John Maynard Keynes (1931), Essais de persuasion
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IV Considérations politiques IV Radicalisme et socialisme (1926) 1 Retour à la table des matières John Maynard Keynes (1931), Essais de persuasion 160 Je ne tiens pas à vivre sous le règne d'un gouvernement conservateur, pendant les vingt années qui vont suivre. Je crois que les éléments avancés de ce pays se trouvent lamentablement partagés entre le Parti Radical et le Parti Socialiste. Je ne crois pas que le Parti Radical gagne un tiers des sièges à la Chambre des Communes, selon les circonstances prévisibles. À moins qu'à la longue, les fautes commises par le Gouvernement Conservateur n'amènent une catastrophe économique – ce qui n'est pas impossible – je ne crois pas que le Parti Socialiste gagne la moitié des sièges à la Chambre des Communes. Et il n'est pas à souhaiter que la prise du pouvoir par les Socialistes dépende d'une calamité nationale; car cela ne ferait que fortifier au sein de ce parti la position des partisans de la Catastrophe qui constituent déjà un élément important dans ses rangs. Telles que les choses se présentent actuellement, nous n'avons donc rien d'autre à espérer que le maintien au pouvoir de Gouvernements Conservateurs, non seulement jusqu'à ce qu'ils aient commis 1 Liberalism and Labour. – Substance d'un discours prononcé le 9 février 1926 au Manchester Reforrn Club.
John Maynard Keynes (1931), Essais de persuasion 161 le nombre de fautes qui, autrefois, eût entraîné une oscillation opposée du pendule, mais jusqu'à ce que leurs fautes prennent les proportions d'un véritable désastre. Je n'aime pas que nous en soyons réduits à pareille alternative. Tel est le problème d'ordre pratique qui se pose, pour tous ceux, à quelque parti qu'ils appartiennent, qui désirent voir appliquer les principes de progrès social, et estiment qu'un trop long retard dans leur application risque d'exposer le pays à des solutions extrêmes. La réponse habituelle des orateurs Socialistes consiste à inviter les Radicaux à laisser disparaître leur parti et à se joindre à eux. Il est évident que la disparition du Parti Radical est une éventualité qui peut se présenter. Il viendra peut-être un moment pour quiconque fait de la politique active, où il lui faudra choisir seulement entre deux routes au lieu de trois. Mais j'estime que c'est une erreur au point de vue politique et au point de vue moral que de préconiser cette fin; et qu'il convient tant au point de vue politique qu'au point, de vue moral de s'y opposer. Politiquement il convient de s'y opposer, car la cause du progrès se trouverait affaiblie dans chaque circonscription et non renforcée par la disparition du Parti Radical. Il y a de nombreuses régions dans ce pays et toute une catégorie d'électeurs, qui pendant longtemps encore ne voteront pas en nombre suffisant pour les Socialistes ou avec assez d'enthousiasme pour leur assurer la victoire; mais qui ne demanderont qu'à voter pour les Radicaux dès que l'atmosphère aura changé. Les chefs socialistes qui le nient ne regardent pas les faits en face. Moralement, il convient de s'y opposer car la plupart des Radicaux d'aujourd'hui, s'ils confondent à l'occasion leurs votes et leur action avec celle des Socialistes, ne se sentiraient pas à leur aise, ni à leur place véritable, ni en accord avec leur conscience, s'ils devaient devenir membres du Parti Socialiste. Prenez mon propre cas : je suis certain que je suis moins conservateur de tempérament que la plupart des électeurs socialistes; j'imagine que j'ai envisagé la possibilité de bouleversements sociaux plus considérables que ceux que leur philosophie inspire à mettons Mr. Sidney Webb, Mr. Thomas ou Mr. Wheatley. La République de mes rêves – est à l'extrême gauche des espaces célestes. Et cependant, j'estime que tant qu'ils disposeront encore d'un toit et d'un plancher, mon foyer sera chez les Radicaux. Pourquoi, malgré ses nombreux déboires, la tradition radicale conserve-telle une telle puissance d'attraction ? Le Parti Socialiste comporte trois éléments. Il y a les syndicalistes, autrefois victimes, aujourd'hui tyrans, dont les prétentions égoïstes et arbitraires méritent d'être courageusement combattues. Il y a les avocats d'une méthode de violence, et de bouleversement immédiat, que, par une erreur de langage, on nomme Communistes, que leur doctrine incite à provoquer le mal pour en tirer un bien et qui n'osant pas préconiser ouvertement le désastre, usent de complots et de subterfuges. Il y a les Socialistes, qui estiment que les bases économiques de la Société moderne sont néfastes, mais qu'elles pourraient être meilleures. De nombreux Radicaux aujourd'hui s'accommoderaient fort bien de la compagnie et de la conversation de ces derniers que j'ai appelés Socialistes. Mais nous ne pouvons les suivre avant de savoir sur quelle route ils comptent s'engager et quel but ils veulent atteindre. Je ne crois pas que la doctrine
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ce pays se trouvent lamentablement partagés entre le Parti Radical et le Parti<br />
Socialiste. Je ne crois pas que le Parti Radical gagne un tiers <strong>de</strong>s sièges à la<br />
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d'une calamité nationale; car cela ne ferait que fortifier au sein <strong>de</strong> ce parti la<br />
position <strong>de</strong>s partisans <strong>de</strong> la Catastrophe qui constituent déjà un élément<br />
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Gouvernements Conservateurs, non seulement jusqu'à ce qu'ils aient commis<br />
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Manchester Reforrn Club.