25.06.2013 Views

John Maynard Keynes (1931), Essais de persuasion

John Maynard Keynes (1931), Essais de persuasion

John Maynard Keynes (1931), Essais de persuasion

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>John</strong> <strong>Maynard</strong> <strong>Keynes</strong> (<strong>1931</strong>), <strong>Essais</strong> <strong>de</strong> <strong>persuasion</strong> 61<br />

La troisième source proviendrait d'une réduction du montant net <strong>de</strong> nos<br />

placements actuels à l'étranger.<br />

Examinons-les tour à tour en commençant par la première. L'épargne<br />

individuelle signifie que certains individus produisent davantage qu'ils ne<br />

consomment. Cet excé<strong>de</strong>nt peut et <strong>de</strong>vrait servir à augmenter le capital que<br />

constitue l'équipement industriel. Mais malheureusement ce n'est pas la seule<br />

façon dont il puisse servir. Il peut aussi servir à permettre à d'autres individus<br />

<strong>de</strong> consommer davantage qu'ils ne produisent.<br />

C'est ce qui se passe lorsqu'il y a chômage. Nous nous servons <strong>de</strong> l'épargne<br />

pour payer les chômeurs, au lieu <strong>de</strong> nous en servir pour équiper le pays.<br />

Les réserves que M. Lloyd George emploierait ne seraient pas détournées <strong>de</strong><br />

l'équipement du pays mais puisées aux caisses <strong>de</strong> chômage. Celles-ci, à elles<br />

seules, déboursent actuellement £ 550.000.000 par an, et ce n'est pas tout ce<br />

que nous coûte le chômage.<br />

En second lieu, l'épargne individuelle ne prend pas forcément la forme <strong>de</strong><br />

placements. Le montant <strong>de</strong>s sommes investies dans <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong>stinés à<br />

accroître le capital national dépend d'une part du montant <strong>de</strong>s crédits accordés<br />

par la Banque d'Angleterre, et <strong>de</strong> l'autre, <strong>de</strong> l'empressement <strong>de</strong>s entrepreneurs<br />

dont le Gouvernement est aujourd'hui le principal à les accueillir. Aussi le<br />

total <strong>de</strong>s placements qui varie selon les éléments indiqués ci-<strong>de</strong>ssus, est loin<br />

d'atteindre toujours le montant <strong>de</strong> l'épargne; il y a alors un déséquilibre qu'on<br />

trouve souvent à la base <strong>de</strong> nos ennuis.<br />

Lorsqu'il y a plus <strong>de</strong> spéculation que d'épargne, il se produit une vague <strong>de</strong><br />

hausse, un emploi accru <strong>de</strong> la main-d'œuvre et une tendance à l'Inflation.<br />

Lorsque la spéculation marque le pas, il y a vague <strong>de</strong> baisse et chômage anormal<br />

comme c'est le cas actuellement.<br />

On répond souvent à ceci qu'une extension <strong>de</strong>s crédits entraîne fatalement<br />

<strong>de</strong> l'Inflation. Mais tout nouveau crédit n'entraîne pas l'Inflation. Il ne se<br />

produit une Inflation que lorsque nous cherchons, comme pendant la guerre et<br />

après, à développer encore plus notre activité alors que tout le mon<strong>de</strong> a déjà<br />

trop <strong>de</strong> travail et que nos réserves se trouvent déjà épuisées.<br />

L'hypothèse selon laquelle une politique <strong>de</strong> subvention, si elle ne privait<br />

pas <strong>de</strong> capitaux l'industrie privée, provoquerait une Inflation, serait exacte, si<br />

nous nous trouvions en pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> hausse. Et elle <strong>de</strong>viendrait vraie, si cette<br />

politique <strong>de</strong> subvention allait trop loin, et <strong>de</strong>mandait à l'épargne plus qu'elle ne<br />

peut donner. Mais nous sommes loin, à l'heure actuelle, <strong>de</strong> pareille hypothèse.<br />

Il faut remonter un fort courant <strong>de</strong> Déflation avant qu'il n'y ait le moindre<br />

danger d'Inflation par suite d'une politique d'expansion. Parler <strong>de</strong>s dangers <strong>de</strong><br />

l'Inflation à propos <strong>de</strong> subventions et <strong>de</strong> financements <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l'État<br />

aujourd'hui, équivaut à mettre en gar<strong>de</strong> contre l'obésité un mala<strong>de</strong> qui se meurt<br />

d'amaigrissement.<br />

Le véritable obstacle à une extension <strong>de</strong> crédits <strong>de</strong> la part <strong>de</strong> la Banque<br />

d'Angleterre a été la crainte que celle-ci ne mène à <strong>de</strong>s pertes d'or auxquelles<br />

la Banque ne pouvait s'exposer. Car si la Banque cherchait à développer le

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!