25.06.2013 Views

Voir D2-176-2005-fra.pdf - Publications du gouvernement du Canada

Voir D2-176-2005-fra.pdf - Publications du gouvernement du Canada

Voir D2-176-2005-fra.pdf - Publications du gouvernement du Canada

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR :<br />

<strong>du</strong> genre « Bon, tant pis! », il s’est mis à décrire une partie de « pêche à<br />

traîne », qui d’après lui représentait le jeu favori des soldats de son unité.<br />

Ce jeu consistait à con<strong>du</strong>ire des camions auxquels étaient accrochées<br />

derrière des friandises pour attirer les enfants, qui couraient après pour<br />

les attraper. Une fois les enfants ren<strong>du</strong>s assez près, un homme à l’arrière<br />

le signalait au con<strong>du</strong>cteur, qui freinait alors brusquement, si bien que les<br />

enfants venaient percuter l’arrière <strong>du</strong> véhicule. L’adjudant se servait de<br />

toute la gestuelle pour mieux nous montrer de quoi avaient l’air les<br />

jeunes Somaliens après avoir heurté le pare-chocs d’un camion. C’était<br />

une petite comédie bien rodée.<br />

Puis, débordant d’exubérance, il a expliqué qu’ils redémarraient ensuite<br />

à pleine vitesse, laissant une traînée d’enfants à bout de souffle couchés<br />

par terre dans le nuage de poussière soulevée par le camion. L’adjudant<br />

a ajouté qu’au cours d’une de ces parties de pêche, pendant que<br />

lui-même con<strong>du</strong>isait le camion avec son sergent à côté, tous deux<br />

absorbés en regardant dans le rétroviseur pour voir le signal d’arrêter, ils<br />

ont réalisé que le camion traversait un cimetière seulement en rebondissant<br />

brutalement dans la cabine (contorsions comiques encore une<br />

fois), après avoir accroché des tombes. Apparemment, en Somalie, on<br />

enterre les dépouilles sous des tas de roches. Il a terminé en disant que<br />

les enfants ont cessé de leur courir après en voyant les bras et les jambes<br />

des cadavres sortir des tombes ainsi détruites.<br />

Les membres <strong>du</strong> groupe riaient encore. Et j’étais là avec eux, riant aussi<br />

de ce récit à propos de soldats en train de maltraiter des enfants et de<br />

profaner des tombes. Je me rappelle avoir été étonné que l’adjudant<br />

raconte une telle histoire en ma présence, et j’ai été surpris d’en rire<br />

moi-même. Ça paraît bizarre, mais quelque chose en rapport avec la<br />

situation me poussait à rire. Je ne savais pas quoi faire autrement.<br />

Pour conclure son récit sur une note sinistre, l’adjudant a décrit<br />

comment les membres de son unité, en allant livrer des provisions, refusaient<br />

de donner de l’eau aux Somaliennes à moins qu’elles exhibent<br />

leurs seins. Il a ensuite cité la phrase en somalien utilisée à cette fin, et<br />

mimé les réactions des femmes relevant leur blouse. Il a illustré la scène<br />

quand les femmes, qui évidemment les haïssaient pour cette raison, leur<br />

criaient des injures de façon hystérique. Mais à présent, son ton avait<br />

changé. L’histoire n’était plus censée être amusante. CHAPITRE 10<br />

Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership<br />

militaire au <strong>Canada</strong><br />

171

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!