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John Maynard Keynes (1931), Essais de persuasion

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<strong>John</strong> <strong>Maynard</strong> <strong>Keynes</strong> (<strong>1931</strong>), <strong>Essais</strong> <strong>de</strong> <strong>persuasion</strong> 148<br />

remplissent déjà les particuliers, mais sur les activités qui se trouvent au <strong>de</strong>là<br />

<strong>de</strong> la sphère <strong>de</strong>s individus, et rési<strong>de</strong>nt dans <strong>de</strong>s décisions que personne ne<br />

prendra si ce n'est pas l'État lui-même qui les prend. Ce qui importe pour un<br />

gouvernement, ce n'est pas <strong>de</strong> faire ce que <strong>de</strong>s particuliers font déjà, et <strong>de</strong> le<br />

faire mieux ou plus mal qu'ils ne le font; mais <strong>de</strong> faire ce qui ne se fait pas du<br />

tout encore.<br />

Je n'ai pas à exposer ici <strong>de</strong>s projets politiques dans leurs détails, ce qui<br />

m'écarterait du cadre et du but que j'ai choisis. Je me contenterai donc <strong>de</strong> tirer<br />

<strong>de</strong>s exemples <strong>de</strong> ce que je veux dire, <strong>de</strong>s problèmes que j'ai le plus étudiés.<br />

Nombre <strong>de</strong>s pires maux économiques <strong>de</strong> notre époque proviennent <strong>de</strong>s<br />

risques inhérents à l'incertitu<strong>de</strong> et à l'ignorance. S'il arrive qu'il se crée <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong>s inégalités <strong>de</strong> richesse, c'est que <strong>de</strong>s particuliers privilégiés par la<br />

fortune ou par leurs capacités peuvent exploiter l'incertitu<strong>de</strong> et l'ignorance<br />

d'autrui, et que les gran<strong>de</strong>s affaires ne sont la plupart du temps, pour le même<br />

motif, qu'une vaste loterie. Ces mêmes facteurs sont également responsables<br />

du chômage, <strong>de</strong>s déceptions sur les prévisions raisonnables <strong>de</strong>s affaires, et<br />

d'une diminution du ren<strong>de</strong>ment et <strong>de</strong> la production. Pourtant le remè<strong>de</strong> rési<strong>de</strong><br />

en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong>s décisions <strong>de</strong>s individus; il peut même arriver que les individus<br />

aient intérêt à aggraver le malaise. J'estime que pour remédier à cet état <strong>de</strong><br />

choses, il faut d'une part nettement exiger le contrôle <strong>de</strong> la monnaie et du<br />

crédit par un institut central et, d'autre part, recueillir et propager sur. une<br />

large échelle, les renseignements indispensables ayant trait à la situation<br />

commerciale, en exigeant à la rigueur, qu'une loi assure à toutes les informations<br />

commerciales importantes, la publicité qu'elles réclament. De pareilles<br />

mesures permettraient à la société <strong>de</strong> diriger et d'éclairer, par l'intermédiaire<br />

d'un organisme approprié, le commerce privé au milieu <strong>de</strong>s difficultés où il se<br />

débat, et cependant ne toucherait pas à l'initiative privée et aux sociétés<br />

privées. Quand bien même ces mesures seraient insuffisantes, elles nous<br />

permettraient cependant d'être mieux renseignés sur ce qu'il conviendrait <strong>de</strong><br />

faire ensuite.<br />

Mon <strong>de</strong>uxième exemple a trait à l'épargne et ses placements. J'estime qu'il<br />

convient <strong>de</strong> fixer <strong>de</strong> façon intelligente et d'après un examen coordonné <strong>de</strong>s<br />

faits, la proportion <strong>de</strong> ses ressources qu'il est souhaitable <strong>de</strong> voir consacrée par<br />

la population à l'épargne, et la proportion <strong>de</strong> l'épargne qu'il convient <strong>de</strong> placer<br />

à l'étranger; et <strong>de</strong> voir si l'organisation actuelle du marché <strong>de</strong>s valeurs distribue<br />

l'épargne, selon les voies les plus productives pour la nation. Je ne pense<br />

pas qu'il faille laisser entièrement à l'initiative privée et aux bénéfices privés le<br />

soin <strong>de</strong> trancher ces questions.<br />

Mon troisième exemple concerne la population. Le temps est venu pour<br />

chaque État d'avoir une politique réfléchie en matière <strong>de</strong> repopulation, et <strong>de</strong><br />

savoir s'il a intérêt à ce que celle-ci aille en s'accentuant ou en diminuant.<br />

Cette politique une fois arrêtée, il s'agit <strong>de</strong> prendre les mesures indispensables<br />

pour qu'elle reçoive son application. Un temps viendra peut-être un peu plus<br />

tard où la Société aura à veiller sur la qualité aussi bien que sur le nombre <strong>de</strong><br />

ses membres futurs.

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