Voir D2-176-2005-fra.pdf - Publications du gouvernement du Canada
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PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR :<br />
de fâcheux au cours de la patrouille, mais le principe s’appliquerait<br />
autant s’il y avait eu des problèmes. J’en ai discuté avec un colonel, lui<br />
aussi spécialiste des questions de leadership. Après une pause opportune<br />
pour rappeler le caractère étrange et la gravité potentielle de cet<br />
incident, il a abordé le sujet en me demandant à quel stade de la<br />
rotation cela s’est pro<strong>du</strong>it. J’ai répon<strong>du</strong> que c’était le dernier mois de la<br />
période d’affectation; il a alors hoché la tête en disant que c’était<br />
logique puisque les accrocs <strong>du</strong> genre se multiplient à mesure que la<br />
rotation tire à sa fin. Les soldats se sentent écoeurés et sont peut-être un<br />
peu désillusionnés, si bien qu’ils ont tendance au relâchement.<br />
J’ai trouvé cette explication remarquable puisque exacte. Ces soldats en<br />
avaient évidemment marre de ce pays et étaient définitivement<br />
parvenus au stade <strong>du</strong> « je-m’en-foutisme » total. Je me souviens d’avoir<br />
réfléchi à l’étrangeté de la situation, assis au milieu d’une cour entourée<br />
de murs en terre séchée dans la partie sud de Kaboul, dans une<br />
atmosphère chargée de cendres projetées par les feux en plein air, en<br />
entendant une foule de bruits exotiques; j’ai compris que j’avais affaire<br />
à des soldats ren<strong>du</strong>s au bout <strong>du</strong> rouleau. J’ai même essayé de leur<br />
rehausser le moral en racontant que je revenais tout juste de Bosnie, et<br />
que tous les soldats parlaient en termes enthousiastes de leur participation<br />
éventuelle à la mission en Afghanistan. Mes remarques les ont<br />
étonnés, probablement parce qu’ils ignoraient être atteints <strong>du</strong> syndrome<br />
de l’écoeurement extrême.<br />
Toutefois, même s’il correspond à la réalité, l’argument de l’écoeurement<br />
extrême est une autre explication vaine, une variante de celui<br />
consistant à rejeter le blâme sur une bande d’énergumènes. Il permet<br />
d’expliquer les actes répréhensibles commis, mais pas les raisons pour<br />
lesquelles on a laissé les soldats agir ainsi. Tous les facteurs contextuels, 10<br />
toutes les circonstances atténuantes ne valent pas grand-chose quand il<br />
s’agit de défendre des militaires canadiens accusés d’actes criminels.<br />
Le mythe de l’incident isolé<br />
Il est plus difficile pour les militaires que pour des gens de l’extérieur<br />
d’admettre que les justifications comme la fripouillerie ou le syndrome<br />
de l’écoeurement extrême, ainsi que les autres arguments invoqués, sont<br />
pour le moins discutables; mais le fait est qu’en principe, il n’existe pas CHAPITRE<br />
Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership<br />
militaire au <strong>Canada</strong><br />
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