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John Maynard Keynes (1931), Essais de persuasion

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III. L'emprunt international.<br />

Retour à la table <strong>de</strong>s matières<br />

<strong>John</strong> <strong>Maynard</strong> <strong>Keynes</strong> (<strong>1931</strong>), <strong>Essais</strong> <strong>de</strong> <strong>persuasion</strong> 31<br />

Nous en venons à la <strong>de</strong>uxième proposition. Les besoins <strong>de</strong> l'Europe sont<br />

immédiats. L'espoir d'être délivré <strong>de</strong> la charge écrasante <strong>de</strong>s paiements à faire<br />

à l'Amérique et à l'Angleterre durant les <strong>de</strong>ux prochaines générations, l'espoir<br />

<strong>de</strong> recevoir année par année quelque assistance <strong>de</strong> l'Allemagne, dans l’œuvre<br />

<strong>de</strong> restauration, pourraient libérer le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> son angoisse excessive. Mais<br />

cela ne guérirait pas les maux du moment présent, – excé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s importations<br />

européennes sur les exportations, change défavorable, désorganisation <strong>de</strong> la<br />

circulation. Il sera très difficile pour la production <strong>de</strong> 1'Europe d'être remise<br />

en train sans <strong>de</strong>s mesures temporaires <strong>de</strong> secours extérieurs. Nous sommes par<br />

conséquent partisans d'un emprunt international, tel qu'il a été défendu dans<br />

certains milieux en France, en Angleterre, en Allemagne et aux États-Unis. De<br />

quelque manière que soit répartie la responsabilité <strong>de</strong>rnière du remboursement,<br />

la charge <strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s ressources immédiates incombera nécessairement<br />

en gran<strong>de</strong> partie aux États-Unis.<br />

Les principales objections que l'on peut faire à tous les types <strong>de</strong> ce projet<br />

sont, nous semble-t-il, les suivantes : Les États-Unis sont peu désireux, – ils<br />

l'ont fréquemment prouvé, – <strong>de</strong> s'enfoncer plus profondément dans les affaires<br />

<strong>de</strong> l'Europe et en tout cas ils n'ont pas à présent <strong>de</strong> capitaux à réserver pour<br />

l'exportation sur une gran<strong>de</strong> échelle. Nous ne sommes pas sûrs que l'Europe<br />

fera un usage convenable <strong>de</strong>s secours financiers qui lui seront accordés,<br />

qu'elle ne les gaspillera pas et que dans <strong>de</strong>ux ou trois ans sa situation ne sera<br />

pas exactement aussi mauvaise qu'on ce moment; – M. Klotz emploiera<br />

l'argent à reculer encore un peu le jour <strong>de</strong> la taxation; l'Italie et la Yougo-<br />

Slavie l'utiliseront à se faire la guerre; la Pologne le consacrera à l'exécution<br />

du rôle militaire que la France lui a indiqué vis-à-vis <strong>de</strong> tous ses voisins, et les<br />

classes gouvernantes <strong>de</strong> Roumanie se partageront le butin. Bref, l'Amérique<br />

aurait retardé son propre développement et élevé sur son territoire le coût <strong>de</strong> la<br />

vie, afin <strong>de</strong> permettre à l'Europe <strong>de</strong> conserver un ou <strong>de</strong>ux ans encore la<br />

politique et les politiciens <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière année. Quant aux secours à<br />

l'Allemagne, est-il raisonnable, ou même supportable, <strong>de</strong> voir les alliés européens,<br />

après avoir pris à ce pays le <strong>de</strong>rnier vestige <strong>de</strong> son capital productif,<br />

malgré l'opposition <strong>de</strong>s représentants financiers <strong>de</strong> l'Amérique à Paris, se<br />

retourner maintenant vers les États-Unis et leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s fonds, pour<br />

améliorer l'état <strong>de</strong> leur victime et pouvoir dans un an ou <strong>de</strong>ux la dépouiller <strong>de</strong><br />

nouveau ?<br />

En l'état actuel <strong>de</strong>s choses, il n'y a pas <strong>de</strong>. réponse à ces objections. Si<br />

j'avais <strong>de</strong> l'influence sur le Trésor <strong>de</strong>s États-Unis, je ne prêterais pas un sou<br />

aux Gouvernements actuels <strong>de</strong> l'Europe. On ne peut pas, en effet, confier à ces<br />

Gouvernements <strong>de</strong>s ressources qu'ils consacreraient à la poursuite d'une

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