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John Maynard Keynes (1931), Essais de persuasion

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<strong>John</strong> <strong>Maynard</strong> <strong>Keynes</strong> (<strong>1931</strong>), <strong>Essais</strong> <strong>de</strong> <strong>persuasion</strong> 88<br />

garanties <strong>de</strong> leurs différents clients. Beaucoup <strong>de</strong> marchandises particulières<br />

d'une importance commerciale <strong>de</strong> premier rang, ont subi une baisse <strong>de</strong> prix <strong>de</strong><br />

40 à 50 % et même plus.<br />

Puis viennent les actions ordinaires <strong>de</strong>s grosses compagnies et sociétés qui<br />

occupent les premières places sur les différents marchés <strong>de</strong> la bourse dans le<br />

mon<strong>de</strong>. Dans la plupart <strong>de</strong>s pays, la baisse qu'elles subissent est en moyenne<br />

<strong>de</strong> 40 à 50 %; et c'est là aussi une moyenne qui veut dire que certaines actions<br />

parmi celles qu'on considérait <strong>de</strong> tout repos il y a <strong>de</strong>ux ans, ont baissé bien<br />

davantage. Puis viennent les obligations et les valeurs à intérêt fixe. Celles qui<br />

sont les plus réputées ont légèrement monté ou, dans les cas les plus défavorables,<br />

baissé d'environ 5 %, ce qui a rendu <strong>de</strong>s services pratiques en<br />

certains cas. Mais beaucoup d'autres valeurs à intérêt fixe, qui tout en n'étant<br />

pas <strong>de</strong>s plus réputée, étaient et <strong>de</strong>meurent d'excellentes valeurs, ont baissé <strong>de</strong><br />

10 à 15 % tandis que <strong>de</strong>s valeurs d'état étrangères ont subi, comme tout le<br />

mon<strong>de</strong> le sait, <strong>de</strong>s pertes prodigieuses. Ces pertes, même lorsqu'il s'agit <strong>de</strong>s<br />

moins sensibles, peuvent être tout aussi sérieuses car ce genre d'obligations<br />

(sauf en Gran<strong>de</strong>-Bretagne) se trouve très souvent dans les mains <strong>de</strong>s banques<br />

elles-mêmes, <strong>de</strong> sorte qu'il n'y a pas <strong>de</strong> marge qui protège ces <strong>de</strong>rnières contre<br />

les pertes.<br />

La baisse <strong>de</strong>s prix <strong>de</strong>s marchandises et <strong>de</strong>s valeurs boursières, s'est dans<br />

l'ensemble produite <strong>de</strong> façon égale pour tous les pays. En ce qui concerne le<br />

mo<strong>de</strong> suivant <strong>de</strong> propriété – qui joue un rôle d'une gran<strong>de</strong> importance par les<br />

montants qu'il représente – à savoir, la propriété immobilière, les effets<br />

diffèrent davantage selon les pays. Un <strong>de</strong>s grands éléments <strong>de</strong> stabilité en<br />

Gran<strong>de</strong>-Bretagne, et je crois, également en France, a été la fermeté relative<br />

<strong>de</strong>s valeurs en matière immobilière. Là, il n'y a pas eu <strong>de</strong> crise, ce qui fait que<br />

les affaires d'hypothèques sont <strong>de</strong>meurées saines et que les emprunts immobiliers<br />

<strong>de</strong>meurent inébranlés. Mais dans bien d'autres pays, la crise s'est<br />

également fait sentir en ce domaine, surtout peut-être aux États-Unis où les<br />

valeurs fermières ont considérablement baissé, et aussi celles <strong>de</strong>s immeubles<br />

urbains. La plupart ne dépassent guère aujourd'hui 60 à 70 % du coût réel <strong>de</strong><br />

leur construction et <strong>de</strong>meurent souvent fort au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> ces chiffres. Pareils<br />

faits, lorsqu'ils se produisent, aggravent considérablement le problème, d'une<br />

part parce qu'ils mettent en jeu <strong>de</strong> très fortes sommes, et d'autre part, du fait<br />

qu'il s'agit là d'un genre <strong>de</strong> propriété qu'on a l'habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> considérer comme<br />

dénué <strong>de</strong> toute espèce <strong>de</strong> risques.<br />

Enfin, il y a les avances faites par les banques à leurs clients pour subvenir<br />

aux besoins <strong>de</strong> leurs affaires. Ce sont celles qui, dans la plupart <strong>de</strong>s cas, se<br />

trouvent les plus frappées. La garantie, en ce cas, est représentée tout d'abord<br />

par les bénéfices précis et actuels, <strong>de</strong> l'affaire que l'on finance; et dans les<br />

circonstances actuelles, pour, la plupart <strong>de</strong>s productions <strong>de</strong> matières premières,<br />

la plupart <strong>de</strong>s fermiers et <strong>de</strong>s fabricants, il n'y a pas <strong>de</strong> bénéfices, et toutes<br />

les chances <strong>de</strong> <strong>de</strong>meurer insolvables, si les affaires ne se mettent pas d'ici peu<br />

à reprendre.<br />

En résumé, il n'y a pour ainsi dire pas <strong>de</strong> propriété, sauf la propriété<br />

immobilière, quelle que soit l'utilité ou l'importance qu'elle puisse avoir pour<br />

le bien <strong>de</strong> la communauté, dont la valeur monétaire n'ait subi une baisse<br />

formidable et sans précé<strong>de</strong>nt. Ceci s'est passé dans une collectivité qui, je le

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