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Celui-ci – ni définitif ni définissab<strong>le</strong> – fut aussi <strong>le</strong> témoin de certaines<br />
réunions très énigmatiques, bien qu’occasionnel<strong>le</strong>s, de situations<br />
surprenantes si on <strong>le</strong>s regarde d’un point de vue actuel…<br />
Il faut que <strong>le</strong> visiteur sache et apprécie, même si sa curiosité doit en<br />
souffrir ou <strong>le</strong> regretter, que ces lieux de séjour ont vécu<br />
exceptionnel<strong>le</strong>ment des circonstances crucia<strong>le</strong>s qui auraient pu faire ou<br />
défaire l’histoire d’Espagne :<br />
Comme lorsqu’une partie du soulèvement franquiste convoqua dans cet<br />
établissement une réunion d’urgence ; ces militaires dirigés par Milan del<br />
Bosch, qui iront jusqu’à sortir <strong>le</strong>s tanks dans <strong>le</strong>s rues, jusqu’à terroriser <strong>le</strong>s<br />
civils et <strong>le</strong>s civilisés. Immédiatement, la rébellion sera contenue et annulée<br />
par <strong>le</strong> monarque Juan Carlos Ier lui-même.<br />
Ces lieux de séjours furent aussi <strong>le</strong>s témoins exceptionnels de graves<br />
décisions que <strong>le</strong> président de la République don Manuel Azaña allait<br />
consigner par écrit depuis ces parages de Benicarló, comme un testament<br />
à la suite de ladite « veillée de Benicarló » : cela reste un document<br />
historico-politique essentiel pour l’Espagne contemporaine…<br />
Le Benicarló d’aujourd’hui, plagiste et heureux– où <strong>le</strong> voyageur avisé<br />
choisira peut-être <strong>le</strong> confort du Parador – présente <strong>le</strong>s traits singuliers<br />
d’une colonie ibère, dont <strong>le</strong>s pierres ont été utilisées pour comb<strong>le</strong>r <strong>le</strong> port,<br />
il n’y a pas si longtemps. Sur <strong>le</strong>s trois cents habitations que <strong>le</strong> village a<br />
comptées, il en reste une vingtaine qui tiennent à peine debout; hameçons,<br />
éping<strong>le</strong>s à nourrice, moulins à mains pour faire la farine, restes de métiers<br />
à tisser… Le musée de préhistoire et d’histoire de la vil<strong>le</strong> abrite l’une des<br />
col<strong>le</strong>ctions sur la culture ibérique parmi <strong>le</strong>s plus importantes de toute la<br />
péninsu<strong>le</strong>.<br />
Lorsque <strong>le</strong>s légions romaines arrivèrent sur ces terres, el<strong>le</strong>s trouvèrent des<br />
guerriers insoumis : deux cents ans avant notre ère ou même avant,<br />
Indibil et Mandonio luttèrent avec et contre <strong>le</strong>s Carthaginois et <strong>le</strong>s<br />
Romains. A la fin, <strong>le</strong>s rebel<strong>le</strong>s insoumis furent égorgés. La Via Augusta<br />
traversait <strong>le</strong> « maestrazgo », peut-être par <strong>le</strong> long de la côte. Les épaisses<br />
voies secondaires se firent routes il y a seu<strong>le</strong>ment deux sièc<strong>le</strong>s. On<br />
conserve une borne de Trajan à Traiguera, <strong>le</strong> remarquab<strong>le</strong> arc de Cabanes<br />
sur la plaine haute (la Plana Alta) et de nombreuses et précieuses<br />
trouvail<strong>le</strong>s parsemées ici ou là au cours des sept sièc<strong>le</strong>s de <strong>le</strong>ur présence.<br />
Le « maestrazgo » fut maure pendant l’espace<br />
d’un millénaire et aujourd’hui encore il ne<br />
renonce pas à ses savoirs musulmans. Ce peup<strong>le</strong><br />
répartit cultures et sp<strong>le</strong>ndeurs ; légendes, gènes,<br />
casbahs et raffinements alors luxuriants. Mais surtout,<br />
c’est ici même qu’il inventa comment faire venir<br />
surgir l’eau de ce qui alors n’était qu’un dessert:<br />
la noria est l’engin miracu<strong>le</strong>ux des vergers qui<br />
étonnèrent tant l’insigne Cabanil<strong>le</strong>s : « …<strong>le</strong><br />
sol ingrat et presque stéri<strong>le</strong> se transforme en<br />
vergers produisant tout ce que désire <strong>le</strong><br />
propriétaire, sans autre eau que cel<strong>le</strong> que l’on<br />
sort de puits assez profonds à la force des<br />
chevaux… ». Les chroniqueurs du XVIe sièc<strong>le</strong><br />
