John Maynard Keynes (1931), Essais de persuasion

John Maynard Keynes (1931), Essais de persuasion John Maynard Keynes (1931), Essais de persuasion

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John Maynard Keynes (1931), Essais de persuasion 134 Mais l'étalon-or abandonné, le problème se trouve résolu. Car la valeur de l'argent français et américain par rapport à celui des autres pays met les exportateurs français et américains dans l'impossibilité de vendre leurs marchandises. À la longue, la politique poursuivie par ces deux pays, ne pouvait avoir d'autre conclusion. Ils ont par leur propre volonté causé la ruine de leur industrie d'exportation, et eux seuls peuvent appliquer maintenant les remèdes nécessaires. La valeur de leur monnaie doit également gêner lourdement leur système bancaire. Les États-Unis avaient en fait obligé le reste du monde à trouver un moyen de se passer de leur cuivre, de leur coton, de leurs automobiles. C'est eux qui ont posé le problème, et comme il ne comportait qu'une solution, nous avons été obligés de l'adopter. Pourtant telle n'est pas la note sur laquelle je voudrais conclure. La solution à laquelle nous avons été amenés, bien qu'elle comporte pour nous un réel soulagement et ramène la contrainte et le fardeau sur d'autres épaules, est en réalité insatisfaisante pour tout le monde. Le monde ne sera jamais prospère tant qu'il n'y aura pas de reprise des affaires aux États-Unis. Le seul but qui mérite d'être poursuivi, c'est la paix, la confiance, et un équilibre économique harmonieux entre tous les pays. Je crois que les grands événements de la semaine dernière peuvent ouvrir un nouveau chapitre de l'histoire monétaire du monde. J'ai l'espoir qu'ils parviendront à renverser des barrières jusqu'ici infranchissables. Des conversations particulières et sincères en vue d'une conduite plus ordonnée de nos affaires dans l'avenir s'imposent. Le Président des États-Unis est sorti de son sommeil au mois de juin dernier. De graves alternatives méritent de retenir son attention. Pourtant le charme magique qui opère sur la Maison Blanche et la condamne à l'immobilité ne semble pas avoir été rompu. Faudra-t-il que les solutions interviennent toujours trop tard ? La Grande-Bretagne invitera-t-elle les trois quarts du monde, y compris la totalité de son propre Empire, à se rallier à un système monétaire qui assure une stabilité réelle des prix par rapport aux marchandises ? Ou les pays ayant conservé l'étalon-or préférerontils connaître les conditions sévères que nous mettrons à un retour à un système de ce genre, mais profondément modifié ?

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<strong>John</strong> <strong>Maynard</strong> <strong>Keynes</strong> (<strong>1931</strong>), <strong>Essais</strong> <strong>de</strong> <strong>persuasion</strong> 135<br />

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