Voir D2-176-2005-fra.pdf - Publications du gouvernement du Canada
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PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR :<br />
comme on peut le supposer cyniquement, décidaient de l’ignorer;<br />
une telle attitude est inexcusable.<br />
Plusieurs exemples s’offrent quant aux expériences de Canadiens<br />
servant à titre d’observateurs militaires de l’ONU qui ont été envoyés<br />
dans l’enfer qu’était l’ex Yougoslavie à l’époque où une folie haineuse<br />
généralisée s’était déchaînée dans ce pays. On peut prétendre, sans trop<br />
insister toutefois, que ces Canadiens servaient sous l’égide des Nations<br />
Unies, mais ce sont les dirigeants de notre pays qui les ont expédiés<br />
de façon insouciante et qui n’ont rien fait pendant qu’ils étaient<br />
confrontés à des situations impossibles, abandonnés à eux-mêmes.<br />
Au cours des années, j’ai eu le privilège de tenir de longues entrevues<br />
avec le major (à la retraite) Pat Henneberry <strong>du</strong> Princess Patricia’s<br />
Canadian Light Infantry, un homme vraiment respectable, très brillant<br />
et très courageux. En 1992, Henneberry, alors capitaine, a été envoyé<br />
en Yougoslavie pour un séjour d’un an. Au début, il remplissait les<br />
fonctions d’observateur militaire de l’ONU à Sarajevo, et par la suite, il<br />
a commandé l’ensemble des observateurs à Sarajevo qui se trouvaient<br />
postés <strong>du</strong> côté serbe de la ligne de front. Comme tous les autres<br />
participants à la mission, Henneberry a débarqué de l’avion à Sarajevo<br />
dans son gilet pare éclats flambant neuf et ses bottes luisantes, ayant l’air<br />
d’une recrue, ses yeux écarquillés lui donnant l’air d’un « chevreuil<br />
aveuglé par des phares ». Moins d’une vingtaine de minutes plus tard,<br />
les tirs d’obus et d’armes de petit calibre qui pilonnaient le faubourg<br />
voisin de Dobrinja ont repris. Le lendemain, il a gagné son poste près<br />
d’Ilidza, un autre faubourg, dans un véhicule blindé de reconnaissance<br />
<strong>fra</strong>nçais, accueilli à destination par le capitaine belge qu’il venait<br />
remplacer. Celui-ci lui a alors annoncé qu’il se rendait à une fête<br />
d’adieu. Ses dernières paroles ont été « il ne se passe rien ici ». Voilà à<br />
quoi se résume toute la formation accordée aux observateurs militaires<br />
que l’on plongeait au beau milieu d’une guerre civile.<br />
En théorie, les observateurs militaires se trouvaient là uniquement pour<br />
surveiller les éventuelles violations des accords de cessez-le-feu et pour<br />
signaler qui bombardait et qui était bombardé. En réalité, de part et<br />
d’autre de la ligne de front, tant <strong>du</strong> côté bosniaque que <strong>du</strong> côté serbe, ils<br />
étaient pris au piège dans des tirs croisés; on leur tirait dessus et on les<br />
bombardait; ils devaient con<strong>du</strong>ire leurs véhicules à travers des champs CHAPITRE 8<br />
Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership<br />
militaire au <strong>Canada</strong><br />
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