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John Maynard Keynes (1931), Essais de persuasion

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<strong>John</strong> <strong>Maynard</strong> <strong>Keynes</strong> (<strong>1931</strong>), <strong>Essais</strong> <strong>de</strong> <strong>persuasion</strong> 127<br />

Lorsqu'il existe déjà une gran<strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> chômeurs et <strong>de</strong> ressources <strong>de</strong><br />

toutes sortes inemployées dans un pays, <strong>de</strong>s économies ne peuvent servir, que<br />

dans la mesure où elles entraînent une réduction <strong>de</strong> la consommation <strong>de</strong><br />

marchandises importées. Pour le reste, elles se trouvent gaspillées, causant du<br />

chômage, <strong>de</strong>s pertes commerciales et industrielles, et une réduction <strong>de</strong> l'épargne.<br />

C'est là du reste un procédé extrêmement indirect et coûteux pour réduire<br />

les importations.<br />

Si nous mettions les travailleurs hors d'état <strong>de</strong> travailler et que nous<br />

diminuions les traitements <strong>de</strong>s fonctionnaires <strong>de</strong> façon à ce que ceux qui se<br />

trouvent directement et indirectement atteints ne puissent acheter autant <strong>de</strong><br />

produits alimentaires importés, nous améliorerions d'autant la position financière<br />

du pays. Mais ceci ne représente. probablement qu'un pourcentage<br />

d’environ 20 % <strong>de</strong>s économies imposées. Les autres 80 %, ne servent à rien et<br />

ne représentent qu'un transfert <strong>de</strong> pertes et du chômage provenant du refus <strong>de</strong>s<br />

citoyens anglais d'acheter et <strong>de</strong> rémunérer les services et les marchandises<br />

d'autres citoyens anglais. Ce que j'énonce ici est absolument certain, pourtant<br />

je doute qu'un homme sur un million parmi ceux qui réclament à cor et à cri<br />

<strong>de</strong>s économies, ait la moindre idée <strong>de</strong>s véritables conséquences <strong>de</strong> ce qu'il<br />

réclame.<br />

Je ne nie point pour cela qu'il existe un problème budgétaire. Bien au<br />

contraire. Mais le fait est que l'état du budget est à la fois un symptôme et la<br />

conséquence d'autres causes, que <strong>de</strong>s économies risquent plutôt d'aggraver<br />

que <strong>de</strong> faire cesser, et que par conséquent on ne peut parvenir à résoudre le<br />

problème budgétaire par une métho<strong>de</strong> qui préconise <strong>de</strong>s économies.<br />

D'où proviennent au fond nos malheurs ? Pour une large part, <strong>de</strong> la dépression<br />

mondiale, actuellement <strong>de</strong> l'incroyable légèreté <strong>de</strong>s Hauts Financiers <strong>de</strong><br />

la Cité et à l'origine d'un retour à l'étalon-or, effectué sans la moindre notion,<br />

chez ceux qui en prirent la responsabilité, <strong>de</strong> la nature <strong>de</strong>s difficultés que<br />

représente pareille mesure.<br />

Dire que notre problème est d'ordre budgétaire équivaut à dire que le<br />

problème allemand est un problème budgétaire, sans tenir compte <strong>de</strong>s réparations.<br />

En ce qui concerne la dépression mondiale, il n'y a rien actuellement pour<br />

nous à faire, car nous avons perdu la puissance indispensable à une initiative<br />

internationale, que nous étions sur le point <strong>de</strong> retrouver au mois <strong>de</strong> mai<br />

<strong>de</strong>rnier. Les résultats <strong>de</strong>s erreurs commises en matière bancaire dans le<br />

domaine international, par la Cité, sont également irréparables actuellement. Il<br />

nous restait donc le choix <strong>de</strong> nous rallier ou <strong>de</strong> ne pas nous rallier à la parité or<br />

actuelle <strong>de</strong>s changes.<br />

On choisit la première solution pour <strong>de</strong>s raisons que je comprends mais<br />

que je n'approuve pas. La décision fut prise en pleine hystérie et sans que<br />

fussent tranquillement étudiées les possibilités qui s'offraient. Des ministres<br />

nous ont donné un aperçu <strong>de</strong> ce qui aurait pu se passer si nous avions adopté<br />

un autre plan qui n'aurait pas résisté à dix minutes <strong>de</strong> discussion raisonnable.

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