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PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR : Canada de forces aptes à combattre obtient un niveau d’approbation comparable, soit 9 personnes sur 10. Quant à la question à savoir si les Forces canadiennes possèdent les effectifs et le matériel nécessaires pour exécuter des tâches de combat ou employer la force dans le but d’établir la paix, les chiffres sont inversés. Les deux tiers des répondants estimaient que les Forces canadiennes n’ont pas l’effectif qu’il faut pour mener les opérations requises au pays même et à l’étranger, et plus de la moitié d’entre eux étaient d’avis que les militaires canadiens ne possèdent pas le matériel nécessaire. Ces chiffres devraient encourager les membres des Forces canadiennes pressés de rallier la population canadienne à leur cause. Fait intéressant, les simples soldats recueillent des appuis beaucoup plus élevés que leurs leaders : alors que 9 répondants sur 10 avaient une opinion positive des militaires du rang, à peine 6 sur 10 jugeaient efficace le travail des officiers supérieurs. Ces opinions semblent refléter celles des soldats eux mêmes, et sont peut-être une séquelle des années 1990, durant lesquelles les citoyens ont souvent entendu parler de dirigeants de la Défense nationale et des Forces canadiennes s’employant à détruire des documents et à purger des dossiers. Tout récemment, le ministère de la Défense nationale a publié deux rapports distincts à propos des pertes en Afghanistan, de nos troupes et de la part que la jeep Iltis aurait jouée dans ces incidents tragiques. Scott Taylor, auteur établi à Ottawa, a déclaré à la CBC que cela dénotait clairement une tentative de falsification ou de camouflage, vu les contradictions relevées entre les deux rapports. Mais les gros bonnets assiégés ne pouvaient pas faire grand-chose pour corriger cette fausse interprétation. Aux yeux des Canadiens, la crédibilité des leaders militaires demeurait faible, en dépit d’une hausse appréciable des appuis envers les Forces canadiennes. L’idée très répandue que le Canada n’a pas besoin de forces militaires, idée qui prévaut depuis la Confédération, semble diminuer à mesure que les citoyens se rendent compte que les militaires canadiens servent de levier pour la politique étrangère canadienne. Les avis exprimés indiquent également que la population souhaite que les Forces canadi- ennes jouent un rôle autonome sur la scène mondiale, indépendamment CHAPITRE 7 Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership militaire au Canada 121
122 CHAPITRE 7 PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR : des États-Unis et de l’administration du président George W. Bush. Là encore, d’après le sondage Pollara, les Canadiens veulent que nos forces armées se consacrent surtout à des missions de soutien de la paix et à des opérations militaires hors guerre. La quasi-totalité des répondants favorisent un programme d’action axé sur la sécurité humaine semblable au projet avancé par l’ancien ministre des Affaires étrangères Lloyd Axworthy, un programme qui demeure suspect et douteux pour ceux qui auraient à le mettre en oeuvre, autrement dit les militaires eux-mêmes. La hausse de plusieurs milliards de dollars annoncée dans le budget 2005 au titre des dépenses militaires semble marquer un changement de cap dans l’esprit des politiciens et témoigner d’un appui renouvelé de la population envers les Forces canadiennes. La lutte antiterroriste a certainement contribué à rendre les Canadiens conscients du caractère indispensable des forces militaires. Mais l’impression que les Canadiens désirent un renouvellement du rôle joué par notre pays sur la scène internationale, qui suppose une politique étrangère indépendante et des objectifs fondés sur les droits de la personne (désirs qui vont au-delà des intentions de Paul Martin, premier ministre à l’époque, d’après ses discours concernant la politique étrangère) constitue un autre facteur important. La façon d’appliquer concrètement cette philosophie en politique étrangère pourrait poser plus de difficultés. Fait significatif, tout en annonçant une hausse appréciée du budget des Forces canadiennes, le gouvernement Martin a du même souffle confirmé que le Canada ne participera même pas de façon nominale au programme américain du bouclier de défense antimissiles. Ce désistement, qui a sans doute ravi encore plus les Canadiens, est certainement venu renforcer la croyance populaire que le gouvernement Martin souhaite voir le Canada agir de manière indépendante dans le monde. Mais la plupart des observateurs conscients savent que cet objectif est irréaliste. Par contre, aucun sondage ne fait ressortir une tendance extrêmement importante qui se manifeste dans l’ensemble des Forces canadiennes, et dont le public en général est peu informé : l’interopérabilité croissante entre les Forces américaines et canadiennes (convergence qui s’observe aussi dans les domaines de la sécurité et du commerce). Je n’ai pas de données sociologiques qui le confirment, mais je suis certaine que les Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership militaire au Canada
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Là encore, d’après le sondage Pollara, les Canadiens veulent que nos<br />
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et à des opérations militaires hors guerre. La quasi-totalité des<br />
répondants favorisent un programme d’action axé sur la sécurité<br />
humaine semblable au projet avancé par l’ancien ministre des Affaires<br />
étrangères Lloyd Axworthy, un programme qui demeure suspect et<br />
douteux pour ceux qui auraient à le mettre en oeuvre, autrement dit les<br />
militaires eux-mêmes.<br />
La hausse de plusieurs milliards de dollars annoncée dans le budget <strong>2005</strong><br />
au titre des dépenses militaires semble marquer un changement de cap<br />
dans l’esprit des politiciens et témoigner d’un appui renouvelé de la<br />
population envers les Forces canadiennes. La lutte antiterroriste a<br />
certainement contribué à rendre les Canadiens conscients <strong>du</strong> caractère<br />
indispensable des forces militaires. Mais l’impression que les Canadiens<br />
désirent un renouvellement <strong>du</strong> rôle joué par notre pays sur la scène<br />
internationale, qui suppose une politique étrangère indépendante et des<br />
objectifs fondés sur les droits de la personne (désirs qui vont au-delà des<br />
intentions de Paul Martin, premier ministre à l’époque, d’après ses<br />
discours concernant la politique étrangère) constitue un autre facteur<br />
important. La façon d’appliquer concrètement cette philosophie en<br />
politique étrangère pourrait poser plus de difficultés.<br />
Fait significatif, tout en annonçant une hausse appréciée <strong>du</strong> budget des<br />
Forces canadiennes, le <strong>gouvernement</strong> Martin a <strong>du</strong> même souffle confirmé<br />
que le <strong>Canada</strong> ne participera même pas de façon nominale au programme<br />
américain <strong>du</strong> bouclier de défense antimissiles. Ce désistement,<br />
qui a sans doute ravi encore plus les Canadiens, est certainement venu<br />
renforcer la croyance populaire que le <strong>gouvernement</strong> Martin souhaite<br />
voir le <strong>Canada</strong> agir de manière indépendante dans le monde. Mais la<br />
plupart des observateurs conscients savent que cet objectif est irréaliste.<br />
Par contre, aucun sondage ne fait ressortir une tendance extrêmement<br />
importante qui se manifeste dans l’ensemble des Forces canadiennes, et<br />
dont le public en général est peu informé : l’interopérabilité croissante<br />
entre les Forces américaines et canadiennes (convergence qui s’observe<br />
aussi dans les domaines de la sécurité et <strong>du</strong> commerce). Je n’ai pas de<br />
données sociologiques qui le confirment, mais je suis certaine que les<br />
Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership<br />
militaire au <strong>Canada</strong>