racontent aussi qu’il y avait à Benicarló « plus de quatre cents<br />
norias de puits d’eau. Et au moins autant à Vinaros… », et el<strong>le</strong>s ont<br />
fonctionné jusqu’à il y a moins d’un sièc<strong>le</strong>. Ces « sénias » irriguent<br />
encore <strong>le</strong> langage quotidien : « Qui té sénia i dona, no té hora bona ».<br />
Le Cid:<br />
Une Opposition Fulgurante<br />
E<br />
u cours du premier millénaire, <strong>le</strong> Cid constitua une opposition<br />
fulgurante et libératrice, ambitieux « campeador » (guerrier)<br />
sur <strong>le</strong>s terres de Burriana et de Morella, d’après <strong>le</strong>s recherches de<br />
Menéndez Pidal et comme on <strong>le</strong> chante dans certaines romances : « Il a<br />
conquis toutes <strong>le</strong>s terres de Burriana ». Après des tentatives véniel<strong>le</strong>s mais<br />
persistantes, arrive un Aragonais obsédé par <strong>le</strong>s croix et <strong>le</strong>s conquêtes.<br />
Jaime Ier sera <strong>le</strong> roi « conquérant » de Burriana, puis de tout <strong>le</strong> reste,<br />
dans la troisième partie du XIIIe sièc<strong>le</strong>. Certaines mauvaises langues<br />
affirment que seul, il n’aurait pu accomplir ce mirac<strong>le</strong> et qu’il aurait reçu<br />
l’aide et l’argent des Templiers, de croisés et de riches chevaliers, et<br />
d’évêques puissants accordant bul<strong>le</strong>s et argent, propre et étranger.<br />
Très vite, <strong>le</strong>s chevaliers visionnaires, <strong>le</strong>s moines et <strong>le</strong>s guerriers obtiendront<br />
un énorme pouvoir économique et politique protégé sous la protection des<br />
papes, des monarques et des fidè<strong>le</strong>s à la fortune généreuse. Au XIIIe sièc<strong>le</strong>,<br />
<strong>le</strong> Temp<strong>le</strong> sera une corporation multinationa<strong>le</strong> pionnière et pas si pieuse.<br />
L’ordre possédait plus de vingt mil<strong>le</strong> membres permanents et une rente<br />
annuel<strong>le</strong> de plus de cinquante millions de francs. Ils étaient <strong>le</strong>s mécènes et<br />
<strong>le</strong>s banquiers de monarques et de pontifes. C’était une Eglise et un Etat<br />
parallè<strong>le</strong>s à l’intérieur de l’Eglise et de l’Etat. L’ordre posséda jusqu’à<br />
trente-six châteaux et avait <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> total sur <strong>le</strong> stratégique marché du<br />
sel à travers <strong>le</strong>s salines de Peñíscola et de Burriana.<br />
L’envie et la jalousie allaient en finir avec ce pouvoir démesuré : au XVIe<br />
sièc<strong>le</strong>, l’ordre fut dissout de manière fulminante à la demande et sur <strong>le</strong>s<br />
prières que des monarchies inquiètes adressèrent au pontife romain. Les<br />
mauvaises langues accusèrent <strong>le</strong>s frères d’hérésie et de pratiquer d’étranges<br />
rites agnostiques et hermétiques, mais <strong>le</strong> problème ne fut pas résolu pour<br />
autant. Le roi Jaime II, en accord avec <strong>le</strong> pape, forma l’ordre de Montesa,<br />
qui fut dotés d’un grand nombre de terres <strong>le</strong>s rendant fidè<strong>le</strong>s à vie ainsi<br />
que <strong>le</strong>urs avoirs. Le « maestrazgo » était alors un sp<strong>le</strong>ndide domaine,<br />
respecté et honoré par <strong>le</strong>s rois et <strong>le</strong>s pontifes. Philipe II aura<br />
même la distinction de « Gran Maestre ».<br />
Dès lors, <strong>le</strong>s rois déléguèrent <strong>le</strong> gouvernement de Montesa aux lieutenants<br />
généraux. Les délégués royaux avaient <strong>le</strong>ur cour à Sant Mateu, et tels des<br />
vice-rois, « ils étaient reçus sous un dais au son des cloches… ». De cette<br />
époque durab<strong>le</strong> et heureuse, Sant Mateu conserve des exemp<strong>le</strong>s<br />
remarquab<strong>le</strong>s dont il peut tirer fierté: l’église archipresbytéra<strong>le</strong>, une ?uvre<br />
gothique singulière ; la mairie (ayuntamiento) aux accents mudéjares ; la<br />
maison des Buriel (casa de los Buriel), éga<strong>le</strong>ment gothique.<br />
BENICARLÓ ET SON PARADOR<br />
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