Voir D2-176-2005-fra.pdf - Publications du gouvernement du Canada
Voir D2-176-2005-fra.pdf - Publications du gouvernement du Canada
Voir D2-176-2005-fra.pdf - Publications du gouvernement du Canada
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
178<br />
CHAPITRE 10<br />
PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR :<br />
véhicules, dans la cour. Et c’est ce que nous avons fait. Nous sommes<br />
restés assis là pendant peut-être deux heures et demie, à tuer le temps.<br />
En bavardant, les soldats ont clairement indiqué qu’ils considéraient<br />
cette patrouille inutile et qu’ils arriveraient aux mêmes résultats en<br />
étant assis là plutôt qu’à tourner en rond dans la ville pendant toute la<br />
soirée. Sur le coup, j’ai trouvé cette opinion raisonnable, et peut-être<br />
même fondée. Leur apathie n’était pas <strong>du</strong>e à la paresse ou au fait qu’ils<br />
se fichaient de capturer des bandits, mais plutôt à la conviction qu’on<br />
leur imposait trop de restrictions; selon eux, il y avait des bandits<br />
partout, mais les autorités leur interdisaient d’agir de manière à les<br />
neutraliser.<br />
En revenant au camp Julien, nous roulions à tombeau ouvert. À travers<br />
les ruelles étroites puis dans les grandes artères comme le boulevard<br />
Darulaman, les con<strong>du</strong>cteurs poussaient les véhicules à leur extrême<br />
limite, les jeeps Iltis tournaient les coins bruyamment et tout le monde<br />
devait s’accrocher à la barre transversale, dans une sorte de course<br />
effrénée. Il n’y avait aucune circulation à cette heure tardive, mais je me<br />
souviens que des piétons nous ont jeté des regards bizarres quand nous<br />
sommes passés en trombe à côté d’eux.<br />
Ces soldats n’étaient sans doute pas de vraies crapules, c’est-à-dire des<br />
indivi<strong>du</strong>s susceptibles de commettre intentionnellement des actes<br />
criminels. Mais je crois qu’il y a un lien entre cette scène et les événements<br />
sinistres qui se sont pro<strong>du</strong>its en Somalie. Ces soldats à Kaboul<br />
observaient de toute évidence un ensemble de règles qui allaient à<br />
l’encontre des ordres officiels. Ils se forgeaient leurs propres ordres<br />
et appliquaient leurs propres règles. Cette attitude a beau paraître<br />
relativement normale, il est primordial de contrôler ces ensembles de<br />
règles internes. Dans les circonstances, ce sont eux qui décident s’ils<br />
peuvent se con<strong>du</strong>ire en énergumènes.<br />
Il y a une autre similitude entre la patrouille en Afghanistan et le<br />
numéro comique de l’adjudant. Dans les deux cas, des jeunes officiers<br />
ont assisté directement aux délits en cause. Au cours <strong>du</strong> briefing de la<br />
patrouille, le sergent a clairement désapprouvé les consignes reçues, sans<br />
être réprimandé par le lieutenant. En permettant au sergent de contester<br />
les ordres, le lieutenant a, dans les faits, approuvé les comportements<br />
subséquents des patrouilleurs. En fin de compte, il ne s’est rien pro<strong>du</strong>it<br />
Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership<br />
militaire au <strong>Canada</strong>