la télévision, le reporter peut effectivement s’entretenir pendant une heure ou plus avec un interviewé pour ne produire qu’un clip sonore de dix secondes. Au cours de la production d’un important documentaire sur les Nations Unies, j’ai interviewé plus d’une vingtaine de hautes personnalités, depuis le président Mitterrand jusqu’à notre premier Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership militaire au Canada
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autour <strong>du</strong> monde ». La possibilité d’abus par les belligérants est considérable,<br />
et l’on en est bien conscient dans les firmes de relations<br />
publiques basées aux États-Unis que toute faction rebelle ou terroriste se<br />
respectant recrute avant même de <strong>fra</strong>nchir la ligne de départ.<br />
Avant l’ère <strong>du</strong> sensationnalisme, qui dit nouvelles dit nouvelles.<br />
Aujourd’hui, pour demeurer compétitif, il faut présenter les nouvelles<br />
sous forme de divertissement. Cela veut dire offrir des opinions radicales<br />
et éviter les zones grises où l’on trouve la plupart <strong>du</strong> temps matière à<br />
reportage. Cela veut dire que les propos que vous tenez dans une entrevue<br />
seront probablement contredits par un critique avoué des forces<br />
armées ou de la politique étrangère de notre pays. Malheureusement,<br />
votre « adversaire » est fréquemment un officier supérieur à la retraite<br />
qui a pour seule compétence d’être connu pour critiquer la profession<br />
qui l’a nourri, lui et sa famille, pendant une trentaine d’années. Malgré<br />
tout, cette personne est populaire auprès des réalisateurs de télévision<br />
car elle ajoute <strong>du</strong> piquant et réveille l’auditoire. L’émission ne contient<br />
pas nécessairement de nouvelles ou d’information, mais elle divertit. Si<br />
l’on évite de telles émissions, on laisse simplement la tribune aux pontes<br />
partisans de l’antimilitarisme, ce qui est une erreur. Si l’on ne peut les<br />
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parce qu’il y a là un réel problème et qu’il faut y remédier.<br />
À la télévision, vous disposez de très peu de temps pour élaborer sur<br />
votre cause. Les explications interminables ne passeront pas. Je suis<br />
fréquemment invité à des studios de télévision pour une « entrevue<br />
approfondie sur le sujet X ». Lorsque je demande « Combien de temps<br />
avons-nous? », la réponse est habituellement « Oh, deux à trois minutes!<br />
» les gens de la télévision aiment donc l’interviewé qui est capable<br />
d’organiser sa réponse en segments brefs et précis. Si vous vous faites<br />
brûler les doigts par un reporter ou un réseau en particulier, il se peut<br />
que vous ayez à vous limiter aux interviews en direct seulement. Pour les<br />
émissions en direct différé, ce que vous avez dit peut être – et sera sûrement<br />
– révisé au cours <strong>du</strong> montage, à la discrétion <strong>du</strong> réalisateur. À la<br />
télévision, le reporter peut effectivement s’entretenir pendant une<br />
heure ou plus avec un interviewé pour ne pro<strong>du</strong>ire qu’un clip sonore de<br />
dix secondes. Au cours de la pro<strong>du</strong>ction d’un important documentaire<br />
sur les Nations Unies, j’ai interviewé plus d’une vingtaine de hautes<br />
personnalités, depuis le président Mitterrand jusqu’à notre premier<br />
Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership<br />
militaire au <strong>Canada</strong>