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PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR : documents de preuve tirés des archives de la Bibliothèque Reagan », ces auteurs concluent que les membres de l’administration Reagan ont utilisé les données de sondages surtout dans le but de manipuler l’opinion publique, au lieu de s’y plier. Leurs recherches ont révélé que l’administration Clinton s’est servie de manière semblable des résultats de sondages réalisés en 1993 et 1994 59 . Citant en exemple les actions militaires en Somalie et en Bosnie, Shapiro et Jacob soulignent que confronté à l’impopularité d’une poursuite de l’intervention américaine, le président Clinton a eu recours aux sondages pour trouver la meilleure façon de convaincre les citoyens 60 . « Les dirigeants à la Maison-Blanche ont soigneusement évalué les réactions populaires aux discours du président », en plus d’organiser des séances de groupe de discussion pour aider à déterminer les expressions ou les messages clés susceptibles de gagner le soutien populaire. Ainsi, les messages d’espoir obtenaient la faveur du public. Les membres de l’administration ont ensuite misé sur ces renseignements pour formuler les questions de sondage dans le sens des résultats escomptés 61 . Globalement, les sondages peuvent contribuer à dicter les sujets de l’heure, à définir les questions de débat et, par extension, à diminuer la capacité des citoyens de juger par eux-mêmes des questions pertinentes ou en jeu. Herbert Asher, professeur émérite de politicologie à la Ohio State University, fait la mise en garde suivante : « De toute évidence, il faut prévenir les citoyens du danger que l’on finisse par confondre l’opinion publique réelle avec les résultats des sondages » 62 . Mais en dépit de ces critiques, George Gallup prétend que la démocratie oblige les élites à tenir compte de l’opinion publique dans les débats politiques et les prises de décisions. En ce qui concerne la politique étrangère, les gens ont selon lui le droit d’être informés et de voir leurs opinions prises en considération de façon équitable. En Suisse, les citoyens sont consultés sur tous les enjeux majeurs, et ce pays a profité largement de ce respect envers l’opinion publique 63 . Faute de sondages, les dirigeants militaires ou politiques se trouvent pratiquement sans le moyen de mesurer concrètement l’opinion publique; mais des groupes d’intérêt spécialisés peuvent parfois orienter activement les décisions stratégiques en gonflant les pourcentages de représentativité. Des sondages d’opinion soignés permettraient de déjouer ces tentatives 64 . Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership militaire au Canada 259 APPENDICE B

260 APPENDICE B Les résultats des sondages servent en soi d’instrument de manipulation. Les responsables qui décident de recourir aux sondages doivent prendre conscience des problèmes et des considérations plus vastes associés aux résultats 65 . Pour différencier un bon sondage d’un mauvais, on doit procéder avec discernement, et aussi arriver à une meilleure compréhension des perceptions populaires 66 . À condition d’être bien utilisés, les sondages soigneusement orchestrés procurent des renseignements appréciables sur les opinions des citoyens concernant un large éventail de sujets qui vont de la fiscalité aux dépenses militaires. NOTES PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR : 1 Margaret H. Belknap, « The CNN Effect », p. 100-114. Voir également Daya Kishan Thussu, « Live TV and Bloodless Deaths: War, Infotainment and 24/7 News », dans War and the Media: Reporting Conflict 24/7, Daya Kishan Thussu et Des Freedman (dir.), Londres, Sage Publications, 2003, p. 117-132. 2 Dans le présent article, les mots sondage (poll) et étude (survey) sont utilisés indifféremment. Toutefois, selon Norman Bradburn et Seymour Sudman, une étude représente plus précisément un aperçu d’un sujet donné, tandis qu’un sondage a trait « à des comportements et à des attitudes sans rapport avec les enjeux publics ». Pour en apprendre davantage sur le sens et l’historique des sondages, consulter les références suivantes : Norman M. Bradburn et Seymour Sudman, Polls and Surveys: Understanding What They Tell Us, San Francisco, Jossey-Bass, 1988, p. 2-16; Irving Crespi, Public Opinion, Polls, and Democracy, San Francisco, Westview Press, 1989, p. 1-5; Vincent Price, Public Opinion, Newbury Park, Californie, Sage Publications, Inc., 1992, p. 5-20; Thomas E. Mann et Gary R. Orren, « To Poll or Not to Poll… and Other Questions », dans Media Polls in American Politics, Thomas E. Mann et Gary R. Orren (dir.), Washington, District of Columbia, Brookings Institution, 1992, p. 1-4; Irving Crespi, « Polls as Journalism », dans Public Opinion Quarterly, vol. 44, no 4, rapport du symposium intitulé « Polls and the News Media: A Symposium », hiver 1980, p. 462-476. 3 Les études suivantes postulent que les médias influencent réellement l’opinion publique : Moss, Rhetoric of Defence in the United States, p. 45-51; Schramm, Men, Messages and Media; Davison, « On the Effects of Communication », p. 69-90; et Vipond, The Mass Media in Canada. À l’autre extrémité du spectre, on trouve des travaux de recherche basés plutôt sur l’hypothèse que les militaires utilisent les médias à leurs propres fins : George, Propaganda Analysis; O’Shaughnessy, Politics and Propaganda; Lapham, Gag Rule; Kick (dir), Abuse Your Illusions. 4 Voir Iyengar et Simon, « News Coverage of the Gulf Crisis and Public Opinion », p. 167-185; John Zaller, « Elite Leadership of Mass Opinion », p. 186-209; Mueller, Policy and Opinion in the Gulf War; Karim, Islamic Peril; Mermin, Debating War and Peace; Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership militaire au Canada

