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PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR : Norman Schwartzkopf. Le Canada avait un des plus gros contingents de la coalition, mais son nom et son drapeau n’apparaissaient même pas sur le vêtement! Que ça plaise ou non, les opérations des troupes terrestres feront les manchettes aux bulletins de nouvelles de 18 heures uniquement si ces actions impliquent des risques élevés. La guerre du Golfe a été suivie par la dégradation de la situation en Yougoslavie. Le Canada a alors réagi rapidement, pour la dernière fois de son histoire militaire jusqu’à maintenant, parce qu’il y avait des troupes canadiennes bien entraînées et bien équipées à proximité du théâtre d’opérations. Des unités d’infanterie et de génie appartenant à notre brigade de l’OTAN stationnée dans le Sud de l’Allemagne, ont été déployées aussitôt et elles sont arrivées par train en Croatie à peine quelques heures plus tard. À cause de l’éclatement de la guerre en Bosnie le 6 avril 1992, le groupement tactique a été relevé de ses tâches en Croatie, pendant une période d’un mois. Formé de membres du 1 er Bataillon du Royal 22 e Régiment, le groupement a été expédié à Sarajevo pour protéger l’aéroport afin de faciliter la prestation des secours humanitaires. Les opérations à l’aéroport même sont alors devenues le sujet le plus médiatisé de la planète grâce à la couverture effectuée par la BBC et Cable News Network (CNN), si bien qu’au bout de quelques semaines, tous les grands réseaux de télévision du globe y avaient dépêché une équipe de tournage, à l’exception des réseaux canadiens. À présent que je connais certains journalistes vétérans de cette époque, j’ai pu apprendre au cours d’une conversation avec un d’entre eux ce qui s’était passé à la chaîne anglaise de la Société Radio-Canada (SRC), la Canadian Broadcasting Corporation (CBC) quelques jours après 6 l’arrivée des soldats canadiens à l’aéroport. Lors d’une des premières rencontres matinales, un officier subalterne a dit grosso modo « Hier soir, pendant que je regardais CNN, Christine Amanpour a interviewé le commandant de l’ONU à Sarajevo. Une fois l’entrevue terminée, il s’est retourné pour partir, et je suis certain d’avoir vu un drapeau canadien sur son épaulette gauche ». Nous avons conclu que les représentants du réseau de télévision publique du Canada feraient mieux de venir à Sarajevo pour montrer aux téléspectateurs ce que font les soldats canadiens, au lieu de se contenter de rediffuser les reportages de la BBC. CHAPITRE Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership militaire au Canada 99

100 CHAPITRE 6 PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR : À peine cinq ans plus tard, j’ai assisté à deux ou trois réunions d’officiers supérieurs de l’armée, durant lesquelles nous avons déploré la difficulté d’obtenir une bonne couverture médiatique pour les forces militaires. Nous avons remué les méninges pour trouver des façons de corriger la situation, en présumant toujours, de façon naïve, que la publicité serait favorable. Je suis persuadé que plusieurs militaires actuellement en service regrettent les jours bénis où les médias ne s’intéressaient guère ou pas du tout aux activités des militaires. Les opérations à Sarajevo ont modifié en profondeur les relations entre les militaires et les médias au Canada, pour une unique raison : les journalistes ont alors commencé à s’intéresser aux Forces canadiennes. Quand les médias s’intéressent à un sujet donné, ils affectent certains journalistes en particulier pour suivre son évolution. Ces derniers s’emploient à tout déterrer, et une fois qu’un point de vue particulier ou un aspect de la couverture médiatique capte l’attention des citoyens, ces journalistes deviennent bien entendu plus agressifs afin de rehausser leur réputation. Cela ne signifie pas que les autres aspects de l’affaire sont négligés, mais plutôt qu’ils se trouvent normalement éclipsés par l’angle du reportage initial. Dans le cas des opérations à Sarajevo, les reportages étaient extrêmement positifs. Les médias canadiens, en accord avec les comptes rendus internationaux, traitaient de façon équilibrée même les sujets controversés (pour les Canadiens), comme le recours à la force mortelle pour faire cesser les ingérences qui nuisaient à la livraison des secours humanitaires. Un revirement de situation s’est produit après le scandale provoqué par la torture et le meurtre d’un jeune filou somalien, perpétrés par quelques membres du contingent canadien à Belet Huen en Somalie en 1993. Avant cet incident, les médias canadiens se sont peu intéressés à la mission parce que les combats avaient cessé dans le secteur canadien une fois que le groupement tactique du Régiment aéroporté du Canada est arrivé sur les lieux. Les risques étant écartés, les médias sont rentrés au pays. Mais quand l’incident de la mort de Shidane Arone a envahi les ondes, des journalistes ont été assignés à cette histoire et bon nombre d’entre eux ont repris la route de Belet Huen. Immédiatement et pour des raisons justifiables, les reportages ont pris globalement une Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership militaire au Canada

