Voir D2-176-2005-fra.pdf - Publications du gouvernement du Canada
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PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR :<br />
pour les reportages télévisés transmis d’un théâtre d’opérations au siège<br />
social <strong>du</strong> réseau à Londres ou à Atlanta, par exemple, on avait assez de<br />
temps avant l’heure <strong>du</strong> bulletin de nouvelles pour situer le sujet dans<br />
son contexte en y ajoutant des éclaircissements historiques et les points<br />
de vue d’experts en la matière. C’est ce que m’a expliqué devant une<br />
bière à Sarajevo le journaliste le plus connu et le plus respecté de la<br />
BBC, Martin Bell. Il m’a alors dit : « Ce n’est plus le cas. J’envoie mes<br />
topos directement de mon perchoir quelques pieds derrière vous à<br />
Sarajevo, d’où je ne peux apercevoir qu’une infime partie de ce qui se<br />
passe; pourtant, les décideurs à Londres prennent parfois des décisions<br />
en se fondant sur mes reportages! » Il avait parfaitement raison, et sa<br />
déclaration reste vraie. Le <strong>gouvernement</strong> <strong>du</strong> <strong>Canada</strong> avait mise sur pied<br />
une mission humanitaire manifestement injustifiée et irréalisable dans<br />
la région des Grands Lacs africains parce que le premier ministre de<br />
l’heure avait vu des images bouleversantes à la télévision, assis<br />
tranquillement dans son chalet à Harrington Lake.<br />
Règle générale, les militaires sont par essence mal préparés pour<br />
affronter la télévision. Même si elles sont compréhensibles, les réponses<br />
laborieuses parsemées de jargon, ou même pire, de sigles, ne passent<br />
jamais en ondes, sauf si c’est une entrevue en direct, et les téléspectateurs<br />
décrochent vite. Par contre, les réponses brèves et précises<br />
assorties de quelques remarques percutantes font les délices des intervieweurs.<br />
En 1993, j’ai animé un documentaire de deux heures. Au<br />
cours de la pro<strong>du</strong>ction, j’ai dû interroger plus d’une vingtaine de<br />
dirigeants et de décideurs de haut niveau <strong>du</strong> monde entier, dont le président<br />
<strong>fra</strong>nçais François Mitterrand, le général Brent Scrowcroft et lord<br />
Carrington, ancien secrétaire général de l’OTAN. Chaque entrevue<br />
<strong>du</strong>rait une heure. On savait bientôt si l’interviewé avait fait les déclarations<br />
nécessaires pour renforcer le thème préétabli <strong>du</strong> documentaire.<br />
Si les déclarations choc étaient émises au cours des cinq premières<br />
minutes, les 55 minutes suivantes devenaient pour le moins ar<strong>du</strong>es.<br />
Il est frustrant de donner des entrevues dans le cadre de documentaires<br />
ou de reportages en profondeur, parce que ces derniers prennent<br />
beaucoup de temps à réaliser, et qu’à cause <strong>du</strong> processus de correction, il<br />
est difficile de faire passer le message. Les entrevues en direct sont la<br />
formule la plus appropriée et la plus sûre. À Sarajevo, j’ai accordé une<br />
foule d’entrevues « en direct différé », ce qui signifie qu’on peut les CHAPITRE 6<br />
Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership<br />
militaire au <strong>Canada</strong><br />
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