260<br />

APPENDICE B<br />

Les résultats des sondages servent en soi d’instrument de manipulation.<br />

Les responsables qui décident de recourir aux sondages doivent prendre<br />

conscience des problèmes et des considérations plus vastes associés aux<br />

résultats 65 . Pour différencier un bon sondage d’un mauvais, on doit<br />

procéder avec discernement, et aussi arriver à une meilleure compréhension<br />

des perceptions populaires 66 . À condition d’être bien utilisés,<br />

les sondages soigneusement orchestrés procurent des renseignements<br />

appréciables sur les opinions des citoyens concernant un large<br />

éventail de sujets qui vont de la fiscalité aux dépenses militaires.<br />

NOTES<br />

PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR :<br />

1 Margaret H. Belknap, « The CNN Effect », p. 100-114. <strong>Voir</strong> également Daya Kishan<br />

Thussu, « Live TV and Bloodless Deaths: War, Infotainment and 24/7 News », dans War<br />

and the Media: Reporting Conflict 24/7, Daya Kishan Thussu et Des Freedman (dir.),<br />

Londres, Sage <strong>Publications</strong>, 2003, p. 117-132.<br />

2 Dans le présent article, les mots sondage (poll) et étude (survey) sont utilisés indifféremment.<br />

Toutefois, selon Norman Bradburn et Seymour Sudman, une étude représente<br />

plus précisément un aperçu d’un sujet donné, tandis qu’un sondage a trait « à des comportements<br />

et à des attitudes sans rapport avec les enjeux publics ». Pour en apprendre<br />

davantage sur le sens et l’historique des sondages, consulter les références suivantes :<br />

Norman M. Bradburn et Seymour Sudman, Polls and Surveys: Understanding What They<br />

Tell Us, San Francisco, Jossey-Bass, 1988, p. 2-16; Irving Crespi, Public Opinion, Polls, and<br />

Democracy, San Francisco, Westview Press, 1989, p. 1-5; Vincent Price, Public Opinion,<br />

Newbury Park, Californie, Sage <strong>Publications</strong>, Inc., 1992, p. 5-20; Thomas E. Mann et<br />

Gary R. Orren, « To Poll or Not to Poll… and Other Questions », dans Media Polls in<br />

American Politics, Thomas E. Mann et Gary R. Orren (dir.), Washington, District of<br />

Columbia, Brookings Institution, 1992, p. 1-4; Irving Crespi, « Polls as Journalism », dans<br />

Public Opinion Quarterly, vol. 44, no 4, rapport <strong>du</strong> symposium intitulé « Polls and the News<br />

Media: A Symposium », hiver 1980, p. 462-476.<br />

3 Les études suivantes postulent que les médias influencent réellement l’opinion<br />

publique : Moss, Rhetoric of Defence in the United States, p. 45-51; Schramm, Men, Messages<br />

and Media; Davison, « On the Effects of Communication », p. 69-90; et Vipond, The Mass<br />

Media in <strong>Canada</strong>. À l’autre extrémité <strong>du</strong> spectre, on trouve des travaux de recherche basés<br />

plutôt sur l’hypothèse que les militaires utilisent les médias à leurs propres fins : George,<br />

Propaganda Analysis; O’Shaughnessy, Politics and Propaganda; Lapham, Gag Rule; Kick<br />

(dir), Abuse Your Illusions.<br />

4 <strong>Voir</strong> Iyengar et Simon, « News Coverage of the Gulf Crisis and Public Opinion »,<br />

p. 167-185; John Zaller, « Elite Leadership of Mass Opinion », p. 186-209; Mueller, Policy<br />

and Opinion in the Gulf War; Karim, Islamic Peril; Mermin, Debating War and Peace;<br />

Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership<br />

militaire au <strong>Canada</strong>

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