PERSPECTIVES DE L’EXTÉRIEUR :<br />

Norman Schwartzkopf. Le <strong>Canada</strong> avait un des plus gros contingents de<br />

la coalition, mais son nom et son drapeau n’apparaissaient même pas sur<br />

le vêtement! Que ça plaise ou non, les opérations des troupes terrestres<br />

feront les manchettes aux bulletins de nouvelles de 18 heures<br />

uniquement si ces actions impliquent des risques élevés.<br />

La guerre <strong>du</strong> Golfe a été suivie par la dégradation de la situation en<br />

Yougoslavie. Le <strong>Canada</strong> a alors réagi rapidement, pour la dernière fois<br />

de son histoire militaire jusqu’à maintenant, parce qu’il y avait des<br />

troupes canadiennes bien entraînées et bien équipées à proximité <strong>du</strong><br />

théâtre d’opérations. Des unités d’infanterie et de génie appartenant à<br />

notre brigade de l’OTAN stationnée dans le Sud de l’Allemagne, ont<br />

été déployées aussitôt et elles sont arrivées par train en Croatie à peine<br />

quelques heures plus tard.<br />

À cause de l’éclatement de la guerre en Bosnie le 6 avril 1992,<br />

le groupement tactique a été relevé de ses tâches en Croatie, pendant<br />

une période d’un mois. Formé de membres <strong>du</strong> 1 er Bataillon <strong>du</strong> Royal<br />

22 e Régiment, le groupement a été expédié à Sarajevo pour protéger<br />

l’aéroport afin de faciliter la prestation des secours humanitaires.<br />

Les opérations à l’aéroport même sont alors devenues le sujet le plus<br />

médiatisé de la planète grâce à la couverture effectuée par la BBC et<br />

Cable News Network (CNN), si bien qu’au bout de quelques semaines,<br />

tous les grands réseaux de télévision <strong>du</strong> globe y avaient dépêché une<br />

équipe de tournage, à l’exception des réseaux canadiens.<br />

À présent que je connais certains journalistes vétérans de cette époque,<br />

j’ai pu apprendre au cours d’une conversation avec un d’entre eux ce qui<br />

s’était passé à la chaîne anglaise de la Société Radio-<strong>Canada</strong> (SRC),<br />

la Canadian Broadcasting Corporation (CBC) quelques jours après 6<br />

l’arrivée des soldats canadiens à l’aéroport. Lors d’une des premières<br />

rencontres matinales, un officier subalterne a dit grosso modo « Hier<br />

soir, pendant que je regardais CNN, Christine Amanpour a interviewé<br />

le commandant de l’ONU à Sarajevo. Une fois l’entrevue terminée,<br />

il s’est retourné pour partir, et je suis certain d’avoir vu un drapeau canadien<br />

sur son épaulette gauche ». Nous avons conclu que les représentants<br />

<strong>du</strong> réseau de télévision publique <strong>du</strong> <strong>Canada</strong> feraient mieux de<br />

venir à Sarajevo pour montrer aux téléspectateurs ce que font les soldats<br />

canadiens, au lieu de se contenter de rediffuser les reportages de la BBC. CHAPITRE<br />

Opinions de journalistes et d’analystes de la Défense sur le leadership<br />

militaire au <strong>Canada</strong><br />

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