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John Maynard Keynes (1931), Essais de persuasion

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<strong>John</strong> <strong>Maynard</strong> <strong>Keynes</strong> (<strong>1931</strong>), <strong>Essais</strong> <strong>de</strong> <strong>persuasion</strong> 45<br />

non parce qu'elle fut en état <strong>de</strong> nous rendre tant <strong>de</strong> services, mais au contraire<br />

parce qu'au début, elle ne put nous rendre que si peu <strong>de</strong> service, du moins en<br />

hommes.<br />

Ceci ne veut pas dire que l'ai<strong>de</strong> financière que l'Amérique nous accorda ne<br />

fut pas pour nous <strong>de</strong>s plus précieuses. À la date où l'Amérique entra en guerre,<br />

nos propres ressources en tant que prêteurs, avaient été littéralement épuisées.<br />

Nous pouvions encore nous financer nous-mêmes, mais nous en étions venus<br />

à ne plus pouvoir financer en même temps nos Alliés. L'ai<strong>de</strong> financière <strong>de</strong>s<br />

États-Unis fut donc <strong>de</strong>s plus précieuses. Dès leur entrée en guerre, ils<br />

assumèrent tous les prêts indispensables à couvrir nos dépenses et celles <strong>de</strong><br />

nos Alliés aux États-Unis, y compris celui <strong>de</strong> certaines sommes <strong>de</strong>stinées à<br />

soutenir les changes. Mais ils ne se montrèrent pas disposés à prêter <strong>de</strong><br />

l'argent à dépenser ailleurs qu'aux États-Unis. Force fut donc à la Gran<strong>de</strong>-<br />

Bretagne <strong>de</strong> continuer à prêter pour <strong>de</strong> pareilles dépenses – ce qui fait que<br />

nous dûmes prêter à nos Alliés après l'entrée en guerre <strong>de</strong> l'Amérique, presque<br />

autant que nous empruntions nous-mêmes. Pour être plus précis, nos emprunts<br />

aux États-Unis, après leur entrée en guerre, s'élevèrent à £ 85.000.000 et nos<br />

prêts à nos Alliés pendant la même pério<strong>de</strong> à £ 750.000.000 – si bien qu'en<br />

fait on peut soutenir avec raison – ce que les Américains se sont toujours<br />

refusé à reconnaître – que les prêts qui nous furent accordés, le furent surtout<br />

pour venir en ai<strong>de</strong> à nos Alliés, plus qu'à nous-mêmes.<br />

Le résultat fut qu'à la fin <strong>de</strong> la guerre, nos Alliés nous <strong>de</strong>vaient environ £<br />

1.600.000.000 tandis que nous <strong>de</strong>vions <strong>de</strong> notre côté aux États-Unis £<br />

850.000.000.<br />

Depuis la fin <strong>de</strong> la guerre, le débat a consisté à savoir si ces sommes <strong>de</strong>vaient<br />

être considérées comme <strong>de</strong> purs placements, comme toute autre<br />

opération commerciale, ou s'il y avait lieu <strong>de</strong> tenir compte <strong>de</strong> leur origine et<br />

<strong>de</strong>s circonstances dans lesquelles ces <strong>de</strong>ttes furent contractées. Le point <strong>de</strong> vue<br />

anglais est qu'elles ne constituent point à l'origine, <strong>de</strong> pures conventions<br />

commerciales et qu'elles ne <strong>de</strong>vraient donc point être traitées comme telles.<br />

Par contre, le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s États-Unis a été <strong>de</strong> les considérer en ellesmêmes<br />

comme <strong>de</strong>s obligations ordinaires, dues et <strong>de</strong>vant être payées intégralement,<br />

en tenant compte seulement <strong>de</strong> la capacité <strong>de</strong> paiement <strong>de</strong>s débiteurs,<br />

les États-Unis étant simplement disposés à accepter un taux minime d'intérêt.<br />

Au cours <strong>de</strong> la conférence <strong>de</strong> la Paix, le Gouvernement britannique préconisa<br />

une annulation complète <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ttes <strong>de</strong> guerre <strong>de</strong>s Alliés. Mr. Lloyd<br />

George en reparla au prési<strong>de</strong>nt Wilson en août 1920. Finalement en août 1922,<br />

la fameuse note rédigée par Lord Balfour présenta le même point <strong>de</strong> vue<br />

britannique dont nous ne nous étions jamais départis. Dans cette note le<br />

Gouvernement britannique se déclarait prêt à annuler le total <strong>de</strong> la <strong>de</strong>tte que<br />

lui <strong>de</strong>vaient les Alliés, et aussi à renoncer à sa part <strong>de</strong>s paiements <strong>de</strong> l'Allemagne<br />

si à leur tour les États-Unis voulaient bien abandonner leurs droits sur la<br />

<strong>de</strong>tte <strong>de</strong> l'Angleterre. En acceptant pareil accord, l'Angleterre renonçait par<br />

écrit à plus du double <strong>de</strong> ce qu'il lui rapportait. L'offre tient toujours bon.<br />

Cette politique n'eut pas l'agrément <strong>de</strong>s États-Unis qui conclurent un<br />

accord sépare avec chaque pays – l'accord avec la Gran<strong>de</strong>-Bretagne exige le<br />

paiement d'intérêts <strong>de</strong> 3,3 % sur le total <strong>de</strong>s sommes dues. Celui avec la

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